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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Revision as of 7 février ~ c'hwevrer 2015 à 11:27 by GdTerrier (Discuter | contributions)
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Sommaire

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Modifications au jour le jour : [Journal des MàJs]
Anciennes pages de bienvenue : [Affiches]
Anciens billets : [Actualité, archives]

1 Dans la fosse des Comores

« Quant à l'histoire du Cœlacanthe, c'est une grande aventure. Ce poisson Crossoptérygien n'était connu que des paléontologistes qui tenaient sa famille pour éteinte depuis le Crétacé », Yves Coppens, Pré-ambules : Les premiers pas de l'homme.

Croquis de Laurent Quevilly publié dans « Mémoires parallèles », Gwenn-Aël Bolloré, Editions Jean Picollec 1996 ~ Billet GT du 07.02.2015
Croquis de Laurent Quevilly publié dans « Mémoires parallèles », Gwenn-Aël Bolloré, Editions Jean Picollec 1996 ~ Billet GT du 07.02.2015

Tout gabéricois qui se respecte, né avant les années 1970, sait encore aujourd'hui ce qu'est un cœlacanthe pour avoir vu ce poisson légendaire et ses immenses œufs, conservés au Musée océanographique d'Odet, du vivant de son fondateur et capitaine au long cours, Gwenn-Aël Bolloré. On croit même, à tort bien sûr, que ce dernier en est le premier découvreur, mais en fait depuis 1938 des scientifiques sud-africains et anglais ont décrit les premiers spécimens pêchés en eaux profondes.

En 1974 Gwenn-Aël Bolloré, qui a participé deux ans plus tôt à une mission scientifique du professeur Jean Anthony aux Comores (avec la pêche de deux cœlacanthes identifiés sous les numéros 70 et 71), publie ses réflexions sur les théories de l'évolution et son journal de bord, sous le titre « Evolution et pêche au cœlacanthe ». Et l'année suivante la revue Historama en édite un résumé : « Histoire de l'évolution : le cœlacanthe, fossile vivant mais inexplicable » .

En 1976 Jean Anthony, breton également, né à Chateaulin en 1915, fait paraître l'histoire complète de sa découverte, et décrit ainsi l'arrivée de son ami Bolloré : « 8 janvier. Dans une heure, l'effectif de l'équipe aura doublé. Gwenn-Aël Bolloré et Quentin Bone (" british marine biologist ") vont débarquer vers 10 heures de l'avion de Dar es Salaam. Inutile de les présenter l'un à l'autre, ils ont fait connaissance dans les nuages - Bone a dû repérer Gwenn-Aël Bolloré à sa casquette de marin - et se montrent pleins d'entrains en dépit d'une fin de traversée pénible. ».

En 1981, lors d'un reportage des équipes de FR3, Gwenn-Aël nous explique, dans son musée, devant des œufs et un cœlacanthe conservés dans du formol : « On ne savait absolument pas comment les cœlacanthes se reproduisaient, on ne savait pas s'ils étaient ovipares ou vivipares. En fait ils sont ovo-vivipares, ça veut dire qu'ils ont des œufs, et que les œufs éclosent à l'intérieur du cœlacanthe. Et ces œufs sont extraordinaires de par leur taille, car ils sont gros comme une grosse balle de tennis, ce qui exceptionnel pour des poissons. »

En savoir plus : « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Evolution et pêche au coelacanthe », « Le coelacanthe, fossile vivant, expliqué par G.-A. Bolloré, Historama 1975 », « ANTHONY Jean - Opération Coelacanthe », « CHANTREL Maette - Les crabes de l'Odet, un musée pas comme les autres », « ANTHONY Jean - Opération Coelacanthe », « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Mémoires parallèles »

Nota : aujourd'hui encore on s'interroge sur les origines du cœlacanthe, soit par exemple dans la revue scientifique « BioEssays » (Volume 35, Issue 4, pages 332–338, April 2013), cet article en anglais « Why cœlacanths are not ‘living fossils’ ».

2 Nouvelles technologies du 19e

« L’apparition du reportage est liée à la mise au point du télégraphe électrique et d’un système de transmissions rapides, sans lequel les journaux ne pourraient pas utiliser des récits écrits à l’autre bout du monde », Serge July, Dictionnaire amoureux du journalisme, 2015

Quimper, contrairement à Brest, n'a pas eu la chance d'avoir son télégraphe aérien à la fin du 18e siècle. Les 580 km de la ligne Paris-Brest furent achevés en 1799. Elle était faite de petites tours carrées en pierre appelées « exhaussements », servant de relais, avec à leurs sommets un appareil muni de bras de bois articulés et mus par une manivelle, dont la position formait des figures constituant un code que le veilleur de la tour suivante devait reproduire.

Par contre en 1853 une vraie ligne de télégraphe dit électrique fut réalisée entre Nantes-Quimper-Brest, avec un fil tendu entre des poteaux, et cette technique utilisant le code Morse permit la généralisation les émissions et réceptions de télégrammes.

Et Jean-Marie Déguignet s'est interrogé sur cette nouvelle technologie dans ses Mémoires de paysan bas-breton, dans un texte d'antologie : « Voilà encore une chose qui donnait du travail à mon esprit, qui ne pouvait rien voir sans chercher de suite la raison d'être, le pourquoi, l' x comme disent les mathématiciens ».

