O.C.B. et papetiers Bolloré en Caroline du Nord, The Echo et Time Magazine 1940-50 - GrandTerrier

O.C.B. et papetiers Bolloré en Caroline du Nord, The Echo et Time Magazine 1940-50

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Catégorie : Journaux
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§ E.D.F.
Des explications sur la création d'une unité de fabrication de papier à cigarette aux Etats-Unis avec la participation de l'entreprise Bolloré et la papeterie de Champagne.

On y trouve aussi des échos sur le façonnage des cahiers O.C.B. par les ouvrières américaines, ainsi que les photos des héritiers Bolloré sur le site de l'usine d'Ecusta.

Autres lectures : « L'entreprise Bolloré, Réalités Noël 1949 » ¤ « La création de la manufacture d'Odet et ses fondateurs » ¤ « Michel Bolloré (1922,1997), entrepreneur » ¤ « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG » ¤ « 1937 - L'abbé Le Goff contre le travail le dimanche aux usines d'Odet et de Cascadec » ¤ « Index chronologique de l'histoire des papeteries d'Odet-Cascadec » ¤ 

[modifier] Présentation

Grâce au numéro d'avril 1940 (Mussolini en couverture) de cette revue prestigieuse « Time Magazine » en langue anglaise, on en sait un peu plus sur le démarrage de l'usine de fabrication du papier à cigarette sur le sol américain en 1939-40 : la légion d'honneur du fondateur, l'aide financière de l'entreprise Bolloré et des Papeteries de Champagne, la première bobine de papier le jour de la déclaration de la guerre.

Et en feuilletant le bulletin interne « The Echo » de cette usine Ecusta, on découvre le départ des experts français mobilisés sur le front contre l'Allemagne nazie, et quelques anecdotes sur les cahiers O.C.B. qui font tourner la tête des ouvrières américaines et on découvre même des photos de deux jeunes héritiers Bolloré (Michel et Gwenaël), leur père étant décédé en 1935.

Ecusta, à l'origine un nom indien Cherokee qui signifie « cascade d'eau », est le lieu dépendant de la ville Brevard et du domaine naturel de Pisgash Forest où en 1938, entre Greenville (Michelin) et Asheville, un industriel d'origine allemande a lancé la construction d'une gigantesque usine de fabrication de papier à cigarette. La première bobine sera produite le 3 septembre 1939 : « Là, le jour où l'Angleterre et la France a déclaré la guerre à l'Allemagne nazie, son entreprise papetière d'Ecusta a produit sa toute première bobine de papier. »

L'usine d'Ecusta est l’œuvre d'un grand industriel américain, Harry Hans Strauss, qui avait dans la période d'entre guerre consolidé l"industrie papetière française en rationalisant les exportations vers les Etats-Unis. Il prend une participation dans les établissements Mauduit, et connait bien les papeteries de Champagne à Troyes et l'activité des usines Bolloré d"Odet et Cascadec. Il reçoit même le ruban de chevalier de la Légion d'Honneur française.

Anticipant le blocage des exportations du fait de la guerre en Europe, et voulant développer le virage technologique de la pâte à papier à base de lin en remplacement des chiffons, il construit de toutes pièces une immense usine grâce à ses fonds propres, mais aussi pour moitié avec l'apport de l'entreprise R. Bolloré et de la Société Nouvelle des Papeteries de Champagne. Cette dernière société avait fait l'objet d'une participation du fondateur René Bolloré dès 1927. Après la guerre 1939-45, les actions Bolloré dans Ecusta seront vendues et serviront d'apport pour l'acquisition de toutes les parts dans l'usine de Troyes.

Le premier bulletin « Les Echos » de février 1940 nous confirme que des experts papetiers ont participé activement aux débuts d'Ecusta : « Départ des experts français. Le 9 décembre le clairon de la Republique Française a appelé sous les drapeaux cinq membres du groupe des français qui étaient parmi nous depuis huit mois ». Suivent les noms  : Messieurs Duca, R. Lebrun, Lenoir, Miguet et Viole.

