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Actualités, archives 2012

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Sommaire

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[modifier] 1 Grand merci, Bonne année 2013

« Bloavez mad ha didrubuilh, Kalz a vleunioù da gutuilh, Bara da bep hini, Ha yec'hed e-leizh an ti !  » (bonne et paisible année, des fleurs à cueillir, du pain pour tous, et la santé au cœur de la maison).

Billet du 29.12.2012, le dernier de l'année 2012
Billet du 29.12.2012, le dernier de l'année 2012

« EN L'ANNÉE (1)551 BATIE LA PREMIÈRE FOIS, REBATIE EN L'ANNEE 1765 » : vous aurez reconnu l'épigraphe gravée en creux sur le linteau d'entrée du manoir de Pennarun ; elle résume à elle-seule l'histoire communale que le site GrandTerrier tente de reconstruire sans relâche, et toujours avec passion.

Nous venons de retrouver et publier six nouveaux documents d'archives sur ce domaine noble trop méconnu. Les trois premiers sont datés de 1540 et 1544, du temps où Charles Provost, fils de Jehan et de Louise de Kergoat, déclarait au Roi ses propriétés en ligence. Les trois suivants sont respectivement de 1731, 1752, 1782.

Les particularités du domaine de Pennarun au 16e siècle sont notamment : deux moulins, l'un pour moudre le froment, l'autre le seigle, sont déclarés, ce point étant confirmé dans l'aveu de 1544 où le premier est dit « moulin blanc à froment » ; un colombier ; une dépendance sur la seigneurie de ramage du manoir de Kern(a)ou « appartenant à noble messire Charles Kersulgar ».

Au 18e, on note que toutes les maisons et métairies du Bourg relèvent de Pennarun par une rente foncière payable annuellement : « le dit manoir de Penanrun duquel dépend tout le Bourg dudit Ergué ». Ensuite pour toute festivité locale, le manoir touche une redevance, autrement dit « le droit de lever la coutume audit bourg d'Ergué les jours, festes, et pardons de la dite parroisse ». Et enfin les prééminences de la seigneurie de Pennarun dans l'église St-Guinal consistent en un : « droit de deux tombes dans la dite église parroissialle, armoirées des armes dudit manoir, l'une auprès du maistre autel ; et l'autre plus bas bout à bout avec un escabeau ».

En savoir plus : « 1540 - Adveu de Penanrun extraict de l'inventaire de Kempercorentin » ¤ « 1731 - Aveu au Roy de l'écuyer Jean-Baptiste Geslin pour le manoir de Penanrun » ¤ « Archives de Pennarun » ¤ 

La fausse plaque ci-dessus, en imitation de la précédente, est relative à l'existence de notre site Internet GrandTerrier.net depuis 2007, et sa fréquentation toujours en hausse encore cette année 2012 : 2 millions de visiteurs. C'est un bel encouragement à continuer sur le même rythme : des mises à jour quotidiennes, des billets hebdomadaires, une revue trimestrielle Kannadig, la prochaine étant sous presse.



[modifier] 2 Le retour de la statue et du chat

« Le lendemain matin, il avait décampé. On en eut la première nouvelle par les appels et sanglots de l'enfant : " Kenavo ! Où est Kenavo ? " ».

Tout d'abord un petit conte de Noël, l'histoire d'un petit chat qui se prénomme Kenavo. Voilà qui est charmant, n'est-il pas ?

En cette fin de 19e siècle, ce petit chat était l'animal de compagnie chez une nourrice agréée d'Ergué-Gabéric. Les nourrices gabéricoises étaient d'ailleurs très réputées dans la région de Quimper, car l'air y était certainement moins pollué que dans la grande ville voisine. Et la présence d'un chaton rassurait les marmots qui y étaient placés.

C'était le cas d'un garçon ainsi que le relate l'entre-filet du journal « Le Finistère ». Or son séjour se finit le jour où sa mère « put le reprendre », et ce jour-là il fut nécessaire de donner le chat à l'enfant. L'animal fit le voyage aller en charaban, enfermé au fond d'un panier.

Et le lendemain le petit chat put s'enfuir de la maison de ville, et revint par ses propres moyens dans son coin de campagne. Un vrai miracle de la nature !

En savoir plus : « L'histoire de Kenavo le petit chat nourricier d'Ergué-Gabéric, Le Finistère 1888 »

La deuxième histoire est celle de la statue de l'énigme de l'été 2012. Il s'agissait econnaître et localiser une joviale statue photographiée au télé-objectif. Énigme pas si simple qu'il n'y paraissait. Il fallait vraiment être du lieu-même de Stang-Venn. Et même certains voisins et la famille d'origine avaient tous presque oublié l'anecdote, voire l'existence de la statue.

La réponse : lorsque le chauffeur de car ou « commissionnaire » de la papeterie d'Odet construisit sa maison dans les années 1920-30 il marqua sa dévotion en y plaçant une statue de sainte Anne en céramique. Lors de la tempête de 1987 la statue chuta, et le nouveau propriétaire dénommé Pierre eut l'heureuse initiative de placer un merveilleux saint Pierre de granit, qui en rit encore là-haut !

Lire les témoignages : « La petite statue surplombant la vallée de Stang-Venn »

Nota : le bulletin Kannadig de fin décembre/janvier se prépare, qu'on se le dise !

Billet du 22.12.2012


[modifier] 3 Séjours à l'hospice de Quimper

« On me montra mon lit, le seul vide qu’il y avait dans la salle et dont le voisin me dit que le précédant occupant de ce lit, était enterré le jour même ».

Dans ses mémoires, Jean-Marie Déguignet évoque au moins par deux fois ses séjours à l'Hospice de Quimper (situé dès 1801 sur la colline de Creac'h Euzen et appelé Hôpital Gourmelen au 20e siècle) : en 1848 alors qu'il a 14 ans, et lors de ses dernières années de vie en 1902-1905.

Le jeune mendiant Jean-Marie Déguignet, blessé à la tête en tombant, alors qu'il avait été poursuivi par des abeilles, se vit proposer en 1848, alors qu'il avait 14 ans, des soins à l'Hospice dit civil.

Dès son arrivée, il plante le décor d'un lieu sous l'emprise de l'église et où les enfants de tous milieux étaient abandonnés : « A l’entrée de cet hospice, il y avait un calvaire, et ma mère me montra un grand Christ dont la main gauche était fermé sur le clou. Elle me dit que cette main s’était fermée une nuit qu’une personne très riche avait envoyé dans le tourniquet un enfant ».

Les soins y sont dispensés par des « sœurs », des religieuses de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit. On le conduit « dans une grande salle, pleine de monde, les uns dans leur lit, ... dans les lits de douleurs et d’ennui ... ». Dans cette salle il y a de nombreux patients cardiaques si l'on en croit l'expression bretonne « klañv e galon » traduite par le bretonnisme « malade de cœur ».

Dans les dernières pages de ses mémoires, il relate son séjour dans l'asile des vieux : « Ici, à Quimper, il y a déjà quatre établissements, et les plus beaux, pour l'entretien de tous les tarés et de tous les rebuts de cette malheureuse espèce humaine ». Il surenchérit : « Mais pendant ce temps, on laisse sans soins, sans soucis, se perdre les plus jeunes et les meilleurs sujets, sur lesquels devraient au contraire se porter tous les soins et les soucis ». A-t-il oublié qu'il y fut bien soigné 57 années plus tôt, à l'âge de 14 ans ?

Nous avons aussi ici l'occasion de rétablir une vérité historique : Jean-Marie Déguignet est décédé lors de son dernier séjour à l’Hôpital civil, et non « à la porte de l'Hospice » comme l'attestent certaines biographies. Pour preuves l'acte de décès, un article du Finistère de 1902 et le témoignage d'Anatole Le Braz.

En savoir plus : « Les séjours de Jean-Marie Déguignet à l'hospice de Quimper »

Billet du 16.12.2012



[modifier] 4 Des fêtes populaires bretonnes

« E memor an dud avad, e vo Loeiz Roparz da viken paotr ar festou-noz », Fanch Broudic, "Loeiz Roparz, le rénovateur du fest-noz", 2011.

Ce mercredi dernier, tout le monde a appris la nouvelle : le fest-noz, « rassemblement festif basé sur la pratique collective des danses traditionnelles de Bretagne accompagnées de chants ou musiques instrumentales », est désormais un élément constitutif du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

Le dossier de candidature avait été préparé par l'association Dastum. Et le jury a été particulièrement sensible à la vidéo de présentation dans laquelle transpirent l'authenticité et la convivialité des festou-noz.

Cet évènement nous redonne l'occasion de saluer l’œuvre de rénovation de Loeiz Roparz : « Le Fest Noz, à L' UNESCO ! Qui aurait dit ça ? Loïez Roparz, le rénovateur des Festou noz doit jubiler au Paradis des sonneurs » (Reun Le Reste).

Et de publier une carte postale de la collection Villard représentant un « fest-deiz » [noz= "de nuit", deiz="de jour"] et une noce populaire devant l'auberge du village de Lenhesq au début du siècle.

Le titrage de la carte indique qu'on y danse la gavotte. Mais est-ce le cas ? Car les danseurs ne se tiennent-ils pas par le petit doigt ? Pour la gavotte, qu'elle soit de l'Aven ou des montagnes, on se donnerait la main, l'avant-bras droit couvrant l'avant-bras gauche du voisin de droite. Ne serait-ce pas plutôt un « an-dro » ou un « kas a-barh » ?

Plus tard, dans les années 1930, l'auberge Le Berre de Lenhesq organisait des grands bals musette. Les danses bretonnes furent remplacées par des « dansou Kof a Kof » (littéralement les danses ventre à ventre) : le passo, la valse ou le tango ...

Aujourd'hui, l'auberge est devenue un bureau de police, mais la maison avec ses lucarnes de toit caractéristiques a conservé son cachet.

En savoir plus : « Carte postale Villard - Noces et danses bretonnes à Lenhesk en 1909 - Le Fest-noz à l'Unesco en 2012 »

Billet du 08.12.2012



[modifier] 5 La Fiscalité de l'Ancien Régime

« Les finances s’appellent communement le nerf de la guerre et l’ornement de la paix. Autres tiennent que cela se doit plustost dire de la valeur et de la justice », Nicolas Rémond, 1622

À l'aube de la Révolution, la paroisse d'Ergué-Gabéric a signé par deux fois la Constitution sur le Clergé, et s'est engagée financièrement dans une rente annuelle de 40 livres et un emprunt de 1200 et de 1000 livres, le tout en contrepartie de l'exemption du paiement des impôts du Dixième et du Vingtième.

L'étude de ces documents a amené un enrichissement de notre lexique des termes anciens, car la fiscalité au cours des siècles est un sujet plutôt complexe :

Décimes, s.m.pl. : imposition sur les bénéfices ecclésiastique, levée au départ pour financer les croisades. Les décimes étaient fournies par les prêtres et fabriques de paroisse, pour être reversés dans les caisses du roi.

Denier (au), g.n.m., « au denier 20, 25 » : partie d'une somme, prélevée au profit de quelqu'un. Intérêt d'une somme principale. Placer au denier vingt : intérêt annuel d'un vingtième, à savoir à 5%.

Dîme, dixme, s.f.  : impôt sur les récoltes, de fraction variable, parfois le dixième, devant revenir au Clergé, prélevé pour l'entretien des prêtres.

Dixième, s.m. : impôt lancé par Desmaretz en 1710, à l'apogée de l'effort financier du royaume dans la guerre de Succession d'Espagne. Le Clergé rachète une exemption en 1711. Il fut remplacé en 1749 par le Vingtième du même principe.

Vingtième, s.m. : impôt établi par Machault d'Arnouville en 1749, à l'extinction du Dixième, à la paix d'Aix-la-Chapelle, dont les recettes doivent amortir la dette nationale créée par la guerre de Succession d'Autriche.

À la lecture de ce glossaire, pouvez-vous citer les différences entre la Dîme, les Décimes et le Dixième ?

En savoir plus : Billet du 02.12.2012


[modifier] 6 Inter-usines Cascadec 3, Odet 1

« Le coq comme symbole français remonte à la chute de l'Empire romain et tire son origine du jeu de mot entre gallus (coq) et Gallus (Gaulois) »

C'était le temps où la qualité de joueur de football était encore un argument d'embauche aux papeteries Bolloré. L'équipe locale des Paotred-Dispount était en majorité composée d'employés de l'usine d'Odet. Pour preuve, ce match inter-usines organisé pour la toute première fois en 1950 où ils affrontèrent l'usine sœur du groupe.

Les gars d'Odet, en déplacement à Cascadec en Scaër, essuyèrent une défaite de 3 à 1. La revanche eut sans doute lieu à Ergué-Gabéric l'année suivante.

Disposant de deux exemplaires de la photo, l'une un peu plus froissée, on publie l'une et l'autre. Et on a noté les noms et positions sur le terrain pour chacun de ces sympathiques joueurs et figurants « historiques ».

En savoir plus : « 1950 - Match inter-usines »

25 ans plus tôt le papier à cigarettes Bolloré n'était pas encore lié au sigle OCB, mais à la marque « Le Coq Français ». Le logo était décliné avec des jeux de couleurs vives : noir et crête rouge, bleu ou doré et crête blanche, et en arrière-plan un soleil levant et diffusant ses rayons.

Au recto du cahier, la « marque déposée » était constituée par un blason a priori fictif avec une épée et deux étoiles, surmontées d'un casque qui ressemble à un bonnet de fou du roi. Et la référence à l'entreprise de papeterie est « R. Bolloré Odet-Quimper France ».

En savoir plus : « Patrimoine local : la collection de cahiers de papier à cigarette à rouler Bolloré »

Question : Quel est le lien entre le coq, emblème de l'équipe de foot des Paotrd-Dispount, adopté en 1975, et celui du papier à rouler " Le Coq Français R.Bolloré " ? Vous trouverez cette information dans le livret du Centenaire, bourré d'anecdotes et de photos inédites, qui sera publié début 2013. Et n'oubliez pas : la grande fête du Centenaire des Paotred aura lieu le week-end de la Pentecôte, les 18 et 19 mai 2013. Billet du 23.11.2012


[modifier] 7 Rescapés de la grande guerre

« On tue des gosses de vingt ans ... Fauchés comme des fleurs de printemps », Dans un trou à Verdun, Henri Eugène Lallier (1891-1976).

L’armistice, signé le 11 novembre 1918 à 5 h 15, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale (1914-1918), et nous invite aujourd'hui à célébrer la mémoire des morts et des survivants de ce conflit.

Simon Guéguen est l'un de ces rescapés ; il est né le 18 octobre 1884 à Guilli-Vras en Ergué-Gabéric, ses parents François Guéguen et Marie Anne Kérisit étant tous deux journaliers. En 1887-88 son père François est embauché à la papeterie d'Odet comme ouvrier, puis comme cocher attitré des Bolloré. Ayant souffert de la famine dans sa propre enfance, il veut que ses fils fassent un métier de la bouche, à savoir la boulangerie pour deux d'entre eux et la pâtisserie pour Simon.

