Ce sommier comptable a pour but de noter toutes les dépenses et recettes enregistrées pendant la période de séquestre des biens nationaux nobles confisqués aux nobles exilés à l'étranger, ce avant les adjudications aux enchères, les dons, amnisties, cessions ou adjonctions au domaine agricole de la légion étrangère.
Plus de 90 lieux - manoirs, métairies et fermes - confisqués sont inventoriés, pour lesquels sont indiqués le nom du noble émigré propriétaire foncier, le tenancier « à domaine » ou « à ferme » avec le montant de la rente, les impôts payés aux nouvelles autorités, les remboursements de dépenses, les dates de vente, de don et de main-levée finale.
Le registre est basé sur un classement et une répartition sur les six familles nobles émigrées, les Lamarche père et fils détenant 55 lieux sur 90 :
- Derval : Joseph Derval
[1] , seigneur de Kergoz en Plomeur, héritier des Kersulgar de Mézanlez, lieutenant au régiment du roi, est émigré en Angleterre à la Révolution et exécuté en 1795 à Vannes. Dans les actes d'adjudication ce sont les sœurs de Joseph, Pauline et Angélique, qui sont considérées comme les propriétaires. Les lieux détenus sont le manoir de Mezanlez, lequel échoit par adjudication au citoyen Jean-Marie Le Roux, le moulin de Mezanlez, Kergonan, Bohars, Kergamon, Ruebernard et Lostanquiliec.
- Rohan : Les Rohan-Guéméné : Henri-Louis-Marie de Rohan, prince de Guéméné, a émigré en Suisse, puis en Allemagne, puis dans l'armée autrichienne, mais les terres des Rohan autour de Kerjestin leur avait déjà été confisquées lors des événements de la Ligue pour être intégré au domaine du roi. Les lieux séquestrés sont situées à l'est de la commune : Keranroué, moulin du Faou, Kermoisan, Keriou. Tous ces lieux ne sont pas privatisés mais constitue désormais le domaine agricole de la légion d'honneur comme l'indique le registre : « donné à la légion d'honneur suivant lettre du directeur général du 13 pluviôse an 12 ».
- Donge : L'émigré du vicomté de Donges n'est pas précisément identifié : s'agit-il d'un Kerhoent, héritier de Guy-Marie de Lopriac († 1764), comte de Donges, marquis d'Assérac et seigneur de Botbodern ? En tout cas il s'agit bien ici du domaine de Botbodern, localisé ici à Ergué-Gabéric, mais en réalité à Elliant, et ses tenues à Kerdilès et Kerdévot.
- Geslain : Marie-Hyacinthe Gélin, engagé comme officier chouan dans l'armée de Cadoudal, mort à Quimperlé en 1832, est le propriétaire foncier noble du domaine de Pennarun. Les lieux confisqués sont le manoir et le moulin de Pennarun, de nombreuses dépendances au bourg, et les villages de Boden, Squividan, Loquestas, Kerellou. Le manoir est attribué au citoyen Vinoc de Quimper à la vente aux enchères.
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- Lamarche père et fils : François-Louis de La Marche, le père, est émigré et décédé sur l'île de Jersey en 1794 et Joseph-Louis-René de La Marche, le fils, est exilé sur l'île Grande-Terre de la Guadeloupe. Ils seront amnistiés, à titre posthume pour le père, et certains biens resteront dans la famille de La Marche. Les lieux séquestrés sont le manoir de Pennarun, la métairie et le moulin de Kernaou ...
- Tintigniac : François-Hyacinthe de Tinténiac
[2] , émigré à Londres fin octobre 1794, où il a rejoint son fils Vincent (un officier chouan surnommé le « loup blanc », mort à l'issue du débarquement anglais de Quiberon) et sa fille Anne-Josephe, est le propriétaire foncier noble du manoir et moulin du Cleuyou. Sont également confisquées le manoir de Kerampensal, la métairie à couteaux (Coutilly) et la tenue de Sulvintin.
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