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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Sommaire

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Modifications récentes : [Journal des MàJs] Anciens billets hebdos : [Actualité, archives] Les anciennes affichettes : [À la une]


1 Levée du 18 germinal de l'an 2

Billet du 03.09.2016 - Merci à Geneviève Hypolite de nous avoir signalé, sur le site des Archives Municipales de Quimper, l'existence de ces délibérations de la Communauté de la ville de Quimper relatives à la laborieuse réquisition des chevaux de ses cinq communes rurales.

« Il sera fait une levée extraordinaire de chevaux pour le service des transports militaires sur tous les cantons et arrondissement de la République. La levée sera à raison d'un cheval sur vingt-cinq.  » : voici le début du décret de la Convention nationale daté du 18 germinal de l'an 2 de la République (7 avril 1794), qui arrive à Quimper le 11 floréal (30 avril) avec une demande d'exécution. En avril 1794 le besoin national en chevaux est global, aussi bien pour la cavalerie (« propres à monter ») que pour les transports militaires (« assez forts pour le trait »), même les mulets (aucun ne sera recensé sur nos terres), et les « voitures » (calèches), licols, harnais, fourrage sont également à fournir.

C'est la communauté de ville de Quimper, représentant le canton, qui est sollicitée pour transmettre la demande aux maires de ses cinq communes rurales, à savoir Kerfeunteun, Ergué Armel (écrit aussi « Petit ergué »), Ergué Gabéric (le « Grand ergué »), St Evarzec et Penhars.

Le greffier de la communauté reprend dans le registre des délibérations les termes du courrier adressé immédiatement aux maires : « Vous ne devez pas manquer de faire venir lundi prochain pour huit heures du matin tous les chevaux de votre commune indistinctement vieux, et jeunes, mâles, et femelles, afin d'en constater le nombre, et de choisir ceux qui seront assez forts pour le trait ».

On remarquera qu'en cet an 2 la commune d'Ergué-Gabéric est bien rattachée au canton de Quimper, ce depuis le 18 juin 1791, après un rattachement très contesté au canton de Rosporden en 1790. Et le canton quimpérois fonctionnera avec ses 5 communes jusqu'en 1795 ; Ergué-Armel sera ensuite promue municipalité cantonale pour le compte des 4 communes voisines jusqu'en 1800.

En 1794, les communes rejettent la demande de la Convention du fait du nombre et de l'état de leurs chevaux. Devant l'insistance du « Commissaire inspecteur », l'autorité cantonale essaie encore de gagner du temps : « Nous ne pensons pas que les reproches qu'elle contient nous soient applicables, attendu que nous vous adressons le 1er prairial dernier le procès verbal du recensement des chevaux de notre canton, du même jour, qui justifie que nous sommes dans l'impossibilité de fournir les objets requis par cette loi ... nous croyons dans la plus parfaite sécurité, parce que nous attendions votre réponse avant de nous livrer à des démarches ultérieures. »

 
(Géricault, "Marché aux chevaux : cinq chevaux au piquet", Louvre)

Mais il faut bien obtempérer et le 25 vendémiaire (16 octobre), soit 4 mois plus tard, le secrétaire recopie dans le registre sa lettre adressée au district : « Nous vous adressons l'état des chevaux de réquisition que nous avons envoyé à Rennes ».

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg22 chevaux au total pour les 5 communes du canton. Pour la réquisition précédente la demande nationale n'était que de 6 chevaux de cavalerie par canton. Comme la présente réquisition est de 1/25 on peut en déduire que 550 chevaux sont dénombrés sur le canton, soit une moyenne de 110 chevaux par commune, Ergué-Gabéric pouvant peut-être en compter 150, car plus étendue et très rurale.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg5 conducteurs ou charretiers, choisis dans la population agricole de chaque commune, accompagnent les chevaux et conduisent les « voitures » hippomobiles jusqu'à Rennes et reviennent à Quimper. Ce nombre correspond à la règle d'un « atelage complet de quatre chevaux » pour chacun.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLe prix payé pour chaque cheval, fixé à « neuf cents livres » au maximum dans le décret, n'est pas précisé dans le registre. Mais par contre on y trouve tous les frais générés, les dépenses de la route aller (35 livres), le retour des charretiers (14 livres chacun), le « cordier » (73), les maréchaux-ferrants (71) et les experts (60), pour lesquelles dépenses chaque commune doit encore contribuer à hauteur de 10%.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « 1794 - Réquisition extraordinaire des chevaux de l'an 2 de la République », « 1789 à 1799 - Les dates clefs de la Révolution à Ergué-Gabéric »

2 Du bleu au pardon de Kerdévot

Billet du 27.08.2016 - « Les chansons d’autrefois toujours nous les chantons ! Oh ! nous ne sommes pas les derniers des Bretons ! Le vieux sang de tes fils coule encor dans nos veines, Ô terre de granit recouverte de chênes ! », Auguste Brizeux, Marie

Dans deux semaines, le samedi 10 et dimanche 11 septembre aura lieu le grand pardon de Kerdévot. À cette occasion nous vous proposons tout d'abord une évocation d'un pardon spécial en mai 1907 où 5.000 pèlerins sont venus écouter un prédicateur « glazik », et également un rappel de la caractéristique du bleu des lieux.

L'article du 15.05.1907 du journal « L'indépendant du Sud-Finistère », débute par une présentation des lieux : « À 10 kilomètres de Quimper, dans un site pittoresque de la belle commune d'Ergué-Gabéric s'élève une antique chapelle ...  ». L'article évoque ensuite les pèlerinages ou pardons récurrents qui y ont lieu : « En Septembre, c'est le Pardon avec sa foule pieuse, mais aussi avec ses nombreux curieux, ses boutiques, ses attractions profanes. »

Et enfin, en ce dimanche de 1907 qui suit la fête de l'Ascension, un grand rassemblement est organisé à l'intention des « 14 communes les plus rapprochées de Kerdévot ... ; toutes les personnes qui voudront se joindre au pèlerinage y seront reçues avec bonheur. »

L'invitation est lancée par le Comité de la Ligue Patriotique des Françaises, une association nationale féminine très liée au départ au parti politique d'Alliance Libérale Populaire et ensuite constituée en mouvement d'église en 1906. L'association est très active en Bretagne dans les manifestations de résistance aux expulsions des congrégations religieuses en 1902 et aux inventaires d'églises en 1906.

