Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier - GrandTerrier

Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

Un article de GrandTerrier.

(Différences entre les versions)
Jump to: navigation, search
Version du 25 février ~ c'hwevrer 2017 à 09:38 (modifier)
GdTerrier (Discuter | contributions)

← Différence précédente
Version du 5 mars ~ meurzh 2017 à 09:44 (modifier) (undo)
GdTerrier (Discuter | contributions)

Différence suivante →
Ligne 10: Ligne 10:
|} |}
 +{{:Blog 05.03.2017}}
{{:Blog 25.02.2017}} {{:Blog 25.02.2017}}
{{:Blog 20.02.2017}} {{:Blog 20.02.2017}}
Ligne 22: Ligne 23:
{{:Blog 18.12.2016}} {{:Blog 18.12.2016}}
{{:Blog 10.12.2016}} {{:Blog 10.12.2016}}
-{{:Blog 03.12.2016}} 
<hr> <hr>
'''Anciens billets publiés avant le dernier de la liste ci-dessus''' => [[Actualité, archives|[Actualité, archives]]] '''Anciens billets publiés avant le dernier de la liste ci-dessus''' => [[Actualité, archives|[Actualité, archives]]]

Version du 5 mars ~ meurzh 2017 à 09:44


Special:WhosOnline
Frame

Sommaire

Frame
Modifications récentes : [Journal des MàJs] Anciens billets hebdos : [Actualité, archives] Les anciennes affichettes : [À la une]


1 Ordre, Paix et Religion en 1877

Billet du 05.03.2017 - Les idées politiques du premier des Bolloré, héritier en 1861 du moulin à papier de Nicolas Le Marié à Odet en Ergué-Gabéric.

Cette évocation commence par la lecture de l'ouvrage de l'historien Maurice Lucas qui décrit les transformations d'un Finistère-Sud conservateur en un « espace politique ouvert », qui se reconnaît dès juillet 1871 dans la République modérée, « sensible aux courants du radicalisme et du socialisme ». On est loin du cliché d'une Basse-Bretagne attardée et réactionnaire.

L'étude, assise sur de nombreux documents d'archives, porte essentiellement sur le territoire de la Basse-Cornouaille qu'on peut appeler également Cornouaille maritime, bordée par la presqu'île de Crozon, Cap Sizun, Cap Caval, et les larges baies de Douarnenez, Audierne et Concarneau.

Des années 1870 à 1914, les républicains vont y gagner une crédibilité politique, donnant raison au sociologue précurseur André Siegfried : « Lorsqu'il échappe à l'influence politique du prêtre et à la pression immédiate du noble, c'est-à-dire lorsqu'il est abandonné à lui-même, le peuple breton est naturellement égalitaire, républicain et démocrate ».

Page 122, Maurice Lucas fait l'analyse d'une contre-attaque en 1877 du clan conservateur via la candidature de Jean-René Bolloré, papetier gabéricois et originaire de Douarnenez : « Aux références traditionnelles à l'ordre, à la tradition et à la religion s'ajoute celle, plus nouvelle, de la compétence économique garante de prospérité et de paix. La candidature du papetier d'Ergué-Gabéric répond sans doute à la volonté de renouveler une représentation et une thématique susceptibles de démarquer la posture conservatrice d'une image passéiste, sinon réactionnaire ». Et de citer le texte de son tract pour les élections législatives d'octobre 1877.

Cette affichette au format 20x30cm, conservée aux Archives Départementales du Finistère (cote 3 M 278, élections législatives d'octobre 1877), se décompose en une première partie argumentaire sur les qualités du candidat, et une seconde listant les noms des membres notables de son comité de soutien.

 

Le premier argument est relatif à la morale : « Monsieur Bolloré a d'ailleurs vos croyances et vos sentiments. Il aime ce que vous aimez : l'Ordre, la Paix, la Religion. Il redoute ce que vous redoutez : les conflits entre les pouvoirs publics, les théories subversives et la Révolution. » Le second met en avant ses compétences : « Tour-à-tour, chirurgien de la marine, docteur-médecin, exerçant son art dans notre arrondissement, grand industriel ... Sa situation de directeur d'une grande usine ...  »

Les 32 noms de son comité de soutien sont majoritairement des propriétaires et maires des communes voisines de Quimper, un banquier, un notaire, un entrepreneur, un ébéniste ... La présidence est assurée par De Chamaillard père, c'est-à-dire Henri Pierre Charles Ponthier de Chamaillard, député royaliste du Finistère à l'Assemblée nationale de 1871 à 1876.

Le procès-verbal des résultats de la 1ère circonscription de Quimper, conservé également en 3M278, donne une majorité au candidat républicain Louis Hémon. Le détail des votes par commune permet de noter une préférence républicaine dans les grandes villes (Quimper, Rosporden) et le littoral (Concarneau, Fouesnant).

Par contre les communes rurales donnent leurs voix au candidat conservateur : Langolen, St-Evarzec, Ergué-Gabéric, Plomelin, Pluguffan, Elliant, St-Yvi, Tourc'h. Certes sur Ergué-Gabéric où il réside, le papetier Bolloré est en tête (239), mais il devance de très peu Louis Hémon (220), la commune devenant progressivement « sensible aux courants du radicalisme et du socialisme » (cf. Livre de Maurice Lucas).

En savoir plus : « LUCAS Maurice - La Cornouaille politique 1870-1914 », « 1877 - Affiche de JR Bolloré et résultats des législatives »

Nota : la semaine prochaine nous évoquerons la fabrique de chapeaux de Jean-Guillaume Bolloré, oncle, tuteur et beau-père de Jean-René, et son transfert rue des Réguaires autorisé en mai 1825.

2 Grève pour 25 centimes et du feu

Billet du 25.02.2017 - Où il est question d'une grève ouvrière d'une journée, de l'intervention de la gendarmerie sur place, de l'obtention d'une petite augmentation de salaire, d'organisation de feux pour réchauffer et sécher les mineurs, et du licenciement des deux meneurs quimpérois.

L'on savait qu'une mine d'extraction d'un minerai proche de l'arsenic, le célèbre antimoine, avait été exploitée sur notre territoire entre 1913 et 1928, et qu'une petite coupure de journal indiquait un conflit social dès les premiers mois. Mais rien ne vaut une liasse inédite conservée aux archives départementales contenant les échanges entre commissaire, préfet, brigadier de gendarmerie, pour en apprendre un peu peu plus sur les conditions de travail dans la mine de Kerdévot.

En décembre 1913 Joseph Chaleil, le préfet du Finistère est immédiatement saisi par courrier par la direction de la société minière de la Lucette lorsque démarre la grève des 42 ouvriers de la mine d'antimoine : « Nous avons l'honneur de solliciter de votre haute bienveillance, d'envoyer à notre exploitation de Kerdévot quelques gendarmes pour mettre l'ordre ».

