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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Sommaire

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Anciens billets : [Actualité, archives]

1 Les biens du déporté Alain Dumoulin

La poursuite d'un voyage dans le temps, celui de la Révolution française et de ses effets ressentis dans une commune de basse-Bretagne.

Le déménagement du Clergé, Gravure, Musée Carnavalet
Le déménagement du Clergé, Gravure, Musée Carnavalet

On savait les paroissiens d'Ergué-Gabéric solidaires de leur curé non assermenté : en 1791 le maire demandait son maintien, en 1795 une quete est organisée pour l'achat collectif de la chapelle de Kerdévot. Et dans un nouveau document inédit de 1793, on découvre que certains d'entre eux ont rassemblé les biens de leur recteur pendant sa fuite à Prague.

En effet, ces biens étaient normalement confisqués immédiatement et revendus comme « Biens nationaux » par les autorités révolutionnaires. Par contre avant de mettre les effets d'Alain Dumoulin sous séquestre, il a fallu procéder à des perquisitions chez les citoyennes de la Salle-Verte et de Poulduic où les meubles du prêtre avaient été manifestement cachés en toutes connaissances de cause.

La paroissienne de la Salle-Verte explique : « il a été transporté chez elle depuis près de deux ans trois charretés de meubles appartenant audit Dumoulin ». À la question relative à son silence vis-à-vis des enquêtes communales, elle se justifie : « elle va souvent à la messe à Quimper et qu'il est possible que cette loi a été publiée lorsqu'elle était à Quimper et qu'elle n'en a eu aucune connaissance ». Elle dénonce quand même les coupables qui l'ont mis dans l'embarras : « l'une des charrettes appartenait à Jean Le Guyader de la métairie de Lezergué sur la ditte commune et qu'il accompagnait sa charrete ; que Guénolé Kergourlay du manoir de Lezergué paraissait avoir la conduite des dits meubles ».

Les biens retrouvés à Ergué-Gabéric sont vendus dans la foulée à des acquéreurs quimpérois. Et ensuite, un an après, Marie-Anne, la sœur du prêtre en exil à Prague, entame une procédure de contestation et demande la restitution complète des titres de propriété. Pour traiter la demande et la levée des séquestres, l'administration se pose une question : Alain Dumoulin était-il émigré (peine encourue par les anti-constitutionnels notoires) ou déporté (décision individuelle de départ ultérieur) ?

Quelle fut, d'après vous, la réponse officielle, et à quelle date le prêtre quitta la France ?

En savoir plus : « 1793-1796 - Cache, vente et restitution des biens d'Alain Dumoulin, prêtre simple déporté »   Billet du 16.08.2014.

2 Les ruines du manoir de Kerfors

« Ces jardins ont été nivelés et établis en terrasses, dans le cours du XVIIe siècle. Chaque petit seigneur voulait avoir son petit Versailles et imiter de loin les splendeurs de son parc. Kerfors eut donc ses pièces d'eau et ses bassins. », Jean-Marie Abgrall, 1889

au pied des arbres, les terrasses de jardins et le talus empierré
au pied des arbres, les terrasses de jardins et le talus empierré

Les gabéricois connaissent au moins l'existence des ruines du château de Lezergué dont la façade est toujours debout et qui a été reconstruit juste avant la Révolution grâce aux pierres du manoir voisin de Kerfors.

Pour en savoir un peu plus, on a voulu rechercher les traces des anciennes ruines de Kerfors telles qu'elles sont décrites dans les documents datant de la Révolution. Bien sûr on n'a pas retrouvé le souterrain qui, d'après la légende, rejoignait les deux manoirs, mais on a des pistes sur l'origine de certaines pierres de Kerfors.

Les documents révolutionnaires de 1793 et 1795 relatifs aux ruines de Kerfors sont conservés aux Archives Départementales du Finistère sous les côtes 1Q319 et 1Q326-148, le premier était un rapport de « prisage et mesurage » par des experts et le deuxième un procès-verbal de vente et d'adjudication.

Dans le document d'expertise, on a une mystérieuse description des ruines : « En l'endroit, et au lieu où a existé le manoir de Kerfors une issüe sous vieillons et sans cloture formant des monticules désignants (les) amas d'attraits donnant du couchant sur la futaye voisinne ditte Kerfors duquel côté l'issue a édifices contenant sous fond dix neuf cordes ».

Comment lire ces lignes ? Le manoir, suite à sa démolition, est devenue une issue, c'est-à-dire une place commune de village, qui en l’occurrence n'est pas entretenue car sous « veillons », et les restes du manoir y forment des monticules formant des amas d'attraits, terme utilisé en géologie minière. Le tout sur une surface d'environ 1100 m2 (19 cordes ou 11,55 ares).