Le caractère féministe de la journée est néanmoins relatif car « Ce pèlerinage n'est pas exclusivement pour les ligueuses, les hommes sont aussi instamment priés d'y venir », et pendant les vêpres et le prône « les hommes sont aux premiers rangs »

L'évènement se déroule dans les mêmes conditions que le grand pardon de septembre (cf annonce du 31 août dans le même journal) : messes matinales à partir de 6h, grand'messe de 10h, vêpres, processions avec bannières, costumes traditionnels, bénédiction, cantiques bretons ...

Le clou de la journée est la prestation en langue bretonne du prédicateur Auguste Chuto, popularisé par son petit fils Pierrick Chuto dans un livre paru en février dernier : « c'est un glazik, M. Auguste Chuto, de Penhars, qui va parler ».

Le personnage est impressionnant, devant un auditoire de 5.000 pèlerins, en plein vent et sans micro, pendant une heure il prononce une allocution en breton très convaincante : « Point de plan académique, mais un faisceau d'idées, qu'il veut communiquer à ses pays, et, pour y arriver, son langage se fait persuasif, véhément, surtout ému. Il procède par comparaisons, images, et l'on voit tour à tour l'hypocrisie de nos gouvernants ... ».

  Et l'émotion saisit les hommes : « Quand l'orateur dépeint les ravages de l’École athée, la guerre religieuse d'aujourd'hui et de demain, les inventaires, la chasse aux prêtres, les morts sans le secours de la Religion, le gâs breton dont l'instituteur officiel n'a pu éteindre la Foi, réclamant à cor et à cri un prêtre pour l'absoudre, et dans le désespoir de l'agonie, clamant le nom de sa mère : Mam ! ... Je vois bien des hommes, qui, furtivement, essuient une larme. »

Nul doute que Pierrick Chuto, dans son prochain tome 2 des « Cléricaux contre laïcs en Basse-Bretagne » évoquera le passage de son grand-père à Kerdévot en mai 1907.

Savez-vous que le bleu tendre des portes de la belle chapelle de Kerdévot, est désormais au catalogue des 20 couleurs de base de la société « Les Malounières », spécialisée dans la confection de peintures à l'huile pour le patrimoine ? La couleur des murailles et haut de la coque de la frégate Hermione en est-elle inspirée ?

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Le bleu Kerdevot, couleur des marines nationale et marchande d'autrefois », « Pèlerinage de la LPDF et conférence bretonne à Kerdévot, Indépendant et Progrès 1907 », « CHUTO Pierrick - IIIe République et Taolennoù »

3 Kerdudal et l'isle Grande Terre

Billet du 21.08.2016 - La Grande Terre, surnommée la « petite Bretagne des Antilles » pour ses paysages agricoles et côtiers, est une île de France qui constitue l'aile est du papillon que forment les deux principales îles de l'archipel de Guadeloupe, l'aile ouest étant la Basse Terre.

Le présent billet est inspiré d'une part par deux documents familiaux communiqués par Jérôme Salaun, dernier exploitant agricole de Kerdudal, et d'autre part par les travaux de la très active association « Généalogie et Histoire de la Caraïbe » publiés sur leur site ghcaraibe.org.

Dans le premier document de 1809 il apparaît que le domaine de la famille noble de La Marche, centré autour du manoir de Lezergué et incluant le village de Kerdudal, a été l'objet d'une expropriation quelques années après la Révolution et vendu aux enchères. Les biens fonciers de Lezergué et de Kerdudal sont restés sous la coupe de leurs propriétaires fonciers de La Marche, pendant tout le 18e siècle, en échappant aux confiscations révolutionnaires.

En effet ces propriétés n'ont pas été vendues comme biens nationaux comme l'ont été en 1795-97 tous les autres biens nobles et ecclésiastiques d'Ergué-Gabéric. Le manoir et ses mouvances sont restés la propriété de la famille de La Marche, malgré le fait que les chefs de famille (François-Louis de La Marche père et son fils cadet Joseph-René-Louis-Marie) sont réputés absents et exilés. Cela peut être surprenant car ces deux nobles sont installés en Guadeloupe à l’île Grand Terre et leur terres sont nombreuses à Ergué-Gabéric.

Un premier élément de réponse est l'action de Joseph-Hyacinthe de La Marche, plus jeune fils resté à Quimper, qui se rapproche des autorités révolutionnaires, et qui conserve certains biens gabéricois dont le domaine congéable voisin de Kerveady. Un 2e point important est l'installation et le mariage outre-mer bien avant la Révolution du fils cadet Joseph-René-Louis-Marie, son père l'ayant rejoint que plus tard.

Nommé « lieutenant en premier » au régiment de Guadeloupe le 18.08.1772, sous-aide-major le 24.12.1773, il quitte en octobre 1774 la Guadeloupe parce qu'il était devenu chef de sa famille à la suite du décès de son frère aîné et « propriétaire de biens assez considérables ». Il obtint alors, « par faveur très particulière », une commission de capitaine pour retraite. Il repasse en 1775 en Guadeloupe, puis retourne en France en 1777 rétablir sa santé. Il se marie le 29.10.1787 au Moule avec Marie Alexandrine Victoire Boyvin, native guadeloupéenne. Ils ont une fille née en 1801 à Antigua : Marie Eugénie Leserguier de La Marche.

En 1792, le couple guadeloupéen s'endette en achetant une habitation située en quartier du Gozier à la Guadeloupe moyennant la somme de 700 000 livres auprès de Dominique Louis Dampierre d'extraction noble. Ce dernier demande en 1809 la vente de Kerdudal : « La dite vente poursuivie à la requête du sieur Dominique Louis Dampierre, et dame Marie Catherine de Baulès son épouse, de lui autorisée, propriétaires habitants de la Guadeloupe, quartier de St Louis du Gozier, isle grande terre ».

 

Les De Dampierre remportent les enchères de ventes des deux tenues de Kerdudal qu'ils conservent pendant sept ans.

