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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Sommaire


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1 Le clairon de René Bolloré

« Vous étiez né pour souffler à pleine bouche dans le clairon héroïque, ou pour évoquer les pâles fantômes des temps qui ne sont plus » T. Gautier.

Billet du 06.01.2013, le premier de l'année 2013
Billet du 06.01.2013, le premier de l'année 2013

Avant de mettre sa publicité sur les cahiers de papiers à rouler, l'entrepreneur papetier René Bolloré créa des boites métalliques pour conserver au sec son papier à rouler. Ces boites portaient une illustration colorée d'un soldat fantassin français au clairon : capote bleue, pantalon rouge garance, képi rouge et bleu, brodequins et jambières en cuir ...

Nous avons découvert deux exemplaires de ces boites qui mesurent exactement 75cm x 40cm x 8 mm, l'une en excellent état à Ergué-Gabéric, l'autre un peu plus usagée en provenance de Toulon, cette dernière contenant encore du papier non gommé de l'époque.

Il semble difficile de déterminer la période précise de diffusion de ces boites, l'uniforme français restant inchangé en 1870 et en 1914 (il deviendra entièrement « bleu horizon » fin 1915). Par contre au dos de la boite, les trois drapeaux de la triple entente (France, Angleterre et Russie) y étant représentés, ces boites devaient être distribuées aux soldats français en 1914.

En savoir plus : « La boite métallique du fumeur poilu en uniforme garance de 1914 » ¤ 

Dans le n° 30 de la très belle revue « Micheriou koz » sur les métiers d'antan de Bretagne, ce sont les papetiers d'Odet et de Scaër qui sont à l'honneur. Yvon Goulm a composé le texte, avec les fonds iconographique et documentaire des services de communication Bolloré, des archives d'Ergué-Gabéric et de l'association Arkae. On y trouve notamment une rétrospective historique des deux papeteries et de leurs fondateurs, la vie de la cité de Keranna, la création des écoles privées de Lestonan, les témoignages de Marjan Mao et de Marianne Saliou ... On peut néanmoins regretter certains choix éditoriaux :

  • Pour la fondation de la papeterie d'Odet en 1822, il est fait mention d'une plaque inaugurale mentionnant un R.G. Bolloré qui n'a jamais existé. Cet ajout de nom factice à celui du vrai fondateur Nicolas Le Marié est une falsification qui date de 1930 dans le Livre d'or de René Bolloré (le même que celui mentionné ci-dessus pour le fantassin au clairon).
  • L'origine des photos n'est généralement pas précisée, notamment celles de la revue Réalités de 1949 (par ex. la page de couverture où l'on voit Yves Le Gars et son dynamomètre) prises à Odet par le grand photographe du Front populaire Isaac Kitrosser. De plus de nombreuses illustrations ne sont ni datées, ni localisées, ceci pouvant introduire des confusions entre les deux sites d'Odet et de Cascadec.
  • Les témoignages collectés depuis 2007 sur les techniques de fabrication et le savoir-faire papetier à Odet et Cascadec pour la période 1925-1960 n'ont pas été exploités, ni certains documents d'archives antérieurs.

En savoir plus : « GOULM Yves - Micheriou koz : Les papetiers d'Odet et de Cascadec » ¤ 



2 Grand merci, Bonne année 2013

« Bloavez mad ha didrubuilh, Kalz a vleunioù da gutuilh, Bara da bep hini, Ha yec'hed e-leizh an ti !  » (bonne et paisible année, des fleurs à cueillir, du pain pour tous, et la santé au cœur de la maison).

Billet du 29.12.2012, le dernier de l'année 2012
Billet du 29.12.2012, le dernier de l'année 2012

« EN L'ANNÉE (1)551 BATIE LA PREMIÈRE FOIS, REBATIE EN L'ANNEE 1765 » : vous aurez reconnu l'épigraphe gravée en creux sur le linteau d'entrée du manoir de Pennarun ; elle résume à elle-seule l'histoire communale que le site GrandTerrier tente de reconstruire sans relâche, et toujours avec passion.

