Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier - GrandTerrier

Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Version du 2 octobre ~ here 2016 à 08:00

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1 Pigeons voyageurs à Lestonan

Billet du 02.10.2016 - « Pietro della Valle dit qu'en Perse le pigeon messager fait en un jour plus de chemin qu'un homme de pied ne peut en faire en six », Georges-Louis Leclerc de Buffon, Histoire naturelle des oiseaux, tome I, page 44.

Les anciens du quartier de Lestonan se souviennent : « Monsieur Lazou avait son pigeonnier en bois dans le fond de la cour de l'école publique des garçons, tout près de la cuisine de son logement. C'était un passionné de colombophilie ... »

Les journaux de l'époque des années 1930 et suivantes, « Le Finistère », « L'Ouest-Éclair » et « La Dépêche de Brest », le confirment : Jean Lazou, instituteur à l'école publique de Lestonan, pratiquait assidument le sport colombophile en participant aux compétitions organisées par la société « Le Messager Quimpérois ».

Aux concours de vitesse, il préfèrait les courses de demi-fond dans lesquels les pigeons, transportés en un lieu distant de 250 à 500 km comme Angers, doivent rejoindre leur pigeonnier en 4 à 8 heures de vol continu, ou des concours de fond, comme Toulouse ou Montargis, où la distance est de 500 à 1000 km.

Dans les articles publiés, on apprend que l'étape dite « enlogement » avait lieu à la gare de Quimper, ce qui veut dire d'une part que les pigeons sont transportés par train sur les lieux du « lâcher » et que d'autre part les colombophiles devait y apporter leurs champions qu'on munissait d'une bague en caoutchouc numérotée, et montrer aux organisateurs leur appareil de contrôle appelé « constateur ».

Cet appareil sophistiqué, avec un plomb qui interdisait son ouverture, est une horloge équipée d'un dispositif d'impression. Les bagues caoutchouc étaient mises dans les cases d'un barillet au retour du pigeon. Chaque fois que le barillet avançait d'une case, l'heure exacte (jour, heures, minutes, secondes) s'imprimait sur une bande de papier.

Il était donc difficile de tricher lors de l'établissement du classement des concours, et la précision était de mise, comme par exemple lorsque Jean Lazou fait constater l'arrivée de son champion à Lestonan le 8 juin 1930  : « le pigeon qui s'est classé en tête a été constaté à 13 h. 41' 30 ».

Et bien sûr, certes les pigeons étaient lâchés ensemble du même lieu, mais leurs pigeonniers respectifs étaient autour de Quimper, à Douarnenez, au Guilvinec, et il fallait corriger l'horodatage avec les distances exactes. Ainsi pour départager les deux premiers pigeons d'une à l'est de Quimper et d'autre part sur la place St-Corentin « le colombier Lazou qui est situé à Lestonan, en Ergué-Gabéric, doit rendre environ 8 km au colombier Merrien ».

Les conditions météorologiques n'étaient pas toujours faciles pour les pigeons voyageurs : « Contrariés au départ par une brume tenace et ensuite par un vent de Sud-Ouest, les volatiles ont été déportés très à droite de la ligne de vol et se sont trouvés pris dans le trou d'orage signalé comme particulièrement violent. »

 

Début juin 1935 Jean Lazou est félicité pour ses réussites colombophiles : « Nous voyons le colombier Lazou réussir cette année une performance rare dans le sport colombophile : faire une jolie passe à trois et fournir, trois dimanches de rang, le vainqueur du tournoi dans des conditions brillantes. » La 3e compétition était un Bordeaux-Quimper de plus de 500 km effectué par le pigeon de Lestonan à la vitesse de 56 km/h.

Fondé en 1906, « le Messager quimpérois » qui faisait partie des vieilles associations quimpéroises, était dans les années 1930-40 en concurrence avec une seconde société colombophile, « les Mouettes quimpéroises », mais seul le Messager, plus importante que les Mouettes, s'est maintenu comme association jusqu'à nos jours. À noter également qu'en 2016, une nouvelle association finistérienne accueille des colombophiles à Ergué-Gabéric : « P.V. Gabéricois », P.V. signifiant bien sûr Pigeon Voyageur.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Les compétitions colombophiles de Jean Lazou de Lestonan, journaux locaux 1930-35 », « Les fêtes annuelles du quartier de Lestonan, Ouest-Eclair Dépêche de Brest 1936-1939 », « Jean et Francine Lazou, instituteurs de 1926 à 1950 »

2 Les burons de Basse-Bretagne

Billet du 25.09.2016 - « Il n'a ni maison, ni buron », expression populaire désignant une personne sans lieu certain pour y coucher ou y dormir.

Le terme de buron est plus connu sous l'acception de cabanes au toit de lauses dans lesquelles les chèvriers d'Auvergne ou de Cantal pouvaient s'abriter. La marquise de Sévigné avait aussi son buron, mais plus confortable, à savoir le château du Buron à Vigneux-de-Bretagne près de Nantes : « Je fus hier au Buron, j'en revins le soir. »

Pour en savoir plus sur l'existence de burons à Ergué-Gabéric, nous avons transcrit deux déclarations, datées de 1692 (« mil six cent nonante deux), de la part des ménagers des tenues du domaine congéable de Kerdudal, l'une exploitée par Noel Le Caugant, l'autre habitée par un dénommé Le Galand et par une veuve Déniel née Jannès.

Une particularité commune aux deux tenues est la mention des habitations secondaires sous l’appellation « buron » :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg«Image:Spacer.jpgLa maison appellée Le buron qui a vingt et sept pieds de long, de hauteur sept, de franc douze, couverte de gleds, et construite de pierres de massonnage, fors la porte et une fenettre et l'ornemment des pignons de pierres de taille. »

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg«Image:Spacer.jpgLe buron aussi couvert de gleds construit de simple massonnage fors la cheminée, la porte et la fenettres qui sont de pierres de, contenant de long trente deux pieds, de hauteur six et demy, douze pieds de franc avec un escalier en treine. »

Par rapport aux maisons principales, si on exclut la hauteur de la 2e qui est à 2 étages, les burons aux toits de chaume (« gleds ») ont des dimensions équivalentes : 9 à 10 mètres de façade (27 à 32 pieds), 2,2 mètres de haut et 4 mètres de profondeur. On est loin des petites cabanes, ou des abris en lause des chevriers auvergnats.

On trouve aussi d'autres burons dans les actes d'Ergué-Gabéric datés du 17e siècle, notamment à Kerellou. Plus près de Kerdudal, on peut aussi s'interroger sur les origines mystérieuses du lieu-dit « Ty-Bur ».