Le deuxième document de 1816 est la vente du domaine de Kerdudal à un propriétaire quimpérois. Datant de 27 ans après la Révolution française, il illustre encore un mode de propriété foncière emblématique de l'Ancien régime en Bretagne, à savoir une propriété détenue par un noble auquel un fermier est tenu à domaine congéable par une rente annuelle.

Après les de La Marche, les propriétaires de Kerdudal sont restés les De Dampierre. L'héritier en 1816 est « Guillaume Guy De Dampierre Comte du même nom, demeurant ordinairement à son château de Saint-Philippe commune de Saint-Nicolas de la Balerme (Lot-et-Garonne) ».

L'acheteur des tenues de Kerdudal est Guillaume Favé, propriétaire demeurant à Quimper place Toulallerre, et lors des successions du 19e et 20e siècle les propriétaires fonciers deviendront exploitants agricoles. Cela donnera les générations de familles d'agriculteurs Descamps, Le Ster, ... et Salaun.

Dans un prochain billet, nous remontrons encore le temps sur le domaine noble de Kerdudal, en « mil six cent nonante deux » (1692), et en 1540, avant l'arrivée des de La Marche.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « 1809 - Vente par expropriation forcée des deux tenues de Kerdudal », « 1816 - Transmission des tenues de Kerdudal du comte de Dampierre à Guillaume Favé »

4 Relâche au village de Kerzu(da)l

Billet du 14.08.2016 - Relâche, sf, MAR. : action de relâcher; escale d'un navire en cours de route pour se ravitailler, embarquer ou débarquer des passagers, du fret. "Nous fîmes une courte relâche à Naples, grossière et pleine de cris matinaux" (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p. 28).

Dernier des Mohicans de sa génération, né en 1931, Jérôme Salaün est toujours en activité et il adore raconter le riche passé de son village de Kerzu(da)l, avec beaucoup de douceur et de discrétion qui étonnent ses auditeurs.

Kerdudal est un petit hameau au sud-ouest de la commune d'Ergué-Gabéric, avec un nom qu'il faut bien prononcer Kerzul, la syllabe intermédiaire « da » étant "mangée" par les habitués du lieu.

Même Jean-Marie Déguignet ne dérogeait pas à cette orthographe : « ce chemin passait par Stang a Leur (Kerleur), grand pays de lutins, par Kerzudal, Lézébel pour aboutir à la route de Coray à Quimper ».

Jérôme est intarissable quand il s'agit d'évoquer son manoir : « Voici le vieux manoir de Kerdudal tel qu'il était du temps des de La Marche. Sur le devant côté gauche (en regardant de face) il y avait un escalier extérieur de pierre de 13 marches, que j'ai démoli quand j'ai agrandi le hangar. Sur le linteau de la porte d'entrée, déjà ébréché quand mes grands-parents sont venus, il y a une inscription que j'aimerais bien déchiffrer. Peut-être que l'évêque de La Marche est né ici, et non pas à Lezergué. »

Et il évoque la chapelle de Sainte-Appoline : « La chapelle qui était dans ma prairie au bord du ruisseau de Silvintin a été démolie avant la Révolution. Des pierres ont été utilisées pour rénover la maison voisine du village : une rosace, un bénitier et une grande pierre d'autel. Moi j'ai trouvé aussi une pierre d'angle dans la prairie. Au bas du champ il y avait une fontaine dont l'eau se jette encore aujourd'hui dans le ruisseau. Quand j'ai drainé le champ j'ai vu le conduit de pierre sur 7 mètres entre le ruisseau et la source, les pierres de la fontaine ont du être déplacées. Je peux vous montrer l'endroit. »

Jérôme Salaun est né dans le petit pennty proche du manoir : « La maison était plus haute, avec un toit en chaume. Mon père l'a rabaissé. On vivait avec mes parents et 6 frères et sœurs

 


dans deux pièces au rez-de-chaussée, une cuisine et une chambre. J'ai fait construire ma maison dans les années 1970, et depuis que je suis en retraite j'ai gardé les 7-8 hectares agricoles autorisés, et une dizaine de vaches et génisses. »

Les chemins autour de Kerdudal n'ont aucun secret pour lui : « Le village de Kerdudal était traversé par un chemin qui venait de Quélennec et Kerleur et qui allait jusqu'à Penanros, Lezebel et Quimper. Un jour une charrette attelée à un cheval venait chez nous, chargée de maerl, a renversé dans la descente du Patra, côté Penanros, le gamin qui tenait les rênes n'ayant pas freiné à temps. Du côté de Kerdudal, à partir de Pont-Mein (pont de pierre sur le Patra), le chemin s'appelait "goarem ar pontic" (garenne du petit pont), faisait quelques virages pour remonter la pente, pour arriver près du hangar. Si aujourd'hui vous voulez voir l'endroit du pont, il faut prendre le chemin, longer le champ de blé noir, et descendre le petit chemin à pic, les pierres du pont ne sont plus là, mais il reste une pierre plate. »

On peut effectivement voir cet endroit bucolique avec comme point de repère le panneau jaune n° 23 d'une conduite enterrée de gaz. On avait aussi l'intention de publier les documents de succession et d'expropriation de la famille de La Marche de 1692 et de 1809, mais, comme c'est la relâche estivale, on en fournira les transcriptions au(x) prochain(s) billet(s).

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus, visionner toutes les photos : « Jérôme Salaun, agriculteur et mémoire de Kerzudal, Pont-Mein et Ste-Appoline »

5 Parc-al-lan il y a 11.000 ans

Billet du 07.08.2016 - Le Mésolithique (du grec μέσος / mesos, « moyen » et Λίθος / lithos, « pierre », littéralement « âge moyen de la pierre ») est la période chronologiquement et culturellement intermédiaire entre le Paléolithique et le Néolithique, entre environ 10 000 et 5 000 ans av. J.-C. en Europe. Les groupes humains de cette période perpétuent un mode de subsistance basé sur la chasse et la cueillette sous un climat tempéré.

