1450-1540 - Adveus pour Ker(t/d)ug(d)oal extraicts de l'inventaire de Quimpercorantin
Un article de GrandTerrier.
| Les trois aveux [1] et folios ci-dessous sont extraits d'un registre d'actes de propriétés nobles du 15e et 16e siècle, résumés et retranscrits au 18e siècle par un archiviste de Quimper sous la cote A85.
On y a ajouté également un document daté de 1460, cote 32J70/1, permettant de mieux comprendre les rattachements du lieu. Le lieu-dit est orthographié Kertugoal en 1450, Kerdugoal en 1502 et Kertugdoal en 1540, et est connu de nos jours sous le nom de Kerdudal, prononcé Kerzul. Autres lectures : « 1454-1646 - Tous les adveus d'Ergue-Caberyc dans l'inventaire ADF-A85 de Kempercorantin » ¤ « 1459-1496 - Actes du fonds de La Marche pour les seigneurs de Kerfors » ¤ « Explications toponymiques relatives à Kerdudal » ¤ « Cartographie de Kerdudal » ¤ « 1692 - Le domaine congéable de Kerdudal sous René-Louis de La Marche et Guy de Charmoy » ¤ « Jérôme Salaun, agriculteur et mémoire de Kerzudal, Pont-Mein et Ste-Appoline » ¤ |
[modifier] 1 Présentation
Au 17e siècle le village de Kerdudal est une double tenue agricole à titre de domaine congéable vis-à-vis des héritiers de La Marche de Lezergué, anciennement de Kerfors. Le registre A85 et ses folios 527, 528, 537, et accessoirement 471 et 473, permettent de comprendre de ce qu'il en était aux 15e et 16e siècles et comment la transmission et l'intégration au domaine de Lezergué au 17e ont été possibles. Au folio 527, les trois villages de Munuguic (Menancic), Kerdudal (Kertugdoal) et Kerdohal (Kerdochal) sont déclarés en 1540 comme appartenant en partie à Anne Pezron veuve et mère de François Gauvain, seigneur de Stangbihan en Kerfeunteun. En fait, pour Kerdudal, une seule des deux tenues ou « estage » Cette succession trouve son explication dans un autre document de 1460 transcrit par Norbert Bernard, lequel est un acte d'échange entre Raoul Droniou et sa mère de Stangbihan d'une part et Caznevet de Kerfors d'autre part pour « ledit tiltre de eschange la moictié dun estaige Et le folio 471 du registre A85 pour Canevet de Kerfors en 1488 confirme bien qu'une tenue a été transférée : « la moitié d'un tenement d'heritage situé au village de Querdudoel ». Alors qu'un siècle plus tard, en 1614, les deux tenues de Kerdudal seront regroupées dans les mains d'Yves de La Marche, l'héritier de « Querfors », comme en atteste le folio 473 du même registre A85 : « Les étages de Kerdudoal et Penanros ... autre etage du village de Kerdudoal ». On peut donc conclure que Kerdudal n'était pas à l'origine un convenant de Lezergué, tout du moins pas avant que les de La Marche de Kerfors acquièrent le manoir voisin. Quand Lezergué était possession des Autret, les tenanciers de Kerdudal payaient leur rente à Kerfors, comme ils l'avaient fait précédemment aux seigneurs de Stangbihan. Mais une question se pose néanmoins au folio 528, au travers d'un aveu d'Henry Aultret en 1502 pour « herittages au village de Kerdugoal » (et de Quelenec, Pailocquen) présenté pour de simples droits de « rachapt » |
De plus la notion d'héritage non nommé est nettement moins consistante que celle de « estage » Il est difficile d'identifier cet Henri Aultret qui est antérieur aux générations qui ne se sont établies à Lezergué qu'à partir de 1575, doit l'historien et gazetier Guy Autret. Certes on sait que l'oncle de ce dernier, François Autret, seigneur de Kerveguen, sera mentionné comme détenteur du manoir de Kerstrat proche de Kerdudal, mais bien plus tard, en 1632. Au folio 537, on a aussi une belle énigme, à savoir un aveu pour « un estage et tenue au village de Kertugoal. » par un certain Bertrand de Lascoet. Était-ce Bertrand de Lescoet, le conseiller du roi Louis XI et capitaine du château de Loche de 1469 à 1475 : cela nous paraît très improbable. Peut-être s'agit-il d'un noble propriétaire Lescoet en bretagne (Guérande, Gouarec) ou un parent de l’évêque Charles du Liscouët. Enfin on notera les diverses orthographes du lieu-dit aux 15e et 16e siècle, Ker(t/d)ug(d)oal, avec une hésitation sur les lettres t et d, mais la certitude d'un emprunt au nom de l'un des 7 fondateurs légendaires de la Bretagne. Saint Tugdual, saint gallois du 6e siècle, fils de Koupaia, fut évêque de Tréguier, et a donné aussi le nom Landudal, paroisse proche d'Ergué-Gabéric. |
[modifier] 2 Transcriptions
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Folio 527 A85 - année 1540
Folio 528 - année 1502
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Folio 537 / année 1450
Document 32J70/1- année 1460 Document transcrit par Norbert Bernard. Au verso : « [non lu] Kerdudal et contract deschange dentre escuyer Raoul Droniou, sr du Stangbian, et Canevet Kerfors. »
Notes NB :
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[modifier] 3 Originaux
Lieu de conservation :
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Usage, droit d'image :
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les 3 folios | |||||
[modifier] 4 Annotations
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- Aveu, s.m. : déclaration écrite fournie par le vassal à son suzerain lorsqu’il entre en possession d’un fief, à l'occasion d'un achat, d'une succession ou rachat. L’aveu est accompagné d’un dénombrement ou minu décrivant en détail les biens composant le fief. La description fourni dans l'aveu indique le détail des terres ou tenues possédées par le vassal : le village dans lequel se situe la tenue, le nom du fermier exploitant le domaine congéable, le montant de la rente annuelle (cens, chefrente, francfief) due par le fermier composée généralement de mesures de grains, d'un certain nombre de bêtes (chapons, moutons) et d'une somme d'argent, les autres devoirs attachées à la tenue : corvées, obligation de cuire au four seigneurial et de moudre son grain au moulin seigneurial, la superficie des terres froides et chaudes de la tenue. Source : histoiresdeserieb.free.fr. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3]