Nous venons de retrouver et publier six nouveaux documents d'archives sur ce domaine noble trop méconnu. Les trois premiers sont datés de 1540 et 1544, du temps où Charles Provost, fils de Jehan et de Louise de Kergoat, déclarait au Roi ses propriétés en ligence. Les trois suivants sont respectivement de 1731, 1752, 1782.

Les particularités du domaine de Pennarun au 16e siècle sont notamment : deux moulins, l'un pour moudre le froment, l'autre le seigle, sont déclarés, ce point étant confirmé dans l'aveu de 1544 où le premier est dit « moulin blanc à froment » ; un colombier ; une dépendance sur la seigneurie de ramage du manoir de Kern(a)ou « appartenant à noble messire Charles Kersulgar ».

Au 18e, on note que toutes les maisons et métairies du Bourg relèvent de Pennarun par une rente foncière payable annuellement : « le dit manoir de Penanrun duquel dépend tout le Bourg dudit Ergué ». Ensuite pour toute festivité locale, le manoir touche une redevance, autrement dit « le droit de lever la coutume audit bourg d'Ergué les jours, festes, et pardons de la dite parroisse ». Et enfin les prééminences de la seigneurie de Pennarun dans l'église St-Guinal consistent en un : « droit de deux tombes dans la dite église parroissialle, armoirées des armes dudit manoir, l'une auprès du maistre autel ; et l'autre plus bas bout à bout avec un escabeau ».

En savoir plus : « 1540 - Adveu de Penanrun extraict de l'inventaire de Kempercorentin » ¤ « 1731 - Aveu au Roy de l'écuyer Jean-Baptiste Geslin pour le manoir de Penanrun » ¤ « Archives de Pennarun » ¤ 

La fausse plaque ci-dessus, en imitation de la précédente, est relative à l'existence de notre site Internet GrandTerrier.net depuis 2007, et sa fréquentation toujours en hausse encore cette année 2012 : 2 millions de visiteurs. C'est un bel encouragement à continuer sur le même rythme : des mises à jour quotidiennes, des billets hebdomadaires, une revue trimestrielle Kannadig, la prochaine étant sous presse.



3 Le retour de la statue et du chat

« Le lendemain matin, il avait décampé. On en eut la première nouvelle par les appels et sanglots de l'enfant : " Kenavo ! Où est Kenavo ? " ».

Tout d'abord un petit conte de Noël, l'histoire d'un petit chat qui se prénomme Kenavo. Voilà qui est charmant, n'est-il pas ?

En cette fin de 19e siècle, ce petit chat était l'animal de compagnie chez une nourrice agréée d'Ergué-Gabéric. Les nourrices gabéricoises étaient d'ailleurs très réputées dans la région de Quimper, car l'air y était certainement moins pollué que dans la grande ville voisine. Et la présence d'un chaton rassurait les marmots qui y étaient placés.

C'était le cas d'un garçon ainsi que le relate l'entre-filet du journal « Le Finistère ». Or son séjour se finit le jour où sa mère « put le reprendre », et ce jour-là il fut nécessaire de donner le chat à l'enfant. L'animal fit le voyage aller en charaban, enfermé au fond d'un panier.

Et le lendemain le petit chat put s'enfuir de la maison de ville, et revint par ses propres moyens dans son coin de campagne. Un vrai miracle de la nature !

En savoir plus : « L'histoire de Kenavo le petit chat nourricier d'Ergué-Gabéric, Le Finistère 1888 »

La deuxième histoire est celle de la statue de l'énigme de l'été 2012. Il s'agissait econnaître et localiser une joviale statue photographiée au télé-objectif. Énigme pas si simple qu'il n'y paraissait. Il fallait vraiment être du lieu-même de Stang-Venn. Et même certains voisins et la famille d'origine avaient tous presque oublié l'anecdote, voire l'existence de la statue.

