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Actualités, archives 2013

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Sommaire

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[modifier] 1 Alertes inondations historiques

« Météo France vient de lever la vigilance orange aux crues pour le Finistère, la Mayenne et le Maine-et-Loire » : France-Info - 28.12.2013 à 12:55

Le pont de Meil-Poul en 1902, avant la crue de 1925 / Vidéo de la passerelle de Meil-Poul le 27.12.2013 / Billet du 28.12.2013
Le pont de Meil-Poul en 1902, avant la crue de 1925 / Vidéo de la passerelle de Meil-Poul le 27.12.2013 / Billet du 28.12.2013

En janvier 1925, une grande inondation ravagea la ville de Quimper, provoquée par la crue de l'Odet et de ses affluents. Le quartier de la gare, l'Eau Blanche, l'Hippodrome, la Providence furent sous l'eau, comme le décrivent les journaux locaux : « dans la nuit de vendredi à samedi, donc, la crue s'enflait subitement, l'Odet et le Jet sortaient de leurs lits, couvraient les prés se trouvant sur leur parcours ».

D'après les correspondants, il fallait remonter 50 ans auparavant pour une crue comparable : « En 1874, le Steir déborda encore. C'était le jour du Grand Pardon de Kerdévot. Le vieux pont Médard fut sérieusement menacé par les terribles coups de bélier imprimés à son tablier par les troncs d'arbres enlevés ».

En 1925 le spectacle était bien plus impressionnant : « le service des Ponts et Chaussées commence à établir, samedi soir, depuis le Pont-Firmin jusqu'à la Gare, de légères passerelles avec transversales aux deux extrémités. L'eau a tellement monté que les arches des ponts ne s’aperçoivent plus ; le quai du Théâtre est transformé en cascade ; l'eau roule en trombe, charriant les objets les plus hétéroclites ... ».

Plus en amont sur l'Odet, le tablier du pont du moulin de Meil-Poul fut emporté par les flots. Le dernier meunier, Laurent Bescond, s'en souvint de cette crue, car il dut cesser son activité, sa clientèle étant essentiellement sur la rive droite, à Quimper-Kerfeunteun. Le pont ancestral détruit, il ne pouvait plus conduire son cheval et livrer ses sacs de farines.

Par la suite, on reconstruisit une passerelle, mais il ne fut plus question de remonter des piles et un tablier aussi large qu'auparavant. En 1929, lorsqu'il est question d'un projet de barrage hydraulique sur ce site, les journaux décrivent le lieu ainsi : « le très vieux moulin du Poul, croulant à l'angle de sa passerelle moussue ».

En cette fin 2013, alors que s'éloigne la menace d'une crue centennale à Quimper, nous vous invitons à visionner nos vidéos plus récentes de la passerelle de Meil-Poul en prise avec un fort courant.

En savoir plus : « La grande crue et tempête de l'hiver 1924-25, L'Ouest-Eclair et autres journaux 1925 »


[modifier] 2 Mariés bretons de Kerlavian

« Kant bro, kant giz, da bep labous e gan, da bep pobl e frankiz » : cent pays, cent modes, à chaque oiseau son chant, à chaque peuple sa liberté.

Quelles sont les plus belles photos de nos couples de mariés en habits bretons ? Un concours, au règlement ci-après, est lancé en cette fin d'année 2013. On compte sur vous pour y participer !

  • Article 1 - Deux catégories sont ouvertes, l'une avec deux mariés, l'autre avec deux couples.
  • Article 2 - La mariée porte obligatoirement un costume traditionnel breton, et le marié de préférence aussi.
  • Article 3 - Au moins un des époux est originaire de la commune d'Ergué-Gabéric.
  • Article 4 - La photo doit être datée des 40 premières années du 20e siècle.

Les résultats provisoires à la Saint-Sylvestre 2013 sont les suivants.

  • En catégorie « deux couples » :
    • le mariage des deux sœurs Hostiou et des deux frères Gouiffès.
  • En catégorie « un seul couple » :
    • le grand gagnant est le couple Barré-Le Ster : on les croyait du village Kervoreden, mais non ils vécurent à Kerlavian, puis à Pen ar Garn Lestonan.

Ne sont-ils pas chics tous les deux, posant chez le photographe quimpérois des studios « E. Le Grand » ? L'homme a un très beau « jiletenn glazik » azuré, et tient son chapeau à la main. La femme, à la coiffe discrète (et son lacet perlé), a un costume de velours noir brodé d'or et un magnifique tablier de soie et de satin broché rebrodé d'or et de paillettes.

N'hésitez pas à nous communiquer les nombreuses informations manquantes sur ce couple et les 28 autres photographies.

Et éventuellement si vous avez d'autres photos aussi belles ...

En savoir plus : « 1900-1940 - Les plus beaux couples gabéricois en costumes bretons » Billet du 22.12.2013


[modifier] 3 De belles fêtes lumineuses

« Gouelioù kaer d’an holl gant ar c’hlaswenn Kerzevot » : un changement d’année au Bleu Kerdévot, couleur d'histoire, de mémoire et de patrimoine.

Le 24e numéro du Kannadig est enfin là, avec sa belle couleur bleue de Kerdévot qui fait désormais partie des 20 couleurs de base d'un producteur de peintures pour rénovations.

Et déjà d'autres lieux de patrimoine l'ont adoptée : la couleur marron, très moche, des boiseries des deux ossuaires de Plounéour-Trez a été remplacée récemment par notre bleu « glaswenn ». On parie déjà que toutes les chapelles bretonnes vont changer de look en 2014 !

Et comme à l’accoutumée, on a mis dans le bulletin toute la diversité des articles publiés sur le site Internet depuis juin dernier :

  • Le bleu Kerdévot, peinture de la Marine
  • Concours de peinture Kerdévot, été 2013
  • Marques de fabriques des ateliers flamands
  • Memorie di un Contadino bretone
  • Pour ou contre la translation du centre-bourg
  • La succession du métayer de Lezergué en 1742
  • Enfants exposés au tour de l’hospice de Creac’h Euzen
  • Jean-Marie Déguignet au pays des e-books
  • Le petit moulin à tan du manoir du Cleuyou
  • La grève de 1924 avortée par René Bolloré
  • Rétro historique des papeteries de Cascadec
  • Marie-Hyacinthe Geslin de Pennarun, chouan noir
  • Les bonnets rouges d’Ergué-Gabéric en l’an 1675
  • La constellation de l’hermine de Pennarun
  • Elections annulées par le Conseil d’Etat en 1893
  • Les blessures de Jean-Marie et de Clément VI

Le bulletin fait désormais 28 pages couleurs au total, soit 2 de plus, parce qu'il y a tant à dire à chaque numéro. Et parce qu'il fallait un multiple de 4 cette fois, car nous optons pour une nouvelle impression papier en A3 plié et « piquée à cheval » par deux agrafes. Qu'on se le dise !

Téléchargement et lecture en ligne du bulletin : « Kannadig n° 24 » Billet du 16.12.2013


[modifier] 4 Blessures et grands esprits

« Je suis certain que ça n’a été que grâce à cet accident que j’ai pu commencer, à l’âge où tous les autres crânes se ferment pour toujours, à avoir de nouvelles idées et à me rendre compte de toutes les choses de ce monde », Jean-Marie Déguignet (1834-1905)

Clément VI (chapelle Saint-Martial du palais des papes)
Clément VI (chapelle Saint-Martial du palais des papes)

Jean-Marie Déguignet, qui n'avait que cinq ans et qui habitait avec ses parents dans un penn-ty à Quélennec en Ergué-Gabéric, se fit une plaie profonde à la tempe gauche, alors qu'il était pourchassé par un essaim d'abeilles près du Moulin du Poul.

Il attribue sa capacité de mémoire à cette blessure, et se compare au 4e pape d'Avignon, Clément VI (1291-1352) : « J’ai vu dans l’histoire qu’un de nos papes, Clément VI, eut le même accident, et, par cette raison, il eut, dit-on, un esprit extraordinaire ».

Ce fait divers n'est pas relaté dans les biographies de Clément VI et restait pour nous une énigme. Jusqu'au jour où un érudit lecteur du GrandTerrier ne découvre le livre « Sophisme » du philosophe Jean Buridan, dans une édition commentée de Joël Biard, et consulte le Bulletin de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Île-de-France de 1875. On y découvre là un échange en latin entre un pape diplomate et fastueux et un philosophe sceptique, évoquant leurs errements de jeunesse et cette blessure rocambolesque.

Quand Jean Buridan se présenta, le pape lui demanda :

  • « Pourquoi as-tu frappé le pape ? » (Tu quare percussisti papam).

Le philosophe répondit par cette formule :

  • « Mon Père, j’ai frappé un pape, mais je n’ai pas frappé le pape (Pater, papam percussi, sed non percussi papam) ».

Buridan prétendait en fait l'avoir frappé avant qu'il ne soit pape, il s'appelait encore Pierre Roger, et il était un de ses jeunes condisciples à l'Université de Paris. Les deux hommes se seraient disputés les faveurs d'une jeune femme, et Buridan aurait frappé violemment le futur pape à la tête. Celui-ci « perdant tout son sang, en aurait eu le cerveau purgé, et aurait de ce fait acquis une fabuleuse mémoire ».

On apprend aussi qu'une lettre du poète italien François Pétrarque, lequel était proche du pape Clément VI surnommé « le Magnifique », raconte la même anecdote. Cette lettre a été retrouvé : « Libri I. Rerum memorandarum » (choses à se souvenir).

En savoir plus : « Les énigmes non élucidées dans les écrits de Jean-Marie Déguignet »,
« Les blessures de Jean-Marie Déguignet et de Clément VI » et « Espace Déguignet »

Billet du 07.12.2013.

[modifier] 5 Ingérence politique d'un curé

Les élections municipales de 2014 approchent ; c'est l'occasion de nous pencher sur l'annulation du scrutin de mai 1892 suite à un sermon provocateur.

Arrêt du Conseil d’État du 5 mai 1893
Arrêt du Conseil d’État du 5 mai 1893

Les trois journaux « Le Courrier du Finistère », « Le Finistère » et « La Dépêche de Brest » ont relaté ces élections de 1892-93, le premier quotidien représentant l'électorat conservateur et catholique, et les deux autres l'opposition républicaine.

Comme cela se faisait souvent, les résultats des élections municipales - gagnées par la liste conservatrice menée par le maire Hervé Le Roux de Mélennec - furent contestés par les républicains battus, ce pour différentes anomalies comme la distribution d'alcool, de cigares et de bulletins.

Mais cette fois-ci l'enquête préfectorale suite à protestation mit en exergue l'ingérence du vicaire qui avait prononcé un sermon dominical dans ces termes : « Votez selon votre conscience en songeant que le billet que vous mettrez dans l'urne, dimanche, sera dépouillé (countet) deux fois : une fois par le Maire, au soir du 1er mai, une autre fois par Dieu, au soir de votre vie, au jour du jugement qui suivra immédiatement votre mort ».

Et plus insidieux le vicaire eut ces mots : « Pax vobis. Que la paix soit avec vous ! Mais, qu'est-ce que paix ? - Le bon ordre en toutes choses. Qu'est-ce que l'ordre en toutes choses ? - Chaque chose à sa place. Pas d'ordre, donc de paix, si Jésus notre Dieu, ne tient pas toujours la place qu'il doit avoir : la première place dans chaque cœur, dans chaque paroisse, dans chaque État ».

Après enquête préfectorale, interventions de 38 témoins, articles enflammés dans les journaux, les élections furent annulées par un arrêt du Conseil d’État et un nouveau scrutin fut organisé un an après. D'après vous, quel fut le verdict des urnes ? Et quelle est la signification des invectives « panamiste » et « opportuno-franc-maçon » ?

En savoir plus : « Les élections municipales annulées par le Conseil d'Etat, journaux finistériens 1893 »

Billet du 01.12.2013.

[modifier] 6 Antoine de Geslin, « ad honores »

Il y a 2 semaines, nous présentions le chouan Marie-Hyacinthe de Geslin au travers un roman. Aujourd'hui il s'agit de son père, lieutenant de vaisseau.

Dessin p. 20, « manoir de Penenreun », Jean Istin, 2002
Dessin p. 20, « manoir de Penenreun », Jean Istin, 2002

Dès les premières lignes de son roman, Hélène Vilbois-Coïc nous propose une magnifique évocation du manoir de ses ancêtres : « Plaqué contre le mur de façade, Antoine de Geslin maintenait obstinément ses paupières closes. Le granit diffusait dans son dos la chaleur capturée à l'été en déclin ... ».

Dans la postface, elle nous explique que la vie de Jean-Marie de Geslin, enseigne de vaisseau du Roy, l'a inspirée, mais elle s'en est volontairement affranchie : « Un recensement d'Ergué-Gabéric datant de 1790, consulté en 2006 sur le site de l'association Arkae, m'a immédiatement permis de connaître le nom des propriétaires de Pennarun ... La famille était déjà à Pennarun au début du 18e, dès 1698, un certain Jean-Baptiste Geslin habite le manoir ... Garder le nom d'une personne ayant existé comme personnage central me paraissait très contraignant, j'ai donc préféré inventer un membre à cette famille : Antoine était "né" ».

Elle fait donc naître son héros en juillet 1725, lui donne comme père Jean-Baptiste « homme lettré et subtil », et c'est dans les années 1740 qu'il partira du côté de l'Isle de France (île Maurice aujourd'hui) comme lieutenant ad honores sur un navire de la Compagnie des Indes. Ce personnage de fiction s'inscrit donc comme le représentant de la double génération de Charles, né en 1708, et de Jean-Marie, né en 1737, enseigne puis lieutenant de vaisseau (cf. arbre généalogique inclus dans l'article bibliographique).

Pour ce qui concerne l'ami d'enfance, d'extraction paysanne, le personnage a également fait l'objet d'une composition : « J'ai procédé de la même manière pour le personnage d'Yves-Marie, les Lizien étant propriétaires de la ferme du Melennec, mais n'ayant pas de fils portant ce prénom ... ». Ils se prénommaient en effet Hervé, nés en 1709-1731-1762, ce sur plusieurs générations qui vont conserver leur propriété jusqu'à la Révolution.

Après l'évocation de ces lieux d'enfance et d'autres personnages historiques (le seigneur de Kerfors, le recteur Edy ...), le roman vous entrainera dans un voyage initiatique jusqu'aux îles lointaines, à Paris et même en Hollande. Vous découvrirez aussi cette constellation de l'Hermine, cadeau posthume du jeune noble à son ami roturier.

En savoir plus : « VILBOIS-COÏC Hélène - La constellation de l'Hermine »

Billet du 24.11.2013.

[modifier] 7 Bonnets rouges du 17e siècle

Les bonnets rouges gabéricois ont-ils manifesté leur colère à la fin du 17e siècle sur leur territoire ou dans les paroisses voisines ?

Billet du 17.11.2013

Pour répondre à cette question, la difficulté est que les gabéricois ne sont pas cités individuellement et nominativement dans les documents relatant les évènements même proches, comme à Briec et Edern.

Mais une chose est certaine : Ergué-Gabéric est réputée être l'une des 22 paroisses qui ont fait sonner le tocsin lors des émeutes. C'est en tout cas ce qu'affirme Laurent Le Quéau, un des meneurs, domicilié à Quéménéven, dans ses aveux avant condamnation (transcription intégrale par Jean Lemoine dans les « Annales de Bretagne » de 1898-99 page 193 et suivantes). Le document est conservé aux Archives Départementales du Finistère (Série B, Cour royale de Carhaix) :

« Testament de Laurent Le Quéau, exécuté de mort à Quimper ».

A répondu qu'ayant appris que le sieur de la Garaine Jouan estoit porteur de la gabelle, lequel ils coioient estre au manoir de la Boixière chez Monsieur de Keranstret, ils résolurent tous ensemble de s'y en aller à dessin de les exterminer, où estant arrivez au nombre de quatre à cinq centz personnes ...

Apprès quoy avons sommé ledict Le Quéau de révéler ses complices pour esviter les peines de la torture, a dict être fort estonné qu’il soit seul puny pour un sy grand nombre de gentz qui furent au dict manoir de La Boissière des paroisses de Briec dans laquelle on fist premier sonner le toxain, de Saint-Dreyer, Landudal, Trefflez, Landrévarzec, Saint-Venec, Quéménéven, Cast, Plomodiern, Ploeven, Plonévez-Porzay, Chasteaulin, Saint-Goulit, Edern, Guelevain, Trégourez, Langollen, Corray, Elliant, Ergué-Gabéric, Plogonnec, de laquelle paroisse de Quéménéven vindrent chez luy .... il ne sçait pareillement les noms en la compagnie desquels il alla au dict bourg de Briec où il y avoit environ sept à huit centz hommes des lieux cy-dessus desnommez ...