Simon Guéguen part sur le front, sans doute dès 1914, soldat dans les rangs du 71e RI, régiment composé essentiellement de bretons dont le casernement était basé à St-Brieuc. Il participe sans doute aux premières campagnes de Charleroi et de la Marne. Il doit être au front en fin d'année 1914 et courant 1915 lors de la bataille meurtrière d'Artois, et échappe miraculeusement à la mort lors de l'attaque de Chantecler où son régiment essuie de lourdes pertes.

En février 1916 il est gravement blessé à la cuisse par éclats d'obus aux premières heures de la bataille de Verdun, à Avocourt, puis amputé. Décoré de la « Croix de guerre 1914-1918 », et « Médaillé Militaire » par décret du 18 mai 1934.

Il s'installe en région parisienne comme pâtissier, domicilié à Pantin en 1921, où il se marie en 1929 avec Mélanie Allard. En 1960, alors qu'il a atteint l'âge de 76 ans, Simon Guéguen est nommé Chevalier de la légion d'honneur, la réception étant assurée par le célèbre boxeur Eugène Criqui, rescapé de la grande guerre également. Il décède 5 mois après.

En savoir plus : « Simon Guéguen (1886-1961), pâtissier, soldat chevalier de la Légion d'Honneur » Billet du 10.11.2012


[modifier] 8 Une Place pour Louis Le Roux

« Kazimant toud d'ar virkiken int bed merked war o spered, lod all siaouaz o deus kolled o buhez. » (pratiquement tous les survivants ont été marqués dans leur tête, et beaucoup d'autres hélas y ont perdu la vie).

 Mémorial de Pleyben pour les morts en Afrique du Nord de 1952 à 1962
Mémorial de Pleyben pour les morts en Afrique du Nord de 1952 à 1962

En cette période de la Toussaint, quoi de plus normal que de penser aux défunts ? Ce devoir de mémoire vaut aussi pour les morts en période de conflit armé, notamment lors des évènements d'Afrique du Nord et de la guerre d'Algérie entre 1952 et 1962.

L'un d'entre eux, Louis Le Roux, Gabéricois natif de la ferme de Bohars, aura bientôt une place à son nom. On nous signale même que cette nouvelle place serait située au bourg, très proche de celle de Fanch Balès, victime de la guerre précédente en 1945. Tout un symbole !

En savoir plus : « Louis Le Roux (1939-1961), jeune appelé mort en Algérie »

Par ailleurs, courant octobre, en lisant le bulletin national de l'association des anciens combattants en Afrique du Nord (FNACA), on a appris que trois finistériens avaient été interviewés en breton par le journaliste Bernez Grall le 19 mars 2012 sur les ondes de France Bleu Breizh Izel, dans le cadre de la commémoration du 50e anniversaire du « cessez-le-feu » de la guerre d'Algérie.

Ces bretonnants étaient respectivement Emile Derrien de Lennon, 6 mois à la Maison-Carrée près d'Alger, puis à Colomb-Béchar ; Fanch Le Scoul de Coray, en Grande Kabylie et Alger ; et enfin René Le Reste d'Ergué-Gabéric, 27 mois à la base aérienne de Marrakech, de 1956 à 58, période encore troublée au Maroc.

L'encart en breton de René Le Reste, natif de Garsalec, résume bien l'interview et l'émotion de ces jeunes gens appelés à intervenir dans une guerre qu'on ne nommait pas encore ainsi à l'époque : « ... Setu toud ar baotred yaouank ... o deus graet war-reun anaoudegez gand an A.F.N., eur vro hag eur sevenadur dizeñvel tre ha surtoud gand eur mod bevañs ispisial : ar brezel ha ne lare ked e ano » (voilà donc tous ces jeunes gens qui font connaissance avec l'A.F.N., avec un pays et une culture très différente, et surtout avec une chose un peu spéciale : une guerre qui ne veut pas dire son nom).

En savoir plus : « LE RESTE René - Les évènements d'Afrique du Nord, e brezoneg » Billet du 03.11.2012


[modifier] 9 La billig rouge des Chauffeurs

« Neuze var urz ar mestr, an tan a zo c'houezet dindan ar billig. Fanch a zonjaz na deuet e heur ziveza. » (Alors sur l'ordre du chef, un feu fut allumé sous la billig. François pensa que son heure était arrivée).

L'histoire, racontée en 1908 dans les colonnes de « Feiz ha Breiz », se passe à Kergoant, village situé au nord-est de la commune d'Ergué-Gabéric, en plein affrontement entre Chouans et Républicains lors de la Grande Révolution :
Image:Right.gif Les chouans sont nommés sous les seuls termes « ar Chouanted ».
Image:Right.gif Les prêtres réfractaires sont désignés par les Révolutionnaires comme «  al labouz-du  » (les oiseaux noirs), «  ar sae zu  » (les sarraus noirs), « al loan du » (les laines noires).
Image:Right.gif Les révolutionnaires sont appelés en breton «  an dispac'herien », « ar Republikaned », « ar bleizi-ze » (ces loups-là), et également « an Dommerien » (les chauffeurs), qui n'étaient pas apparentés ici aux bandes de Chouans selon le journaliste-prêtre, auteur du récit.

Pourquoi les chauffeurs ? Parce que la technique de ces tortionnaires pour obtenir des aveux était de mettre leurs victimes sur les flammes d'un feu, du moins leurs pieds. Ici la couleur locale veut que le feu soit allumé dans la cheminée sous une « billig ruz » (plaque à crêpes "rouge").

Voir le texte complet en breton (et en cours de traduction) :

Jean-Marie Déguignet avait aussi signalé l'existence des chauffeurs dans ses mémoires : « Ce souvenir seul (de Robespierre) leur faisait peur, autant que les souvenirs des chouans et des chauffeurs (ann domerien) ».

Et le paysan bas-breton signale aussi la pratique de la billig comme instrument de torture : « Il y en avaient encore trois ou quatre richards dans la commune qui ... avaient eu les fesses rôties sur la poêle à crêpes, pour les forcer d'avouer où étaient leurs trésors ».

En savoir plus : « La vision de Déguignet sur les apports et méfaits de la Grande Révolution » Billet du 27.10.2012


[modifier] 10 Questions du bulletin automnal

« Je ne cherche pas à connaître les réponses, je cherche à comprendre les questions », Confucius, homme d'État et philosophe chinois.

Dans ce 20e Kannadig de l’automne 2012, au format coloré inauguré par le numéro précédent, les questions ne manquent pas pour cette reprise des articles préparés au cours du trimestre :

  • Que sait-on des origines du symbole de l'hermine ducale et quelle est la signification de sa présence à Kerdévot ?
  • De qui se moquait Yan Goaper du « Progrès du Finistère » en 1908 ?
  • Où était situé le moulin de Crec’h Congar, en ruines avant la Révolution de 1789 ?
  • Quelles étaient les épreuves et questions du rallye bucolique et « cinquantenaire » dans le grand ouest gabéricois ?
  • Quels maire et conseiller ont sponsorisé la construction du lavoir de quartier de Stang-Venn ?
  • Quelle sorte d’hommage a été donnée au regretté homme-crabe ?
  • Qui était le créateur du slogan «  Si vous les aimez bien roulées, papier à cigarettes OCB » ?
  • Quelle mort ont connue deux jeunes marins pendant la guerre d’Indépendance américaine ?
  • Que disait-on de Kerdévot en 1870-71 dans le journal en langue bretonne « Feiz ha Breiz » ?
  • Quel fut le verdict du procès de Poux, chef de bande, en 1948 ?

Et rassurez-vous, les articles apportent quelques éléments de réponse.

Téléchargement et lecture du bulletin : « Kannadig n° 20 »

Billet du 20.10.2012

Nota: l'envoi à domicile des bulletins par voie postale se fera dans la quinzaine, si toutefois il continue à pleuvoir tous les jours comme actuellement ...


[modifier] 11 Cartel des gauches, front populaire

«  Les habitants d'Ergué-Gabéric ont bonne réputation, ils n'aiment pas à danser avec les ours, ils ne voudraient pas hurler avec les loups, encore moins braire avec les ânes », Le Progrès du Finistère, 1925.

Léon Blum à Odet, 1946
Léon Blum à Odet, 1946

Voici deux articles inédits parus dans le journal catholique de combat « Le Progrès du Finistère » et datés respectivement de 1925 et 1936.

Le premier relate la conférence politique de Jean Jadé, jeune député finistérien de 36 ans, le 26 avril 1925 au bourg d'Ergué-Gabéric, réunion à laquelle assistent l'industriel papetier René Bolloré et de nombreux paysans et ouvriers. Le thème principal abordé, à la veille des élections municipales, est la critique des positions du Cartel des gauches.

Mais ni les efforts du conférencier, ni l'engagement et la présence de René Bolloré, ni les formules choc mordantes du journaliste n'empêcheront la liste du radical Jean-Louis Le Roux et du « Loup ou Âne de Reunic » de l'emporter aux élections locales.

 Image:Right.gif En savoir plus : « Jean Jadé et René Bolloré contre le Cartel des gauches, Le Progrès du Finistère 1925 ».

Un an et demi après le décès de René Bolloré, on note cette annonce du 1er août 1936 dans laquelle le syndicat professionnel des ouvriers papetiers de la région de Quimper, affilié à la C.F.T.C., lance un appel à rejoindre ses rangs : « tous les ouvriers, ouvrières et employés de l'usine d'Odet sont invités à rejoindre ce syndicat ».

La technique de communication de la C.F.T.C. est basée à la fois sur un message de légitimité de la part du gouvernement du Front populaire et sur les recommandations des autorités supérieures religieuses : « Il ne saurait être question pour un catholique d'adhérer à la C.G.T. à cause de la doctrine qu'elle professe ... ; des principes tels que "lutte des classes", "expropriation capitaliste", "grève générale", "action directe", sont en opposition avec la morale chrétienne et même la morale tout court ».

Image:Right.gif En savoir plus : « L'appel de la C.F.T.C. aux ouvriers de la papeterie d'Odet, Le Progrès du Finistère 1936 ».

Quoi d'étonnant finalement que cette invitation de Léon Blum par l'un des fils de René Bolloré à venir se reposer à Odet, 10 ans après le Front populaire, en 1946 : « L'évènement fit grand bruit dans le pays et mit le comité d'entreprise de l'usine que je présidais à l'époque, dans l'embarras : "Le leader du Front Populaire était en résidence chez le patron" » (Gwenn-Aël Bolloré, Mémoires Parallèles, Editions Picollec).

Image:Right.gif En savoir plus : « Les amitiés littéraires de Gwenn-Aël Bolloré ». Billet du 13.10.2012


[modifier] 12 Un peintre interdit à Kerdévot

« Au moment où la guerre générale semblait inévitable, et qu'on rappelait sous les drapeaux les jeunes soldats des classes libérées », Le Quimpérois

Eugène Boudin, Kerdévot, 1855-57 - : - : - : - Billet du 06.10.2012
Eugène Boudin, Kerdévot, 1855-57 - : - : - : - Billet du 06.10.2012

Dans un entrefilet, publié en 1842 dans le nouveau journal « Le Quimpérois », on peut lire l'évocation d'un fait-divers qui s'est produit lors du pardon de Kerdévot, deux ans auparavant : un peintre faisant des croquis de costumes bretons fut obligé de quitter les lieux car l'assistance pensait « qu'il travaillait par ordre du gouvernement, et dans l'intérêt de la conscription ».

Pourquoi les paroissiens de septembre 1840 étaient-ils si méfiants via-à-vis des conscriptions nationales ? Adolphe Thiers, président du conseil de la monarchie de Juillet depuis mars 1840, avait mené une politique étrangère en Egypte contre les autres puissances européennes (Royaume-Uni, Autriche, Prusse et Russie). Devant la menace de ces derniers, il dut décréter fin juillet la mobilisation des soldats des classes 1836 à 1839.

En 1840 la population était très réticente à envoyer ses enfants sur le front. De plus la conscription était organisée au tirage au sort car seuls 30 à 35 % des conscrits célibataires ou veufs sans enfant effectuaient leur service militaire. Une mobilisation n'était pas la bienvenue, et en région les esprits étaient bien échauffés : « Les bretons, si patients ordinairement et d'un caractère si inoffensif, n'entendent aucune espèce de raillerie en matière de conscription, dit l'article.

Quant au peintre chassé de Kerdévot, on ne connait ni son nom, ni son œuvre. Par contre en 1855-57 le célèbre peintre Eugène Boudin viendra à Kerdévot pour y faire des croquis des « pardonneurs ». Un journaliste aurait pu écrire aussi à son propos : « Un artiste dessinait au pardon de Kerdévot les costumes bretons si nombreux et si variés dans cette assemblée considérable ».

Image:Right.gif Lire le reportage « Un peintre "persona non grata" à Kerdévot, Le Quimpérois 1842 », et la fiche iconographique « DELOUCHE Denise - Eugène Boudin au pardon de Kerdevot en 1855-57 ».

En ce qui concerne les valeurs pacifistes des « pardonneurs » insoumis de Kerdévot, le ton va changer du tout au tout en 1870-71. Des pardons et pèlerinages seront organisés en l'honneur des soldats partis ou revenus du front, et on y apposera même une plaque de marbre blanc, libellée ainsi en langue bretonne : « Merk a Anaoudegez vad da I.-V KERDEVOT Evit ar skoazel E deus teurvezet rei D'hor Soudardet, Mobilet, Ha Mobilizet. 1871. » (Marque de reconnaissance éternelle à N.-D de KERDEVOT pour l'assistance Qu'elle a daigné donner A nos soldats, engagés, Et mobilisés, 1871).

Image:Right.gif Découvrir les coupures et transcriptions en breton « Kemperiz e Kerzevot, Quimpérois à Kerdévot, Feiz ha breiz 1870‎ », « Pardonerien e Kerdevot, Pardon à Kerdévot, Feiz ha breiz 1871 », et en français « Pèlerinage à Notre-Dame de Kerdévot, l'Impartial du Finistère 1871 ».


[modifier] 13 Marins morts loin de leur pays

Il faudrait ajouter une plaque sur le monument aux morts et y inscrire les enfants du pays engagés dans la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis !

Présentée au Congrès américain le 4 juillet 1776, la déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique, rédigée par Thomas Jefferson, n'a pas été la fin de la guerre entre les américains insurgés et les anglais. A partir de 1776 les combats se sont intensifiés et deux ans après les français sont rentrés dans le conflit contre la Grande-Bretagne. Les frégates et vaisseaux de ligne de la marine royale française arborant le drapeau blanc vont affronter la flotte anglaise à de nombreuses reprises, au large des cotes de la Floride et des Antilles et au nord-est des États-Unis. Le traité de Paris de 1783, signé le 3 septembre, mettra un terme à la guerre d'indépendance américaine.

Grâce aux travaux de Carl Rault du Centre Généalogique du Finistère, sur la base des Archives du Ministère de la Guerre, on a retrouvé deux jeunes gabéricois qui ont quitté le pays, ont embarqué dans un vaisseau de ligne à voiles et sont décédés en 1780-81 aux Antilles.