La réponse : lorsque le chauffeur de car ou « commissionnaire » de la papeterie d'Odet construisit sa maison dans les années 1920-30 il marqua sa dévotion en y plaçant une statue de sainte Anne en céramique. Lors de la tempête de 1987 la statue chuta, et le nouveau propriétaire dénommé Pierre eut l'heureuse initiative de placer un merveilleux saint Pierre de granit, qui en rit encore là-haut !

Lire les témoignages : « La petite statue surplombant la vallée de Stang-Venn »

Nota : le bulletin Kannadig de fin décembre/janvier se prépare, qu'on se le dise !

Billet du 22.12.2012


4 Séjours à l'hospice de Quimper

« On me montra mon lit, le seul vide qu’il y avait dans la salle et dont le voisin me dit que le précédant occupant de ce lit, était enterré le jour même ».

Dans ses mémoires, Jean-Marie Déguignet évoque au moins par deux fois ses séjours à l'Hospice de Quimper (situé dès 1801 sur la colline de Creac'h Euzen et appelé Hôpital Gourmelen au 20e siècle) : en 1848 alors qu'il a 14 ans, et lors de ses dernières années de vie en 1902-1905.

Le jeune mendiant Jean-Marie Déguignet, blessé à la tête en tombant, alors qu'il avait été poursuivi par des abeilles, se vit proposer en 1848, alors qu'il avait 14 ans, des soins à l'Hospice dit civil.

Dès son arrivée, il plante le décor d'un lieu sous l'emprise de l'église et où les enfants de tous milieux étaient abandonnés : « A l’entrée de cet hospice, il y avait un calvaire, et ma mère me montra un grand Christ dont la main gauche était fermé sur le clou. Elle me dit que cette main s’était fermée une nuit qu’une personne très riche avait envoyé dans le tourniquet un enfant ».

Les soins y sont dispensés par des « sœurs », des religieuses de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit. On le conduit « dans une grande salle, pleine de monde, les uns dans leur lit, ... dans les lits de douleurs et d’ennui ... ». Dans cette salle il y a de nombreux patients cardiaques si l'on en croit l'expression bretonne « klañv e galon » traduite par le bretonnisme « malade de cœur ».

Dans les dernières pages de ses mémoires, il relate son séjour dans l'asile des vieux : « Ici, à Quimper, il y a déjà quatre établissements, et les plus beaux, pour l'entretien de tous les tarés et de tous les rebuts de cette malheureuse espèce humaine ». Il surenchérit : « Mais pendant ce temps, on laisse sans soins, sans soucis, se perdre les plus jeunes et les meilleurs sujets, sur lesquels devraient au contraire se porter tous les soins et les soucis ». A-t-il oublié qu'il y fut bien soigné 57 années plus tôt, à l'âge de 14 ans ?

Nous avons aussi ici l'occasion de rétablir une vérité historique : Jean-Marie Déguignet est décédé lors de son dernier séjour à l’Hôpital civil, et non « à la porte de l'Hospice » comme l'attestent certaines biographies. Pour preuves l'acte de décès, un article du Finistère de 1902 et le témoignage d'Anatole Le Braz.

En savoir plus : « Les séjours de Jean-Marie Déguignet à l'hospice de Quimper »

Billet du 16.12.2012



5 Des fêtes populaires bretonnes

« E memor an dud avad, e vo Loeiz Roparz da viken paotr ar festou-noz », Fanch Broudic, "Loeiz Roparz, le rénovateur du fest-noz", 2011.

Ce mercredi dernier, tout le monde a appris la nouvelle : le fest-noz, « rassemblement festif basé sur la pratique collective des danses traditionnelles de Bretagne accompagnées de chants ou musiques instrumentales », est désormais un élément constitutif du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

Le dossier de candidature avait été préparé par l'association Dastum. Et le jury a été particulièrement sensible à la vidéo de présentation dans laquelle transpirent l'authenticité et la convivialité des festou-noz.

Cet évènement nous redonne l'occasion de saluer l’œuvre de rénovation de Loeiz Roparz : « Le Fest Noz, à L' UNESCO ! Qui aurait dit ça ? Loïez Roparz, le rénovateur des Festou noz doit jubiler au Paradis des sonneurs » (Reun Le Reste).

