1795 - Vente du manoir de Pennanreun de Jean Girbon au citoyen Vinoc - GrandTerrier

1795 - Vente du manoir de Pennanreun de Jean Girbon au citoyen Vinoc

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Catégorie : Archives    
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§ E.D.F.

Sommaire

Un manoir près du bourg en période révolutionnaire.

Autres lectures : « Archives de Pennarun » ¤ « Le manoir de Pennarun » ¤ « François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon » ¤ « 1795 - Procès-verbal d'adjudication de la métairie de Pennanrun au citoyen Vinoc » ¤ « 1795 - Etat de la métairie de Pennanrun du citoyen Vinoc » ¤ « 1796 - Vente en Bien National du moulin de Pennarun à Corentin Vinoc » ¤ « 1799 - Contrat de fermage du moulin de Pennanrun par le citoyen Vinoc » ¤ « 1819 - Affermage à l'organiste de terres du manoir de Pennanreun par la veuve Vinoc » ¤ « 1826 - Vente du manoir, métairie et moulin de Pennanrun par la veuve de Corentin Vinoc » ¤ 

[modifier] 1 Introduction

Le manoir de Pennarun, proche du bourg communal d'Ergué-Gabéric, est confisqué à un émigré noble d’obédience chouanne et vendu aux enchères au titre des Biens Nationaux. Le premier acquéreur en 1794, le 15 thermidor de l'an 3, est l'imprimeur Jean-Louis Derrien [1] de Quimper qui remporta la mise pour 42.000 livres.

Le manoir est ensuite vendu aux époux Girbon qui le cèdent le 20 novembre 1795 (29 brumaire an 4) au travers du document ci-dessous de vente à Corentin Vinoc [2] de Quimper.

Corentin Vinoc exerce comme « médecin de l'armée des côtes de Brest à l’hôpital militaire de Quimper », et est membre de la loge maçonnique La Farfaite Union de Quimper où il portera plus tard la charge et le titre de « Vénérable ». Il sera également nommé maire de Quimper de 1803 à 1808.

Il est certainement intéressé par la propriété de Pennarun, car il est aussi l'adjudicataire du moulin et de la métairie au titre des Domaines Nationaux. Est-ce un autre franc-maçon voisin qui lui a conseillé ces acquisitions en tant qu'expert avoué et acquéreur du presbytère et manoir de Mezanlez, à savoir Salomon Bréhier, futur maire de la commune d'Ergué-Gabéric ?

En tous cas, pour acheter le manoir, Vinoc n'hésite pas à débourser 260.000 livres en assignats [3]. Certes cette monnaie fiduciaire avait subi une forte inflation, encore fallait-il en disposer ! Dans une biographie récente de Bruno Le Gall et Jean-Paul Péron (« La franc-maçonnerie à Quimper au XVIIIe siècle », BSAF 2011), les auteurs concluent par « l'exigeante probité de Corentin Vinoc qui n'a pas profité de la Révolution pour s'enrichir ». Comme pour les affaires communales de Salomon Bréhier, on est tenté d'en douter.

 
un manoir acquis par un franc-maçon contre des assignats
un manoir acquis par un franc-maçon contre des assignats

À son décès en 1809, la propriété de Pennarun restera à sa veuve jusqu'en 1829. Il est précisé dans l'acte de vente que « Madame Vinoc se réserve les meubles et objets mobiliers lui appartenant qui se trouvent dans le manoir de Pennanrun susvendu avec faculté de les faire prendre quand bon lui semblera ».

[modifier] 2 Transcriptions

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29 Brumaire an 4. Mannoir de Pennanreun

Ce jour vingt neuf Brumaire l'an quatre de la République française une et indivisible devant les soussignés notaires publics à Quimper furent présents César-Jean Girbon et Aimée Renée Henri son épouse de son mari à sa requête autorisée, demeurant sur la commune de Quimper section d'occident lesquels ont par le présent, sans garantie autre que celle avoir du citoyen Derrien premier acquéreur par la nation, déclaré vendre, céder et transporter purement et simplement au citoyen Corentin Vinoc, médecin de l'armée des côtes de Brest à l’hôpital militaire de Quimper et demeurant sur la dite commune de Quimper Rue Quéréon aussi présent et acceptant, le manoir de Pennareun en fonds et droits consistant dans la maison principale, logements, hangards, jardin, issues [4], placitres, allées, terres chaudes [5] et froides [6], prés et prairies, bois taillis vieux et nouveaux

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bois de haute futaye et autres dépendances, le tout situé près du Bourg communal d'Ergué gabéric, ainsi qu'ils ont été vendus au citoyen Derrien par contrat judiciel émané du district de Quimper le quinze Brumaire an trois enregistré le vingt six et transportés par le dit citoyen Derrien au citoyen Girbon vendeur suivant contrat du cinq thermidor an trois, au rapport de Vallet, enregistré à Quimper le même jour. La présente vente faite et convenue entre parties pour et en faveur de la somme de deux cent soixante mille livres en assignats [3] dont cent mille livres ont été en l'endroit et devant nous payées et dont quittance, le surplus faisant cent soixante mille livres payable ce jour en un mois, au moyen et le payement ci-dessus deffectuant, les vendeurs se sont démis, dessaisis et dévétus de la propriété, saisine et jouissance des héritages vendus, consentant que le citoyen Vinoc en jouisse dès ce jour et à l'avenir comme son propre bien en loyal acquet, qu'il y prenne possession

