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Sommaire

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1 De l'Art poétique et panégyrique

Billet du 27.01.2018 - « Dans ces écrits loyaux qui tombent de ma plume | J'étouffe mes ennuis et brave l'amertume. | Et j'écoule mes jours en cette compagnie - Sans honte, sans regrets, sans aucune envie. », Strophe 18 du Petit Panégyrique de Jean-Marie Déguignet

Le cahier manuscrit n° 20 de Jean-Marie Déguignet, publié en 2001 dans l'édition intégrale de ses mémoires « Histoire de ma vie » et en 1999 dans l'édition partielle « Rimes et révoltes », contient un magnifique poème que l'auteur présente sur un mode presque humoristique : « Maintenant je vais adresser un petit panégyrique à mes écrits, mes seuls amis qui me consolent un peu de l'ennui et de la misère dans mes vieux jours. ». Généralement un éloge panégyrique est prononcé en l'honneur d'un personnage adulé, mais ici en l’occurrence l'auteur n'a trouvé aucun autre modèle à honorer.

Et il nous délivre pas moins de 54 quatrains ou strophes de 4 vers, avec une métrique de vers alexandrins, soit 12 pieds incluant généralement une césure au 6e pied. Les rimes de chaque quatrain sont plates ou suivies, c'est-à-dire de type AABB, alternant ou non les rimes féminines avec e muet et les masculines :

C’est à vous, mes écrits, qu’aujourd’hui je m’adresse,
Vous les consolateurs de ma triste vieillesse.
Vous êtes mes enfants, enfants infortunés,
Comme moi en ce monde, vous êtes ignorés.</small>

Les 6 premières strophes font le parallèle de destin entre ses écrits et sa propre vie : vont-ils être dévorés par les rats et pourrir comme des grimoires ? À partir de la 7e strophe, les « franches vérités » de ses écrits sont opposées aux messages mensongers, stupides, inutiles des Évangiles chrétiens :

Tandis que des écrits comme les Évangiles,
Faits pour voler les sots, berner les imbéciles,
Tous ces écrits menteurs, stupides, libertins,
Sont fort recommandés comme écrits divins,

Aux strophes 11 et 12 il cite in-extenso entre guillemets Nicolas Boileau, l'auteur de « L'Art poétique », dans son Épitre n. 9 sur le thème du beau et du vrai. Mais Déguignet ajoute « Tu parles bien mon vieux et met en exergue sa fausseté lorsque Boileau fit l'éloge du grand Louis le quatorzième.

« Rien n’est beau que le vrai : le vrai seul est aimable ;
Il doit régner partout, et même dans la fable.
De toute fiction l’adroite fausseté
Ne tend qu’à faire aux yeux briller la vérité. » (Boileau)

Dans les strophes 18 et suivantes, il se sert de ses « loyaux écrits » qui lui permettent, dit-il, de voyager au temps des premières civilisations anciennes : « Par ces enfants chéris issus de ma mémoire Je parcours le ciel, la terre et l'histoire ». Après l'évocation des dieux mythiques, son voyage se termine par une description du Paradis qui se termine en strophe 41 : « Ce bouge inventé par le bandit Jésus ».

Les strophes suivantes sont une une sorte d’apothéose didactique sur le sens de la vie : « Voilà comment je vis d'une seconde vie Grâce à mes écrits, à ma philosophie.  ». Sa philosophie repose essentiellement sur la critique de la métempsychose de Lucrèce et Pythagore qui affirment que l'âme existe en dehors du corps :

    Dessin de Christophe Babonneau, BD du paysan bas breton, T1 :

Ceux-là ont confondu l'âme et la matière.
Dans ce petit monde il n'y a que poussière
Toujours se décomposant et se recomposant
Formant de tous les êtres la vie et le mouvement.

Aujourd'hui ce poème a l'honneur d'être inscrite comme œuvre majeure dans une Anthologie de la Poésie française. Son auteur,. Christian Tanguy, né en 1961 dans une ferme finistérienne, a publié en 2013 cette anthologie de référence, « Florilège », où se relaient quelques 700 poèmes de 250 poètes francophones .