Et de publier une carte postale de la collection Villard représentant un « fest-deiz » [noz= "de nuit", deiz="de jour"] et une noce populaire devant l'auberge du village de Lenhesq au début du siècle.

Le titrage de la carte indique qu'on y danse la gavotte. Mais est-ce le cas ? Car les danseurs ne se tiennent-ils pas par le petit doigt ? Pour la gavotte, qu'elle soit de l'Aven ou des montagnes, on se donnerait la main, l'avant-bras droit couvrant l'avant-bras gauche du voisin de droite. Ne serait-ce pas plutôt un « an-dro » ou un « kas a-barh » ?

Plus tard, dans les années 1930, l'auberge Le Berre de Lenhesq organisait des grands bals musette. Les danses bretonnes furent remplacées par des « dansou Kof a Kof » (littéralement les danses ventre à ventre) : le passo, la valse ou le tango ...

Aujourd'hui, l'auberge est devenue un bureau de police, mais la maison avec ses lucarnes de toit caractéristiques a conservé son cachet.

En savoir plus : « Carte postale Villard - Noces et danses bretonnes à Lenhesk en 1909 - Le Fest-noz à l'Unesco en 2012 »

Billet du 08.12.2012



6 La Fiscalité de l'Ancien Régime

« Les finances s’appellent communement le nerf de la guerre et l’ornement de la paix. Autres tiennent que cela se doit plustost dire de la valeur et de la justice », Nicolas Rémond, 1622

À l'aube de la Révolution, la paroisse d'Ergué-Gabéric a signé par deux fois la Constitution sur le Clergé, et s'est engagée financièrement dans une rente annuelle de 40 livres et un emprunt de 1200 et de 1000 livres, le tout en contrepartie de l'exemption du paiement des impôts du Dixième et du Vingtième.

L'étude de ces documents a amené un enrichissement de notre lexique des termes anciens, car la fiscalité au cours des siècles est un sujet plutôt complexe :

Décimes, s.m.pl. : imposition sur les bénéfices ecclésiastique, levée au départ pour financer les croisades. Les décimes étaient fournies par les prêtres et fabriques de paroisse, pour être reversés dans les caisses du roi.

Denier (au), g.n.m., « au denier 20, 25 » : partie d'une somme, prélevée au profit de quelqu'un. Intérêt d'une somme principale. Placer au denier vingt : intérêt annuel d'un vingtième, à savoir à 5%.

Dîme, dixme, s.f.  : impôt sur les récoltes, de fraction variable, parfois le dixième, devant revenir au Clergé, prélevé pour l'entretien des prêtres.

Dixième, s.m. : impôt lancé par Desmaretz en 1710, à l'apogée de l'effort financier du royaume dans la guerre de Succession d'Espagne. Le Clergé rachète une exemption en 1711. Il fut remplacé en 1749 par le Vingtième du même principe.

Vingtième, s.m. : impôt établi par Machault d'Arnouville en 1749, à l'extinction du Dixième, à la paix d'Aix-la-Chapelle, dont les recettes doivent amortir la dette nationale créée par la guerre de Succession d'Autriche.

À la lecture de ce glossaire, pouvez-vous citer les différences entre la Dîme, les Décimes et le Dixième ?

En savoir plus : Billet du 02.12.2012


7 Inter-usines Cascadec 3, Odet 1

« Le coq comme symbole français remonte à la chute de l'Empire romain et tire son origine du jeu de mot entre gallus (coq) et Gallus (Gaulois) »

C'était le temps où la qualité de joueur de football était encore un argument d'embauche aux papeteries Bolloré. L'équipe locale des Paotred-Dispount était en majorité composée d'employés de l'usine d'Odet. Pour preuve, ce match inter-usines organisé pour la toute première fois en 1950 où ils affrontèrent l'usine sœur du groupe.

Les gars d'Odet, en déplacement à Cascadec en Scaër, essuyèrent une défaite de 3 à 1. La revanche eut sans doute lieu à Ergué-Gabéric l'année suivante.