D'autres mentions suivent : «  Au midy de l'issüe une maison en simple brossage ouvrant au nord sur l'issüe  » ; « L'allée menant à l'issüe de Kerfors et au levant d'icelui » ; « Derrière l'emplacement du château au couchant d'icelui, un verger s'étendant depuis le four jusqu'à la longueur de l'emplacement » ; « Vieux jardin inculte et à deux terres au nord de l'issue, terrassé et taludé au millieu aujourd'hui sous foins ou herbe fénable » .

Deux questions se posent : ce vieux jardin terrassé était-il celui qui existe encore aujourd'hui et dont on dit qu'il incluait l'ancien château ? les jardins en terrasses étaient-ils alimentés en eau comme au château de Versailles ?

Les habitants du lieu-dit remarquent encore de nos jours que « quand on est dans les jardins en terrasse, on a une impression bizarre que ces lieux ont eu leur histoire ancienne et qu'il y a eu de la vie à cet endroit ». On peut évoquer en effet le poème « Le voiage du P. Alexandre de Rennes à Brest, et son retour » composé en 1659 et dans lequel le Père Alexandre évoque avoir dit la messe à Kerfors « à une ou deux lieues de Quimper, chez un gentilhomme appelé M. de la Marche ».

En savoir plus : « 1794-1795 - Procès verbaux d'expertise et de vente des ruines de Kerfors »   Billet du 10.08.2014.

3 Plus de six cents partirent ...

« Lancement : mercredi 30 juillet 2014 à 18H. Prix : 20 euros. Points de vente : local d'Arkae et le mercredi à Kerdévot ; Leston'Café ; Tabac-Presse Le Havane ; Librairie Ravy à Quimper.  », http://arkae.fr

Dans ce livre, Jean-François Douguet, passionné de l'histoire glazik et melenik, nous fait partager son plaisir de chercheur : trouver des pièces d'archives et des témoignages sur le passé de nos communes cornouaillaises. En 2014, grâce à lui, c'est naturellement la Grande Guerre qui fait l'actualité gabéricoise.

Ce premier tome donne un aperçu d'ensemble de l'impact du départ des mobilisés sur le front, que ce soit dans les activités quotidiennes de ceux qui sont restés, dans les effets « psychologiques » provoqués par l'éloignement de leur paroisse et famille.

Mais aussi les efforts pour l'aide et le soutien des soldats (quêtes et marraines de guerre), le rôle des femmes, l'implication des journaux, les actions menées localement pour la réinsertion des survivants, la préservation du souvenir (décorations, commémorations, monument aux morts, bannières, ...), et aussi le temps de l'oubli.

Tout ceci avec des documents inédits, de belles illustrations et nombreuses photos recueillies auprès des familles gabéricoises.

Le livre contient également une analyse statistique et démographique intéressante basée sur des éléments de recensement. En résumé, 668 soldats ont été mobilisés, soit un habitant d'Ergué-Gabéric sur 4 ; 123 d'entre eux ont été tués, soit presqu'un sur 5 ou un sur 23 habitants de la commune.

Même si les Gabéricois, comme la plupart des paysans, écrivaient relativement peu, les lettres échangées entre les familles et les poilus constituent un témoignage humain et historique incontournable. En janvier 1915 la famille Nédélec de Lost-ar-Guilliec recevait un courrier de leur cousin Hervé Bacon : « Vivement que cette terrible ci (cette guerre) finisse, pour qu'on aura encore le plaisir de retourner dans sa chère famille, mais d'après ce que je vois, ça n'a pas l'air de finir encore tout de suite. Il faut tout de même espérer que Notre-Dame de Kerdévot préservera toujours ses chers paroissiens. »

Le 11 novembre prochain ( « si l'imprimeur respecte les délais ! » ), paraîtra le second tome, sans doute plus épais, avec une compilation de notices individuelles pour chaque ancien gabéricois ayant succombé ou participé à la Grande Guerre de 1914-18.

En savoir plus : « DOUGUET Jean-François - Ergué-Gabéric dans la Grande Guerre T1 »   Billet du 01.08.2014.

4 La carte aux trésors de Kerfors

« Le moulin de Kerfors chome depuis plusieurs années, mais il avait son étang et cet étang qu'il avait, lui appartient encore », J.-H. de La Marche

On pourrait penser que l'image ci-contre est le plan du trésor du Kerfors enfoui dans l'étang de Kervreyen alimentant le moulin noble des de La Marche, après leur exil et départ en Guadeloupe en pleine Révolution.

C'est en fait une des 71 pièces d'un épais dossier contentieux entre deux propriétaires de biens issus des biens nationaux, l'un d'une famille noble gabéricoise, l'autre membre de loge maçonnique quimpéroise.