Il est également écrit dans les aveux de Laurent Le Quéau que 600 à 700 habitants de ces 22 communes cornouaillaises s'étaient rendues au manoir de la Boissière. Ils pensaient trouver là un dénommé Garaine Jouan, notaire royal et supposé chargé de recouvrir l'impôt de la gabelle dont la Bretagne avait été exemptée jusqu'alors. Comme ils ne le trouvèrent pas, ils brûlèrent le château. Y avait-il quelques gabéricois parmi les pyromanes ? Autres questions :

  • à la fin du 17e siècle le bonnet rouge faisait-il partie de la garde-robe des Cornouaillais ?
  • cette pièce d'habillement est-elle mentionnée dans les documents d'inventaire de succession ?

En savoir plus sur ce début d'enquête : « 1675-1693 - Les documents mentionnant des bonnets-rouges gabéricois »

Billet du 17.11.2013. Illustration : "Sebastian ar Balp" de Samuel Lewis (SEL).


Note : À la demande générale, nous avons remodelé la fonction de recherche par mots-clefs sur le site GrandTerrier. Désormais, si en haut à droit vous cliquez sur "Rechercher", vous aurez les résultats "à la Google".

[modifier] 8 Geslin de Pennarun, chouan noir

« Un des plus cruels parmi les chouans qu'il commandoit. Il a dirigé une grande partie des assassinats qui ont eu lieu dans le Finistère » (Daniel, 1796)

Billet du 10.11.2013
Billet du 10.11.2013

Avant d'évoquer le roman, nous publions un document d'archive inédit d'assignation à payer en 1791 les droits de rachat de la tenue de Squividan par son domanier « sous les enfants du sieur Gélin ».

Une tenue inscrite dans le domaine royal dont la Régie des domaines du Roi réclame le paiement de l'impôt de succession, et dont le propriétaire noble ne va pas tarder à rentrer dans la clandestinité et à prêter main forte à l'armée des chouans.

Passons au roman : « Kerstrat et les Chouans Noirs » est la suite du « Chevalier Kerstrat, Chouan des Lumières ». Dans le premier tome, Jean-Hyacinthe Tréouret de Kerstrat évoluait parmi des compagnons animés par un idéal et un code de l'honneur.

Dans « Kerstrat et les Chouans Noirs », le désastre de Quiberon a semé le découragement parmi les combattants du roi. Des chefs de guerre vont continuer cependant le combat, en pratiquant des trafics profitables, des chantage et des assassinats.

Et parmi eux Marie-Hyacinthe de Geslin du château de Pennarun en Ergué-Gabéric, dont la légende disait qu'il était resté en résistance sur ses terres familiales : « Il commande une bande de Chouans ; la rumeur dit qu’il a la main lourde. Il impose des prélèvements aux agriculteurs, un impôt aux gens de la ville, et gare à celui qui cherche à se défiler ! Il aurait du sang sur les mains ».

Ce deuxième tome n'est pas encore publié, mais l'auteur en dévoile le contenu sur son site Internet, et sa description du personnage Geslin est conforme à la légende propagée autour du chouan gabéricois : « Gélin se déplace beaucoup dans la région pour rester en sécurité. Vous savez que le manoir de Pennarun qui appartenait à sa famille a été vendu comme bien national il y a peu. Mais Gélin – comme on l’appelle depuis – a des fidèles, comme son meunier, ou des anciens métayers. On dit même que les nouveaux propriétaires tremblent devant lui ! Il va et vient comme il lui plaît mais, hélas, il faut aussi tenir compte d’une trahison toujours possible ».

En savoir plus : « 1791 - Droits de rachat de la tenue de Squividan des enfants Gélin sous domaine royal »
et « BAFFAIT Bernard - Le Chevalier Kerstrat, Chouans noirs »

Dans une semaine, nous présenterons d'autres générations de Geslin de Pennarun, des navigateurs au long cours, à travers un joli roman publié ce week-end : « La constellation de l'hermine » d'Hélène Vilbois-Coic.

[modifier] 9 Enquête sur Cascadec 2/2

« Usine pour le papier à cigarettes, située dans la vallée de Troscoat (lieu-dit en bordure de la forêt de Cascadec) », carte postale oblitérée en 1903

Billet du 02.11.2013
Billet du 02.11.2013

L'histoire de la papeterie scaëroise a bien sa place sur le site Internet gabéricois :
Pendant très longtemps, le travail à Cascadec était lié à l'établissement d'Odet en Ergué-Gabéric, sous l'autorité de leur patron commun.
Des femmes et des hommes employés dans l'une ont souvent été amenés à travailler dans l'autre.
L'usine du C(ascadec) de la marque O.C.B. a eu une place importante dans la stratégie sociale et industrielle des patrons Bolloré.

Nous avons donc parcouru les différentes périodes de sa transformation industrielle jusqu'à nos jours, au rythme de ses patrons successifs, et avec photos, coupures de presse et témoignages :
 Les papetiers Faugeyroux pour leur très « belle papeterie mécanique », et sa faillite malgré les efforts de sa dernière fabricante et gérante,
 René-G. Bolloré pour l'Exposition universelle de 1900 et l'utilisation d'une ligne téléphonique,
 René Bolloré pour la fête du centenaire, une grève avortée et l'acquisition d'une chapelle,
 les frères Bolloré pour la grève de 1936 et le maintien de son activité papetière malgré les crises ; et enfin George Henri Glatfelter II pour l'intégration de l'usine dans son groupe américain.

Témoignage de Roger Douget : « Je vais avoir 68 ans cette année, donc il va y avoir 60 ans que je connais l'usine, et elle est toujours là et se porte bien, malgré la crise ; j'espère ne jamais voir une ruine industrielle dans cette vallée qui m'est chère, et où je passe tous les jours car je vois la cheminée de chez moi ».

En savoir plus : « Rétrospective historique de la papeterie de Cascadec en Scaër », « Médaille d'or Bolloré à l'Exposition universelle de 1900, Revue Papeterie & Union Agricole », « MAGUER Cyrille - Le canton de Scaër »

[modifier] 10 Enquête sur Cascadec 1/2

« Cette papeterie est fondée vers 1830 sur les bords de l'Isole. En 1874 M. Faugeroux dirige l'entreprise. Louée par Bolloré en 1893 », Skol Vreizh

Billet du 27.10.2013
Billet du 27.10.2013

Enquête sur le plus grand conflit social constaté dans les papeteries Bolloré au 20e siècle qui eut lieu en 1924 à Cascadec, deuxième usine du groupe industriel, et les rebondissements de l'affaire relatés par deux journaux locaux, l'« Union Agricole » et l'« Écho de Bretagne ».

Les personnes impliquées, aux opinions politiques et sociales très divergentes, sont les suivantes :

Henri Jégou, ouvrier bobineur depuis 3 ans, âgé de 32 ans, est considéré comme le meneur de la grève et revendique l'augmentation du salaire journalier (jusqu'alors de 14 francs pour 12 heures travaillées). Il avait été licencié 6 mois plus tôt, puis « repris par charité ». Suite à son « entrave à la liberté du travail », il est arrêté « menottes aux mains, entre deux gendarmes », puis condamné à « 15 jours de prison avec sursis pour violences légères » à l'encontre du contremaître.

C'est « l'équipe de nuit qui cessa le travail et arrêta « les machines sans ordre ». Ces ouvriers chargèrent ensuite Henri Jégou d'exprimer leur revendication collective. Lorsque ce dernièr voulut frapper le contremaître, ses collègues Jean Rouat, Louis Diamant et Henri Gaillard l'en empêchèrent. Lorsque le lendemain le patron « pria ceux qui n'étaient pas contents de s'en aller. Dix obtempérèrent » (10 sur les 32 ouvriers de l'usine de Cascadec).

René Rannou, le contremaître de Cascadec âgé de 58 ans, né le 13/4/1866 à Keranguéo en Ergué-Gabéric, a commencé sa carrière à l'usine mère d'Odet. Ce 14 janvier 1924 il est réveillé à 2 heures du matin, se rend sur le lieu de rassemblement des ouvriers, subit les violences verbales d'Henri Jégou, et prévient son patron en déplacement dans les Cotes du Nord.

René Bolloré, le patron des papeteries d'Odet et de Cascadec depuis 1905, accourant très tôt sur place ....
Léon Le Berre, rédacteur en chef de l'« Union Agricole », natif d'Ergué-Armel (il précise « étant de la région d'Ergué »), ...
M. Coffrant, du journal républicain « Écho de Bretagne », défendant la cause des ouvriers et invectivant son confrère ...
La rédaction du « Cri du peuple », organe hebdomadaire de la SFIO dans le Finistère jusqu'en 1929, faisant son mea-culpa ...

En savoir plus : « Grève avortée à la papeterie de Cascadec, Union Agricole & Echo de Bretagne 1924

Nous avons voulu aussi savoir dans quelles circonstances le papetier d'Odet loua l'usine en 1893, en quel état de fonctionnement les prédécesseurs historiques avaient laissé leur « belle papeterie mécanique de Cascadec », et qui était Laure-Georgette veuve Faugeyroux la dernière industrielle « fabricante de papier ».

En savoir plus : « Succession des Faugeyroux papetiers à Cascadec, Revue Papeterie & Union Agricole 1886 »

La semaine prochaine nous complèterons notre enquête en publiant l'historique complet du moulin à papier de Cascadec jusqu'à la reprise par l'américain Glatfelter, avec entre autres la panne en 1899 de la ligne téléphonique privée entre Odet et Cascadec.

[modifier] 11 Le moulin à tan du Cleuyou

« Tan, s.m. : écorce de chêne moulue, avec laquelle on prépare les gros cuirs. Peler de jeunes chênes pour en faire du tan », Dict. de l'Académie.

« Moulin du Cleuyou sur le Jet en Ergué-Gabéric », Jean Istin 2002
« Moulin du Cleuyou sur le Jet en Ergué-Gabéric », Jean Istin 2002

Un article de l'Union Agricole du 26 mars 1893 nous apprend l'existence du moulin à tan du Cleuyou. Il y est relaté qu'un incendie s'est déclaré dans « un moulin à tan situé sur le bord de la rivière du Jet, à environ 200 mètres de l'habitation » (le manoir d'Albert Le Guay). Le moulin était loué à un « M. Le Page, tanneur à Quimper, pour une somme de 600 francs ». Il s'agissait sans doute d'Auguste Le Page, tanneur domicilié rue Neuve à Quimper

Moins nombreux que les moulins à farine, les moulins à tan se présentaient de l'extérieur de façon très similaire, avec un système de roue tournant grâce à un conduit de bief ; seule la taille du bâti pouvait être plus modeste du fait que le tan était moins encombrant que les sacs de blés et de farine.

Le mouvement circulaire de la roue du moulin à tan était transformé en mouvement alternatif (va et vient) d'un arbre à cames horizontal avec ses ergots tranchants qui broyait les écorces séchées afin d’en extraire le tan (ou tanin).

Il ne faut donc pas confondre le moulin à tan avec le moulin à foulon, ou encore à peaux, dont la fonction est de traiter les peaux elles-mêmes. Dans un moulin à tan l'on broyait l’écorce de chêne pour produire de la poudre de tan qui servait au tannage des peaux. Le tannage consistait à transformer une peau raide et putrescible en un cuir et fourrure souple et imputrescible, par un empilement des peaux entre des couches de tan dans des cuves hermétiques.

Aujourd'hui on peut admirer dans le parc arboré du Cleuyou, à 200 mètres du manoir, un joli moulin restauré. La roue hydraulique et le système d'engrenages ont été reconstitués dans les années 2000 par leurs propriétaires de l'époque, avec les conseils éclairés de Jean Istin. Werner Preissing, propriétaire actuel du manoir et moulin du Cleuyou, a rassemblé dans son livre les documents d'archives qui décrivent le bâti du meunier au cours des siècles, dont l'activité principale était la production de farine. Et un doute s'est installé sur l'existence d'un seul moulin.

En effet, ses dimensions, son orientation, le nombre et le type de roues hydrauliques ne collent pas avec ses caractéristiques actuelles. Et s'il y en avait eu deux moulins pour deux types d'activité ?

En savoir plus : « Les moulins du manoir du Cleuyou » Billet du 19.10.2013

[modifier] 12 Jean-Marie au pays des eBooks

« Les pages qui sui­vent, extraites de ses Mémoires, sont l’autobiographie authentique d’un obscur paysan bas-breton », Anatole Le Bras, octobre 1904.

« La vente aux enchères après la messe », Olivier Perrin, Galerie Bretonne page 81 - Billet du 12.10.2013
« La vente aux enchères après la messe », Olivier Perrin, Galerie Bretonne page 81 - Billet du 12.10.2013

Les Editions Vassade ont mis à disposition les Mémoires de Jean-Marie Déguignet sous forme d'ebooks (livres électroniques) pour liseuses et tablettes. La version azw3 pour liseuses Kindle peut être notamment commandée sur le site d'Amazon, avec un prix fixé à 4 euros et une protection contre la duplication (DRM).

Ce choix de distribution nous semble très contestable pour plusieurs raisons :

  • La version ebook est présentée sur le site d'Amazon comme un format alternatif à la version papier en poche Pocket,
    • or cette dernière est une publication d'une 2e série de cahiers manuscrits éditée en 1998 par l'association Arkae,
    • alors que l'ebook contient la 1ère série de cahiers publiée en 1904 dans la Revue de Paris.
  • Sur le site d'Amazon le lien des commentaires sur l'ebook est celui de la version papier, ce qui peut constituer une tromperie commerciale sur la valeur d'une marchandise vendue.
  • Une fois téléchargé, la présentation du livre ne mentionne nullement la source et la date de sa première publication.
  • La version de la Revue de Paris (préfacée par Anatole Le Bras) de 1904-05 est depuis longtemps tombée dans le domaine public et non soumise à droits d'auteurs.
  • Cette version est disponible en fac-similé sur le site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France et en version texte sur Wikisource (travail coordonné par Ewan ar Born).

Pour ces diverses raisons, le site GrandTerrier publie désormais les différentes formats ebooks de ces Mémoires sans protection DRM et de façon libre et gratuite. Qu'on se le dise !

Signalons aussi une autre initiative heureuse : la publication des 16 chapitres de cette même version des Mémoires sous forme d'une bibliothèque sonore de plus de 5 heures publiée sur le site internet http://www.litteratureaudio.com. C'est André Rannou qui a prêté sa belle voix empreinte d'humanité pour nous lire le texte du paysan bas-breton. Et ceci sous la coupe de l'association « Des Livres à Lire et à Entendre » qui est très active dans la facilitation de l’accès de tous et en particulier des non-voyants et malvoyants aux joies de la littérature.

En savoir plus : « DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un paysan bas-breton (eBook) » et « DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un paysan bas-breton (Audio) »

[modifier] 13 Enfants exposés, gardés et placés

« Entre son ouverture officielle en 1811 et sa fermeture le 30 avril 1861, 3674 enfants, depuis le nouvellement né jusqu'à celui de 8 ans, délaissés par leurs mères, y ont été exposés par tous les temps », Pierrick Chuto, page 128.

« La soupe à la salle d'asile » d'Emma Herland, Musée des Beaux-Arts de Quimper - Billet du 05.10.2013
« La soupe à la salle d'asile » d'Emma Herland, Musée des Beaux-Arts de Quimper - Billet du 05.10.2013

Quand il travaillait sur ses sources documentaires lors de la préparation de ses deux premiers livres sur les communes de Guengat et de Plonéis, Pierrick Chuto s'étonnait déjà du nombre important d'enfants trouvés, exposés, gardés, placés au cours du 19e siècle. Et c'est donc naturellement qu'il a étendu ses recherches pour son 3e ouvrage, son champ d'observations étant devenu l'ensemble des communes de Cornouaille.

Avec un point de convergence à « l'hospice dépositaire » de Quimper situé sur la colline de Creac'h Euzen, où l'on recevait les enfants abandonnés, déclarés de père et de mère inconnus, en provenance de la ville-même, mais surtout des campagnes rurales avoisinantes où la pauvreté régnait.

L'anonymat de la mère ou de la personne qui venait déposer l'enfant était assuré par le système du « tour », sorte de boite pivotante installée dans le mur de l'hospice, et la personne de garde, prévenue par une cloche, pouvait la faire tourner pour recueillir le nouveau né « exposé » et les effets que la mère y avait laissés.

Les religieuses et le personnel de l'hospice organisaient ensuite la garde de l'enfant jusqu'à ses 12 ans dans les familles nourricières des communes rurales autour de Quimper. De 12 ans à 21 ans ils étaient soit directement placés chez un employeur, soit revenaient à l'hospice quimpérois.

Le livre de Pierrick Chuto est une très belle composition historique agrémentée d'archives inédites, de découvertes sur l'histoire de l'hospice et de son personnel, d'anecdotes sur la vie difficile et parfois étrange de ces enfants trouvés, de fiches récapitulatives par période, et d'une liste ordonnée et complétée des 3816 enfants inscrits sur les registres de 1803 à 1861.

