1794 - Inventaire et estimation du moulin du Cleuyou - GrandTerrier

1794 - Inventaire et estimation du moulin du Cleuyou

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Catégorie : Archives   + fonds Biens Nationaux
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§ E.D.F.

Sommaire

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[modifier] 1 Introduction

Document d'inventaire et d'estimation du moulin du Cluyou par les experts du district de Quimper, sur saisie de l'émigré François-Hyacinthe Tinteniac [1].

Le moulin qui, entre 1788 et 1794, fut successivement tenu par les dénommés Guyader et Kerhoan, est décrit comme ayant deux tournants [2], c'est-à-dire deux roues alimentées par l'eau et entrainant leurs meules : « La maison mannale ou le moulin du Cluyou à deux tournants [2] et s'entrejoignants, le corps de logis formant deux pièces et ayant porte de communication, ouvrant au nord et au midi ayant de longueur à deux longères [3] vingt huit pieds [4] de franc [5] à deux pignons et un arras [6] traversant le millieu du corps de logis vingt quatre pieds [4] sur six de hauteur  ».

 

La traduction des dimensions en pieds du moulin donne 9m 50 de long (28 pieds) sur 8 mètres (24 pieds) pour deux pièces symétriques, plus deux écuries de 10 m (30 pieds) de longueur totale. Ce qui implique que ce moulin était plus grand que de celui conservé actuellement.

L'expert prend la décision de créer deux lots séparés : d'une part le premier avec le manoir et les terres principales du domaine, et d'autre part le moulin et ses abords, ainsi que la parcelle « Broannec » lacqueuse qui s'étend jusqu'au barrage d'amenée, c'est-à-dire la « chaussée » [7].

Document conservé aux Archives Départementales du Finistère sous la côte 1Q319.

[modifier] 2 Transcription

Page 1 :

28 et 29 Floréal an 2. Le moulin du Cluyou. Emigré Tinteniac. Commune d'ergué-armel.

Ce jour vingt huit floréal an second de la République une et indivisible, nous Charles Vincent le Blond de Saint Aubain demeurant à Quimper place du finistère et François Salomon Brehier [8] demeurant au dit Quimper rue Neuve experts nommés par arrêté du Directoire du District de Quimper du 28 septembre dernier (stile esclave [9]) pour procéder à l'estimation des domaines nationnaux et des biens des émigrés de son arrondissement, nous sommes transportés de nos susdittes demeures en compagnie du citoyen Jean le Jour officier municipal et commissaire nommé par la commune d'Ergué-gaberic demeurant au lieu du Boden sur la même commune, jusques et au moulin du Cluyou situé dans la ditte commune

Page 2 :

d'Ergué-Gabéric où étant rendu et parlant au citoyen Kerhoän fermier, lui avoir demandé la représentation de son bail à ferme ou de subrogation qu'il nous a communiqué sur le champs et lecture prise nous avoir reconnu que le dit moulin dépendant du manoir du Cluyou, appartenoit autrefois à l'émigré Tinteniac, qui suivant bail en datte du 18 octobre 1788 le nommé Jézégabel en étoit fermier et que ce dernier a subrogé dans sa ferme par acte du 18 mai 1791, au rapport de Jézéquel le dix Kerhoan fermier subrogé et qui est le propriétaire du tenable du dit moulin, et qui en payé annuellement pour pris de ferme qui échoira à la saint Michel 1797 (vieux stile [9]) la somme de deux quarante livres.

Désirant procéder à l'estimation du

Page 3 :

du moulin et dépendances, nous avons requis le dit Kerloän de nous en faire la montrée, à quoi ayant consenti nous a fait voir.

La maison mannale ou le moulin du Cluyou à deux tournants [2] et s'entrejoignants, le corps de logis formant deux pièces et ayant porte de communication , ouvrant au nord et au midi ayant de longueur à deux longères vingt huit pieds [4] de franc [5] à deux pignons et un arras [6] traversant le millieu du corps de logis vingt quatre pieds [4] sur six de hauteur.

Deux écuries adossées au fossé et s'entrejoignant en ruine ouvrant au levant bout du couchant du moulin ayant ensemble de longueur

Page 4 :

trente pieds [4] à un arras [6] six sur six de hauteur.