Certains de ces poèmes sont connus de tous, comme « L'Invitation au Voyage » de Charles Baudelaire ou « Le Dormeur du val » d'Arthur Rimbaud, mais les autres, ancrés dans la poésie de l'âge baroque ou dans celle des poètes maudits, n'ont été que rarement réimprimés. L'anthologie inclut sept poètes bretons seulement, à savoir Gérard Le Gouic, René-Guy Cadou, Georges Perros, Max Jacob, Paol Keineg, Victor Segalen, Tristan Corbière, et Jean-Marie Déguignet.

Par ailleurs les premières strophes de ce poème plein d'énergie invocatoire est aussi traduit en anglais par Linda Asher et fait la couverture des nouvelles « Memoirs of a Breton Peasant » :

To you, my writings, do I address these words today,
You consolers of my sad old age.
You are my children, luckless children,
Like me in this world, you are ignored.

En savoir plus : « L'art poétique selon Jean-Marie Déguignet dans son panégyrique à ses écrits », « TANGUY Christian - Florilège, anthologie de la Poésie française », « DÉGUIGNET Jean-Marie - Memoirs of a Breton Peasant »

2 Statues de saints en 1942 et 2017

Billet du 20.01.2018 - Lors de la dernière journée du patrimoine, les services municipaux du patrimoine avaient orchestré le retour de statues de la chapelle Saint-André après leur restauration. En 1942, 75 ans plus tôt, c'est le recteur Gustave Guéguen qui procédait à une opération similaire.

En cette rentrée 2017, il s'agissait de quatre très vieilles statues en bois polychrome du 17e siècle, à savoir les trois évangélistes saints Marc, Mathieu et Luc, et la martyre sainte Barbe. L'état de ces statues était très préoccupant : bois rongé par endroit, des bouts de membres (pouce ou main) manquants, et des marques de vrillettes ou de moisissures apparentes.
Entre décembre 2016 et octobre 2017, ces 4 statues ont fait l'objet d'une très belle restauration par les professionnels experts de l'Atelier Régional de Restauration de Kerguehennec / Bignan (56). Le 14.09 les œuvres d'art datées du 17e siècle sont revenues à la chapelle juste avant la fête du patrimoine.
Les témoignages de Gilles Man-toux et Hélène Champagnac de l'atelier régional apportent un éclairage sur les difficultés de leur tâche : « Les quatre statues sont taillées dans du châtaignier, lequel par son tanin, crée un répulsif pour les insectes xylophages. Cela a permis aux statues de saint Mathieu, saint Marc, saint Luc, et sainte Barbe d'être moins sensibles à la détérioration » ; « Nous n'avons pas remplacé les mains coupées de sainte Barbe car aucun document ne nous permet de connaître leur position, leur forme ni ce qu'elles tenaient. Ce sont des œuvres originales sculptées dans une bille de bois par un artiste. Ce ne sont pas des séries comme on en trouve au XIXe siècle. »

Les quatre statues ont été remises en place et fixées sur leur piédestal, en position haute, et les saints, comme ils le faisaient jadis, accueillent les visiteurs qui entrent dans la nef de part et d'autre de la porte sud de la chapelle. Sainte Barbe à gauche, saint Marc à droite, et en face sur le mur nord saint Luc côté occidental et saint Mathieu côté autel.

Article 1 : « Les retables lavallois et les statues anciennes de la chapelle St-André »

  À Ergué-Gabéric, dans les années 1930-50, tout le monde connaissait Laouic Saliou, originaire du quartier de Keranna,
qui était un sculpteur et ébéniste de talent et qui a réalisé de nombreuses statues visibles dans les chapelles gabéricoises. Parmi celles-ci il y le saint Jacques qu'on honore à la chapelle de Saint-André, car la fontaine proche lui est consacré.

Dans cet entrefilet du journal « Le Progrès du Finistère » daté du 1er août 1942, on apprend les conditions dans lesquelles la statue fut bénie sur place lors du pardon de la chapelle. La chapelle en question est dite de sainte Anne, car, certes plus connue sous le nom de chapelle Saint-André, elle bénéficie d'une double invocation. Et le pardon principal avec procession avait lieu le jour de la sainte Anne, en l’occurrence le 26 juillet.

En 1942 il s'agit de bénir « une nouvelle statue de S. Jacques destinée à la fontaine nouvellement restaurée », en remplacement d'une statue de pierre qui ornait la niche de la fontaine de saint-Jacques, halte des pèlerins du Tro-Breizh ou vers St-Jacques de Compostelle. La statue de Laouic sera ensuite mise à l'abri des convoitise sur l'autel de la chapelle.