Il faut dire que ses concitoyens, le maire de Kerfeunteun y compris, étaient plutôt dépassés :

« il me dit que le fil de fer posé entre Brest et Quimper servait à porter les nouvelles, que ces nouvelles étaient écrites sur un petit morceau de papier qu'on entrait dans le fil, on soufflait dessus puis aussitôt il était rendu à l'autre bout.
- Mais, j'ai vu les ouvriers couper le fil, lui dis-je, et il n'était pas creux.
- Non, dit-il, mais le papier fait le creux en passant.
 »

Jean-Marie Déguignet, avec son sens de l'expérience pratique, tente alors d'appréhender la vérité en grimpant en haut d'un poteau télégraphique ...

Quant au chemin de fer, que les habitants de Quimper et d'Ergué-Gabéric ne verront que dix ans plus tard en 1863, l'imagination était aussi vive pour se le représenter : « le maire me dit que c'était un chemin tout en fer, le fond, les deux côtés en forme de murailles et le dessus. C'était comme une grande boîte dans laquelle on mettait des voitures attachées l'une à l'autre, et dans la dernière, on mettait le feu ; alors, toutes se sauvaient comme ayant le feu au derrière ("an tan en o reor" en breton). »

En savoir plus : « Apprentissage des nouvelles technologies selon Jean-Marie Déguignet »

Billet du 31.01.2015


En guise de compléments, voici deux articles de journaux :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgen 1899, l'histoire d'une ligne téléphonique privée de 34 kilomètres entre les deux usines à papier de l'industriel Bolloré : « Vandalisme sur la ligne téléphonique privée Odet-Cascadec, Union Agricole 1899 »

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgen 1911, la protestation des agriculteurs gabéricois contre la ligne qui allait traverser leurs terres, avec comme avantage de desservir la papeterie d'Odet : « Contre la ligne de chemin de fer de Briec à Ergué-Gabéric, Progrès du Finistère 1911 »

3 À la défense de Paris en 1871

« Né d'une honorable famille de cultivateurs d'Ergué-Gabéric, Cuzon était bien réellement le fils de ses œuvres », Le Finistère, 1880.

"Le siège de Paris", Jean-Louis-Ernest Meissonier
"Le siège de Paris", Jean-Louis-Ernest Meissonier

En 2007 Henri Chauveur, dans le cadre de l'association Arkae, avait déjà publié un article détaillé sur ce jeune militaire breton, natif de Bohars en Ergué-Gabéric, décoré du titre de Chevalier de la Légion d'Honneur. À l'époque nous n'avions que peu d'informations sur les faits d'armes en pleine guerre de 1870-71 qui lui avaient valu sa décoration. Aujourd'hui, un article découvert par Pierrick Chuto, publié le 24 novembre 1880 dans le journal « Le Finistère » pour rendre compte du décès de Pierre-Marie Cuzon, nous en apprend un peu plus.

Grâce au témoignage de l'officier présent à l'enterrement, l'article nous explique la préparation des bastions et batteries tout autour de la capitale les bombardements près du fort de Vanves, opérations pendant lesquelles Pierre-Marie Cuzon était présent : « Employé d'abord sous les ordres du capitaine Denis à l'armement des bastions 43, 44, 45 et 46 de l'enceinte continue, Cuzon suivit cet officier au poste d'honneur qui lui était assigné en avant du fort de Vanves. »

Affecté donc au départ entre les portes de Clichy et d'Asnières, il rejoint ensuite une batterie située plus au sud entre le fort de défense de Vanves et les canons prussiens des hauteurs de Chatillon-Montrouge: « Pendant la première journée du bombardement (qui dura 23 jours sans interruption), 45 servants furent tués ».

Après les décès successifs des commandants de sa batterie, le soldat gabéricois en prit la direction : « Ainsi Cuzon, dans deux circonstances exceptionnelles en face de l'ennemi, a commandé une batterie de siège et a su imprimer à ses hommes le sentiment du devoir en les maintenant autour des pièces, malgré un feu meurtrier de la part de nos adversaires ».

Et les honneurs militaires lui furent attribués après guerre : « Cuzon fut récompensé de sa belle conduite par la croix de chevalier de la Légion d'honneur ». À quelle date reçut-il cette récompense ? Dans son dossier il est question du décret du 11 janvier 1871, mais cela est peu probable, car il participa aux combats qui durèrent jusqu'à la signature de l'armistice le 28 janvier : « dirigeant encore un feu meurtrier sur l'ennemi, alors que les forts de Vanves et d'Issy avait cessé la lutte » ; « il reçut une égratignure du dernier coup de canon tiré par l'ennemi. » Après la défaite contre l'armée prussienne, il ne resta pas dans les rangs des « militaires Versaillais » en prise avec les « fédérés communards », il rejoignit son corps de la Marine et la Cochinchine.