Et il s'agit du plan de localisation de l'étang dressé par le dernier des fils de La Marche qui a conservé la propriété du moulin et qui voudrait également la jouissance de l'étang qui a été englobé dans la métairie voisine. A noter qu'il a également perdu la propriété des ruines de l'ancien manoir familial de Kerfors, et qu'il habite la ville de Quimper (tout comme les acquéreurs, négociants pour la plupart, des biens nationaux).

Les deux parties font appel à l'arbitrage préfectoral pour le titre de propriété de l'étang, et le conflit est réglé administrativement en désignant un expert et en notifiant au sieur de La Marche qu'il doit payer les frais du rapport Brehier, et donc qu'il donne raison au nouveau propriétaire de la métairie voisine qui s'était approprié l'étang.

A la lecture du dossier, on peut douter a posteriori de l'équité du jugement, car le propriétaire de la métairie est un négociant franc-maçon qui appartient à la même loge maçonnique que l'expert avoué Salomon Bréhier, et que ce dernier, chargé des estimations et expertises des biens, est nommé maire d'Ergué-Gabéric de 1808 à 1812.

Néanmoins Joseph Hyacinthe de La Marche, qui signe ses courriers « Lamarche » conduit son combat avec une ténacité courageuse, allant même, lorsqu'il s'adresse aux autorités préfectoral, jusqu'à utiliser la formule « Salut et respect ». S'il avait gagné sa requête, il aurait sans doute écrit « Salut et fraternité »

En savoir plus : « 1809-1811 - Contentieux sur l'étang de Kervreyen bien noble du moulin de Kerfort »   Billet du 28.07.2014.

Nota : il y a 15 jours, pour l'article sur Ste-Appoline, nous n'avions pas encore publié le document d'expertise des domaines nationaux : « La dite chapelle sans issues ni dépendances, sans couverture ni boiserie et absolument ruinée, à la longueur à deux longères cinquante deux pieds, de largeur seize et en hauteur huit ». En savoir plus : « 1794-1795 - Procès verbaux d'expertise et de vente de Sainte-Appoline »


5 La sidérante affaire Le Jaouanc

« Le rituel d'une justice rendue par un tribunal communautaire, mêlant les domaines spirituel et temporel, l’accommodement et le pardon », Le Douget

Billet du 19.07.2014.
Billet du 19.07.2014.

Cet ouvrage très documenté, publié en mars 2014 aux Presses universitaires de Rennes, est issu de la thèse de doctorat soutenue en 2012 à l'université de Bretagne Occidentale par Annick Le Douget, docteur en Celtique et chercheur associé au CRBC de Brest.

Outre l'éclairage sur les liens et les rejets entre les structures villageoises et familiales d'une part et les institutions de justice d'autre part, le grand apport de l'ouvrage est de dévoiler la richesse des chroniques judiciaires conservées aux Archives Nationales sous la cote BB 20.

Et notamment le document BB 20/63 concernant l'affaire gabéricoise Le Jaouanc en 1829-32. Page 174, le chapitre intitulé « Le tribunal communautaire » nous dévoile ce fait-divers d'une tentative de viol où le présumé coupable, Jean Le Jaouanc, sera jugé par un conseil organisé au presbytère en charge de procéder à un « arrangement » avec pardon et compensation financière au profit de la victime, Marie-Anne Le Corre, tailleuse de son état.

Si la victime n'avait pas porté plainte trois ans après, l'affaire n'aurait pas laissé de traces, car le président de la cour d'assises n'aurait pas fait ce rapport en 1832 : « Le maire de la commune devant lequel Marie-Anne Le Corre forma plainte, ne trouvant pas assez de preuves, lui conseilla un arrangement. Tous les notables de la commune s'en mêlèrent, et dans une réunion qui eut lieu au presbytère, à laquelle fut appelé Le Jaouanc, on lui fit promettre qu'il serait huit années consécutives sans s'enivrer, que jamais il le lui arriverait d'insulter Marie-Anne Le Corre. Cette promesse fut faire à genoux et en demandant pardon à Dieu. Marie-Anne Le Corre, qui avait prétendu à une indemnité de 1 500 francs, ne fut que très faiblement satisfaite d'un pareil arrangement. Cependant elle y donna bon gré mal gré son consentement. Bientôt elle devint un objet de mépris dans le pays, une chanson fut faite contre elle, personne ne voulut plus de ses services et elle fut obligée, pour gagner sa vie, d'aller demander de l'ouvrage dans d'autres communes. »

À la fin de l'été, à la faveur d'une visite aux Archives Nationales à Pierrefitte-sur-Seine, nous donnerons les détails des autres compte-rendus contradictoires de cette affaire symptomatique d'une commune de basse-Bretagne à la veille des émeutes dites des « Trois Glorieuses »

En savoir plus : « LE DOUGET Annick - Violence au village »


6 Foennec ar chapel santez Apolina

Une chapelle disparue peu après la Révolution et qui reste virtuellement présente dans les mémoires des habitants de l'ancienne trève de Sulvintin.