Au levant du dit moulin une pièce de terre nommée le Broannec sans édifices, donnant du levant sur autre Broanëc faisant partie des terres du Cluyou, du nord sur la chaussée et du midi sur courtil [10] et pré ci-après contenant sous fonds un demi journal [11] de terre froide [12].

 

Suite de page 4 :

Au midi du dit moulin une langue de terre froide [12] entre les trois eaux et contenant sous fonds deux cordes [13]

Un courtil [10] nommé courtil du moulin du levant sur terres dittes Broannec et des autres endroits sur terres ci-après contenant sous fonds dix cordes [13].

Un pré fauchable nommé

Page 5 :

pré du moulin sans édifices donnant du nord sur courtil [10] et terre de Broannec et des autres endroits entouré d'eau contenant sous fonds deux journées à faucher.

Une pièce de terre prairie froste [14] et lacqueuse nommée le Broannec au levant du moulin et régnant du nord le long de la chaussée [7], donnant du levant sur terre de Kerampensel et de Kerangal, du midi sur terre de Kerangal et du couchant sur la rive de Jet et autres terres étrangères au présent contenant sous fonds deux journaux [11].

Le dit moulin et dépendances faisant autrefois partie des terres et manoir du Cluyou contenant sous fonds douze cordes [13] de terre chaude [15] sous courtil [10] deux journaux [11] de terre froide [12] et deux journées

Page 6 :

à faucheur, donne du levant sur terres à Kerampensal et Kerangal, du couchant sur la rive du Get et terres étrangères au présent, du midi sur terres de Kerangal et nord sur chemin du moulin à Quimper et jardin du manoir, lequel moulin et dépendances avons jugé de l'avis du commissaire Jean le Jour être susceptible d'être divisé et vendu séparément des terres du Cluyou d'où nous avons jugé convenable de retirer la pièce de terre froide [12] nommée le Broännec pour joindre et faire désormais partie du dit moulin.

Déduction faitte de la contribution foncière et de la réparation des maisons, l'avons estimé la somme de deux mille quatre

Page 7 :

cents livres et les bois qui s'y trouvent celle de cinquante livres.

Total de l'estimation deux mille quatre cents cinquante livres.

Fait et rapporté au moulin du Cluyou le présent procès-verbal.

Destination pour valoir et servir ainsi qu'il appartiendra les dits jours et an que devant. Signé en la minute Bréhier, le Blond experts, Jean le Jour officier municipal. Enregistré à Quimper le douze prerial l'an second. Signé Brindejon qui a reçu vingt sols. Ce jour vingt neuf Floréal an deux.

Bréhier expert, Le Blond expert.

