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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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1 Le papier Bolloré aux Etats-Unis

Billet du 22.05.2016 - « Ecusta jumped from scratch to No. I position in the U.S. because Mr. Straus was able to pour around $4.000.000 into it. Part of the capital came from his own well-lined purse, part from his two French companies (Société Nouvelle des Papeteries de Champagne and R. Bolloré) »

Grâce au numéro d'avril 1940 (avec Mussolini en couverture) de cette revue prestigieuse « Time Magazine » en langue anglaise, on en sait un peu plus sur le démarrage de l'usine de fabrication du papier à cigarette sur le sol américain en 1939-40 : la légion d'honneur du fondateur, l'aide financière de l'entreprise Bolloré et des Papeteries de Champagne, la première bobine de papier le jour de la déclaration de la guerre.

Et en feuilletant le bulletin interne « The Echo » de cette usine Ecusta, on découvre le départ des experts français mobilisés sur le front contre l'Allemagne nazie et les cahiers O.C.B. qui font tourner la tête des ouvrières américaines, et on découvre même en photos les deux jeunes héritiers Bolloré (Michel et Gwenaël).

Ecusta, à l'origine un nom indien Cherokee qui signifie « cascade d'eau », est le lieu dépendant de la ville Brevard et du domaine naturel de Pisgash Forest où en 1938, entre Greenville (Michelin) et Asheville, un industriel d'origine allemande a lancé la construction d'une gigantesque usine de fabrication de paper à cigarette. La première bobine sera produite le 3 septembre 1939 : « Là, le jour où l'Angleterre et la France a déclaré la guerre à l'Allemagne nazie, son entreprise papetière d'Ecusta a produit sa toute première bobine de papier. »

L'usine d'Ecusta est l'oeuvre d'un grand industriel américain, Harry Hans Strauss, qui avait dans la période d'entre guerre consolidé l"industrie papetière française. Anticipant le blocage des exportations du fait de la guerre en Europe, et voulant développer le virage technologique de la pâte à papier à base de lin en remplacement des chiffons, il construit de toutes pièces une immense usine grâce à ses fonds propres, mais aussi pour moitié avec l'apport de l'entreprise R. Bolloré et de la Société Nouvelle des Papeteries de Champagne.

La revue d'Ecusta « Les Echos » était un vrai outil de communication entre les ouvriers et la direction. Tous les mois on y traitait la vie quotidiennes avec un tas d'anecdotes et de plaisanteries. Le papier OCB de couleur noire très flashy n'échappait pas aux quolibets :

 

« May 1940. One girl asked another in the M.B.D. is she was still cutting OCB papers. She said why yes, can’t you tell by looking at my eyes. What do you think is a drunk. » (Une fille demanda à une autre à la M.B.D. si elle était à la découpeuse du papier O.C.B.. Elle répondit "oui pourquoi, ne ne vois-tu pas à mes yeux. Comment est quelqu'un de saoul, d'après toi ? )

Le premier bulletin « Les Echos » de février 1940 nous confirme que des experts papetiers ont participé activement aux débuts d'Ecusta : « Départ des experts français. Le 9 décembre le clairon de la République Française a appelé sous les drapeaux cinq membres du groupe des français qui étaient parmi nous depuis huit mois ».

Ensuite l'usine d'Ecusta sera très vite auto-suffisante pour alimenter plus de 50% du marché des fabricants américains de cigarettes, et bien sûr les exportations françaises vont cesser pendant la guerre et ne seront plus nécessaires après-guerre car Ecusta va produire de plus en plus de papier.

Mais les liens entre les Bolloré et l'usine d'Harry Straus ne seront pas pour autant rompues, car la direction et les ingénieurs Bolloré y feront encore des visites amicales et professionnelles dans les années 1950-70.

En aout 1947, c'est le cadet des Bolloré, Gwenaël, qui pose dans le bulletin « Les Echos », au côté d'André Soulas, illustre chirurgien français. Il est précisé que « Gwennael Bollore a déjà passé quelques mois à Ecusta quand il étudiait les méthodes modernes de fabrication de papier à cigarettes. La famille de M. Bolloré a fabriqué du papier à cigarettes et autres papiers minces en Bretagne (France) pendant plus de 100 ans. » En mai 1950 c'est le tour de Michel Bolloré accompagné de son oncle Jacques Thubé et de son épouse Monique Follot.

En savoir plus : « O.C.B. et papetiers Bolloré en Caroline du Nord, The Echo et Time Magazine 1940-50 »

2 Cantique tricentenaire spirituel

Billet du 15.05.2016 - « Notre cantique se trouve parfaitement daté, et c'est lui même qui nous dit qu'il fut composé onze ans après l'accident du 2 février 1701 : donc il est clair qu'il est de 1712 », Antoine Favé, vicaire d'Ergué-Gabéric, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, XVIII, 1891

Ce qui suit est une trouvaille du service Archives du Diocèse de Quimper et Léon publiée dans ses collections numérisées sous le titre “E Kerdevot ez eus Induljançou quer bras - Air Santes Genovefa”.

Il s'agit de la version originale imprimée des 2 premières pages (18 strophes sur 56) du cantique de 1712, et des dernières pages 7 et 8 incluant deux additions dont Antoine Favé avait indiqué l'existence sans en fournir le texte.