La réquisition de 4 gendarmes et leur brigadier est organisée pour le lendemain matin, l'intervention ayant pour but de « prêter le secours de quatre gendarmes et brigadier à Kerdévot commune d'Ergué-Gabéric à partir du 12 décembre à l'occasion d'un mouvement gréviste ».

Le rapport d'un « commissaire spécial » nous permet de comprendre les motivations de ceux qui ont débrayé toute la journée et la nuit du 11 décembre :
Image:Right.gif La première revendication est le niveau de salaire journalier : « une augmentation de 0.25 centimes par jour a été accordée, qui a paru donner satisfaction, momentanément tout au moins », la nouvelle grille passant de « 3 f 25 ... 4.25 » à « 3 f 50 ... 4.50 ».
Image:Right.gif Ensuite ils réclament des feux pour se sécher : « qu'il leur soit fait du feu, aux heures des repas, et la nuit ... ils ont continuellement les pieds dans l'eau, et que celle-ci tombant de partout, leurs vêtements même sont vite mouillés ».
Image:Right.gif Enfin un peu de considération : « ainsi ils auraient besoin de soins ou d'attention qu'ils n'ont pas eus jusque-là ».

 
(croquis de Laurent Quevilly, 1987, Ouest-France)

La première revendication satisfaite immédiatement, le besoin de feu le sera aussi : « sur lequel je le répète, ils peuvent compter dans un avenir très prochain, et dont ils auraient déjà joui ou bénéficié si les fournisseurs, tant d'anthracite que de bois, y avaient mis un peu plus de hâte ».

La contrepartie de ce règlement est la non reprise du travail par les deux meneurs quimpérois principaux, à savoir Villerm et Jean Riou, tous deux domiciliés à l'Eau Blanche. Quatre autres meneurs sont licenciés et « réglés » le 12 au matin, mais ils sont réintégrés le lendemain avec leur 36 autres collègues qui avaient déjà repris le travail.

Il faut dire que la présence des 5 gendarmes avaient été maintenue sur place à Kerdévot jusqu'au lundi 15 décembre, et qu'une tournée militaire est programmée pour le 24, jour de la paie (tous les 10 jours), pour éviter d'autres velléités de grève.

En savoir plus : « 1913 - Grève des ouvriers employés aux mines d'antimoine de Kerdévot », « La mine d'antimoine à Kerdévot/Niverrot en Ergué-Gabéric », « Revendication des ouvriers de la mine d'antimoine de Kerdévot », « Antimoine à Kerdévot, OF-LQ 1987 »

(2 employées et 31 ouvriers à la mine Kerdévot en 1915 en sabots et portant pioches et lampes de mineurs, photo communiquée par Jos Nédélec de St-Joachim)

3 Papier terrier et timbré de 1680

Billet du 20.02.2017 - « Papier terrier : registre tenu par les chambres de comptes régionales dans le cadre d'une Réformation du domaine du roi.
Papier timbré : papier tamponné d'un sceau soumis à paiement utilisé pour enregistrer des actes authentiques.
 »

En 1660 Colbert lance la réformation du domaine royal en Bretagne, c'est-à-dire la vérification des aveux et déclarations de propriété des sujets du roi, depuis le paysan jusqu'aux seigneurs locaux.

Les 43 sentences concernant Ergué-Gabéric, constituées de 237 folios recto-verso (soit près de 500 clichés), faisant suite au « conseil d'estat du troisiesme aoust mil six sent quatre vingt pour la confection du papier terrier et réformation du domaine de Quimper, Chateaulin, Carhaix, Chasteauneuf du faou, du Huelgoat et Landeleau, Concq Fouesnant et Rosporden » ont été concoctées par les commissaires de la cour des comptes.

Les originaux sont conservés aux Archives Départementales de Nantes ou siégeait la cour des comptes chargée de vérifier les déclarations et une copie complète est consultable aux Archives Nationales à Paris sous la côte P//1689 : « quatrième volume du papier terrier de Quimpercorantin ». Ce registre, consacré principalement à la paroisse d'Ergué-Gabéric (folios 171 à 407), et accessoirement Esquibien, Ergué-Armel et Guengat, inclut la liste des documents avec le nom des lieux nobles ou non, ainsi que le nom des propriétaires fonciers.

Les documents établis dans le cadre de la réformation du domaine royal, avec leur sceau de papier timbré libellé « Bretagne EXTRARETERRIER, un sol », sont intéressants à plus d'un titre :

Image:Right.gif ils constituent le papier-terrier ou cadastre de la paroisse avec les possessions réputées dépendre du domaine du roi.
Image:Right.gif lorsque les biens n'ont pas été achetés du vivant du propriétaire mais hérités, les ascendants de celui ci sont souvent fournis, parfois jusqu'à 3 générations, ceci étant très utile pour consolider un état civil très lacunaire pour cette période.
Image:Right.gif l'inventaire effectué permet de tracer précisément le contour des juridictions seigneuriales et des liens de subordination entre seigneurs locaux ou plus distants.

 


Image:Right.gif pour chaque tenue agricole sont généralement fournis les montants des rentes, la surface cultivée et la qualité des terrains (terre froide, chaude, pré, étang, bois, ...).

Outre les domaines nobles connus comme Kerfors, Lezergué, Keranmilin (Kerveil), Penanrun ... on peut citer, aux folios 399-400, le cas particulier du presbytère ou « maison presbituale située au bourg paroissial d'Ergué gaberic » qui fait bien partie du domaine du roi, avec y compris une tenue au village distant de Tréodet.

Certaines sentences de 1680 seront mises à jour en 1682 : c'est le cas, en folio 294, de deux encarts successifs pour le domaine de Lezergué. Le premier de mars dit que l'aveu détaillé doit être complété aux dires de son propriétaire Guy de Charmoy, seigneur de Keraret et héritier de Guy Autret, de ses droits « de haulte basse et moyenne justice et patibulaires eschues dans une montagne dependante de son lieu de Lestonan ». Par le second addendum de septembre on apprend qu'il « a esté débouté du droit de hautes moiennes et basses justices et de celuy de coustumes ».

Les 237 doubles pages du papier terrier de 1680 d'Ergué-Gabéric sont un trésor documentaire qu'il s'agira d'analyser au fur et à mesure de leurs transcriptions.