Louis-Hervé Pennanec'h est né en 1753 à Kerdévot, devient orphelin de mère à 3 mois et de père à 9 ans, embarque comme matelot sur le vaisseau « Le Citoyen » pour ne plus dépendre de ses sœurs, participe à la bataille de la Martinique (222 français tués et 537 blessés), et décède à l'hôpital de Fort Royal en Martinique en 1781 à l'âge de 28 ans.

Alain Le Breton est né en 1755 à Mezanlez d'une famille de journaliers, embarque comme aide-canonnier sur le vaisseau « L'Actionnaire » pour échapper à la pauvreté, participe aux batailles d'Ouessant en 1778 (126 morts français et 413 blessés) et de la Martinique en 1780, et décéde à l'hôpital de St-Louis de l'île d'Haïti en 1780 à l'âge de 25 ans.

Pour en savoir plus, lire les deux nouveaux articles en espace [Personnalités‎] :

Billet du 29.09.2012

Nota : la revue Kannadig n° 20 d'octobre est en préparation. Comme le précédent numéro, il sera imprimé en couleur. Qu'on se le dise !


[modifier] 14 Rallye bucolique 31 ans après

Étape n° 4 : « Prenez votre charaban, et roulez jusqu'à un village qui, malgré la prononciation locale, n'a rien à voir avec le fruit rouge de Plougastel »

Billet du 21.09.2012
Billet du 21.09.2012

L'un d'entre nous vient d'avoir 50 ans, il habite depuis quelques années au GrandTerrier, tout près de la maison de son enfance. Ça méritait bien qu'on lui fasse passer un parcours initiatique pour vérifier qu'il connaît bien son pays, notamment la partie ouest de la commune.

Voici donc le rallye de découverte auquel il va se risquer, accompagné de ses amis, eux-mêmes répartis en 62 équipages voituriers, tous prêts à réussir les épreuves éliminatoires.

Les participants recevront une carte routière et cinq enveloppes contenant les consignes d'itinéraire et les 2 ou 3 épreuves de l'étape, lesquelles épreuves sont publiés sur GrandTerrier. Et les cases de réponses de l'article sont même prévues pour saisir les résultats des équipages, après la validation d'un juge de paix et d'un huissier.

Ce qui est rigolo : il y a 31 ans, certains d'entre nous testaient déjà le rallye de Treuz-ar-Erge-Vras, en 1981, à l'époque euphorique des premières journées du patrimoine. Une certaine 2CV était arrivée première ex-aequo.

Pour en savoir plus, lire les deux articles :

  publiés en espace [ Fonds Cartographique ‎].

Et savez vous que le GR 38 reliant Douarnenez à Redon traverse le partie nord-ouest de notre commune ? Vous trouverez son tracé et quelques photos du parcours entre Meil-Poul et l'Ecluse dans l'article « Chemin de Grande Randonnée n° 38‎ ».


[modifier] 15 L'hermine ducale de Kerdévot

« Kentoc'h mervel eget bezañ saotred, Malo mori quam foedari, Plutôt la mort que la souillure », devise de Bretagne en référence à son hermine

Les mémorialistes, historiens et passionnés d'archéologie du 19e et 20e siècle ne l'ont guère mentionnée dans leurs notices et inventaires. Seul Anatole Le Braz a remarqué le bas relief le 29 juin 1899 : « Venu ce soir à Kerdévot. Remarqué l’hermine ailée qui est sculptée au fronton de la Tour ». L'aile en question est la représentation de la bannière ducale ornée de mouchetures d'hermine que l'animal porte comme une écharpe. On a donc ici deux variantes de l'hermine :

Image:right.gif La « moucheture » classique sur la bannière ou jarretière.

L'écu « d'hermine plain », c'est-à-dire entièrement blanc et tacheté de mouchetures noires, fut adopté au début du règne de Jean III le Bon (1312-1341). Cette fourrure héraldique était constituée des peaux de l'animal cousues côte à côte et alternées en hauteur ; et les queues à l’extrémité toujours noire étaient posées en quinconce au centre de chaque peau et attachées par trois petites agrafes.

Image:right.gif L'animal dénommé « hermine passante » en héraldique.

Ses premières utilisations datent de la fin du 14e siècle, sur les pièces de monnaie bretonnes, et sur le collier de l'ordre de l'Hermine, ordre militaire et honorifique institué par le duc Jean IV.

Le duc Jean IV, entre 1380 et 1385, fit également construire le château de l'Hermine à Vannes pour renforcer l'enceinte de la ville et y créer la résidence des ducs de Bretagne jusqu'au milieu du XVe siècle. Les armoiries de la Vannes avec une représentation d'une « hermine passante cravatée d'hermine doublée d'or » sont attestées depuis le 15e siècle. Mais quelle est la signification de la présence de ce symbole à Kerdévot ?

En savoir plus : « L'hermine passante des ducs de Bretagne à la chapelle de Kerdévot » Billet du 15.09.2012

En ce week-end de valorisation du patrimoine, nous avons enrichi le fonds iconographique consacré à la chapelle de Kerdévot. Grâce à sa collection de photos et de croquis, l'article « La chapelle de Kerdévot » apporte une visite virtuelle des lieux, avec ses vues d'ensemble, son pardon, son retable, son calvaire ...


[modifier] 16 Bandenn-Laou en ar Sal-C'hlas

« Dans les fermes, dans la campagne longtemps terrorisée, cette affaire restera désormais connue sous le nom de Bend-en-Laou * ...  », Détective

Le 25 août on lisait dans Ouest-France la 4e et dernière chronique d'une série sur les grandes affaires judiciaires qui ont marqué Quimper et sa région. Il s'agit en l’occurrence de l'affaire de la Salle-Verte (ar Sal-C'hlas) en Ergué-Gabéric et du procès de la « Bande à Poux ».

On en profite pour publier le reportage complet du journal Détective qui a inspiré la chronique d'Ouest-France. Dans son n° 107 du 13 juillet 1948 le dos de couverture annonçait bien la couleur : « Voici, aux Assises de Quimper, la Bande à Poux (Bend-en-Laou *) qui terrorisa longtemps la campagne bretonne. ».

Qui étaient donc ces quatre accusés ? Henri Bourmaud, le meurtrier, fils d'un maçon vendéen, était marchand de frites et avait tendance à être violent quand il avait bu. Poux - personne n'a retenu son prénom tellement son nom suffisait pour évoquer sa personnalité - était buraliste dans le quartier de la gare de Quimper et chef de la bande. Frédéric Fillis, fils d'un marchand ambulant anglais, était un clown, acrobate et beau parleur. René Quinet était un ouvrier serrurier originaire de la région parisienne, engagé un temps dans la marine.

A la fin de la guerre, en 1945-46, ces malfrats terrorisaient la campagne quimpéroise en rançonnant ceux qu'ils qualifiaient de « profiteurs ». Avec le crime crapuleux de la ferme de la Salle Verte, le scénario est différent : Poux lui-même avoue avoir demandé à Mme Lasseau une forte somme après le meurtre de son fils aîné René, contre une promesse de mener une enquête avec des coupables fictifs du côté de Marseille, alors qu'il ne pouvait ignorer qu'une de ses fréquentations l'avait abattu d'une rafale de mitraillette.

Quel fut donc le verdict final pour ces cyniques voyous ?

Image:Right.gif En savoir plus : « La bande à Poux condamnée pour l'affaire de la Salle-Verte, Détective 1948 » Billet du 08.09.2012

(*) : « Bend-en-Laou » est la retranscription phonétique d'une expression locale et populaire qui devrait plutôt être orthographiée « Bandenn-Laou ». Le substantif « Laou » est un collectif (singulatif : « laouenn ») qui désigne bien le poux en français. Autres expressions : « fritañ laou », vivre dans la pauvreté ; « spazhañ laou », chercher la petite bête, couper les cheveux en quatre ; « laou(enn)-douar  », cloportes ; « laou-pafalek (enn-b.) », morpions, poux du pubis ; « pér-laou », poire-poux, fruit de l'aubépine. On disait aux enfants qui voulaient gouter aux baies sauvages : « Ma trebez pér-laou e ranko be(za) touzet dit da benn ».


[modifier] 17 Reconnaissance de paternité OCB

« Dans les grands salons de la rue de Rivoli, il y avait beaucoup de monde, beaucoup de lustres, et aussi beaucoup de fumée », La Commère

France-Soir, 6 juillet 1962
France-Soir, 6 juillet 1962

Le monde des brocanteurs, bouquinistes et salles de dépôt vente est parfois surprenant en matière de découverte de documents d'archives. Ainsi par exemple cette lettre de revendication de paternité d'un célèbre slogan publicataire « Si vous les aimez bien roulées, papier à cigarette OCB », en réaction à une manchette people du 6 juillet 1962 dans France-Soir.

Dans ses « Potins de la Commère », la chroniqueuse Carmen Tessier relate la remise à Michel Bolloré du premier prix à l'exportation par Valery Giscard d'Estaing, ministre des Finances. Et cette récompense serait la consécration du slogan un tantinet machiste.

Cet article ne pouvait pas laisser l'ex-publicitaire Tony Burnand sans réagir et demander qu'on ne l'oublie pas, lui l'auteur du fameux slogan.

Tony Burnand explique notamment dans sa lettre adressée à Michel Bolloré (à laquelle il joint la coupure de France-Soir) :

  • Avant guerre (ou peut-être au début du conflit de 1939), c'est lui qui est l'inventeur de la formule : « Ce slogan a été trouvé par moi-même », « Mon titre à sa paternité ne peut de toute façon être discuté ».
  • Pendant la guerre, alors que Michel Bolloré était mobilisé, Tony Burnand cède l'exploitation de ses droits à une tierce personne : «  Ce slogan (a été) cédé, par moi aussi, à XXX, ... Différentes pièces que j'ai conservées en font foi ».
Image:Right.gif En savoir plus : « 1962 - Défense de paternité du slogan "Si vous les aimez bien roulées ... OCB" » Billet du 01.09.2012


[modifier] 18 Condamnés aux galères en 1774

« A été amené en la dite chambre ... un homme de moyenne stature, cheveux brun long, une cicatrice à la joue droit, ... chapeau à la main  », premier interrogatoire de Guenel Le Pape de Coat-Piriou.

Billet du 26.08.2012
Billet du 26.08.2012

Jean-François Douguet, passionné de l'histoire glazik et melenik, a épluché le dossier du Présidial relatant l'affaire de vol avec effraction à la chapelle de Kerdévot par un jeune malfrat gabéricois de Coat-Piriou et deux acolytes en octobre 1773. Son étude est publiée dans le numéro d'avril 2012 des cahiers Keleier de l'association Arkae où il explique le déroulement de l'effraction et de l'enquête de façon très vivante et avec citations des documents d'origine  :

  • Les premières constatations sur place du lieutenant du présidial de Quimper : « ayant entrés dans la ditte église, et après y avoir adoré le très sainct sacrement il nous a fait passer dans la sacristie ... ».
  • Les interrogatoires des témoins (marguillier, recteur, habitants de Kerdévot, ...), assistés d'un interprète de breton en français : « elle crut que se pouvoit etre le bondieu sortant pour quelques malades ».
  • La demande faite au recteur de « lire et publier au prosne des grandes messes paroissiale, par trois dimanches consécutifs » un « monitoire » pour « admonester tous ceux qui auroient connoissance des faits ».
  • La promise de Guenal Le Pape, le malfaiteur de Coat-Piriou, qui avait accepté qu'il aille récupérer à Ergué-Gabéric une copie de la publication de leurs bans, « eut aimé mieux qu'il alla seul que de s'associer à gens qi'il ne connoissoit point ».
  • Après enquête et procès de sept mois, la sentence des galères à perpétuité n'épargnera pas les trois jeunes malfrats : « condamne les dits Jean, Joseph Marie Carof et Guenel Le Pape à servir en quallité de forçat sur les gallères de sa Majesté, et ce à perpétuité tous trois préalablement flétris sur l'épaulle dextre des trois lettres GAL (galérien)  ».
  • Dans l'article les conditions historiques de cette affaire pénale sont bien explicitées, notamment les arrêts du Parlement de Bretagne de 1775 et 1776 qui tentent de mettre fin à la recrudescence des « vols des Eglises, Sacristies et Coffres fort des Paroisses ».

Pour compléter cette étude, nous avons publié sur GrandTerrier le dossier conservé aux Archives Départementales de Brest, constitué de 805 pages réparties sur 61 pièces, et entamé leur transcription littérale. Le contenu est très riche sur les personnalités locales et les lieux où furent perpétrées les effractions du jeune malfaiteur gabéricois et ses deux compagnons, et nous n'avons pas fini d'en recueillir les perles !

Image:Right.gif En savoir plus : « DOUGUET Jean-François - Fric-frac à Kerdévot en 1773 » et « 1773-1774 - Procédure criminelle pour le vol avec effractions à Kerdévot »


[modifier] 19 De l'île du Loc'h au musée d'Odet

« Je suis fasciné par les arthropodes - formant 80% des espèces animales connues -, de par cette articulation qui fait que, pour grandir, ils sont obligés de rejeter leur carapaces ; c'est philosophiquement passionnant », Gwenn-Aël Bolloré.

Billet du 17.08.2012
Billet du 17.08.2012

Cet été nous avons découvert une magnifique video, « L'Homme Crabe », produite par les équipes de Bleu Iroise et des Films du Baladin dirigées par André Espern, et diffusée en 2011-12 sur les chaînes TVR, Tébéo et Ty Télé.

Pourquoi ce titre ? Parce que Gwenn-Aël Bolloré était un passionné de la mer, et plus précisément un amoureux des crabes ou arthropodes. Outre la beauté de ses images et sa musique, le documentaire est riche d'anecdotes :

  • Lorsque René Bolloré, le père de Gwenn-Aël, achèta l'île du Loc'h de l'archipel des Glénans, pour 10.000 francs, c'était pour assouvir sa passion de la chasse car il y avait là un étang aux canards.
  • Une espèce de crabe découvert par Gwenaël en Mauritanie a été nommée officiellement « Dromia Bollori », la dromie de Bolloré.
  • En plus de ses nombreuses activités autour de la mer (pêche aux requins, découverte de cœlacanthes, musée océanographique d'Odet, ...), Gwenaël a dirigé deux grandes entreprises : « J'ai travaillé aux papeteries Bolloré où j'étais vice-président et directeur technique pendant 40 ans. Et puis j'ai été président des éditions de la Table Ronde pendant 30 à 35 ans. J'avais une voiture qui allait assez vite, ce qui me permettait de passer mes week-ends en Bretagne, et 5 jours par semaine j'étais à Paris. Oui tout cela est un peu mélangé, ça parait chaotique, mais ça ne l'est pas trop dans ma tête ».