Le début est certes un peu sombre : « Tristidiguez a velan, allas ! pell so er bed, Quernez hon eus bet ivez commançet da velet. Assista a reomp bemdes en enterramanchou Demeus a dud hor c'hanton, hag en ho servichou. » (Je ne vois que tristesse depuis longtemps, dans le monde, La disette, nous avons commencé aussi à la voir. Nous assistons chaque jour à des enterrements De gens de notre quartier, ainsi qu'à leurs "services et messes")

Mais la fierté locale est de mise : « Eürus bras a cavan, habitantet Ergue, Da veza, dre preferanç dan oll dud ar c'hontre, Enoret demeus un Ilis quer caër ha quer santel, Mammen an oll miraclou ha graçou eternel.  » (Je vous trouve bien chanceux, habitants d'Ergué, D'être, plus que tous les gens de la contrée, Honorés d'une église si belle et si sainte, La source de tous les miracles et des grâces éternelles).

Et s'en suit une liste des miracles de Notre-Dame et d'évènements heureux, dont certains historisés.

Au delà de l'avis critique d'Antoine Favé, les strophes ajoutées à la fin du cantique pour la promotion des indulgences sont intéressantes, car elles sont l"illustration d'une vraie pratique populaire, et bien sûr dans une langue bretonne pleine de religiosité.

Les indulgences, « Induljançou », étaient la rémission devant Dieu de la peine temporelle encourue, c'est-à-dire du temps de purgatoire, pour un péché qui a déjà été pardonné lors d'une confession. Pour les mériter il fallait venir au pardon de Kerdévot reconnaitre ses péchés et communier.

Première strophe de la première addition : « Kerdevot a bell amzer E Rom a zo bruder, Ar Pab Santel d'ar pec'her En deus-en dizeleriet : Roet en deus Indulgeançou D'an nep a goesso Gant glac'har e bec'hejou, Hac a gommunio » (Kerdévot il y a très longtemps À Rome était célèbre, Le saint pape aux pêcheurs Qui n'ont pas mérité : Il est donné des indulgences À ceux qui arriveront Avec le regret de leurs péchés Et communieront.)

 

Quant à la partie mélodique chantée, l'air du cantique principal et de la première addition est celui de « Santez Mari », mais en 1712 était-il celui que l'on connait aujourd'hui par le cantique de Notre-Dame de Rostrenen ? Par contre l'air de la deuxième addition est celui de « Santez Genevofa », sainte Geneviève, la sœur de Saint Edern et fondatrice du monastère de Loqueffret au Xème siècle, et il existe bien encore aujourd'hui un célèbre « Kantik Santez Jenevofa ».

En savoir plus : « Cantic Spirituel e gloar an Itron Varia Kerdevot ha diou addition », « Les miracles de l'ancien cantique Itron Varia Kerdevot de 1712 »

3 Un hommage au(x) résistant(s)

Billet du 07.05.2016 - « Gloire à notre France éternelle ! Gloire à ceux qui sont morts pour elle ! Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts ! À ceux qu'enflamme leur exemple, Qui veulent place dans le temple, Et qui mourront comme ils sont morts  », Victor Hugo (Les chants du crépuscule)

Jean Le Corre est décédé le 1er mars 2016 à l'âge de 95 ans. Pour célébrer et protéger sa mémoire, nous aimerions partager trois contributions : un texte biographique écrit par Guy Le Gars, une video filmée et montée par Gwénaël Huitric, et enfin deux photos amateurs du groupe de jeunes résistants du bourg d'Ergué-Gabéric auquel Jean Le Corre appartenait.

La bio a été publiée en 2013 dans le recueil du centenaire de l'équipe de foot des Paotred Dispount. Elle présente un personnage attachant, un grand sportif, un résistant ayant connu l'épreuve de la captivité, et qui, jusqu'à un âge avancé, a été un témoin et un passeur de mémoire, surtout auprès des plus jeunes.

La vidéo a été postée sur le site des Paotred Dispount et sur Youtube. Elle reprend quelques rencontres récentes avec notamment l'évocation de son ami Hervé Bénéat. Nous avons retranscrit le texte des passages principaux.

Les deux photos amateurs, détenues par Jean Le Corre, le présentent avec ses jeunes amis inséparables du bourg d'Ergué-Gabéric, nés dans les 1920 avant que les évènements et le sort ne s'acharnent contre eux : Fanch Balès, Jean Le Corre, Hervé Bénéat, Pierre Le Moigne, René Poupon. Et peut-être également, si vous les reconnaissez, Jean Berri, Pierre Kéraval, Louis Huitric ...

Quant aux exploits à l'actif de ces jeunes résistants, il y a bien sûr le célèbre casse des papiers du STO de Quimper qu'ils ont ensuite brulés dans le four à pain de Fanch Balès.

Mais également, il y eut cet acte symbolique à la mairie d'Ergué-Gabéric, le 11 novembre 1940, fomenté par ce groupe, à savoir l'apparition d'un poème de Victor Hugo sur le tableau d'affichage, commençant par « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie, / Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie ... »

 
En savoir plus : « Jean Le Corre (1920-2016), footballeur et résistant déporté » - « 1940-1945 - Groupes de jeunes résistants gabéricois » - « Rencontres filmées avec Jean Le Corre, ancien résistant et footballeur »

4 Capitation du bourg en 1720

Billet du 30.04.2016 - « La Taxe Par Teste. D'une taxe légère la douceur on compare / À un peuple tout prest d'en accepter la loy / Heureux sy lon pouvoit pour si modique chose / Achepter une Paix aux voeux de nôtre Roy » (Recueil de modes, "À Paris chez Le Roux a ljmage Ste Genevieve").