Le mois suivant les derniers français doivent partir, Marius J. Cartel, M. Pierre Gros, et M. Andre Lenoir, et parmi eux J. Cartel est une figure de l'usine de Troyes. Ensuite l'usine d'Ecusta sera très vite auto-suffisante pour alimenter plus de 50% du marché des fabricants américains de cigarettes, et bien sûr les exportations françaises vont cesser pendant la guerre et ne seront plus nécessaires après-guerre car Ecusta produira encore plus de papier.

Mais les liens entre les Bolloré et l'usine d'Harry Straus ne seront pas pour autant rompues, car la direction et les ingénieurs Bolloré y feront encore des visites amicales et professionnelles dans les années 1950-70.

En aout 1947, c'est le cadet des Bolloré, Gwenaël, qui pose dans le bulletin « Les Echos », au côté d'André Soulas, illustre chirurgien français. Il est précisé que « Gwennael Bollore a déjà passé quelques mois à Ecusta quand il étudiait les méthodes modernes de fabrication de papier à cigarettes. La famille de M. Bolloré a fabriqué du papier à cigarettes et autres papiers minces en Bretagne (France) pendant plus de 100 ans. »

En mai 1950 c'est le tour de Michel Bolloré accompagné de son oncle Jacques Thubé [1] et de son épouse Monique Follot [2].

 
The Echo, 08.1947, French visitors, "... Beside him is Gwennael Bollore who spent several months at Ecusta ..."
The Echo, 08.1947, French visitors, "... Beside him is Gwennael Bollore who spent several months at Ecusta ..."
The Echo, 05.1950, Friends visit Ecusta, "Mr. and Mrs. Michel Bollore and Mr. Jacques Thube  of Papeteries Bollore"
The Echo, 05.1950, Friends visit Ecusta, "Mr. and Mrs. Michel Bollore and Mr. Jacques Thube [1] of Papeteries Bollore"

La revue d'Ecusta « Les Echos » était un vrai outil de communication entre les ouvriers et la direction. Tous les mois on y traitait la vie quotidienne avec un tas d'anecdotes et de plaisanteries. Le papier OCB de couleur noire très flashy n'échappait pas aux quolibets : « May 1940. One girl asked another in the M.B.D. is she was still cutting OCB papers. She said why yes, can’t you tell by looking at my eyes. What do you think is a drunk.  » (Une fille demanda à une autre à la M.B.D. si elle était à la découpeuse du papier O.C.B.. Elle répondit "oui pourquoi, ne vois-tu pas à mes yeux. Comment est quelqu'un de saoul, d'après toi ? )

[modifier] Transcriptions

Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher

[modifier] IN ENGLISH

Time Magazine, vol XXXV, april 1940, p. 74

Manufacturing. Domestic Cigaret Paper.

German-born Harry Hans Straus wears the red ribbon of the Legion of Honor on lapel, like most successful French businessmen. He got it in 1937 for building the French cigaret-paper industry big enough to take over the business Austria had had before World War I.

§ By the time Harry Straus was dubbed Chevalier ...

Like Ecusta other U.S. tissue manufacturers, such as Peter J. Schweitzer Inc. and Smith Paper Inc. hope to break France's cigaret-paper monopoly. Ecusta jumped from scratch to No. I position in the U.S. because Mr. Straus was able to pour around $4.000.000 into it. Part of the capital came from his own well-lined purse, part from his two French companies (Société Nouvelle des Papeteries de Champagne and R. Bolloré).

§ The rest was from substantial credits ...

 

[modifier] EN FRANÇAIS

Time Magazine, vol XXXV, avril 1940, p. 74

Industrie. Papier à cigarette local.

Hans Harry Straus, natif d'Allemagne, porte le ruban rouge de la Légion d'Honneur sur le revers de sa veste, comme tous les entrepreneurs français qui ont réussi. Il l'a obtenue en 1937 pour avoir consolidé l'industrie de papier à cigarette français au même niveau que l'Autriche avant la 1ère guerre mondiale.

§ Au moment où Harry Straus était nommé Chevalier ...