Image:Right.gif En savoir plus : « Gwenn-Aël Bolloré, l'homme crabe »

Dans la même veine, un article paru en 1963 dans la revue « Le Pèlerin du 20e siècle », sous la plume de la romancière Yvonne Chauffin, décrit les origines de l'entreprise Bolloré et ses défis économiques et technologiques.

La journaliste, en visite à Odet, décrit les lieux de production, et interviewe Gwenn-Aël Bolloré, « l'un des trois fils Bolloré qui président aux destinées des papeteries  ».

Ce dernier, amoureux de la mer, ne manque pas d'utiliser des expressions et images maritimes : « L'essentiel n'est-il pas de savoir répondre à l'appel du large et " d'écouter d'où vient le vent " ? ... Il ne s'agit pas, pour les Bolloré, de se laisser pousser à bâbord et à tribord, mais de bien mesurer leurs encablures et de virer là où il faut ».

Image:Right.gif En savoir plus : « En parlant un peu de papier, Le Pèlerin 1963 »

Nota : plusieurs natifs de Stang-Venn ont localisé la statue du saint Pierre, objet de l'énigme de la semaine dernière, mais personne n'a fourni le nom du bâtisseur de la haute maison. On laisse donc la question, le temps de la réflexion et des investigations familiales.


[modifier] 20 Les énigmes culturelles de l'été

« Et moi, je te dis que tu es Pierre et que, sur cette pierre, je bâtirai mon Église ... Je te donnerai les clés du royaume des cieux  » [Matthieu, 16, 18-19]

Billet du 10.08.2012
Billet du 10.08.2012

Il fait enfin un magnifique temps estival sur la Bretagne, c'est l'heure de la détente et de la farniente. Nous proposons donc un petit jeu pour occuper les méninges, à savoir localiser un élément méconnu de notre patrimoine, ce d'après une photo. À vous de jouer !

Où se trouve donc la statue de ce saint Pierre à la bouille hilare et portant les clefs du paradis ?

Les indices suivants peuvent vous aider à résoudre l'énigme :

  • La niche de la statue est tellement haut perchée que personne ne la remarque habituellement.
  • Le saint a une vue imprenable sur une vallée faiblement colorée, face à une côte et un virage en épingle à cheveux.
  • Cet ouvrage sculpté n'a été placé ni sur un manoir, ni sur une église ou chapelle, ni sur un bâtiment communal.
  • Le bâtisseur de l'édifice était mobile du fait de sa profession, on l'appelait même le « commissionnaire ».
  • Le saint aurait pu être, du moins localement, le patron des coureurs cyclistes.

Vous avez trouvé ? Vous avez besoin d'indices supplémentaires ? Ouvrez vite l'article ci-dessous pour proposer votre réponse.

Image:Right.gif En savoir plus : « La question Histoire & Patrimoine de l'été 2012 »

Autre terrain d'énigmes à résoudre : l'héraldique ou science des blasons. Mercredi dernier, le service Patrimoine et Communications de la commune d'Ergué-Gabéric organisait en l'église Saint-Guinal une 2e conférence sur héraldique gabéricoise.

L'historien Paul-François Broucke, qui avait déjà fait un brillant exposé à Kerdévot il y a quelques semaines, était réinvité pour présenter ses travaux sur les blasons connus et méconnus de l'église paroissiale et l'histoire locale de leurs détenteurs.

Et c'était très intéressant car Paul-François a fait avancer les travaux de recherches historiques démarrés par Norbert Bernard en inventoriant notamment toutes les traces héraldiques de l'église, pas seulement les blasons de Lezergué sur la maitresse-vitre, mais également les lisières de deuil formées d'écussons en haut de la nef, les sablières, les blasons taillés en bosse, la pierre à enfeu des Kerfors avec leur greslier et les blasons des familles en alliance, la pierre tombale des Liziart reconstituée dans les moindres détails, les aveux attestant d'autres blasons sur la verrière sud, et des bancs ou pierres des Kersulgar, Kerfrez-Crec'hcongar, Pennarun ...

Image:Right.gif Autant d'informations qui préfigurent une future publication passionnante !


[modifier] 21 Le retour des crucifix enlevés

« Personne n'ignore que, par suite des mesures prises par notre gouvernement sectaire et maçonnique, les crucifix ont été enlevés des écoles ... »

Une partie du trésor religieux d'Ergué-Gabéric : une croix et 6 chandeliers, objets classés Monuments Historiques en 1954, photographiés en 1994 par le photographe Jos de Chateaulin Billet du 03.08.2012
Une partie du trésor religieux d'Ergué-Gabéric : une croix et 6 chandeliers, objets classés Monuments Historiques en 1954, photographiés en 1994 par le photographe Jos de Chateaulin Billet du 03.08.2012

Nous avons déjà publié des documents sur la fermeture de l'école des religieuses, la carte postale d'un gendarme assistant à l'inventaire des biens de l'Eglise, la gwerz de protestation écrite en breton par la communauté catholique locale, les mémoires anti-cléricales de Jean-Marie Déguignet, mais pas encore les témoignages bien trempés sur le retour des crucifix en 1907.

La « procession de réparation » est relatée dans un article du Progrès de Finistère du 29 mai 1907, sous la forme d'un courrier d'un paroissien d'Ergué-Gabéric signant « Un Erguéen ».

Les paroissiens vinrent nombreux au bourg pour cette manifestation religieuse : « Dès mon arrivée au bourg, une foule compacte circulait déjà autour de l'église. Le son de la cloche annonce que les vêpres vont commencer ; on se presse d'entrer dans l'enceinte, car l'église quoique vaste, ne pourra contenir toutes les personnes présentes ... ».

Devant la menace d'une nouvelle action laïque et anti-cléricale, le ton du paroissien est menaçant : « Les temps ont changé, certes, mais le cœur des Erguéens est resté le même, on les trouvera constamment sur la brèche, pour la défense de leur foi et de leurs intérêts religieux. (Quand on nous dira) que la Foi est morte, de cent poitrine sortira ce cri, celui de tout breton catholique : " plutôt mourir que de faillir " ».

En savoir plus : « Une procession pour le retour des crucifix, Le Progrès du Finistère 1907 »

Nota n° 1 : Avant l'enlèvement des crucifix des écoles en 1905, le Parlement de 1880 avait déjà demandé la suppression des crucifix placés dans les salles d'audience des tribunaux. Ce qui fait qu'aujourd'hui, dans l'église paroissiale St-Guinal, est exposé un crucifix enlevé d'un tribunal sur ordre des autorités républicaines en 1880-90 et rétrocédé en 2009 sous forme de don à la paroisse par une ancienne famille quimpéroise et gabéricoise.

Nota n° 2 : Quel contraste avec la fête des écoles organisée quelques jours plus tard à l'école des garçons du bourg  : « M. Le Guay, propriétaire du Cleuyou, ancien président d'une section de la Ligue de l'Enseignement, a fait une très intéressante causerie dans laquelle, après avoir parlé de Jules Ferry, il a donné d'excellents conseils aux enfants. Puis il a amusé son auditoire par des morceaux de phonographe habilement intercalés entre des récitations et des chants exécutés par les élèves » (« La fête des 25 ans de la fondation des écoles laïques, Le Finistère 1907 » ¤ )


[modifier] 22 À la recherche du moulin perdu

« Le jeudi 17.11.2005 je me rends sur les lieux en tenue adéquate ... à la recherche des traces du moulin disparu de Crec'h Congar », Henri Chauveur

Billet du 27.07.2012
Billet du 27.07.2012

C'est le début d'une quête d'aventuriers, à l'aide des cartes du vieux cadastre, jusqu'au « bosquet où il subsiste encore quelques pierres et l'endroit où devait se situer le barrage au dessus du ruisseau. ».

Un document de 1736, trouvé récemment aux Archives Départementales du Finistère, nous en apprend un peu plus sur la disparition du moulin.

La première propriété déclarée dans ce document est « le lieu et manoir noble de Creongard avec la meterie, apartenances et dependances, situé en la paroisse d'Ergué-Gaberic ». Il est vraisemblable que ce manoir et lieu noble de Creongard (aka Crec'h Congar ou Kenec'hcongar) était sur les hauteurs du lieu connu aujourd'hui sous le toponyme Pennervan.

Dans le vallon en contrebas de Pennervan, le moulin est quant à lui désigné sous le double nom de Crec'h-Congar et de Pennervan : « Le moulin dépendant du dit manoir appelé le moulin de Benerven autrement Creongard ». C'est en 1733 que le moulin avait arrêté définitivement de fonctionner : « presentement chommant estant tombé en ruine depuis environ trois ans et ne meritant pas d'estre relevé par raport au peu de mouteaux qui en sont sujets ».

Ces mouteaux étaient les paysans et roturiers locaux qui devaient venir moudre leur grain au moulin. Malheureusement les nombreux moulins concurrents voisins (Kerelan, Cleuyou, Coutily, St-Denis), toujours en activité, ont mis en faillite celui de Crec'h Congar.

Le document nous permet également de saluer Laurent Quevilly, le journaliste-correspondant d'Ouest-France des années 80, et ses seigneurs de Kerhoant (Nord-Finistère) qui détenaient le moulin, et d'apprendre aussi qu'un seigneur de Lezergué, chevalier de St-Lazare, avait fait main basse sur les ruines du moulin.

En savoir plus :


[modifier] 23 Le bain forcé de deux nemrods

« Il fut un vaillant chasseur devant l’Éternel ; c’est pourquoi l’on dit : comme Nimrod, vaillant chasseur devant l’Éternel. Il régna d’abord sur Babel Érec, Accad et Calné, au pays de Schinear », Genèse 10

« Projet d'une statue à élever à Odilon Nimrod », Honoré Daumier
« Projet d'une statue à élever à Odilon Nimrod », Honoré Daumier

Dans l'édition du 7 mars 1908 du Progrès de Finistère on trouve une chronique humoristique localisée à Ergué-Gabéric et signée « Yan Goaper ». Il s'agit sans doute d'un pseudonyme, car le terme « Goaper » désigne en région quimpéroise quelqu'un de moqueur. Jean-Marie Déguignet en fit même un bretonnisme avec transposition et orthographe à la française : « Les bretons, étant menteurs, blagueurs, trompeurs, gouapeurs ...  ». Derrière Yan Goaper se cache peut-être l'abbé François Cornou, fondateur et directeur du journal.

Le journaliste se penche sur un accident somme toute banal : deux chasseurs gabéricois se promenant le long d'un ruisseau affluent du Jet tombent à l'eau dans un trou profond de deux mètres et sont secourus par un brave cultivateur qui les avait vus « disparaître inopinément ».

Mais le style est là : des personnages bien campés, des dialogues fournis, un lieu précis sur la commune (« Toul-ar-Gurun entre les moulins de Pen-ar-Marc'hat et du Faou), des interjections françaises et bretonnes bien placées (« mil seiz batimanted ..... logod »), et même via l'expression « les deux nemrods » une allusion biblique à l'archétype du chasseur et au bâtisseur de la tour de Babel.

Une autre mention biblique « Mais que de pêches miraculeuses ne fait-on pas au Grand-Ergué ! » fait référence à un entrefilet dans le journal 3 jours plus tôt : le bedeau avait pêché dans le Jet un « énorme saumon blanc » !

La conclusion est « Quel pays extraordinaire tout de même ! ».

En savoir plus : « Chroniques nautiques gabéricoises de Yan Goaper, Le Progrès du Finistère 1908 »

Billet du 20.07.2012


[modifier] 24 Lettres de Lezergué en 1644-45

« 14 contrats de mariage de père en fils, 350 ans de chevalerie, les pères considérables dans les guerres de Bretagne, et bien marqués dans l'histoire »

La marquise de Sévigné, musée Carnavelet
La marquise de Sévigné, musée Carnavelet

Voilà comment la marquise de Sévigné décrit la généalogie de son mari breton, Henri de Sévigné, dans une lettre du 04.12.1668 au comte de Bussy.

Tout le monde connait Marie Ratupin de Chantal, mariée en 1644 au marquis breton de Sévigné. Elle devint veuve à vingt-cinq ans en 1651, quand son époux fut tué lors d’un duel contre le chevalier d’Albret pour les beaux yeux de Mme de Gondran, leur amante. Fréquentant les salons de l'époque, se divertissant de tout, Marie de Sévigné eut des échanges épistolaires avec ses contemporains et avec sa fille. Ses nombreuses lettres ont été publiées et sont devenues l'archétype du badinage du 17e siècle.

Elle fut remarquée dès son mariage par l'épistolier gabéricois, Guy Autret, seigneur de Lezergué, généalogiste et écrivain, notamment quand ce dernier évoque l'origine noble de son mari breton, dans une lettre de fin août 1644 : « Je me rejouis de la bone rencontre du baron de Sevigné, qui est bien de l'une des antienes maisons de nostre province et en laquelle il y a eu des grands biens & pourois dire plus de cent mille livres de rente ». Et il conclut par ce commentaire et cette requête à son correspondant Pierre d'Hozier : « Si ceste damoeselle de la quelle je vous prie de m'escrire le nom & les armes & la genealogie, est aussi riche & d'aussi bone maison que son mary, ils auront de quoy paroestre en la Cour  ».

Dans une deuxième lettre datée de 1645, soit un an après son mariage, Guy Autret remarque l'esprit et les goûts de la marquise : « (Le Marquis de Molac) me montroet hier des missives d'amour et des vers qu'il avoet faits pour les plus belles dames de la province & particulierement pour madame de Sevigné, aveq les reponces de la mesme dame & plus de 300 vers de sa façon & de son esprit, qui themoignent qu'elle a bon esprit et qu'elle est de tres belle humeur ».

Dans la première lettre de 1644, on notera aussi le passage sur le compte-rendu du voyage d'Henriette de France, Reine d'Angleterre, que Guy Autret fit parvenir à Théophraste Renaudot pour être publié dans la Gazette : « J'ay receu la vostre du 14 de ce mois & je vois par l'article qui est dans la Gazette que vous avés prins la paine de montrer ma relation à Renaudot. Je vous aye envoié une seconde plus ample du depuis, laquelle aura encore peu servir au dit Renaudot ».

En savoir plus :

Billet du 14.07.2012

[modifier] 25 Patrimoine et langue vernaculaires

« Petit patrimoine ou patrimoine vernaculaire : l'ensemble des constructions ayant eu, dans le passé, un usage dans la vie de tous les jours », Wikipedia

Billet du 07.07.2012
Billet du 07.07.2012

En 1934, René Hostiou, agriculteur à Pennanec'h, est conseiller municipal dans l'équipe du maire Pierre Tanguy. En contrebas de sa propriété, en plein milieu du quartier de Stang-Venn, formé récemment des maisons des ouvriers de la papeterie d'Odet proche, il demande à la commune de construire « un lavoir et une fontaine pour les habitants du quartier de Stang-Venn ».

Et ensuite René Hostiou, dans l'esprit de défense des intérêts du village, propose au maire et à la municipalité d'acheter la parcelle de 100 m2, « inscrit au plan cadastral sous le numéro 161.P de la Section B », pour la somme de 300 francs de l'époque, soit 205 euros de 2012. Cette acquisition est entérinée par le conseil municipal du 24 mai 1934.