Le cérémonie se passe ainsi : « Après les vêpres, la statue fut bénite et portée en procession jusqu'à la fontaine où M. Duvail, fabricien, la déposa dans sa niche. Là, quelques prières furent récitées par l'officiant, M. l'abbé Aulnette, du diocèse de Nantes. »

Le recteur qui officie est Gustave Guéguen, que tout le monde appelait familièrement « Gustav  », et on l'imagine très fier et très inspiré lors de cette cérémonie, alors qu'il n'est nommé à Ergué-Gabéric que depuis quelques mois.

Article 2 : « Bénédiction de la statue St-Jacques à St-André, Progrès du Finistère 1942 »

3 Armes et lettres patentes royales

Billet du 13.01.2018 - Cette semaine, la transcription complète de trois documents d'archives : un acte prônal de 1634, des lettres patentes authentiques du roi Louis XIII en 1638 et le registre du Parlement de Bretagne en 1639, le tout pour les droits de prééminences du sieur Guy Autret à Ergué-Gabéric.

Le premier document, daté du 5 mars 1634 et qualifié d'acte prônal car lu pendant les annonces qui suivent l'homélie du prêtre, authentifie sous le seing de deux notaires royaux le consentement des prérogatives du seigneur local Guy Autret par une assemblée de paroissiens. Il s'agit de l'original en papier parcheminé à l'encre pâlie et difficile à déchiffrer. L'acte est lu lors du prône de la grande messe dans l'église paroissiale pour accorder au seigneur de Lezergué « le droict d'avoir ses armes en la victre de la chapelle de saint Guehnollé, et costé de l'évangile en la dicte esglise paroissiale d'Ergué Gabellic ».

À « la dicte grande messe célébrée par messire Allain Le Balch curé de la dicte parroisse assistoit grand nombre des habitants » et pas moins de 45 paroissiens mettent leur noms pour autoriser les armoiries locales à la chapelle de St-Guénolé et « remettre les armes et bancq de la seigneurie de Lesergué au lien ou ils estoient auparavant » dans l'église paroissiale.

Les deuxième et troisième documents sont constitués des lettres patentes royales reçues en août 1638 et de leur mise en exécution par le Parlement de Bretagne le 12 janvier 1639. La lisibilité est facilitée car ce ne sont pas des originaux, mais des copies ultérieures du 18e ou 19e siècle et conservées aux Archives Départementales du Finistère.

Dans ses lettres patentes commençant par un tonitruant « Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre à tous présents et à venir salut.», le roi Louis XIII formule lui-même ses intentions : « voulant favorablement traiter notre cher et bien aimé Guy Autret sieur de Missirien et de Lezergué, chevalier de notre ordre de St Michel », « suffisamment informé que la terre seigneurie qu'il possède par succession immémoriale de ses prédécesseurs, est belle et bien bâtie, noble et des plus anciennes de l'Evesché de Cornouaille en notre province de Bretagne », « ornée de tous droits de haute moyenne et basse justice, colombier, garennes, moulins, domaines, ... intersignes de noblesse. Voulant encore en faveur dudit sieur de Missirien augmenter les honneurs et dignités de la terre ».

La décision royale est très généreuse : « donnons octroyons et accordons de par ces présentes signées de notre main tous et tels droits honorifiques et prérogatives et prééminences qui nous appartiennent en l'église paroissiale d'Ergué Gabellie, et en la chapelle de St Guénolé situé en la même paroisse hors l'église paroissiale, avec tout pouvoir de faire mettre ses armoiries, blasons et enseignes de noblesse au dedans et au dehors des dites église et chapelle au lieu plus éminent, tant en vitres, lisières qu'en bosse, en tous endroits que bon lui semblera ».

La formule finale consacrée « Car tel est notre plaisir » conclut la lettre royale, suivi de la mention « Par le roy » et du nom et signature du surintendant des finances, à savoir Claude Bouthillier.

Toute lettre patente, préparée par le Conseil du roi et contresignée par un secrétaire d'état, doit être scellée de cire verte du grand sceau royal et faire ensuite l'objet d'un décret d'exécution. Dans l'extrait de registre d'exécution par le Parlement de Rennes en janvier 1639, on note bien la description précise du sceau apposé sur les lettre d'août 1638 : « un grand sceau de cire verde à laqs de soye rouge et verde ». Les « laqs » sont les lacets colorés qui attachent le sceau au bas du parchemin.
 