Faute d'explications historiques locales, Le lieu-dit évoque le nom ancien de la ville de Tivoli, et du fait que les cadastres anciens mentionnent le lieu également Kerjenny on raconte des histoires de muses anglaises.

Il est plus plausible que le terme « bur » provient de l'ancien mot français « buron ». Quand on sait que Kerdudal est prononcé Kerzul localement, on peut penser que Buron pouvait être abrégé en Bur. Le nom de Villa de Ty-Bur est cité dans les journaux de 1881, 1898 et 1920 lors des ventes de la propriété, avec également dans les annonces la mention de Kerjenny désignant le hameau, alors que Ty-bur est la ferme agricole.

 

On peut rappeler que les lieux ont aujourd'hui changé par le nouveau tracé de la route de Coray au 20e siècle et le déplacement du portail de la propriété plus au sud, alors qu'il était auparavant orienté le long de la grande route.

Pour revenir aux documents de Kerdudal en 1692, le propriétaire noble des tenues est René-Louis de La Marche de Kerfors, probablement celui qu'on connait sous le prénom de Louis-René et qui se maria en 1686 à Marie-Rose de Tréouret de Kerstrat. Leur fils prendra le titre de seigneur de Lezergué, mais en 1692 Lezergué est encore dans les mains des héritiers de son ancien seigneur Guy Autret, ce qui explique que dans le document relatif à la deuxième tenue, il est mentionné également Guy de Charmoy et Yves du Menez.

Dans un prochain billet, nous présenteront les plus anciens documents présentant le convenant de Kerdudal comme rattaché au domaine noble des Autret, seigneurs de Lezergué.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « 1692 - Le domaine congéable de Kerdudal sous René-Louis de La Marche et Guy de Charmoy », « Explications toponymiques pour le lieu-dit Ti-Bur »

3 Martial, Léopold-François et JEP

Billet du 17.09.2016 - Les obsèques de Martial Ménard ont eu lieu lundi dernier. C'était l'éditeur des mémoires d'un paysan bas-breton en 1998 et un linguiste breton expert et intarissable. Il y a plus de 100 ans un autre linguiste, spécialiste des « genres courts », a collecté des « formulettes » ou ritournelles de basse-Bretagne et en particulier à Ergué-Gabéric. Et enfin ne pas oublier la journée du patrimoine demain dimanche 18 septembre.

Martial Ménard était un militant nationaliste breton, devenu linguiste, lexicographe, éditeur et journaliste breton, considéré comme l'un des meilleurs spécialiste de la langue bretonne. Directeur de la maison d'édition An Here, il publie en 1998 Mémoires d'un paysan bas-breton de Jean-Marie Déguignet, succès de librairie inattendu. ll fait paraître en 2012, un dictionnaire français-breton de grand format, et il lance fin 2015 le site Internet http://devri.bzh constituant un dictionnaire diachronique du breton qui explique les mots, mais aussi leur évolution dans l’histoire.

Dans un article-interview du magazine Bretons en 2011, il s'explique sur l'aventure Déguignet : « Bernez Rouz vient alors me voir et me confie le manuscrit. Je le dévore et je décide alors de l’éditer en me disant que je vais bien en vendre 3 000 et réaliser une bonne petite opération. On réalise donc un premier tirage de 2 500 exemplaires. Ça démarre pas mal car le bouche-à-oreille fonctionne bien. Mais là il se passe un événement étonnant. Un ami de Michel Polac l’achète en Bretagne pendant l’été et lui en parle. Et le 8 décembre, je me rappelle bien de la date, il en parle de façon dithyrambique sur France Inter. Moi, je n’avais pas écouté l’émission, mais quand je suis rentré chez moi, mon répondeur était saturé d’appels. Alors là, je me suis dit : ça va cartonner ! ».

Et le tirage qui s'ensuit est impressionnant : « J’en retire 10 000 exemplaires. Tous vendus en trois semaines ! Puis, je fais des retirages réguliers à coups de 20 000 exemplaires. » Au total, les Mémoires d’un paysan bas-breton vont s’écouler à 170 000 exemplaires dans cette version de 462 pages éditée par An Here. « On en vendra aussi 7 000 de la seconde version, un pavé de plus de mille pages qui propose le texte intégral. » Martial Ménard cède ensuite des droits de traduction en anglais, en italien et en tchèque. Et les droits en poche à Press Pocket. « Je ne sais pas combien d’exemplaires ont été vendus en poche mais sans doute 150 à 200 000 », estime-t-il.

Au total, le livre s’est écoulé à près de 400 000 exemplaires en France. Un énorme succès. Et qui dit succès dit bien sûr suspicion et jalousie. « Il y a eu beaucoup de sceptiques. Certains ont même prétendu que c’était un faux. »

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « La publication des mémoires Déguignet par Martial Ménard d'an Here, Bretons 2011 »

  Léopold-François Sauvé (1837-1892) est un mémorialiste qui s'est intéressé aux « genres courts » du patrimoine oral de Basse-Bretagne. Il a publié notamment un article titré « Lavarou koz a Vreiz-Izel » dans lequel il présente une comptine incluant une forme phonétique du nom de notre commune : « Erc’hie-Vras », dont on peut deviner la forme dérivée française du Grand-Terrier.

Avec les formulettes publiées en 1882 dans la Revue Celtique, on découvre une collecte très riche de ritournelles de nombreuses communes finistériennes (Châteaulin, Audierne, Douarnenez ...), et bien sûr celles authentifiées comme provenant d'Ergué-Gabéric. En voici l'une d'entre elles, certes un peu scabreuse :

(Extrait des formulettes de LF Sauvé, Revue Celtique, 1882)

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « SAUVÉ Léopold-François - Formulettes et traditions diverses de la Basse-Bretagne »

Quant à dimanche, journée européenne du patrimoine, voici la suite du programme annoncé dans le précédent billet :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgEglise Saint-Guinal. En cette Année du Bourg, les bénévoles de l’Ensemble paroissial vous accueillent dans l’édifice de 14h à 18h. Pour les 500 ans de l’église, fêtés cette année, un nouveau mobilier liturgique a été réalisé par l’atelier Le Ber de Sizun.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgChapelle Saint-Guénolé. Les riverains, qui ont contribué aux différentes restaurations de la chapelle depuis 1991, seront présents de 14h à 18h pour accueillir et renseigner les visiteurs.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgChapelle de Kerdévot. Kerdévot, encore toute fleurie du récent pardon, sera ouverte à la visite de 15h à 18h30.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgGoûter champêtre à Saint-André. Pour une pause gourmande au cours de cette après-midi, les Amis de la Chapelle Saint-André proposent un café-gâteau aux abords de la chapelle de 14h à 18h.