Pour notre plaisir, nous avons pioché dans le livre quelques parcours d'enfants exposés (bien que souvent l'origine communale était inconnue du fait de l'anonymat du « tour »), de familles nourricières et de patrons placiers, tous gabéricois.

En savoir plus : « CHUTO Pierrick - Les exposés de Créac'h-Euzen » et le site www.chuto.fr où vous pouvez acheter facilement l'ouvrage (disponible aussi en librarie)

[modifier] 14 Mort du métayer de Lezergué

« Pour l'intérêt des mineurs qu'ils continueront la ferme et le manoir en métairie de Lesergué. Ne pouront que leur être avantageux par rapport aux avances considérables faites par leur deffunt père pour améliorer le grand pré et ouvrir leurs terres ... »

Le lit à tombeau de la métairie de Lezergué - Billet du 28.09.2013
Le lit à tombeau de la métairie de Lezergué - Billet du 28.09.2013

Jean Le Floc'h ne demeure pas au manoir qui sera bientôt restauré (en 1771-72), mais il en a la garde et occupe la métairie en tant que « Receveur de la terre de Lezergué » et personnalité influente locale en ce début du 18e siècle.

Quand il se marie avec Marie Ropars en 1725 de nombreuses signatures sont apposées sur l'acte, dont la sienne et trois membres de la famille noble des Geslin de Pennarun. Il est vraisemblable que son beau-père Hervé Ropars ait été au service des Gélin. En 1719 le parrain d'un frère de Marie n'est autre que l'écuyer Jean-Baptiste Gélin.

Quand Jean Le Floc'h décède en novembre 1741 à l'age de 50 ans, on procède traditionnellement tout d'abord à la pose des scellés, puis à l'inventaire de ses biens pendant trois jours en présence d'un greffier, d'un notaire et de deux experts.

Les éléments suivants contenus dans l'acte d'inventaire sont de nature à confirmer son rang :

  • La table pour les repas de type « coulante » , avec un rangement sous un plateau glissant latéralement, donnant accès à ces casiers à victuailles dans le corps du meuble. Des lits clos, mais surtout un « lit à tombeau ». Ce n'est certes pas un lit à baldaquin, mais ça y ressemble et ses rideaux « tombants » dénotent d'une famille cossue.
  • De quoi recevoir dignement : « assiettes de fayance blanche », des « assietes de terre de Locmaria avec trois plats », un « beurrier de terre de Locmaria », une « tasse d'argent avec ance », « une demy douzaine de chaises de paille » (rares par rapport aux bancs ou « escabeaux »), une « armoire figurée à quatre ouvertures et deux tiroirs estimés quarante et deux livres »
  • Des habits de notables : « une paire de cullote de panne violette doublée de peau toute neuve estimée neuf livres  », « une culotte de berlinge avec une paire de souliers et leurs boucles estimées vingt sols  »
  • Du très beau bétail : quatre « beufs à labeur hors d'age » valorisés chacun à plus de soixante livres, des vaches bigarrées ancêtres de nos pie-noirs, à savoir une « gare-jaunne » et quatre « gare-noires ».
  • Des papiers conservés précieusement : les quittances annuelles de rentes payées depuis 1737 aux propriétaires successives du manoir Jacques du Bot, François-Louis de la Marche et sa veuve Marie-Anne de Botmeur), le « bail à ferme du manoir et métairie de Lesergué » de 1740, et des billets « papiers monoyes » contractés par les Gélin auprès du défunt (l'un d'entre eux se montant à quatre cents livres est « payé sur le champ » à la veuve le dernier jour de l'inventaire) ..

En savoir plus : « 1742 - Succession de Jean Floc'h métayer du manoir de Lezergué » et « Archives de Lezergué »

[modifier] 15 Bleu Kerdevot, couleur d'antan

« Un bleu particulier au catalogue des 20 couleurs de base d'une société spécialisée dans la confection de peintures à l'huile pour le patrimoine »

Issue du temps où les cathédrales arboraient leurs façades polychromes, l’architecture civile et religieuse a poursuivi pendant des siècles cette tradition de la peinture naturelle à l’huile de lin introduite par la Marine Française et du commerce dès le 17e siècle.

En effet, privés de la richesse des nuances innombrables d’aujourd’hui, les fabriques de chapelles rurales et les propriétaires d'immeubles urbains ou de gentilhommières n’avaient que peu de choix du fait de la rareté d’éléments naturels qui permettaient la réalisation de ces couleurs. Les armateurs se sont appropriés ce marché jusqu’au milieu du 19e siècle. Le vermillon, le noir de fumée, le bleu de Prusse, le jaune de Naples… ont ainsi sillonné les cinq océans.

À Kerdévot, où la légende dit que le retable est arrivé par mer, peut-on avancer que le bleu de ses boiseries est venu d'ailleurs ?

Interrogées sur les raisons de ce bleu dans leur catalogue, les Peintures Malouinières répondent : « À la demande des bâtiments de France nous avons fabriqué ce bleu retrouvé sur la porte de cette chapelle et elle a été appliquée sur deux ossuaires d'un même lieu. Nous devrions avoir les photos de la réalisation dès la fin du chantier, elles seront sur le site www.malouinieres.com très prochainement. En espérant avoir répondu à vos attentes ».

En savoir plus : « Le bleu Kerdevot, couleur des marines nationale et marchande d'autrefois »


Qu'on se le dise : le 6e concours de peinture organisé par l'APPEK (Association pour la Protection du Patrimoine et de l'Environnement de Kerdévot), cette année sur le thème du retour du retable flamand, a récompensé deux lauréates : Yolaine Rousset pour le prix du jury, et Cécile-Blanche Decourchelle pour le prix du public.

En savoir plus : « Un concours de peinture pour le retable de Kerdévot »


Pendant la restauration du retable en 2012-13, lors du démontage des pièces, l'atelier régional de restauration du patrimoine de Kerguehennec, a inventorié les marques apposées par les artisans flamands d'Anvers ou de Malines. Un panneau d'exposition réalisé par le service municipal d'Ergué-Gabéric en charge du patrimoine en présente une iconographie et les conclusions, notamment le repérage de 8 empreintes des célèbres mains d'Anvers.

En savoir plus : « Les marques de fabrique des ateliers flamands du 15e siècle sur le retable de Kerdévot »


Billet du 21.09.2013

[modifier] 16 Des cabanes et des penn-ti

(*) « Penn-ti, s.m. : littéralement "bout de maison", désignant les bâtisses, composées généralement d'une seule pièce, où s'entassaient avec leur famille les ouvriers agricoles et journaliers de Basse-Bretagne. Le penn-ty désigne par extension un journalier à qui un propriétaire loue, ou bien à qui un fermier sous-loue une petite maison et quelques terres. L'appellation est donc synonyme d'une origine très modeste ».

Billet du 15.09.2013
Billet du 15.09.2013

Au menu un dossier composé de 3 lettres au préfet, d'une pétition (110 signataires) et d'une liste de souscriptions (196 donateurs), et conservé aux Archives Départementales du Finistère, en série O. Nous publions également une lettre écrite à l'évêque, conservée aux Archives de l’Évêché de Quimper, qui mentionne la lettre-pétition au préfet.

La première lettre est écrite en 1840 par le maire René Laurent, à une époque où il croit encore au projet de déplacement du bourg sur les terres de Lestonan. Il en défend le confort des fontaines en vantant leurs eaux très potables et jamais taries. Pour appuyer sa démonstration il annonce précisément les débits à l'heure et à la journée : « seize litres par minute ou 23.040 litres par vingt quatre heures » et « par minute huit livres d'eau très potable ».

La seconde lettre écrite par son adjoint Hervé Lozac'h, tout en critiquant les détails du projet, déplore les violences et les « rixes »  : « si le projet seul dont il s'agit a soulevé tant de haines et de divisions parmi nous, jadis si unis et si paisibles, qu'arrivera-t-il lorsque la majorité des habitants verra porter la main sur tout ce qui est vénéré par elle depuis temps immémoriaux ».

Hervé Lozac'h et ses amis font éditer un tract contre le projet (cf article « 1840 - Un tract d'opposition au déplacement du Bourg Chef-lieu  »), et une pétition (cf texte transcrit ici) qu'il adresse au préfet. Au total 43 personnes signent la pétition et 67 forment une croix face à leur nom.

Du côté des partisans du projet, il y a une collecte de fonds qui est organisée pour supporter les frais du déplacement du bourg, et également 196 personnes signent la souscription (nous n'avons repéré aucun nom qui serait aussi parmi les pétitionnaires) avec le montant de leur paiement : en moyenne 50 francs, avec un record de 2000 francs pour Nicolas Le Marié, le patron des papeteries d'Odet-Lestonan.

Tout oppose les deux populations. Plus qu'un conflit ancestral de voisinage entre le bourg et le quartier de Lestonan, qu'on pourrait qualifier de « guerre des boutons », il s'avère que la scission avait des origines sociales, conformément à ce que nous révèle le texte central de la pétition : « Eh ! bien, Monsieur le Préfet, que l'on interroge consciencieusement un à un, ceux qui sont chefs d'exploitation, ceux qui paient l'impôt, c'est-à-dire les vrais cultivateurs et contribuables qui sont portés pour charrettes et attelages au rôle de prestation en nature, et l'on verra où se trouve loyalement le vœu de la majorité qui certainement ne peut ni ne doit être exprimé sincèrement par les habitants de ces nombreuses cabanes ou pentys (*), qui ne paient aucun impôt, n'ont aucune arrache au sol, ceux à qui l'on fait dire tout ce que l'on veut ».

Le projet social sera finalement abandonné.

En savoir plus : « 1842 - Lettres et pétition pour et contre la translation du Bourg »

[modifier] 17 Memorie di un Contadino

« La seconda guerra di indipendenza italiana o campagna d’Italia del 1859 secondo la terminologia francese è un episodio del Risorgimento »

La campagne ou guerre d'Italie de 1859, correspondant à la deuxième guerre d'indépendance italienne, voit s’affronter l’armée franco-piémontaise et celle de l’empire d'Autriche, le tout dans un contexte global de Rigorgimento (mouvement idéologique et politique italien qui, dans la première moitié du 19e siècle, renversa l'absolutisme et réalisa l'unité nationale).

La conclusion du conflit en 1860 permettra la réunion de la Lombardie au royaume de Piémont-Sardaigne et pose la base de la constitution du royaume d’Italie.

En fait la France et son empereur Napoléon III se devaient d’intervenir en faveur du Piémont, leur allié, car ce dernier avait prêté main forte à la coalition franco-britannique lors du conflit en Crimée contre les Russes.

Jean-Marie Déguignet a très bien raconté sa campagne d'Italie, ce dans les deux éditions de ses mémoires : en 1905 les premiers cahiers manuscrits publiés par Anatole Le Braz dans la Revue de Paris, et en 2001 un deuxième jeu des cahiers complètement réécrits. Ces récits de ces deux éditions se recoupent souvent, et se complètent aussi pour certains détails.

Ainsi on peut lire dans les deux textes, ainsi que sur la carte et dans le résumé daté de l'itinéraire :

  • A. L'entrée en guerre du 26e régiment d'Infanterie, en train et à pied depuis le fort d'Ivry jusqu'au port de Toulon.
  • B. L'arrivée en Italie à Livourne, et l'accueil chaleureux du peuple toscan.
  • C. L'arrivée à Florence en même temps que le prince « Plomb-Plomb », avec des échos de la bataille de Magenta.
  • D. La traversée de la montagne des Apennins, et le campement non loin du lieu de la bataille de Solferino.
  • E. Les quartiers d'hiver en garnison à Bergame, et médaille militaire de la campagne d'Italie.
  • F. Retour en France en passant par Suze et le Mont-Cenis.

Jean-Marie Déguignet se sent solidaire de ses alliés : « C'était un véritable délire patriotique et de liberté qui était au cœur de ces gens. Victor-Emmanuel venait d'adresser aux Toscans un chaleureux appel aux armes pour chasser de chez eux les étrangers, les Autrichiens, qui les spoliaient et les tyrannisaient de si longtemps. Il les conviait à la grande union de tous les peuples italiens ; il les invitait à unir leurs efforts aux soldats piémontais, et aux braves et invincibles soldats de la grande nation unie, la France, l'émancipatrice des peuples opprimés ».

En savoir plus : « La campagne pour l'indépendance italienne en 1859 par Jean-Marie Déguignet » et « DÉGUIGNET Jean-Marie - Memorie di un contadino » Billet du 08.09.2013


[modifier] 18 Chroniques estivales 2013

« Memorioù ar re gozh hag istor ar barrez an Erge-Vras, e bro c’hlazig, e Breizh-Izel » : Histoire et mémoires d’une commune de Basse-Bretagne.

La page de couverture du nouveau Kannadig est consacrée à la mise en valeur de certaines pièces méconnues de notre patrimoine, et qu'on pouvait visiter les dimanches des mois de juillet et août :

  • La chapelle de St-Guénolé, avec ses magnifiques sablières, qui mériteraient bien d’être restaurées comme l’ont été les 6 statues de ses saints protecteurs.
  • La chapelle de St-André, avec sa cloche unique de 1854 et son parrainage par le papetier Nicolas Le Marié.

Et bien entendu ce ne sont là que les deux premiers articles de ce bulletin.

Comme à l’accoutumée, les 26 pages rassemblent la diversité des articles publiés sur le site Internet depuis juin dernier :

  • Des sablières sculptées Renaissance
  • La cloche de St-André parrainée par Nicolas Le Marié
  • Une cité ouvrière d’un architecte du 20ème siècle
  • Les premiers occupants de Keranna-Odet
  • Souvenirs de 1912 au Maroc par Fanch Ster Kozh
  • La pétition de Mme Veuve Le Ster de Stang-Venn
  • Jacquette commerçante et buraliste au Bourg
  • Croquis et photo de deux calvaires mis à l’encan
  • Les ballades gabéricoises de Louis Le Guennec
  • La fontaine du salaisonnier de Coutilly
  • Abattage de l’ancienne rabine du Cleuyou
  • Cinq anciens moulins du quartier d’Odet
  • Marc-Antoine Baldini peintre à Kerdévot
  • Le cantique de l’Enfer d’Alain Dumoulin
  • Une carte communale au 1/10.000
Téléchargement et lecture en ligne du bulletin : « Kannadig n° 23 » Billet du 31.08.2013

Nota:
  • L'envoi à domicile des bulletins Kannadig par voie postale se fera dans les prochains jours.
  • Et annonçons aussi la sortie imminente à la mi-octobre prochain du nouveau livre d'histoire et de mémoires de notre ami Pierrick Chuto. Jusqu'à présent il avait consacré ses deux premiers ouvrages aux communes de Guengat et de Plonéis. Dans le 3e il nous propose une institution quimpéroise sous le titre « Les exposés de Creac'h-Euzen - Les enfants trouvés de l'hospice de Quimper au 19e siècle ». Allez vite réserver votre exemplaire sur le site Internet http://www.chuto.fr (réduction substantielle avant le 30 septembre).


[modifier] 19 Une cloche nommée Louise-Marie

« Dans le cadre de la découverte estivale du patrimoine gabéricois, la chapelle de St-André est ouverte dimanche 25 août 2013 de 14H30 à 18H15 ».

Allez voir cette petite chapelle rurale dont il faut préserver les richesses. Vous y verrez notamment une très belle cloche, finement ciselée, réalisée par un fondeur quimpérois, et parrainée par Nicolas Le Marié, fondateur papetier de la future société Bolloré.

L'instrument, daté de 1854 et réalisé par le fondeur Jean de Quimper, porte l'inscription : « LOUISE-MARIE. Parrain et marraine : Nicolas LE MARIE , Louise LE CORRE. Recteur : Monsieur PALUD. Trésorier : Michel FEUNTEUN. JEAN, Fondeur à Quimper. 1854 ».

Cette cloche d'airain est vraiment de très belle facture :

  • Le joug de bois et les anses sont toujours accrochés à son sommet, et moyennant un nouveau battant elle pourrait sonner de nouveau.
  • Les motifs ciselés sont d'une part une sainte aux bras écartés et en tunique ample, et d'autre part une croix forgée avec des motifs en cercles.
  • Les cerclages en bosse et les inscriptions de l'épigraphe sont pleinement marqués et lisibles.

Les personnes citées sur l'épigraphe sont :

  • Louise Le Corre, la marraine ; Laurent Palud, le recteur ; Michel Feunteun, le trésorier de la fabrique de St-André et futur maire ; Jean, le fondeur maître saintier de Quimper.
  • Et bien sûr Nicolas Le Marié, le fondateur de la papeterie voisine d'Odet. L'abbé André-Fouet disait de lui : « C'était un chef d'intelligence, un chrétien austère, un homme bon ». Théodore Botrel le glorifie aussi dans son poème de 1922 : « Chantez, d'abord, l'Ancêtre vénérable, Le fier Penn-Ti, cœur d'or et front d'airain ». Sa simplicité lui a fait choisir une petite chapelle rurale pour être le parrain de son unique cloche.