Ce lavoir est situé à la source du ruisseau de la vallée de Stang-Venn, ruisseau qui va cheminer jusqu'au Bigoudic et l'Odet, le long du chemin que les anciens appelaient « Goarenn ar Ster ».

Cet endroit aujourd'hui caché de la vue, menacé de disparition, devrait être considéré comme un élément du petit patrimoine de notre commune. Il mériterait un grand nettoyage ; les enfants du quartier qui aimaient cet endroit l'avaient démarré en 2007.

Il faudrait aussi sans doute remettre une toiture légère sur les bases des poteaux encore debout, et la figure locale de 1934, René Hostiou, en serait honorée !

En savoir plus : « 1934 - Acquisition communale du terrain du lavoir et fontaine publiques de Stang-Venn »

Dans une logique très proche de défense du patrimoine, signalons que le conseil municipal a officialisé en séance du 04.06.2012 l'adoption de la charte « Ya d'ar brezhoneg » (Oui à la langue bretonne). L'évènement a été signalé dans les colonnes du Télégramme : « " Nous nous engageons à atteindre le niveau 2 de la charte dans un délai de trois ans ", a précisé Pierre-André LeJeune. Pour ce faire, la ville mettra en place des panneaux bilingues aux entrées de la commune, optera pour le bilinguisme systématique pour toute nouvelle signalétique et renouvellement de plaques de rue, enverra des cartons d'invitation bilingues, présentera un éditorial bilingue dans le magazine municipal, continuera à soutenir la filière bilingue et l'initiation au breton, promouvra les cours de breton pour adulte, réalisera une enquête sur la connaissance du breton par le personnel communal, financera des actions de formation au breton pour ce dernier, enregistrera un message bilingue sur le répondeur de la mairie ».

[modifier] 26 De l'austérité à la fantaisie !

« Austérité, s.f. : politique visant à restreindre la consommation par divers moyens, comme la restriction du crédit ou l'aggravation fiscale »

"Ce bulletin n'est nullement austère, il est plutôt fantasque !"
"Ce bulletin n'est nullement austère, il est plutôt fantasque !"

Et oui c’est déjà le sixième été du bulletin trimestriel Kannadig, né en 2007. À l’époque, on avait choisi un format intérieur noir et blanc, un peu austère, sans doute par souci de discrétion et d’économies.

Aujourd’hui il était temps d’ajouter un petit peu de fantaisie et de couleurs. Des 3 colonnes rigides de l'édition originelle, on en a gardé seulement deux et libéré de l’espace pour les photos et les encarts.

Pour l’impression papier en couleurs du présent numéro 19, c’est encore un essai, ce n’est pas le luxe ultime, car on cherche activement une formule qui allierait le prix modique, le plaisir du toucher et des yeux, et un poids inférieur à 100 g pour les envois postaux.

On aura la solution pour le numéro 20 en septembre prochain, c’est promis !

Sinon, profitez bien des articles du 2e trimestre. Avec notamment l’appel à préparation du centenaire des Paotred-Dispount, un texte enflammé de Jean-Marie Déguignet contre les machines à couper les bras des papetiers, le classement en monument historique du buffet d’orgue de 1680, un nouveau document relatif à l’octroi communal, l’évocation des Cloches du Centenaire de 1922 par Théodore Botrel, les photos du taxi Citroën Rosalie le héros du casse du S.T.O., des droits d’étalage contestés à Kerdévot ...

Téléchargement et lecture du bulletin : « Kannadig n° 19 Juillet 2012 »

Billet du 30.06.2012

Nota: l'envoi à domicile des bulletins par voie postale se fera courant de la semaine prochaine, au plus tard le prochain weekend, si toutefois il ne fait pas trop chaud ...

[modifier] 27 La papeterie Bolloré au 19e siècle

« Il y a deux ou trois ans un individu ayant travaillé dans cette fabrique me disait que la veille on avait encore coupé les bras à dix ouvriers d'un coup »

Le texte de Jean-Marie Déguignet, aux observations datées de 1897-1898, en pages 514 et 515 de l'Intégrale des « Mémoires d'un paysan bas breton », est véritablement un morceau choisi très savoureux.

Après avoir introduit son sujet par une anecdote mettant en scène un milliardaire américain, puis évoqué l'inventeur de l'expression populaire « Tonnerre de Brest » (non ce n'est ni Hergé, ni le capitaine Haddock), et enfin glissé un dialogue entre un voisin et un ancien ouvrier de la papeterie, il nous présente avec ironie et passion le palais enchanté de la fabrique de papier d'Ergué-Gabéric, avec « des machines à couper les bras ».

Et c'est une scène digne des Temps modernes de Charlie Chaplin : « Je voyais des machines tourner partout, en dehors, en haut, en bas, à droite et à gauche ». Il décrit ensuite la fabrication entièrement automatique du papier, depuis les broyeuses de pâte, jusque les machines à découper, en passant par le plateau de fer et les cylindres sécheurs.

Mais c'est quand il évoque les milliardaires exploiteurs et les ouvriers « impassibles, paisibles, avachis, le ventre vide, en haillons » que son style s'amplifie, les phrases s’allongent, le rythme s'accélère ...

Et, en fil conducteur, la belle image de ces machines à couper les bras « qui tournent jour et nuit au profit de quelques millionnaires et milliardaires et semblent rire en leur mouvement perpétuel et se moquer de ces autres pauvres machines en chair et en os qui restent crever de faim en les regarder tourner ».

Un texte qui restera très certainement dans les annales : « Déguignet face aux machines de la papeterie Bolloré à la fin du 19e » ¤ 

On en profite pour publier et annoter deux documents inédits relatifs à la famille Bolloré à la fin du 19e siècle. Le premier daté de 1865 mettant en scène le premier patron Bolloré en succession du fondateur Nicolas Le Marié : le docteur Jean-René Bolloré qui signe du double nom « Le Marié & R. Bolloré ». Le deuxième document : une lettre de 1888 signée de la veuve du précédent, une patronne également et une Bolloré de son nom de jeune fille.

En savoir plus : « 1865 - Demande de réparation du chemin vicinal par Le Marié-Bolloré » ¤ 
« 1888 - Le mandat-poste de la veuve du docteur Bolloré au préfet du finistère » ¤ 
Billet du 22.06.2012

[modifier] 28 Nommé recteur au Grand Terrier

« Le 2 nov. 1781 le procureur fait apposer les scellés sur les meubles laissés au presbytère par le recteur Gallois nommé au "Grand TERRIER" (sic) »

Le numéro 37 de la magnifique revue trimestrielle « Kaier ar Poher » du Centre Généalogique et Historique du Poher vient de sortir cette semaine, et on y découvre notamment un article de Goulven Péron super bien documenté qui intéresse Ergué-Gabéric à plus d'un titre.

L'article de 9 pages a pour sujet « Le clergé de Laz de 1754 à 1800 - Messires Gallois et Jacob », lequel Joseph-Emmanuel Gallois sera nommé recteur d'Ergué-Gabéric en 1781. Ce recteur de Laz, au caractère pas commode, se décrivait lui-même comme « licencié de Sorbonne » ou encore « licencié en théologie de la faculté de Paris ».

Quand il quitte Laz pour le « Grand Terrier » - formulation en altération de Grand-Ergué ou an Erge-Vras en breton désignant autrefois la paroisse d'Ergué-Gabéric et inscrit sur la carte de Cassini de 1750-1790 -, on pose les scellés sur le presbytère pour éviter la fauche.

Mais l'après-midi même, le recteur tout juste installé au Grand Terrier, se rend illico à Laz, descend de son cheval, et se précipite au presbytère :

« Il monte au cabinet du levant et brise les scellés. Il remplit ensuite une grande valise de sacs d'argent, de papiers divers, et s'en retourne à cheval à Ergué. Craignant peu l'autorité publique, il revient le lendemain, et embarque d'autres biens. Le procureur ne peut que constater l’infraction : c'est un crime grave et une procédure criminelle sera engagée ».

En savoir plus : « PÉRON Goulven - Le clergé de Laz de 1754 à 1800 » ¤  Billet du 16.06.2012

Nota : C'est bientôt l'heure du « Kannadig an Erge Vras » et de son édition papier en clôture du 2e trimestre de publications d'articles sur le site Internet du Grand Terrier. À la vue de la qualité de la revue « Kaier ar Poher », nous nous demandons si, avant la fin de l'année, on ne devrait pas passer aussi à la quadrichromie. À suivre !

[modifier] 29 L'octroi communal au 19e

« Arrête de délibérer et délivre un octroit municipal dont le produit sera employé jusqu'à parfait paiement à l'acquisition du presbytère », Conseil, 1806.

Placard affiché dans les lieux publics en 1857
Placard affiché dans les lieux publics en 1857

Dans les Echos d'avril 2008 le PDG de Cofiroute affirmait que ce n'était pas parce que les droits d'octroi avaient été abrogés par Anne de Bretagne, morte en 1514, qu'il ne fallait pas penser à réintroduire des barrières de péages sur le réseau routier breton ! ! !

L'histoire s'est naturellement déroulée bien autrement : l'octroi taxant l'entrée des marchandises dans les villes était perçu directement par les municipalités. Cette pratique perdura jusqu'à l'Assemblée Constituante de 1791 qui la supprima, puis le Directoire la rétablit en 1798. Et ensuite au 19e siècle les grandes villes furent autorisées à taxer certaines marchandises entrantes, surtout les boissons alcoolisées, et c'est en 1943 que l'octroi fut définitivement supprimé par le gouvernement de Pierre Laval.

Fin 2003 l'historienne et archiviste Nathalie Calvez a réalisé une excellente étude sur les dessous des droits d'octroi à Ergué-Gabéric au 19e siècle, publiée sous la forme d'un article très documenté dans un cahier de l'association Arkae.

La plupart des documents étudiés et cités sont aujourd'hui rassemblés, transcrits et publiés sur GrandTerrier : délibérations de conseils municipaux, placards de publication du règlement et tarif d'octroi, décret impérial ... Avec un petit inédit : la réponse négative en 1838 écrite et signée de la main du Ministre de l'Intérieur de l'époque. Qu'on se rassure : l'octroi perçu sur les boissons sera rétabli en 1857 et maintenu jusqu'en 1921.

En savoir plus : « 1806-1921 - L'histoire de l'octroi à Ergué-Gabéric au 19e siècle‎‎ » ¤ « 1838 - Refus d'autorisation de l'octroi sur les boissons par le ministre de l'Intérieur » ¤ 

Billet du 09.06.2012

[modifier] 30 Placître et fabrique de Kerdévot

« Je prie Monsieur le préfet de vouloir bien me donner son avis avant le 8 septembre prochain jour de la fête. Depuis un tem(p)s (im)mémorial on perçoit ce droit, le plat-citre appartient à Mr Mahé propriétaire », 1840.

Marchands ambulants à Kerdévot, Eugène Boudin, 1855-57 Billet du 02.06.2012
Marchands ambulants à Kerdévot, Eugène Boudin, 1855-57 Billet du 02.06.2012

René Laurent, maire, déforme l'orthographe du mot « placître » en « plat-citre », mais il sait compter et gérer les comptes de sa commune. Dans sa lettre du 14 août 1840 adressée au préfet et contenant quelques autres fautes, il demande son approbation pour la collecte des droits d'étalage des marchands ambulants le jour du pardon de Kerdévot.

Le préfet, le baron Boullé, reformule la demande, corrige les fautes d'orthographe, et souligne les points suivants :

Image:right.gif Seul le gouvernement est habilité à approuver les tarifs. Ceux-ci sont joints à la lettre, mais non conservés à ce jour. On peut les imaginer similaires à ceux de la chapelle Ste-Anne de Fouesnant en 1852 : « Dix centimes par mètre carré pour les charrettes, les chars à banc, les baraques ou tentes, les barriques, les tables ou bancs, les voitures, et les étals sur le sol. Cinq centimes pour chaque marchand ambulant ou étalagiste qui n'occupera pas la superficie d'un mètre carré ».

Image:right.gif Les revenus des droits d'étalage devraient alimenter la caisse de la fabrique plutôt que celle de la commune. À ce propos, bien que le maire affirme que les droits étaient perçus « depuis un tem(p)s (im)mémorial », ils ne sont pas mentionnés précisément dans les comptes de la fabrique de Kerdévot de la fin du 18e siècle, à moins qu'ils n'entrent dans la catégorie des « offrandes, oblations, vœux, testaments, hardes, gilets, poullets, cochons, bleds, beurres et autres présents ».

Image:right.gif Il est étrange que la fabrique ou la commune puisse percevoir les droits d'étalage sur le placître qui est la propriété privée de François Grégoire Mahé. Cette appartenance privée d'un placître est aussi exceptionnelle, et date de plusieurs siècles car elle n'est pas mentionnée dans les documents relatifs aux Biens Nationaux à la Révolution. Elle est par contre confirmée dans un document de 1855, un décret impérial qui érige le lieu de Kerdévot en église succursale et chapelle de secours, et qui authentifie la donation à la fabrique du placître par « les sieur et dame Mahé ».


En savoir plus : « 1840 - Droits d'étalage sur le placître de la chapelle de Kerdévot‎‎ » ¤ « 1788 - Compte de Jean Le Pouppon, fabrique de Kerdévot » ¤ « 1855 - Décret impérial pour l'érection de Kerdévot en chapelle de secours » ¤ 

[modifier] 31 Préparation du centenaire

« Les jeunes gens y font de la gymnastique, du football, apprennent à jouer de la trompette et sont exercés au tir à la carabine », Commissaire, 1923.

2013 sera l'année du centenaire des « Paotred Dispount », dont les bases ont été fondées en juillet 1913 par l'abbé Louis Le Gall. À l'époque, il s'agissait de l'association des Enfants ou des Chevaliers de Notre-Dame de Kerdévot aux activités gymnastique et musicales ...

Au retour de l'abbé de la Grande Guerre, la Société devint les « Paotred Dispount » ou « Les Sans Peur », proposant des activités sportives et de préparation militaire, le football devenant plus tard sa principale discipline.

Pour retracer ce siècle d'histoire, les Paotred recherchent d'autres photos, documents, coupures de journaux, films, objets collectors, maillots, survêtements. Une exposition est prévue au printemps 2013, la publication d'un recueil également. S'adresser directement à François Bosser, André Huitric et Laurent Huitric, ou par mail à paotred100at.giforange.fr

Le site GrandTerrier s'associant à cette initiative, nous rassemblerons toutes nos pièces d'archives et photos collectées sur ces 100 ans d'histoire locale. Nos toutes dernières trouvailles sont :

  • Le journal officiel du 23 septembre 1919 où fut publiée la création de l'association « Les Sans Peur ».
  • Une photo de 1931 de la clique musicale à Kerdévot et un article de l'Ouest-Eclair pour l'inauguration du patro de Keranna.
  • Le papier à entête de la Société des Paotred-Dispount en 1932 avec logo et cachet (visibles sur l'affiche ci-contre).