Tous les blasons des Autret (10 bandes d'argent et azur) et de leurs prédécesseurs de Lezergué (croix potencée) et Coatanezre (trois épées), ont bien été mis dans le tympan de la maitresse-vitre de l'église paroissiale, entourés du collier jaune de l'ordre de Saint-Michel dont Guy Autret était chevalier. Sur le tout dernier blason Coatanezre qui est resté dans son état d'origine, on distingue même nettement la coquille dite de Saint-Jacques sur le collier.

La décision royale d'octroyer à Guy Autret les prérogatives appartenant à la couronne est conditionnée par le fait « que les armes du Roy seront mises au plus hault lieu de la principalle vitre de la dite église étant au grand authel aux frais du dit demandeur ».

Nous aurions donc du y trouver le motif armorial des trois fleurs de lys surmontées d'une couronne royale, faite également de fleurs de lys. Or le timbre supérieur de la couronne n'est pas très net et le blason est écartelé en 4 parties, en 1 et 4 des fleurs de lys (remplacés par 3 morceaux noircis de vitrail), et en 2 et 3 par des hermines : ces armes sont celles de Claude de France (1499-1524), reine et épouse de François 1er. Par ailleurs le blason est bien entouré du collier de l'ordre royal de chevalerie de Saint-Michel.

Par contre, au 2e rang on voit à gauche deux blasons surmontés de vraies couronnes ducales au motif feuillu, sans collier de Saint-Michel. À gauche les armes, en mi-parti des fleurs de lys et des hermines, sont celles de la duchesse Anne de Bretagne, mère de Claude de France, et à droite il s'agit du blason historique « D'hermine plain » du duché.

Lorsque le Parlement de Bretagne examine début 1639 la validité des lettres royales, il reprend les autres pièces d'archives, à savoir l'acte des « 28e mars et 17e avril 1499 touchant la haulte justice du manoir de Lezergué », un don de tabernacle du 25 février 1635 par Guy Autret et sa femme Blanche de Lohéac, un autre prônal de novembre 1638 confirmant le consentement des paroissiens, et deux actes prônaux datés L'arrêt reprend aussi la contestation locale d'Yves de La Marche du manoir voisin de Kerfors et de Jan de La Lande établi à Kergonan en Ergué-Gabéric également.

La conclusion du Parlement de Bretagne est sans appel : « La cour a ordonné et ordonne que les dictes lettres seront enregistrées au greffe de la cour pour en jouir l'impétrant d'icelles bien et duement suivant la volonté du Roy »

En savoir plus : « 1634-1639 - Acte prônal, lettres patentes du Roi, registres du Parlement et prééminences »

4 Édifiante soulographie électorale

Billet du 06.01.2018 - Merci à Pierrick Chuto de nous avoir communiqué ce rapport circonstancié décrivant avec un brin d'ironie les excès de consomma-tion d'alcool lors d'une réunion électorale tenue au bourg d'Ergué-Gabéric et sponsorisée par le candidat conservateur et les curés de la paroisse.

Cela se passe en plein climat d'interdiction des congrégations religieuses, juste avant la loi de séparation des églises et de l'état, une époque où, en Bretagne, les catholiques conservateurs et les républicains laïcs se disputent quotidiennement et de façon encore plus exacerbée lors des campagnes électorales.
En 1901 déjà, aux élections au conseil général, se présente le conservateur Henri de Beauchef de Servigny, « jeune avocat dynamique, ambitieux et riche » (cf le livre "IIIe République et Talennoù" de Pierrick Chuto) dans le canton de Quimper : à Ergué-Gabéric on vote massivement pour lui et, à la surprise générale, il gagne contre son opposant républicain Jules Soudry, proche d’Hémon.

En 1902 il se représente aux élections législatives contre Louis Hémon (lequel sera élu dès le premier tour avec 7519 voix contre 6959) dans la 1ère circonscription de Quimper. Le 11 avril 1902 le candidat Servigny est en visite au bourg d'Ergué-Gabéric pour une réunion électorale publique pendant laquelle sont distribués alcools et cigares.