Disposant de deux exemplaires de la photo, l'une un peu plus froissée, on publie l'une et l'autre. Et on a noté les noms et positions sur le terrain pour chacun de ces sympathiques joueurs et figurants « historiques ».

En savoir plus : « 1950 - Match inter-usines »

25 ans plus tôt le papier à cigarettes Bolloré n'était pas encore lié au sigle OCB, mais à la marque « Le Coq Français ». Le logo était décliné avec des jeux de couleurs vives : noir et crête rouge, bleu ou doré et crête blanche, et en arrière-plan un soleil levant et diffusant ses rayons.

Au recto du cahier, la « marque déposée » était constituée par un blason a priori fictif avec une épée et deux étoiles, surmontées d'un casque qui ressemble à un bonnet de fou du roi. Et la référence à l'entreprise de papeterie est « R. Bolloré Odet-Quimper France ».

En savoir plus : « Patrimoine local : la collection de cahiers de papier à cigarette à rouler Bolloré »

Question : Quel est le lien entre le coq, emblème de l'équipe de foot des Paotrd-Dispount, adopté en 1975, et celui du papier à rouler " Le Coq Français R.Bolloré " ? Vous trouverez cette information dans le livret du Centenaire, bourré d'anecdotes et de photos inédites, qui sera publié début 2013. Et n'oubliez pas : la grande fête du Centenaire des Paotred aura lieu le week-end de la Pentecôte, les 18 et 19 mai 2013. Billet du 23.11.2012


8 Manoir maçonnique de Pennarun

« Vinoc (Corentin), médecin très instruit exerçant avec désintéressement, ayant rendu des services pendant sa mairie », Préfet Miollis, 1809

Le manoir de Pennarun, proche du bourg d'Ergué-Gabéric, fut confisqué à un émigré noble d'obédience chouanne et vendu aux enchères au titre des Biens Nationaux. Le premier acquéreur en 1794, est l'imprimeur Jean-Louis Derrien de Quimper qui remporta la mise pour 42.000 livres. Le manoir est ensuite vendu aux époux Girbon qui le cèdent en novembre 1795 au citoyen Vinoc, conformément à un document retrouvé récemment.

Corentin Vinoc exerce comme « médecin de l'armée des côtes de Brest à l’hôpital militaire de Quimper », et est membre de la loge maçonnique « La Farfaite Union » de Quimper où il portera plus tard la charge et le titre de « Vénérable ». Il sera également nommé maire de Quimper de 1803 à 1808.

Il est certainement intéressé par la propriété de Pennarun, car il est aussi l'adjudicataire du moulin et de la métairie au titre des Domaines Nationaux. Est-ce un autre franc-maçon voisin qui lui a conseillé ces acquisitions en tant qu'expert avoué et acquéreur du presbytère et manoir de Mezanlez, à savoir Salomon Bréhier, futur maire d'Ergué-Gabéric ?

En tous cas, pour acheter le manoir, Vinoc débourse 260.000 livres en assignats. Certes cette monnaie fiduciaire a subi une forte inflation, encore faut-il en disposer ! Dans une biographie récente, Bruno Le Gall et Jean-Paul Péron concluent par « l'exigeante probité de Corentin Vinoc qui n'a pas profité de la Révolution pour s'enrichir ». À l'instar des affaires communales de Salomon Bréhier, on est tenté d'en douter.

Le document de vente de 1795, retrouvé aux Archives Départementales du Finistère, est classé avec neuf autres pièces relatives au manoir de Pennarun, datées de 1794 à 1829, qui viennent pour l'occasion enrichir les archives de Pennarun sur le site GrandTerrier.