Benoit Bondet, l'infatigable correspondant du Télégramme pour la commune d'Ergué-Gabéric, avait eu le nez creux quand, en février 2015 et en mai dernier, il titrait ses articles sur le site archéologique de Parc-al-lan : « La préhistoire est dans le pré », « Des débuts de fouilles prometteuses ». À l'époque il écrivait à la lumière des premiers résultats des diagnostics archéologiques, et, depuis plus de deux mois, les fouilles officielles de l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) ont montré un nombre encore plus important de découvertes surprenantes.

On connaissait l'endroit comme un endroit de terre d'argile très prisée par les potiers du 18e siècle, mais là nous sommes transportés aux temps plus reculés des cueilleurs-chasseurs qui occupaient les lieux au 9e millénaire avant JC, et un peu plus tard les éleveurs du néolithique entre 2200 et 800 avant notre ère, enfin au haut Moyen Âge entre le 7e et le 11e siècle on y dénote un cimetière, et étonnamment aucune trace d'occupation gallo-romaine.

Les fouilles ont permis de déterrer entre autres deux cimetières de 9 tombes du Bronze et 34 fosses médiévales, des vases funéraires et des gobelets, des galets de silex débités et des points de flèche, un poignard de l'age de bronze, des foyers à pierres chauffées ...

 

Sur la base d'interviews et de visite du site, les journalistes du Télégramme ont publié un article documenté début juillet, des photos des recherches en cours, et une vidéo explicative avec interview du responsable des fouilles : « Pour les chasseurs-cueilleurs on est dans un endroit le long d'un talweg (fond de vallée), une zone où il y avait de la visibilité où ils pouvaient s'installer, et une zone giboyeuse, pas très loin des silex de la baie d'Audierne. Il y a plusieurs raisons qui expliquent cette implantation. Toujours est-il que c'est frappant d'avoir autant de périodes représentées sur ce site. »

Sur la page principale du site Internet de l'INRAP, les fouilles de Parc-al-lan sont aussi à l'honneur depuis le 12 juillet dernier, avec les premiers résultats, des photos légendées et des vues aériennes.

Le rapport final de ces fouilles sera publié vraisemblablement en 2018. Mais un premier rendez-vous est fixé pour une conférence lors des journées du Patrimoine avec les chercheurs de l'INRAP qui présenteront au public leurs premières découvertes en septembre prochain.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Découvertes archéologiques sur le site de Parc-al-lann, Le Télégramme et INRAP 2016 » avec reportages, articles scientifiques, photos et vidéo.

6 Petit patrimoine à Pont-Odet

Billet 30.07.2016 - Le petit patrimoine englobe tout témoignage visuel et vivant d'une mémoire collective et non classé comme patrimoine institutionnel.

Il s'agit aujourd'hui d'un lieu de mémoires caché derrière les cités résidentielles du Vallon et du Rouillen, à la confluence du ruisseau Patra et de l'Odet, avec ses vieilles serres, son petit calvaire et ses ancestrales pierres d'église. De plus, les serres sont toujours en activité pour du maraîchage bio : David Pacaud vous propose ses beaux légumes au magasin de Pont-Odet le vendredi de 16 à 19H, et tous les samedis matins au parking de la Providence (premier stand au devant de la librairie Ravy).

René et Anne Le Coeur se sont établis dans la ferme de Pont-Odet après leur mariage en 1947. Le père de René, agriculteur de Penhars, avait fait l'acquisition de leur exploitation agricole en 1936 : « La ferme de Pont-Odet, contenant 7 hectares 17 ares 80 centiares, affermée à M. Michel Quintin, jusqu'au 29 septembre 1937, moyennant un fermage annuel de 2.800 francs ». En 1970, c'est la fille de René et Anne, Marie-Noelle, qui créera les serres sur les terres de Pont-Odet, le long du ruisseau Patra.

Les Quintin louaient la ferme depuis quelques générations, et occupaient la maison d'habitation qui a été construite par leur propriétaires dans les années 1895-1898. Témoins de cette construction, la vingtaine de pierres incrustées en façade, des pierres taillées de frontons d'églises et de gargouilles qui sont les restes de la déconstruction de l'église Saint-Mathieu de Quimper en 1993-1895.

En effet, l'église Saint-Mathieu actuelle a succédé à un précédent édifice, bâti au XVI e siècle, à l'emplacement d'une église romane. De style néo-gothique, la reconstruction a été décidée fin 1893, sous couvert d'une souscription lancée un an plus tôt. Confiée à l'architecte Gustave Bigot, qui ne conservera que l'ancien porche et le clocher érigé par son père Joseph en 1847, la reconstruction de la nouvelle église emploiera de nombreuses entreprises bretonnes ...

Dont Jean-Louis Le Naour, célèbre tailleur de pierre installé dans son atelier du Cap-Horn à Quimper, et René Hardy, entrepreneur de Nantes. Mais d'après René Le Coeur, interrogé en 2009, c'est un autre entrepreneur de maçonnerie travaillait sur le chantier : « La maison a été construite par M. Jaouen, entrepreneur de maçonnerie, qui a participé à la construction de l'église Saint-Mathieu à Quimper de 1895 à 1897 ».

 

Travaillait-il sous les ordres de Jean-Louis Le Naour ou de René Hardy ? En tous cas, c'est lui qui a transporté les plus belles pierres de la démolition de l'ancienne église Saint-Mathieu pour les mettre sur sa nouvelle maison de Pont-Odet. Par la suite la maison aurait été rehaussée par les Le Coeur.

Anne Le Coeur en 2016 : « Comme ces pierres étaient idéales pour poser des statues de saint, mon mari voulait mettre une sainte Anne. Mais je lui ai dit que non, il fallait plutôt un saint Yves, ce qu'il a fait sur la pierre au milieu de la façade ».

Et elle enchaîne : « On a du changer la tombe familiale des Le Coeur au cimetière de Kerfeunteun. Et ils m'ont demandé de déménager la croix et son socle, et elle a trouvé sa place ici, au bord de la route, entourée d'une haie. »

Près de la croix et des serres maraîchères, coule le ruisseau Patra, lequel est alimenté par les eaux du Guic, et se jette dans l'Odet derrière la maison de l'ancienne ferme. Dans son « Itinéraire de Bretagne en 1636 », Dubuisson-Aubenay décrit ainsi le pont aujourd'hui disparu : « Odet, peu en dessus dudit confluen, a un pont de pierre, à présent rompu et dit Pont Audet, au dessous d'un guay ou passage, dit Tréaudet, par lequel pont rendoit le chemin de Kimper à Keraes ».