Billet du 13.07.2014.
Billet du 13.07.2014.

Au départ de la recherche du champ de Ste-Appoline, il y avait ce croquis de Michel Le Goff, originaire de Sulvintin, où il avait marqué l'emplacement présumé de la chapelle et de la fontaine de ses souvenirs d'enfant. Retrouver cette prairie avec son dessin fut très aisé, plus facile même qu'avec le support d'un plan cadastral ou d'une carte d'état-major.

Nous avons consulté a postériori le vieux cadastre de 1836 pour vérifier la cohérence des informations ; seul un déplacement de la route entre Sulvintin et Kervéady est notable (cf le chapitre cartographie). Et la prairie indiquée est exactement celle qui sous le n° 415 porte le nom de « Foennec ar chapel » (la prairie de la chapelle) ; on ne peut pas être plus explicite.

Comme on peut le voir sur les photos et la vidéo, l'endroit forme encore aujourd'hui une jolie pente, en surplomb d'un ruisseau, et était assurément un lieu idéal pour abriter une petite chapelle de campagne. Malheureusement, signalée en ruines dès 1804, ses pierres ont complètement disparu.

À la fin du 18e siècle, « St. Apoline », avec un seul p et un seul l, apparait par contre sur les cartes de Cassini, entre Sulvintin et Kerdudal, à partir de relevés fait entre 1750 et 1790. En 1795 la chapelle est confisquée à l'Eglise et vendue au plus offrant : c'est une citoyenne de Quimper, Marie Madeleine Merpaut, seule enchérisseuse, qui emporte la mise pour le prix modique de 85 livres.

Au delà de ces rares documents, un tas de questions se posent : que sont devenues les pierres de la chapelle ? d'où vient le bénitier de Sulvintin, et le socle de la croix de Tréodet ? qu'est devenue la fontaine du bas du champ ? Anatole Le Braz s'est-il trompé sur sa localisation ? a-t-on des photos de cette fontaine ? et qui était sainte Appoline ?

En Bretagne, elle est fêtée le 9 février et vénérée pour la guérison des maux de dents et singulièrement lors de la pousse douloureuse des premières dents chez le nourrisson. Le beau retable du 17e siècle de l'église paroissiale témoigne de sa popularité locale : elle y est représentée par une magnifique et grande statue, portant d'énormes tenailles impressionnantes et montrant une dent arrachée dans sa main gauche. Au passage, cette dent s'étant égarée, tout indice permettant de la retrouver sera le bienvenu !

En savoir plus : « L'ancienne chapelle de Sainte-Appoline près de Sulvintin », « Santez Apolina », « 1794-1795 - Procès verbaux d'expertise et de vente de Sainte-Appoline », « Cartographie du village de Sulvintin »


7 Turben ar mair n'a po quet

Au-delà des invectives émaillées de vers bretons et de bretonnismes, on découvre le rôle surprenant de l'instituteur du « hameau » de Lestonan.

Billet du 06.07.2014.
Billet du 06.07.2014.

Les deux journaux « Le Progrès du Finistère » et « Le Finistère » se sont étripés en mai et août 1912 pour ces élections où pour la première fois six conseillers républicains vont cohabiter avec les élus conservateurs. Il faut dire que jusqu'à présent, depuis plus de trente ans, la mairie est dirigée exclusivement par des conservateurs dits réactionnaires.

Les correspondants locaux de ces journaux s'invectivent sous des pseudos et des qualificatifs choisis. Du côté des Réactionnaires, le journaliste conservateur du Progrès se présente comme le « Goaper », c'est-à-dire le « moqueur », et qualifie le camp opposé de « Gugusses ». Le journaliste républicain du Finistère se cache quant à lui derrière le collectif « groupe d'électeurs libres » ou le pseudo « Le véridique » et utilise généralement du terme « cléricaux » pour désigner ses adversaires.

Outre des bretonnismes comme « tailler les chupens », la langue bretonne est aussi un support pour lancer des attaques, comme ces vers composés par les conservateurs, traduits en français par les républicains, avec semble-t-il une approximation sur le sens du mot « turben » désignant l'écharpe tricolore du maire :

« Radicalet lipet ho peg, (Radicaux, léchez votre bouche)
Turben ar mair n'a po quet. (Le turban du maire vous n'aurez pas.)
Taïllet vo deoc'h guiz eo gloat (On vous taillera comme vous est dû)
Bebet chupen deuz en hed » (Une veste de votre longueur !)