En savoir plus : « Les Paotred-Dispount depuis 1913 : archives, photos, témoignages *‎‎ »

Billet du 26.05.2012

[modifier] 32 Une Rosalie perdue de vue

« J'ai été interrogée à domicile par deux officiers de la Gestapo : "Votre voiture nous a fait des cochonneries à la préfecture !"  », Catherine Balès.

Le taxi héros du Casse du STO de 1944
Le taxi héros du Casse du STO de 1944

De nombreux témoignages ont déjà salué le rôle du taxi d'Hervé Balès qui transporta les 40.000 dossiers du STO de Quimper jusqu'au four à pain d'Ergué-Gabéric où ils furent brulés, privant les occupants de leurs fiches pour organiser des assignations forcées de travailleurs en Allemagne.

Suite au récit de Jean Le Corre, participant au célèbre casse, une incertitude demeurait sur la marque du véhicule. Le doute est désormais levé par le travail d'Hervé Yves Balès, second fils d'Hervé Balès, qui a retrouvé dans les papiers familiaux les photos du véhicule. Ce n'est pas une Renault, c'est bien une Citroën, et il s'agit d'une Rosalie avec ses chevrons impressionnants sur la calandre avant.

La suite des aventures du taxi est racontée par Catherine Balès, née Le Dé et épouse d'Hervé, car ce dernier était absent au moment des faits (capturé pendant la guerre dans la poche de Dunkerque, il était prisonnier dans un stalag en Autriche) : « J'ai démenti : "Oh non Monsieur, ce n'est pas possible !". Et on a visité le garage où la voiture était garée, près du magasin et de notre logement. Le garage n'était pas visible de l'appartement qui donnait sur l'église, la porte du garage n'était jamais fermée, et la pente du terrain permettait en plus de laisser rouler la voiture, passer devant le café Heydon (actuellement la "capitale"), puis démarrer "en prise" juste avant le cimetière de Pennarun et direction Quimper ! ... ».

À son retour de captivité en juin 45 Hervé Balès a repris sa voiture pour faire le taxi. Il était très sollicité pour les trajets du Bourg du Grand Ergué à Quimper. Avec ses 7 places régulières et les 3 à 4 places supplémentaires des enfants c'était un véritable mini-bus. Les anciens du Bourg se rappellent de ces virées où, jeunes à l'époque, ils étaient entassés dans le taxi dans la joie et la bonne humeur.

En savoir plus : « Le grand taxi populaire du casse du STO en 1944‎ »                         Billet du 19.05.2012

[modifier] 33 Du côté du Cleuyou

« Lachaud et Legrand sont du nombre restreint des architectes qui savent "comprendre" et prolonger, en évoluant, le merveilleux passé », A. Laprade.

À l'heure où la Société Archéologique du Finistère s'apprête à visiter le manoir et le parc du Cleuyou, souvenons-nous qu'il y a 80 ans le propriétaire de l'époque, Louis Le Guay, y lançait des travaux de rénovation qui portèrent essentiellement sur la structure de la tour du hall d'accueil et son escalier intérieur.

C'est le cabinet d'architecture Lachaud-Legrand qui fut chargé du projet, démarré en 1927 et achevé en 1932. Dans un opuscule édité en 1933 et rassemblant les chantiers que ces architectes bretons ont réalisé dans la région, on y trouve un cliché du grand photographe Joseph-Marie Villard.

En savoir plus : « LACHAUD Jacques & LEGRAND René - Travaux d'architecture‎ »

Cette visite nous donne aussi l'occasion d'aborder le sujet du pont du Cleuyou, son état passé et actuel. Ce magnifique pont à trois arches sur la rivière du Jet existait depuis des siècles à cet endroit, point de passage unique entre la ville de Quimper et la grande route du Centre Bretagne. En 1615 déjà il fit l'objet de travaux de consolidation. En 1831 comme il menaçait de s'effondrer sur sa rive droite, côté Ergué-Gabéric, on le répara avec de gros moyens. Aujourd'hui la voie d'accès a changé, la route passant au-dessus de l'Odet. Mais est-ce une raison pour laisser le pont du Cleuyou à l'abandon, de le décorer de gros tuyaux noirs et d'y laisser ses abords dans un état déplorable ? Le pont historique du Cleuyou mériterait mieux. Et dire qu'autrefois on disait « Hennezh neus tremened Pont ar C'hleuyou » pour désigner une personne moderne et volontaire !

En savoir plus : « 1831 - Devis pour la réparation du pont du Cleuyou‎ » (avec plan de l'ouvrage), « 1615 - Inspection des ponts du Cleuziou-Ponteven et Pont-Odet », et « Photos du pont du Cleuyou en 2011-12 »

Et enfin évoquons la côte juste au-dessus du château du Cleuyou. Aujourd'hui on l'englobe dans un grand quartier qu'on appelle le Rouillen. Mais au début du 19e siècle on désignait cette portion de territoire du nom de « Terre noire », à l'instar d'un autre village situé sur le versant ouest de Quimper. Une mine de charbon constituerait aussi l'explication de ce nom étrange ?

En savoir plus : « 1828 - Etat du chemin vicinal à la Terre Noire près du Cleuyou‎ »                   Billet du 11.05.2012

[modifier] 34 Reconnaître un bon chasseur

« Pendant les trois premières années à dater du 1er septembre 1897, les perdrix cesseront d'être tirées le 31 octobre », Article 9 de la St-Guénolé.

En 1897 la société cynégétique, autrement dit "de chasse", de « La Saint-Guénolé » demandait une autorisation de fonctionnement à la Préfecture du Finistère et publiait à cette occasion ses statuts et la liste de ses membres.

Le principe de fonctionnement de la société de chasse est la mise à disposition des terres par leurs propriétaires sociétaires « soit gracieusement, soit à titre onéreux », et ses terres de chasse étaient réparties sur Ergué-Gabéric sur deux villages : Keranroux (exploité par Corentin Signour, le président de la Saint-Guénolé) et Kermoysan.

Au total les sociétaires étaient moins de 20, mais représentaient le haut gratin quimpérois en cette fin de 19e siècle, juste avant les conflits sociaux et politiques de 1905. Ils étaient négociants, propriétaires, futurs conseillers ou maires des différentes communes du Grand Quimper, et même sénateur comme Théodore Le Hars, avec des sensibilités politiques diverses. Comment éviter qu'ils ne s'invectivent violemment au sein de la société de chasse ? La réponse est dans l'article 11 de ses statuts : « Toute discussion politique ou religieuse est formellement interdite aux réunions des sociétaires ».

En savoir plus : « 1897 - Homologation de la Société de chasse "La Saint-Guénolé"‎ »

Billet du 05.05.2012

En 1984, soit un siècle plus tard, sur la commune d'Ergué-Gabéric il y avait encore 29 sociétés de chasse. Laurent Quevilly en rendait compte dans les colonnes d'Ouest-France : « La chasse. Le sujet en soi est déjà générateur de passions. Mais il atteint une autre dimension à Ergué-Gabéric, vaste commune "rurbaine" de la périphérie quimpéroise. Car pas moins de 29 sociétés pour 170 chasseurs y quadrillent le territoire. Un cas unique qui a des racines historiques ».

En savoir plus : « Les 29 sociétés de chasse gabéricoises, OF-LQ 1984 »

[modifier] 35 Les gros décimateurs

« De tout temps immémorial l'on a de coustume de payer de quinze gerbes l'une audit seigneur Eveque sans préjudice aucunement au droit du recteur »

Cette semaine nous publions un document d'archives qui serait carrément digne de figurer dans un manuel scolaire d'Histoire de France en tant que support pédagogique et illustratif !

Cela se passe en plein été 1584. Imaginez le fermier des dîmes de l'évêque, c'est-à-dire son collecteur d'impôts, arrivant à Kermorvan dans le champ de blé de froment qui devait être moissonné, pour en prélever une gerbe sur seize, constater que la récolte a déjà été faite à son insu, et que le domanier refuse cette imposition, ayant déjà réglé la dîme au recteur de la paroisse.

Il faudra un jugement en bonne et due forme au Présidial de Quimper pour départager les contradicteurs.

Dans la rapport relatant cette affaire, les arguments de part et d'autre, les enquêtes et la conclusion d'instruction, on découvre les us et coutumes autour de cette dîme ecclésiastique : pourquoi certains étaient appelés « gros décimateurs », qu'était la « portion congrue », comment la dîme de Kermorvan se superposait à la rente due au titre de domaine congéable (détenu au profit du « noble homme Vincent Rozerc'h de la Forest » **) ...

C'est aussi l'occasion d'analyser comment à Ergué-Gabéric, commune rurale à proximité d'une ville épiscopale, ces droits fiscaux d'Ancien Régime ont peu évolué aux 17e et 18e siècles. Et que les rédacteurs locaux des cahiers de doléances se sont contentés de demander une meilleure répartition pour ses titulaires : « Qu’il soit fait une répartition proportionnelle de tous les biens ecclésiastiques, sans distinction, de manière que tous les membres du clergé y aient une part raisonnable et graduelle, depuis l’archevêque jusques aux simples prêtres habitués des paroisses, afin que ceux-ci soient affranchis de la honte de la quête, c’est-à-dire de celle de mendier ».

En savoir plus : « 1584 - Dixmes pour Kermorvan en Ergué-Gabellic »

Billet du 28.04.2012

** À propos de la maison noble de Rozerc'h signalons en ce début d'année la sortie du premier numéro de la magnifique revue « Manoirs et vieilles demeures de Cornouaille » dont un article de Jakez Cornou retrace l'histoire de ce manoir de La Forêt, détenu par Vincent Rozerc'h en 1584, rasé en 1943, à l'emplacement actuel de la Maison des Associations près de l’Hippodrome (Quimper-Est). Les Rozerc'h ont également détenu le château de Pennarun au bourg d'Ergué-Gabéric où on peut encore admirer leur blason.

[modifier] 36 Un monument re-classé

« Le voici enfin, notre cher et vieux Dallam, resplendissant sous ses ors et ses riches coloris, le voici tel qu'il était il y a 300 ans », J-L. Morvan, 1980.

La couverture du dernier bulletin municipal met magnifiquement en valeur l'orgue historique de l'église paroissiale, conçu et construit par le facteur d'orgue anglais Thomas Dallam en 1680. Ce à l'occasion de son classement il y a 4 mois parmi les Monuments Historiques pour sa partie visible, c'est-à-dire le buffet et le garde-corps de la tribune. Le 11 décembre 1975 il avait déjà été classé une première fois pour sa partie instrumentale.

De 1978 à 1980 un chantier de restauration fut lancé et animé par le recteur de la paroisse Jean-Louis Morvan, ces travaux portant sur l'instrument lui-même, mais aussi sur son aspect décoratif extérieur. Les travaux de peinture engagés juste avant son inauguration pour le concert du tricentenaire révélèrent la polychromie d'origine, ce qui explique le classement que la nouvelle Commission Supérieure des Monuments Historiques vient de lui accorder.

En savoir plus : « Arrêtés de classement de l'orgue Dallam d'Ergué-Gabéric »

Cet évènement nous amène à nous remémorer la fête du tricentenaire en 1980 après sa restauration. Et à publier le discours de l'abbé Morvan, texte resté jusqu'à présent sous sa forme manuscrite.

Discours spontané où il met toute sa fougue, cette passion et énergie qui ont permis de mener les démarches administratives, financières et techniques pour la rénovation. Dans ce discours on retrouve les différents acteurs de cette aventure qu'ils soient de la commune (13) ou « extérieurs » (innombrables), mais aussi les anecdotes et rebondissements du projet.

Il relate ainsi la rénovation du buffet : « Et tous ces ors, ces riches coloris, nous les devons à Mr Hémery, du Faouët. Avec ses compagnons, tous très jeunes, mais combien artistes et amoureux de leur métier, il s'est penché sur un orgue terne, sans vie, pour arriver à en faire cette splendeur qui nous éblouit, une splendeur d'époque, l'orgue étant gothique flamboyant, fabriqué ses couleurs comme le faisaient les peintres du Moyen-Age. Délicatement il a décapé 2 couches de peinture qui recouvraient les deux tableaux pour arriver à nous donner la couleur d'origine ».

En savoir plus : « 1980 - Discours d'inauguration de l'orgue Dallam restauré »

Billet du 21.04.2012

Nota: nous vous offrons un petit cadeau supplémentaire, à savoir trois videos d'un grand organiste démontrant les qualités sonores et musicales de l'orgue gabéricois, cf. « Improvisations de Frédéric Munoz sur l'orgue Dallam d'Ergué-Gabéric‎ » ¤ .

[modifier] 37 Souvenirs de guerre d'Algérie

« Les opérations continuent dans le coin ; avant hier les Fellous ont abattu un T-6 et un hélicoptère », Josig Huitric de Pen-Carn, le 8-12-58.

Bien que l'expression « guerre d'Algérie » ait eu cours dans le langage courant, les termes officiellement autorisés par l'administration française étaient « opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord ». La mention « guerre d'Algérie » n'a été reconnue en France que par la loi du 18 octobre 1999 sous le gouvernement de Jacques Chirac.

Jusqu'à récemment les témoignages des soldats français envoyés là-bas pour « le maintien de l"ordre » ont été relativement rares. Était-ce de la pudeur, de la honte ou simplement la peur de ne pas être compris ? En 2012, le cinquantenaire du cessez-le-feu et de l'indépendance de l'Algérie est une occasion de publier quelques souvenirs d'appelés réservistes gabéricois.

Et pour commencer les lettres expédiées pendant le conflit par un jeune homme né à Ergué-Gabéric en 1937 :

  • Josig Huitric est incorporé début 1957 dans le 8e RIM (Régiment d'Infanterie Motorisé) et prend la direction de Saïda à 250 km au sud d'Oran.
  • Il participe à des opérations militaires, en 1959 sous les ordres du colonel Bigeard, pour débusquer et tuer les « fellouzes » rebelles, mais on le voit aussi sur une photo, sans arme, distribuer du pain à des enfants algériens (cf. ci-dessus).
  • Toutes les semaines il écrit une lettre à sa mère, quelquefois à sa sœur et ses tantes, dans lesquelles il décrit son quotidien et leur demande des nouvelles du pays, de son chien, des poules ... et de son équipe de foot les P.D. (les Paotred-Dispount).
  • On trouvera dans ces lettres de merveilleux bretonnismes récurrents, et surtout une manière très spontanée de raconter l'histoire, en mêlant les décomptes des pertes humaines aux évocations de son pays gabéricois, son village de Pen-Carn et sa famille.

En savoir plus : « 1957-1959 - Lettres de Josig Huitric, sergent à Saïda en Algérie »

Billet du 14.04.2012

[modifier] 38 Déguignet contre Tolstoï

« Et chaque soldat proférait des menaces contre l'ennemi et jetait, en atteignant le côté nord, un dernier regard sur Sébastopol abandonné », Tolstoï

En juin 1856, de retour en France après sa participation à la prise militaire de Sébastopol, le soldat Déguignet recevra, non sans une certaine fierté retenue, la fameuse médaille de Crimée avec le portrait de la reine Victoria d'Angleterre.