La capitation est un impôt touchant nobles, roturiers et clergé, qui a été créé par Louis XIV en 1695 pour financer la guerre d'Augsbourg, puis en 1701 pour la guerre de Succession d'Espagne, et maintenu jusqu'en 1791.

Le terme est emprunté du bas latin capitatio, « taxe par tête », dérivé de caput, -itis, « tête », car toutes les français devaient contribuer, ce en plus des « fouages » (taille réelle) et de la dime pour le Tiers-point. Seules étaient exemptés de la capitation les très pauvres, les femmes mariées et les enfants mineurs avec deux parents vivants.

Nous avons la chance d'avoir un rôle de 1720, partiellement nominatif, de déclarations de 457 contribuables gabéricois (à l'exclusion des nobles et des ecclésiastiques portés sur des rôles différents), avec leur rattachement à leur trêve et leur niveau de taxation. Grand merci à Daniel Collet qui nous a communiqué l'existence de ce document conservé aux Archives Dépar-tementales de Loire-Atlantique, à l'occasion de la publication de sa plaquette « Les Gabéricois aux XVIIe et XVIIIe siècles ».

Nous avons démarré le dépouillement du Rôle gabéricois de 1720, et comme cette année 2016 sera l'année des 500 ans du chef-lieu (cf billet de la semaine dernière), nous avons commencé par le bourg qui, en 1720, était bien plus modeste que de nos jours en terme de nombre d'habitants, et donc d'habitations, et aussi en diversité de métiers. Sur moins de 2 pages, sont répertoriés un total de 47 contribuables, ce pour le territoire englobant Pennarun et Tygaradec et au-delà, ce qui marque une faible densité de population.

Les professions sont essentiellement agricoles, réparties sur deux ou trois exploitations principales. L'une est celle d'Allain Le Roux avec au moins un valet. L'autre plus importante, avec ses grand et petits valets, et deux servantes, était peut-être celle de la métairie de Pennarun.

En professions non agricoles, on trouve un organiste, une « hotesse » (gérante d'hotellerie ou aubergiste) et enfin un « texier », c'est-à-dire un tisserand, nommé ou surnommé Le Sainct, domicilié à Tygaradec (Kergaradec aujourd'hui). L'organiste avait la mission d'entretien de l'orgue historique conçu et réalisé par le facteur anglais Thomas Dallam en 1680 pour l'église paroissiale.

 

Quant à l’hôtesse, on peut se demander si son auberge n'était pas le commerce qui sera tenu par Jacquette Le Porcher jusqu'en 1766. En comparant avec l'inventaire de 1790, on constate que 70 ans plus tard il y avait en plus un boulanger, un autre aubergiste et un maréchal. Mais il n'est pas impossible que ces métiers pouvaient être en 1720 un deuxième métier en complément de celui de métayer ou journalier.

Image:Right.gif « Le Bourg en 1720 - Pages 7 et 8 » - « 1720 - Rolle de répartition de la capitation du Tiers-Etat de l’évêché de Quimper »

5 Cinq-centenaire et une colombe

Billet du 23.04.2016 - A l'heure où l'on s'apprête à fêter 5 siècles d'histoire de l'église paroissiale, penchons-nous sur le morceau de verrière du 16e siècle, à moitié caché derrière un retable baroque, et signalons la très belle carte postale et photo signée Gusti Hervé d'une statue de fin de 17e siècle :
« Sainte-Trinité : le Père Éternel, en chape et tiare, posant un pied sur la boule du monde, tenant sur ses genoux le corps inanimé de son Fils ; le Saint-Esprit, sous forme de colombe, plane au-dessus de l'épaule de Notre-Seigneur. » (Jean-Marie Abgrall).

Ce fragment de vitrail ci-dessus mérite qu'on le traite comme un véritable document d'archive en papier vélin à déchiffrer, transcrire et interpréter, afin de déterminer la date de « fabric » ou élévation de cette grande maitresse-vitre de St-Guinal.

En effet le millésime de 1516, « mil.Vcc.XVI », composé en minuscules gothiques, y est encore déchiffrable aujourd'hui. Une transcription reconstituée des 4 lignes est proposée par Roger Barrié dans son mémoire « Etude sur le vitail en Cornouaille au XVIe siècle » et par Jean-Marie Abgrall dans sa notice paroissiale :

Ceste.victre.fut.fecte.
(en).lan.mil.Vcc.XVI.et.
(esto)et.pour.lors.fabric
ue--jeh--al----

L'épaisseur du joint en ciment recouvre malheureusement la dernière ligne, laquelle était encore partiellement discernable sur des clichés de 1948 de Louis Grodecki (1910-1982), historien d'art d'origine polonaise.

Certes 1516 n'est pas la date de création de l'église paroissiale, mais seulement l'année d’élévation de la maîtresse-vitre. D'autres dates antérieures sont attestées comme marquant la fondation de l'église. Et notamment les dates relevées par Norbert Bernard : « Un acte prônal du 15 décembre 1503 établit le droit du seigneur de Kerfors à disposer d'une tombe à Saint-Guinal, accordé à Charles de Kerfors, seigneur dudit lieu ; une réintégrande de 1513 précise qu'il y avait tombe «enlevée», un enfeu et une tombe au sol ».

