Marc Antoine Baldini (1740-1818), peintre doreur italien à Kerdévot
Un article de GrandTerrier.
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Un peintre itinérant né à Lucca en Toscane italienne, qui s'est déplacé dans la France entière avec ses outils de doreur, avant de s'établir à Callac, d'où il est sollicité pour l'embellissement de nombreuses chapelles bretonnes. La question est posée : les deux autels latéraux actuellement visibles à Kerdévot sont-ils ceux que le peintre italien a ornés en 1776 ? Autres lectures : « LOHOU Joseph & GUEZENNEC Marie - Marc-Antoine Baldini peintre et doreur italien » ¤ « Articles sur Kerdévot » ¤ « La chapelle de Kerdévot » ¤ « 1770-1790 - Le Corps Politique d'Ergué-Gabéric » ¤ « PEYRON et ABGRALL - Notices sur les paroisses de l'évêché de Quimper et de Léon » ¤ « COUFFON et LE BARS - Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper » ¤ « Eléments classés et inscrits du patrimoine de la commune d'Ergué-Gabéric » ¤ |
[modifier] 1 Présentation
Marc Antoine Baldini, fils de Bartélémi Baldini et de Marie-Jeanne Simoni, est né en 1740 à Lucca, ville de Toscane, entre Bologne et Pise. Très tôt il fréquente les écoles de peinture de la ville et apprend le métier de doreur. Comme l'explique Joseph Lozou dans son enquête sur le peintre (cf articles dans Lizher ar Poher d'octobre 2004), il est obligé d’émigrer pour aller à l'étranger chercher de l’ouvrage, qu'il trouve facilement car les artistes Italiens sont fort appréciés. En 1756, vers l’âge de 16 ans, il prend ses pinceaux et son matériel de doreur pour proposer ses services en France. Marc Antoine traverse l’Italie et toute la France pour arriver vers 1770, après un séjour dans le baillage de Thionville, dans une petite bourgade du centre Bretagne, Callac. Ces quatorze années de pérégrinations à travers le pays lui font acquérir une langue étrangère et par ailleurs atteindre la maîtrise dans sa nouvelle spécialité, peinture et dorure des statues des chapelles et églises. Il travaille dans la région, où, comme il est indiqué sur son acte de mariage en 1776 : « depuis plusieurs années errant et exerçant son art sur les différentes paroisses du diocèse ». Son épouse est Anne-Louise-Mathurine Borny, fille de l'hotelier chez qui il loge à Callac à ses débuts. Marie Guézennec a fait une enquête sur son passage à Chateauneuf-du-Faou où en 1781, il comparaît devant le sénéchal à la a requête du marguillier principal de l’église paroissiale, pour des réparations de statues, d'autels et fonts baptismaux. |
Sous la Terreur, le 10 mars 1794, il obtint de la part de ma municipalité de Callac un certificat de civisme et d'hospitalité, une sorte de passeport européen : « A comparu Marc Antoine Baldini (né en la République de Luque, domicilié à Callac en cette municipalité âgé de cinquante deux ans, taille de cinq pieds, trois pouces et six lignes, cheveux, sourcils et barbe châtain commençant à griser, front haut, yeux gris, nez droit, bouche moyenne, une cicatrice à la lèvre supérieure côté droit, menton rond, visage ovale, le pouce de la main gauche amputé. Lequel déclare, qu’ayant quitté son pays natal, il y a habite depuis trente six ans le territoire français, où il a constamment vécu de son métier de peintre et des fruits de ses travaux ... Requérant être admis aux bienfaits de l’hospitalité ». Le passage du peintre à Ergué-Gabéric est mentionné dans les procès-verbaux du Corps politique 5 mai 1776. — « S'est présenté Marc-Antoine Baldini, peintre de profession, qui s'est proposé de peindre l'église paroissialle. Le Corre politique a adhéré à ses offres luy a donné pouvoir et liberté dy travailler, sobligeant à luy payer pour ladite ouvrage une somme de soixante-deux livres dont ils sont convenus, ladite somme lui ayant este comté et numéro par ce Corre politique ». « Par suite de la mesme dellibération le Corre politique la auttorisé à peindre le grand autel de Kerdévot et ses deux autels collatéraux de lad. église et a commander luy payer la somme de cent livres à la fein de louvrage, à quoy ledit peintre a adhéré ». 28 juillet 1776, — « En présence (des délibérateurs) a esté retiré du coffre-forre la somme de quinze livres pour payer le nommé Marc-Antoine Baldini, peintre, pour avoir peinte la croix de Mission, plus esté retiré du coffre-forre de la chapelle de Nostre-Damme de Kerdévot pour payer ledit Baldini pour le marché consanty par luy au cor poleticque (sic) en date du cinq mars mil sept cent soixante et treize, pour peindre le grand autel et les deux autels collatero (sic) de lad. chapelle. Et a esté a landroit payé et numéré audit Baldini la somme cy devant dénomés ». |
[modifier] 2 Les autels-retable de Kerdévot
Les deux autels collatéraux visibles aujourd'hui dans la chapelle de Kerdévot sont-ils ceux peints par Marc-Antoine Baldini ? Les chanoines Peyron et Abgrall semblent dire que non, dans leur notices sur les paroisses de l´évêché de Quimper : « Deux anciens autels, qui se trouvaient autrefois au haut des collatéraux, ont été rempacés, et transportés au bas de la chapelle. L'un porte dans son retable la représentation du Baptème de Notre-Seigneur, et l'autre une Notre-Dame de Pitié ». Y-a-t-il eu des autels plus anciens ? René Couffon et Alfred Le Bars, dans leur Répertoire des Eglises et chapelles, sont plus dubitatifs : « Au bas de la chapelle, deux autels en bois sculpté avec retables sont du XVIIe siècle et de bonne facture. Ils paraissent dûs, en les comparant à ceux de Pont-Croix, à l'atelier quimpérois des Le Déan ». A noter que la partie centrale du retable nord n'a rien à voir avec les statues de la scène du baptême du Christ. En effet les 4 statuettes de ce retable ont été volées le 6-7 novembre 1973 : saint Jean-Baptiste, le Christ, le personnage assistant au baptême (ange ?), le Père éternel (ce dernier a été retrouvé en avril 1978). La scène de remplacement est une nativité dont nous ne connaissons pas l'origine. Quant au maitre-autel peint en 1776 par Marc-Antoine Baldini, nul doute que l'actuel de bois massif non peint ne date pas du 17e siècle. Mais faut-il penser, comme le mémorialiste Antoine Favé en 1893, que le peintre italien ait retouché le retable flamand placé sur ce maitre autel : « Nous le soupçonnons véhémentement d'être le manœuvre qui prit sur lui de retoucher le compartiment supérieur de notre retable de Kerdévot, représentant le Couronnement de la Sainte Vierge » ? |
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[modifier] 3 Annotations
- Corps politique, g.n.m. : avant 1789, les paroisses étaient dirigées par un personnel distinct du clergé, appelé Corps politique ou Général. Les hommes du Général, ce corps politique, sont quelques membres de droit (recteur, procureur fiscal de la juridiction ...), douze délibérants (élus tous les ans par le Général, à la pluralité des voix, parmi d' anciens trésoriers dont les comptes ont été rendus et soldés), et un ou deux trésoriers (appelés trésoriers en charge ou en exercice , mais aussi fabriques ou marguilliers, et également élus par le Général). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
Thème de l'article : Histoire d'une personnalité gabéricoise Date de création : Mars 2012 Dernière modification : 13.10.2021 Avancement : [Développé] |