Image:Square.gif En savoir plus : « 1680 - Papier terrier et réformation du domaine royal à la chambre des comptes de Nantes »

4 Cartes et itinéraire de Bretagne

Billet du 11.02.2017 - « Atlas itinéraire de Bretagne contenant les cartes particulières de tous les grands chemins de cette province avec tous les objets remarquables qui se rencontrent. Dédié à nosseigneurs les Etats de Bretagne. Par leur très humble et très obéissant serviteur Ogée »

On connaît le géographe Jean-Baptiste Ogée (1728-1789) pour son dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, édité en 1780 et décrivant ses découvertes de voyage sur les chemins et les villages bretons. Sans oublier la paroisse d'Ergué-Gabéric dont les infos se trouvent en page 268 avec le texte original de l'auteur et ses notes de rééditions.

Les deux premiers paragraphes d'Ogée précisent la localisation : « à 1 lieue 1/5 à l'E. de Quimper et à 37 lieues de Rennes », le nombre d'habitants : « 1800 communiants », l'activité essentiellement rurale : « Son territoire est fertile en grains, et plein de vallons où sont de très belles prairies ». La cure est dite « à l'alternative » ce qui, contrairement à Ergué-Armel, indique une double dépendance de bénéfices vis-à-vis de l'évêque les mois pairs et du pape les mois impairs. Plus globalement, en terme de droit féodal, toute la paroisse relève du roi, « à l'exception des trois villages qui se trouvent sous le fief de l'évêque de Quimper ».

Quant aux notes additionnelles il y a une erreur sur la localisation de Ste-Anne-du-Guélen qui est en réalité sur Ergué-Armel. Dans la première note de 1843 il est question d'« un moulin à papier et une tuilerie » que l'on peut positionner respectivement au lieu-dit d'Odet (la papeterie de Nicolas Le Marié fondée en 1822, et transférée plus tard aux Bolloré) et à Penn-Carn-Lestonan.

À l'occasion de l'édition de son dictionnaire géographique il a aussi publié ses itinéraires précis de voyage et deux cartes « géométriques » dont l'une servira de base de travail pour définir les 5 départements de la région Bretagne.

L'atlas itinéraire de Bretagne, constitué des « Cartes particulières de tous les grands Chemins de cette Province avec tous les Objets remarquables qui se rencontrent à une Demie Lieur Adroite et Agauche » est publié en 1769. Le tronçon Rosporden-Quimper est le trajet emprunté par le voyageur passant notamment à la chapelle de Ste-Anne-du-Guélen en Ergué-Armel, sur une route très proche d'Ergué-Gabéric.

La carte préparée par le cartographe Dezauche en 1771 pour Ogée, « dédiée et présentée à nosseigneurs les Etats », est plus précise, et on y voit bien le nom de la paroisse Ergué « Gaberie » avec un e final à la place du c, la voie principale de communications en pontillé, les tracés des deux cours d'eau "frontières" (Odet et Jet) et affluents, la localisation  du  chef  -

  lieu paroissial et de St-André, et par deux fois le lieu « Kerdevet » correspondant sans doute aux deux chapelles de St-Joachim (près de Lezergué) et de Kerdévot.

Sur la carte dédiée au duc de Duras par Jean-Baptiste Ogée en la même année, les détails gabéricois sont à peu près les mêmes. Par contre cette carte est célèbre pour sa reprise en 1788-89 par les députés bretons comme support du découpage de la Bretagne en départements : Finistère, Côtes-du-Nord, Morbihan, Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure. Les révolutionnaires ont proposé un coloriage des 5 départements et des 45 districts qui seront mis en place le 26 février 1790.

Deux articles pour en savoir plus : « Itinéraire et cartes de Bretagne de Jean-Baptiste Ogée, 1769-1771 », « OGÉE Jean-Baptiste - Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne »

5 Les 110 mouvances du Présidial

Billet du 04.02.2017 - « Toute la paroisse relève du roi, à l'exception des trois villages de Kermorvan, de Kernechiron et Kerougan, qui se trouvent sous le fief de l'évêque de Quimper. » (Jean-Baptiste Ogée, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, 1780)

Nous exhumons cette semaine 4 pages d'un registre des Archives Départementales, site de Brest, incluant la liste des manoirs et villages gabéricois régis par le siège présidial de Quimper et constituant les mouvances du domaine du Roi.

Cet inventaire des manoirs, moulins et villages, non daté précisément si ce n'est du 18e siècle, constitue la dernière photographie de l'ancien régime avant la Révolution de 1789. Le premier registre (cote ADF B502) est probablement daté du début du siècle, et le second (cote ADF B503) est un complément mis à jour après 1730, par la référence à un aveu adressé au Roy. Les deux documents constituent une préfiguration du grand recensement de la population gabéricoise qui sera organisé plus tard en 1790.

Ce registre est produit par le présidial de Quimper, une juridiction royale composée de juges, procureur, sénéchal, avocats et conseillers, tous en charge de délivrer la justice criminelle et civile, en particulier les arbitrages sur les successions et droits seigneuriaux. Attachés au domaine royal, le présidial et la sénéchaussée ne devaient pas traiter pas des affaires civiles et ecclésiastiques relevant des Régaires, l'autre juridiction quimpéroise responsable du domaine temporel du seigneur Évêque de Quimper.

Pour ce qui concerne les villages du fief de l'Evêque cités par Jean-Baptiste Ogée il faut lire Kermorvan, Coat-Piriou et Keranquéo, auxquels il faut ajouter d'autres villages gabéricois formant aussi propriété épiscopale, à savoir Quillyhouarn, Creac'h-Ergué, Kerho et Cutuillic / Saint-André. Sans oublier toute la partie sud-ouest de la commune actuelle, autour du Cleuyou, Kerampensal, La Salle-verte, Kerelan qui étaient rattachés à Lanniron ou Ergué-Armel pendant l'ancien régime.

Certains des villages sous juridiction des Regaires sont également listés comme mouvances du Présidial, notamment Coat-Piriou, Creac'h-Ergué, Kerho, Cutuillic. Ceci peut s'expliquer de différentes manières : soit la totalité des propriétés du village n'était pas détenue par l'Evêque, soit le propriétaire foncier a changé en provoquant un passage dans le domaine royal.

Les manoirs identifiés au 18e siècle par le Présidial, c'est-à-dire les propriétés les plus importantes détenues avec allégeance d'un noble au roi, sont respectivement dans l'ordre d'inscription au registre : (voir la liste dans l'article, ainsi que les moulins associés). Il manque le manoir et moulin de Pennarun, mais sans doute sont-ils compris dans « le bourg en entier ».

Quant aux autres déclarations qui ne sont ni des moulins, ni des manoirs, ce sont les villages repérés par la lettre v, généralement simples mouvances dépendant d'un lieu noble principal. On décompte 105 lieux au total sur le premier document, la 2e page constituant une réécriture de la 1ere page, et le deuxième document en ajoutant seulement cinq. Cette liste de 110 lieux nobles et villages avec leurs orthographes bretonnes anciennes apporte des variantes supplémentaires toponymiques. On notera au passage le bien-nommé « Keranroué », un "hameau du roi".