4 Cantique, pardon et archéologie

Billet du 10.09.2016 - « Les Bretons avaient décidément un rapport particulier au temps et à leur passé, si lointain puisse-t-il être. Pour eux, le passé n’existait pas. Il n’était pas passé. Rien ne passait. Tout ce qui avait été était encore et serait éternellement. Le présent ne perdait pas son importance pour autant, au contraire : il s’en trouvait grandi, accentué. », Jean-Luc Bannalec, " Étrange printemps aux Glénan " (texte allemand en fin de billet).

Cette citation n'est-elle pas une explication de notre attrait pour les pardons et les journées européennes du patrimoine en pays breton ? En tous cas elle est, pour nous, une belle introduction pour le grand pardon de Kerdévot de ce week-end et pour les journées du patrimoine dans 8 jours.

Pour ce qui concerne Kerdévot tout d'abord, nous avions publié, il y a tout juste un an, un article sur le cantique « Itroun Varia Kerdevot » avec partitions, enregistrement et ses 6 couplets en breton tels qu'ils sont chantés aujourd'hui, en pensant, à tort, que ce texte était le texte d'origine composé par Jean Salaûn (1831-1885), éditeur de musique à Quimper.

Nous venons de découvrir deux pièces d'archives attestant de ses origines exactes :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgSous le titre « Itroun Varia Kerdevot air Laudate Mariam » les Archives Diocésaines de Quimper ont référencé ce document inédit, publié par la librairie J. Salaun avec imprimatur de 1881, et publié sur leur site Internet

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgNous disposons également d'une feuille volante recto-verso, intitulée « Pélerinage à N.-D. de Kerdévot », éditée à l'imprimerie Kerangal, et incluant le même cantique aux 25 strophes strictement identiques.

Hormis le premier couplet identique, le texte est largement différent de la version courte actuelle. Le refrain est simplifié : « Mam Doue, ô Guerc'hez, Bezit hor c'harantez ) bis » (Mère de Dieu, ô Vierge, soyez notre Amour). Le vocabulaire est plus riche et les scènes plus imagées : « Gant mein dantelezet » (pierre de dentelle), « A ziouch ar c'hleuniou » (au milieu des talus) ...

La succession des 25 strophes délivre une introduction sur les chapelles bretonnes, la description de la plus belle d'entre elles (cf extrait ci-dessous), puis l'évocation des pèlerins de tous ages, de toutes conditions et de toutes les paroisses avoisinantes (« Kals a dud er bed ! » : beaucoup de monde au pays), et au 25e couplet « Ni 'gano da viken ... » (Nous te chantons pour la vie).

III. Gant mein dantelezet,
Ho deuz hon tadou,
D'ar Verc'hez benniget,
Savet ilisou !

IV. Hogen 'n ilis kaera,
Euz a vro Gerne,
D'ann Itroun-Varia,
A zo enn Ergue !

V. Kerdevot eo hanvet,
Chapel burzudus,
Enhi e ve kavet,
Grasou Mam Jesus !

III. Avec des pierres de dentelle,
Venant de nos ancêtres,
Dédiées à la Vierge bénie,
Des églises ont été érigées !

IV. Mais la plus belle église,
Du pays de Cornouaille,
Consacrée à la Vierge Marie,
Est à Ergué-Gabéric !

V. Kerdevot est nommée,
Chapelle de merveilles,
On trouve en ce lieu,
Des grâces de la mère de Jésus !

 
(bannière historique de Kerdévot, années 1880, armoiries de Léon XIII)

IX. Eno he ten bemde,
Ha gant fisians bras,
Da bedi Mam Doue,
Tud ann Ergue-Vras !

IX. Là viennent tous les jours,
Et avec grande confiance,
Pour prier la mère de Dieu,
Les gens du Grand Ergué !

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Le cantique populaire "Itroun Varia Kerdevot" de Jean Salaun en 1881 »

Quant aux journées du patrimoine, nous nous recommandons d'une part une conférence de l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives : « Du Mésolithique au Moyen Âge, premiers résultats de la fouille de Parc-al-Lann à Ergué-Gabéric » par Yvan Pailler, responsable des fouilles. Dimanche 18 septembre à 15 h, au Musée Départemental Breton de Quimper.

Et d'autre part, le dimanche également, de 10 à 12 h, la visite commentée du château de Toulven, implanté sur un terrain en hauteur dominant les bords de l’Odet. Jean-Marie Déguignet, le célèbre paysan bas-breton gabéricois, y est employé en 1868 et en parle dans ses mémoires : « le château était à deux pas de là et dont on voyait les tourelles ».

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Découvertes archéologiques sur le site de Parc-al-lann, Le Télégramme et INRAP 2016 », « Espace Déguignet », et suite du programme dans le prochain billet

      Pour nos amis germanophiles et germanophones, voici le texte allemand de l'auteur : « Bretonen hatten ein besonderes Verhältnis zur Zeit, zur Vergangenheit, auch zur weit zurückliegenden Vergangenheit. Was vor allem hieß: Es gab sie für Bretonen nicht, die Vergangenheit. Sie war nicht vergangen. Nichts war vergangen. Alles, was gewesen war, war auch gegenwärtig und würde es immer bleiben. Die Gegenwart wurde dadurch kein bisschen in ihrer Bedeutung geschmälert, im Gegenteil: Es machte sie noch größer. », Jörg Bong, alias JL Bannalec, "Bretonische Brandung: Kommissar Dupins zweiter Fall". Cette série policière a un énorme succès outre-Rhin, et a même fait l'objet d'un feuilleton télévisé.
 
 

5 Levée du 18 germinal de l'an 2

Billet du 03.09.2016 - Merci à Geneviève Hypolite de nous avoir signalé, sur le site des Archives Municipales de Quimper, l'existence de ces délibérations de la Communauté de la ville de Quimper relatives à la laborieuse réquisition des chevaux de ses cinq communes rurales.

« Il sera fait une levée extraordinaire de chevaux pour le service des transports militaires sur tous les cantons et arrondissement de la République. La levée sera à raison d'un cheval sur vingt-cinq.  » : voici le début du décret de la Convention nationale daté du 18 germinal de l'an 2 de la République (7 avril 1794), qui arrive à Quimper le 11 floréal (30 avril) avec une demande d'exécution. En avril 1794 le besoin national en chevaux est global, aussi bien pour la cavalerie (« propres à monter ») que pour les transports militaires (« assez forts pour le trait »), même les mulets (aucun ne sera recensé sur nos terres), et les « voitures » (calèches), licols, harnais, fourrage sont également à fournir.