En savoir plus : « La cloche Louise-Marie de la chapelle de St-André parrainée par Nicolas Le Marié »


À la chapelle de St-André il y a aussi cet oculus en forme de quadriskell restauré l'année dernière. Sur GrandTerrier, nous avons complété cet été l'enquête sur les autres ornements de ce style dans les chapelles voisines ou plus éloignés, avec en prime le motif celtique sur un lit-clos ancestral du Musée Breton de Quimper.

En savoir plus : « Le quadriskell ou hevoud de la chapelle de St-André » Billet du 24.08.2013


[modifier] 20 Occupants de la cité de Keranna

« Mme Rannou étant veuve sera mutée en 1954 au foyer n° 1 du n° 72 Nord et remplacée par ma belle-mère veuve d'Henri Gourmelen ».

La cité d'ingénieurs et d'ouvriers de Keranna est constituée de 18 logements construits en 1917-18 par le papetier René Bolloré, avec l'aide de son ami l'architecte nantais René Ménard, ce type d'habitat étant généralement désigné par les architectes comme des « habitations individuelles regroupées en bandes », chaque bande étant une rangée de maisons mitoyennes, ici au nombre de 3 autour du U central.

Quand on a demandé à Henri Le Gars s'il se souvenait des premiers habitants des « bandes nord, est et sud », il a très vite pris son stylo et des feuilles de classeurs pour dresser la liste de ces familles, mais aussi de leurs successeurs jusqu'à nos jours.

Il nous a appris au passage que, lorsque les logements étaient gérées par la société Bolloré, on désignait chaque logement par le nom de famille des occupants et par la couleur des boiseries extérieures des portes et volets qui était différente d'une maison à l'autre. Ainsi sur la « bande nord » on avait successivement, d'ouest en est, les maisons rouge (Cartel, Castric), jaune (Provost-Le Gars), bleu (Bonjour-Le Grall), vert (Niger-Rannou), rouge (Gourmelen-Le Dé), rose (Le Page-Léonus).

Pour faciliter le travail d'Henri Le Gars nous lui avons proposé d'identifier les logements par leurs n° de parcelles au cadastre (cf plan d'ensemble). À la lecture de sa rétrospective retranscrite dans l'article, on note :

  • Au total 150 personnes (98 au nord, 50 à l'est, 96 au sud) ayant habité ces lieux entre 1917 et 1980 sont citées nommément, si l'on inclut les enfants mentionnés. Si les maisons étaient bien au nombre de 18, elles étaient en majorité découpées en deux parties, soit à gauche et droite d'un escalier, soit en bas au rez-de-chaussée et en haut au 1er étage, ce qui fait qu'au total 28 foyers familiaux y étaient hébergés.
  • Les noms de jeune fille des épouses sont importants car plusieurs foyers de Keranna étaient liés par des mariages. Les habitants pratiquaient la solidarité vis-à-vis des anciens, car il n'était pas rare que plusieurs générations soient obligées de cohabiter dans une partie de logement, souvent à l'étroit.
  • La plupart des occupants occupaient une place de direction, d'encadrement ou de confiance dans l'entreprise ; ils étaient directeurs, chefs électricien ou d'entretien, cadre administratif, chauffeur, cuisinière, sténo-traductrice, sage-femme ... Le mot « mutations » est utilisé pour désigner les mouvements d'un logement à l'autre, car elles étaient validées par le propriétaire de la cité, à savoir le patron de la papeterie Bolloré . . .

En savoir plus : « La généalogie de la cité de Keranna par Henri Le Gars »


Profitons pour signaler une annonce inédite de 1937 publiée par le boulanger du village d'à-côté, à savoir le vieux Fanch Ster, lequel y évoque des souvenirs de sa participation en 1912 à la « guerre oubliée » du Maroc où il est atteint de paludisme et de bronchite.

En savoir plus : « Souvenirs du Maroc de Fanch Ster Koz, boulanger à Stang-Venn, Ouest-Eclair 1937 »

Billet du 18.08.2013


[modifier] 21 Des sablières fantastiques

« La chapelle de St-Guénolé est ouverte les 3 premiers dimanches en juillet et août 2013 de 14H30 à 18H15, et donc les 11 et 18 août prochains ».

Allez rendre une visite à cette chapelle, aujourd'hui dimanche et/ou dimanche prochain. Vous y verrez le travail de rénovation effectué cette année sur les six statues, et redécouvrir les quatre magnifiques sablières de plus de 3 mètres chacune, avec au total 50 figures sculptées et peintes de profils animaliers et humains.

Les chanoines Paul Peyron et Jean-Marie Abgrall les décrivent ainsi : « Dans la partie est de la nef et des bas-cotés, sont des sablières sculptées avec beaucoup d'art, dans le genre de la Renaissance, présentant des animaux fantastiques agrémentées de feuillages et d'arabesques, puis des profils de soudards, lansquenets, mousquetaires et autres ».

Pour apprécier leur beauté il faut lever la tête, avoir de bons yeux ou un bon appareil photographique. Lorsqu'on en voit les détails, on remarque nettement la dégradation de certaines figures, le bois étant piqué ou même ébréché par endroits : une restauration s'imposerait.

En 1974 les boiseries et peintures ont déjà fait l'objet d'un entretien complet, sous le pinceau de l’Abbé Dilasser, membre de la Commission d’Art sacré. Un sculpteur local, Laouic Saliou, a aussi contribué à la rénovation de certaines pièces.

Néanmoins, la beauté de l'ensemble est aujourd'hui encore remarquable. Les animaux sont diaboliques, des corps de chiens allongés ou de dragons, ou alors des oiseaux aux ailes déployées. Comme dans une scène de l'enfer, certains monstres engloutissent dans leur gueule les bras d'hommes.

L'allure générale des humains fait penser à des soldats. Les chapeaux à plume de certains semblent indiquer des mousquetaires ou des lansquenets. D'autres personnages, aux bras nus, portent des toges amples. Côté sud, on note une sorte de tête d'ange triste avec un col bouffant. À l'intersection de chaque entrait ou poutre transversale de la nef, il y a un engoulant, une gueule dentée rouge de monstre qui avale la poutre. Aux extrémités où il n'y a pas de poutre, et sur les sablières des bas-côtés, une gueule ouverte proéminente est également présente.

De quand datent les sablières ? Du 16e siècle lors de la fondation de la chapelle ? De 1679 à l'occasion de la rénovation du lambris ainsi que l'indique l'inscription au plafond du bas-côté sud : « Faict par Laurens Balbous et Yvon Iaovhen 1679 » ? Ou alors bien plus tard, voire même au 19e siècle avec une inspiration de style Renaissance, lors de travaux ultérieurs ? Avec peut-être le soutien de l'évêque Charles Nouvel de la Flèche (1814-1887), surnommé « An Eskop du », qui fit apposer son blason « PAX » entre les sablières ?

En savoir plus : « Les sablières  » et « Les statues de la chapelle de Saint-Guénolé » (avec photos de 2007 et 2013)

Billet du 11.08.2013


[modifier] 22 Jacquette, buraliste au bourg

« Les bureaux de tabac sont aujourd'hui signalés par une carotte de tabac, un enseigne rouge allongée qui ressemble à une carotte. Cette forme a été choisie en référence au fait qu'autrefois, le tabac était vendu en petits rouleaux qui, comme des carottes, étaient râpés aux extrémités ».

Cette semaine un document présentant le fonds de commerce de Jacquette Porchet, modeste débitante de tabac, textiles et beurre au bourg d'Ergué-Gabéric, après son décès en 1766.

Cet inventaire unique faisant partie d'une liasse de 95 documents avait été repéré par les archivistes René-François Le Men et François-Marie Luzel dans leur « inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1789 », et relevé également par le mémorialiste Louis Le Guennec.

A la lecture du document, on constate effectivement que son fonds de commerce diversifié est intéressant à plus d'un titre :

  • Les différents conditionnements du tabac : en rouleau (« un rolle de tabac ou bougie ») ou en carotte, ou en poudre (tabac à priser). La carotte était un petit rouleau écorné à chaque bout.
La livre de tabac en poudre est conservée dans un « pot de terre de Locmaria », et pour peser la marchande de servait de « mesures de fer blanc pour le tabac ». L'acquéreur du gros rouleau est invité à « faire sa déclaration au bureau de tabac ». Par ailleurs on dénombre aussi « seize pippes ».
  • Les types de textiles. Les vêtements les plus courants sont les chemises et coiffes de chanvre, et les « jupes de berlinge », ce tissage de chanvre et de laine étant spécifique à la Cornouaille du 18e siècle. Le chanvre est vendu aussi sous forme d'écheveau.
On trouve des tabliers en « étoupe », lequel tissu n'était pas tissé, mais constitué de fibres grossières de chanvre. On dénombre également des tissus dépareillés dénommés « pillots », nom dérivé du mot breton « pilhoù » désignant les chiffons. Et aussi, pour garnir les lits clos ou « à clisses », des couettes et traversins.
  • La nourriture. L'épicerie n'est constituée que de beurre, de noix et d'eau de vie. Le beurre est conservé en pots ou en « écuellée ». Les noix stockées dans une « pannerez » sont au nombre de 200 environ.
  • Les ustensiles. Le « baillot » ou « baye » qui servait à conserver le lard ou faire la lessive (« faire buée ») est l'élément domestique le plus présent. On trouve aussi des « tasses de fayance », des « bassins d'airain », des écuelles, des « terreries », des chaudrons ...

En savoir plus : « 1766 - Scellés et vente des biens de Jacquette Le Porchet, marchande du bourg »

Billet du 03.08.2013


[modifier] 23 Gwerz an Ifern, cantique de l'enfer

« An ifern a zo ur plaç leun a devaligen, eleac’h ne veler jamaes ar biana sklerigen » (L’enfer est un endroit de ténèbres sans la moindre petite clarté).

Voici un célèbre cantique, figurant dans le Barzaz Breiz de Théodore de la Villemarqué, qui fut un des cantiques les plus populaires chantés dans les églises et chapelles bretonnes depuis des siècles, et dont les 24 strophes furent publiées en 1805 par Alain Dumoulin (1748-1811), recteur réfractaire à Ergué-Gabéric au moment de la Révolution.

Cette gwerz représente une version très primitive et imagée des tourments de l'enfer, destinée à effrayer les populations :

« Corf an dud-ze milliguet a vezo tourmantet
Gand ar serpantet cruel ha gant an drouc-speret ;
En tan e vezo ruillet o c'hic hac o eskern,
Evit ma teving creoc’h e fournes an Ifern
 »

(et leur peau de ces gens maudits sera tourmentée par des serpents cruels et l'esprit malin ; et leur chair et leurs os seront jetés au feu, pour alimenter la fournaise de l’enfer)

De la Villemarqué précise que son auteur serait un prédicateur connu : « On l’attribue tantôt au père Morin, qui vivait au quinzième siècle, tantôt au père Maunoir, qui vivait au dix-septième ; toutefois il ne se retrouve pas dans la collection imprimée des cantiques de ce dernier ».

Il mentionne une publication avant les écrits de Julien Maunoir sans préciser laquelle. Et il conclut : « la langue en est moins pure, l’allure moins franche, l’ensemble moins empreint de rudesse primitive. J’ai donc cru devoir suivre la version populaire ».

Par ailleurs, dans une étude historique sur les cantiques bretons, publiée en 1905 dans la revue Feiz ha Breiz, un missionnaire breton constate l'existence de la gwerz dans 2 recueils de 1712 et 1767 de Grégoire de Rostrenen et dans le « Hent ar barados » d'Alain Dumoulin, tout en attribuant la paternité d'origine au prêtre réfractaire.

Différentes de celle du Barzaz Breiz, les deux versions de Dumoulin et de Grégoire de Rostrenen commencent de façon presque identique par un « Diskennomp oll a speret en ifern da velet » ou « Diskennomp oll hor speret en ifern da velet » : Descendons tous en (votre) esprit dans l'enfer. À comparer aussi avec la pièce satirique de Jean-Marie Déguignet parue dans ses Mémoires de paysan bas-breton : « Diskenit ol d'an ifern canaillez da wuelet » (Descendez tous en enfer, canailles, un peu voir ...).

Emile Souvestre, dans l'édition de décembre 1834 de la Revue des deux mondes, a présenté des textes traduits en français du cantique, travail confirmant que la version du Barzaz Breiz n'en est qu'un extrait réduit et expurgé, et que les versions publiées par les prêtres étaient plus proches de sa réelle diffusion.

En savoir plus : « Gwers an ifern ou le cantique de l'enfer d'Alain Dumoulin » Billet du 27.07.2013


[modifier] 24 Une fontaine à l'abandon

« Si tu manques de calebasse, ne barre pas la route de la fontaine » (*), proverbe bamiléké-bafoussam, Cameroun.

En ce début 2013 les hauts arbres de la parcelle située derrière les Caves express au Rouillen ont été coupés sur requête de la société EDF pour la protection de ses lignes haute tension.

Cette opération a dégagé la vue sur la fontaine de Coutilly, laquelle est maintenant menacée d'être complètement envahie par les ronces.

Il s'agit une fontaine privée, située près d'un ancien moulin au confluent du Jet et de l'Odet, non loin du château du Cleuyou, et dépendant de l'ancienne propriété du salaisonnier Jean Gouiffès. Il est vraisemblable que le bâti de cette fontaine ait été monté dans les années 1930-50 par le propriétaire des lieux.

La partie haute est surmontée d'une pierre gravée en bosse, ressemblant à un blason ornementé d'un motif de boule ou boulet. Les pans du toit sont finement ornés de quatre fleurons de pierre ouvragée.

Jusqu'en avril de cette année, il y avait dans cette fontaine une statue en faïence d'une vierge à l'enfant, laquelle a été détruite par des jets de pierre d'enfants.

La parcelle étant non close et accessible à pied par le public, ne serait-il pas judicieux que le services des espaces verts de la commune proposent aux propriétaires actuels un entretien de l'entour de la fontaine, avant qu'elle ne disparaisse à jamais dans les broussailles ?

Ne mériterait-elle pas en 2013 d'être réhabilitée par le service du patrimoine gabéricois et protégée contre le vandalisme et l'envahissement des ronces ?

De plus la fontaine est à l'entrée de la commune sur la rive gauche de l'Odet dont les abords ont été nettoyés, et pourrait être un emblème patrimonial et touristique.

En savoir plus : « La fontaine de la propriété du moulin de Coutilly » Billet du 19.07.2013

Nous en profitons pour initier une fiche biographique de cet héritier de son père et grand-père, charcutiers au 4 avenue de la gare de Quimper, lequel créa au Coutilly en 1937 un établissement d'abattage industriel pour ses salaisons et charcuteries cuites : « Jean Gouiffès (1912-1996), charcutier-salaisonnier »

(*) signification du proverbe : ne pas pas empêcher aux autres de bénéficier d'une chose dont on ne pourrait pas profiter.


[modifier] 25 Un peintre italien à Kerdévot

« Che bella cosa e' na jurnata 'e sole, n'aria serena doppo na tempesta ! 'O sole mio, sta 'nfronte a te ! 'O sole, 'o sole mio », chanson napolitaine.

Marc Antoine Baldini, fils de Bartélémi Baldini et de Marie-Jeanne Simoni, est né en 1740 à Lucca, ville de Toscane, entre Bologne et Pise. Très tôt il fréquente les écoles de peinture de la ville et apprend le métier de doreur.

Comme l'explique Joseph Lozou dans son enquête sur le peintre publiée dans un article de « Lizher ar Poher » d'octobre 2004, il est obligé d’émigrer pour aller à l'étranger chercher de l’ouvrage, qu'il trouve facilement car les artistes Italiens sont fort appréciés.

Marc Antoine traverse l’Italie et toute la France pour arriver vers 1770, après un séjour dans le baillage de Thionville, dans une petite bourgade du centre Bretagne, Callac. Ces quatorze années de pérégrinations à travers le pays lui font atteindre la maîtrise dans sa nouvelle spécialité, peinture et dorure des statues des chapelles et églises.

Il travaille dans la région, où, comme il est indiqué sur son acte de mariage en 1776 : « depuis plusieurs années errant et exerçant son art sur les différentes paroisses du diocèse ». Son épouse est Anne-Louise-Mathurine Borny, fille de l'hotelier chez qui il loge à Callac à ses débuts.

Sous la Terreur, le 10 mars 1794, il obtint de la part de ma municipalité de Callac un certificat de civisme et d'hospitalité, une sorte de passeport européen : « A comparu Marc Antoine Baldini (né en la République de Luque, domicilié à Callac en cette municipalité âgé de cinquante deux ans, taille de cinq pieds, trois pouces et six lignes, cheveux, sourcils et barbe châtain commençant à griser, front haut, yeux gris, nez droit, bouche moyenne, une cicatrice à la lèvre supérieure côté droit, menton rond, visage ovale, le pouce de la main gauche amputé. Lequel déclare, qu’ayant quitté son pays natal, il y a habite depuis trente six ans le territoire français, où il a constamment vécu de son métier de peintre et des fruits de ses travaux ... Requérant être admis aux bienfaits de l’hospitalité ».