- Estage, s.m. : habitation, demeure, bâtiment destiné à divers buts (Dictionnaire Godefroy 1880). Dans les documents d'aveux ou d'inventaire de succession, le terme désigne un corps de ferme et ses dépendances, et par extension est synonyme de tenue ou de convenant. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11]
- Rachapt, rachètement, s.m. : en terme de coutume droit du au seigneur à chaque mutation du fief (dictionnaire Godefroy 1880). Droit du au seigneur par un nouveau tenancier après une succession qui est appelé également relief ou rachat des rentes (Dict. de l'Académie). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4]
- Ligence, ligance, s.f. : état de celui qui est lié à son seigneur, qui lui a engagé sa foi ; vassalité hommage lige, l'obligation de cet hommage, et, selon Ragueau, qualité d'un fief qu'on tient nuement et sans moyen d'un seigneur, en raison de quoi on devient son homme lige (Dictionnaire Godefroy 1880). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 4,0 4,1]
- Foi et hommage, s.f. et s.m. : le vassal devait la foi et l'hommage, lorsqu'il entrait en possession de la terre, et lorsque le seigneur le demandait. La foi traduisait un lien personnel ; l'hommage, une reconnaissance du fief (Dict. de l'Ancien Régime). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 5,0 5,1 5,2]
- Chefrente, s.f. : rente perpétuelle payable en argent ou en nature au seigneur suzerain par le détenteur d'un héritage noble. La chefrente était en principe immuable (Yeurch, histoire-bretonne). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Pourpris, s.m. : enceinte, un enclos et parfois une demeure, dans la France de l'ancien régime, et par métonymie l'espace ainsi entouré, c'est-à-dire le jardin. La réalité désignée dépasse celle d'un simple jardin en ce qu'elle recouvre les différents éléments d'un domaine physiquement bien délimité et fermé (mur, fossé, etc.). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 7,0 7,1]
- Courtil, curtil, s.m. : jardin potager. Du bas latin cohortile, dérivé de cohors (voir Cour). Jardin, cour, enclos (Dictionnaire de l'Académie). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 8,0 8,1]
- Journal, s.m. : ancienne mesure de superficie de terre, en usage encore dans certains départements et représentant ce qu'un attelage peut labourer dans une journée. Le journal est la principale unité de mesure utilisée dans les inventaires pour calculer les surfaces des champs cultivés. Dans la région quimpéroise un journal vaut 48,624 ares, à savoir 80 cordes, soit environ un demi-hectare. Pour les jardins et les courtils on utilise le terme de « journée à homme bêcheur » correspondant à un 8e de journal ou 6 ares. Les surfaces des prés se mesurent en « journée à faucheur » ou « à faucher » équivalente à 2 journaux de laboureur, soit presque un hectare. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 9,00 9,01 9,02 9,03 9,04 9,05 9,06 9,07 9,08 9,09 9,10 9,11 9,12 9,13 9,14]
- Parc, park, s.m. : champ clos, procédant d'un emprunt du moyen breton parc au vieux français parc "lieu clos" en général. Le gallois parc et le cornique park sont issus de l'anglais park, également emprunté au vieux français (Albert Deshaye, dictionnaire des noms de lieux bretons). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 10,0 10,1 10,2]
- Terres froides, s.f.pl. : terres pauvres mises en culture de loin en loin parfois après un brulis, par opposition aux terres chaudes; les terres froides prennent le reste du temps la forme de landes qui servent de pâturage d'appoint, et fournissent divers végétaux utiles : bruyères et fougères pour la litière, ajoncs pour la nourriture des chevaux, genets pour la couverture de la toiture (Jean Le Tallec 1994). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 11,0 11,1 11,2 11,3]
- Frostages, s.f.pl. : terres incultes, friches, terres vaines et vagues ou terres froides. En breton le terme existe : Fraost , ad. g. -où (en) friche, parfois clair, desserré, & brut, grossier (dictionnaire Favereau). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 12,0 12,1 12,2]
- Issues, issue, s.f. : terre non cultivée d'un village servant à la circulation entre les habitations, les chemins et les champs ; les issues communes de villages pouvaient être utilisées par les plus pauvres pour faire "vaguer" leurs bestiaux ou ramasser du bois pour se chauffer. Lorsqu'un village est tenu en domaine congéable, les "issues et franchises" peuvent être incluses dans les aveux de déclaration des droits et rentes. Les inventaires et dénombrements contiennent également l'expression "aux issues" qui désigne l'éloignement par rapport au centre du village. Dans les descriptifs d'habitations, le terme "issues" désigne les portes et accès. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 13,0 13,1]
- Terres chaudes, s.f.pl. : terres cultivables, par opposition aux terres froides ; exploitées en rotation triennale, soit blé noir, seigle, avoine (Jean Le Tallec 1994). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Date de création : Octobre 2016 Dernière modification : 27.08.2018 Avancement : [Développé] |