En savoir plus : « 1516 - Inscription millésime en minuscules gothiques sur le vitrail de St-Guinal »

Anatole Le Braz remarqua la statue du père, fils et colombe lors d'une visite de l'église paroissiale d'Egué-Gabéric en 1893-1895 : « À gauche de l'autel, une belle représentation de la Trinité, Dieu le Père, Christ en travers, St Esprit perché sur l'épaule de Christ.  »

 

La carte postale fait partie d'une collection consacrée au patrimoine religieux et est libellée « Trinité. Retable de l'église paroissiale d'Ergué-Gaberic, Finistère. © Editions MEDIASPAUL - Paris. Photo : Gusti Hervé. A 225 ».

Gusti Hervé, passionné d'art sacré et très grand photographe, recteur de Pleuven pendant de longues années, a eu l'occasion de mitrailler les éléments du patrimoine gabéricois grâce à l'amitié qui le liait à Jean-Louis Morvan recteur d'Ergué-Gabéric de 1969 à 1981.

En savoir plus : « Retable de la Sainte-Trinité d'Ergué-Gabéric, carte postale de Gusti Hervé »

6 Bulletin papetier et peste blanche

Billet du 15.04.2016 - Ce bulletin commence par une vieille photo familiale d’un « vieux loup de papeterie », se poursuit par d'autres chroniques d’Odet,

.. c'est-à-dire ses voyages industriels à Paris et en Allemagne en 1913, les logos colorés d’un artiste libertaire de Montmartre, la statue d'un coq en bronze doré, une partie de chasse mémorable contre un énorme sanglier, des aménagements de messes basses à la chapelle de l’usine d’Odet.

Si la papeterie est à l’honneur en cette première partie de bulletin, les autres sujets d’histoire et de patrimoine ne sont pas pour autant absents, car on y évoque aussi :

Image:Right.gif La commune aux 17e et 18 siècles, avec les nombreuses mouvances de l’évêque de Quimper et des inventaires détaillés de vaisselles, de poteries de terre et bien d’autres objets hétéroclites aux noms étranges …
Image:Right.gif Le 19e et 20e avec la taille règlementaire des châtaigniers en 1861 et en 1941 une supplique désespéré d’un fermier au préfet qui voudrait bien l'expulser.
Image:Right.gif Des photos contrecollées sur carton de 1875 et une carte postale représentant deux « sonneurs d’Ergué-Gabéric », père et fils de Garsalec, en 1908.
Image:Right.gif Une description évocatrice et inspirée du manoir de Lezergué, château typique du 18e siècle breton
Image:Right.gif L’histoire des Taolennoù et de la loi républicaine de 1905 par Auguste et/ou Pierrick Chuto et par Jean-Marie Déguignet.
Image:Right.gif Les légendes bretonnes de l’Ankou, et enfin en 4 de couverture la Peste d’Elliant sous la forme d'un tableau de Louis Duveau et de la gwerz « ar Vosenn wenn » (peste blanche) publiée par le mémorialiste François-Marie Luzel.

« Person Elliant ’zo bet kuitet,
D’ann Erge-vraz brema ‘z eo et ;
Preparet ’n euz ur walik-wenn,
Da roï d’ann dut ann absolvenn,
D’ar re ’ oa klan gant ar vosenn !

Le recteur d’Elliant est parti, Il est allé au Grand-Ergué ; Il a préparé une baguette blanche, Pour donner aux gens l’absolu- tion, Aux malades de la peste !

Le bulletin en ligne : « Kannadig n° 33 Avril 2016 »

 
Avis à tous : samedi 23 avril à 14 h 30, à l'espace associatif de l'impasse de l'Odet à Quimper, Pierrick Chuto donnera une conférence organisée par le CGF « Cléricaux contre laïcs en Basse-Bretagne de 1880 à 1905 » à l'occasion de la sortie de son dernier livre « IIIe République et Taolennoù ». Venez nombreux, cochez dès aujourd'hui votre agenda et réservez votre après-midi du samedi en huit. GRATUIT ET OUVERT À TOUS.

7 Un terrible sanglier naturalisé

Billet du 09.04.2016 - Non ce sanglier solitaire empaillé n'est pas un poisson d'avril ! Contrairement aux bisons femelles du billet de la semaine dernière dont la présentation potache a échappé à beaucoup de lecteurs, semble-t-il, sauf bien sûr au vigilant et affuté Yann-Steoñ (*).

Vous trouverez en facsimile cette édition épuisée et rare de la plume d'un père Jésuite en 1951 et racontant des histoires vécues du temps de René Bolloré père, ce dernier étant décédé en janvier 1935. Elle fait suite à deux tomes « Et j'ai songé ... » rassemblant d'autres souvenirs, la plupart anonymes et dédiés à ses anciens élèves.

Ici l'anonymat est également simulé, dans le sens où le « héros » des textes, nommé « X. » ou « mon ami », est bien sûr le papetier René Bolloré (1885-1935) dont les exploits s'enchainent dans 15 chapitres, dont ce chapitre 4.

Les deux hommes se connurent sans doute lors d'un séminaire d'anciens élèves du collège Saint-François de Vannes ou lors d'une prédication du père jésuite dans les années 1920 (cf témoignage de Louis Barreau de 1925).

Le récit démarre par une ambiance de chasse à courre : « les piqueurs ne pouvaient que sonner la retraite » ; « Rocambol, le plus beau type de la meute, n'était pas au rendez-vous et le piqueur-chef se demandait ... ».