Le passage du peintre de mai à juillet 1776 à Ergué-Gabéric est mentionné dans les procès-verbaux du Corps politique de la paroisse. Il est payé pour ses prestations, à savoir la peinture faite sur une croix de mission et trois autels de la chapelle de Kerdévot.

La question : les autels visibles aujourd'hui à Kerdévot sont-ils de la main du peintre italien ?

En savoir plus : « Marc Antoine Baldini (1740-1818), peintre doreur italien à Kerdévot » et « LOHOU Joseph & GUEZENNEC Marie - Marc-Antoine Baldini peintre et doreur italien »

Billet du 14.07.2013


[modifier] 26 Au fil de l'eau de cinq moulins

« Idées sur idées, images sur images, mots sur mots, l'esprit fonctionne comme un moulin, où repasse sans être reconnu le grain déjà broyé », Paul Gadenne (1907-1956), La Plage de Scheveningen.

Il y a quelques mois, Pierre Faucher signait un cahier de l'association Arkae « Au fil de l'eau : rivières, ruisseau et moulins ». On peut y parcourir une rétrospective des 17 moulins à eau gabéricois, leur histoire particulière et des photos signées Gérard Calvar.

C'est l'occasion de faire un zoom sur le quartier d'Odet, et d'apporter quelques compléments : en 1822 quand démarre l'activité du moulin à papier d'Odet, on comptait dans les environs pas moins de 4 vieux moulins à eau pour la production de farine, dont trois d'entre sur la rive droite briécoise de l'Odet, mais tous liés au territoire gabéricois.

Ces moulins étaient, en partant de l'amont de la rivière d'Odet : le moulin de Coat-Piriou (rive gauche gabéricoise), ar Goz Veil (bief sur rive briécoise), le moulin de Gougastel (sur les terres de Briec), le vieux moulin à papier d'Odet (rive gauche à l'embouchure du Bigoudic), et enfin celui de Moguéric (côté Briec).

Quant au vieux moulin d'Odet, on ne le connaît que sous la dénomination de « ar veilh paper » (moulin à papier). En 1807, contrairement à celui de Coat-Piriou, il n'est pas recensé comme un moulin à farine.

Jusqu'à présent, la seule représentation iconographique de ce moulin était un croquis publié dans le « Livre d'or des papeteries René Bolloré ». La photo inédite ci-dessus, prise sans doute dans les années 1880-90, en est le modèle. Elle nous indique précisément l'emplacement du moulin à roue verticale, à savoir à l'embouchure du ruisseau Bigoudic dans l'Odet, à 200 mètres à l'arrière du manoir Bolloré.

En savoir plus : « Quatre moulins à farine et un moulin à papier du côté d'Odet », « FAUCHER Pierre - Au fil de l'eau : rivières, ruisseau et moulins »

Billet du 07.07.2013


[modifier] 27 Protestations vicinales d'antan

« Rabine, s.f. : allée de grands arbres plantés sur l'avenue d'une maison de noblesse et de quelque monastère », Dom Le Pelletier (1663-1733).

En novembre 1937, 35 habitants usagers du chemin de Stang-Venn ont apposé avec soin leurs noms sur un feuillet recto-verso, notamment les ouvriers papetiers (Youenn Briand, Istin, Harpe ...) et les commerçants (Mme Veuve le Ster, Herry Hervé, Le Corre Pierre).

Le pétitionnaires demandent au maire et au conseil municipal « de vouloir bien faire dégager le dit chemin, déjà bien étroit, des bois et ordures qui y stationnent à certains endroits gênant ainsi considérablement le passage des voitures ».

Le rapport de l'ingénieur subdivisionnaire nous apprend que la difficulté des travaux demandés se situent sur la fin du tracé, à savoir le virage et la côte qui monte vers Pennaneac'h, « une rampe variant de 10 à 15% d'une longueur de 200 mètres environ. son tracé est sinueux en particulier sur la fin du parcours où il présente une courbe de 15 mètres de rayon ». Il s'agit là, 20 ans avant, de la célèbre côte qui fera le succès de la course cycliste de la Vallée Blanche.

En savoir plus : « 1937 - Pétition pour la construction du chemin rural de Stang-Venn »

En mai 2013 pour ce qui concerne le chemin du Cleuyou, c'est presque une situation inverse, car après les travaux on ne peut que déplorer la disparition d'éléments du patrimoine communal, et non le contraire. En effet, bien que tous sains, les 22 derniers arbres formant la rabine du Cleuyou ont fait l'objet d'un abattage par les services de la voirie, ce qui prive la commune de témoins du passé, dont certains avaient été plantés il y a 160 ans en remplacement de leurs prédécesseurs. Le premier document d'archives connu mentionnant la rabine du Cleuyou date de 1562. Espérons simplement que les deux rangées d'arbres pourront être replantées prochainement pour une reconstitution de la rabine d'antan !

En savoir plus : « Une rabine de platanes centenaires au manoir de Cleuyou »

Billet du 29.06.2013


[modifier] 28 Les balades de Louis Le Guennec

« Rien de ses écrits n'est négligeable, ni indifférent. C'était un homme qui ne perdait pas de temps en banalités », Daniel Bernard, Alexis Le Bihan.

Cette semaine, nous exhumons un trésor d'une centaine de feuillets de notes manuscrites de Louis Le Guennec sur ses découvertes gabéricoises, dont nous savions l'existence, mais perdu les références.

Ces notes, coupures et croquis, conservés aux Archives Départementales du Finistère sous la cote 34 J 12, n'ont jamais été publiés in extenso, même si quelques passages ont servi à alimenter le chapitre Ergué-Gabéric de la publication posthume « Histoire de Quimper Corentin et son canton ».

Louis Le Guennec (1878-1935) a pris la succession en 1924 de Frédéric Le Guyader comme archiviste, puis comme conservateur de la bibliothèque de Quimper, où il consacre une bonne partie de son temps à l'écriture et à l'inventaire des chapelles, manoirs et châteaux bretons.

L'archiviste était un infatigable randonneur. Parfois accompagné de sa femme Renée, il parcourait à pied et en charaban tous les lieux-dit intéressants de la campagne quimpéroise, notamment celle d'Ergué-Gabéric. :

  • Chapelle d'Odet : « Au dehors, près d'un escalier, il y a un autre saint de pierre ... »
  • Lezergué : « Visité Lezergué le 20 mai 1920. L'entrée de la large avenue est signalés par 2 piliers de granit ... ».
  • Lezergué : « Visité Lezergué en octobre avec Renée. Le vestibule d'entrée est dallé ... ».
  • Pennarun : « Derrière la maison il y a un pavillon carré à toiture sommée d'un épi ... ».
  • Kerpensal : «  14 06 1925. Croix sur la route de Coray ».

La justesse de la plupart des observations a enrichi la connaissance des richesses patrimoniales et historiques de nombreuses communes finistériennes. Il laisse aussi des notes dont les contenus vont générer encore aujourd'hui de nouvelles recherches, comme celle-ci où il révèle la cache dans un talus du blason supposé de Guy Autret et de Blanche de Lohéac :

« Dans le talus d'un champ à droite de l'avenue de Lezergué, on a encastré une pierre de granit portant un écusson carré mi-parti coupé au 1 de 3 fasces ondées, qui est Autret - au 2 de 3 épées en bande, qui est Coatanezre - au 2 d'une mâcle, qui est Lohéac  ».

Avis aux amateurs de trésors archéologiques !

En savoir plus : « 1910-1935 Notes et coupures gabéricoises de Louis Le Guennec »

Billet du 23.06.2013


[modifier] 29 Architectures du 20e siècle

« Chaque maison est précédée d'un jardinet, et la linéarité du bâti n'est contrariée que par une série de lucarnes passantes », Bonnet-Le Couédic.

La photo ci-contre est un montage à partir de la couverture de l'ouvrage-référence « Architectures en Bretagne au XXe siècle » de Philippe Bonnet, historien diplômé de l'école nationale des chartes, et de Daniel Le Couédic, architecte DPLG et docteur d'État en histoire contemporaine. On y reconnait la cité de Keranna et le presbytère d'Ergué-Gabéric.

Ceci parce que, dans ce livre de 352 pages, deux architectes ayant œuvré sur ces édifices gabéricois y sont à l'honneur : René Ménard (1876-1958) et Roger Le Flanchec (1915-1986).

Pour le premier, la réalisation de la cité d'ingénieurs et ouvriers de la papeterie d'Odet est mentionnée page 134 avec l'appui d'une photo : « Réalisée de 1917 à 1919 par l'architecte nantais René Menard, elle se compose de trois corps de logis en granite comportant chacun six logements qui s'ordonnent en U autour d'une cour ouverte et arborée ». René Ménard a aussi mené la restauration du manoir d'Odet (1911), la chapelle St-René de la papeterie (1921) et le calvaire-monument aux morts du cimetière (1923).

Nous profitons de cette publication pour poster un article sur la cité de Keranna, en y incluant une galerie de photos, et une carte de cadastre avec numérotation des maisons afin de lancer une tentative d'identification des 18 premières familles qui les ont occupées. Nous comptons sur votre aide, car pour l'instant seules les maisons Castric et Le Gars ont été repérées.

Pour le second, Roger Le Flanchec, « le gentleman breton insoumis qui construisait des manoirs futuristes », les auteurs le considèrent comme un héros héritier de la vague Le Corbusier. La réalisation gabéricoise de Roger Le Flanchec, à savoir la restauration du presbytère, n'est pas mentionnée dans l'ouvrage, peut-être par méconnaissance, mais sans doute aussi du fait du nombre de ses autres créations.

En savoir plus : « BONNET Philippe & LE COUÉDIC Daniel - Architectures en Bretagne au 20e siècle », « Une cité d'ingénieurs et ouvriers du 20e siècle à Keranna-Odet », et « 1957-1961 - La restauration du presbytère par Roger Le Flanchec »

Billet du 15.06.2013


[modifier] 30 Une carte au 1/10000 en 1919

« L'avis de reconnaissance des chemins ruraux 1 à 26 a été publié dans la commune à son de caisse ou de trompe tant en la principale porte de l'Eglise qu'à celle de la Mairie », 28 février 1920.

Nous vous proposons cette semaine une carte communale réalisée par le géomètre-voyer Hervé Gouritin (1879-1925) aux fins de repérer les chemins ruraux de 1919 sur le territoire communal, travail commencé en 1914 (arch. municipales, boite 10/24).

Ce plan à main levée, conservé aux Archives Départementales du Finistère, est au 1/10000 comme indiqué sur le cartouche, car la dimension de la commune de 8,7 km x 6,3 km est reportée sur une grande feuille d'un mètre en largeur. Il est proposé sur GrandTerrier en navigation de type Google Maps.

Le plan est intéressant, car il positionne les 26 chemins ruraux de 1919 conformément au classement officiel qui les distingue des huit Chemins Vicinaux Ordinaires (C.V.O.) et les deux Chemins de Grande Circulation (C.G.C).

Les différences entre chemin d'exploitation (ou sentier), chemin rural ou chemin vicinal sont :

  • Les chemins d'exploitation et les sentiers appartiennent à des propriétaires privés et peuvent être interdits au public.
  • Les chemins ruraux, affectés à l’usage du public, font partie du domaine privé des communes, mais ne sont pas soumis à obligation d'entretien et pourraient éventuellement être vendus.
  • Les chemins vicinaux doivent être entretenus par la commune, font partie du domaine public et à ce titre sont inaliénables.­

Pour ce qui concerne la carte gabéricoise on peut noter les points suivants :

  • Le géomètre a traduit abusivement en français certains lieux-dits. On trouve par exemple de nombreux « croissants », au lieu de « kroas » (croix) ou « kroas-hent » (carrefour).
  • La carte représente la situation de 1919. Pour preuve on y voit, près de la papeterie d'Odet, la « cité Bolloré » près de Kerhuel vian, laquelle cité ouvrière a été bâtie en 1917-19.
  • Les ruisseaux sont bien indiqués avec souvent la flèche du sens du courant, et servent de points de repère pour le descriptif du chemin que le géomètre a reporté dans le tableau détaillé des 26 chemins classés et ses annexes.

En savoir plus : « Plan d'ensemble au 1/10000 de la commune et ses chemins ruraux en 1919 » et « Classement des chemins ruraux en 1914-19, Arch. municipales »

À comparer avec : « 1837 - Tableau des 90 chemins ruraux d'Ergué-Gabéric », « Carte d'Etat-Major au 1:40000 et en couleurs établie dans les années 1860 » (cette dernière est également désormais en grand format).

Billet du 09.06.2013


[modifier] 31 Calvaires déplacés et restaurés

« Comment on met à l'encan un calvaire. Qu'est devenu le calvaire, hors du cadre où il a été élevé et qui lui seyait si bien ? », L'Ouest-Eclair, 1925

Attachons-nous aujourd'hui à l'histoire respective de deux calvaires déplacés au siècle dernier, l'un au manoir d'Odet des Bolloré en 1925, l'autre sur la tombe familiale des Le Guay en 1942.

Pour le premier, nous venons de trouver et publier les coupures de presse de l'Ouest-Eclair qui ont relaté la vente aux enchères du majestueux calvaire de Notre-Dame de Coat-Quéau à l'industriel René Bolloré et son transport dans le parc du manoir d'Odet.

Les articles, au ton plutôt critique, reprennent aussi les arguments pour le transfert et la restauration du calvaire : « L'acheteur qui est un industriel Finistérien, a fait remonter le calvaire dans une propriété des environs de Quimper, le sauvant ainsi d'une ruine certaine et prochaine ».

Le journal publie aussi une photo (cf ci-contre) du calvaire dans son lieu d'origine.

Le deuxième calvaire est celui de Kerampensal (près du manoir du Cleuyou) qui fut déménagé au cimetière communal en 1942.

Nous avons découvert dernièrement les originaux de trois croquis de Louis Le Guennec (dont l'inédit ci-contre de 1925) qui présentent le calvaire avant son déplacement.

Et enfin signalons la réhabilitation récente du calvaire de Kroas-Spern par les services municipaux : le calvaire aux épines est désormais bien en valeur au centre d'un paysager verdoyant.

En savoir plus : « Le calvaire du manoir d'Odet », « Le calvaire de Kerampensal » et « Le calvaire de Kroas-Spern »

Billet du 02.06.2013


[modifier] 32 Armoiries d'un chanoine du 16e

« Dignitaire ecclésiastique, membre d'un chapitre. "Mener une vie de chanoine" : mener une vie douce et tranquille, "Gras comme un chanoine" ... »

Depuis le lessivage de la façade sud du presbytère en 2008, la pierre gravée en bosse sur un linteau de porte, ornée d'un magnifique blason aux trois chevrons, nous a tous intrigués.

Aucun mémorialiste n'avait signalé la présence de ce bel ouvrage, ni transmis des informations sur son origine. Nous avions cherché de notre côté et émis l'hypothèse qu'il aurait pu représenter les armes d'une famille noble d'Elliant.

Mais cette piste n'était pas la bonne : il semble bien attesté que les chevrons étaient la marque de Jean Percevaux, recteur d'Ergué-Gabéric jusqu'en 1568 et d'une antique famille de la seigneurie de Mezarnou en Plouneventer.

Le père du recteur était Yvon Parcevaux, seigneur de Mesarnou et sénéchal de Léon, celui-là même qui reçut en 1518 le roi François Ier et la reine Claude, fille d'Anne de Bretagne, en voyage officiel dans le duché qui allait bientôt être annexé à la France.

Selon Guy Autret de Missirien et de Lezergué, notre recteur fut chanoine de Léon et de Cornouaille, conseiller au présidial de Quimper et enfin grand vicaire de Léon. À cette époque le titre honorifique de chanoine et le droit d’en porter les insignes allait de pair avec une extraction noble.

Le blasonnement des Parcevaux était rigoureusement celui représenté au presbytère, les couleurs en plus : « d’argent à trois chevrons d’azur cantonnés d’une étoile de gueules à dextre.

En savoir plus : « Le blason à trois chevrons des Parcevaux au presbytère » et « Jean Parcevaux, chanoine et recteur (1568)  »

Billet du 25.05.2013


[modifier] 33 Abeilles bretonnes de Jean-Marie

« J'y bâtirai une maisonnette, seul et à ma façon, les pierres et le bois n'y manquant pas, puis j’établirai un rucher couvert pour y mettre en rangs superposés, une centaine de ruches »

Un magnifique ouvrage a été publié récemment aux éditions Coop Breizh : « Abeille et miel en Bretagne ». Gérard Allé nous y raconte les menaces écologiques qui planent sur nos chères abeilles, mais aussi l'histoire et les spécificités de l'apiculture en Bretagne, le tout illustré de magnifiques photos prises par Jean-Louis Le Moigne.