La médaille de Crimée est une médaille commémorative britannique, décernée aux officiers anglais, sous-officiers, soldats et marins de tous grades ayant participé à la guerre de Crimée avant le 8 septembre 1855. Comme les deux pays s'étaient alliés pour mener cette guerre et que la France ne possédait pas de médaille commémorative de campagne, la médaille de Crimée britannique fut reconnue par le gouvernement français par décret du 26 avril 1856, et attribuée à tous les militaires français survivants ayant participé à cette campagne.

Dans cet article, on pourra relire les multiples témoignages de Déguignet sur le déroulement de la prise de Sébastopol : « Je n'ai pas la prétention de faire ici l'historique de cette grande journée, ne faisant ni de l'histoire ni œuvre littéraire », et les comparer à ceux de Léon Tolstoï qui combattait dans le camp ennemi de l'armée Russe.

Le soldat français témoigne : « Tout à coup, un hourra formidable retentit, poussé à la fois par des milliers de poitrines françaises, anglaises, piémontaises, et aussi par tous les civils qui se trouvaient là-haut près du télégraphe. On venait de voir le drapeau tricolore flotter au sommet de la tour Malakoff. C'était fini. Sébastopol était à nous, du moment que nous avions la clef ».

En savoir plus : « La médaille de Crimée de Jean-Marie Déguignet » en [Espace "Déguignet"]

Billet du 07.04.2012

[modifier] 39 Les Cloches du Centenaire

« Oiseaux de bronze, en votre nid de pierre, Chantez, chantez, cloches du Centenaire, Les bons Bretons que l'on fête aujourd'hui ! », Théodore Botrel

Tout juste de retour d'une grand tournée d’interprète-compositeur au Canada en 1922, juste avant de prendre sa retraite, le barde breton accepta l'invitation de René Bolloré pour la commémoration des 100 ans de son entreprise papetière d'Odet et de Cascadec.

Théodore Botrel se présenta à Odet dans la matinée du jeudi 8 juin, les festivités commençant dès 8:30 avec l'arrivée du personnel de Cascadec, puis la messe à la chapelle à 9H, les courses à pied à 10H, les décorations à 11H, et enfin le déjeuner de 11:30 à 15H. Pendant ce repas il fut mis à contribution pour l'interprétation de ses oeuvres, et bien sûr pour cette chanson des « Cloches du Centenaire » composée pour l'occasion : « En ce jeudi de Sainte Pentecôte ... »

Le texte de la chanson est bien sûr à la gloire des patrons successifs de l'entreprise depuis la création du moulin à papier en 1822 : le fondateur Otrou Le Marié, le Docteur Bolloré, et les deux générations de Réné Bolloré, sans oublier dans la dernière strophe leur compagne et épouse respective.

En savoir plus : « Les cloches du Centenaire d'Odet en 1922 par Théodore Botrel » en [Espace "Patrimoine"]

Environ 50 ans plus tôt, le Docteur Bolloré faisait campagne pour tenter de se faire élire député. Voici une perle archivistique : un tract rédigé en breton incitant à voter « An Aotrou Bolloré », l'homme de bien du maréchal Mac-Mahon (« Den ar Marechal Mac-Mahon ha den an oll dud a urz vad. » ), et non pour Loiz Hemon, l'oeil gauche de Gambetta et des révolutionnaires (« Lagad cleiz Gambetta, marc'h limoun ar revolusionerien »).

En savoir plus : « E 1877 votit evit An Aotrou Bollore ha na votit ket evit Loiz Hemon »
en [Espace "Breton"]

Billet du 31.03.2012

News: Le site Internet des Archives Départementales du Finistère, www.archives-finistere.fr, a ouvert ses portes en ce jeudi 27 mars 2012. Cet évènement tant attendu s'accompagne d'un changement des règles de publication des pièces d'archives, les reproductions étant conditionnées désormais à un usage privé et restreint. L'application de ce principe a amené sur GrandTerrier une nouvelle classification de ces images avec un accès réservé et non public.

[modifier] 40 Chroniques printanières

C'est l'heure de la pause trimestrielle, le temps de vous présenter sous leurs plus beaux habits les nouveaux articles du site Internet !

Dans le Kannadig de décembre dernier, nous avions signalé les débuts d’une étude GrandTerrier sur les bretonnismes glanés dans les mémoires de Jean-Marie Déguignet. Par manque de place, nous avions promis une sélection d’extraits dans ce présent numéro. Mais les travaux de collecte ont bien avancé en ce début d’année 2012, et en voici la version complète à la mi-mars sur 4 pages et demi avec plus de 100 citations classées pour environ 30 bretonnismes-types.

Hors ce premier article, le numéro 18 a comme d'habitude un sommaire varié, couvrant des évocations historiques, des souvenirs d'anciens et des documents d'archives, inédites pour la plupart :

  • Belles expressions issues du breton de Jean-Marie Déguignet
  • Le premier panneau gabéricois de signalisation en breton
  • La farce des cloches paroissiales dans l’Ouest-Eclair de 1910
  • Salomon Bréhier, maire d’Ergué-Gabéric et franc-maçon
  • Germain Guéguen, boulanger de Menez-Groas en Lestonan
  • Erratum et notes de lecture d’articles et bulletins Kannadig
  • Protestation de la Noblesse contre la suspension du Parlement
  • Les funérailles du patron social René Bolloré en janvier 1935
  • Une grande course cycliste gabéricoise des années 1960-70
  • Ceux de Mélennec, huit générations d’honorables hommes
  • La terre aux sabots et la sénéchaussée de la ville de Quimper
  • La vie buissonnière de Déguignet par un historien anglais
  • Mesures de l’Ancien-Regime et de la Revolution à Kerveady
  • Une très belle carte d’Etat-Major en couleur du 19e siècle

Téléchargement et lecture du bulletin : « Kannadig n° 18 Mars 2012 »

Billet du 25.03.2012

Nota: l'envoi à domicile des bulletins par voie postale se fera courant de la semaine prochaine, au plus tard le prochain weekend, si toutefois les travaux du jardin ne mobilisent pas toutes les énergies disponibles ...

[modifier] 41 Carte d'Etat-Major en couleur

« Cette carte du XIXème siècle se caractérise pas une représentation du relief sous forme de hachures, qui la rend particulièrement esthétique », IGN

Billet du 17.03.2012
Billet du 17.03.2012

À l'occasion d'une magnifique Exposition intitulée « La France en relief », installée en février 2012 au Grand Palais par la Maison de l’histoire de France, les nombreux visiteurs ont pu découvrir, outre les maquettes de villes-frontières du musée des Invalides, une immense carte de France imprimée au sol de 650 m2.

Cette carte a été construite par l'assemblage des 978 levés manuscrits en couleurs établis entre 1825 et 1866, à l'échelle du 1 : 40 000, soit un centimètre pour 400 mètres. Ces documents n'avaient jamais été édités en raison des faibles moyens de l'époque pour reproduire des supports en couleur. La société IGN, partenaire de l'expo, a comblé ce manque.

La première surprise est la beauté de la carte : on y voit distinctement les routes et chemins, les cours d'eau, les reliefs et points culminants, et même les habitations sous la forme de petits carrés rouges.

Comme nous l'avions fait pour les photos aériennes de 1948, nous proposons pour cette nouvelle carte la possibilité de naviguer et zoomer sur le territoire complet gabéricois. Et les fiches de géolocalisation des 98 villages inscrits ont été également enrichies : on peut facilement comparer leurs situations respectives en 1830-50, 1948 et 2012.

En savoir plus : « Carte d'Etat-Major au 1:40000 et en couleurs établie dans les années 1860 » en [Espace Cartographie]

[modifier] 42 Le boulanger de Lestonan

« Monsieur Le Naour laisse au preneur, Germain Guéguen, la clientèle des environs de la Papeterie de l'Odet et de Saint-Guénolé », bail d'avril 1912

Billet du 10.03.2012
Billet du 10.03.2012

C'était du temps où le lieu, à la croisée des routes d'Odet, de Penn-Carn, de Sulvintin et de Pennaneac'h, s'appelait Menez-Groas, et non pas encore Lestonan. Et il y avait là une boulangerie, ravagée en 1912 par un incendie, puis reconstruite et prise en location par un jeune boulanger, fils du cocher de l'usine Bolloré d'Odet.

La livraison du pain se faisait en charrette à bras. Jean, le dernier fils de Germain se souvient : « Pour transporter les miches de pain, on utilisait une charrette à bras qui avait des grandes roues de charaban et un long caisson spécial. Dans ce dernier qui faisait environ 1 mètre 50 de long et 80 centimètres de large et hauteur, on pouvait charger facilement une trentaine de miches ».

Le pain était livré au dépôt de Ti Ru, une alimentation fréquentée exclusivement par le personnel de l'usine Bolloré. Témoignage de Laurent Huitric : « Le commerce de Chan Ti Ru était situé à la sortie de l'usine même. On y trouvait de tout : pain, viande, charcuterie, bistrot, légumes, mercerie ... À la sortie du travail, beaucoup s'y arrêtaient et s'y approvisionnaient ».

Et pourquoi donc le pain y était vendu « treize à la douzaine » ? À quoi était destiné le sac de son livré en même temps que le pain ? Quelle était l'origine de cette expression : « le coup du 8 » ?

En savoir plus : « Germain Guéguen (1884-1947), boulanger d'Odet-Lestonan » en [Espace Personnalités] ;
« 1912 - Nouveau bail de 9 ans pour la boulangerie de Menez-ar-Groas » en [Fonds d'archives] ;
« L'incendie de la boulangerie de Menez-Groas, L'Ouest-Eclair 1912 » en [Espace Reportages]

[modifier] 43 Ceux de Mélenec

« La famille d'Hervé Lizien avait pris l'air du monde. Dans ses fréquentations, dans le cas qu'elle fait de l'instruction, elle acquiert distinction de formes et notabilité », Antoine Favé, BSAF 1890.

Billet du 03.03.2012
Billet du 03.03.2012

La découverte d'un aveu en chefrente de 1764 entre le possesseur de la tenue de Mélenec et la seigneurie de Lezergué nous fait découvrir huit générations de Lizien de 1624 à 1794 et les travaux du mémorialiste Antoine Favé, vicaire d'Ergué-Gabéric de 1888 à 1897.

Huit générations de Lizien se succèdent au village de Mélenec. Le couple Hervé Lizien et Catherine Le Balch fait construire la maison familiale en 1624 ; leurs noms sont gravés sur le fronton de la porte d'entrée : « H:LYSYEN ,,???AL?? ».

Lorsque leur petit-fils Hervé se fiance en 1657 avec Marie Lozach, son futur beau-père s'engage à « faire instruire ledit Lizien aux lettres, comme à l'homme de sa condition y appartient ».

Hervé-Corentin Lizien père, né en 1731 et décédé en 1787, est qualifié par Antoine Favé « d'honorable homme ». Il sera Greffier des délibérations du corps politique en 1776, et Capitaine du gué de la paroisse en 1786.

Hervé-Corentin le fils, né en 1762 et décédé en 1794, sera Procureur terrien et premier notable cité dans le procès verbal du cahier des charges et doléances de 1789, Commissaire nommé pour le Don Patriotique en 1790, Citoyen actif et rédacteur du recensement de la population en 1790.

Il se marie à Marguerite Pennaneac'h en 1784. Leur fille Marie-Catherine est la grand-mère d'Hervé Le Roux, héritier de l'exploitation agricole de Mélenec et maire d'Ergué-Gabéric de 1882 à 1906.

En savoir plus : « Hervé Lizien, père (1731-1787) et fils (1762-1794), agriculteurs et greffiers » et « Antoine Favé, vicaire (1888-1897) et mémorialiste en [Espace Personnalités] et « 1764 - Aveu de Mellennec tenu par Hervé Lizien présenté par François Louis de La Marche » en [Fonds d'archives]

Dépêche : le prochain bulletin Kannadig n° 18 est en préparation et sera disponible dans une quinzaine. Qu'on se le dise !

[modifier] 44 Communes Boutoù-koad

Après « Le maître de Guengat » en 2010, voici la nouvelle fresque historique de Pierrick Chuto, « La terre aux sabots », 22 €, éditions de St-Alouarn

Billet du 25.02.2012
Billet du 25.02.2012

Pendant deux ans, Pierrick Chuto a de nouveau fréquenté assidument les salles d'archives pour nous proposer aujourd'hui une nouvelle saga familiale et communale. Cette fois c'est son ancêtre Louis-Marie Thomas agriculteur à Plonéis, de la Révolution à Louis-Philippe, qui est à l'honneur.

Et cela commence en 1788 par une très belle évocation de la venue à Plonéis de la veuve du marin et nabab quimpérois René Madec, pour le mariage du précoce agriculteur de 14 ans.

Pourquoi cet ouvrage, riche et dense, est intéressant pour l'histoire gabéricoise ? Tout simplement parce que Plonéis et Ergué-Gabéric sont les deux communes rurales situées à équidistance de la ville de Quimper, respectivement à l'ouest et à l'est, et de ce fait pourraient se partager le qualificatif de « douar ar boutoù-koad ».

Et Plonéis et Ergué-Gabéric, de par leur position à la campagne, ont produit en 1789 le même cahier de doléances, et notamment le fameux article 8 avec cet alinéa revendicatif : « que le domaine congéable soit converti en censive ».

Les députés des communes rurales, devant la réticence des notables citadins quimpérois à retenir cet article 8 au nom de la sénéchaussée, ont rédigé une adresse des habitants de la campagne :

« Vous savez combien la nature du domaine congéable nuit aux progrès de l'agriculture et à la propagation des bois. Vous savez combien le droit du seigneur de rembourser le colon ruine chaque année de familles. Dites un mot de cette affreuse manière de posséder, qui nous laisse toujours dans l'incertitude de savoir si nous pourrons reposer demain sous le toit que nous fîmes élever hier ».

Une bonne raison donc pour nous de publier ici les procès-verbaux et cahiers des charges de la sénéchaussée de Quimper en regard des doléances communales.

En savoir plus : « CHUTO Pierrick - Plonéis, la terre aux sabots » en [Biblio]  ; « 1789 - Séances de la sénéchaussée de Quimper pour les cahiers de doléances » et « 1789 - Le cahier de doléances du Tiers-Etat d'Ergué-Gabéric » en [Fonds d'archives]

[modifier] 45 Révolution à Kerveady

« Journal, s.m. : ancienne mesure de superficie de terre, représentant ce qu'un attelage peut labourer dans une journée  », Dictionnaire de l'Académie

L'Angélus de Millet  . . . . . . . . . . . . . . . Billet du 18.02.2012
L'Angélus de Millet . . . . . . . . . . . . . . . Billet du 18.02.2012

Le 12 avril 1789 les gabéricois inscrivaient dans leur cahier de doléances un article 8 très revendicatif : « Que le domaine congéable soit converti en censive ». Ce système de location des propriétés agricoles en vigueur en Basse-Bretagne avait un inconvénient majeur pour le domanier locataire : le propriétaire foncier - généralement d'obédience noble - du domaine pouvait le congédier moyennant uniquement le remboursement de la valeur des édifices et des arbres qui étaient la propriété "temporaire" du domanier.