C'est la communauté de ville de Quimper, représentant le canton, qui est sollicitée pour transmettre la demande aux maires de ses cinq communes rurales, à savoir Kerfeunteun, Ergué Armel (écrit aussi « Petit ergué »), Ergué Gabéric (le « Grand ergué »), St Evarzec et Penhars.

Le greffier de la communauté reprend dans le registre des délibérations les termes du courrier adressé immédiatement aux maires : « Vous ne devez pas manquer de faire venir lundi prochain pour huit heures du matin tous les chevaux de votre commune indistinctement vieux, et jeunes, mâles, et femelles, afin d'en constater le nombre, et de choisir ceux qui seront assez forts pour le trait ».

On remarquera qu'en cet an 2 la commune d'Ergué-Gabéric est bien rattachée au canton de Quimper, ce depuis le 18 juin 1791, après un rattachement très contesté au canton de Rosporden en 1790. Et le canton quimpérois fonctionnera avec ses 5 communes jusqu'en 1795 ; Ergué-Armel sera ensuite promue municipalité cantonale pour le compte des 4 communes voisines jusqu'en 1800.

En 1794, les communes rejettent la demande de la Convention du fait du nombre et de l'état de leurs chevaux. Devant l'insistance du « Commissaire inspecteur », l'autorité cantonale essaie encore de gagner du temps : « Nous ne pensons pas que les reproches qu'elle contient nous soient applicables, attendu que nous vous adressons le 1er prairial dernier le procès verbal du recensement des chevaux de notre canton, du même jour, qui justifie que nous sommes dans l'impossibilité de fournir les objets requis par cette loi ... nous croyons dans la plus parfaite sécurité, parce que nous attendions votre réponse avant de nous livrer à des démarches ultérieures. »

 
(Géricault, "Marché aux chevaux : cinq chevaux au piquet", Louvre)

Mais il faut bien obtempérer et le 25 vendémiaire (16 octobre), soit 4 mois plus tard, le secrétaire recopie dans le registre sa lettre adressée au district : « Nous vous adressons l'état des chevaux de réquisition que nous avons envoyé à Rennes ».

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg22 chevaux au total pour les 5 communes du canton. Pour la réquisition précédente la demande nationale n'était que de 6 chevaux de cavalerie par canton. Comme la présente réquisition est de 1/25 on peut en déduire que 550 chevaux sont dénombrés sur le canton, soit une moyenne de 110 chevaux par commune, Ergué-Gabéric pouvant peut-être en compter 150, car plus étendue et très rurale.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg5 conducteurs ou charretiers, choisis dans la population agricole de chaque commune, accompagnent les chevaux et conduisent les « voitures » hippomobiles jusqu'à Rennes et reviennent à Quimper. Ce nombre correspond à la règle d'un « atelage complet de quatre chevaux » pour chacun.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLe prix payé pour chaque cheval, fixé à « neuf cents livres » au maximum dans le décret, n'est pas précisé dans le registre. Mais par contre on y trouve tous les frais générés, les dépenses de la route aller (35 livres), le retour des charretiers (14 livres chacun), le « cordier » (73), les maréchaux-ferrants (71) et les experts (60), pour lesquelles dépenses chaque commune doit encore contribuer à hauteur de 10%.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « 1794 - Réquisition extraordinaire des chevaux de l'an 2 de la République », « 1789 à 1799 - Les dates clefs de la Révolution à Ergué-Gabéric »

6 Du bleu au pardon de Kerdévot

Billet du 27.08.2016 - « Les chansons d’autrefois toujours nous les chantons ! Oh ! nous ne sommes pas les derniers des Bretons ! Le vieux sang de tes fils coule encor dans nos veines, Ô terre de granit recouverte de chênes ! », Auguste Brizeux, Marie

Dans deux semaines, le samedi 10 et dimanche 11 septembre aura lieu le grand pardon de Kerdévot. À cette occasion nous vous proposons tout d'abord une évocation d'un pardon spécial en mai 1907 où 5.000 pèlerins sont venus écouter un prédicateur « glazik », et également un rappel de la caractéristique du bleu des lieux.

L'article du 15.05.1907 du journal « L'indépendant du Sud-Finistère », débute par une présentation des lieux : « À 10 kilomètres de Quimper, dans un site pittoresque de la belle commune d'Ergué-Gabéric s'élève une antique chapelle ...  ». L'article évoque ensuite les pèlerinages ou pardons récurrents qui y ont lieu : « En Septembre, c'est le Pardon avec sa foule pieuse, mais aussi avec ses nombreux curieux, ses boutiques, ses attractions profanes. »

Et enfin, en ce dimanche de 1907 qui suit la fête de l'Ascension, un grand rassemblement est organisé à l'intention des « 14 communes les plus rapprochées de Kerdévot ... ; toutes les personnes qui voudront se joindre au pèlerinage y seront reçues avec bonheur. »

L'invitation est lancée par le Comité de la Ligue Patriotique des Françaises, une association nationale féminine très liée au départ au parti politique d'Alliance Libérale Populaire et ensuite constituée en mouvement d'église en 1906. L'association est très active en Bretagne dans les manifestations de résistance aux expulsions des congrégations religieuses en 1902 et aux inventaires d'églises en 1906.

Le caractère féministe de la journée est néanmoins relatif car « Ce pèlerinage n'est pas exclusivement pour les ligueuses, les hommes sont aussi instamment priés d'y venir », et pendant les vêpres et le prône « les hommes sont aux premiers rangs »

L'évènement se déroule dans les mêmes conditions que le grand pardon de septembre (cf annonce du 31 août dans le même journal) : messes matinales à partir de 6h, grand'messe de 10h, vêpres, processions avec bannières, costumes traditionnels, bénédiction, cantiques bretons ...

Le clou de la journée est la prestation en langue bretonne du prédicateur Auguste Chuto, popularisé par son petit fils Pierrick Chuto dans un livre paru en février dernier : « c'est un glazik, M. Auguste Chuto, de Penhars, qui va parler ».

Le personnage est impressionnant, devant un auditoire de 5.000 pèlerins, en plein vent et sans micro, pendant une heure il prononce une allocution en breton très convaincante : « Point de plan académique, mais un faisceau d'idées, qu'il veut communiquer à ses pays, et, pour y arriver, son langage se fait persuasif, véhément, surtout ému. Il procède par comparaisons, images, et l'on voit tour à tour l'hypocrisie de nos gouvernants ... ».