Dans ce livre, au chapitre « Histoire du rucher breton », les écrits apicoles de Jean-Marie Déguignet sont à l'honneur pour la description des pratiques et des superstitions au 19e siècle. Une page entière reprend des extraits des écrits du paysan bas-breton.

Cela nous a incité à relire, rassembler, annoter les pages de Jean-Marie Déguignet consacrées à l'apiculture et à son projet d'élevage d'abeilles dans le vallon sauvage de Stang-Odet.

On a refait aussi l'histoire de son traité écrit en breton, soumis à un concours organisé par François Vallée, directeur de la revue « Kroaz ar Vretoned ».

Assurément, pour Déguignet, le monde des abeilles représentait le monde idéal, à l'opposé de l'humain : « Car il n'y a pas au monde aucune société de bipèdes ou quadrupèdes travaillant et se gouvernant comme les abeilles. Là tout le monde travaille dans un accord parfait. Chacun pour tous et tous pour chacun. Il n'y a ni fainéants, ni parasites, ni tyrans, ni despotes, ni fripons, ni charlatans parlementaires ou sermontaires ».

Et quand il décrit ce monde, plus loin en page 331 de ses Mémoires, on croirait lire la version apicole d'un roman de Bernard Werber.

En savoir plus : « ALLE Gérard & LE MOIGNE Jean-Louis - Abeille et miel en Bretagne » et « Sevel ar gwenan, l'apiculture bretonne ou la passion des abeilles de J-M. Déguignet »

Billet du 20.05.2013


[modifier] 34 Chroniques printanières 2013

« Memorioù ar re gozh hag istor ar barrez an Erge-Vras, e bro c’hlazig, e Breizh-Izel » : Histoire et mémoires d’une commune de Basse-Bretagne.

Edito du bulletin : « 100 ans en jaune et noir, fête des 18-19 mai 2013. Le grand jour est enfin arrivé : un Centenaire de bons et loyaux services pour l'association sportive des Paotred Dispount. Ne ratez pas l’exposition de photos et la brochure rétrospective, une vraie cure de souvenirs et de mémoires des anciens ».

C’est l’occasion pour nous d’introduire trois sujets « Dispount » : la photo de la clique des années 1930 descendant la rue Elie Fréron à Quimper, la traduction du roman « Trec’h ar garantez », l’histoire chrétienne d’un footballeur et enfin la sortie en 1945 d’une épinglette ornée d’un coq à la crête rouge.

Sinon, comme à l’accoutumée, les 26 pages rassemblent les différents articles publiés sur le site Internet depuis janvier dernier :

  • Biographical Memoirs of the Bishop of Leon
  • Les quadriskells de St-André et de Kerdévot
  • Stang-Jet, faille sud-armoricaine il y a 300 MA
  • L’histoire du Manoir du Cleuyou en version française
  • Affrontements de conservateurs et de républicains
  • Le territoire communal scindé en deux en 2013
  • Le Rentier de la Seigneurie de Kerjestin
  • Les kolkhozes du domaine de la Légion d’honneur
  • Le recteur Alain Dumoulin, chercheur en breton
  • Mouvances de Mélennec et de Bossuzic
  • La première déclaration de la Société Bolloré
  • Le retour du Retable de Kerdévot
  • Recherche des Enfants sans famille

Téléchargement et lecture en ligne du bulletin : « Kannadig n° 22 »

Billet du 12.05.2013

Nota:

  • L'envoi à domicile des bulletins par voie postale se fera dans les prochains jours.
  • Programme des réjouissances du week-end du centenaire des Paotred-Dispount : Samedi 18, messe à 10:30 à la chapelle de Keranna, cérémonie officielle à 11:30 au stade de Keranna (descente du fanion des cent ans en parachute, lâcher de ballons et de pigeons), exposition photo et brochure-cd à 12:30 à la salle de patronage, plaque souvenir à 13h, matchs inter-générationnels de 15 à 19h, repas en soirée sous le chapiteau sur le parking de Keranna. Dimanche 19, fête et vide-greniers en matinée à Lestonan, animation par le bagad Sonerien Leston', kermesse à l'ancienne avec grande roue l'après-midi, parade de bolides anciens du Tour de Bretagne à partir de 18h, repas dansant en soirée sous chapiteau.


[modifier] 35 Deux symboliques celtiques

« Côté restauration, la municipalité va budgéter 4.000 euros pour la restauration de l'oculus orné d'une spirale à 4 lobes », Le Télégramme, 5.3.2012.

La municipalité d'Ergué-Gabéric a effectivement fait remonter le quadriskell de pierre de la chapelle St-André et ses vitraux incrustés.

On peut désormais admirer, en plein milieu du mur nord de la chapelle, d'un diamètre d'environ 80 centimètres, l’œil de bœuf restauré de St-André, formé d'un motif représentant deux spirales entrecroisées et en mouvement dextrogyre (la figure tourne dans le sens des aiguilles d'une montre). Un grillage a été tendu à l'extérieur pour empêcher les détériorations par les oiseaux ou les chauves-souris.

En novembre 2010, nous avions publié un article sur le quadriskell de St-André en signalant l'originalité de la symbolique celtique. Mais il avait été complètement omis de signaler que cette figure à quatre branches était également présente sur la chapelle voisine de Kerdévot.

En fait ce type d'ornement passe inaperçu car il est généralement décrit dans les monographies comme une rosace. Or une rosace est figure symétrique, formée de courbes inscrites dans un cercle à partir d'un point ou bouton central, ayant plus ou moins la forme d'une rose ou d'une étoile stylisée. Sur le chevet de Kerdévot, au-dessus de la maîtresse-vitre, la forme n'est pas composée de cercles, mais bien d'amorces de spirales.

Quelles sont les différences entre les deux quadriskells ? D'où vient ce symbole proche du triskell ? Où trouve-t-on en Bretagne des ornementations similaires ?

En savoir plus : « Le quadriskell du chevet de la chapelle de Kerdévot » et « Le quadriskell ou hevoud de la chapelle de St-André »

Billet du 04.05.2013

Nota : le bulletin Kannadig n° 22 de mai 2013 est presque prêt, et sera diffusé dans la quinzaine. Qu'on se le dise !


[modifier] 36 Conservateurs contre républicains

« Puisse la belle et brave commune d'Ergué-Gabéric lui trouver un digne successeur ! et cela dans son intérêt comme dans celui de la Patrie et de la Religion », L'impartial du Finistère, décès de Jean Mahé, maire.

Billet du 27.04.2013
Billet du 27.04.2013

L'article de « l'Impartial du Finistère », journal catholique anti-républicain, daté du 26 août 1882, après plus de 10 ans de troisième république, nous en apprend beaucoup sur les relations tendues entre les préfets et les maires conservateurs de communes rurales.

A Ergué-Gabéric le maire décédé 4 jours auparavant, Jean Mahé, agriculteur du village de Kerdévot, y est décrit comme ne se laissant pas marcher sur les pieds, même lorsqu'il est convoqué par le préfet, le comte Léon-Paul Lagrange de Langre.

Ce dernier pensa qu'il pouvait user de son autorité : « Le haut fonctionnaire se méprenant sur l'attitude déférente de son subordonné en "jupen" (chupenn), s'imagina qu'il n'avait plus de mesure à garder ».

Face à la critique de trop favoriser les empiètement cléricaux dans ses affaires communales, le maire rétorqua : « - Oh ! Monsieur le préfet, vous pouvez être tranquille, je ne me laisserai pas plus mener par mon curé que par vous ».

Dans cet article le journaliste cite également le salaire du représentant du gouvernement républicain, à savoir 30.000 francs par an, ce montant ne pouvant que choquer les agriculteurs, journaliers et ouvriers de la commune d'Ergué-Gabéric.

D'après vous, combien était payé cette année-là un ouvrier des papeteries Bolloré ? L'écart de salaires était-il de 15 ou de 45 ?

En savoir plus : « Éloge funèbre pour le maire Jean Mahé, l'Impartial du Finistère 1882 »

Suite aux décès de Jean Mahé et d'un autre conseiller et l'organisation d'élections municipales partielles, l'édition du 27 septembre du journal « Le Finistère, journal républicain anti-catholique, appelle à un sursaut de lucidité des électeurs.

On y apprend qu'un tract en breton a été récemment distribué par les candidats conservateurs pour la défense des libertés religieuses : « une circulaire, écrite en breton, où les violences de langage et l'audace des affirmations trahit la collaboration des anciens rédacteurs du "Feiz a bréis"  ».

Le journaliste du Finistère est confiant quant au scrutin : « Tout le monde comprend à Ergué-Gabéric que deux républicains ne seront pas de trop dans le conseil pour contrôler un peu cette administration réactionnaire tant vantée, qui n'a même pas su tenir les registres de l'état-civil ».

Les deux conseillers républicains, Jean-Louis Le Roux et Louis Guyader, seront élus, mais la majorité du conseil restera conservatrice. Hervé Le Roux de Mélennec sera élu maire, et réélu jusqu'en 1906.

En savoir plus : « Appel républicain pour les élections municipales partielles, Le Finistère 1882 »


[modifier] 37 Le retable de Kerdévot en peinture

« Les peintures ou dessins soumis représenteront ou évoqueront le retable, ses ors, ses scènes et personnages, mais les artistes pourront aussi s’inspirer de son histoire ou de la légende qui l'entoure. »

Billet du 20.04.2013
Billet du 20.04.2013

Ça y est, il est revenu en son pays de dévotion, le fameux retable de Kerdévot, en ce mois de mars 2013.

Depuis le 24 novembre 2010, il était à l'Atelier régional de restauration du patrimoine à Kerguéhennec, dans le Morbihan, pour retrouver une seconde jeunesse.

Et quand, l'APPEK (« Association pour la Protection du Patrimoine et de l'Environnement de Kerdévot ») a choisi son thème pour son 6e concours annuel de peinture, elle a pensé tout naturellement à ce joyau restauré. Les artistes auront à traiter un sujet riche en histoire et en symbolique et donc beaucoup de liberté dans leur choix.

Le concours est ouvert à tous sans restriction d’âge ou de résidence. La participation est gratuite. Dépôt des œuvres : mercredi 14 août 2013 de 17h à 20h. Exposition et vote du public : mercredi 21 août de 17h à 20h. Remise des prix du public et du jury : mercredi 28 août.

Le retable sera visible les jours d’ouverture au public de la chapelle :

  • En juin : le dimanche 9 inauguration officielle, et ensuite à partir du 16 juin, chaque dimanche de 14h30 à 18h30
  • Du 1er juillet au 31 août : du mardi au dimanche 14h30-18h30 sauf le mercredi jusqu’à 20h.

En savoir plus : « Un concours de peinture pour le retable de Kerdévot » et « Espace Chapelle de Kerdévot »

À la faveur du retour du chef-d’œuvre, nous publions deux articles datés de 1989, écrits par des spécialistes qui ont cherché les marques des ateliers du duché du Brabant qui l'ont produit.

Le premier, Daniel Russo, dans une brochure du musée départemental breton de Quimper, se range derrière l'origine anversoise qui avait été avancée par le chanoine Abgrall  : « Datable, sans doute, du premier tiers du XVIeme siècle, le retable de Kerdévot provient d'un de ces ateliers Ansersois si productifs en ce genre ».

Gildas Durand, dans son article sur la statuaire de Kerdévot dans le livre du cinquième centenaire, défend une toute autre position : « Le retable de Kerdévot n'est pas une œuvre exclusivement anversoise, et du XVIe siècle comme on l'a souvent dit, mais un travail mixte de la fin du siècle précédent. Ce sont les statuettes supportées par les colonnettes de la partie inférieure et frontale de la caisse qui signent l'origine malinoise de la structure. La technique de construction des sols des scènes inférieures à Kerdévot, confirme aussi l'origine malinoise de la caisse ».

En savoir plus : « MUSÉE BRETON (Quimper) - Relations Bretagne-Flandres aux 14-16 siècles » et « DURAND Gildas - La statuaire à Kerdévot »

[modifier] 38 Le Cleuyou en version française

« L'histoire c'est "conter des histoires". Mais ce sont surtout les pierres qui content des histoires, toutes les pierres que l’on peut trouver sur le domaine ainsi que celles des différentes parties du bâtiment qui existent encore »

Billet du 13.04.2013
Billet du 13.04.2013

La traduction française de l'ouvrage publié en 2011 en langue allemande par Ursula Bertram et Werner Preißing était attendue.

Pierre Pion, professeur d'allemand en retraite du côté de Strasbourg, féru d'histoire de sa région et amoureux du Finistère, s'est attelé à cette tâche. C'est en tant que membre de la Société Archéologique du Finistère, lors d'une visite programmée au manoir du Cleuyou le 13 mai 2012, qu'il avait découvert le manoir et proposé ses services à Werner Preißing, propriétaire et restaurateur du château.

Le livre nous présente un bâtiment qui a connu de nombreuses transformations et restaurations, et qui a été le témoin de l'histoire du pays bas-breton, sur le territoire actuel de la commune d'Ergué-Gabéric, à proximité de la ville de Quimper.

Une monographie riche de descriptions archéologiques et architecturales, de croquis et de plans, de photographies, de documents d’archives et cartographiques, d’histoires et de souvenirs.

Commander et se faire livrer depuis Internet, par ex sur Amazon :

Image:Right2.gifhttp://www.amazon.fr/gp/product/3938408103

En savoir plus : « Le Manoir du Cleuyou, l'histoire d'un bâtiment » et « Die Geschichte eines Bauwerkes »

Dans le même esprit, à savoir le plaisir de découvrir et partager les richesses du passé local, nous continuons sur GrandTerrier à enrichir les Archives du Cleuyou. Pour preuves ces ajouts récents :

Image:Right2.gifUn dossier sur l'aliénation en 1682 du temporel de l'Eveché d'un pré dit Ponteven ou Pont-Denis aux frères Le Gubaer du Cluziou.

Image:Right2.gifLa biographie des femmes négociantes qui firent l'acquisition du domaine en 1795 : les citoyennes Merpaut et La Fage-Mellez.

Image:Right2.gifUn article en 1890 sur une fête patriotique lancée sur ses terres par Albert Le Guay, propriétaire du manoir du Cleuyou : « Les organisateurs de cette fête méritent d'autant plus des encouragements, que la municipalité réactionnaire d'Ergué-Gabéric ne fait absolument rien pour attirer chez elle les étrangers, soit par des réjouissances publiques ou dans des assemblées, à la suite desquelles les commerçants et la commune y trouvent toujours profit ».

En savoir plus : « Archives du Cleuyou / Cleuziou »


[modifier] 39 Ergué il y a 300 millions d'années

Contrairement au billet de la semaine dernière, celui-ci n'est pas un poisson d'avril, bien que le titre semblerait évoquer des histoires de dynosaures !

Billet du 07.04.2013
Billet du 07.04.2013

Il y a 400 millions d'années (MA) les chaînes du massif armoricain se sont créées, plissées et métamorphisés lors des cycles géologiques cadomien et hercynien.

Vers 300 MA, pendant l’orogenèse hercynienne, un accident tectonique eut lieu en région ouest-européenne, formant le relief sud-armoricain et créant une série de failles de la pointe du Raz à la région de la Loire. Ces failles sont nommées « zone broyée sud-armoricaine » ou « cisaillement sud-armoricain », les pierres étant broyées par les heurts et déplacements des plaques Ibérique au nord et Armorique au sud (la première coulissant vers l'est et la seconde vers l'Ouest).

Le Cisaillement Sud-Armoricain constitue un “Y” horizontal dont la base démarre au Raz de Sein et dont une branche s’étend vers l’ouest en direction d’Angers et une autre vers le sud-ouest en direction de Nantes.

D'un point de vue géologique la Zone Broyée Sud Armoricaine (ZBSA) se manifeste essentiellement par des roches magmatiques de type granite. L'affaissement central de la zone a souvent favorisé l'écoulement de rivières, formant des vallées étroites à certains endroits (« stangs » en breton de Cornouaille).

La vallée du Jet constituant les bord sud d'Ergué-Gabéric est l'une de ces « stangs » sud-armoricaines : « Le Jet est une rivière bretonne ayant sa source au sud du bourg de Coray. Il coule d'abord vers le sud-ouest puis vers le sud, mais quelques kilomètres au delà du bourg d'Elliant il tourne subitement vers l'ouest pour suivre une faille géologique vieille de 300 millions d'années orientée ESE-ONO qui traverse le massif armoricain depuis la pointe du Raz jusqu'à Nantes (cisaillement sud armoricain). Son étroite vallée, encaissée d'une cinquantaine de mètres, sert alors de cadre à la ligne de chemin de fer de Nantes à Quimper sur 11 km ».

En savoir plus : « Zone broyée et faille sud-armoricaine du Jet il y a plus de 300 millions d'années » et « GARREAU Jacques - Les reliefs en creux de la zone broyée sud-armoricaine »


[modifier] 40 Une commune scindée en deux

Art. 2 - La section située au nord de la route départementale D15 sera extraite de la commune d'Ergué-Gabéric et prendra le nom d'Ergué-sur-Odet.