A l'instar d'Ecusta les autres entreprises papetières américaines, comme Peter J. Schweitzer Inc. et Smith Paper Inc., aimeraient briser le monopole du papier à cigarette français. Ecusta est passé de rien à la 1ère position sur le marché américain du fait que Mr Straus a été capable d'y injecter environ 4.000.000 dollars. Une partie de ce capital a été fournie par ses propres deniers, une autre part de ses deux sociétés françaises (Société Nouvelle des Papeteries de Champagne et R. Bolloré).

§ Le reste provenait d'importants crédits ...

The Echo, feb. march 1940, French leave

French experts leave.

On December 29th the bugle of the French Republic called to colors five members of the French group who have been with us for a period of eight months.

January 6th saw Messrs Duca, R. Lebrun, Lenoir, Miguet and Viole on the train for New York accompanied by Madame Lebrun and Madame Duca.

§ From all indications ...


In February 20 the last group of French paper experts who have been at Ecusta left for New York to sail to their home land. The party was ?le up of M. and Mme. Marius J. Cartel, M. Pierre Gros, and M. Andre Lenoir.

§ J. Cartel, of Troyes, France, a veteran ...

 

The Echo, février-mars 1940, départ des Français

Départ des experts français.

Le 9 décembre le clairon de la Republique Française a appelé sous les drapeaux cinq membres du groupe des français qui étaient parmi nous depuis huit mois.

Le 6 Janvier on a vu partir Messieurs Duca, R. Lebrun, Lenoir, Miguet et Viole dans le train à destination de New York accompagné par Madame Lebrun et Madame Duca.

§ De plusieurs sources ...


Le 20 février le dernier groupe des experts papetiers français qui étaient à Ecusta nous ont quitté pour New York pour prendre un bateau vers leur patrie. Le groupe était composé de M. et Mme Marius J. Cartel, M. Pierre Gros et M. André Lenoir.

§ J. Cartel, de Troyes en France, un vétéran ...

The Echo, 1940, 1942, 1946, O.C.B. booklets

May 1940

One girl asked another in the M.B.D. is she was still cutting OCB papers. She said why yes, can’t you tell by looking at my eyes. What do you think is a drunk.


December 1942

Louise S. is back on her old job cut­ ting O.C.B. Without that black paper Louise would feel lost . . .


September 1946

The most outstanding cigarette booklet of the month is O.C.B. It's full of headaches.


November 1946

L. C., what’s the speed limit these days? You must have thought you were running the O.C.B. ma­chine. Just go a little faster and maybe they won’t see you go by !

 

The Echo, 1940, 1942, 1946, cahiers O.C.B.

Mai 1940

Une fille demanda à une autre à la M.B.D. si elle était à la découpeuse du papier O.C.B.. Elle répondit "oui pourquoi, ne vois-tu pas à mes yeux. Comment est quelqu'un de saoul, d'après toi ?


Décembre 1942

Louise S. est de retour à son ancien poste de découpe O.C.B. Sans son papier noir Louise est perdue . . .


Septembre 1946

Le cahier de papier à cigarettes qui est à l'honneur ce mois, c'est l'O.C.B. Bonjour les maux de têtes.


Novembre 1946

L. C., quelle est la vitesse maxi ces jours-ci ? Tu as certainement rêvé que tu conduisais la machine Bolloré. Vas-y un peu plus vite et sans doute qu'ils ne te verront pas partir.

The Echo, August 1947, Gwennael Bollore

French Visitors

Shown above are two distinguished French visitors who were guests here recently.

On the right is Dr. Andre Soulas, well-known French surgeon. While in America, he attended a medical con­ference in Atlantic City where he delivered an address that received considerable favorable comment. Dr. Soulas visited America some 18 years ago where he studied with the late Dr. Chevalier Jackson, Sr., world re­nowned broncho-scopist.

Beside him is Gwennael Bollore who spent several months at Ecusta where he studied modern American methods in the manufacture of cigarette paper. Mr. Bollore’s family has manufactured cigarette and other fine papers in Brittany, France for over 100 years.

 

The Echo, Août 1947, Gwennael Bollore

Des visiteurs français

Sur la photo ci-dessus on peut voir deux illustres visteurs de France qui furent nos hôtes récemment.

