Le testament olographe contesté de Prosper Le Guay, Le Finistère 1889 - GrandTerrier

Le testament olographe contesté de Prosper Le Guay, Le Finistère 1889

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Catégorie : Journaux
Site : GrandTerrier

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§ E.D.F.

Un procès en annulation du testament de Prosper Le Guay, fils cadet rentier du châtelain du manoir du Cleuyou, décédé en 1888 à Tours suite à un séjour de 4 mois chez un restaurateur.[1]

Autres lectures : « Archives du Cleuyou » ¤ « Le manoir du Cleuziou/Cleuyou » ¤ « Les Le Guay (1804-1917), châtelains du Cleuyou au 19e siècle » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Cet article de presse [2] nous révèle des relations un peu tendues dans la famille Le Guay du Cleuyou après le décès de Prosper (le père) en 1886 à Ergué-Gabéric et avant le décès du fils cadet Prosper en 1888 à Tours : avait-il sciemment exclu son frère Albert de sa succession ? Le frère ainé était proche de son père, mais le fils cadet s'était probablement éloigné d'eux.

Âgé de 41 ans, Prosper avait fait un séjour de quatre mois à Tours, chez une de ses connaissances, le restaurateur Carrière, et son décès sera constaté. Le restaurateur se retrouve inscrit comme légataire universel sur un testament écrit de la main de Prosper Le Guay lequel avait une fortune « atteignant un chiffre très important ».

Sur ce testament, une somme de 30.000 francs était versée « au profit de quelques particuliers et des communes d'Ergué-Gabéric et d'Ergué-Armel », soit environ presque 100.000 euros d'aujourd'hui.

Albert Le Guay, le frère, engagea une demande en annulation, aidé par l'un des meilleurs avocats de Rennes, car il soupçonnait que le testament de son frère fut rédigé « sous l'influence de l'ivresse ou de l'insanité ».

 

Les deux jugements, devant la Cour de Tours et la Cour d'appel d'Orleans, donnèrent raison au frère « exhérédé », attendu que le testateur « n'était point mentis compos, c'est-à-dire en pleine possession de ses facultés ».

Plusieurs générations de Le Guay :

  Guillaume Le Guay (1773-1861)
  x 1804 Cécile Mermet (1778-1851)
  ├
  ├> Prosper Le Guay (1805-1886)
  ├   x 1838 Fanny Mermet (1813-1882)
  ├   ├
  ├   ├> Albert Le Guay (1841-1917)  -------------¬
  ├   ├   x 1876 Marie Elisa Huet (1850-1907)       :
  ├   └> Prosper Le Guay (1846-1888)                 :
  ├                                                                    :
  └> Félix Simon Amédée Le Guay (1807-1884)    :
       x 1838 Clarisse Le Bastard (1820-1846)        :
       └> Georges Le Guay (1841-1893)                :
            x 1872 Marie Harrouard (1852-1946)       :
            ├                                                           :
            └> Louis Le Guay (1874-1959) <-----------
                 x 1903 Marthe Le Verger (1880-1954)

Albert Le Guay et son épouse s'établirent à partir de 1883-86 au manoir du Cleuyou, où, fort de ses convictions politiques il y organisa des fêtes républicaines. Après son décès en 1917, la propriété du Cleuyou passera dans les mains du petit-fils de son oncle Félix.

[modifier] 2 Transcription et coupure

Un de nos correspondants nous envoie d'intéressants détails sur un procès qui vient de se débattre devant le tribunal de Tours, puis devant la Cour d'appel d'Orléans, et auquel sont mêlés des noms très connus à Quimper.

Il y a deux ans mourait à Tours [1] M. Le Guay (Prosper), fils d'un ancien conseiller de préfecture du Finistère qui lui-même était mort à sa propriété du Cluyou, en Ergué-Gabéric, peu de temps auparavant.