En savoir plus : « 1795 - Vente du manoir de Pennanreun au citoyen Vinoc », « Le manoir de Pennarun‎‎ », « Archives de Pennarun‎‎ »

Appel à connaissance généalogique et héraldique : dans l'article sur le manoir de Pennarun on a retracé l'histoire de ses famille nobles, notamment les Rozerc'h. Actuellement, sur un linteau de la façade, on peut admirer leur blason, un "greslier accompagné de trois feuilles de houx", en mi-parti avec un autre blason représentant une main tenant des flèches. La famille noble Le Gac est doté d'un blason de ce type, mais nous n'avons pas connaissance d'une alliance avec les Rozerc'h. Qu'en pensez-vous ? Billet du 17.11.2012


9 Rescapés de la grande guerre

« On tue des gosses de vingt ans ... Fauchés comme des fleurs de printemps », Dans un trou à Verdun, Henri Eugène Lallier (1891-1976).

L’armistice, signé le 11 novembre 1918 à 5 h 15, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale (1914-1918), et nous invite aujourd'hui à célébrer la mémoire des morts et des survivants de ce conflit.

Simon Guéguen est l'un de ces rescapés ; il est né le 18 octobre 1884 à Guilli-Vras en Ergué-Gabéric, ses parents François Guéguen et Marie Anne Kérisit étant tous deux journaliers. En 1887-88 son père François est embauché à la papeterie d'Odet comme ouvrier, puis comme cocher attitré des Bolloré. Ayant souffert de la famine dans sa propre enfance, il veut que ses fils fassent un métier de la bouche, à savoir la boulangerie pour deux d'entre eux et la pâtisserie pour Simon.

Simon Guéguen part sur le front, sans doute dès 1914, soldat dans les rangs du 71e RI, régiment composé essentiellement de bretons dont le casernement était basé à St-Brieuc. Il participe sans doute aux premières campagnes de Charleroi et de la Marne. Il doit être au front en fin d'année 1914 et courant 1915 lors de la bataille meurtrière d'Artois, et échappe miraculeusement à la mort lors de l'attaque de Chantecler où son régiment essuie de lourdes pertes.

En février 1916 il est gravement blessé à la cuisse par éclats d'obus aux premières heures de la bataille de Verdun, à Avocourt, puis amputé. Décoré de la « Croix de guerre 1914-1918 », et « Médaillé Militaire » par décret du 18 mai 1934.

Il s'installe en région parisienne comme pâtissier, domicilié à Pantin en 1921, où il se marie en 1929 avec Mélanie Allard. En 1960, alors qu'il a atteint l'âge de 76 ans, Simon Guéguen est nommé Chevalier de la légion d'honneur, la réception étant assurée par le célèbre boxeur Eugène Criqui, rescapé de la grande guerre également. Il décède 5 mois après.

En savoir plus : « Simon Guéguen (1886-1961), pâtissier, soldat chevalier de la Légion d'Honneur » Billet du 10.11.2012


10 Une Place pour Louis Le Roux

« Kazimant toud d'ar virkiken int bed merked war o spered, lod all siaouaz o deus kolled o buhez. » (pratiquement tous les survivants ont été marqués dans leur tête, et beaucoup d'autres hélas y ont perdu la vie).

 Mémorial de Pleyben pour les morts en Afrique du Nord de 1952 à 1962
Mémorial de Pleyben pour les morts en Afrique du Nord de 1952 à 1962

En cette période de la Toussaint, quoi de plus normal que de penser aux défunts ? Ce devoir de mémoire vaut aussi pour les morts en période de conflit armé, notamment lors des évènements d'Afrique du Nord et de la guerre d'Algérie entre 1952 et 1962.

L'un d'entre eux, Louis Le Roux, Gabéricois natif de la ferme de Bohars, aura bientôt une place à son nom. On nous signale même que cette nouvelle place serait située au bourg, très proche de celle de Fanch Balès, victime de la guerre précédente en 1945. Tout un symbole !

En savoir plus : « Louis Le Roux (1939-1961), jeune appelé mort en Algérie »

Par ailleurs, courant octobre, en lisant le bulletin national de l'association des anciens combattants en Afrique du Nord (FNACA), on a appris que trois finistériens avaient été interviewés en breton par le journaliste Bernez Grall le 19 mars 2012 sur les ondes de France Bleu Breizh Izel, dans le cadre de la commémoration du 50e anniversaire du « cessez-le-feu » de la guerre d'Algérie.