Le compte-rendu, conservé dans le fonds Soudry des Archives Départementales, est dressé par « un passant attardé au bourg d'Ergué-Gabéric », un sympathisant républicain dénommé Nouille qui raconte à son conseiller général le « scandale de hier », à savoir comment la libation de la réunion publique s'est poursuivie dans tous les débits de boisson entourant l'église paroissiale.

La consommation de boissons est impressionnante : « Le vin rouge, le vin blanc, l'eau de vie coulèrent en abondance » ; « Les rafraichissements circulèrent de nouveau avec des paquets de cigarettes et de cigares » ; « Maintenant on dédaignait le vin et le cidre, c'était le cognac qui avait la   préfé-

 
rence » ; « quelques gosses de 15 à 16 ans qui, peu accoutumés à de pareilles ingurgitations de liqueurs rouler sur la route » ; « Le malheureux vint s'affaler sur une pierre du cimetière pour cuver son vin » ; « un mendiant qui avait fraternisé trop souvent avec la divine bouteille protestait de son dévouement à l'honorable candidat en criant d'une voix avinée : " Vive M. Servigny !! " ».

Et cela est bien dans la logique politique du candidat : « Pour atteindre son but M. de Servigny trouva que le plus sûr moyen était de s'adresser au ventre de ses invités : "Hémon, dit-il, a voté pour l'augmentation du prix des boissons, moi je suis absolument contre et je demanderai la suppression de cette loi". »

Les responsables gabéricois sont désignés par le dénommé Nouille : « ces messieurs, les curés », c'est-à-dire le recteur et le vicaire de la paroisse. Ce dernier est même désigné par un début de phrase rayé, l'auteur préférant finalement le pluriel. Le recteur est Jean Hascoet celui qui s'était opposé à la fermeture de l'école des sœurs, et le vicaire François Nicolas sera en 1904 accusé de prononcer en chaire des sermons bien marqués politiquement. En 1902 le témoin républicain dénonce « comment l'argent des curés s'évanouit en fumée et en boissons pour la cause sacrée ».

En conclusion, le rapporteur ironise encore une fois : « Ca a été une bonne soirée en l'honneur de Bachus  ».

En savoir plus : « 1902 - Le scandale arrosé de la réunion publique du candidat conservateur Henri de Servigny »

5 Les chroniques de début d'année

Billet du 01.01.2018 - « Annum novum faustum & felicem », « Bloavezh mad, laouen hag eurus », Une joyeuse et heureuse nouvelle année !

La formule consacrée est en latin cette année. Et ça tombe bien car le premier article du bulletin trimestriel porte sur un cartulaire rédigé en latin nous éclairant sur les fondateurs d’Ergué-Gabéric, alias Gabellic.

Ensuite, si nous remontons aux premiers siècles de notre ère, nous avons la fameuse voie romaine de Carhaix fréquentée par des attelages gallo-romains qui faisaient une pause à l’une des quatre pierres milliaires gabéricoises.

Toujours en latin cette notice qui authentifie un don de cire pour Kerdévot en 1439. Par contre à partir de 1448 les actes de Kerfors sont en français mais n’en restent pas moins difficiles à déchiffrer.

Les articles suivants évoquent des traces et reflets d’or au Stangala dès 1506, des terres confisquées aux hérétiques en 1592, un testament généreux pour une domestique en 1845, une escroquerie franc-maçonne au 18e siècle.

Et pour continuer ce sommaire à la Prévert, on signalera la très belle statue de granite de Sant Alar inaugurée début octobre, le livre des aventures d’Auguste Chuto qui se bat contre les Diables Rouges de la République, et aussi les cartes communales de 1860, 1920 et 1950. Et enfin, véritables cerises sur le gâteau, les bulles de cette bande dessinée mettant en scène l’enfance du paysan bas-breton Jean-Marie Déguignet.

Et les annales promises pour 2018, me direz-vous ? Pas de panique, elles arrivent ! Leur contenu est arrêté, la rédaction des articles est bien avancée, et on a trouvé l’œuvre d’art de la page de couverture dans la hôte du père Noël. On va bientôt lancer les revues croisées et contacter un éditeur.

Et pour finir, encore une formule magique : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », un slogan de municipalité qu’on prendrait bien à notre compte. TOUS ENSEMBLE donc derrière le GrandTerrier !

 
Lecture en ligne du bulletin trimestriel, avec fichier pdf pour l'impression en recto-verso : « Kannadig n° 40 Janvier 2018 »