  Et l'émotion saisit les hommes : « Quand l'orateur dépeint les ravages de l’École athée, la guerre religieuse d'aujourd'hui et de demain, les inventaires, la chasse aux prêtres, les morts sans le secours de la Religion, le gâs breton dont l'instituteur officiel n'a pu éteindre la Foi, réclamant à cor et à cri un prêtre pour l'absoudre, et dans le désespoir de l'agonie, clamant le nom de sa mère : Mam ! ... Je vois bien des hommes, qui, furtivement, essuient une larme. »

Nul doute que Pierrick Chuto, dans son prochain tome 2 des « Cléricaux contre laïcs en Basse-Bretagne » évoquera le passage de son grand-père à Kerdévot en mai 1907.

Savez-vous que le bleu tendre des portes de la belle chapelle de Kerdévot, est désormais au catalogue des 20 couleurs de base de la société « Les Malounières », spécialisée dans la confection de peintures à l'huile pour le patrimoine ? La couleur des murailles et haut de la coque de la frégate Hermione en est-elle inspirée ?

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Le bleu Kerdevot, couleur des marines nationale et marchande d'autrefois », « Pèlerinage de la LPDF et conférence bretonne à Kerdévot, Indépendant et Progrès 1907 », « CHUTO Pierrick - IIIe République et Taolennoù »

7 Kerdudal et l'isle Grande Terre

Billet du 21.08.2016 - La Grande Terre, surnommée la « petite Bretagne des Antilles » pour ses paysages agricoles et côtiers, est une île de France qui constitue l'aile est du papillon que forment les deux principales îles de l'archipel de Guadeloupe, l'aile ouest étant la Basse Terre.

Le présent billet est inspiré d'une part par deux documents familiaux communiqués par Jérôme Salaun, dernier exploitant agricole de Kerdudal, et d'autre part par les travaux de la très active association « Généalogie et Histoire de la Caraïbe » publiés sur leur site ghcaraibe.org.

Dans le premier document de 1809 il apparaît que le domaine de la famille noble de La Marche, centré autour du manoir de Lezergué et incluant le village de Kerdudal, a été l'objet d'une expropriation quelques années après la Révolution et vendu aux enchères. Les biens fonciers de Lezergué et de Kerdudal sont restés sous la coupe de leurs propriétaires fonciers de La Marche, pendant tout le 18e siècle, en échappant aux confiscations révolutionnaires.

En effet ces propriétés n'ont pas été vendues comme biens nationaux comme l'ont été en 1795-97 tous les autres biens nobles et ecclésiastiques d'Ergué-Gabéric. Le manoir et ses mouvances sont restés la propriété de la famille de La Marche, malgré le fait que les chefs de famille (François-Louis de La Marche père et son fils cadet Joseph-René-Louis-Marie) sont réputés absents et exilés. Cela peut être surprenant car ces deux nobles sont installés en Guadeloupe à l’île Grand Terre et leur terres sont nombreuses à Ergué-Gabéric.

Un premier élément de réponse est l'action de Joseph-Hyacinthe de La Marche, plus jeune fils resté à Quimper, qui se rapproche des autorités révolutionnaires, et qui conserve certains biens gabéricois dont le domaine congéable voisin de Kerveady. Un 2e point important est l'installation et le mariage outre-mer bien avant la Révolution du fils cadet Joseph-René-Louis-Marie, son père l'ayant rejoint que plus tard.

Nommé « lieutenant en premier » au régiment de Guadeloupe le 18.08.1772, sous-aide-major le 24.12.1773, il quitte en octobre 1774 la Guadeloupe parce qu'il était devenu chef de sa famille à la suite du décès de son frère aîné et « propriétaire de biens assez considérables ». Il obtint alors, « par faveur très particulière », une commission de capitaine pour retraite. Il repasse en 1775 en Guadeloupe, puis retourne en France en 1777 rétablir sa santé. Il se marie le 29.10.1787 au Moule avec Marie Alexandrine Victoire Boyvin, native guadeloupéenne. Ils ont une fille née en 1801 à Antigua : Marie Eugénie Leserguier de La Marche.

En 1792, le couple guadeloupéen s'endette en achetant une habitation située en quartier du Gozier à la Guadeloupe moyennant la somme de 700 000 livres auprès de Dominique Louis Dampierre d'extraction noble. Ce dernier demande en 1809 la vente de Kerdudal : « La dite vente poursuivie à la requête du sieur Dominique Louis Dampierre, et dame Marie Catherine de Baulès son épouse, de lui autorisée, propriétaires habitants de la Guadeloupe, quartier de St Louis du Gozier, isle grande terre ».

 

Les De Dampierre remportent les enchères de ventes des deux tenues de Kerdudal qu'ils conservent pendant sept ans.

Le deuxième document de 1816 est la vente du domaine de Kerdudal à un propriétaire quimpérois. Datant de 27 ans après la Révolution française, il illustre encore un mode de propriété foncière emblématique de l'Ancien régime en Bretagne, à savoir une propriété détenue par un noble auquel un fermier est tenu à domaine congéable par une rente annuelle.

Après les de La Marche, les propriétaires de Kerdudal sont restés les De Dampierre. L'héritier en 1816 est « Guillaume Guy De Dampierre Comte du même nom, demeurant ordinairement à son château de Saint-Philippe commune de Saint-Nicolas de la Balerme (Lot-et-Garonne) ».

L'acheteur des tenues de Kerdudal est Guillaume Favé, propriétaire demeurant à Quimper place Toulallerre, et lors des successions du 19e et 20e siècle les propriétaires fonciers deviendront exploitants agricoles. Cela donnera les générations de familles d'agriculteurs Descamps, Le Ster, ... et Salaun.

Dans un prochain billet, nous remontrons encore le temps sur le domaine noble de Kerdudal, en « mil six cent nonante deux » (1692), et en 1540, avant l'arrivée des de La Marche.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « 1809 - Vente par expropriation forcée des deux tenues de Kerdudal », « 1816 - Transmission des tenues de Kerdudal du comte de Dampierre à Guillaume Favé »

8 Relâche au village de Kerzu(da)l

Billet du 14.08.2016 - Relâche, sf, MAR. : action de relâcher; escale d'un navire en cours de route pour se ravitailler, embarquer ou débarquer des passagers, du fret. "Nous fîmes une courte relâche à Naples, grossière et pleine de cris matinaux" (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p. 28).

Dernier des Mohicans de sa génération, né en 1931, Jérôme Salaün est toujours en activité et il adore raconter le riche passé de son village de Kerzu(da)l, avec beaucoup de douceur et de discrétion qui étonnent ses auditeurs.

Kerdudal est un petit hameau au sud-ouest de la commune d'Ergué-Gabéric, avec un nom qu'il faut bien prononcer Kerzul, la syllabe intermédiaire « da » étant "mangée" par les habitués du lieu.