Billet du 01.04.2013
Billet du 01.04.2013

Le 30 mars 2013 la CNALC a rendu un avis positif sur la mise en application du fractionnement de la commune d'Ergué-Gabéric et a publié le texte du décret préfectoral à insérer dans le Journal Officiel de ce jour :

  • « Art. 1er - Afin de rectifier et actualiser une décision municipale de 1840 qui fut empêchée, mais non annulée légalement, le ministère de l'Intérieur et les représentants de l’État autorisent la division du territoire communal d'Ergué-Gabéric comme il s'ensuit. ».

Pendant l'enquête « de commodo et incommodo » plusieurs noms avaient été évoqués pour désigner les deux nouvelles communes :

  • « Ergué-sur-Odet » est retenu, devant Ergué-Nord, Ergué-Leston', Ergué-ty-Ru, Ergué-Dispount ...
  • « Ergué-Kerdévot » est adopté, et non pas Ergué-du-Sud, Ergué-sur-Jet, Ergué-Payot ...

Le maire actuel d'Ergué-Gabéric a déjà exprimé son désaccord profond sur cette décision préfectorale qui va bouleverser les élections municipales de mars 2014 : « Pourquoi s'être cassé la tête à essayer de réparer toutes les routes communales, si c'est pour perdre les voix des électeurs de son quartier parce qu'on aurait favorisé une autre commune. Je vais déposer un recours auprès du Conseil Constitutionnel ! ».

Un commerçant du centre de la commune a exprimé son désarroi : « Je viens d'enregistrer un projet d'activité de velibs électriques en face de mon café-commerce de Pen-Carn le long de la route de Coray. On me dit maintenant que, comme les commerces ne seront plus sur une même commune, je devrai payer le double d'impôts. C'est pas normal : je ne vais quand même pas faire déplacer l'usine de batteries qui doit m'approvisionner ! ».

En savoir plus : « 2013 - Le décret de fractionnement de la commune d'Ergué-Gabéric » (texte intégral, réactions des habitants ...)


[modifier] 41 Rentier de la seigneurie de Kerjestin

Nous poursuivons l'histoire du domaine de Kerjestin, entamée la semaine dernière par l'évocation de son rattachement en 1812 à la Légion d'Honneur.

Billet du 24.03.2013
Billet du 24.03.2013

Le manoir de Kerjestin ou Keristin était, dès le 15e siècle, le siège d'une terre noble. En 1426, lors de la Réformation des fouages, le lieu fut exempté de l'impôt normalement dû par les roturiers : « Manoir de Kerjestin. Yvon le Crom, métayer à Yvon du Faou, exempt ». Cette famille du Fou, seigneurs de Rustéphan en Nizon, avaient leur blason sur la maîtresse-vitre de la chapelle de Kerdévot. Avec le décès de Jean du Fou, en juin 1492, le domaine de Kerjestin passa dans les mains de sa fille Renée. Cette dernière s’était mariée la même année à Louis de Rohan, seigneur de Guéméné, et transféra le bien à la famille de Rohan-Guéméné.

Le présent document est l'imposant rôle rentier de 1758 des terres et villages de l'ancien fief de Kerjestin, le tout sur 23 pages grand format (45 x 30cm) pour la période de 1758 à 1778 et sur 20 pages pour les rentes versées entre 1779 à 1791, ce pour huit lieux-dits gabéricois (Kerjestin, Quenecdaniel, Querriou, Kermoysan, Keranroué, Kerdevot, Kerveguen, Lesouanach) et trois de la commune de St-Evarzec (Kermorvan, Kervihan, Keridran).

La page de couverture mentionne la « Seigneurie de Kerjestin » et le patronyme de ses détenteurs historiques « Rohan-Guéméné », mais précise par contre que le bénéficiaire des rentes est Maitre Charpentier, notaire royal à Quimper. En effet, en cette seconde moitié du 18e siècle, les villages déclarés avaient tous intégrer le domaine royal, comme le confirme le sommier du domaine de Quimper de 1782.

Quant aux détenteurs des lieux, tenus à payer annuellement leurs rentes au représentant du Roy, on remarquera les premiers d'entre eux, les propriétaires des deux tenues du « manoir de Kerjestin », à savoir Jean Gourmelen, et sa femme Françoise le Diguenet qui n'est autre que l'arrière-grande tante du mémorialiste Jean-Marie-Déguignet. Décédé en 1779, c'est son fils, Jean Gourmelen également, qui prend le relais jusqu'en 1791 et qui rachète en 1807 le village en tant que bien national transféré temporairement à la Légion d'honneur.

En savoir plus : « 1758-1791 - Rentier de la Seigneurie de Kerjestin des Rohan-Guéméné », « 1782 - Sommier des possessions gabéricoises sous le domaine royal de Quimper »


[modifier] 42 Kolkhozes Napoléoniens en 1802-07

« Un ordre qui soit le signe de la vertu, de l'honneur, de l'héroïsme, une distinction qui serve à la fois à la bravoure militaire et au mérite civil », NP.

Billet du 17.03.2013
Billet du 17.03.2013

Quel est le rapport entre l'Ordre de la Légion d'Honneur et les kolkhozes bolchéviques ? Comment cinq villages voisins - Kergestin, Kermoisan, Quenec'h-Deniel, Keranroué et Lezouanac'h - , situés à l'est de notre commune (en bordure du quartier dit de « La Russie »), ont pu être réquisitionnés ?

En réalité, ces villages ont la particularité de faire partie, avant la Révolution, du domaine royal, et d'intégrer en 1802 le domaine agricole de la Légion d'Honneur créé par Napoléon Bonaparte. On en a la confirmation dans les documents de sortie de ce domaine en 1807 :

Image:Right2.gif« la dite tenue numéro x du sommier de la légion d'honneur ».

Image:Right2.gif« le fond appartenant à la légion d'honneur et provenant de l'ancien domaine ».

Image:Right2.gif« le (bien) provenant de l'ancien domaine de la couronne ».

Cela veut dire que pendant 5 ans, de 1802 à 1807, les détenteurs-exploitants des lieux devaient payer une rente à l'Ordre de la Légion d'Honneur représenté par sa cohorte n° 13 qui couvrait l'Ouest de la France depuis la ville de Craon.

Les revenus, en céréales (froment, seigle, avoine) et en argent, que versaient les « fermes d’État » servaient à entretenir les hospices, les écoles de jeunes filles de la Légion d'Honneur et à payer les pensions des décorés. La Légion d'Honneur possédait 10 millions de bien-fonds répartis dans toute la France et les cohortes introduisaient dans leurs vastes domaines des expérimentations de nouvelles semences, de races croisées, de création de distilleries ...

Sur le plan économique, l'Empereur va subir avec ces cohortes la même expérience que réaliseront un siècle plus tard les pays se réclamant du socialisme. L'expérience kolkhozienne de l'Empereur sera un échec comme celle des maîtres futurs de l'U.R.S.S. L'Empereur n'étant pas doctrinaire, mais pragmatique, supprimera les cohortes et leurs domaines dès qu'elles se révéleront inefficaces et ruineuses, ce entre 1807 et 1809.

Il doit renoncer à une idée qui lui est chère au profit d'une utilisation plus pratique des terres domaniales, et également, comme à Ergué-Gabéric, en vendant certaines fermes à leurs exploitants au titre des Biens Nationaux.

En savoir plus : « 1807 - Ventes de convenants à Kerjestin », « 1807 - Vente d'un convenant à Kermoisan », « 1807 - Ventes de tenues à Keranroué », « 1807 - Vente de prairies à Lezouanac'h », « 1807 - Ventes de tenues à Quenech Deniel »

Nota : la semaine prochaine, nous retrouverons les même villages, quelques décennies auparavant, au sein du « domaine de la couronne » après avoir été dans le fief de la famille du Fou, puis des Rohan-Guéméné. Nous publierons notamment le très beau « rentier de la seigneurie de Kerjestin » de 1758.


[modifier] 43 Alan Dumoulin, furcher e brezhoneg

« Eus Plougernevel e voa kaset da person da Erge-Vras (1781-91). Tremen a reas amzer an Dispac'h-bras er Vohemia ».

Éloge du Royaume de Bohême dédié à la Nation Bohémienne
Éloge du Royaume de Bohême dédié à la Nation Bohémienne

L'émigré Alain Dumoulin, recteur d'Ergué-Gabéric entre 1781 et 1791, composa une grammaire bretonne en latin et le recueil de cantiques « Hent ar Baradoz ». Il méritait bien un hommage dans la langue qu'il affectionnait.

Nous avons découvert cet article en breton « Alan Dumoulin (1748-1811) » dans la revue Arvor, signé « L. Lok. », à savoir le docteur et mémorialiste Louis Dujardin, alias Loeiz Lokourman, qui y tenait une chronique intitulée « Ar Furcher Brezhonek » (chercheur en breton) .

L'étude de Louis Dujardin exploite notamment :

Image:Right2.gifL'article consacré au prêtre-écrivain par Prosper Levot dans sa « Biographie Bretonne » en 1852.

Image:Right2.gifLa notice écrite par Joseph-Marie Téphany sur l'émigré en Bohême dans sa biographie de Mgr Graveran, petit-neveu d'Alain Dumoulin.

Image:Right2.gifDes articles et recherches publiés dans les revues « An Oaled », « Fureteur Breton », « Feiz ha Breizh ».

Après un parallèle entre le scepticisme sur la conservation du breton de Louis Le Pelletier, le célèbre auteur d'un dictionnaire breton, et de notre grammairien latino-celtique, le journaliste conclut sur un ton plus optimiste : « Kant vloaz warlerc'h an Aotrou Dumoulin eo bevoc'h, yac'hoc'h ha pinvidikoc'h ar brezhoneg eget biskoazh » (Cent ans après le sieur Dumoulin, la langue bretonne est plus vivante, plus saine et plus riche que jamais).

En savoir plus : « Alan Dumoulin (1748-1811) gant Loeiz Lokournan, Arvor 1947 »

C'était l'occasion de compléter la « Grammatica latino-celtica » par la collection des autres écrits de et sur Alain Dumoulin :

Image:Right2.gifL'édition originale de son Éloge de la Bohême en version latine et la traduction en français.

Image:Right2.gifLa Biographie Bretonne de Prosper Levot et ses articles sur quelques célébrités gabéricoises (nous en avons identifié 3 à ce jour).

Image:Right2.gifLa Notice de Joseph-Marie Téphany dans son ouvrage consacré à son petit-neveu Mgr Graveran.

En savoir plus : « DUMOULIN Alain - Éloge du Royaume de Bohême », « LEVOT Prosper - Biographie bretonne », « TÉPHANY Joseph-Marie - Notice sur M. l'abbé Dumoulin émigré en Bohême »

Billet du 10.03.2013


[modifier] 44 Romance des 100 ans des Paotred

« C'est la fille qui fait la loi dans la maison de l'instituteur laïc, et elle est aussi têtue que son père. Ce dernier doit céder, car il adore sa fille Mona ».

Billet du 02.03.2013
Billet du 02.03.2013

Mona Ozouf, fille de Jean Sohier (*), grande historienne spécialiste de la Révolution Française et auteur d'un magnifique essai intitulé « Composition française » (**), sait-elle qu'elle a sans doute inspiré le personnage de l'héroïne d'une fiction se déroulant sur le territoire de la commune d'Ergué-Gabéric ?

En effet, le roman « Trec'h ar garantez » (la Victoire de l'Amour), écrit en breton par un prêtre familier du quartier d'Odet et de Lestonan, met en scène un jeune joueur de football de l'équipe locale, les Paotred Dispount, et nouvel instituteur de l'école privée, lequel va tomber amoureux de la fille de l’instituteur de l'école publique.

À l'occasion de la fête du Centenaire des Paotred en mai 2013, le livre, publié en breton en 1935, sera réédité par l'association Arkae en version bilingue français-breton, en collaboration avec les membres bretonnants de « Brezhonegerien Leston'n ».

Une opportunité pour méditer cet extrait de l'anthologie de la littérature bretonne de Francis Favereau : « L'intrigue parait aujourd'hui bien conventionnelle, tout comme la psychologie des personnages, tous fortement stéréotypés ; mais le roman garde un certain intérêt par la peinture de l'environnement et des mentalités aussi manichéen et même aussi puéril fût-il par moments (tel un "roman à l'eau de rose") ; ceci témoigne, en fait, de la genèse d'une fiction en langue bretonne à destination d'un public populaire ».

En savoir plus : « ROZEC Jean-Louis - Trec'h ar garantez »

C'est l'occasion aussi de publier une très belle photo découverte lors de la préparation de la brochure du centenaire de l'association sportive des « Paotred Dispount » les 18 et 19 mai prochains. On y voit la clique musicale défilant dans les rues de Quimper. À noter que l’orthographe « Potred dispount » de la pancarte respecte la prononciation locale, alors que les nouvelles règles académiques voudraient qu'on écrive « Paotred dispont » (les Gars sans peur). Quand fut pris ce cliché ? Qui sont les membres de la clique ?

En savoir plus : « 193x - La clique des Potred Dispount descendant la rue Elie Fréron à Quimper »


Notes : (*) : Yann ou Jean Sohier (1901-1935) est un instituteur, militant de la langue bretonne et internationaliste. Il se marie en 1929 avec Anne Le Den, institutrice originaire de Lannilis. Mona (future Mona Ozouf) naît en 1931 et est élevée en breton. Il fonde le nouveau Bulletin Ar Falz (La Faucille) en janvier 1933 et en fait en moins de deux ans le centre de tout un mouvement en faveur du breton à l'école laïque. (**) : Mona Ozouf, « Composition française. Retour sur une enfance bretonne », Gallimard, 2009, 262 p. Prix de l’Essai de la Revue des Deux Mondes, 2009. Prix du Mémorial - Grand prix Littéraire d'Ajaccio, 2009. Prix Breizh - Bretagne, 2009. Prix Montaigne de Bordeaux, 2010.


[modifier] 45 Mouvances du Domaine du Roy

« Il est assez nouveau qu'un seigneur particulier disputant une mouvance au Roi et ne pouvant y prétendre qu'en vertu d'inféodations hors de toute atteinte se croie dispensé de les produire ».

Mouvance de Mélennec de Thomas de Kermorial à Hervé Lizien, 1541-1786
Mouvance de Mélennec de Thomas de Kermorial à Hervé Lizien, 1541-1786

Le document principal de cette semaine est un réquisitoire de 1786, long de 44 pages, pour la défense des droits des propriétaires des villages de Poulduic, Bossuzic et Mélennec et pour les intérêts des domaines de Roi, contre les réclamations de François-Louis de La Marche, seigneur de Lézergué.

Ces trois villages voisins du sud-ouest de la commune étaient la proie des seigneurs locaux du manoir de Lezergué qui voulaient se les approprier pour récupérer les droits féodaux afférents.

A la veille de la Révolution, le conflit était toujours ouvert, et les propriétaires roturiers des lieux se regroupèrent pour se défendre. Ils ne voulaient payer que les droits et rentes au Domaine royal et un avocat les défendit avec panache : « Il s'agit uniquement de décider à qui, du domaine ou du seigneur de la Marche apartiennent les mouvances en question. Pour déterminer cette décision il faut analyser, puis comparer les titres respectifs dont les parties entendent se prévaloir, c'est à dire les inféodations et actes de services allégués par le seigneur de la Marche en sa faveur, et les actes de service faits au Domaine ».

Et pour appuyer son plaidoyer, il produit un aveu datant de 1541 où nous apprenons que le village de Mélennec était déjà déclaré au domaine du roi par un « noble homme Thomas de Kermorial », et qu'il ne dépendait pas du fief de Lezergué.

La plaidoirie de 1786, ainsi que 14 autres documents d'archives, dont le bel aveu de 1541 avec son sceau de la Chambre des Comptes de Bretagne, tous conservés aux Archives Départementales en liasse A38, ont été référencés et transcrits sur le site.

En savoir plus : « Archives de Mélennec » « 1786 - Rattachement des mouvances de Poulduic et Mélennec au domaine du Roi » , « 1541 - Aveu de noble homme Thomas Kermorial au Roy pour Melennec »

Billet du 24.02.2013


[modifier] 46 Recherche d'enfants sans famille

« Je suis un enfant trouvé. Mais jusqu'à huit ans j'ai cru que, comme tous les autres enfants, j'avais une mère ... », Sans famille d'Hector Malot, 1878.

« L'ancien tour de l'Hospice des enfants trouvés », Gustave Doré
« L'ancien tour de l'Hospice des enfants trouvés », Gustave Doré

Cette semaine pas de nouveau dossier à proprement parler, mais un avis de recherche. Il s'agit d'aider Pierrick Chuto qui actuellement, après avoir déjà écrit deux livres sur Guengat et Plonéis, se penche sur l'histoire d'une institution régionale : l'hospice des enfants trouvés de Quimper.