[modifier] 3 Originaux

[modifier] 4 Annotations

  1. François Hyacinthe Tinténiac : marquis et chevalier de Quimerc'h, né le 08.03.1726 à Quimper Saint Mathieu, marié le 09/10/1747 à Pluguffan avec Anne de Kersulguen, et décédé à Paris en 1794. Il est connu comme Royaliste de Bretagne et pour avoir repoussé les Anglais à Lorient en 1757. Son fils Hyacinthe mourut aveugle à Paris. Son fils Vincent, maréchal de camp dans l'armée des chouans, prit la tête d'une division après la tentative de débarquement des émigrés à Quiberon en 1795. Réputé émigré à la Révolution, son nom et prénom apparaissent sur un acte d'adjudication du moulin du Cleuyou comme bien national. Il est l'héritier de son oncle, Vincent François De Tinténiac, qui décède à 50 ans en 1760 à son domicile au château du Cleuyou. [Ref.↑]
  2. Tournant, s.m. : roue motrice d'un moulin à eau (Trésor Langue Française). Un moulin à deux tournants a deux roues qui font tourner deux meules (Littré). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2]
  3. Longère, s.f. : mur principal d'une bâtisse. Ce terme n'avait la même signification qu'aujourd'hui, il désignait, non pas un bâtiment de forme très allongée, mais dans un bâtiment donné, le mur de façade et le mur arrière. On parlait donc de la longère de devant et de la longère de derrière. Quant à l'appentis, comme il s'appuyait contre la maison, il n'avait évidemment qu'une longère. Source : Jean Le Tallec, La vie paysanne en Bretagne sous l'Ancien Régime. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  4. Pied, s.m. : unité de mesure de longueur divisée en 12 pouces, et d'environ 32-33 cm. En France, avant la réforme de Colbert en 1668, le pied de roi ancien avait une valeur de 326,596 mm. En 1668 une tentative de normalisation fut tentée avec la nouvelle toise dite de Chatelet pour une mesure de 324,839 mm. Cette valeur fut conservée en 1799 avec l'introduction du mètre estimé à environ 3,09 pieds [¤source : Wikipedia]. On note une valeur de 3,07 pieds dans un document GrandTerrier de 1808[Terme] [Lexique] [Ref.↑ 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4]
  5. Franc, s.m. : terme utilisé dans l'expression "de franc" pour désigner dans les aveux les largeurs des bâtiments en pieds . Au 17e siècle on trouve les expressions "de franc par le dehors" ou alors "de franc par le dedans", les mesures pouvant être prises entre deux longères (murs extérieurs). Source : site de C. Duic (doc).  [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 5,0 5,1]
  6. Arras, s.m. : mur intérieur de séparation d'un bâtiment, en pierres ou maçonnerie. Dans les descriptions d'aveux : à deux pignons et un arras ». Source : site Internet de C. Duic (doc 1, doc2). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 6,0 6,1 6,2]
  7. Chaussée, s.f. : barrage, ouvrage maçonné submersible en travers d'un cours d’eau naturel, avec une partie supérieure appelée déversoir, permettant l’amenée de l’eau de la rivière vers le moulin. Source : riverainsdefrance.org[Terme] [Lexique] [Ref.↑ 7,0 7,1]
  8. François Salomon Bréhier : avocat-expert à Quimper et maire d'Ergué-Gabéric de 1808 à 1812. [Ref.↑]
  9. Le terme de « style esclave » fait référence au calendrier grégorien en usage sous l’ancien régime avant la révolution. [Ref.↑ 9,0 9,1]
  10. Courtil, curtil, s.m. : jardin potager. Du bas latin cohortile, dérivé de cohors (voir Cour). Jardin, cour, enclos (Dictionnaire de l'Académie). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 10,0 10,1 10,2 10,3]
  11. Journal, s.m. : ancienne mesure de superficie de terre, en usage encore dans certains départements et représentant ce qu'un attelage peut labourer dans une journée. Le journal est la principale unité de mesure utilisée dans les inventaires pour calculer les surfaces des champs cultivés. Dans la région quimpéroise un journal vaut 48,624 ares, à savoir 80 cordes, soit environ un demi-hectare. Pour les jardins et les courtils on utilise le terme de « journée à homme bêcheur » correspondant à un 8e de journal ou 6 ares. Les surfaces des prés se mesurent en « journée à faucheur » ou « à faucher » équivalente à 2 journaux de laboureur, soit presque un hectare. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 11,0 11,1 11,2]
  12. Terres froides, s.f.pl. : terres pauvres mises en culture de loin en loin parfois après un brulis, par opposition aux terres chaudes; les terres froides prennent le reste du temps la forme de landes qui servent de pâturage d'appoint, et fournissent divers végétaux utiles : bruyères et fougères pour la litière, ajoncs pour la nourriture des chevaux, genets pour la couverture de la toiture (Jean Le Tallec 1994). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 12,0 12,1 12,2 12,3]
  13. Corde, cordée, s.f. : unité de mesure de superficie. Subdivision du journal. Le journal et la corde sont les principales unités de mesure utilisées pour calculer les surfaces dans les inventaires. Dans la région quimpéroise une corde vaut 0,6078 ares à 16 toises carrées. Il faut 80 cordes pour faire un journal. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 13,0 13,1 13,2]
  14. Frostages, s.f.pl. : terres incultes, friches, terres vaines et vagues ou terres froides. En breton le terme existe : Fraost , ad. g. -où (en) friche, parfois clair, desserré, & brut, grossier (dictionnaire Favereau). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  15. Terres chaudes, s.f.pl. : terres cultivables, par opposition aux terres froides ; exploitées en rotation triennale, soit blé noir, seigle, avoine (Jean Le Tallec 1994). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric.

Date de création : Mars 2011    Dernière modification : 30.12.2015    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]