 

L'autre intérêt du deuxième document est de donner les regroupements des villages par domaine et de préciser leurs derniers propriétaires nobles avant l'hécatombe révolutionnaire. Le plus grand domaine avec ses 22 villages autour du manoir de Kerfors est celui de la famille de La Marche. Le second avec 10 mouvances est celui de Guy-Marie de Lopriac (le blason des Lopriac est présent sur la chapelle voisine de Kerdévot), comte de Donges, qui avait hérité de la seigneurie de Botbodern en Elliant.

Quant à la « maison presbitalle » ou « presbitaire » avec comme avouant «  le Général », elle est pour nous un mystère. En effet on peut se demander pourquoi la cure serait incluse dans le domaine du Roi géré par le Présidial, et non sous la juridiction des Régaires. Certes ce presbytère est encore aujourd'hui la plus authentique bâtisse manoriale du bourg et sera l'objet de convoitises après la révolution, mais le fait qu'elle soit blasonnée du blason d'un recteur chanoine sur sa porte sud nous induit à penser qu'elle était hors de contrôle du présidial royal.

En savoir plus : « 1700-1780 - Les mouvances du présidial de Quimper dans la paroisse d'Ergué-Gabéric »

6 Publicité sexiste d'après-guerre

Billet du 28.01.2017 - « Si vous les aimez bien roulées, papier cigarette OCB ! ». Le slogan était célèbre à la fin de la dernière guerre ... les premiers "bikinis" dévoilaient audacieusement les corps des naïades. Alors, forcément, on les préférait « bien roulées » (Jean Failler, Gens et choses de Bretagne)

Ce slogan publicitaire OCB bien connu, créé par le publicitaire Tony Burnand en pleine guerre 1939-45, a connu un grand succès dans les années d'après-guerre. On le voyait et entendait partout sous la forme d'affiche, de pub radiophonique, et sur les voitures de la caravane du Tour de France.
Un bel homme viril, deux doigts prélevant du tabac, une feuille OCB collée à la lèvre, le clin d’œil pour l'allusion grivoise, voilà les ingrédients visuels de la publicité d'origine. Ensuite, sur les agendas à feuilles détachables et édités par la société Publicis, le slogan était illustré par une pin-up souriante presque dénudée, en maillot de bain et talon haut. Plus tard, la tête du fumeur est devenue un croquis stylisé avec un chapeau rigolo et quatre doigts pour rouler sa feuille gommée.

La femme déshabillée comme illustration sur les paquets à cigarette était d'usage courant jusqu'au milieu du 20e siècle. Les images du fabriquant algérois « Abdelkader ben Turqui et Cie » qui s'approvisionnait en papiers Bolloré, étaient bien connues et "appréciées" des fumeurs.

Le slogan publicitaire « Si vous les aimez bien roulées ... » avait comme support des affichettes ou annonces dans les revues, mais aussi sur les buvards fabrication maison. De dimension 13,5 cm x 21 cm, ils servaient à effacer l'encre dans les foyers et les écoles, et bien sûr à porter le message de la marque. Il existe même un cendrier OCB avec le texte publicitaire sexiste dans une collection de la faïencerie H.B. de Quimper.

Mais en fait après 1952, pendant dix ans, les papeteries Bolloré n'utilisèrent plus cette publicité en leur nom, car ils n'en avaient plus le droit d'usage à cause d'un différent avec le publicitaire créateur Tony Burnand, propriétaires des droits. Ce dernier l'avait ensuite cédé à un représentant des cahiers de papier à cigarette, Jo Le Gentil.

J. Le Gentil, utilisait la pub en question dans l'annuaire Didot-Bottin du commerce de Paris pour faire sa propre promotion : « J. Le Gentil & Cie représentants généraux des papiers à cigarettes en cahiers O.C.B », et celle de son fournisseur : « Papier à cigarette O.C.B Papeteries René Bolloré Société à Responsabilité limitée au capital de 23.400.00 francs ».

On dispose ci-contre de la page originale du Bottin de 1945 où apparait cette pub au format vertical allongé, avec au verso les petits encarts des professionnels du secteur. Le représentant OCB était domicilié au 5 rue de Téhéran, ayant sans doute les locaux commerciaux de l'arrière-cour.

 
Annuaire Didot-Bottin du commerce de Paris de 1945

En 1962, lors de la remise de la légion d'honneur à Michel Bolloré, Tony Burnand écrit une lettre dans laquelle il lui rappelle son rôle comme créateur du slogan publicitaire, sa cession des droits à Jo Le Gentil et il menace de dire la vérité à la presse nationale.

En 1983, lors de la fermeture définitive de la papeterie d'Odet, les articles dans Ouest-France de Laurent Quevilly (alias « Laorz ») titraient « Si vous les aimiez bien roulées ... » ou « On les aimait bien roulées ». On y voit ce célèbre croquis du fumeur OCB qui ne sourit plus et qui a une larme à l’œil.
En savoir plus : « 1945-1983 - Les supports de publicité "Si vous les aimez bien roulées ... OCB" », « 1962 - Défense de paternité du slogan "Si vous les aimez bien roulées ... OCB" »

7 Bulletin des 10 années à venir

Billet du 21.01.2017 - Bulletin, s.m. : publication périodique de dimension plus réduite et de contenu moins développé qu'une revue et rendant compte des activités d'une société (Trésor de la Langue Française Informatisé, TLFi-CNRTL).

Le bulletin de début d'année est l'occasion de vous renouveler nos bons vœux : « Peoc'h ha yec'hed ».

Outre le premier sujet sur la numérisation de l’état des sections et de la matrice cadastrale de 1835, le bulletin contient tous les articles et billets publiés pendant le trimestre, des cartes postales, photos et coupures de presse du côté d’Odet, d’innombrables lettres de Guy Autret (et cette question : « à quand une avenue à son nom ? »), de la musique d’orgue, de la vente des ruines de Lezergué, des terres de la Marquise de Sévigné, jusqu’à la nuit de l’aurore du « Pellgent ».

C'est aussi l'heure de faire cette annonce : en cours d’année 2017 on fêtera l’anniversaire des 10 ans d’existence du site GrandTerrier, et d'ores et déjà nous réfléchissons à une publication supplémentaire, ceci sous la forme de rendez-vous annuels avec un support original, réplicable et multiformes :

Image:Right.gif Une monographie d’histoire et mémoire de la commune et de ses villages, de tous les temps et toutes les époques.

Image:Right.gif Des articles de fond présentés comme dans les « mélanges universitaires », ce en l’honneur des anciens érudits autodidactes du pays comme Déguignet ou Guy Autret.

