LE DOUGET Annick - Violence au village - GrandTerrier

LE DOUGET Annick - Violence au village

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LE DOUGET (Annick), Violence au village - La société rurale finistérienne face à la justice (1815-1914), Presses universitaires de Rennes, Sepec-France, 2014, ISBN 2-7535-3294-6
Titre : Violence au village - La société rurale finistérienne face à la justice (1815-1914)
Auteur : LE DOUGET Annick Type : Livre/Brochure
Edition : Presses universitaires de Rennes Note : Préfaces de Frédéric Chauvaud et de Daniel Giraudon
Impression : Sepec-France Année : 2014
Pages : 334 Référence : ISBN 2-7535-3294-6

[modifier] Notice bibliographique

Couverture

Cet ouvrage très documenté, publié en mars 2014, est issu de la thèse de doctorat soutenue en 2012 à l'université de Bretagne Occidentale par Annick Le Douget [1], docteur en Celtique et chercheur associé au CRBC de Brest. Les ouvrages d'Annick Le Douget [1] forment une matière historique qui fait penser à celle d'Arlette Farge, historienne française spécialisée dans l’étude du XVIIIe siècle et des milieux les plus pauvres de la ville de Paris.

Outre l'éclairage sur les liens et les rejets au 19e siècle entre les structures villageoises et familiales du finistère d'une part et les institutions de justice d'autre part, le grand apport de l'ouvrage est de dévoiler la richesse des chroniques judiciaires conservées aux Archives Nationales sous la cote BB 20.

Et notamment le document BB 20/63 concernant l'affaire gabéricoise Le Jaouanc en 1829-32. Page 174, le chapitre intitulé « Le tribunal communautaire » nous dévoile ce fait-divers d'une tentative de viol où le présumé coupable, Jean Le Jaouanc [2], sera jugé par un conseil organisé au presbytère en charge de procéder à un « arrangement » avec pardon et compensation financière au profit de la victime, Marie-Anne Le Corre [3], tailleuse de son état.

Annick Le Douget appuie également son argumentaire sur les témoignages de Jean-Marie Déguignet. Page 36 sur les violences induites par la difficulté à amener des idées novatrices et de progrès dans les fermes familiales. Page 43 sur les difficultés des vieilles personnes à recevoir leurs pensions. Page 138 sur la honte familiale des personnes internées. Page 167 sur le code civil au service des riches.

Autres lectures : « 1832 - L'affaire Jean Le Jaouanc, agresseur de Marie-Anne Le Corre » ¤ « LE DOUGET Annick - La peine de mort en Bretagne » ¤ « LE DOUGET Annick - Crime et justice en Bretagne » ¤ « LE DOUGET Annick - Guérisseurs et sorciers bretons, 1800-1950 » ¤ 

[modifier] Extraits

L'affaire Le Jaouanc, page 174. Si la victime n'avait pas porté plainte trois ans après, l'affaire n'aurait pas laissé de traces, car le président de la cour d'assises n'aurait pas fait ce rapport en 1832 :

« Rentrée chez elle, Marie-Anne Le Corre [3] ne tarda pas à se rendre au presbytère pour y révéler à Monsieur le curé [4] les faits dont elle avait à se plaindre, mais étant tombée évanouie, elle ne put articuler le nom de Jaouanc. Le lendemain, le curé retourna chez elle et reçut sa déclaration. Le maire [5] de la commune devant lequel Marie-Anne Le Corre [3] forma plainte, ne trouvant pas assez de preuves, lui conseilla un arrangement. Tous les notables de la commune s'en mêlèrent, et dans une réunion qui eut lieu au presbytère, à laquelle fut appelé Le Jaouanc, on lui fit promettre qu'il serait huit années consécutives sans s'enivrer, que jamais il le lui arriverait d'insulter Marie-Anne Le Corre [3]. Cette promesse fut faire à genoux et en demandant pardon à Dieu. C'était bien une confession tacite de sa faute, néanmoins il n'en fit pas l'aveu. »

 

« Marie-Anne Le Corre, qui avait prétendu à une indemnité de 1 500 francs, ne fut que très faiblement satisfaite d'un pareil arrangement. Cependant elle y donna bon gré mal gré son consentement. Bientôt elle devint un objet de mépris dans le pays, une chanson fut faite contre elle, personne ne voulut plus de ses services et elle fut obligée, pour gagner sa vie, d'aller demander de l'ouvrage dans d'autres communes. [6]»

Page 241 Annick Le Douget ajoute ce commentaire :

Justice et esprit de soumission. Il faut ici se remémorer la sidérante affaire Le Jaouanc de 1832 qui révélait un rituel de la justice communautaire non dénué de solennité, en présence du maire [5], du prêtre [4] et des notables du village d'Ergué-Gabéric. Les autorités villageoise parviennent à obtenir l'auto-amendement du fauteur de troubles qui, pour conserver sa place dans la société, doit accepter la punition et la restriction de sa liberté qui en découle.

[modifier] Annotations

  1. Annick Le Douget, ancienne greffière aux tribunaux de Quimper, est une spécialiste de l'histoire de la justice et de la criminalité en Bretagne. Chercheuse associée au Centre de Recherche bretonne et celtique (Université de Bretagne Occidentale à Brest, thèse de doctorat en 2012), elle a publié neuf ouvrages § ses publications ... . [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. 20/Prai/An04 (08/06/1796), Ergué Gabéric, Lieu-dit : Kerelou (Pays : Mellenick ) baptême ou naissance de JAOUANCQUE Jean Corentin. Enfant de Jean, âgé de 38 ans, cultivateur, et de LE QUENNEUDER Anne. Notes - acte daté du 20 prairial après 2 autres actes du 27. Les actes de baptêmes de ses frères sont déclarés indifféremment aux noms Le Yaouanc, Le Jeune et Le Jaouanc.
    02/11/1824 Ergué Gabéric (Pays : Mellenick ) . Mariage de LE YAOUANCQ Jean Corentin, né le 19 Prair An 4 à Ergué Gabéric, Cultivateur. Fils de Jean , présent et de LE QUENEUDER Anne, présente. Et de DAOUEDAL Marie Barbe, née le 16/6/1806 à Ergué Gabéric. Fille de Nicolas , décédé et de KERGOURLAY Corentine, présente. Sur le recensement de 1836 il apparait sous le nom de Jean Jeune, agriculteur à Kerellou. [Ref.↑]
  3. 23/Fruc/An10 (10/09/1802.) Ergué Gabéric. Lieu-dit : Kerelan (Pays : Mellenick ) baptême ou naissance de LE CORRE Marie Anne Enfant de Maurice et de LE POUPON Marie Anne. Contrairement à son père et son frère Maurice, tous deux tailleurs à Loqueltas, Marie-Anne Le Corre n'est plus mentionnée dans le recensement de la population d'Ergué-Gabéric en 1836. [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2 3,3]
  4. Yves Le Roux, originaire de Plouénan, fut recteur de la paroisse d'Ergué-Gabéric de 1822 à 1848. [Ref.↑ 4,0 4,1]
  5. René Laurent), agriculteur de Squividan, est le maire d'Ergué-Gabéric de 1824 à 1846. [Ref.↑ 5,0 5,1]
  6. Archives nationales, BB 20/63, compte rendu du 3e trimestre 1832, affaire Le Jaouanc. [Ref.↑]


Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric

Date de création : Février 2008    Dernière modification : 11.08.2017    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]