Sur la droite, le docteur André Soulas, chirurgien reconnu. En déplacement aux US pour un congrès médical il a délivré une conférence qui a eu un succès notoire. Le docteur Soulas était déjà venu en Amérique il y a 18 ans quand il était étudiant auprès du docteur Chevalier Jackson, spécialiste international des bronches.

À ses côtés, Gwennael Bolloré qui a déjà passé quelques mois à Ecusta quand il étudiait les méthodes modernes de fabrication de papier à cigarettes. La famille de M. Bolloré a fabriqué du papier à cigarettes et autres papiers minces en Bretagne (France) pendant plus de 100 ans.

The Echo, March 1948, Monsieur Cartel

Raleigh Waldrop Returns Hospitality of Monsieur Cartel

The smiling, pleasant-mannered gentleman you may have seen around the plant lately is the type fellow you feel like going up to and starting a conversation— and he’s perfectly willing, that is, if you speak French. He’s Monsieur M. Cartel of Troyes, France, a man who has been interested in Ecusta since its founding; in fact, he was a principal factor in designing the initial equipment at Ecusta.

§ Monsieur Cartel is manager of the Societe Nouvelle des Pape- teries de Champagne ...

 

The Echo, Mars 1948, Monsieur Cartel

Monsieur Cartel invité de Raleigh Waldrop

Le gentleman souriant et poli que vous avez peut-être vu aux environs de l'usine recemment est la personne avec qui vous pouvez converser et il est perfaitement volontaire, si vous parlez français bien sûr. C'est Monsieur Cartel de Troyes en France, un homme qui s'est intéressé à Ecusta dès sa construction ; en fait c'est le principal acteur de la conception des équipements initiaux d'Ecusta.

§ Monsieur Cartel est le directeur de la Société Nouvelle des Pape- teries de Champagne ...

The Echo, September 1949, Harry H. Straus

Tlhe earth and the fullness thereof has been placed at man’s disposal. Whatever use he makes of it depends upon his particular talents, ambi­tions, foresight, and perseverance. One man who has made use of all these qualities is Mr. Harry H. Straus, who has a profusion of talents, an impelling ambition, a keen foresight and a driv­ing pursuit of all undertakings.

§ The world got its first look at Mr. Straus January 9th, 1884 ...

 

The Echo, Septembre 1949, Harry H. Straus

La terre et la richesse ont été mis à la disposition de l'homme. Ce qu'il en fait dépend de ses talents particuliers, de ses ambitions, sa vision et sa persévérance. Un homme qui a utilisé toutes ces qualités est M. Harry H. Straus, qui des talents à profusion, une ambition imposante, une vision affutée et une tenacité dans ses actions.

§ M. Straus vit le jour le 9 janvier 1894 ...

The Echo, May 1950, Mr and Mrs Michel Bollore

Friends Visit Ecusta

Among the recent visitores to Ecusta were Mr. and Mrs. Michel Bollore and Mr. Jacques Thube [1] of Papeteries Bollore, Paris France.

 

The Echo, Mai 1950 M. and Mme Michel Bolloré

Des amis en visite à Ecusta

Parmi les récents visiteurs d'Ecusta on note M. et Mme [2] Michel Bolloré, et M. Jacques Thubé [1] des Papeteries Bollore, Paris France.


[modifier] Coupures de presse


[modifier] Annotations

  1. Jacques Marie Thubé, né le 22 juin 1882 à Nantes et mort le 14 mai 1969 à Nantes, est un marin français. Il est le fils de l'armateur nantais Gaston Thubé et de Marie Amélie Lourmand. Il est donc l'oncle des frères René Bolloré, Michel Bolloré et Gwenn-Aël Bolloré. Avec ses frères Amédée et Gaston, il est sacré champion olympique de voile en épreuve de 6 mètres JI aux Jeux olympiques d'été de 1912 de Stockholm. [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3]
  2. Monique Follot (1923-2009), née le 30 août 1923 à Paris ; père : Henri Emile FOLLOT ; mère : Nicole Marie GOLDSCHMIDT. Mariage le 19 février 1943 avec Michel BOLLORÉ (1922-1997). [Ref.↑ 2,0 2,1]


Thème de l'article : Revue de presse

Date de création : Mai 2016    Dernière modification : 20.04.2023    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]