La chaussée, le bief et l'eau du moulin du Cleuyou - GrandTerrier

La chaussée, le bief et l'eau du moulin du Cleuyou

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Catégorie : Patrimoine
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§ E.D.F.
Dans la série des richesses du patrimoine naturel communal, voici l'histoire ancestrale de l'alimentation en eau du moulin du Cleuyou, depuis le barrage ou « chaussée » [1] sur la rivière du Jet.

En début d'été 2015, une brèche a changé le cours de la rivière, asséchant le bief d'amenée, et privant de son eau le moulin magnifiquement restauré.

En octobre une solution a été trouvée par les collectivités locales pour engager le colmatage de la berge sud du barrage et pour que la roue du moulin puisse tourner comme jadis.

Autres lectures : « Archives du Cleuyou » ¤ « 1566 - Minu et dénombrement par Guillaume Rubiern sieur du Cleuziou » ¤ « 1620 - Aveu de Louis de Kermorial pour Anne Rubiern héritière du Cluziou » ¤ « 1644 - Aveu de Pierre de Kermorial pour Le Cleuziou suite au décès d'Anne Rubiern » ¤ « 1794 - Inventaire et estimation du moulin du Cleuyou » ¤ « Les moulins du manoir du Cleuyou » ¤ « 1791 - Subrogation du petit et grand renable du moulin du Cleuziou » ¤ « 1796 - Vente et procès verbal d'estimation du moulin du Cleuziou » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Les voisins du barrage et du début du bief sont unanimes : « C'est la première année que le bief est à sec et que l'eau de la rivière se détourne de son cours à cet endroit ».

En effet, sur la berge sud, l'eau a profité qu'un arbre tombe, pour s’engouffrer en creusant une dérivation dans une prairie d'Ergué-Armel, et en laissant un fort courant suivre le lit naturel du Jet. Par conséquent le cours parallèle, sur la rive nord, côté Ergué-Gabéric, à l'entrée du bief du Cleuyou, est à sec.

En terme de législation, de tout temps, les propriétaires de moulin ont bénéficié d'un « droit d’eau » pour exploiter la force motrice de l’eau et conserver l'eau dans leurs biefs [2]. On distingue deux catégories de moulins pour instruire les dossiers litigieux : le droit fondé « en titre », quand l’ouvrage est antérieur à la Révolution de 1789, et le droit fondé « sur titre », établi après 1790 (loi du 20 août 1790 qui abolit les droits féodaux) selon la circulaire ministérielle du 23 octobre 1851.

Le manoir du Cleuyou rentre dans la première catégorie car la preuve de l’existence du moulin et de son droit d’eau associé est établie depuis au moins 1566.

Dans ce document « aveu » la description englobe même le barrage, appelée « chaussée », sur la rivière : « Item, le moulin noble, o son destroit [3], byé [2], chaussé [1] ». Cette chaussée est également mentionnée en 1794 en pleine période révolutionnaire.

Aujourd'hui le barrage n'est plus en propriété privée, mais publique et en ligne de partage entre deux communes, et bien sûr sous le contrôle des administrations départementales.

 

Rappelons aussi que le Petit et le Grand Ergué était une grande paroisse unie il y a quelques siècles, et d'autre part le lieu du Cleuyou aujourd'hui sur Ergué-Gabéric, dépendait précédemment d'Ergué-Armel.

L'activité meunière du Cleuyou fut de tout temps importante : en 1809 avec ses deux roues de type horizontal c'est le plus productif de la commune : 20 quintaux de farine par jour (des quintaux métriques faisant 200 litres). En 1893 l'activité de production de farine a laissé sa place à un petit moulin à tan. Aujourd'hui la roue verticale du moulin est toujours fonctionnelle et peut produire de l'électricité, ce qui contribue positivement à la recherche d'énergie renouvelable, sous condition de disposer de la force hydraulique.

[modifier] 2 Les lieux asséchés

 

[modifier] 3 Aveux médiévaux et biens nationaux

En 1566 dans un aveu [4], Guillaume Rubiern à son évêque à qui il devait une chefrente [5], c'est un moulin noble qui est décrit ainsi : « Item, le moulin noble, o son destroit [3], byé [2], chaussé [1] ».

C'est donc dans sa globalité sur le moulin est inventorié : depuis le barrage ou « chaussée » qui traverse latéralement la rivière du Jet pour permettre au courant de se répartir dans le lit naturel et dans le bief ou « byé » qui sur quelques centaines de mètres achemine l'eau jusqu'à la roue du moulin et les « destroits » (les habitations des meuniers).

 

Cette formulation « moulin noble, destroit, bief et chaussée » sera reprise systématiquement dans les documents inventaires du 17e siècle, en 1620, 1644, 1666, et 1679.

En 1795 le manoir et le moulin sont confisqués à leur propriétaire noble émigré par les autorités révolutionnaires, et vendus aux enchères. L'expert, chargé de l'estimation, prend la décision de créer deux lots séparés : d'une part le premier avec le manoir et les terres principales du domaine, et d'autre part le moulin et ses abords, ainsi que la parcelle « Broannec » lacqueuse qui s'étend jusqu'au barrage d'amenée, c'est-à-dire la « chaussée » [1].

[modifier] 4 Annotations

  1. Chaussée, s.f. : barrage, ouvrage maçonné submersible en travers d'un cours d’eau naturel, avec une partie supérieure appelée déversoir, permettant l’amenée de l’eau de la rivière vers le moulin. Source : riverainsdefrance.org[Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3]
  2. Bief, byé, bué, s.m. : Canal qui conduit l'eau d'une rivière ou d'un ruisseau sur une roue hydraulique pour la faire tourner. Source : Chabat, 1881. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2]
  3. Destroit, s.m. : territoire situé autour du moulin où les meuniers logeaient et travaillaient, synonyme de « moutaux » ce terme désignant les usagers d’un moulin. Source : Jean GALLET dans "La seigneurie bretonne (1450-1680)". [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1]
  4. Aveu, s.m. : déclaration écrite fournie par le vassal à son suzerain lorsqu’il entre en possession d’un fief, à l'occasion d'un achat, d'une succession ou rachat. L’aveu est accompagné d’un dénombrement ou minu décrivant en détail les biens composant le fief. La description fourni dans l'aveu indique le détail des terres ou tenues possédées par le vassal : le village dans lequel se situe la tenue, le nom du fermier exploitant le domaine congéable, le montant de la rente annuelle (cens, chefrente, francfief) due par le fermier composée généralement de mesures de grains, d'un certain nombre de bêtes (chapons, moutons) et d'une somme d'argent, les autres devoirs attachées à la tenue : corvées, obligation de cuire au four seigneurial et de moudre son grain au moulin seigneurial, la superficie des terres froides et chaudes de la tenue. Source : histoiresdeserieb.free.fr. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  5. Chefrente, s.f. : rente perpétuelle payable en argent ou en nature au seigneur suzerain par le détenteur d'un héritage noble. La chefrente était en principe immuable (Yeurch, histoire-bretonne). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Richesses du patrimoine communal.

Date de création : Août 2015    Dernière modification : 30.12.2015    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]