Le lieu de chasse est magnifique : « à l'intérieur de la forêt, se trouve une étroite vallée, couverte d'herbes hautes, encaissée entre les deux collines, avec, au milieu, un ruisseau rapide, aimé des truites et courant sous des saules ».

La localisation précise n'est pas donnée par le père jésuite, mais un ancien de Lestonan, Laurent Huitric, nous a transmis cette information : « M. Bolloré avait une chasse dans la forêt du Huelgoat, où il avait failli être tué par un énorme sanglier ».

Ce fameux sanglier est décrit ainsi : « le terrible sanglier » ; « un vieux solitaire, puissant et rusé, d'un poids énorme et aux formidables défenses ». Après beaucoup de suspense, une attaque surprise de la bête, le fusil de chasse à double canon donnera au chasseur son statut de « vainqueur ».

En 1944, le sanglier est placé au moulin voisin de Mouguéric, tout proche du manoir d'Odet, comme le témoigne le fils de Louis Barreau qui y séjourna pendant l'été : « près de l'usine d'Odet, une ancienne ferme joliment transformée en rendez-vous de chasse ... À l'entrée, se dressait, debout sur ses pattes postérieures, un sanglier empaillé. »

 

En 1951, date d'édition des « Souvenirs d'un Ami » , l'animal empaillé est dans le hall du manoir familial : « Les visiteurs de l'usine peuvent voir maintenant, dans le vestibule de la maison d'habitation, empaillé et débout sur ses pattes de derrière, le terrible sanglier ».

Aujourd'hui la silhouette naturalisée y trône toujours, debout sur le socle d'un porte-manteau, avec sur la tête le képi militaire des Services des Poudres laissé après guerre par le fils aîné du chasseur, prénommé également René.

En savoir plus : « Un terrible sanglier solitaire tué et empaillé par René Bolloré », « LA CHEVASNERIE - Souvenirs d'un Ami »

(*) Mail de Yann-Steoñ de Beg-Meil reçu le 2.04 à 10:01 : « Excellent travail d'investigation. En tant que militant écologiste je suis indigné par le comportement des chasseurs. Surtout que les bisonnettes étaient gravides. Que fait la Kommandentur ? Je pose la question. Kenavo. »

8 Le haut plateau de Quillihouarn

Billet du 01.04.2016 - « Quatre chasseurs de bisons ont été surpris en flagrant délit de braconnage ce vendredi, vers 16h, sur les hauteurs du plateau de Quillihouarn, à Ergué-Gabéric, commune limitrophe de Quimper », avril 1941.

Le 1er document inédit sur Quillihouarn en novembre 1941, en pleine période de guerre, est une belle lettre d'un agriculteur de ce village adressée au préfet, implorant son indulgence pour rester en activité malgré les impayés à son propriétaire.

L'argumentaire bien affuté de l'agriculteur ne manque pas de toupet, voire de panache : « vraiment nous ne méritons pas ce qu'on veut nous faire » ; « ce n'est pas étonnant que je ne pouvais arriver à payer régulièrement avec toutes ces pertes ».

De même il force le trait en énumérant ses nombreux malheurs depuis six ans qu'il exploite sa ferme de Quillihouarn :

  • Les débuts très difficiles, « J'ai eu du dur pour refaire cette ferme, il n'y avait pas de fourrages, pas de légumes, pas de fumier, mais pas un brin »
  • Les nombreux décès de bétail, « j'ai perdu six très bonnes vaches laitières avec leur veau, une épidémie dans l'écurie, d'ailleurs le vétérinaire pourrait le certifier aussi, 23 porcelets et deux truies »
  • Les injustes réquisitions de temps de guerre , « J'ai eu aussi un cheval de 5 ans réquisitionné pour la somme de 4.800, et pour le remplacer j'ai dû mettre 40.000 »
  • Les problèmes familiaux, « j'ai aussi avec moi une fille qui attend un bébé bientôt, que deviendrons-nous tous, si vous nous mettez à la porte, que ferais-je de mon matériel et de mes bêtes, nous ne trouvons pas même à nous loger. »

Manifestement le conseiller du préfet n'accorde pas crédit à François Divanach. Et de plus le préfet Maurice Georges n'apprécie ni les impertinences, ni les idées communistes ...

Pourtant, François Divanach put rester à Quillihouarn, au moins jusqu'en mai 1943, car il fait partie des 165 agriculteurs de la commune qui devront payer une amende à la Kommandantur pour insuffisance communale de livraison de beurre.

En savoir plus : « 1941 - Demande au préfet d'un délai pour des impayés de fermage à Quillihouarn »

 

Le deuxième document est une coupure de presse qui rappelle qu'en avril 1941 il y avait encore, dans certains villages de la commune, des troupeaux de bisons sauvages qui faisaient le bonheur de quelques chasseurs mal intentionnés.

En effet, dans l'édition locale de la « Dépêche de Brest » du 01.04.1941, on trouve cet entrefilet sur quatre chasseurs verbalisés par un garde-chasse et la kommandantur avant leur tentative de fuite dans leur « Traction Avant » jaune, avec dans le coffre arrière deux bisonnettes gravides abattues froidement.

Leurs méfaits sont d'avoir :

  • « commis cinq infractions, notamment pour des tirs de bisons hors plan de chasse et le fait d'avoir utilisé des munitions non conformes »
  • « ulcéré plusieurs habitants d'Ergué-Gabéric résidant dans le secteur de Quillihouarn ... contourné les lois dans des conditions dangereuses pour autrui ... comme des voyous »

En savoir plus : « Braconneurs de bisons sur le plateau de Quillihouarn, Dépêche de Brest 1941 »

Nota bene: le prochain bulletin Kannadig de la mi-avril est en cours de préparation, ainsi que les reçus fiscaux des donateurs. Qu'on se le dise !