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Petit patrimoine aux serres maraîchères bio de Pont-Odet », avec les photos des pierres, de la croix, du ruisseau et des serres maraîchères.

7 Cahier de vacances à Kerdévot

Billet du 23.07.2016 - La chapelle de Notre-Dame de Kerdévot, « Intron-Varia Kerzevot », est un majestueux exemple du renouveau architectural de la Bretagne au 15e siècle, avec son retable flamand, sa Maestà d’inspiration italienne, ses retables espagnols ...

En ce bel été ensoleillé 2016, à l’ombre des chênes encerclant la chapelle de Kerdévot, la fraîcheur ambiante sera appréciée lors d'une prochaine visite pour réviser ses leçons d’histoire en dehors de tout programme scolaire.

Nous vous proposons un questionnaire de sept détails d’œuvres à visiter et associer aux sept photos mystères lettrées de la page 4. À chaque étape inscrivez la lettre sur la grille finale, et à la fin vous prononcerez un mot en langue bretonne qui veut dire « Eureka » !

Ci-contre également, pour vous aider, un jeu de taquin, sur ordinateur Windows ou sur tablette, qui vous permettra aussi de deviner le mot-mystère breton. Cliquez sur une vignettes près du carré noir pour faire glisser les pièces et réorganiser le tableau, en vous servant de l'image modèle qui bien sûr ne donne pas les lettres mystères.

Le résumé des questions, la lecture de l'article vous donnant plus de détails historiques et de localisation :

Image:Square.gif1.Image:Spacer.jpgUN ANIMAL DUCAL PASSANT. Photo mystère à retrouver : le mammifère à la célèbre devise bretonne « Ken-toc'h mervel eget bezan saotret »

Image:Square.gif2.Image:Spacer.jpgUNE MAESTÀ ITALIENNE. Le grand coquillage naturel d'inspiration italienne au dessus d'un trône.

Image:Square.gif3.Image:Spacer.jpgUNE VICTOIRE FOULANTE. Le monstre vert marin, couvert d'écailles sculptées.

Image:Square.gif4.Image:Spacer.jpgUN RETABLE DE VIOLENCE. Deux des cinq membres sectionnés, collés et exposés.

Image:Square.gif5.Image:Spacer.jpgDES CHASSEURS NOBLES. Le greslier bleu, autrefois instrument de chasse.

 


Image:Square.gif6.Image:Spacer.jpgUNE DIVINITÉ CELTIQUE ? La tête animale ornée de ses andouillers sur le front.

Image:Square.gif7.Image:Spacer.jpgINFLUENCE HISPANISANTE. La tête de Marie au foulard espagnol.

La 7e question vaut pour deux lettres identiques, pour un vraie finale sonore "brezhoneg" !

En savoir plus, tester ses connaissances, bouger les cases du jeu de taquin, répondre en ligne au questionnaire et inscrire son score au tableau d'honneur publié à la fin des vacances : « Un cahier de vacances estivales pour une visite guidée de la chapelle de Kerdévot ». Et si vous passez à la chapelle, imprimez l'article en recto-verso A4 plié : « Media:CahierVacancesKerdévot2016.pdf »

8 Bulletin d'un été gabéricois

Billet du 16.07.2016 - Il annonce des chaleurs extérieures, après des recherches trimestrielles un peu venteuses et pluvieuses, et sera expédié illico aux adhérents depuis un petit village finistérien retranché, le cachet de la poste faisant foi.

Ce bulletin démarre par la photo en couverture de la statue de saint André réalisée en 1930 par Laouic Saliou, un artiste sculpteur gabéricois, et ce dossier est détaillé en 4e de couverture et dernières pages, ainsi que l’inventaire des statues multiséculaires de la chapelle de St-André qu’il s’agirait aujourd’hui de restaurer, car sinon le risque est de perdre à jamais ce patrimoine inestimable.

Les autres sujets d’histoire, de mémoires d’anciens et de patrimoine sont aussi au rendez-vous ce trimestre :

Image:Right.gif Les 500 ans du Bourg, avec ce fragment de vitrail daté de 1516, cette belle statue mise en carte postale par Gusti Hervé, et enfin la liste des 47 habitants chefs de familles roturières du bourg en 1720.
Image:Right.gif L’hommage aux résistants disparus, Jean Le Corre et Hervé Bénéat, par la publication de témoignages inédits.
Image:Right.gif La découverte des pages originelles publiées d’un cantique en langue bretonne datant de 1712.
Image:Right.gif La visite des héritiers papetiers de René Bolloré à l’usine d’Ecusta en Caroline du Nord, et le voyage du fondateur en Cochinchine en 1845.
Image:Right.gif Des aveux et la reconnaissance régionale de certains titres de noblesse aux 16e-17e siècles.
Image:Right.gif L’enregistrement de l’inhumation en l’église St-Sulpice en 1660, son épitaphe et deux lettres inédites de Guy Autret, histo-rien érudit de Lesergué.
Image:Right.gif Les invectives de Jean-Marie Déguignet à l’encontre d’Ernest Renan, avec l’aide du protestant David Strauss.

Et bien sûr, les recherches et aventures grand-terriennes se poursuivent cet été, qu’il fasse beau ou pas !

Le bulletin en ligne : « Kannadig n° 34 Juillet 2016 »

 

9 Un petit jésuite breton défroqué

Billet du 10.07.2016 - « Dès la première page de cette fameuse Vie de Jésus, je vis que mon compatriote Ernest Renan était resté jésuite, mais un jésuite plus malin, plus roué que tous ses collègues de Saint-Sulpice », L'Intégrale de Déguignet, p. 277.