Même Jean-Marie Déguignet ne dérogeait pas à cette orthographe : « ce chemin passait par Stang a Leur (Kerleur), grand pays de lutins, par Kerzudal, Lézébel pour aboutir à la route de Coray à Quimper ».

Jérôme est intarissable quand il s'agit d'évoquer son manoir : « Voici le vieux manoir de Kerdudal tel qu'il était du temps des de La Marche. Sur le devant côté gauche (en regardant de face) il y avait un escalier extérieur de pierre de 13 marches, que j'ai démoli quand j'ai agrandi le hangar. Sur le linteau de la porte d'entrée, déjà ébréché quand mes grands-parents sont venus, il y a une inscription que j'aimerais bien déchiffrer. Peut-être que l'évêque de La Marche est né ici, et non pas à Lezergué. »

Et il évoque la chapelle de Sainte-Appoline : « La chapelle qui était dans ma prairie au bord du ruisseau de Silvintin a été démolie avant la Révolution. Des pierres ont été utilisées pour rénover la maison voisine du village : une rosace, un bénitier et une grande pierre d'autel. Moi j'ai trouvé aussi une pierre d'angle dans la prairie. Au bas du champ il y avait une fontaine dont l'eau se jette encore aujourd'hui dans le ruisseau. Quand j'ai drainé le champ j'ai vu le conduit de pierre sur 7 mètres entre le ruisseau et la source, les pierres de la fontaine ont du être déplacées. Je peux vous montrer l'endroit. »

Jérôme Salaun est né dans le petit pennty proche du manoir : « La maison était plus haute, avec un toit en chaume. Mon père l'a rabaissé. On vivait avec mes parents et 6 frères et sœurs

 


dans deux pièces au rez-de-chaussée, une cuisine et une chambre. J'ai fait construire ma maison dans les années 1970, et depuis que je suis en retraite j'ai gardé les 7-8 hectares agricoles autorisés, et une dizaine de vaches et génisses. »

Les chemins autour de Kerdudal n'ont aucun secret pour lui : « Le village de Kerdudal était traversé par un chemin qui venait de Quélennec et Kerleur et qui allait jusqu'à Penanros, Lezebel et Quimper. Un jour une charrette attelée à un cheval venait chez nous, chargée de maerl, a renversé dans la descente du Patra, côté Penanros, le gamin qui tenait les rênes n'ayant pas freiné à temps. Du côté de Kerdudal, à partir de Pont-Mein (pont de pierre sur le Patra), le chemin s'appelait "goarem ar pontic" (garenne du petit pont), faisait quelques virages pour remonter la pente, pour arriver près du hangar. Si aujourd'hui vous voulez voir l'endroit du pont, il faut prendre le chemin, longer le champ de blé noir, et descendre le petit chemin à pic, les pierres du pont ne sont plus là, mais il reste une pierre plate. »

On peut effectivement voir cet endroit bucolique avec comme point de repère le panneau jaune n° 23 d'une conduite enterrée de gaz. On avait aussi l'intention de publier les documents de succession et d'expropriation de la famille de La Marche de 1692 et de 1809, mais, comme c'est la relâche estivale, on en fournira les transcriptions au(x) prochain(s) billet(s).

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus, visionner toutes les photos : « Jérôme Salaun, agriculteur et mémoire de Kerzudal, Pont-Mein et Ste-Appoline »

9 Parc-al-lan il y a 11.000 ans

Billet du 07.08.2016 - Le Mésolithique (du grec μέσος / mesos, « moyen » et Λίθος / lithos, « pierre », littéralement « âge moyen de la pierre ») est la période chronologiquement et culturellement intermédiaire entre le Paléolithique et le Néolithique, entre environ 10 000 et 5 000 ans av. J.-C. en Europe. Les groupes humains de cette période perpétuent un mode de subsistance basé sur la chasse et la cueillette sous un climat tempéré.

Benoit Bondet, l'infatigable correspondant du Télégramme pour la commune d'Ergué-Gabéric, avait eu le nez creux quand, en février 2015 et en mai dernier, il titrait ses articles sur le site archéologique de Parc-al-lan : « La préhistoire est dans le pré », « Des débuts de fouilles prometteuses ». À l'époque il écrivait à la lumière des premiers résultats des diagnostics archéologiques, et, depuis plus de deux mois, les fouilles officielles de l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) ont montré un nombre encore plus important de découvertes surprenantes.

On connaissait l'endroit comme un endroit de terre d'argile très prisée par les potiers du 18e siècle, mais là nous sommes transportés aux temps plus reculés des cueilleurs-chasseurs qui occupaient les lieux au 9e millénaire avant JC, et un peu plus tard les éleveurs du néolithique entre 2200 et 800 avant notre ère, enfin au haut Moyen Âge entre le 7e et le 11e siècle on y dénote un cimetière, et étonnamment aucune trace d'occupation gallo-romaine.

Les fouilles ont permis de déterrer entre autres deux cimetières de 9 tombes du Bronze et 34 fosses médiévales, des vases funéraires et des gobelets, des galets de silex débités et des points de flèche, un poignard de l'age de bronze, des foyers à pierres chauffées ...

 

Sur la base d'interviews et de visite du site, les journalistes du Télégramme ont publié un article documenté début juillet, des photos des recherches en cours, et une vidéo explicative avec interview du responsable des fouilles : « Pour les chasseurs-cueilleurs on est dans un endroit le long d'un talweg (fond de vallée), une zone où il y avait de la visibilité où ils pouvaient s'installer, et une zone giboyeuse, pas très loin des silex de la baie d'Audierne. Il y a plusieurs raisons qui expliquent cette implantation. Toujours est-il que c'est frappant d'avoir autant de périodes représentées sur ce site. »

Sur la page principale du site Internet de l'INRAP, les fouilles de Parc-al-lan sont aussi à l'honneur depuis le 12 juillet dernier, avec les premiers résultats, des photos légendées et des vues aériennes.

Le rapport final de ces fouilles sera publié vraisemblablement en 2018. Mais un premier rendez-vous est fixé pour une conférence lors des journées du Patrimoine avec les chercheurs de l'INRAP qui présenteront au public leurs premières découvertes en septembre prochain.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Découvertes archéologiques sur le site de Parc-al-lann, Le Télégramme et INRAP 2016 » avec reportages, articles scientifiques, photos et vidéo.

10 Petit patrimoine à Pont-Odet

Billet 30.07.2016 - Le petit patrimoine englobe tout témoignage visuel et vivant d'une mémoire collective et non classé comme patrimoine institutionnel.