Mais le clou des échanges les plus vifs est l'affaire de l'instituteur de Lestonan. La situation de départ est décrite par le correspondant du Progrès : « Tout un quartier de la commune était mécontent du maintien d'un instituteur de hameau auquel les pères de familles ne peuvent ou ne veulent pas confier leurs enfants. On m'a dit qu'il n'avait que 5 élèves, alors que son école aurait pu en compter 70 à 80. »

Les coupures de presse sont édifiantes sur la façon dont chaque parti se positionne sur le cas de l'instituteur Godet, interprète les intentions du parti adverse, jusqu'à faire dire au républicain « Le Finistère » : « Les Républicains continueront leur marche en avant. L'instituteur ne sera sans doute plus là, mais mort ou vivant il sera sans dans leur pensée et avec eux il criera : "Vive le Grand-Ergué républicain ! " ». Aux élections municipales suivantes, en 1919, quelles que soient leurs sensibilités réactionnaires ou républicaines analysées par les services préfectoraux, les élus des deux bords se porteront candidats sur une liste unique d'Union.

En savoir plus : « Les premiers conseillers municipaux républicains, Le Progrès et Le Finistère 1912 », « 1919 - Liste d'Union Réactionnaire et Républicaine aux municipales », « 1910 - Ecole publique de Lestonan de Paul-Emile Godet »


8 Le petit Kannadig des vacances

« Comme ces marins qui n'ont pu se déshabituer de faire le quart, et qui, au fond de leurs propriétés bretonnes, se lèvent et s'habillent à l'heure règlementaire pour surveiller la nuit terrienne », Le Grand Meaulnes (1913)

Le titre de ces chroniques grand-terriennes, « Vacances nature à Odet ou à Madagascar ? », mérite un décodage, n’est-il pas ? En effet, la question posée en cette veille de vacances fait référence aux deux photos de couverture :

Image:Right.gif la grotte des nains d’Odet dont nous avons retrouvé la trace, exploré les souvenirs, et comparé aux autres grottes avoisinantes.

Image:Right.gif la carrière dite de Madagascar que l’on peut encore visiter du côté de St-Chéron dans le département de l’Essonne, et dans laquelle de nombreux gabéricois sont allés travailler entre 1870 et 1920.

Hormis ces deux premiers sujets, vous trouverez bien sûr les thèmes inédits que nous ont réservés ces trois derniers mois d’investigations en tous genres.

Au sommaire : « • Exploration et réhabilitation de la grotte des nains • Pavés et bagnes italo-bretons de Saint-Chéron • Une veuve Elisabeth Bolloré très entreprenante • Notes historiques sur les papeteries finistériennes • La Bretonne Pie Noir patrimoine communal • Le ruisseau du Guic, au centre de la commune • Un trésor de bannières religieuses de procession • Des calomnies concordataires au GrandTerrier • Les voix bretonne et normandes des esclaves • Restitution d’une chapelle en nom collectif • Procès des apaches de la bande de l’as-de-pique • Arsène Lupin réfugié dans une grotte du Stangala • Souvenirs gabéricois de fin de guerre 1944-45 • Reconnaissance des FFIs pour la cause de la résistance »

Et une nouveauté, pour que les exemplaires imprimés puissent facilement se ranger dans un sac de plage ou une musette, le format est désormais en A4 plié, plus petit donc mais avec un même contenu, ce qui permettra dans l'immédiat de faire quelques économies d'encre, de papier et de timbres, et dans le futur de pouvoir ajouter des pages et du contenu.

Téléchargement et lecture en ligne du bulletin : « Kannadig n° 26 Juin 2014 »

Billet du 28.06.2014.


9 Les carrières ne s'éteindront pas

«  La nouvelle édition du livre "Quand Saint-Chéron vivait au rythme des carrières" est désormais disponible », Le Républicain de l'Essonne 20.03.2014

Ce magnifique travail de mémoire publié initialement par leurs trois auteurs en 1990, sous l'égide du Club des Amis de la Nature et de l'Environnement de Saint-Chéron, est réédité par Jean-Pierre Locard en 2014 avec le support de la ville de l'ancien département de Seine-et-Oise.

Ce qui nous intéresse au premier chef dans le livre saint-chéronnais, ce sont les témoignages soulignant la présence des expatriés gabéricois qui, à la fin du 19e et début du 20e siècle, sont venus si nombreux s'établir comme ouvriers dans les carrières de grès de Saint-Chéron :