Déguignet le qualifiait de « petit jésuite breton » ou de « défroqué ». Renan a certes baigné dans les milieux jésuistiques, formé au séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et ensuite celui de St-Sulpice d'Issy-les-Moulineaux (et non l'église parisienne à l'architecture dite jésuite). Mais dans son essai "L'Avenir de la science", il écrira lui-même : « Les Jésuites ont fait de l'éducation une machine à rétrécir les têtes et à aplatir les esprits, selon l'expression de M. Michelet ».

Quand « La vie de Jésus » d'Ernest Renan est publiée en 1863, cela provoque un véritable scandale. Il ose soutenir que la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n'importe quel autre homme, et que la Bible doit être soumise à un examen critique comme n'importe quel autre document historique. Le pape Pie IX, très affecté, le traite de « blasphémateur européen », et en 1864, le ministre de l'Instruction publique Victor Duruy supprima son cours. Mais la posture de Renan n'est pas suffisante pour l'anti-clérical Jean-Marie Déguignet qui entreprend de le critiquer violemment.

Déguignet veut démontrer que Renan est resté jésuite, prêt à tenir habilement deux thèses contradictoires : « Quand il eut fini de rouler ses lecteurs avec son Jésus nouveau modèle, il leur a dit comment que ce fameux Jésus de Nazareth n'a jamais existé et pour combler la mesure de la moquerie il termine en disant : "À moins qu'on en trouve la preuve dans l'Épître de Paul aux Hébreux et dans l'Apocalypse." Ça, c'est leur dire, voilà mes pauvres ignorants comment les jésuites froqués ou défroqués savent rouler les imbéciles avec rien du tout. »

Et donc la thèse de Déguignet est que Renan ne va pas assez loin en excluant les évangiles apocryphes : « comme le Protévangile de Jacques, l’Évangile de Thomas l’Israélite. Cet évangile diffère tant des synoptiques. Si Jésus parlait comme le veut Mathieu, il n’a pu parler comme le veut Jean. » Et sa « Vie de Jésus » n'est finalement qu'un énième évangile qui le présente comme un héros : « Après l'avoir porté aux "plus hauts des sommets", Renan va jusqu'à dire que c'était un bel homme et un joli garçon ».

 

Par contre Déguignet n'a rien à dire contre « La Vie de Jésus » du protestant alllemand Davis Strauss (1808-1874) : « une vie beaucoup plus véridique ou du moins plus conforme aux récits évangéliques » qui présente comment le personnage du nouveau testament est bâti exclusivement sur des mythes.

Ernest Renan avait également lu cette somme : « La critique de détail des textes évangéliques, en particulier, a été faite par M. Strauss d'une manière qui laisse peu à désirer. Bien que M. Strauss se soit trompé dans sa théorie sur la rédaction des évangiles, et que son livre ait, selon moi, le tort de se tenir beaucoup trop sur le terrain théologique et trop peu sur le terrain historique. »

Le livre de Strauss a scandalisé son époque en montrant un Jésus historique et non divin et par sa vision des évangiles comme récit inconscient des premières communautés chrétiennes. Après la publication de cet ouvrage, David Strauss fut révoqué et vécut désormais comme professeur de lycée et homme de lettres dans sa ville natale de Ludwigsbourg.

En savoir plus : « Déguignet invective le jésuite Ernest Renan en l'opposant au protestant David Strauss »

Nota: on avait déjà signalé qu'un e-book des Mémoires de Déguignet prêtait à confusion sur Amazon, une version partielle de la Revue de Paris de 1905 qu'on peut confondre avec la version complète éditée par Arkae/an Here en 1998. Aujourd'hui ces éditions normalement gratuites se sont multipliées, on en trouve sept à 0,99 - 2,27 euros. Par contre la traduction complète en anglais de Linda Asher aux éditions Seven Stories Press est disponible en e-book pour 13,33 euros. À notre avis, l'association éditrice Arkae devrait aussi publier sa version électronique française pour contrecarrer les contre-façons !


 

10 Guido Autretius, Lesergayus

Billet du 03.07.2016 - « Avril - 4. Convoy et le 5 inh. de Guy Autret chev Sgr de Missirien, et de la Sergue » » / "Convoi le 4 avril et le 5 inhumation de Guy Autret chevalier Seigneur de Missirien et de Lesergué (Ergué-Gabéric)", Registres Mortuaires de St-Sulpice, Paris.

La découverte de ce registre disponible sur Internet sur le site Gallica de la BNF nous a conduit à construire un espace réservé à Guy Autret, ce qui permettra d'y inscrire ses innombrables lettres et publications, rangées année par année, jusqu'en 1660 année de sa mort.

En commençant par deux lettres de 1655 à son ami parisien Pierre d'Hozier. Dans la première il montre son attachement familial au catholicisme en édifiant une chapelle dédiée à St-Joachim, et en même temps il déclare son admiration aux huguenots.

Dans la deuxième lettre transcrite, comme quelques initiés de ce milieu de 17e siècle, il découvre cette toute nouvelle plante médicinale : « Monsieur du Hamel m'avoet envoië de Beleme une drogue nomée du thé, qui est une feille qui vient des Indes, l'ordonance porte qu'il en faut prendre en un bouillon, le matin, le pois d'un escu ».

Le corps de Guy Autret a été convoyé et exposé le 4 avril 1660 en l'église de St-Sulpice et inhumé le lendemain. On peut voir aujourd'hui encore dans les cryptes de cette église des monuments et plaques funéraires dont certains datant du 17e siècle : de Montmorency en 1690, Blondel Nicolas-François en 1686, Marolles Michel en 1681, Olier Jean-Jacques en 1657 ...

C'est une opération chirurgicale, l'opération de la pierre, qui provoqua sa mort, car il souffrait depuis de nombreuses années de calculs ou lithiase urinaire. Le 15 septembre 1655 il se posait déjà la question d'une opération chirurgicale : « mon mal, qui est une carnosité au spinter et prostats, ne guerira jamais sans une opération manuele ».

Il est probable que Guy Autret, lors de ce dernier séjour à Paris, était hébergé au 56 rue Saint-André des Arts, plus exactement qui était à cette époque l'hôtel de Lyon. Ainsi en témoigne l'inventaire des dépenses occasionnées par son inhumation: « laquelle some a esté trouvée dans les coffres de deffun Mr de Missirien après son decebz ... Fait à Paris, à l'hotel de Lyon, rue Saint-André des Arts », ce document des archives finistériennes E 227 ayant été communiquées par Daniel Bernard.