En savoir plus : « Mort de Pierre-Marie Cuzon héros de la guerre de 1870, Le Finistère 1880 », « Pierre Marie Cuzon, Chevalier de la Légion d'Honneur (1871) »

Billet du 25.01.2015

4 Les héritiers du Cleuyou n° 2

« Votre mérite et les services que vous avez rendus à la cause commune exigent que tout ce qui vous appartient, soit mis sur un pied à part : que votre père doive cette distinction au mérite du fils », William Windham, Londres, 28 oct. 1794

Comme nous l'avions évoqué il y a trois semaines dans un billet sur les premiers héritiers déclarés après la Révolution de 1789, le manoir du Cleuyou fut vendu comme « bien national », confisqué à son détenteur noble émigré, François-Hyacinthe de Tinténiac. Nous savons aussi que le fils de ce dernier était un officier chouan mort à Coëtlogon d'une balle tirée par un soldat de la République pendant le débarquement anglais de Quiberon en 1795.

Mais que sait-on plus précisément sur cette famille et son rapport exact au manoir du Cleuyou en Ergué-Gabéric, proche de la ville de Quimper ? Pour le savoir nous avons bénéficié de l'aide précieuse de Bernard Baffait qui, pour bâtir sa saga historique du Chevalier Kerstrat, a rassemblé un impressionnant fonds documentaire sur les Tinténiac et leurs contemporains en cette fin du 18e siècle.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgTout d'abord nous découvrons que l'oncle de l'émigré insurgé du Cleuyou est décédé en 1760 au chateau et qu'il fut inhumé dans l'église paroissiale d'Ergué-Armel, et non dans le cimetière, ce qui était devenu rare et attestait d'un droit à enfeux réservé aux familles nobles importantes.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgEn 1757 le marquis de Tinténiac, neveu du précédent, s'illustre lors de la défense du port de Lorient contre les anglais pendant la guerre de 7 ans : ce « Tinténiac, qui en 1757 sous Louis XV, à la tête de ses Bretons, contribua pour sa grande part à repousser les troupes britanniques qui voulaient s'emparer de Lorient ».

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgFrançois-Hyacinthe, héritant du domaine du Cleuyou par son oncle et habitant par ailleurs son bel hôtel particulier quimpérois, se lance dans la contestation des idées nouvelles de la Révolution, et même avant il signe en 1789 la protestation des 800 nobles de Bretagne et du Comté Nantais contre la décision royale de suspendre les États de Bretagne du Parlement de Rennes.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgEn 1791 le père et le fils Vincent font semblant d'organiser une partie de chasse au manoir de Trévarez, en invitant tous les insurgés nobles de Basse-Bretagne.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgFin octobre 1794, contraint d'émigrer à l'étranger, François-Hyacinthe rejoint son fils et sa fille à Londres, où il arrive dans un état de dénuement complet, tout du moins si l'on en croit son témoignage dans sa lettre au ministre William Windham : « Je suis arrivé ce matin à Harwich à pied, n'ayant qu'une demie guinée. [...] Je ne puis me présenter chez vous, Monsieur, dans ce moment, n'ayant qu'une chemise que je porte depuis un mois, après avoir épuisé tous mes moyens de subsistance pour moi et mon domestique, qui ne m'a pas quitté dans mes malheurs. »

En savoir plus : « Noblesse de Tinténiac propriétaire du manoir du Cleuyou avant la Révolution », « BAFFAIT Bernard - Le Chevalier Kerstrat, Chouan des Lumières », « CLOHARS-CARNOET G. (de) - Le chevalier de Tinténiac et la chouannerie », « MACÉ DE VAUDORÉ Jean-François (de) - Noblesse de Bretagne et du Comté Nantais », « PÉRON Goulven - Le clergé de Laz de 1754 à 1800 »

Billet du 18.01.2015

5 Marseillaise en langue bretonne

« Halo bugale demeuz ar Vro, Devez ar gloar zo aruet, Enep demp euz ar goazkerezo, An drapo goaduz zo savet (bis) [...] D'an armou ! bourc'hizien, krouet ho pandenno, Kerzomp (bis) eur goad 'hudur var hon irvi redo ! »

Cette semaine il n'y aura pas le billet habituel du GrandTerrier.

Tout d'abord parce que le sujet qui était prévu aurait eu une mauvaise résonance avec l'actualité nationale.

Et puis parce que tout simplement, par solidarité, nous préférons brandir le crayon et l'humour de Charlie.

« Il faut rire avant que d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri », [La Bruyère, IV]

« Il faut rire de tout. C'est extrêmement important. C'est la seule humaine façon de friser la lucidité sans tomber dedans. », [Pierre Desproges]

Rire de tout et de tous sans exception, de Mohammed, des Cathos, des Belges, des Juifs, des Communistes, des Américains, ... et même des Bretons.

Et pour finir, quand bien même on serait un peu pompette et sonné par les évènements, on ne vous fera pas l'affront de « chanter la marseillaise en breton », on préfère entonner avec vous la version combative et humaniste du chansonnier Pierre Ménager :

Allons les enfants de la France,
Le jour de gloire est arrivé.
Dans le ciel couleur d’espérance
L’Étendard de justice est levé
L’Étendard de la fraternité.
La République nous appelle
Debout peuple fier et rebelle,
Nous vaincrons l’injustice et la peur.
Aux tyrans arracherons des pleurs.

Billet du 10.01.2015

6 Kannadig ar bloavezh mat 2015

« Bloavezh mat d'holl dud an ti-mañ, Bloavezh mat digant GrandTerrier ! Levenez d'ar re yaouankañ. D'ar re gozh, yec'hed, buhez. D'ar mevel, kalon d'al labour. 'Pad ar bloaz ur vestrezig ! D'ar plac'h a di kant servijour, Ra 'do buan ur gwazig », "20 chansons populaires", 1936, François Jaffrenou

Que les souvenirs de l'année 1915 servent à bâtir une superbe année 2015, faite de coups de cœur, de sérénité, de surprises, de rigolades, d'allégresse ...