  • « Mon oncle était venu ici pour travailler à la carrière, parce qu'ils étaient dix enfants dans la famille : il n'y avait pas assez de travail pour eux à Ergué-Gabéric (à six kilomètres à l'est de Quimper). Après, il a fait venir mon père, en 93, et ma mère est venue quelques mois après. Et je suis né à St-Chéron. »
  • « En Bretagne, il suffisait d'un, qui venait d'un pays, qui trouvait du travail. Alors, il écrivait à ses frères, beaux-frères, parce qu'en Bretagne, il n'y avait rien à faire »
  • « Il y avait un coin qu'ils avaient appelé "Madagascar", et puis un coin, c'était le "Transvaal", l'autre c'était "Cayenne". C'était un travail non pas de forçats si vous voulez, mais enfin, c'était dur. » (on connait bien sûr le bagne de Cayenne, un peu moins celui de Nosy Lava à Madagascar, et dans les mines d'or et de diamants du Transvaal les noirs étaient exploités comme des bagnards).
  • « Mon père, lorsqu'il est arrivé de Bretagne, il était pensionnaire à Mirgaudon. Ils étaient trois ou quatre, ils se mettaient dans une pièce, et puis ils partageaient les frais. Ils versaient dix-sept sous par jour. Il y avait un qui fournissait le pain une semaine, et l'autre la viande. La viande c'était du porc, du porc gros sel. C'était la viande de tout le temps. » (on reconnaît là le « kig-sal », en breton littéralement la "viande salée").
  • « À Mirgaudon, on parlait trois langues : le français, l'italien et le breton »

On trouvera aussi dans l'article des photos prises en juin 2014 à la carrière dite de Madagascar, un magnifique site naturel.
Et à (re)consulter également l'article et l'enquête menée en 2008 par Henri Chauveur sur le phénomène migratoire vers St-Chéron.

En savoir plus : « GAYE G. et A. & LOCARD J.P. - Quand Saint-Chéron vivait au rythme des carrières » et « CHAUVEUR Henri - Les pavés de Saint-Chéron »

Billet du 21.06.2014.


10 La Libération d'Ergué-Gabéric

«  C'est grâce à des communes comme Ergué-Gabéric que la résistance put s'organiser et faire œuvre utile. M. Le Menn a le droit de s'enorgueillir d'être maire d'une commune qui fit preuve d'un tel patriotisme. », L-C. Berthaud

Comment a-t-on vécu dans notre commune les jours qui ont suivi le débarquement ? Les anciens, bien souvent, n'osent aborder le sujet, sans doute dans la peur de raviver des souvenirs douloureux. Voici quelques premiers témoignages et des faits piochés dans les journaux et documents d'archive.

I. Tout d'abord le récit du passage de chars américains conduits par des GIs noirs, le long de la route de Coray. Quelques 70 ans après, Michel Le Goff se rappelle la vision depuis son observatoire de Stang Kerluen entre Lenhesq et L'Hôtel : « Tout à coup, un soldat du char de tête, de mon côté, dont je ne distingue que le casque, tourne la tête vers moi, m'aperçois, sort son bras et fait des signaux ! Horreur, la colonne s'arrête : des deux premiers chars jaillissent quatre soldats fusils braqués dans ma direction. Ce sont de grands noirs, ... et, vus en hauteur par-dessous, ils paraissent d'une taille immense ... Je suis pratiquement sûr que tous les équipages du seul groupe que j'ai pu voir du milieu des fougères étaient des noirs ; ce qui parait en contradiction avec l'affirmation qui dit que, au débarquement, toutes les troupes combattantes étaient composées de blancs, et les divers services auxiliaires réservés aux noirs . » On pourra comparer cette description avec les témoignages respectifs de René Le Reste et de Guillaume Kergourlay qui ont assisté à une scène similaire, respectivement à Garsalec et Croaz-Menez-Brizh, à savoir du passage de la 6e division blindée US, surnommée la « Supersixth », le 10 septembre 1944.

II. Ensuite une coupure de presse du Télégramme de Brest datée du 23 décembre 1945, faisant état d'une cérémonie officielle à la mairie pour la remise de diplômes d'honneur des FFIs à un forgeron (Louis Yaouanc de Kernévez) et deux agriculteurs (Michel Le Goff de Sulvintin et René Danion de Kerhamus), lesquels « s'étaient signalés par leur aide aux maquisards et le dévouement qu'ils avaient apporté à la cause de la résistance ». Et le journal signale aussi la remise à titre posthume de la croix de guerre avec étoile d'argent au résistant Fanch Balès qui succomba lors des combats de Telgruc, et qui fut un des principaux instigateurs du casse du STO de Quimper.

III. Et enfin le rapport d’un responsable de secteur « Turma Vengeance » du Finistère, qui relate les dernières journées de l'occupation allemande dans la région Quimpéroise, et nous apprend que la grande ferme de Kerélan, aujourd'hui au cœur du Rouillen, était réquisitionnée par les FFIs pour l'organisation des manœuvres et combats de libération.

En savoir plus : « Souvenirs d'enfance de fin de guerre 1939-45, par Michel Le Goff »,
« Trois diplômes d'honneur des F.F.I. et une croix de guerre, Le Télégramme 1945 »,
« NICOLAS Gabriel - Des quimpérois dans la résistance 1943-1944 »

Billet du 14.06.2014.