Image:Right.gif Un suivi des actions de l’année, les grandes découvertes et les enrichissements du fonds documentaire, et la vie de l’association 1901.

Image:Right.gif Un espace ludique, des cartes et photos en grand format, une reliure de 100-200 pages, un tirage professionnel à la demande, une diffusion par correspondance et dans les commerces locaux.

Et bien sûr, dès que la maquette sera prête en fin d’été, on vous en dira plus.

Le bulletin en ligne : « Kannadig n° 36 Janvier 2017 »

 

8 Kerveil domaine des Sévigné

Billet du 15.01.2017 - « les plus belles dames de la province & particulierement pour madame de Sevigné, aveq les reponces de la mesme dame & plus de 300 vers de sa façon & de son esprit, qui themoignent qu'elle a bon esprit et qu'elle est de tres belle humeur », Guy Autret (1644-45).

On imaginait bien que des terres gabéricoises fussent un temps possédées par la marquise de Sévigné (1626-1696), née Rabutin-Chantal. Mais une confusion entre le manoir de Lanroz en Ergué-Armel et les terres de Penanros en Ergué-Gabéric avait généré une désillusion, car seul le premier avait été acquis par la marquise après le décès de son époux Henri de Sévigné (1623-1651). De plus, pour compliquer un peu les choses, un document a été inventorié (ADF A85) pour l'année 1633 avec un certain village de Keranmilin possédé par un certain Charles de Sévigné.

Mais en réalité le document publié in-extenso ci-dessous, daté du 6 août 1683, conservé aux archives nationales et découvert récemment totalement par hasard (cote MC/ET/LI/612), donne le détail des propriétés cornouaillaises, avec en annexe le rentier précis des revenus attendus pour chaque domaine et village concernés. Le « manoir » de Kerveil, orthographié « Keranmilin », en Ergué-Gabéric et ses mouvances de Kerjan, Niverrot et Kerveady y sont bien mentionnés comme intégrés au domaine de la marquise, ce au même titre que la seigneurie de Lanros et d'autres terres à Plomelin, Plonéour ... Tous ces biens sont acquis par la veuve Sévigné et ses deux enfants : Françoise épouse Grignan (1646-1705) et Charles (1648-1713).

Nous ne savons pas comment la famille d'Acigné de la Roche-Jagu et de Grand-Bois en Landebaëron est devenue propriétaire des manoirs de Lanros et de Keranmilin/Kerveil. Le domaine de Kerveil était auparavant, aux 15e et 16e siècles, une extension des biens nobles des Tréanna installés à Botbodern en Elliant. Ces derniers ont transmis ces biens à d'autres, peut-être directement à la branche des Grand-Bois qui possédaient déjà d'autres biens gabéricois en 1441.

La configuration du domaine de Kerveil est décrite dans la liasse dite A85 des extraits d'aveux du 16e siècle, avec les quatre ou cinq mouvances de villages payant des rentes et droits de succession au seigneur de Kerveil [1].

Dans cette même liasse A85, on découvre aussi qu'en 1633 le domaine est déclaré par Charles de Sévigné. Ce dernier pourrait le beau-père de la marquise qui décédera en 1635 avant le mariage de son fils Henri. Mais il est plus probable que la date de 1633 est erronée, et plus vraisemblablement ce serait la déclaration de vente faite au nom du fils Charles pour lequel la marquise a acquis toutes ses terres qu'elle désignait dans ses lettres comme « les terres de Mme d'Acigné ».

Les terres du domaine et du manoir de Keranmilin/Kerveil sont listées dans le rentier de 1683, à savoir les villages de Kerjan (aujourd'hui Keryann), Niverot, Kervernich (Kervernic) et Kerveady. Les revenus annuels et en part de récoltes sont détaillés. Le manoir de Kerveil générant 30 livres par an représente environ 15% du revenu du château plus important de Lanroz. Le village du Niverrot paie aussi une rente en argent,

 


Les quatre villages doivent annuellement quelques boisseaux « combles » de froment (« scandihl » pour le Niverrot, c'est à dire "barbu") , de seigle et d'avoine, sans oublier un autre impôt proportionnel sur les récoltes (« champart ») et les inévitables corvées. L'ensemble du domaine de Kerveil est déclaré « fief du Roy soubs Quimper » contrairement à Lanroz « fief des regaires » qui est sous l'égide du Seigneur Evêque.

Marie Raputin-Chantal, et vraisemblablement son fils, ne sont jamais venus sur leurs terres cornouaillaises qui n'étaient qu'objets de spéculations financières. Certes ils faisaient des séjours dans leurs autres résidences luxueuses de Bretagne, notamment dans le château des Rochers-Sévigné, mais on peut douter que la précieuse épistolière ait compris le quotidien de ces tenanciers et paysans, à la lecture de l'une de ses lettres : « Vous savez qu'on fait les foins. Savez-vous ce que c'est que faner ? Il faut que je vous l'explique : faner est la plus jolie chose au monde, c'est retourner le foin en batifolant dans une prairie ; dès qu'on en sait tant on sait faner ».

En savoir plus : « 1683 - Vente à la marquise de Sévigné de quelques terres gabéricoises et cornouaillaises », « 1510-1683 - Adveus de Keranmelin extraicts de l'inventaire de Kempercorantin »

9 Ruines de Lezergué à vendre

Billet du 07.01.2017 - Elginisme, s.m. : forme de vandalisme consistant à extraire des œuvres d'art de leur contexte ou région d'origine pour les exposer ailleurs. Cette pratique tire son nom du titre de lord Elgin qui fut responsable du transfert à Londres des marbres du Parthénon (Wikipedia).

C'est sous ce thème qu'en 1929 le Journal des Débats évoque au niveau national le scandale de Lezergué : « Le fermier-propriétaire, qui jusqu'ici campait dans l'unique coin habitable de cette immense ruine, s'est décidé à la démolir et à construire une autre maison avec les matériaux. Mais il a épargné la façade, et espère, parait-il, qu'un Américain milliardaire viendra bientôt lui en proposer beaucoup de dollars. Lezergué revivra peut-être un jour sur les rives du Potomac ou de l'Ohio. ».

Le premier article sur le sujet date de 1924 et est signé des initiales L.G. de Louis Le Guennec : « Le possesseur de ce vieux manoir serait disposé à le vendre ; mais, inspiré par un sentiment respectable, quoiqu'un peu exclusif, et surtout fâcheux par les conséquences qui fatalement en découleront, il ne veut aliéner que les pierres, laissant à l'acquéreur, s'il lui plaît, la faculté de les rassembler ailleurs. »

En 1924-1930 le propriétaire-fermier est Jean-Marie Nédélec, marié à Marie-Renée Laurent, représentant la 3e et avant-dernière génération des propriétaires-fermiers de Lezergué, son grand père ayant acquis le manoir dans les années 1855-60.