Ha petra c'hoaz ? What else ? As the New Year dawns, we all hope it is filled with the promises of a brighter tomorrow. Und wünsche allen ein glückliches une gesundes neues Jahr 2015.

Voici donc le petit Kannadig trimestriel de 30 pages, avec sa 1ère de couverture remodelée, et à son sommaire tous les articles et billets publiés depuis octobre dernier :

  • 2e de couv - Photo-énigme et table des matières
  • p. 1-2 - La Grande Guerre d’Ergué-Gabéric et des Cornouaillais
  • p. 2-4 - Les pécules de sœurs de poilus morts pour la France
  • p. 4-8 - Les héritier(e)s du manoir du Cleuyou au 19e siècle
  • p. 9-10 - Contre le travail du dimanche à Odet-Cascadec
  • p. 11-12 - Le scandale clérical du Frère des Ecoles Chrétiennes
  • p. 13-15 - Le procès d’Yves Pennec, sorcier voleur et dépensier
  • p. 15-18 - Roman historique de Geslin, chouan noir de Pennarun
  • p. 18-22 - Une institutrice bonne et douce à l’école du Bourg
  • p. 22-23 - Des malles entières de vieilles photos de couples
  • p. 23-25 - Une vierge terrassant un démon à Kerdévot
  • p. 26-27 - Les Bretons, âmes fières et esprits valeureux
  • p. 27-28 - Le pardon et la balade de Pierre Roumegou
  • p. 28-30 - Autret-Missirien écrivain de Lezergué au 17e siècle
  • p. 30 - Le manoir de Lezergué couleurs pastel et aquarelle

Et que dire de la fréquentation du site Internet qui est passé en fin d'année aux couleurs du .bzh : en 2014 vous avez été presque 3 millions de visiteurs uniques ! Soit une moyenne de 7974 par jour ! (6856 l'année précédente)

Cette fidélité et cette progression sont bien sûr énormes et constituent un encouragement à poursuivre l'aventure. Merci !

Lire et imprimer le bulletin : « Kannadig n° 28 Janvier 2015 »

Billet du 02.01.2015

7 Les pécules de sœurs de poilus

Pécule : argent gagné par un esclave. « Les lois peuvent favoriser le pécule, et mettre les esclaves en état d'acheter leur liberté  », [Montesquieu]

Depuis le 11 novembre vous avez certainement acheté et dévoré le second tome de Jean-François Douguet consacré aux souvenirs de 1914-18 publiés par Arkae, « Cornouaillais dans la Grande Guerre », dans lequel il nous présente des collections de photos et documents, de longs échanges de lettres inédites et des carnets de campagne écrits par une vingtaine de soldats poilus, d'Ergué-Gabéric mais aussi des communes voisines, constituant de véritables morceaux d'anthologie :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgCelui qui ouvre le bal est un Jean-René Blaise de Quéménéven (quelle ressemblance sur les photos avec son petit-fils géologue au même prénom !)  : « j'ai été fait prisonnier, le 31 courant, à l'attaque de Deniécourt, à six heures du soir ».

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgAlain Garrec de Landudal donne de ses nouvelles en breton, avec son propre rendu orthographique local : « A scrivad d'ign eur liser bennag d'eus ar kear ac et gavim beroc'h on hamser. Min à scrivo d'ioch ar muia ma belin. Evit ma s'istrofel indro d'ar kear adarré. »

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgHervé Jean Marie Le Roux de la ferme de Mélennec écrit de Salonique : « Aussi le cafard me remonte sur le dos, en me voyant ici, parmi des inconnus encore. Ah, malheur de malheur ! quand est-ce que j'aurai donc le plaisir de voir finir cette maudite guerre ? »

En savoir plus : « DOUGUET Jean-François - Cornouaillais dans la Grande Guerre T2 »

* * *

Les travaux de préparation de cet ouvrage ont été l'occasion de multiples collectes familiales et de recherches aux archives, et ont donné l'élan pour rechercher encore d'autres pièces inédites. Témoin cette découverte toute récente aux Archives Départementales d'un dossier consacré aux pécules des soldats morts au combat au bénéfice de leur famille proche, hors descendants et ascendants.

Ce pécule, ou indemnité de combats, était versé en complément de solde pour une somme de l'ordre de 12 à 24 francs par mois suivant les grades, aux soldats combattants. Le pécule est aussi l'indemnité de fin de campagne versée aux soldats blessés démobilisés et à leurs ayants-droits en cas de décès, dont le montant était entre 250 et mille francs suivant les temps de services.

Nous avons découvert les demandes et jugements pour quatre poilus gabéricois décédés entre 1914 et 1918 pour lesquels leurs sœurs ainées se sont occupées d'eux, car tous deux (ou trois pour les frères Guillou) étaient orphelins de père et de mère. Ces documents permettent d'en savoir un peu plus sur leurs temps de services, soit par exemple Alain-François Normant, mort en décembre 1918 au lieu-dit "L'Hôtel" en Ergué-Gabéric : « Il est tombé malade au Cameroun en faisant campagne en 1917 ».