Il s'agit aujourd'hui d'un lieu de mémoires caché derrière les cités résidentielles du Vallon et du Rouillen, à la confluence du ruisseau Patra et de l'Odet, avec ses vieilles serres, son petit calvaire et ses ancestrales pierres d'église. De plus, les serres sont toujours en activité pour du maraîchage bio : David Pacaud vous propose ses beaux légumes au magasin de Pont-Odet le vendredi de 16 à 19H, et tous les samedis matins au parking de la Providence (premier stand au devant de la librairie Ravy).

René et Anne Le Coeur se sont établis dans la ferme de Pont-Odet après leur mariage en 1947. Le père de René, agriculteur de Penhars, avait fait l'acquisition de leur exploitation agricole en 1936 : « La ferme de Pont-Odet, contenant 7 hectares 17 ares 80 centiares, affermée à M. Michel Quintin, jusqu'au 29 septembre 1937, moyennant un fermage annuel de 2.800 francs ». En 1970, c'est la fille de René et Anne, Marie-Noelle, qui créera les serres sur les terres de Pont-Odet, le long du ruisseau Patra.

Les Quintin louaient la ferme depuis quelques générations, et occupaient la maison d'habitation qui a été construite par leur propriétaires dans les années 1895-1898. Témoins de cette construction, la vingtaine de pierres incrustées en façade, des pierres taillées de frontons d'églises et de gargouilles qui sont les restes de la déconstruction de l'église Saint-Mathieu de Quimper en 1993-1895.

En effet, l'église Saint-Mathieu actuelle a succédé à un précédent édifice, bâti au XVI e siècle, à l'emplacement d'une église romane. De style néo-gothique, la reconstruction a été décidée fin 1893, sous couvert d'une souscription lancée un an plus tôt. Confiée à l'architecte Gustave Bigot, qui ne conservera que l'ancien porche et le clocher érigé par son père Joseph en 1847, la reconstruction de la nouvelle église emploiera de nombreuses entreprises bretonnes ...

Dont Jean-Louis Le Naour, célèbre tailleur de pierre installé dans son atelier du Cap-Horn à Quimper, et René Hardy, entrepreneur de Nantes. Mais d'après René Le Coeur, interrogé en 2009, c'est un autre entrepreneur de maçonnerie travaillait sur le chantier : « La maison a été construite par M. Jaouen, entrepreneur de maçonnerie, qui a participé à la construction de l'église Saint-Mathieu à Quimper de 1895 à 1897 ».

 

Travaillait-il sous les ordres de Jean-Louis Le Naour ou de René Hardy ? En tous cas, c'est lui qui a transporté les plus belles pierres de la démolition de l'ancienne église Saint-Mathieu pour les mettre sur sa nouvelle maison de Pont-Odet. Par la suite la maison aurait été rehaussée par les Le Coeur.

Anne Le Coeur en 2016 : « Comme ces pierres étaient idéales pour poser des statues de saint, mon mari voulait mettre une sainte Anne. Mais je lui ai dit que non, il fallait plutôt un saint Yves, ce qu'il a fait sur la pierre au milieu de la façade ».

Et elle enchaîne : « On a du changer la tombe familiale des Le Coeur au cimetière de Kerfeunteun. Et ils m'ont demandé de déménager la croix et son socle, et elle a trouvé sa place ici, au bord de la route, entourée d'une haie. »

Près de la croix et des serres maraîchères, coule le ruisseau Patra, lequel est alimenté par les eaux du Guic, et se jette dans l'Odet derrière la maison de l'ancienne ferme. Dans son « Itinéraire de Bretagne en 1636 », Dubuisson-Aubenay décrit ainsi le pont aujourd'hui disparu : « Odet, peu en dessus dudit confluen, a un pont de pierre, à présent rompu et dit Pont Audet, au dessous d'un guay ou passage, dit Tréaudet, par lequel pont rendoit le chemin de Kimper à Keraes ».

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Petit patrimoine aux serres maraîchères bio de Pont-Odet », avec les photos des pierres, de la croix, du ruisseau et des serres maraîchères.

11 Cahier de vacances à Kerdévot

Billet du 23.07.2016 - La chapelle de Notre-Dame de Kerdévot, « Intron-Varia Kerzevot », est un majestueux exemple du renouveau architectural de la Bretagne au 15e siècle, avec son retable flamand, sa Maestà d’inspiration italienne, ses retables espagnols ...

En ce bel été ensoleillé 2016, à l’ombre des chênes encerclant la chapelle de Kerdévot, la fraîcheur ambiante sera appréciée lors d'une prochaine visite pour réviser ses leçons d’histoire en dehors de tout programme scolaire.

Nous vous proposons un questionnaire de sept détails d’œuvres à visiter et associer aux sept photos mystères lettrées de la page 4. À chaque étape inscrivez la lettre sur la grille finale, et à la fin vous prononcerez un mot en langue bretonne qui veut dire « Eureka » !

Ci-contre également, pour vous aider, un jeu de taquin, sur ordinateur Windows ou sur tablette, qui vous permettra aussi de deviner le mot-mystère breton. Cliquez sur une vignettes près du carré noir pour faire glisser les pièces et réorganiser le tableau, en vous servant de l'image modèle qui bien sûr ne donne pas les lettres mystères.

Le résumé des questions, la lecture de l'article vous donnant plus de détails historiques et de localisation :

Image:Square.gif1.Image:Spacer.jpgUN ANIMAL DUCAL PASSANT. Photo mystère à retrouver : le mammifère à la célèbre devise bretonne « Ken-toc'h mervel eget bezan saotret »

Image:Square.gif2.Image:Spacer.jpgUNE MAESTÀ ITALIENNE. Le grand coquillage naturel d'inspiration italienne au dessus d'un trône.

Image:Square.gif3.Image:Spacer.jpgUNE VICTOIRE FOULANTE. Le monstre vert marin, couvert d'écailles sculptées.

Image:Square.gif4.Image:Spacer.jpgUN RETABLE DE VIOLENCE. Deux des cinq membres sectionnés, collés et exposés.

Image:Square.gif5.Image:Spacer.jpgDES CHASSEURS NOBLES. Le greslier bleu, autrefois instrument de chasse.

 


Image:Square.gif6.Image:Spacer.jpgUNE DIVINITÉ CELTIQUE ? La tête animale ornée de ses andouillers sur le front.

Image:Square.gif7.Image:Spacer.jpgINFLUENCE HISPANISANTE. La tête de Marie au foulard espagnol.

La 7e question vaut pour deux lettres identiques, pour un vraie finale sonore "brezhoneg" !