 

Le 10 avril suivant, la veuve de Guy Autret, Françoise Le Borgne présida une messe en sa mémoire, à laquelle assistèrent de nombreux amis quimpérois et les habitants d'Ergué-Gabéric. Julien Furic du Run, avocat et jurisconsulte réputé, y prononça un éloge en latin qui fut imprimé comme une affiche mémoriale : « HIC IACET GUIDO AUTRETIUS, MYSSIRENIUS, LESERGAYUS, EQUES TORQUATUS, LAUTHECHII fortunâ dignus, non minus propriâ Virtute, quàm alianà Clarus ».

L'épitaphe se termine en langue française : « C'EST EN VAIN QU'UN PINCEAU TRAVAILLE A TA MEMOIRE, TES BEAUX ESCRITS (AUTRET) MENENT DROIT A LA GLOIRE ».

En savoir plus : « Espace Guy Autret (17e) », « Mort et inhumation du chevalier Guy Autret de Lezergué en 1660 », « Lettre du 31 janvier 1655 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XL) », « Lettre du 19 may 1655 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XLI) »
Nota: le bulletin trimestriel Kannadig est en cours de préparation, avec comme objectif une distribution dans une quinzaine.


 

11 Histoire et patrimoine d'Annam

Billet du 25.06.2016 - « une petite chapelle consacrée à une déesse, ... on ne pouvait mieux la comparer qu'à la Ste Vierge qu'on voit dans nos campagnes bretonnes, parée et habillée dans une belle niche, les jours de pardons », Rochers de marbre, Da Nang / Tourane, Cochinchine

Il s'agit d'abord d'un évènement historique en 1845 observé par deux marins, le chirurgien breton Jean-René Bolloré et le commandant Fornier-Duplan, tous deux sur la corvette à voiles l'Alcmène, en campagne militaire dans un royaume nommé à l'époque Cochinchine, en incluant sa partie Nord en pays d'Annam où réside son empereur de la dynastie Nguyen.

Le journal de bord du commandant de l'Alcmène a été publié en 1907-1908 dans les tomes 29 et 30 du Bulletin de la Société de Géographie de Rochefort. Celui du chirurgien Bolloré a été édité en 1979 par son arrière petit-fils Gwenn-Aël et la Société Finistérienne d'Histoire et d'Archéologie.

Le 1er décembre 1842, la corvette de guerre, l'Alcmène, est affrétée à Rochefort et va entamer une campagne de 4 ans en longeant les côtes africaines et fait halte au Brésil à Rio-Janeire. Le voyage se poursuivra au large du Cap, puis près de l'île de France (île Maurice) où ils prêtent secours aux marins d'un navire marchand anglais qui sombre devant eux. Il fera ensuite des escales à Singapoor, en Malaisie et en Chine.

Pour l'épisode cochinchinois, le journal de J.-R. Bolloré est plus descriptif que celui du capitaine, des notes manuscrites rédigées plus tard ayant été manifestement ajoutées lors de la publication. Il développe notamment les origines de la présence missionnaire en Cochinchine, et propose une leçon d'histoire et de généalogie de la dynastie des empereurs : « Migues-Man, fils illégitime de Gya-Long , monta alors sur le trône. Dès lors, la puissance des Français tomba en décadence. »

Le chirurgien est également attentif aux coutumes locales et à la beauté des lieux, notamment les cinq montagnes de marbre de Danam / Tourane avec ses magnifiques pagodes boudhistes. C'est un véritable guide touristique qui pourraient intéresser les touristes d'aujourd'hui : « Le hasard encore nous servit à souhaits, car nous vîmes la plus belle de toutes les pagodes, la 7e des merveilles... C'est en montant que nous vîmes cette inscription : grotte du ciel, de la terre et de la mer ... une demeure pour les Bonzes et une pagode où ils font leurs cérémonies ... Tel est le petit voyage que j'ai fait aux rochers de marbre, et dont le souvenir me sera toujours très agréable. »

Il exprime par ailleurs une critique du comportement des missionnaires chrétiens en Cochinchine qui ne sont pas attentifs aux volontés locales : « Toutes deux sont par trop partiales, et ne parlent uniquement que de tout ce qui serait possible de faire pour améliorer le sort des Missionnaires, et faire tolérer le christianisme en Cochinchine. M. Chamaison va même jusqu'à dire que, à cause de l'arrestation de Monseigneur Le Fèvre, ipso facto, dit-il, on pourrait menacer l'Empereur de la Cochinchine d'une guerre avec la France. »

 

Néanmoins, la campagne de l'Alcmène a constitué une mission de paix avec les échanges de lettres entre le Commandant et les mandarins (grands commis) de l'Empereur de Cochinchine, les cérémonies de négociations à bord ou à terre dans les pagodes du village voisin, les remises de cadeaux cochinchinois, et enfin l'arrivée du prisonnier libéré, l'évêque missionnaire Dominique Lefèvre (dont il fait un portait peu amène).

Cela ne suffira malheureusement pas pour éviter la guerre : en 1857, le nouvel empereur d'Annam Tự Đức fit mettre à mort deux missionnaires catholiques espagnols. En septembre, un corps franco-espagnol débarqua à Tourane (l'actuelle Da Nang) et la guerre s'enlisera jusqu'en 1862. Quant à Jean-René, il est de retour au pays breton depuis 1846 et préside aux destinées de la papeterie familiale d'Odet.

En savoir plus : « La libération d'un missionnaire au royaume d'Annam, journaux de bord de l'Alcmène 1845 »,
« BOLLORÉ Jean-René - Voyages en Chine et autres lieux » (cartes de navigation jointes)

12 Un patrimoine multiséculaire

Billet du 18.06.2016 - « Il est de la responsabilité de tous de veiller à ce que les nouveaux moyens de diffusion de l'information se traduisent par un enrichissement, et non un appauvrissement du patrimoine culturel mondial », Pierre Joliot / La Recherche passionnément.