En savoir plus : « Corentin Guillou (1895-1916), soldat du 411e RI » , « Yves Guillou (1892-1914), soldat du 71e RI », « Jean-Marie Chiquet (1894-1916), soldat du 411 RI », « Alain-François Normant (1887-1918), maréchal des logis du 2e RAC » sur « l'espace des Poilus » de GrandTerrier.BZH Billet du 27.12.2014

8 Héritiers du manoir du Cleuyou

« Il y a deux ans mourait à Tours M. Le Guay (Prosper), fils d'un ancien conseiller de préfecture du Finistère qui lui-même était mort à sa propriété du Cluyou, en Ergué-Gabéric, peu de temps auparavant. », Le Finistère, 26 juin 1889

On croyait les Le Guay très complices, le père Prosper et Albert le fils ainé étant notamment unis dans leur passion commune pour l'archéologie. Un article de presse de 1889 nous révèle en fait des relations un peu tendues dans cette famille du Cleuyou avant le décès du fils cadet (Prosper également) en 1888 à Tours : avait-il sciemment exclu son frère Albert de sa succession ?

Âgé de 41 ans, Prosper, rentier de profession, avait fait un séjour de quatre mois à Tours, chez une de ses connaissances, le restaurateur Carrière. Ce dernier se retrouve inscrit comme légataire universel pour une fortune « atteignant un chiffre très important ».

Sur ce testament, une somme de 30.000 francs était versée « au profit de quelques particuliers et des communes d'Ergué-Gabéric et d'Ergué-Armel », soit environ presque 100.000 euros d'aujourd'hui.

Albert Le Guay engagea une demande en annulation, aidé par l'un des meilleurs avocats de Rennes. Les deux jugements, devant la Cour de Tours et la Cour d'appel d'Orleans, donnèrent raison au frère « exhérédé », attendu que le testateur « n'était point mentis compos, c'est-à-dire en pleine possession de ses facultés ».

* * *

Michel Le Guay, descendant de cette grande famille, a mené une enquête généalogique sur les ascendants et collatéraux qui ont fait l'histoire du manoir du Cleuyou :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgQui étaient les deux citoyennes qui ont fait l'acquisition du manoir en 1795, vendu comme bien national ? Quelles étaient leurs liaisons familiales ?

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgQui étaient exactement ces Bréhier quimpérois, tous francs-maçons et d'origine normande, dont François-Salomon qui s'établit à Ergué-Gabéric, et qui rédigea entre autres le document d'estimation du Cleuyou. Et comment les Le Guay était liés aux Bréhier ?

En savoir plus : « Le testament olographe contesté de Prosper Le Guay, Le Finistère 1889 » , « Merpaut et Lafage, les deux acheteuses du manoir du Cleuyou en 1795 », « François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon », « Les Le Guay (1804-1917), châtelains du Cleuyou au 19e siècle », Et avez-vous lu ce bel article dans la revue "Manoirs et châteaux des pays de Bretagne" :
« ROGEL Christian - Le manoir du Cleuyou en Ergué-Gabéric » ?
Billet du 21.12.2014
Deuxième version corrigée le 22 (Prosper et Albert étaient frères et non père et fils)

Normalement le bulletin Kannadig de fin 2014 aurait du être en fabrication pour être diffusé avant Noël. Mais cela n'est pas le cas, le webmestre étant un peu fatigué en cette fin d'année. Mais ne désespérons pas : les chroniques trimestrielles seront concoctées avant le 31, et l'expédition se fera tout début janvier.

9 Missirien, l'écrivain de Lezergué

« Célèbre en son temps pour ses talents de généalogiste et chroniqueur, Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lézergué, est tombé dans l'oubli. L'historien Hervé Torchet vient de lui consacrer une biographie intitulée "Missirien, la double vie littéraire de Guy Autret " », Le Télégramme, 4 déc. 2014

La première phrase ce ce livre donne la couleur sur le personnage : « Guy Autret, seigneur de Missirien, est l'écrivain breton le plus important du XVIIe siècle ». Loin devant Albert Le Grand, Pierre de Lesconvel, Dom Lobineau, le Père Alexandre ..., qu'on se le dise !

Quant au titre mentionnant une « double vie littéraire », elle fut plutôt multiple de notre point de vue : historien, épistolier, juriste, journaliste chroniqueur, généalogiste des grandes familles ancestrales bretonnes et de leurs titres nobiliaires, adorateur des saints d'Armorique, spécialiste des chartriers et aveux médiévaux ...

Ceci dit, le livre regorge d'informations inédites sur la vie quimpéroise en plein siècle de Louis XIII, Richelieu et Mme de Sévigné, et des hypothèses intéressantes sur la villégiature gabéricoise de notre héros, seigneur et bouillant homme de lettres en son manoir de Lézergué :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgL'hypothèse de l'enfance de Guy Autret à Lezergué, confié à la garde de sa nourrice bretonnante de Landerneau, de sa mère Gillette du Plessis, et surtout de sa grand-mère Jehanne Le Vestle, est convaincante : « Elle a pu servir de passeur d'Histoire pour l'enfant, de transmetteur d'une Bretagne ducale mythifiée ».