9 La symbolique du coq français

Billet du 26.03.2016 - « À cette réunion présidée par Monsieur Louis Garin, on remarquait tous les employés et tous les chefs de chaque genre de métiers de l'usine. Le "Coq Barbedienne" 0 m 95 de haut a obtenu l'unanimité des voix.  » 0det, 3 juillet 1922.

Les cahiers de marque « Le Coq Français » de R(ené) Bolloré avaient été créés dans les années 1910-20. Ces emballages en carton plié étaient les successeurs de la boite métallique pour papier à rouler de 1914 avec son dessin de soldat poilu en pantalon garance.

Les tout premiers cahiers font apparaître la signature « Steinlen » du célèbre artiste qui dessina la silhouette du coq français. Il s'agit de l'illustrateur suisse et montmartrois, Théophile Alexandre Steilen (1859-1923), ami des peintres Luce, Toulouse-Lautrec et Picasso, caricaturiste engagé et collaborant avec les journaux anarchistes de l'époque et l'Assiette au beurre ou Le Petit Journal.

Et pour la revue « Cocorico » de Paul Boutigny, Steinlen créa la couverture du 13 janvier 1899 avec ce fameux coq chantant.

Le logo du coq a été décliné par la suite avec plusieurs jeux de couleurs vives : noir et crête rouge, bleu ou doré avec la crête blanche. En arrière-plan ajouté, le soleil se lève et diffuse ses rayons.

Au recto du cahier, la « marque déposée » est constituée par un blason a priori fictif avec une épée et deux étoiles, surmontées d'un casque qui ressemble à un bonnet de fou du roi. Et la référence à l'entreprise de papeterie est « R. Bolloré Odet-Quimper France ».

Le choix d'un coq fait l'objet en juillet 1922, un mois après la fête du centenaire des usines du 8 juin, d'un cadeau des employés des papeterie à l'entrepreneur René Bolloré « en signe d'attachement et de gratitude ». La statue offerte est toujours exposée dans le hall du siège de l'entreprise à Ergué-Gabéric. Deux documents inédits et une photo en NB attestent du cadeau fait à leur patron par le personnel.

Dans le premier, le compte-rendu de réunion du comité des cadres, l'intention est exprimée ainsi : « Offrande d'un souvenir à Mr R. Bolloré. En signe d'attachement et de gratitude ».

 

Et la dédicace qui sera apposée sur le bronze doré se veut explicite : « Centenaire des Papeteries d'Odet 1922-1922. Hommage du personnel des usines d'Odet et de Cascadec. À monsieur René BOLLORE ».

Le second document est une lettre accusée de réception de commande par l'entreprise de fonderie F. Barbedienne. L’œuvre du sculpteur animalier Charles Paillet est tout simplement titrée « Le Vainqueur ».

Deux articles pour en savoir plus :
« Les cahiers de papier à cigarette "Le Coq Français" et "OCB" Bolloré », « 1922 - Offrande du Coq Barbedienne "Le Vainqueur" à René Bolloré par son personnel »

10 Gwerz ar vosenn wenn Elliant

Billet du 20.03.2016 - « Et eo ar vosenn a Elliant, Et ’zo gant-hi seiz mill ha kant ! » La Peste est partie d’Elliant, Elle a emporté sept mille et cent !

La version la plus connue de cette complainte ou « gwerz » bretonne est celle du Barzaz Breiz de Théodore Hersart de la Villemarqué. Mais celle publiée par l'archiviste François-Marie Luzel est plus qu'intéressante.

On y trouve des passages communs (les 7100 morts, la charrette des enfants morts tirée par leur mère et suivi d'un père sifflotant), mais la construction globale et le style semblent plus authentiques. De plus Luzel cite ses sources de collectage, une chanteuse de Plomeur, tout en ajoutant des variantes, dont la strophe localisée au Grand-Ergué.

Luzel précise que la gwerz provient d'un collectage d'amis organisé par son collègue Le Men des archives départementales, et la variante de la fin de la strophe 2, a été fournie par le celtophile Louis-François Sauvé :

« Person Elliant ’zo bet kuitet,
D’ann Erge-vraz brema ‘z eo et ;
Preparet ’n euz ur walik-wenn,
Da roï d’ann dut ann absolvenn ;
D’ar re ’ oa klan gant ar vosenn !
 »

(Traduction : Le recteur d’Elliant est parti, Il est allé au Grand-Ergué ; Il a préparé une baguette blanche, Pour donner l’absolution aux gens ; À ceux qui étaient malades de la peste !)

En quelle année, en quel siècle, eut lieu cette peste d'Elliant ? Il est peu probable qu'elle date du fléau du 14e siècle, à savoir la fameuse Peste Noire qui se répandit dans toute l'Europe. Dès le début du 16e siècle il y eut en Bretagne une succession d'épidémies qualifiées aussi de pestes.

À noter que le texte de Luzel est « ’Ma ’r Vosenn-wenn e penn da di » (La Peste blanche est au pignon de ta maison), ce qui exclut l'idée d'une peste bubonique classique, mais pourrait couvrir aussi la tuberculose ou la dysenterie. Le 17 juillet 1565 les chanoines de la ville de Quimper qui avaient du quitter leur ville vont tenir « chapitre au Grand-Ergué, pour se réfugier ensuite à Fouesnant car la maladie « gagnait le pays ».