11 La terre de France du 6 juin 44

« Des hommes sont allongés, morts ou blessés, parmi les entonnoirs de bombes, les chevaux de frise et les obstacles antichars. Il y a, pêle-mêle, unis à leurs camarades anglais, plusieurs compatriotes, les uns geignant, les autres figés dans des positions inattendues. », G-A. Bolloré

Hier les commémorations du 6 juin 1944 ont tourné en boucle sur nos postes de télévision. À Ergué-Gabéric, quand on évoque cette journée là, on pense naturellement à Gwenn-Aël Bolloré qui faisait partie des 177 français qui ont débarqué sur la plage de Ouistreham avec le commando n° 4 du bataillon des Fusiliers marins du commandant Kieffer.

Dans son livre « Nous étions 177 » écrit en 1963, réédité plus tard sous le titre « Commando de la France Libre », il écrit ses premières impressions : « Serrer les dents et arriver ... Arriver ... La plage. Le sol semble monter, c'est bon signe. Soudain, une gerbe liquide à peine à un mètre : peut-être un obus de mortier. Heureusement, l'eau atténue les éclats ... Serrer les dents ... Voici la grève. »

Il avait 18 ans et avait une mission de 1ère classe infirmier : « Les instructions sont formelles : ne pas s'occuper des blessés sur la plage et suivre la vague d'assaut. ... j'aperçois le commandant Kieffer, étendu et blessé. Juste le temps, en attendant que Thubé ait fini son travail, de m'en occuper. Un coup de ciseau dans le pantalon de son battle dress et je vois qu'il s'agit d'un éclat dans la cuisse. Un pansement, une piqûre de morphine ...  ».

En complément du livre, on peut visionner cette vidéo postée sur Dailymotion qui est un plan de 6 minutes extrait d'une série d'émissions historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1970, et plus précisément de l'émission « La Bataille de Normandie » du 06/06/1969 (durée : 1h 29min, disponible en dvd).

On y voit des images d'archives, le texte lu d'un combattant français du commando Kieffer, les explications filmées du général Lord Lovat (ami de Gwenn-Aël, et ayant préfacé son livre) s'exprimant en langue française près du pont de Bénouville, la performance musicale du joueur de cornemuse présent lors du débarquement, et enfin une interview de Gwenn-Aël Bolloré sur la plage de Ouistreham : « Quand la flotte est arrivée, nous étions à fond de cale, et au petit jour on nous a fait monter sur le pont, il y avait un silence absolu, alors là nous avons vu, à l'horizon, la terre de France. Et ça, ça a été, pour nous tous, vraiment quelque chose de très poignant. »

En savoir plus : « Gwenn-Aël Bolloré, 25 ans après, sur la plage du débarquement du 6 juin 1944 »,
« BOLLORÉ Gwenn-Aël - Nous étions 177, Commando de la France Libre, 6 juin 1944 »

Billet du 07.06.2014.

Nota : la semaine prochaine nous évoquerons les temps de l'après-débarquement à Ergué-Gabéric, et notamment le souvenir de soldats noirs américains et de leur colonne de blindés en arrêt sur la route de Coray.


Si vous n'avez pas la possibilité d'aller sur les plages de Normandie ce week-end, rendez-vous lundi 9 à 15H à la Chapelle du Saint-Esprit à Quimper, en haut de la rue Étienne Gourmelen.

En effet, après une fermeture de plus de 30 ans, cette ancienne chapelle du grand séminaire, puis de l'hospice civil de Creac'h-Euzen, et enfin de l'hôpital Laennec, sera exceptionnellement ouverte le lundi de Pentecôte 9 juin de 9 heures à 18 heures.

À 15 heures, Pierrick aura le grand plaisir de raconter la vie de l'hospice et des enfants trouvés, exposés au tour de l'hospice et qui, pour la plupart, y furent baptisés, et de dédicacer son livre « Les exposés de Créac'h-Euzen ».


12 Gentleman cambrioleur et apaches

« Il faisait de ses exploits une description si pittoresque, empreinte d'une satisfaction si sauvage, que le secrétaire du commissariat l'interrompit soudain et s'écria : — Mais ce sont là de vrais procédés d'Apaches. », Le Petit Journal illustré 1910

Tout d'abord une information de journaliste, « sous les plus expresses réserves, naturellement », datée d'août 1909 : « le célèbre Arsène Lupin, le gentilhomme cambrioleur si connu, est installé avec toute sa bande à Ergué, pour la saison, dans les cavernes de Bec-ar-Gripp, au Stangala ».

Quand on sait que le voleur justicier est un personnage de fiction, publié en 1907, on en mesure l'enjouement populaire quand on lit cette rumeur comme quoi, d'après le journal du « Progrès du Finistère », il se serait réfugié dans les grottes d'une commune de Basse-Bretagne !