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgDans ses échanges de lettres avec ses correspondants parisiens, Guy Autret ne manquait pas d'évoquer le cadeau préféré qu'il leur envoyait, le beurre breton, et pour Pierre d'Hozier il parle même avec beaucoup d'humour de « rente quadragésimale » (LITURG. Du carême ; propre au carême ; de jeûne, de pénitence). En 1659 il lui écrit : « Lespine m'a juré vous avoir envoyé le meilleur beurre du monde, & que si vous n'estes satisfait, il entreprendra jamais de vous contenter ». Bien souvent il emportait lui-même des pots de beurre dans ses bagages, peut-être de la ferme de Lezergué, notamment lors de son dernier voyage en 1660, et heureusement était-il salé pour qu'il ne fonde pas en route.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgUn mariage d'amour ... : cf article.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgUne succession cauchemardesque ... : cf article.

En savoir plus, article : « TORCHET Hervé - Missirien, la double vie littéraire de Guy Autret » Billet du 13.12.2014

Nous en profitons pour présenter une aquarelle-pastel du manoir de Lezergué en septembre 2014 par une jeune artiste méconnue aux initiales A.C. Bien sûr l'allure des ruines du manoir actuel n'a vraisemblablement rien à voir avec celle de l'époque de Guy Autret, car le chateau fut reconstruit en 1771-72 par François-Louis de La Marche. En savoir plus : « Croquis et peintures du manoir de Lezergué aux 19e-21e siècles »

10 Contre le travail du dimanche

« Si vous voulez achever de déchristianiser vos usines, vous n'avez qu'à y installer le travail du dimanche ; dans quelques mois vous m'en direz des nouvelles. Libre à vous d'assumer une telle responsabilité. Quant à moi, je ne veux y prendre aucune part », abbé Le Goff, novembre 1937.

Vous avez certainement noté que, sur le GrandTerrier, les nouveaux articles sur les mémoires papetières se faisaient plus rares, ce pour raison de préparation d'un ouvrage documentaire sur le village de la papeterie de N. Le Marié et de R. Bolloré. Certes des pièces inédites seront incluses dans le livre, mais de temps en temps on vous présentera ici quelques pépites, la présente étant un dossier conservé aux Archives Diocésaines de Quimper et incluant des échanges vifs au sujet des dimanches travaillés.

Dans la première lettre à Marie Amélie Thubé, veuve Bolloré, l'abbé Yves Le Goff, aumônier de l'usine à papier d'Odet, ne mâche pas ses mots : « Je ne puis croire que vous ayez approuvé sciemment cette décision, vous dont les convictions religieuses sont si profondes » ; « Je puis affirmer que votre défunt mari ne l'aurait pas toléré, lui qui chassait à coups de pied les ouvriers qui travaillaient le dimanche » ...

Son argumentation est simple : « Il n'est question que de la fabrication de quelques dizaines de bobines supplémentaires. Le salut éternel de plusieurs centaines de familles chrétiennes vaut, vous l'avouerez, infiniment davantage. » Et il met même sa démission dans la balance : « Le jour où vous aurez supprimé le dimanche à Odet, je n'aurai plus rien à y faire ».

Le fils ainé Bolloré est carrément accusé par l'aumônier d'Odet d'avoir empêché l'arrivée d'un syndicat chrétien (la C.F.T.C.) dans l'entreprise : « La C.G.T. qui a été prônée et imposée par votre fils, René Guillaume Bolloré, à l'exclusion de tout autre syndicat, a déjà commencé à produire ses funestes effets. » Manifestement la C.G.T. s'est prononcée pour l'introduction du dimanche travaillé moyennant des indemnités pour les ouvriers.

Après la prise de position musclée de l'abbé Le Goff, la Direction des Papeteries demanda officiellement à l'évêque de travailler un dimanche sur deux. Le corps ecclésiastique dut capituler : « il n'a pas à juger de la solution donnée au sujet du travail du dimanche, et la chose étant décidée ... ». Et on adapta le rythme des messes dominicales à la chapelle de l'usine d'Odet : 8H et 10H les dimanches non travaillés, 8H et 12H les dimanches travaillés. La messe de 8H est importante car elle permet « à l'équipe venant prendre le travail le dimanche matin, d'y assister avant d'entrer à l'usine ».

Après 13 années de service dans la paroisse, notamment auprès des jeunes et du bulletin paroissial « Kannadig Intron Varia Kerzevot », l'abbé Le Goff quittera Ergué-Gabéric et son poste d’aumônier papetier en 1939, soit environ un an après son acte d'opposition aux dimanches travaillés.

Dans les textes de défense du projet du travail le dimanche par la Direction de la Société des Papeteries, on note aussi quelques informations intéressantes sur le développement du groupe Bolloré, notamment aux Etats-Unis à Ecusta et à Troyes en Champagne.

En savoir plus : « 1937 - L'abbé Le Goff contre le travail le dimanche aux usines d'Odet et de Cascadec » Billet du 06.12.2014

Nota: Avez-vous remarqué que le site Internet GrandTerrier est entré dans la cour des .bzh ?

11 Complément d'enquête en 1908

« Jeter la soutane aux orties », exp. : renoncer, abandonner par inconstance au départ, signifie abandonner scandaleusement l'état monacal, puis par extension, abandonner l'état ecclésiastique, par extension encore abandonner par inconstance ; source : dictionnaire en ligne Reverso.