 
Tableau de Louis Duveau, Musée de Quimper. « O welet seiz mab ’n un tiad O vont d’ann douar ’n ur c’harrad ! » (sept fils d’une même maison, allant en terre dans une même charrette)

Jean-Marie Déguignet, le paysan mendiant d'Ergué-Gabéric, a donné aussi un brin d'explication sur cette légende régionale :

« Cette Bossen est représentée sous la figure d'une vieille femme. Il y en a qui disent qu'elle est la Mort elle-même, d'autres disent qu'elle n'est que la pourvoyeuse de l'Ankou qui seul a le droit de trancher le fil de la vie ».

En savoir plus : « LUZEL François-Marie - Bosenn Elliant, gwerz de la Peste d'Elliant », « L'histoire de la Bossen, la peste d'Elliant, par Jean-Marie Déguignet »

11 Parc-al-Lann aux 18e/19e siècles

Billet du 13.03.2016 - Alors que le village au centre de la commune va vraisemblablement intégrer le site industriel voisin, il était important d'évoquer son passé, ses occupants, et la nature environnante, ceci grâce à deux documents d'archives et avant que l'oubli ne s'y installe.

Le premier document est un bail à ferme qui nous a été communiqué par l'arrière-arrière-petit-fils d'Hervé Hostiou et Marie Anne Le Gallou, les agriculteurs locataires de la ferme de Parc-al-Lann en 1861. Dans ce document, les obligations imposées par le bailleur sont détaillées très précisément.

  • Pour les taillis de châtaigniers et de bois commun, chaque année est programmée : « La deuxième année il coupera la moitié des pousses de châtaigniers existant dans la partie haute de la taille près Parc Al-lan », ce qui veut dire que tous les 3 ans chaque châtaigner est taillé, ceci afin d'accroitre les sections de coupe des troncs restant sur chaque souche.
  • L'emploi du bois pour la fabrication d'une charrette est même prévu : « Le propriétaire désignera un arbre à abattre pour être employé à la confection d’une charrette ».
  • Le ramassage des feuilles des arbres est règlementé ... ; le fermier doit également replanter ... ; quant au jardin, le bailleur en a la jouissance, mais le fermier doit bêcher ...
  • Et le preneur doit veiller à la transformation des châtaigniers en poteaux et bois de charpente : «  il laissera les renaissances de châtaigniers en quantité suffisante pour servir aux réparations des barrières et des couvertures des bâtiments  ».

En savoir plus : « 1861 - Bail à ferme et coupes de chataigniers à Parc-al-lan »

Le deuxième document est un inventaire des biens sur succession du fermier du village de Parc-Allan à la veille de la Révolution française, conservés à l'annexe de Brest des Archives Départementales du Finistère.

Outre la vaisselle de faïence, les pots et écuelles de terre, on y trouve des matériels divers et varié, du dévidoir et hachoir de chanvre aux poëles à crêpes.

  • La vaisselle a son importance : « un vaisselier garni de cinq assiettes d'étain, onze assiettes de fayance, deux écuelles blanches, deux soucoupes, », en provenance sans doute des faïenceries de Quimper-Locmaria.
 
  • Les poteries de terre sont nombreuses : « Le tiers des ecuelles de terre ... neuf assiettes de terre ... six terrines de terre ... deux pots de terre brune ...  ».
  • On pourrait penser que ces poteries ont été fabriquées sur place, car Parc-al-lann a connu plusieurs générations de potiers (cf détail dans l'article).
  • Par contre on note la présence d'un outil de fabrication de fils de chanvre : « Une charette à dévider du fil avec son fuseau, sa croisade et canelles (ettes?)  ».

Et bien d'autres objets aux anciens noms si évocateurs : « membrures » (support de poutre), « tarrière » (gouge), « chartil » (corps de charrette), « charret(te) » (dévidoir), « teille » (hachoir de chanvre), « quelorne » (baquet) ...

En savoir plus : « 1787 - Inventaire et succession de Germain Moizan de Parc-Allan »

12 L'effet papillon de Lezergué

Billet du 04.03.2016 - Les membres de la Société archéologique du Finistère viennent de recevoir le dernier bulletin annuel, revue au contenu toujours aussi riche qu'intéressant, dont cet article de Grégory Floc'h intitulé « Lézergué, en Ergué-Gabéric. Étude d'un château du XVIIIe siècle breton ».

Grégory Floc'h est un spécialiste reconnu des châteaux en Bretagne aux époques ancienne et moderne. Il a déjà publié des articles documentés sur les châteaux du Léon aux 17e et 18e siècles, sur l’âge classique du château du Vannetais, et, pour le CRBC, des études de cas du patrimoine architectural breton disparu.

Ici il signe un bel article de 18 pages sur un château presque disparu de notre campagne cornouaillaise, avec cette citation en dédicace : « Une ruine n'est belle que si elle présente les restes d'une existence jadis complète » (Fernand Pouillon).