 

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et s'y approprie ainsi qu'il verra, auquel effet ils nomment à leur procureur (...) le porteur d'une grosse du présent avec tout pouvoir à cette fin, et en l'endroit les citoyen et citoyenne Girbon ont ressaisi le dit citoyen Vinoc des contrats surdattés et du procès verbal d'estimation des experts en datte des douze, treize, quatorze et quinze prairial an deux de la République et dont décharge, convenu que l'acquéreur percevra le prix de la ferme du manoir de Pennarun et dépendance à compter de la Saint Michel derrière ; à tout ce que desserve les parties s'obligent chacune en droit (...) sous toutes les obligations de droit, fait et passé au dit Quimper au raport de lieu de nous, son collègue présent, sous les seings respectifs des parties comparantes et les notres notaires, les dits jour et an ; ainsi signé sur la minute Vinoc, Girbon, Henry Girbon, Brehier notaire et le Siner autre notaire, ce dernier rapporteur enregistré à Quimper le trente Brumaire l'an quatre

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de la République. Reçu cinq mille deux livres en assignats [3].

Signé Brindejonc ; Le Siner, notaire.

Nous soussignons avous reçu du citoyen Vinoc la somme de cent soixante mille livres en assignats [3] pour reste du contenu au présent contrat dont le quittont généralement et sans [... ). Quimper le seize frimaire l'an quatre de la République une et indivisible.

Girbon, Henry Girbon.

[modifier] 3 Originaux

Lieu de conservation :

  • Archives Départementales du Finistère.
  • Cote 25-J-10. Fonds de l'étude Soudry, avoué à Quimper.
 

Usage, droit d'image :

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[modifier] 4 Annotations

  1. Yves Jean Louis Derrien : imprimeur à Quimper, né à Brest Saint-Louis, puis professeur de physique à l'Ecole Centrale. Il épouse Marie Jacquette Perrier le 03/08/1779 à Quimper Saint-Julien. [Ref.↑]
  2. Corentin Vinoc est né en 1747 dans une famille d'artisans mesuinsiers de Locmaria et décède en décembre 1809 à Quimper. Docteur en médecine en 1883, il exerce comme médecin de l'hôpital militaire de Quimper. Il épouse en 1788 une demoiselle Gaillard, fille de notaire et procureur au présidial, et ils habitent rue Kéréon. Dès avant 1774 il est initié au rite de la loge maçonnique de L'Heureuse Union de Quimper, puis celle de La Farfaite Union où il est élu vénérable en 1803-1808. Pendant la Révolution il est favorable aux jacobins modérés, et en opposition contre les Montagnards. Il est nommé maire de Quimper en 1803 à 1808. Source : « La franc-maçonnerie à Quimper au XVIIIe siècle », Bruno Le Gall et Jean-Paul Péron, Bulletin 2011 de la Société d'Archéologie du Finistère. [Ref.↑]
  3. Assignat, s.m. : monnaie sous la Révolution française. Avec le Système de Law, l'assignat est la seconde expérience de monnaie fiduciaire en France au XVIIIe siècle : les deux se soldèrent par un échec retentissant. À l'origine, il s'agissait d'un titre d'emprunt émis par le Trésor en 1789, dont la valeur est assignée sur les biens nationaux. Les assignats deviennent une monnaie en 1791, dont la valeur est le plus souvent comprise entre 2 et 30 sols, et les assemblées révolutionnaires multiplient les émissions, qui entraînent une forte inflation. Le cours légal des assignats est supprimé en 1797. Source : Wikipedia. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2 3,3]
  4. Issues, issue, s.f. : terre non cultivée d'un village servant à la circulation entre les habitations, les chemins et les champs ; les issues communes de villages pouvaient être utilisées par les plus pauvres pour faire "vaguer" leurs bestiaux ou ramasser du bois pour se chauffer. Lorsqu'un village est tenu en domaine congéable, les "issues et franchises" peuvent être incluses dans les aveux de déclaration des droits et rentes. Les inventaires et dénombrements contiennent également l'expression "aux issues" qui désigne l'éloignement par rapport au centre du village. Dans les descriptifs d'habitations, le terme "issues" désigne les portes et accès. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  5. Terres chaudes, s.f.pl. : terres cultivables, par opposition aux terres froides ; exploitées en rotation triennale, soit blé noir, seigle, avoine (Jean Le Tallec 1994). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  6. Terres froides, s.f.pl. : terres pauvres mises en culture de loin en loin parfois après un brulis, par opposition aux terres chaudes; les terres froides prennent le reste du temps la forme de landes qui servent de pâturage d'appoint, et fournissent divers végétaux utiles : bruyères et fougères pour la litière, ajoncs pour la nourriture des chevaux, genets pour la couverture de la toiture (Jean Le Tallec 1994). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens

Date de création : novembre 2012    Dernière modification : 15.01.2013    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]