Présentée brièvement sur le site Internet Quimper.Bzh dans la rubrique Mémoires des Archives Départementales de Quimper, cette pièce publiée cette semaine sur GrandTerrier est extraite des comptes rendus d’enquête du commissaire Judic et constitue un véritable morceau d'anthologie.

On y découvre les détails d'une affaire de mœurs qui, s'il ne s'agissait pas d'un religieux, n'aurait peut-être pas constitué un délit d'outrage public: « Le mardi 21 avril, dans l'après-midi le sieur Sergent, Frère des Écoles Chrétiennes, est allé se promener dans la commune d'Ergué-Gabéric en compagnie de la jeune Pxxx Jeanne, âgée de 16 ans ... Ils se couchèrent l'un près de l'autre dans un champ. Le bon Frère dégrafa le corsage de la jeune fille, lui retira son corset pour être plus à l'aise et se mit en devoir de l'embrasser. Ce qui se passa ensuite, on le devine. »

Les frères des écoles chrétiennes ou lasalliens formaient un institut religieux laïc de vie consacrée, de droit pontifical, fondé à Reims en 1680 par saint Jean-Baptiste de La Salle, et voué à l'enseignement et à la formation des jeunes, en particulier des plus défavorisés. Bien qu'ayant formulé les vœux traditionnels de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, les Frères n'avaient pas le statut de prêtres, mais portaient néanmoins une soutane noire non boutonnée avec un large rabat blanc, et ils étaient familièrement surnommés les « Frères quatre bras » à cause de leur grand manteau à manches flottantes.

Le lendemain, un des trois vicaires de la paroisse d'Ergué-Gabéric alla rencontrer le témoin principal de l'affaire, à savoir le charron et débitant de boisson Yaouanc, et lui déclara qu'il « s'agissait certainement d'un civil déguisé en Frère ». Avec sans doute l'intention de supprimer les preuves, le vicaire récupéra un des objets subtilisés par les témoins avant la fuite des amoureux, le chapeau du frère. Les autres pièces à conviction furent conservées pour l'enquête : « le parapluie du Frère, le chapeau, le corset, le tour de cou et le parapluie de la jeune fille ». Et cette dernière avoua les faits lorsqu'elle fut interrogée par le commissaire Judic.

Le commissaire Pierre Judic était une véritable personnalité connue de tous les quimpérois de cette période 1906-1922, comme le montre les nombreuses coupures de presse locale relatant ses enquêtes. Il était de toutes les affaires en région cornouaillaise, accompagnant les forces de l'ordre lors des opérations d'inventaire des biens de l'Église, interrogeant tous les accusés et témoins, et parlant même couramment la langue bretonne, ce qui lui était bien utile pour comprendre les dessous de certains faits divers.

Que devint le frère Sergent ? Sans doute fut-il muté loin du lieu de ses méfaits, ou alors il préféra « jeter sa soutane aux orties » ...

En savoir plus : « 1908 - Un scandale clérical à Ergué-Gabéric dévoilé par le commissaire Judic » Billet du 29.11.2014

12 Un jeune sorcier bas-breton

« On peut supposer que beaucoup de Bretons, dont le père n'avait pas mille francs de rente, à l'époque de leur naissance, croient un peu à la sorcellerie », Henri Beyle, alias Stendhal, Mémoires d'un touriste, 1838

Stendhal, lecteur assidu de la « Gazette des Tribunaux », tira son célèbre personnage de Julien Sorel du « Rouge et Le Noir » d'une affaire réelle. De même, pour illustrer son assertion sur les sorciers bretons dans ses « Mémoires d"un touriste », l'écrivain voyageur nous a fait découvrir la présentation dans cette Gazette du procès d'Yves Pennec, prétendu magicien d'Ergué-Gabéric.

Nous n'avions pas, jusqu'à présent, vérifié le texte original de la Gazette. Chose faite, on se rend compte que la retranscription de Stendhal est incomplète, le titre "UN SORCIER - MOEURS BRETONNES - CE QUE VAUT UNE FILLE" n'a pas été repris, et quelques paragraphes ont été tronqués ou omis.

La valeur d'une fille fait notamment référence aux échanges sur une prétendue dot : « il prétendit qu'il avait jusqu'à la concurrence de mille écus », l'écu - en breton skoed, représentant une somme de 3 francs. Le père répondit qu'il n'attendait pas plus de 1500F. Le maire a même confirmé que ce type d'échange lui semblait normal : « C'est vrai ce que dit le témoin ; une fille vaut cela dans notre commune ».

Norbert Bernard a publié en 2005 une étude très documentée sur le dossier des procédures du procès, et il y confirme que le surnaturel ne masquait que partiellement le côté prosaïque d'une affaire de vol. Sur les conseils d'Annick Le Douget, nous avons consulté le compte-rendu du président de séance Le Minihy dans la série BB20 des Archives Nationales.

Contrairement au compte-rendu de la Gazette des Tribunaux et de Stendhal, le rapport du juge ne présente pas non plus l'accusé comme un héros « enfant de l'Armorique à l'épaisse chevelure » et les allégations de sorcellerie ne sont pas vraiment prises au sérieux. Les faits révélés par le procès montrent plutôt des scènes typiques et récurrentes d'une société rurale au 19e siècle : Image:Right.gifImage:Spacer.jpgDépendance alcoolique et jeux de cartes ... Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLe poids social de la parole du maire ... Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLes voix et les légendes bretonnes ...