En 1808 ce régime est toujours appliqué à Ergué-Gabéric, pour preuve ce document pour le village de Kerveady : « Jean Le Dors, lequel a déclaré tenir et profiter à titre de domaine congéable de et sous le sieur Joseph Hyacinthe De La Marche ». C'est le même gentilhomme de La Marche qui, en 1789, protesta contre la suspension du Parlement de Bretagne (cf blog de la semaine dernière).

Le grand intérêt de ce document est d'inclure systématiquement une double indication des mesures des bâtisses, des parcelles cultivées et des céréales prélevées, à savoir les dimensions en mètres et en pieds, les surfaces en ares et en journaux, et les quantités de céréales en litres et en boisseaux.

On y apprend notamment qu'une « journée à faucheur » vaut deux « journaux de laboureur » et qu'un boisseau d'avoine, mesure de Quimper, contient plus de décilitres qu'un boisseau de froment. Et qu'on se le dise, on a même retrouvé le fichier Excel utilisé par nos ancêtres arpenteurs :) !

En savoir plus : « 1808 - Mesurage et description de la tenue noble à domaine congéable de Kerveady » en [Fonds d'archives]

Le domanier de Kerveady devait également payer une redevance annuelle au nouvel État Français en surplus de celle due au propriétaire foncier. Ceci en contrepartie des « droits réparatoires », c'est à dire son titre de propriété sur les maisons (de chaume et d'ardoise), des crêches, granges, puits, jardins (courtil), cour à fumier (frambois), arbres plantés (chênes et châtaigniers, souches incluses). Un double loyer ou imposition en quelque sorte.

En savoir plus : « 1800 - Rente pour droits réparatoires par Jean Le Dorz de Kerveadi » en [Fonds d'archives]

[modifier] 46 Parlement de Bretagne

« Nous, soussignés, gentilshommes Bretons, composant l'Ordre de la Noblesse, pour assister aux États du pays et duché de Bretagne ... »

En 1788 le ministre de Loménie de Brienne impose son édit pour remanier l'organisation judiciaire du pays par la création des Grands Bailliages, et supprimer l'autorité des Parlements régionaux. En Bretagne il se heurte à une résistance de l'ensemble de la noblesse bretonne qui veut maintenir les spécificités et franchises de leur duché. Le 8 mai 1788, l'édit de séparation et de mise en vacances du Parlement de Rennes provoque un arrêté de protestation.

Le 3 janvier 1789, par un arrêt du Conseil d’État, le Roi suspend jusqu'au 3 février la séance des États de Bretagne. Il ordonne que les députés du Tiers État se retirent dans leurs villes à l'effet d'y recevoir de nouveaux pouvoirs. Les nobles signent alors une nouvelle protestation :

  • « considérant que les lois constitutives de l'assemblée nationale de cette province, étant la base la plus assurée du bonheur des peuples qui l'habitent, tout citoyen Breton doit être attaché à leur conservation plus qu'à la vie, autant qu'à l'honneur même ».

Parmi les signataires on note trois gentilshommes ou « tudchentil » gabéricois :

  • François Hyacinthe de Tinteniac : marquis et chevalier de Quimerc'h et du Cleuziou.
  • François-Louis de la Marche, père : seigneur de Lezergué, futur émigré en Guadeloupe.
  • Joseph-Hyacinthe de la Marche : seigneur de Botmeur, fils du précédent, et filleul du premier.

Billet du 12.02.2012

En savoir plus : « 1789 - Protestation de la Noblesse contre la suspension du Parlement de Bretagne * » en [Biblio] et [Archives]

La semaine prochaine nous verrons comment l'un des trois protestataires a pu éviter en 1808 la confiscation de ses biens sur Ergué-Gabéric, et comment il a continué à bénéficier d'une rente à titre de domaine congéable comme si la Révolution n'avait changé que peu de choses (soit par exemple le mesurage en mètres/centimètres et non en pieds du Roi et en pouces).

[modifier] 47 Sportifs des années 60

« Je ne voulais pas aborder la côte de l'arrivée à Stang-Venn en troisième position ...  », Marcel Floc'hlay, champion de Bretagne, 1965.

Créée en 1957 cette course cycliste de la « Vallée Blanche » (Stang Venn en breton !) a enchanté des générations de gabéricois. Quel beau souvenir que ce critérium de 1974 « en nocturne » avec la victoire du très populaire Raymond Poulidor !

Avant que l'épreuve soit ouverte aux professionnels, de grands amateurs ont inscrit leurs noms à son palmarès. Le plus célèbre d'entre eux fut Marcel Floc'hlay, le local de Gars-Alec en Ergué-Gabéric, fils du sabotier. En 1960, il avait réussi un exploit peu commun lors du week-end de la Pentecôte : remporter trois courses en trois jours (Plounévez-Lochrist, Caudan, Plonévez-du-Faou).

En 1961 il fut sacré champion de Bretagne des Indépendants. Et il le redevint en 1965, cette fois sur le grand circuit de la Vallée Blanche. En 1969, pour sa dernière saison, il offre à ses supporters un superbe Circuit de l'Aulne à Châteaulin, se classant quatrième, derrière trois coureurs Belges de renommée mondiale : Eddy Merckx, Eric de Vlaeminck et Jan Stevens.

En savoir plus en rubrique [Associations] : « TYMEN Hervé & ISTIN Marcel - Comité de la Vallée Blanche » ¤ « Marcel Floc'hlay (1934-1998), coureur cycliste » ¤ 

Dans un registre sportif également, et en complément d'articles déjà parus sur le club de foot de l'A.E.G., vous pourrez consulter la rétrospective publiée en 1995 pour son cinquantenaire : 28 pages de photos, résultats et anecdotes. Cerise sur le gâteau, un compte-rendu inédit en 1963-64 d'un match de derby, au cours duquel les deux équipes de la commune se sont affrontées. Et surprise, les Paotred, les favoris, furent battus par l'Amicale.

En savoir plus en rubrique [Associations] : « AMICALE ERGUÉ-GABÉRIC - 50 ans au service des jeunes à l'AEG » ¤ « L'AEG remporte le derby contre les Paotred, Le Télégramme 1963-64 » ¤ 

Billet du 04.02.2012

[modifier] 48 Histoire buissonnière

« Buissonnier, -ière : qui vit dans les buissons ; anal. manquement à une obligation ; métaph. vagabondage de l’imagination ». Trésor Langue Française.

Il faut vraiment être anglais pour nous décrire aussi bien cette France buissonnière entre la Révolution et la première guerre mondiale. Graham Robb, éminent historien britannique, a sillonné la France à vélo pendant des années, et grâce à une immense érudition universitaire, il a concocté une histoire inédite et vraie de la « France profonde »

À la fin de cette somme, dans l'index géographique, la commune d'Ergué-Gabéric a l'honneur d'y figurer. Ceci par le truchement du paysan bas-breton Jean-Marie Déguignet dont la destinée est citée abondamment sur plusieurs pages, et sert d'exemple pour la compréhension de l'évolution rurale de la fin du 19e siècle (pages 118-120), pour sa description du métier de mendiant (page 136) et pour la place des femmes dans les campagnes (page 145).

Il nous fait aussi cette mise au point utile sur le sens historique des Mémoires de Jean-Marie Déguignet : « L'édition moderne de ses mémoires fait vibrer la corde d'une vague nostalgie rustique et suggère que le livre aurait aussi bien s'intituler "Le Déclin de la France rurale". L'auteur est ici présenté comme un témoin du "début de la désagrégation de la société bretonne traditionnelle". Or ses mémoires racontent exactement le contraire. La société qui l'a vu naître a toujours été au bord de l'effondrement ... ».

Le livre de Graham Robb est étonnement truffé d'histoires « à la Déguignet » : de la caste des cagots, caqueux ou cacous de Biarritz, Bordeaux, Toulouse, Rennes et Quimper par exemple, ou alors les aventures des cartographes de Cassini ... Et quand on parlait de la France dans toutes ces régions, on désignait toujours ce territoire distant et étroit autour de Paris !

En savoir plus : « ROBB Graham - Une histoire buissonnière de la France »

Billet du 28.01.2012

Comme le signale le tout nouveau site Internet http://www.deguignet.eu de Bernez Rouz, un très beau livre d'Annick Le Douget, greffière au tribunal de Quimper, est sorti aux éditions Coop Breizh d'une part. Et d'autre part, les éditions Terre de Brume ont publié l'étude de Jean Guiffan sur l'affaire Dreyfus en Bretagne. Dans cet ouvrage, Bernez signe un encart mettant en scène le paysan bas-breton Jean-Marie-Déguignet, ses positions contre la peine de mort et son grand rêve : « pour une justice avec un grand J » : « LE DOUGET Annick - Crime et justice en Bretagne » et « GUIFFAN Jean - La Bretagne et l'affaire Dreyfus ».

[modifier] 49 Maire et franc-maçon

« Brohier François-Salomon. Avocat, propriétaire et maire. Revenu 4000 f. Caractère moral, attaché au gouvernement. Il est instruit ». De Miollis, préfet.

On le pensait bien que François-Salomon Bréhier, maire d'Ergué-Gabéric de 1808 à 1812, était initié et membre de la franc-maçonnerie dans les années pré-révolutionnaires. Mais sa parenté franc-maçonne, ses père, oncle, frères et cousins, était si nombreuse que personne n'avait encore pu démêler les liens généalogiques.

Bruno Le Gall et Jean-Paul Péron l'ont fait pour 179 francs-maçons quimpérois, dans une brillante étude parue dans le tout récent bulletin de la Société Archéologique du Finistère : Salomon Bréhier était bien inscrit comme « maître bleu » de la loge de « La Parfaite Union » en 1785 et 1787.

Sa position de procureur (avoué) du présidial l'amène à procéder comme expert sur la commune à toutes les estimations des Biens Nationaux confisqués à l'Église et aux nobles émigrés dans les années 1793-95. Il devient l'un des plus riches propriétaires fonciers et se domicilie dans la maison manale de Mezanlez où il décède en 1845.

Dans le cadre de l'adjudication du presbytère en 1796, il en devient propriétaire lors de sa vente aux enchères pour le prix de 1790 francs. Pendant 15 ans il demandera un loyer au recteur qui y habite, lequel devra organiser une quête auprès des paroissiens pour honorer son dû. Lorsqu'il devient maire, Salomon Bréhier vend ce presbytère à la commune pour 4.000 francs, avec la levée d'une imposition extraordinaire pendant 2 ans. Avait-il vraiment un « caractère moral » comme le disait le préfet ?

En savoir plus : « François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon »
et « LE GALL Bruno & PÉRON Jean-Paul - La franc-maçonnerie à Quimper »

Billet du 21.01.2012

[modifier] 50 Il y a tout juste 77 ans

« L'aspect de cette multitude anonyme, fervente et recueillie, avait un caractère véritablement émouvant sous le pâle soleil d'hiver » (L'Ouest-Eclair)

La foule entre l'église paroissiale et le cimetière
La foule entre l'église paroissiale et le cimetière

René Bolloré, deuxième entrepreneur papetier de l'entreprise familiale, était le grand-père de l'actuel président directeur général du groupe Bolloré.

Emporté à 49 ans par un cancer de la gorge, il décéda le mercredi 16 janvier 1935 dans son appartement parisien au 74 avenue Foch, assisté « pieusement » dans ses derniers moments par Soeur Yvonne Beauvais de Malestroit. Le jour de sa mort les usines furent fermées et elles le restèrent trois jours jusqu'à son enterrement à Ergué-Gabéric, auquel assistèrent tous ses employés.

Dans l'Ouest-Eclair on évoque, avec émotion et emphase, cet évènement important.

Le caractère paternaliste du patron est largement évoqué par les journalistes : M. René Bolloré n'oubliait pas ses devoirs de patron social. C'est ainsi qu'il fit construire des maisons ouvrières pour loger dans de meilleures conditions les familles de ses ouvriers, qu'il fit bâtir des écoles et des patronages, qu'il fonda des caisses de secours, etc... Il voulait que son personnel connût le plus de bien-être possible ».

Outre les très nombreux prêtres, personnalités et notables présents aux obsèques et nommés dans l'article, on note également une présence locale encore plus impressionnante de « gens du peuple » : les ouvriers de l'usine d'Odet portant à bras le cercueil, les porteurs du « drapeau du patronage » de la papeterie, une délégation des ouvriers de l'usine de Troyes avec leurs bannières, les ouvriers, employés et contremaitres des usines d'Odet et de Cascadec, d'innombrables cultivateurs de la commune, de « braves paysannes aux blanches coiffes » ...

En savoir plus : « Décès de René Bolloré, L'Ouest-Eclair 1935 »
et « 1935 - Photos des funérailles de René Bolloré »

Billet du 14.01.2012

[modifier] 51 Humeurs facétieuses

« La gendarmerie est sur les lieux, enquêtant à cet effet, et l'arrestation du coupable farceur ne saurait être qu'une question d'heures » (L'Ouest-Eclair)

Il y a quelques temps déjà, l'idée d'une signalisation en version bilingue française et bretonne des lieux-dits gabéricois avait été évoquée, et même des panneaux d'indication des bâtiments publics (« Mairie / Ti-kêr »), comme cela est coutumier dans les villes voisines.

Ici, on a affaire à un cas innovant et sympathique dans le quartier de Lestonan, à l'entrée du chemin de Beg-ar-Menez, sur une initiative locale accompagnée par des défenseurs de la langue bretonne, et déjà présentée dans les colonnes de la presse régionale :

  • un panneau triangulaire original à bande rouge, indiquant un danger potentiel inhabituel : un pépé avec sa canne et en « botoù-koad ».
  • un panonceau libellé uniquement en langue bretonne, avec une pointe d'humour bien sentie : « Diwall ! Kozh En e Roll ».

Quelle est la signification de ce texte breton ? Les deux 1ers mots ne posent pas de difficulté de traduction en français : « Diwall » pour attention et « Kozh » comme vieux. L'expression « En e Roll » est un tantinet plus idiomatique. Comme l'on dit en français « Animaux en liberté », on pourrait presque traduire par un « Attention ! Vieux en liberté ». Une invitation à ralentir pour les automobilistes bien plus culturelle et moins onéreuse qu'un radar !

En savoir plus : « Le premier panneau gabéricois de signalisation en breton »


Dans un genre équivalent, mais vieux de 100 ans : ce dimanche matin de janvier 1910, on ne put sonner les cloches à la grand messe car les marteaux des cloches de l'église avait été subtilisés par un citoyen non dénué d'une certaine instruction qui osa écrire des insanités contre le clergé en place.

En savoir plus : « La farce des cloches de l'église paroissiale, L'Ouest-Eclair 1910 » Billet du 06.01.2012