La boite métallique du fumeur poilu en uniforme garance de 1914 - GrandTerrier

La boite métallique du fumeur poilu en uniforme garance de 1914

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Catégorie : Patrimoine
+ Mémoires des Papetiers
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§ E.D.F.
L'histoire d'une boîte métallique utilisés par les poilus fumeurs voulant conserver au sec le papier à rouler fabriqué par « R. Bolloré, Odet, Quimper ».

Dans quel contexte historique cette boite fut-elle distribuée, avant la généralisation des cahiers en carton et du papier gommé ?

Sans doute cette boite se voulait comme une alternative commerciale à la marque « Le Zouave » du concurrent Zig-zag d’Angoulême, ou alors du papier patriotique Alésia de la maison Prioux à Paris.

Autres lectures : « Les cahiers de papier à cigarette "Le Coq Français" et "OCB" Bolloré » ¤ « René Bolloré (1885-1935), entrepreneur » ¤ « FAILLER Jean - Gens et choses de Bretagne - Papier OCB » ¤ « Mémoires des Papetiers » ¤ « Espace des poilus » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Avant de mettre sa marque sur des cahiers carton de papiers à rouler, et donc bien avant l'apparition des papiers O.C.B [1], l'entrepreneur papetier René Bolloré créa des boites métalliques pour les fumeurs afin qu'ils puissent conserver au sec leur papier à rouler.

Ces boites portaient une très belle illustration colorée d'un soldat fantassin français au clairon et capote « gris de fer bleuté », pantalon rouge « garance » [2], képi rouge et bleu, brodequins et jambières en cuir, ceinturon « à plaque » pour les cartouchières, paquetage de campagne, fusil à baïonnette « Rosalie ».

Nous avons découvert quatre exemplaires de ces boites qui mesurent exactement 7,4 cm x 4 cm x 6 mm, trois à Ergué-Gabéric dont une en excellent état (cf photos ci-contre, et clichés ci-dessous de la boite n° 1), et une quatrième un peu plus usagée en provenance de Toulon. Ces boites contenant encore du papier non gommé de l'époque, ce qui veut dire que seule la salive collait la cigarette roulée. Le papier des premières boites n'a pas de filigrane, alors que celui de la dernière est filigrané « Yalta » (ville de Crimée, où se tiendra bien plus tard la fameuse conférence de 1945).

On peut se poser la question de la période précise de diffusion de ces boites, l'uniforme du soldat français restant inchangé lors des conflits de 1870 et de 1914 : il deviendra entièrement « bleu horizon » fin 1915. En fait le croquis est une copie exacte d'un dessin en une du « Petit Journal » [3] du 14 juillet 1912.

Très visibles de loin, les uniformes garances [2] étaient totalement inadaptés aux nouvelles armes qu'étaient les mitrailleuses ennemies, les soldats se faisant abattre en grand nombre à distance. Le commandement français, averti sur la nécessité pour ses soldats d'arborer des couleurs discrètes, ne choisit pas le kaki, mais le bleu horizon, car on pensait qu'un soldat se voyait d'abord de loin, donc près de la ligne bleue du ciel. Ces uniformes ont été produits dès 1914, et distribués à partir de fin 14 et début 1915.

Le dos de la boite apporte un élément de datation, à savoir les trois drapeaux de la France, Angleterre et Belgique qui y sont représentés. Ce n'est certes pas les trois drapeaux de la Triple Entente (comme nous le pensions au départ car le premier dessin était effacé), le 3e pays étant la Belgique et non la Russie impériale, mais il est très vraisemblable que les boites métalliques faisaient néanmoins partie du paquetage des soldats français en 1914-15.

En effet la Belgique, qui depuis son indépendance de 1831 avait signé un contrat de neutralité, lors de son invasion en 1914 par les troupes allemandes, se lia de fait avec les Franco-Britanniques en menant des combats à Liège, Namur et Anvers. L'engagement populaire des français et des anglais pour défendre l'intégrité du territoire belge a marqué le début de la guerre 1914-18.

Quelles sont les circonstances exactes qui ont permis à l'entrepreneur R. Bolloré de distribuer ses boites à papiers de cigarette au sein de l'armée française, avec comme illustrations un poilu et les 3 drapeaux alliés ?

Les poilus recevait toutes les quinzaines une ration de tabac à rouler et une boite d'allumette. Certains disposaient de briquet à mèche d'amadou ou à essence. Quant aux cahier de papier, la concurrence était rude entre fabricants, et certains militaires ont pu bénéficier du papier Alésia « offert par l'état français aux armées de la Republique ». D'autres entrepreneurs ont proposé un support publicitaire, comme la manufacture Fournier-Delcroix avec sa tabatière métallique, ou ou comme Bolloré sous la forme d'une boite à papier.

 


[modifier] 2 Collection de petites boites

[modifier] 3 Annotations

  1. OCB, acronyme de Odet-Cascadec-Bolloré, est une marque française de papier à rouler (ou papier à cigarette) fondée en 1918 dans les papeteries Bolloré d'Odet (Ergué-Gabéric, près de Quimper, Bretagne) et de Cascadec (Scaër, Bretagne). Elle dépendait du groupe Bolloré jusqu'en juillet 2000 où la société Republic Technologies (groupe international Republic basé à Chicago aux États-Unis) reprit la marque. [Ref.↑]
  2. Garance, s.f. : plante rubiacée grimpante et vivace, ayant pour variété principale la garance tinctoriale, dont la racine fournit une matière colorante rouge. Pantalon garance : porté de 1835 à 1915 par certains corps d'armée français. Source : TLFi. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1]
  3. Le Petit Journal est un quotidien parisien républicain et conservateur, fondé par Moïse Polydore Millaud, qui a paru de 1863 à 1944. A la veille de la guerre de 1914-18, c'est l'un des quatre plus grands quotidiens français d’avant-guerre, avec Le Petit Parisien, Le Matin, et Le Journal. Il tire à un million d'exemplaires en 1890, en pleine crise boulangiste. [Ref.↑]


Thème de l'article : Contes et chants populaires

Date de création : Mars 2012    Dernière modification : 1.12.2018    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]