En savoir plus, tester ses connaissances, bouger les cases du jeu de taquin, répondre en ligne au questionnaire et inscrire son score au tableau d'honneur publié à la fin des vacances : « Un cahier de vacances estivales pour une visite guidée de la chapelle de Kerdévot ». Et si vous passez à la chapelle, imprimez l'article en recto-verso A4 plié : « Media:CahierVacancesKerdévot2016.pdf »

12 Bulletin d'un été gabéricois

Billet du 16.07.2016 - Il annonce des chaleurs extérieures, après des recherches trimestrielles un peu venteuses et pluvieuses, et sera expédié illico aux adhérents depuis un petit village finistérien retranché, le cachet de la poste faisant foi.

Ce bulletin démarre par la photo en couverture de la statue de saint André réalisée en 1930 par Laouic Saliou, un artiste sculpteur gabéricois, et ce dossier est détaillé en 4e de couverture et dernières pages, ainsi que l’inventaire des statues multiséculaires de la chapelle de St-André qu’il s’agirait aujourd’hui de restaurer, car sinon le risque est de perdre à jamais ce patrimoine inestimable.

Les autres sujets d’histoire, de mémoires d’anciens et de patrimoine sont aussi au rendez-vous ce trimestre :

Image:Right.gif Les 500 ans du Bourg, avec ce fragment de vitrail daté de 1516, cette belle statue mise en carte postale par Gusti Hervé, et enfin la liste des 47 habitants chefs de familles roturières du bourg en 1720.
Image:Right.gif L’hommage aux résistants disparus, Jean Le Corre et Hervé Bénéat, par la publication de témoignages inédits.
Image:Right.gif La découverte des pages originelles publiées d’un cantique en langue bretonne datant de 1712.
Image:Right.gif La visite des héritiers papetiers de René Bolloré à l’usine d’Ecusta en Caroline du Nord, et le voyage du fondateur en Cochinchine en 1845.
Image:Right.gif Des aveux et la reconnaissance régionale de certains titres de noblesse aux 16e-17e siècles.
Image:Right.gif L’enregistrement de l’inhumation en l’église St-Sulpice en 1660, son épitaphe et deux lettres inédites de Guy Autret, histo-rien érudit de Lesergué.
Image:Right.gif Les invectives de Jean-Marie Déguignet à l’encontre d’Ernest Renan, avec l’aide du protestant David Strauss.

Et bien sûr, les recherches et aventures grand-terriennes se poursuivent cet été, qu’il fasse beau ou pas !

Le bulletin en ligne : « Kannadig n° 34 Juillet 2016 »

 

13 Un petit jésuite breton défroqué

Billet du 10.07.2016 - « Dès la première page de cette fameuse Vie de Jésus, je vis que mon compatriote Ernest Renan était resté jésuite, mais un jésuite plus malin, plus roué que tous ses collègues de Saint-Sulpice », L'Intégrale de Déguignet, p. 277.

Déguignet le qualifiait de « petit jésuite breton » ou de « défroqué ». Renan a certes baigné dans les milieux jésuistiques, formé au séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et ensuite celui de St-Sulpice d'Issy-les-Moulineaux (et non l'église parisienne à l'architecture dite jésuite). Mais dans son essai "L'Avenir de la science", il écrira lui-même : « Les Jésuites ont fait de l'éducation une machine à rétrécir les têtes et à aplatir les esprits, selon l'expression de M. Michelet ».

Quand « La vie de Jésus » d'Ernest Renan est publiée en 1863, cela provoque un véritable scandale. Il ose soutenir que la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n'importe quel autre homme, et que la Bible doit être soumise à un examen critique comme n'importe quel autre document historique. Le pape Pie IX, très affecté, le traite de « blasphémateur européen », et en 1864, le ministre de l'Instruction publique Victor Duruy supprima son cours. Mais la posture de Renan n'est pas suffisante pour l'anti-clérical Jean-Marie Déguignet qui entreprend de le critiquer violemment.

Déguignet veut démontrer que Renan est resté jésuite, prêt à tenir habilement deux thèses contradictoires : « Quand il eut fini de rouler ses lecteurs avec son Jésus nouveau modèle, il leur a dit comment que ce fameux Jésus de Nazareth n'a jamais existé et pour combler la mesure de la moquerie il termine en disant : "À moins qu'on en trouve la preuve dans l'Épître de Paul aux Hébreux et dans l'Apocalypse." Ça, c'est leur dire, voilà mes pauvres ignorants comment les jésuites froqués ou défroqués savent rouler les imbéciles avec rien du tout. »

Et donc la thèse de Déguignet est que Renan ne va pas assez loin en excluant les évangiles apocryphes : « comme le Protévangile de Jacques, l’Évangile de Thomas l’Israélite. Cet évangile diffère tant des synoptiques. Si Jésus parlait comme le veut Mathieu, il n’a pu parler comme le veut Jean. » Et sa « Vie de Jésus » n'est finalement qu'un énième évangile qui le présente comme un héros : « Après l'avoir porté aux "plus hauts des sommets", Renan va jusqu'à dire que c'était un bel homme et un joli garçon ».

 

Par contre Déguignet n'a rien à dire contre « La Vie de Jésus » du protestant alllemand Davis Strauss (1808-1874) : « une vie beaucoup plus véridique ou du moins plus conforme aux récits évangéliques » qui présente comment le personnage du nouveau testament est bâti exclusivement sur des mythes.

Ernest Renan avait également lu cette somme : « La critique de détail des textes évangéliques, en particulier, a été faite par M. Strauss d'une manière qui laisse peu à désirer. Bien que M. Strauss se soit trompé dans sa théorie sur la rédaction des évangiles, et que son livre ait, selon moi, le tort de se tenir beaucoup trop sur le terrain théologique et trop peu sur le terrain historique. »

Le livre de Strauss a scandalisé son époque en montrant un Jésus historique et non divin et par sa vision des évangiles comme récit inconscient des premières communautés chrétiennes. Après la publication de cet ouvrage, David Strauss fut révoqué et vécut désormais comme professeur de lycée et homme de lettres dans sa ville natale de Ludwigsbourg.

En savoir plus : « Déguignet invective le jésuite Ernest Renan en l'opposant au protestant David Strauss »

Nota: on avait déjà signalé qu'un e-book des Mémoires de Déguignet prêtait à confusion sur Amazon, une version partielle de la Revue de Paris de 1905 qu'on peut confondre avec la version complète éditée par Arkae/an Here en 1998. Aujourd'hui ces éditions normalement gratuites se sont multipliées, on en trouve sept à 0,99 - 2,27 euros. Par contre la traduction complète en anglais de Linda Asher aux éditions Seven Stories Press est disponible en e-book pour 13,33 euros. À notre avis, l'association éditrice Arkae devrait aussi publier sa version électronique française pour contrecarrer les contre-façons !


 


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