Ces bretonnants étaient respectivement Emile Derrien de Lennon, 6 mois à la Maison-Carrée près d'Alger, puis à Colomb-Béchar ; Fanch Le Scoul de Coray, en Grande Kabylie et Alger ; et enfin René Le Reste d'Ergué-Gabéric, 27 mois à la base aérienne de Marrakech, de 1956 à 58, période encore troublée au Maroc.

L'encart en breton de René Le Reste, natif de Garsalec, résume bien l'interview et l'émotion de ces jeunes gens appelés à intervenir dans une guerre qu'on ne nommait pas encore ainsi à l'époque : « ... Setu toud ar baotred yaouank ... o deus graet war-reun anaoudegez gand an A.F.N., eur vro hag eur sevenadur dizeñvel tre ha surtoud gand eur mod bevañs ispisial : ar brezel ha ne lare ked e ano » (voilà donc tous ces jeunes gens qui font connaissance avec l'A.F.N., avec un pays et une culture très différente, et surtout avec une chose un peu spéciale : une guerre qui ne veut pas dire son nom).

En savoir plus : « LE RESTE René - Les évènements d'Afrique du Nord, e brezoneg » Billet du 03.11.2012


11 La billig rouge des Chauffeurs

« Neuze var urz ar mestr, an tan a zo c'houezet dindan ar billig. Fanch a zonjaz na deuet e heur ziveza. » (Alors sur l'ordre du chef, un feu fut allumé sous la billig. François pensa que son heure était arrivée).

L'histoire, racontée en 1908 dans les colonnes de « Feiz ha Breiz », se passe à Kergoant, village situé au nord-est de la commune d'Ergué-Gabéric, en plein affrontement entre Chouans et Républicains lors de la Grande Révolution :
Image:Right.gif Les chouans sont nommés sous les seuls termes « ar Chouanted ».
Image:Right.gif Les prêtres réfractaires sont désignés par les Révolutionnaires comme «  al labouz-du  » (les oiseaux noirs), «  ar sae zu  » (les sarraus noirs), « al loan du » (les laines noires).
Image:Right.gif Les révolutionnaires sont appelés en breton «  an dispac'herien », « ar Republikaned », « ar bleizi-ze » (ces loups-là), et également « an Dommerien » (les chauffeurs), qui n'étaient pas apparentés ici aux bandes de Chouans selon le journaliste-prêtre, auteur du récit.

Pourquoi les chauffeurs ? Parce que la technique de ces tortionnaires pour obtenir des aveux était de mettre leurs victimes sur les flammes d'un feu, du moins leurs pieds. Ici la couleur locale veut que le feu soit allumé dans la cheminée sous une « billig ruz » (plaque à crêpes "rouge").

Voir le texte complet en breton (et en cours de traduction) :

Jean-Marie Déguignet avait aussi signalé l'existence des chauffeurs dans ses mémoires : « Ce souvenir seul (de Robespierre) leur faisait peur, autant que les souvenirs des chouans et des chauffeurs (ann domerien) ».

Et le paysan bas-breton signale aussi la pratique de la billig comme instrument de torture : « Il y en avaient encore trois ou quatre richards dans la commune qui ... avaient eu les fesses rôties sur la poêle à crêpes, pour les forcer d'avouer où étaient leurs trésors ».

En savoir plus : « La vision de Déguignet sur les apports et méfaits de la Grande Révolution » Billet du 27.10.2012


12 Questions du bulletin automnal

« Je ne cherche pas à connaître les réponses, je cherche à comprendre les questions », Confucius, homme d'État et philosophe chinois.