On y trouve notamment :

  • des références inédites d'archives, comme le séquestre de meubles et l'inventaire des papiers de l'émigré de La Marche à Jersey, ou iconographiques, comme les relevés de plan de Bernard Le Moën, architecte DPLG, et le cliché Robineau de 1930.
  • les relevés commentés des pièces du château sur la base des plans de Joseph Bigot, et des parcelles attenantes grâce aux actes et au cadastre.
  • des précisions sur les richesses des lieux, la façade principale du « maître-logis », l'escalier monumental exceptionnel « inscrit dans la tradition », la « rabine de sapins (d'où le surnom de la croix des épines ?) » car Kroas-Spern n'est pas loin  !
  • des descriptions évocatrices et inspirées : « Le visage du château est français, mais le granite lui a donné l'accent breton ; le haut toit, à pentes simples, couvert d'ardoises, passe pour un provincialisme, mais c'est une erreur, il est relatif au type architectural : c'est l'un des symboles du château ; l'enchaînement vestitule-escalier dans l'axe, manière cornouaillaise, est hérité du "manoir breton" »
  • une conclusion qui invite à poursuivre les recherches : « les quelques ébauches données ici laissent augurer une richesse extraordinaire. La matière est là : l'exploration peut commencer ! »

En savoir plus : « FLOC'H Grégory - Lézergué, château du XVIIIe siècle breton »


Nouvelle nécrologique locale :

 
Ce dessin de Lezergué est signé An'Co, jeune artiste douarneniste. Signalons son exposition de croquis des maisons à pans de bois du vieux Quimper à l'Effet Papillon (22 Rue de Douarnenez, 29000 Quimper). Le vernissage y a lieu ce vendredi 4 mars à 18:30, en partage avec les portraits d'encre et aquarelle d'Alix.

13 Piles papetières de Paris-Düren

Billet du 28.02.2016 - Merci aux arrière-petites filles du « vieux loup de papeterie » de nous avoir communiqué une photo familiale et des lettres manuscrites de leur aïeul pour la perpétuation de son souvenir et la mémoire papetière d'Odet et de Cascadec.

Une première lettre dactylographiée adressée à Michel Abadie, propriétaire d'une manufacture à papier dans l'Orne est signée « Yves Charuel, ingénieur en chef », lequel demande à son concurrent comment il utilise son appareil "Presto" de Schopper.

« Afin de bien suivre vos fabrications » : les papiers et pates à papier Abadie pouvaient faire l'objet de commandes de la part des établissements Bolloré, mais le dynanomètre de Schopper pouvant mesurer jusqu'à 15 kg de force était prévu pour mesurer la solidité et qualité des papiers produits à Odet et Cascadec. Cet appareil commandé en 1913-14 était toujours utilisé à Odet en 1949.

Les cinq autres lettres sont de la main de Jean-Pierre Rolland, contremaitre et chef de fabrication, adressées de Paris ou de Düren à son patron René Bolloré, pour le tenir au courant des constats faits au cours de ses visites techniques.

Les premières lettres du « grand hôtel de la Gare du Quai d'Orsay à Paris » relatent la visite de la papeterie Durtal Maine-et-Loire. Les lettres suivantes sont écrites de l'« Hotel Dürener Hof », une ville réputée pour ses nombreuses usines à papier.

 

Les lettres photocopiées, et donc avec quelques mots manquants, illustrent très bien :

  • la maitrise technique du papetier autodidacte : aucun résultat de mesure, de vitesse, de qualité des pâtes produites par les piles à cylindres ne lui échappe.
  • son sens des formules dont certaines inspirées par sa langue bretonne maternelle : « il m'était impossible de demander aucune explication à aucun ouvrier en dehors de lui » : joli bretonnisme avec multiples négations ...
  • sa relation proche avec la famille Bolloré : « Nous avons diné hier au soir chez Monsieur Léon. Je suis très contant de l'avoir vu. Je l'ai trouvé très bien, un peu maigri mais très bonne mine.  » : il s'agit de Léon Bolloré, frère du précédent René, oncle du patron en fonction depuis 1904.
  • son implication dans les décisions de fabrication : « Monsieur Banirg nous promène, à droite à gauche, mais ça nous avance à rien. Il doit écrire et télégraphier à Monsieur pour essayer d'avoir la commande de la machine. », la mise en garde est motivée par des trucages dans les démonstrations de préparation de la pâte.

En savoir plus : « 1913 - Visites techniques de machines à papier en France et Allemagne »


1. Marie Joséphine ROLLAND, dite "Jeff"
2. Pierrot ÉOUZAN, surveillant, le marié
3. Marie "Reine" ROLLAND, la mariée
4. Yvonne ROLLAND, épouse RIVOAL
5. Marie Jeanne ROLLAND, ép. GUÉGUEN.
6. Jean-Pierre ROLLAND, contremaitre, père de la mariée.
7. Marie-Anne PÉTON, mère de la mariée.
8. Pierre-marie ÉOUZAN, marin de commerce, père du marié.
9. Anne Marie HAMON, mère du marié.
10. Lisette JACOB, fille de Marie-Anne

Au 1er rang, on peut admirer le costume glazig et les longs favoris de Jean-Pierre Rolland, le contremaitre qualifié par le patron René Bolloré de « vieux loup de papeterie ». La mariée et ses sœurs portent la coiffe de Scaër alors que, plus jeunes sur une autre photo, elles avaient la "borledenn" d'Odet. La mariée qui n'a que 19 ans en 1906 est déclarée dans le recensement de la population de Scaër comme « compteuse papetière » à l'usine de Cascadec où travaillait son père.

En savoir plus : « 1912 - Mariage de Pierrot Eouzan et Reine Rolland d'Odet »


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