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLa valeur de l'argent dûment gagné ... Quant à la somme du trésor qu'Yves Pennec prétend avoir trouvé, à savoir « 300 francs en pièces de 6 livres et de cinq francs », sa décomposition est intéressante et nous renseigne sur les pièces en circulation en 1839. En effet, normalement, depuis la Révolution, il n'existait plus que des francs en circulation, et les pièces de 5 francs étaient devenues courantes. Par contre il est également question ici de pièces dites « écu de 6 livres » qui en fait avait en 1838 une valeur d'échange de 5 francs et 80 centimes. Norbert Bernard avance quant à lui cette hypothèse : « La mention de ce type de pièce, ainsi que de leur change, confortent l'idée d'un trésor qui aurait donc pu être enterré avant ou pendant la Révolution ».

En savoir plus : « 1838 - Procès d'Yves Le Pennec, jeune domestique voleur, sorcier et dépensier » et « Un sorcier - Moeurs bretonnes - Ce que vaut une fille, Gazette des Tribunaux 1838 » Billet du 23.11.2014

DU ROMAN AUX ARCHIVES - Suite au billet de la semaine dernière sur la parution du tome 2 du « Chevalier Kerstrat », quelques échanges avec l'auteur nous ont permis de compléter le dossier et la biographie du chouan noir gabéricois: « Marie-Hyacinthe de Geslin, chouan, seigneur de Pennarun et de Quimperlé », « PEYRON Paul - La chouannerie dans le Finistère », « BERNARD Daniel - Recherches sur la chouannerie dans le Finistère »

13 Gélin de Pennarun, chouan noir

« — Mais où as-tu pêché tous ces renseignements ? Ce n'est quand même pas dans ta campagne d'Ergué ! — Apprenez, mossieu, que notre pays d'Ergué n'est pas aussi perdu dans la basse Bretagne que ces pays arriérés de . . .  ».

Cette semaine, le deuxième tome des aventures du chevalier Kerstrat de Bernard Baffait est enfin publié par l'éditeur breton Pascal Galobé. On l'attendait avec impatience, et c'est avec fierté qu'on l'a dévoré, car la commune d'Ergué-Gabéric y est à l'honneur.

Dans le premier tome, Jean-Hyacinthe Tréouret de Kerstrat évoluait parmi des compagnons animés par un idéal et un code de l'honneur. Dans le deuxième récit, le désastre de Quiberon a semé le découragement parmi les combattants du roi. Des chefs de guerre vont continuer cependant le combat, en pratiquant des trafics profitables, des chantages et des assassinats.

Et parmi eux Marie-Hyacinthe de Geslin du château de Pennarun en Ergué-Gabéric, dont la légende disait qu'il était resté en résistance sur ses terres familiales : « Il commande une bande de Chouans ; la rumeur dit qu’il a la main lourde. Il impose des prélèvements aux agriculteurs, un impôt aux gens de la ville, et gare à celui qui cherche à se défiler ! Il aurait du sang sur les mains ».

L'histoire commence en octobre 1795 par l'évasion imaginée du héros Kerstrat qui allait être fusillé à Brest par un peloton d'exécution suite à sa condamnation pour avoir « fait par­tie du Rassemblement armé contre la République ». Cet épisode nous permet de vivre avec lui les affrontements entre les Républicains et les Chouans noirs de la région d'Ergué-Gabéric, Briec et Gourin :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgTout d'abord, le point central du livre est situé sur Ergué-Gabéric, à proximité du manoir de Pennarun, l'habitation historique des Gélin, et d'où sont lancées les expéditions punitives contre les « patauds », les curés constitutionnels et les acheteurs de biens nationaux et, ce à Langolen, Querrien, Coray, Elliant ...

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLe personnage de Gélin et son rôle de chef de division y sont précisément détaillés : « un homme proche de la trentaine, vêtu de hauts de chausse – ces culottes bouffantes qu’affectionnaient les paysans bretons – et d’une veste longue ouverte sur une chemise d’un blanc écru » ...

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLes lieutenants et associés de Gélin ... Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLes autorités républicaines de Quimper ... Image:Right.gifImage:Spacer.jpgEt enfin les « tommerien » ...

Manifestement la série du chevalier Kerstrat de Bernard Baffait est une évocation très bien argumentée de la période révolutionnaire : ce n'est pas un roman historique de plus, c'est un véritable récit historique délicatement romancé. Tous les détails, les personnages, les situations y sont crédibles, au cœur de ce pays bas-breton, en contexte de guerre, de terreur, d'émigration et de chouannerie ...

En savoir plus : « BAFFAIT Bernard - Le Chevalier Kerstrat, Chouans noirs » Billet du 16.11.2014

Profitons du lieu pour publier un billet humoristique du « Progrès du Finistère » de 1908 : « Le sieur C.S, qui tenait la tête, dérapa, et son ingrate bécane l'abandonnant, il s'en fut à droite, décrivant une belle trajectoire, piquer une tête dans le fameux et tant redouté "Toul-ar-C'hemener" ». En savoir plus : « Une belle pelle à vélo dans la côte de Pennarun, Le Progrès du Finistère 1908 »


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