Dans ce 20e Kannadig de l’automne 2012, au format coloré inauguré par le numéro précédent, les questions ne manquent pas pour cette reprise des articles préparés au cours du trimestre :

  • Que sait-on des origines du symbole de l'hermine ducale et quelle est la signification de sa présence à Kerdévot ?
  • De qui se moquait Yan Goaper du « Progrès du Finistère » en 1908 ?
  • Où était situé le moulin de Crec’h Congar, en ruines avant la Révolution de 1789 ?
  • Quelles étaient les épreuves et questions du rallye bucolique et « cinquantenaire » dans le grand ouest gabéricois ?
  • Quels maire et conseiller ont sponsorisé la construction du lavoir de quartier de Stang-Venn ?
  • Quelle sorte d’hommage a été donnée au regretté homme-crabe ?
  • Qui était le créateur du slogan «  Si vous les aimez bien roulées, papier à cigarettes OCB » ?
  • Quelle mort ont connue deux jeunes marins pendant la guerre d’Indépendance américaine ?
  • Que disait-on de Kerdévot en 1870-71 dans le journal en langue bretonne « Feiz ha Breiz » ?
  • Quel fut le verdict du procès de Poux, chef de bande, en 1948 ?

Et rassurez-vous, les articles apportent quelques éléments de réponse.

Téléchargement et lecture du bulletin : « Kannadig n° 20 »

Billet du 20.10.2012

Nota: l'envoi à domicile des bulletins par voie postale se fera dans la quinzaine, si toutefois il continue à pleuvoir tous les jours comme actuellement ...


13 Cartel des gauches, front populaire

«  Les habitants d'Ergué-Gabéric ont bonne réputation, ils n'aiment pas à danser avec les ours, ils ne voudraient pas hurler avec les loups, encore moins braire avec les ânes », Le Progrès du Finistère, 1925.

Léon Blum à Odet, 1946
Léon Blum à Odet, 1946

Voici deux articles inédits parus dans le journal catholique de combat « Le Progrès du Finistère » et datés respectivement de 1925 et 1936.

Le premier relate la conférence politique de Jean Jadé, jeune député finistérien de 36 ans, le 26 avril 1925 au bourg d'Ergué-Gabéric, réunion à laquelle assistent l'industriel papetier René Bolloré et de nombreux paysans et ouvriers. Le thème principal abordé, à la veille des élections municipales, est la critique des positions du Cartel des gauches.

Mais ni les efforts du conférencier, ni l'engagement et la présence de René Bolloré, ni les formules choc mordantes du journaliste n'empêcheront la liste du radical Jean-Louis Le Roux et du « Loup ou Âne de Reunic » de l'emporter aux élections locales.

 Image:Right.gif En savoir plus : « Jean Jadé et René Bolloré contre le Cartel des gauches, Le Progrès du Finistère 1925 ».

Un an et demi après le décès de René Bolloré, on note cette annonce du 1er août 1936 dans laquelle le syndicat professionnel des ouvriers papetiers de la région de Quimper, affilié à la C.F.T.C., lance un appel à rejoindre ses rangs : « tous les ouvriers, ouvrières et employés de l'usine d'Odet sont invités à rejoindre ce syndicat ».

La technique de communication de la C.F.T.C. est basée à la fois sur un message de légitimité de la part du gouvernement du Front populaire et sur les recommandations des autorités supérieures religieuses : « Il ne saurait être question pour un catholique d'adhérer à la C.G.T. à cause de la doctrine qu'elle professe ... ; des principes tels que "lutte des classes", "expropriation capitaliste", "grève générale", "action directe", sont en opposition avec la morale chrétienne et même la morale tout court ».

Image:Right.gif En savoir plus : « L'appel de la C.F.T.C. aux ouvriers de la papeterie d'Odet, Le Progrès du Finistère 1936 ».

Quoi d'étonnant finalement que cette invitation de Léon Blum par l'un des fils de René Bolloré à venir se reposer à Odet, 10 ans après le Front populaire, en 1946 : « L'évènement fit grand bruit dans le pays et mit le comité d'entreprise de l'usine que je présidais à l'époque, dans l'embarras : "Le leader du Front Populaire était en résidence chez le patron" » (Gwenn-Aël Bolloré, Mémoires Parallèles, Editions Picollec).

Image:Right.gif En savoir plus : « Les amitiés littéraires de Gwenn-Aël Bolloré ». Billet du 13.10.2012



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