M. Prosper Le Guay laissa un testament olographe [3], aux termes duquel il instituait pour son légataire universel un restaurateur de Tours, M. Carrière, chez qui il avait pris pension pendant quatre mois. Divers legs, d'une valeur de 30.000 francs, étaient faits, en outre, au profit de quelques particuliers et des communes d'Ergué-Gabéric et d'Ergué-Armel.

Le frère (NDRL: son fils plutôt) du testateur, M. Le Guay (Albert [4]), attaqua cet acte, en soutenant que M. Prosper Le Guay n'avait pu le faire que sous l'influence de l'ivresse ou de l'insanité.

L'enjeu du procès était considérable, la fortune léguée atteignant un chiffre très important.

Devant le tribunal de Tours, Me Hamard, l'habile avocat de Rennes, plaida pour M. Albert Le Guay. Me Johanet, bâtonnier des avocats de la Cour d'Orléans, soutint, au nom du légataire universel, la validité du testament.

C'est au demandeur que le tribunal donna raison. Il déclara nul le testament, sans vouloir procéder à une enquête, en s'appuyant sur les termes mêmes de l'acte, rapprochés de certaines lettres fort curieuses écrites vers la même époque par M. Prosper Le Guay et qui semblaient en contradiction avec l'expression de ses dernières volontés.

M. Carrière fit appel devant la Cour d'Orléans, où les mêmes avocats se retrouvèrent en présence.

Me Johanet insista, dans une vigoureuse plaidoirie, pour obtenir une enquête destinées à établir qu'au moment où il écrivait son testament, M. Prosper Le Guay était dans un état de complète lucidité d'esprit. De brillants et vifs débats s'engagèrent sur ce point essentiel et ne durèrent pas moins de deux jours.

 
Le Finistère du 26 juin 1889
Le Finistère du 26 juin 1889

Par son arrêt, la Cour d'Orléans vient à son tour de repousser l'enquête, en confirmant de tous points le jugement de Tours. Son arrêt, fortement motivé, déclare qu'à l'époque du testament, M. Prosper Le Guay n'était point mentis compos, c'est-à-dire en pleine possession de ses facultés. Son testament est, en conséquence, définitivement annulé.

Cet arrêt a été rendu par la Cour sous la présidence de M. Duboc, premier président. M. Cadot de Villemomble, avocat général, occupait le siège du ministère public.

[modifier] 3 Annotations

  1. Prosper Le Guay est bien décédé à Tours le 16 février 1888 à l’hôpital de Tours (Indre et Loire), alors que son père, Prosper également, est décédé au Cleuyou 2 ans avant: Décès - 17/07/1886 - Ergué-Gabéric (Le Cleuyou) de LE GUAY Prosper François, conseiller de préfecture, âgé de 80 ans. Père : Guillaume, décédé. Mère : Cécile Marguerite MERMET, décédée. Conjoint : Fanny Marie Louise MERMET. Témoins : pierre le gall 46a ,journalier et alain laurent 42a ,cultivateur. Notes : Né à Quimper [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. Information et document communiqués par Pierrick Chuto, passionné d'histoire régionale, auteur de nombreux articles (Le Lien du CGF, La Gazette d'Histoire-Genealogie.com ... ) et de livres sur les pays de Quimper et du Pays bigouden : § [ses publications] . La dernière parution est « Bien-aimée Marie-Anne avec de belles lettres d'amour de son arrière-grand-père à sa promise. [Ref.↑]
  3. Testament olographe : déclaration écrite des dernières volontés d'une personne entièrement écrit de la main de son auteur, établi sans l'intervention d'un notaire. [Ref.↑]
  4. Albert Le Guay, né au manoir du Cleuyou le 26 mai 1841, est le 2e fils de Prosper Le Guay, le premier étant décédé à l'age de 3 ans. Juge de paix à Douarnenez, archéologue amateur et républicain militant, il décède en 1917. [Ref.↑]


Thème de l'article : Coupures de presse relatant l'histoire et la mémoire d'Ergué-Gabéric

Date de création : Décembre 2014    Dernière modification : 30.05.2015    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]