L'infatigable mémorialiste prépare son prochain ouvrage qui narrera l'histoire de ces enfants trouvés, de père et mère inconnus, qui ont été « exposés dans le tour de l'hospice de Quimper » jusqu'en 1861, date de fermeture du tour. Et oui, c'est bien un tour !

Du côté de la rue, le tour était à l'origine une sorte de coffre en bois dans un renfoncement à l'abri, monté sur un cylindre tournant. La mère y déposait (« exposait ») son nourrisson, tirait sur une clochette et disparaissait sans être vue. Aussitôt la personne de garde tournait le tour (ou ouvrait la porte-trappe). De l'autre côté, le nouveau né était ainsi recueilli, ainsi que les effets que la mère y avait laissés.

La législation qui réglait le sort des enfants trouvés au 19e siècle a été établie par le décret du 19 janvier 1811 : « Dans chaque hospice il y aura un tour. Des registres contiendront, jour par jour, l'arrivée des enfants, leur sexe, leur âge apparent et décriront les marques naturelles et les langes qui peuvent servir à les faire reconnaitre. A six ans, l'enfant doit être placé chez des cultivateurs ou artisans, moyennant un prix de pension qui décroit jusqu'à douze ans » (Le Nouveau Paris, histoire de ses vingt arrondissements, illustré par Gustave Doré, page 216).

Amis généalogistes, Pierrick (pierrick.chutoat.giforange.fr) attend vos mails si vous avez identifié des ancêtres gabéricois qui ont été abandonnés à l'hospice de Quimper : dates d'éventuels mariages et décès de ces enfants sur Ergué-Gabéric, déclarations de placement chez une nourrice ... Votre récompense sera au moins une belle dédicace personnalisée de l'auteur sur sa future monographie documentée et passionnante.

Des articles sur le même thème : « 1812 - Enfant gardé chez une nourrice sur la commune du Grand Terrier » « L'histoire de Kenavo le petit chat nourricier d'Ergué-Gabéric, Le Finistère 1888 » , « Les séjours de Jean-Marie Déguignet à l'hospice de Quimper ‎ »

Billet du 16.02.2013


[modifier] 47 Catéchisme gallican raisonné

« Article 1 - Il est inséré au début du chapitre 1er du titre V du livre premier du code civil un article 143 ainsi rédigé : « Art. 143. - Le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe », Assemblée nationale, février 2013.

Qu'aurait été l'opposition en 2013 à la loi du « mariage pour tous » si les théories de l'église gallicane - connue aujourd'hui pour sa tolérance vis-à-vis des homosexuels - l'avaient emporté contre l'infaillibilité du pape de l'église catholique, et si l'évêque Jean-François de La Marche, né à Ergué-Gabéric, avait vaincu ses adversaires constitutionnels et concordaires ?

Le gallicanisme était une doctrine religieuse cherchant à promouvoir l'organisation de l'Église catholique en France de façon largement autonome par rapport au pape. La théorie gallicane commença à se formuler après l'opposition entre Philippe le Bel et le pape Boniface VIII au début du 14e siècle. À la fin du XVIIe siècle, le gallicanisme s'implanta largement dans le clergé français, d'une part grâce aux théories de Bossuet, d'autre part grâce aux positions gallicanes des jansénistes qui reprochaient au pape son interventionnisme.

Au début de la Révolution française, l'adoption de la Constitution civile du clergé a été considérée par certains d'inspiration gallicane et contestée par d'autres comme une négation des pouvoirs épiscopaux.

Après la Révolution, Napoléon Bonaparte négocia le Concordat avec le pape Pie VII. À cette occasion, en 1801, le souverain pontife, à la demande du chef de l'État, déposa l'ensemble de l'épiscopat français : ce fut la fin des principes de l'Église gallicane, et la reconnaissance, implicite, de la primauté de juridiction du pape. En 1870 a lieu à Rome la proclamation du dogme de l'infaillibilité pontificale par le concile Vatican I qui sonna le glas du gallicanisme.

Jean-François de La Marche s'était fait remarqué avant, pendant et après la Révolution, par ses positions gallicanes. Après la découverte il y a 15 jour d'un reportage dans le journal anglais « The Gentleman's Magazine » de 1807, on a rassemblé sur GrandTerrier les écrits de l'évêque, les biographies publiées, dont celle de Louis Kerbiriou dont on s'est procuré en exemplaire et scanné quelques pages.

À la lecture de ce dernier, on découvre que son travail de recherches fut immense, il compulsa de nombreux documents, se déplaça en Angleterre, et analysa finement le contexte historique. Mais l'évêque était prolixe, et certaines archives et publications inédites sont encore à découvrir, notamment ce « Catéchisme nouveau et raisonné » ou les « Memoir and Letters » de la Marquise de Buckingham.

En savoir plus : « Espace "Évêque de Léon" : présentation, bibliographie, origines, écrits, in english, e brezhoneg ... » « LA MARCHE Jean-François (de) - Catéchisme nouveau et raisonné » , « KERBIRIOU Louis - Jean-François de la Marche Evêque-Comte de Léon‎ »

Billet du 10.02.2013


[modifier] 48 Transformation d'une manufacture

« Société commerciale, par opposition à Société civile : qui a pour objet l'accomplissement d'opérations commerciales, à but essentiellement lucratif, régie par les règles du droit civil et le code du commerce », Trésors de la Langue Française.

On peut dater de l'année 1904 le passage pour les Papeteries d'Odet du statut de manufacture du 19e siècle à celui d'une véritable société commerciale.

En effet le 13 juin, René Bolloré père et fils vont créer une société en commandite simple au capital social de 675000 francs, dans les conditions qui sont décrites dans la publication de cet acte dans le journal « L'Action Libérale de Quimper » du 2 juillet 1904.

L'objet de cette nouvelle société est « la fabrication de tous les papiers en général et plus spécialement des papiers à cigarettes, à copies de lettres et similaires et accessoirement l'exploitation des immeubles industriels et autres sis à Odet, commune d'Ergué-Gabéric ».

La création a lieu moins d'un mois avant le décès de René Bolloré père. Ce dernier passe la main à son fils, mineur et étudiant, qu'il « émancipe », et « habilite à faire le commerce », en prévoyant toutefois « qu'en cas de décès de M. René Bolloré père, ... les associés auront le droit de lui adjoindre un cogérant ».

Dans l'encart nécrologique du journal « Le Finistère » du 13 juillet 1904, les qualités de l'ancien manufacturier sont résumées ainsi : « En même temps qu'un industriel habile et travailleur, M. Bolloré était un homme à idées généreuses qui cherchait à faire le bien autour de lui ».

En mars 1905, dans un acte signé à Quimper, Odet et Sebdon (Algérie) et déposé à Paris, René-Joseph Bolloré fils change les statuts de la Société « René Bolloré fils et Compagnie » et, en mettant fin à la co-gérance d'Yves Charuel, ingénieur des Arts et Manufactures, reprend la direction pleine et entière « avec les pouvoirs attribués au gérant par l'acte constitutif de société ».

En savoir plus : « Statuts de la société en commandite "René Bolloré et Cie", Action Libérale 1904-05 » , « Nécrologie de René Bolloré, Le Finistère 1904 »

Billet du 03.02.2013


[modifier] 49 Tudchentil chez les Gentlemen

« I can no longer delay assuring you, Sir, of all the friendship and all the esteem with which you have inspired me », Hamm, 10 Feb 1793, Louis XVIII.

Quel est le personnage historique natif d'Ergué-Gabéric qui fut en correspondance avec le roi d'Angleterre George III, le futur roi de France Louis XVIII, les papes Pie VI et Pie VII, et bien d'autres célébrités ?

Il s'agit bien sûr de Jean-François de La Marche, né au manoir de Kerfors d'une famille noble locale qui héritera aussi du château de Lezergué, dernier évêque de St-Pol-de Léon, chassé par la Révolution française et émigré à Londres où il décèdera en 1806.

Il n'était pas apprécié du pouvoir Révolutionnaire français. Chateaubriand, dans ses « Mémoires d'Outre-tombe », l'a décrit comme « l’évêque de Saint-Pol de Léon, prélat sévère et borné qui contribuait à rendre le comte d’Artois de plus en plus étranger à son siècle ».

Par contre de l'autre côté de la Manche où il s'était réfugié en 1792, on louait ses qualités spirituelles de protecteur du clergé catholique français. Nous avons retrouvé les 15 pages inédites d'une biographie parue en 1807 dans la très célèbre revue « The Gentleman's Magazine and Historical Chronicle », le tout raconté par un témoin proche de l'évêque. Ces « mémoires biographiques » apportent un témoignage de première main sur le séjour de Jean-François de La Marche en Angleterre, présente un éclairage différent des biographies éditées en France du fait des positions anglaises, et inclut des documents d'archives très intéressants.

En 1798 le duc de Portland, secrétaire d'état, lui fit passer un message en français de la part du roi George III : « Je ne puis que me persuader, Monseigneur, qu'en recevant cet acte de sa Majesté comme une preuve des sentimens dont elle veut bien distinguer vos qualités personnelles et votre rang, vous y reconnaitrez également le témoignage que sa Majesté veut bien donner de la satisfaction avec laquelle elle a vu la conduite exemplaire du Clergé commis à vos soins ».

En savoir plus : « Biographical memoirs of the Bishop of Leon, The Gentleman's Magazine 1807 »

Billet du 27.01.2013


[modifier] 50 Chroniques hivernales 2013

« Memorioù ar re gozh hag istor ar barrez an Erge-Vras, e bro c’hlazig, e Breizh-Izel » : Histoire et mémoires d’une commune de Basse-Bretagne.

Avec quelques heures de retard, en raison des chutes de neige, voici les 26 pages habituelles du bulletin trimestriel « Kannadig an Erge-vras ». Et aussi diront certains, parce que, mine de rien, c'est un peu de boulot de reprendre les articles fraichement publiés, d'y ajouter un peu de liants, de textes et illustrations supplémentaires, de formatter tout ça pour une impression A4, et de publier le résultat sur le site Internet du GrandTerrier.

Après un rappel de la promotion du fest-noz au patrimoine de l'humanité fin 2012, et un premier article sur une carte postale Villard immortalisant les danses bretonnes de l'auberge de Lenhesq en 1909, les titres de ce numéro sont dans l'ordre :

  • Un saint Pierre très haut perché à Stang-Venn
  • Le Clairon, le Coq Français et l’OCB de René Bolloré
  • Les papetiers d’Odet et de Scaër à l’honneur
  • Les chauffeurs et la billig rouge au village de Kergoant
  • Grande Révolution de Jean-Marie Déguignet
  • Aveux du manoir de Pennarun aux 16e-18e siècles
  • Le manoir maçonnique de Pennarun
  • Conduite et guide des chevaux à gauche toute
  • Les chevaux agricoles gabéricois de 1930 à 1945
  • Petit chat Kenavo et nourrices du Grand-Terrier
  • Séjours à l’Hospice de Quimper en 1848 et 1902-05
  • Emprunts de la fabrique de Kerdévot en 1768-77
  • Les évènements d’Afrique en langue bretonne
  • Jeune appelé de Bohars mort en Algérie
  • Médaillé rescapé de l’enfer de Verdun en 1916
  • Match inter-usines Odet Cascadec Bolloré

Téléchargement et lecture en ligne du bulletin : « Kannadig n° 21 »

Billet du 20.01.2013

Nota: l'envoi à domicile des bulletins par voie postale se fera dans les prochains jours, le temps de déneiger l'accès aux rotatives ...


[modifier] 51 Conduite de chevaux à gauche

« Le cheval s'effraie, fait un écart et le conducteur à gauche, projeté sous les roues du terrible teuf-teuf ... se remue, s'agite comme un ver coupé ».

Billet du 13.01.2013 -  (Dessin de Laurent Quevilly, 1998)
Billet du 13.01.2013 - (Dessin de Laurent Quevilly, 1998)

Une lettre ouverte rédigée par le conseiller municipal Jean Mahé, publiée dans les colonnes du Progrès du Finistère de juillet 1907, est un bel exemple d'expression politique sur une initiative préfectorale incomprise du milieu rural de l'époque.

Cela commence par un arrêté : « Vu le rapport de M. le directeur du dépôt d'étalons de Lamballe ... Article premier. - Tout individu conduisant un cheval en main, attelé ou non, devra se placer à gauche de l'animal de façon à apercevoir les voitures ou animaux qui se croisent ».

Jean Mahé se moque gentiment du nouveau pouvoir républicain : « Je sais bien, l'exemple venant du haut, que le char de l'État a des tendances à marcher toujours plus à gauche et que la droite est un sujet d'aversion aiguë ».

Et pour appuyer son argumentation, il fait parler les plus âgés, paysans et chevaux : « J'entendais, l'autre jour, les plaintes d'un vétéran des champs, de 65 ans, dont le cheval s'en allait lentement, alourdi par le poids de 25 années de travail : "Comment veux-tu, mon pauvre ami, que je conduise à gauche, je n'ai toujours connu que ma droite ... Tout ça c'est des changements qui ne disent rien, ce sont des conchennou" ».

Une autre réaction dans le même hebdo catholique rebondit sur les propos de Jean Mahé et propose avec humour une réécriture de l'arrêté contesté : « Art. 1er. - Les chevaux qui ne pourraient être conduits à gauche et par la tête, pourront l'être par la queue ».

En savoir plus : « Arrêté préfectoral sur le guide des chevaux à gauche, journaux locaux 1907 » ¤ 

On en profite pour publier quelques photos de ces chevaux qui, au moins jusqu'en 1945, avaient un rôle essentiel dans les exploitations agricoles d'Ergué-Gabéric, n'ayant pas encore été remplacés par les tracteurs Mc Cormick.

En savoir plus : « 1930-1945 - Des chevaux dans les exploitations agricoles » ¤ 



[modifier] 52 Le clairon de René Bolloré

« Vous étiez né pour souffler à pleine bouche dans le clairon héroïque, ou pour évoquer les pâles fantômes des temps qui ne sont plus » T. Gautier.

Billet du 06.01.2013, le premier de l'année 2013
Billet du 06.01.2013, le premier de l'année 2013

Avant de mettre sa publicité sur les cahiers de papiers à rouler, l'entrepreneur papetier René Bolloré créa des boites métalliques pour conserver au sec son papier à rouler. Ces boites portaient une illustration colorée d'un soldat fantassin français au clairon : capote bleue, pantalon rouge garance, képi rouge et bleu, brodequins et jambières en cuir ...

Nous avons découvert deux exemplaires de ces boites qui mesurent exactement 75cm x 40cm x 8 mm, l'une en excellent état à Ergué-Gabéric, l'autre un peu plus usagée en provenance de Toulon, cette dernière contenant encore du papier non gommé de l'époque.

Il semble difficile de déterminer la période précise de diffusion de ces boites, l'uniforme français restant inchangé en 1870 et en 1914 (il deviendra entièrement « bleu horizon » fin 1915). Par contre au dos de la boite, les trois drapeaux de la triple entente (France, Angleterre et Russie) y étant représentés, ces boites devaient être distribuées aux soldats français en 1914.

En savoir plus : « La boite métallique du fumeur poilu en uniforme garance de 1914 » ¤ 

Dans le n° 30 de la très belle revue « Micheriou koz » sur les métiers d'antan de Bretagne, ce sont les papetiers d'Odet et de Scaër qui sont à l'honneur. Yvon Goulm a composé le texte, avec les fonds iconographique et documentaire des services de communication Bolloré, des archives d'Ergué-Gabéric et de l'association Arkae. On y trouve notamment une rétrospective historique des deux papeteries et de leurs fondateurs, la vie de la cité de Keranna, la création des écoles privées de Lestonan, les témoignages de Marjan Mao et de Marianne Saliou ... On peut néanmoins regretter certains choix éditoriaux :

  • Pour la fondation de la papeterie d'Odet en 1822, il est fait mention d'une plaque inaugurale mentionnant un R.G. Bolloré qui n'a jamais existé. Cet ajout de nom factice à celui du vrai fondateur Nicolas Le Marié est une falsification qui date de 1930 dans le Livre d'or de René Bolloré (le même que celui mentionné ci-dessus pour le fantassin au clairon).
  • L'origine des photos n'est généralement pas précisée, notamment celles de la revue Réalités de 1949 (par ex. la page de couverture où l'on voit Yves Le Gars et son dynamomètre) prises à Odet par le grand photographe du Front populaire Isaac Kitrosser. De plus de nombreuses illustrations ne sont ni datées, ni localisées, ceci pouvant introduire des confusions entre les deux sites d'Odet et de Cascadec.
  • Les témoignages collectés depuis 2007 sur les techniques de fabrication et le savoir-faire papetier à Odet et Cascadec pour la période 1925-1960 n'ont pas été exploités, ni certains documents d'archives antérieurs.

En savoir plus : « GOULM Yves - Micheriou koz : Les papetiers d'Odet et de Cascadec » ¤