Les statues anciennes et les autels-retables de la chapelle de St-André constituent un élément remarquable du patrimoine gabéricois et mériteraient d'être restaurées rapidement avant que leur état ne se dégrade encore plus.

Ce n'est pas un retable qu'il y a dans cette petite chapelle, mais trois, un pour chaque pan du chevet. Et plus est, il s'agit de retables d'origine lavalloise. Le retable lavallois est une forme particulière à l'origine d'une école et figure parmi les plus originaux de France du début du 17e siècle : le retable de tuffeau et de marbre qui fera la renommée des architectes lavallois dans tout l'Ouest de la France.

Bien que classé aux Monuments Historiques depuis 1992, l'ouvrage finistérien de St-André est plus modeste que les majestueux retables-autels de Mayenne ou d'Ille-et-Vilaine, mais nos trois retables gabéricois ont un certain charme, et gageons qu'une future restauration leur donnera un peu plus d'éclat. Les têtes d'angelots qui ornent les retables de saint André sont très expressifs, et les figures avec boules et sarments de vigne donnent une beauté indéniable à l'ensemble.

Quant aux vieilles statues à restaurer on peut les diviser en trois groupes distincts :

I. La seule statue conservée en tuffeau, un saint Pierre qu'on a souvent confondu avec saint André. On voit toujours la partie inférieure d'une clef dans sa main droite. Il y avait également un saint Paul de même facture, lequel s'est brisé au sol dans les années 1960.

II. Le deuxième groupe regroupe quatre très vieilles statues en bois polychrome, datées du 17e siècle, à savoir les 3 évangélistes saints Marc, Mathieu et Luc, et la martyre sainte Barbe.

L'état de ces statues est très préoccupant : le bois est rongé par endroit, il manque des bouts de membres (pouce ou main), et des marques de vrillettes ou de moisissures sont apparentes. Quand pourra-t-on redonner des mains et une belle figure à sainte Barbe ?

III. Le troisième groupe est constitué d'un Christ en croix, entouré des statues de la Vierge et de saint Jean, et accompagné d'un ange aux ailes déployées. Ces statues sont certes abîmées et méritent restauration, mais moins que le second groupe. Et quand un vrai toit sera posé sur la chapelle, on pourra placer ce groupe de statues au dessus des colonnes et frontons surmontant les retables nord et central.

 

Dans l'article, chacune de ces statues est présentée par une fiche explicative et quelques clichés. Rappelons aussi que les deux statues réalisées en 1930-50 par Laouic Saliou pour la chapelle (billet du 28.05.2016), à savoir un saint André et un saint Jacques, n'ont pas vraiment besoin d'être restaurées, contrairement aux retables et statues multiséculaires.

En savoir plus : « Les retables lavallois et les statues anciennes de la chapelle St-André »

Erratum : dans le billet d'il y a 15 jours, il était question d'une supposée annexion du manoir de Kerstrat en Chateaulin par le domaine noble de Lezergué. Après interrogations et recherches collectives, un manoir de Kerstrat a été localisé au 17e siècle sur le territoire d'Ergué-Gabéric. Cet été nous organiserons une chasse aux trésors pour retrouver ses traces.

13 Une juveignerie de ramage

Billet du 12.06.2016 - « Juveignerie, s.f. : avantage accordé en droit féodal à un puîné par rapport à l'aîné, en Bretagne et en Poitou. Les puînés devaient tenir leur héritage comme "juveigneur en ramage de l'aîné", c'est-à-dire comme faisant partie de la même famille. »

Le comte de Rosmorduc a effectué un énorme travail de transcription des arrêts de la Chambre de réformation du Parlement de Rennes : « C’est pour refouler dans les rangs de la bourgeoisie les nombreux intrigants, qui voulaient se faufiler dans le corps de la Noblesse, que Louis XIV ordonna, en 1668, une recherche générale pour toute la France. En Bretagne, une commission, qui reçut le nom de Chambre de la Réformation, fut désignée pour procéder à la vérification de la noblesse ; elle se composait des personnages suivants, qui appartenaient tous au Parlement de Rennes.  »

Pour Ergué-Gabéric une famille noble résidente pendant 7 générations, les Kersulgar ou Quersulgar, bénéficient d'un arrêt de maintenue ; l'origine du patronyme Kersulgar est mystérieuse, mais leur domaine bien réel, centré sur le manoir aujourd'hui disparu de Mezanlez en Ergué-Gabéric.

En 1668, le fils aîné François de Kersulgar fournit un nombre important de papiers familiaux pour prouver sa noblesse et la Chambre le conforte dans son titre d'écuyer, premier niveau de l'ordre : « le gouvernement noble et advantageux, sans avoir degeneré ny faict aucunne action de rotture, et ont aussu tousjours pris les quallites de nobles et escuyers ».

Les sept générations de Kersulgar, aînés ou puînés, et leurs alliances :

Les documents d'archives fournis et apportant des preuves de noblesse sont les suivants :

  • réformation des nobles de 1426 (Allain I), montre militaire de 1480-81 (Yvon) et réformation de 1536 (Allain II).
 
  • les actes de mariages avec enrichissements par alliance : le premier mentionné d'Yvon et Beatrix de Kervezaout en 1448, celui de Jan et Marye de Kerourfil en 1616 ...
  • les actes de partages entre héritiers, frères et soeurs, à chaque génération : entre « Yvon et Henri Quersulgar, freres germains » en 1479, ... , entre Jan et ses 3 sœurs juveigneures « à charge de tenir les heritages mentionnes audict partage et assiette à ramage dudidt de Quersulgar » en 1611 ...

Ce qui est récurrent, c'est la protection des puîné(e)s en cas de succession par le système spécifiquement breton de la « juveignerie ». La règle appliquée en cas de partage est rappelée : « sçavoir les deux parts à l’aisné et le tiers aux juveigneurs  ». Mais les biens du domaine noble de Mezanlez ne seront pas éclatés pour autant car « la marque et juveigneurye de ramage » ont été maintenues à chaque succession et partage, le mot « ramage » rappelant que les différents biens sont gérés comme faisant partie d'un tout familial.

En savoir plus : « 1668 - Reconnaissance de l'antienne extraction noble de François de Quersulgar »


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