L'état de ruine du manoir, rebâti au 18e siècle, est bien avancé dès 1924 : « Intérieurement, Lezergué est dans un triste état, bien qu'on y admire toujours le grand escalier d'honneur et sa voûte plate d'une surprenante hardiesse. Les salles basses, aux cheminées et aux lambris élégamment moulurés, sont seules habitées par le fermier-propriétaire ; tout le reste du château n'offre qu'abandon et ruine. »

D'où le projet de démolition : « Le possesseur de ce vieux manoir serait disposé à le vendre ; mais, inspiré par un sentiment respectable, quoiqu'un peu exclusif, et surtout fâcheux par les conséquences qui fatalement en découleront, il ne veut aliéner que les pierres, laissant à l'acquéreur, s'il lui plaît, la faculté de les rassembler ailleurs ».

À la fin août 1929 de petites annonces laconiques soient publiées dans les journaux locaux quimpérois :

  Signées L. par le mémorialiste Louis Le Guennec et incluant son très beau croquis de la façade en question, les chroniques locales de l'Ouest-Eclair vont alors tenter de réveiller les consciences collectives et faire en sorte que Lezergué soit inscrit comme Monument Historique : « Tout porte à espérer que ces démarches aboutiront et que ce monument, d'un style assez rare dans le Finistère, ne quittera pas de sitôt la Cornouaille pour les bords du Potomac ou de la Rivière-Rouge  ».

L'inscription aux monuments historiques sera effective le 9 décembre 1929. Depuis cette date, la façade du château n'a pas été transplantée, mais on peut regretter que les pierres intérieures ont continué à tomber, notamment l'escalier central monumental.

Aujourd'hui le domaine de Lezergué a connu une belle reconversion par l'installation et le développement d'une cidrerie réputée. Gageons que la marque du cidre de Lezergué est une assurance contre toute tentative d'elginisme, et, espérons-le, une garantie que l'état de la façade ne sera pas plus dégradé dans un futur trop proche.


En savoir plus : « Vente de façade de vieux château, Ouest-Eclair et autres journaux 1924-1930 »

10 Pace è salute, Paix et santé

Billet du 31.12.2016 - Nos vœux corses et bretons : « Bon annu, Bon capu d’annu, Bonu quist’annu, Megliu un altr’annu », « Bloavezh mat, fin ar bloaz mat, gwall vad a oa e 2016, gwelloc'h a vo e 2017 » (Bonne année, bonne fin d’année, cette année a été bonne, celle qui vient sera meilleure)

Pourquoi en corse ? Parce que Napoléon-Bonaparte était corse, et que l'année 2016 grandterrienne se termine sur une note napoléonienne : suite aux travaux d'Henri Chauveur et à la numérisation récente de la matrice cadastrale de 1835-1914, nous avons aussi publié l'état complet des sections en 1835.

Certes en 1835 l'empereur Napoléon n'était plus de ce monde. Mais la loi de finances du 15 septembre 1807 est à l'origine du cadastre parcellaire français, appelé Cadastre Napoléonien ou encore Ancien Cadastre. On rapporte aussi ces propos de l'Empereur : « Ce qui caractérise le mieux le droit de propriété, c'est la possession paisible et avouée. Il faut que le cadastre se borne à constater cette possession ». Les travaux de confection du Cadastre Napoléonien, commencés en 1808, s'étalèrent pendant plus de quarante années sur le territoire français.

L'état des sections d'Ergué-Gabéric donne des informations pour visionner les plans cadastraux (publiés aussi sur GT), ces derniers formant 20 feuilles grand format pour 7 sections : Squividan, Sulvintin, Saint-André, Niverrot, Loqueltaz, Bourg, Lezergué. Le relevé fournit, sous forme de 7 listes de section, le nom exact de chaque parcelle numérotée, sa description, le nom du propriétaire, le lieu-dit, la superficie et le revenu foncier.

Le relevé de l'état des sections est également complémentaire aux tableaux et folios de la matrice cadastrale : autant les seconds ont été modifiés à chaque changement de propriétaires ou de découpages des parcelles, autant l'état des sections constitue la première photo historique intégrale de 1835 détaillant les propriétés bâties et non bâties.

Le relevé est daté précisément du 20 juin 1835 et reprend la liste ordonnée des parcelles du plan cadastral napoléonien. Il est réparti sur 235 feuilles de 28 lignes, ce qui représente au total 6479 parcelles identifiées dans chacune des 7 sections territoriales. Les images ont été scannées à partir du document des Archives communales d'Ergué-Gabéric, le 2e exemplaire étant conservé aux Archives départementales (3 P 54 / 2).

La transcription des lignes de l'état de sections a démarrée et est faite directement dans une table spécifique d'une base de données MySql. Dans l'article on peut voir la progression des enregistrements effectués par rapport au total de 6479 lignes.

 

Lorsqu'on aura transcrit les 2000 premiers enregistrements, on proposera un formulaire de recherches multi-critères : numéro, propriétaire, lieu-dit ... Ce formulaire sera également couplé avec les tableaux et les folios de la matrice cadastrale. Et on envisage même de lire la base de données cadastrale dynamiquement lorsqu'on naviguera sur le plan lui-même, ce qui permettra en regard de chaque numéro de parcelle de connaitre son nom exact et son propriétaire.

En savoir plus : « 1835 - Etat détaillé des sections du plan cadastral napoléonien »

11 Souvenirs de Noël "Ar Pellgent"

Billet du 24.12.2016 - Pellgent, s.m. breton : aurore, évoquant la nuit de Noël, et par réduction la messe basse de minuit. « Oferenn ar Pellgent » : messe de Minuit ; « Nozvezh ar Pellgent » : nuit de Noël ; « Tad Kozh ar Pellgent » : grand père de l'aurore, ou Père Noël.

Autrefois la veille de Noël à Ergué-Gabéric n'était pas aussi "commerciale" que de nos jours, comme l'attestent nos deux témoins oculaires de cette semaine.

Dans son cahier de souvenirs « Koñchennoù - Histoires vécues de mon enfance » édités par Arkae en 2009, Lanig Rouz de Drohen nous raconte en breton comment la soirée et la messe dite du « Pellgent » se déroulaient au Bourg du temps de son enfance. Et René Le Reste de Garsalec, le fameux conteur bretonnant du groupe « Groupe Biskoaz - Kemend all » ou « Variétés villageoises », se rappelle bien également de cette même nuit du côté du patronage et de la chapelle de la papeterie d'Odet.