Sinon, ce même été, pour une affaire bien plus réelle et plus dramatique, le même journal et son concurrent républicain « Le Finistère » relatent le cambriolage raté à la ferme de Kerourvois par deux jeunes « Apaches ».

D'où vient tout d'abord ce terme d'apache ? Les Apaches étaient un gang du Paris de la Belle Époque composé de très jeunes membres de moins de vingt ans. En 1902, deux journalistes parisiens, Arthur Dupin et Victor Morris, nomment ainsi les petits truands et voyous de la rue de Lappe et marlous de Belleville, qui se différencient de la pègre et des malfrats par leur volonté de soigner leur apparence vestimentaire (bottines, pantalon patte d'éph et casquette à pont).

Pour notre affaire, le qualificatif d'apaches se justifie par l'origine urbaine des délinquants (Douarnenez et Brest), leur âge et leur allure : « Il n'était âgé que de 20 ans », « Deux individus, paraissant âgés de dix-huit à vingt ans, assez bien vêtus et parlant français », « C'est un petit jeune homme assez bien vêtu ».

Et bien sûr les apaches formaient de dangereux gangs, et nos jeunes voyous bretons avaient aussi cet instinct grégaire : « Tous deux sont des apaches qui font partie de la bande de " l'As de Pique " », « la tristement célèbre bande brestoise de " l'As de Pique " ».

Et toute cette affaire gabéricoise se termine par un suicide et une condamnation aux travaux forcés. À cette époque la répression de tels méfaits se voulait expéditive.

En savoir plus : « Arsène Lupin et sa bande au Stangala, Le Progrès du Finistère 1909-1910 »,
« Le procès des apaches de la bande de « l'As de Pique », Le Progrès et Le Finistère 1909 »

Billet du 31.05.2014.


13 Une chapelle en nom collectif

« 15 mai 2014, échec de la souscription des habitants de Venise pour la protection de l'île de Poveglia par mise aux enchères en private leasing », AFP

En 1794 les habitants d'Ergué-Gabéric réussirent leur souscription et acquisition de la chapelle de Kerdévot, laquelle leur fut vendue aux enchères suite à la confiscation des biens du clergé. Et l'édifice fut restitué à titre gratuit à la commune en 1804.

Pendant longtemps on a cru que cet acte de protection était l'affaire d'un seul homme, Jérome Crédou. Mais un premier document découvert en septembre 2010 dévoila les dessous de l'affaire : c'est bien l'agent de tous les habitants qui fut collecté pour préserver son patrimoine.

Une déclaration authentifiée de l'ancien maire Jean Le Jour atteste de l'opération de levée des fonds : « a déclaré qu'il est à sa connaissance qu'en l'an trois il fut fait une quette en ladite commune d'Ergué-Gabéric, ... Dans ce moment, à raison d'un individu par parcelle, à effet de se procurer les fonds nécessaires pour l'acquisition de la chapelle de Kerdevot et pour la payer des prix de l'adjudication, ..., et que le montant d'icelle fut remise au dit Jerome Credou ».

Depuis, nous avons retrouvé plusieurs autres documents qui confirment cette belle initiative collective :

  • En 1807 le desservant Le Pennec s'interroge sur la nature exacte de l'acte de restitution de 1804 : « si c'est une pure donation ou un contrat de vente ». S'il s'agissait d'une vente, le recteur serait obligé d'impliquer son propriétaire donateur dans la gestion des revenus et des réparations de la chapelle, en tant que fabricien adjoint. Comme il s'agit en réalité d'un don, cela annule en quelque sorte la détention de nature privée pendant 10 ans.
  • Dans une lettre de septembre 1809 à son évêque, François Le Pennec sera encore plus explicite sur le fait que Jérome Crédou fut un prête-nom et que le financement de l'acquisition de la chapelle fut collectif : « D'ailleurs le second membre de la fabrique (Jérôme Crédou qui avoit acheté la chapelle, dit-on, avec les deniers des paroissiens) s'oppose à tout et ne ne se trouve à aucune assemblée ».
  • Nicolas Louboutin, vicaire réfractaire de Guengat, expulsé en Espagne à la Révolution, a témoigné aussi sur les circonstances de l'acquisition : « Ouelques communes, lors de la liberté, ont chassé leurs intrus. D'autres ont acheté des chapelles pour les sauver et empêcher le Constitutionnel d'y dire la messe. Ergué-Gabéric s'est bien montré pour la chapelle de Kerdévot. »

En savoir plus : « 1804 - Cession et don de la chapelle de Kerdévot à la commune », « 1807 - Reprise de la chapelle de Kerdévot par la fabrique et la paroisse », « 1809 - Campagne de calomnie contre le desservant François Le Pennec », « 1809 - Attestation de quête pour l'acquisition de la chapelle de Kerdévot », « François Le Pennec, recteur-desservant (1802-1810) »

Billet du 24.05.2014.



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