La formulation d'Ar Pelgent pour désigner la messe de minuit, et par extension la nuit sacrée entre le 24 et le 25 décembre, était encore bien usitée à Ergué-Gabéric dans les années 1940-50. Lanig Rouz précise : « Gwechall yae a pe brazoc'h deus an dud dar pellgent, an oferenn hanternoz e gouel Nedeleg » (autrefois, la plupart des gens allaient à la messe de minuit pour la fête de Noël). René Le Reste se rappelle qu'à Ergué « on ne prononçait pas le g de Pellgent : "mond d'ar Peillient" (aller à ...) », les lettres ll et g étant "mouillées".

Que ce soit au Bourg ou à Odet-Lestonan, les traditions étaient un peu les mêmes en cette soirée et nuit de Noël ; on devait patienter jusqu'à l'heure de minuit pour se réunir dans l'église ou la chapelle.

Au bourg les nombreux bistrots faisaient office de salles d'attente : « Barzh a vourc'h tam an ostaleri bennaked evit hortoz hanternoz, lod evit evan banniou a da gaozeal ; a re all evit da c'hoariet kartou. » (Arrivés au bourg, ils allaient dans les bistrots attendre minuit ; certains buvaient des coups et discutaient, d'autres jouaient aux cartes)

Pour la messe à la papeterie d'Odet, on se distrayait au patronage : « Il est vrai que je chantais en intermède à la soirée du patro de Kéranna, avant la messe de minuit, avec la chorale dirigée par M Salaün, notre maître et directeur de l'école, un chant sur les bergers justement ... Ensuite on descendait, tous ensemble, à la messe de minuit d'Odet qui démarrait vers minuit précisément et durait assez longtemps d'ailleurs. »

Au bourg les jeunes qui assistaient à la messe de minuit étaient un peu dissipés : « Barzh a c'horn an iliz, barzh a lec'h e oa ar baotred trouzus, en a selaoua ket koulz lavared tamm bet ar c'hanerien nag ar velleien, met ar gaoz a yae dro hag o vech dre var o mell taol c'hoarzhadig a lakei tout an dud, barzh an iliz, da zistroe deus war ho c'hadoriou ; a person koz a dennei ho zaoulagad kuit deus hi levr a daole o sell fuloret war traon an iliz.  » (Dans le coin de l'église où étaient les garçons turbulents, on n'écoutait pratiquement rien, ni les chants ni les paroles des prêtres. Mais on causait et de temps en temps ça riait, ce qui faisait retourner tout le monde dans l'église, le vieux recteur quittait son livre des yeux et jetait un coup d’œil furieux au fond de l'église.)

Par contre à Odet la discipline était de rigueur : « Les garçons de

  l'école avaient leur place réservée, plusieurs rangées de bancs près de la porte d'entrée à droite de l'autel, nos maîtres étaient à nos côtés. Les filles de l'école des sœurs, avaient aussi leur banc, mais de l'autre côté de l'allée centrale. Les dirigeants de l'usine avaient leurs places attitrées au premier rang et leur chaise à leur nom. J'ai le souvenir à chaque fois d'avoir vu une église bien remplie, bien chauffée et appréciée, une bonne animation. Minuit Chrétien, le chant traditionnel avait son chanteur attitré, Robert Padioleau ... »

Les conditions atmosphériques extérieures étaient à peu près les mêmes. Ainsi au Bourg : « Yen oa alies an amzer, avel fresk, an douar e oa skormad, a koulz lavared ech me ne oa ket morse ... A loar oa skler, an avel yen a c'hwezed deus an uhel » (Le temps était souvent froid avec un vent frais et la terre était gelée ; cependant il n'y avait pour ainsi dire jamais de neige ... La lune était claire, le vent frais soufflait du nord).

À Odet « il faisait froid bien sûr, nuit noire parfois, et pas de lumière après Lestonan, très peu de voitures heureusement, on ne trainait pas trop, près de 3 km ». Et ces années-là le dicton se vérifiait : « Pell-gent du, Blavez ed du » (messe de minuit noire, année de blé noir).

On peut se demander si la référence à l'aurore n'est pas un rappel des trois messes basses d'antan popularisées par Alphonse Daudet : la messe de la nuit (minuit), la messe de l'Aurore à 6H heures du matin, et la messe du jour de Noël.

Et les autres expressions bretonnes étaient « Nozvezh ar Pellgent », la nuit de Noël, et bien sûr le « Tad Kozh ar Pellgent », le grand père de l'aurore qu'on appelle aujourd'hui « Père Noël » en pays francophone.

En savoir plus : « Les souvenirs d'ar Pellgent ou nuits de Noël du siècle dernier »

12 Une base de données cadastrale

Billet du 18.12.2016 - Pas de véritable scoop cette semaine, mais l'annonce de la reprise du chantier titanesque de transcription de la matrice cadastrale de la commune d'Ergué-Gabéric entre 1835 et 1914, travaux initiés en 2005-2008 par notre ami Henri Chauveur.

Henri avait relevé une partie des 805 folios du cadastre napoléonien communal et transcrit leur contenu dans des fichiers Excel pour un certain nombre de hameaux gabéricois. C'est l'heure de compléter ce relevé par une consolidation dans une base de données qui permettra de comprendre d'une part les noms de nos parcelles (en breton, et mémorisant des états anciens) et d'autre part les mutations des propriétés au cours du 19e siècle.

Le plan cadastral napoléonien et sa matrice sont datés pour Ergué-Gabéric de 1834-35, et sont conservés en double exemplaire : l'un aux archives communales, l'autre aux archives départementales sous les cotes 3 P 54/x. Sur le plan découpé en section et feuille chaque parcelle et bâtiment est représenté avec l'indication d'un numéro de parcelle. Sur les deux registres de la matrice cadastrale, on trouve des tables alphabétiques des propriétaires, les tableaux de récapitulatif des revenus, et enfin les 805 folios détaillant les parcelles de chaque propriété.

Sur les deux tables alphabétiques des propriétaires, de nombreuses lignes sont rayées, mais elles n'en sont pas pour autant inintéressantes, car le principe de la matrice était d'y inscrire les modifications lors des successions au cours de cette longue période de 1835 à 1914. Lors des décès ou ventes globales les noms des anciens propriétaires sont "barrés" et les nouveaux sont ajoutés. Généralement, si la propriété n'est pas éclatée, le numéro des folios où est détaillée la propriété est conservé.

Nous avons donc créé une base de données MySQL, et les trois tables associées aux tables alphabétiques, aux entêtes de chaque folio, et au détail des parcelles. Et pour tester et démarrer la saisie, nous avons pris un exemple de parcelles et propriétaires représentatifs, les folios 319-321 du Moulin à papier d'Odet. La liste des propriétaires en cartouche donne des informations intéressantes :

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgLa veuve du fondateur, Marie Le Marié née du Pontois, garde la propriété des lieux pendant l'année 1871, étant domicilié à Stanc-Odet, et non au moulin d'Odet.
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgLe neveu de la veuve, Jean-René Bolloré, prend possession des lieux l'année suivant en se domiciliant au moulin à papier.
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgAu décès de Jean-René Bolloré, la succession est gardée pendant deux ans par la veuve et ses enfants.
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgL'ainé des enfants, René, est le dernier propriétaire, non rayé, de la matrice. À noter qu'à son décès en 1904, l'arrivée du petit fils prénommé aussi René, ne fait pas l'objet d'une mise à jour de la table des propriétaires.

 
(Folio 319 de la matrice cadastrale - Archives départementales 3P54/3)

Quant aux parcelles et acquisitions :

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgLes terres de Stanc Odet sont acquises en 1856. Bien que cédées par le propriétaire de Quillihouarn, il s'agit bien de l'endroit connu sous ce nom en aval du moulin à papier.
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgLes terres dénommées « goz veil » (vieux moulin) situées entre Coat-Piriou et la papeterie sont acquises en 1853, cédées en 1856, puis reprises en 1872.
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgDes bâtiments industriels sont créés et démolis : le séchoir détruit en 1858, le moulin à eau de Coat-Piriou acquis en 1853 et démoli en 1859, magasin à chiffons et le magasin à résine ouverts en 1860, la salle pour les cylindres en 1861, l'atelier de lessivage en 1872.
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgLes maisons et jardins du village de Keronguéo sont enregistrés dans la matrice cadastrale dès 1835.
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgPar contre les terres de Kerho sont acquises en 1872 et les dernières acquisitions de la matrice datent de 1912 pour des terres situées au Quélennec et à Pennaneac'h (Stang-Venn).

En savoir plus : « 1835-1912 - Matrice cadastrale de Nicolas Le Marié au moulin à papier d'Odet, fol 319-321 », « 1835-1914 - Tables alphabétiques des propriétaires enregistrés dans la matrice cadastrale », « 1834 - Le plan cadastral parcellaire Napoléonien »

13 La grande place de Guy Autret

Billet du 10.12.2016 - À la lecture d'un précédent billet, la municipalité se demande si une place de la commune d'Ergué-Gabéric ne serait pas préférable à une avenue pour honorer ce personnage du 17e siècle. Le maire tient à préciser que ce ne sera "ni une petite place ni un parking". Les propositions des gabéricois seront examinées en conseil municipal extraordinaire 5 semaines avant l'inauguration officielle le 01.04.2017.

Cette semaine nous versons au dossier dix sept lettres transcrites et publiées en 1940 par Daniel Bernard dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, ainsi que quatre lettres inédites trouvées par le même auteur et dont les originaux de la main de Guy Autret (cf ci-contre) sont conservés aux Archives Départementales du Finistère.

Parmi les 17 premières lettres publiées, il nous semble intéressant de commenter la quatrième datée de 1641 dans laquelle Guy Autret fait part à sa nièce de l'envoi d'une robe et jupe, d'une coiffe et d'un parement de dentelle. L'original de la lettre est introuvable à ce jour, sans doute toujours conservé dans des archives familiales auxquelles Daniel Bernard a eu accès.

Cette lettre envoyée le 10 décembre de Rennes, où Guy Autret est en déplacement pour ses divers procès, à Quimper à l'attention de l'une de ses nièces par alliance, Guillemettte Beaujouan, épouse Kerescant, commence par :

 
« je vous envois la robe et la jupe (bien faite à la hâte) de ma niepce du plessix ». La robe est donc pour la sœur de Guillement, à savoir Yvorée, dame de Plessis, pour qu'elle puisse la porter le 13.12 à la grande foire de St-Corentin à Quimper.

Jacques du Haffond de Kerescant, mari de Guillemette et procureur du roi à Quimper, est aussi un lointain cousin de Guy Autret, et ils sont régulièrement en correspondance pour des affaires de succession. Kerescant est une terre noble de l'ancienne paroisse Plonivel, aujourd'hui Plobannallec-Lesconil, non loin de la propriété bigoudène de Guy Autret (Kergoz).

Guy Autret fait également parvenir une coiffe à sa nièce Guillemette, qu'il appelle mademoiselle car il s'en était occupé avant son mariage, lors du décès de l'ancien procureur de Quimper Jean Beaujouan. Cette coiffe n'est bien sûr pas la coiffe bigoudène qu'on connaît aujourd'hui, car elle n’est devenue haute qu’au XXe siècle dans l'entre deux guerres.

Et le courrier mentionne aussi l'envoi d"une « cravate ou collet à la mode tost près, petit collet, bandeau et bouts de manches de batiste et à languetes ». Ces accessoires de mode devaient être très appréciés par la jeune noblesse quimpéroise et bigoudène. On note comme parement ces pièces en « batiste  », c'est-à-dire en toile de lin très fine en provenance du Cambrésis ou pays de Cambrai.

  Un autre détail de la lettre fait référence à un évènement historique national : « L'on dit que la dentel s'en va deffandu et de mesme que la dantel d'argent ». Pendant le règne de Louis XIII, l'usage de la dentelle était synonyme de frivolité mondaine, et l'église catholique qui voulait conserver les ornements pour ses autels et habits ecclésiastiques demanda qu'elle soit interdite par ailleurs. En 1629 un édit de proscription de la dentelle fut publié, mais les fans de mode bravèrent l'interdit.

Et Guy Autret, en 1641, s'en moque même : « on a mins pour tant une petite à la plessix, quitte pour l'hoster quand l'édit sera venu ». Quant au type de la dentelle mise sur la robe de la dame du Plessis, il est vraisemblable qu'elle fut classiquement de fils de soie, et non d'argent. Et peut-être, avons nous là une dentelle "précurseuse" de la dentelle dite « bigoudène » !

Le prix de tous ces accessoires et travaux d'assemblage de la couturière est également mentionné pour « quinze livres dix huit sols », ce qui ferait à raison d'une livre de 1641 pour 16,1 euros un prix total actuel de 256 euros. Guy Autret évoque aussi que, hors les frais de transport, il dut payer un « teston », soit 10 sols ou une demi-livre, pour que le porteur attende les quelques heures nécessaires pour finir la robe.

En savoir plus : « Lettre du 10 décembre 1641 de Guy Autret à Mademoiselle de Kerescant (Bernard, IV) », « 1642 - Quatre nouvelles lettres inédites de Guy Autret, transcriptions Daniel Bernard », « 1640-1648 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Daniel Bernard »


Anciens billets publiés avant le dernier de la liste ci-dessus => [Actualité, archives]