Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier - GrandTerrier

Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

Un article de GrandTerrier.

(Différences entre les versions)
Jump to: navigation, search
Version du 25 novembre ~ miz du 2016 à 20:47 (modifier)
GdTerrier (Discuter | contributions)

← Différence précédente
Version du 3 décembre ~ kerzu 2016 à 18:50 (modifier) (undo)
GdTerrier (Discuter | contributions)

Différence suivante →
Ligne 10: Ligne 10:
|} |}
 +{{:Blog 03.12.2016}}
{{:Blog 26.11.2016}} {{:Blog 26.11.2016}}
{{:Blog 19.11.2016}} {{:Blog 19.11.2016}}
Ligne 22: Ligne 23:
{{:Blog 10.09.2016}} {{:Blog 10.09.2016}}
{{:Blog 03.09.2016}} {{:Blog 03.09.2016}}
-{{:Blog 27.08.2016}} 
<hr> <hr>
'''Anciens billets publiés avant le dernier de la liste ci-dessus''' => [[Actualité, archives|[Actualité, archives]]] '''Anciens billets publiés avant le dernier de la liste ci-dessus''' => [[Actualité, archives|[Actualité, archives]]]

Version du 3 décembre ~ kerzu 2016 à 18:50


Special:WhosOnline
Frame

Sommaire

Frame
Modifications récentes : [Journal des MàJs] Anciens billets hebdos : [Actualité, archives] Les anciennes affichettes : [À la une]


1 Orgue Renaissance et Baroque

Billet du 03.12.2016 - « Tel qu'il est, cet orgue représente un excellent exemple de la facture de Thomas Dallam et permet de retrouver des sonorités oubliées depuis bien longtemps », KAUFFMANN (Jacques), Orgue Thomas Dallam de 1680, église St-Guinal d'Ergué-Gabéric
Tel qu'introduit dans la pochette du CD, le portrait du musicien lui sied bien : « Titulaire depuis 1981 de l'Orgue de l'Église des Dominicains de Paris, Jacques Kauffmann est aujourd'hui l'un des organistes français les plus talentueux. Musicien par nature discret, son chemin est celui de la poésie, de la clarté et des images, de l'équilibre aussi ». En 2000 un de ses enregistrements essentiels et incontournables sur l'Orgue historique de Thomas Dallam à Ergué-Gabéric, passé inaperçu à l'époque, a rassemblé une collection d’œuvres pour orgue de compositeurs européens des époques Renaissance et Baroque en France, aux Pays Bas, en Italie, Espagne et Allemagne.

Commentaire d'un mélomane anglais : « Kauffmann's recital gives us a wide variety of compositions and styles from all over Europe. He includes pieces by Gervaise, Sweelinck, Zipoli, Frescobaldi and Froberger plus some Iberian masters. He finally rounds things off with Muffat's 11th Toccata. The many carefully-chosen registrations provide some delightful colours- just listen, for example, to those talkative 8' and 4'flutes, voiced with a typically English dry attack. The disc has been well-engineered to give a crystal-clear sound throughout. » (J. R. M. Bailes on 20 Sept. 2010) § Traduction française ...

Pour des raisons évidentes de protection des droits artistiques, nous ne proposons à l'écoute qu'un petit extrait pour vous encourager à acheter ou télécharger le CD sur Amazon ou tout autre site marchand. Ci-dessous le douzième morceau, la Pastorale de Domenico Zipoli ; la version enregistrée sur l'orgue Dallam par Kaufmann est une merveille, à comparer avec un autre enregistrement libre de droit de Megodenas sur Wikipedia.

LES PLAGES DU CD

1.Pavane (1:17), Claude Gervaise (1535-1565)
2.Branle gai (0:57), Claude Gervaise (1535-1565)
3.Gaillardes (1:19), Anonyme
4.Ungaresca et Saltarello (1:35), Jakob Paix (1556 - après 1623)
5.My Lady Carey's Dompe (2:11), Anonymous
6.Voluntary for organ in E minor, Op. 7/7 (4:29), John Stanley (1712-1786)
7.Tiento de medio registro de tiple de quarto tono (6:23), Francisco Correa de Arrauxo (env. 1576-1650)

 


8.Obra de 1. tono (4:54), Sebastián Aguilera de Heredia (1560s-1627)
9.Echo fantasia in Dorian mode (5:15), Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621)
10.Mein junges Leben hat ein End, variations (7:42), Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621)
11.Il secondo libro de toccate, canzone...di cimbalo et organo, No.14, Canzona Seconda in C major (4:42), Girolamo Frescobaldi (1583-1643)
12.Pastorale for keyboard in C major (3:06), Domenico Zipoli (1688-1726)
13.Fiori Musicali, Toccata per l'Elevazione (4:20), Girolamo Frescobaldi (1583-1643)
14.Fiori Musicali, No.46, Bergamasca (5:49), Girolamo Frescobaldi (1583-1643)
15.Toccata in D minor (2:08), Carlos de Seixas (1704-1742)
16.Toccata in G minor (2:18), ibid
17.Toccata D minor (1:56), Frei Jacinto (1700-1750)
18.Toccata (3:59), Johann Jacob Froberger (1616-1667)
19.Toccata No. 11 Apparatus musico-organisticus (8:20), Georg Muffat (1653-1704)

Éditions Salachas. © Skarbo

Prise de son et montage : Michel Coquet

Direction artistique : Eric Nabor

Accord et préparation de l'orgue : Bernard Huvry

En savoir plus : « KAUFFMANN Jacques - Orgue Thomas Dallam d'Ergué-Gabéric », y compris la présentation historique de l'orgue tricentenaire.

 

2 Les ouvrier(e)s d'Odet à la noce

Billet du 26.11.2016 - « Je profite de l'occasion pour vous transmettre une photo issue de la collecte pour les 100 ans des PAOTRED », Gwen Huitric.

Lors du travail de collectage de photos et témoignages organisé par Gwen et le comité de rédaction des Paotred-Dispount, une multitude de photos n'a pas eu la chance d'être publiée faute de place dans la brochure éditée en 2013, dont celle-ci datée du 22 septembre 1932. On y reconnaît des figures connues du quartier d'Odet, sur leur trente-et-un [*] et fières d'être à la fête.

Henri Le Gars, né en 1923, a identifié les personnes de cette première photo, quelques-uns étant de sa famille proche :

  • 1 Mon père, Yves Le Gars, Keranna
  • 2 Mon grand-père maternel, Grégoire Niger, Ti-Ru
  • 3 Mon oncle Jean-Marie Quéré, Stang-Venn
  • 4 Jean-Marie Brénéol, dit « la barraque »
  • 5 Mon cousin Jean-René Saliou, Stang-Venn
  • 6 Ma tante Josephe Niger, épouse J.M. Quéré
  • 7 Ma cousine Yvonne Le Gars, L'Ile-Tudy
  • 8 Mon cousin Pierre Quéré, fils J.M. et Josephe.
  • 9 Ma tante Josée Niger, épouse de Louis Niger

Le cliché a été pris et édité par le studio quimpérois «  E. Le Grand » comme l'atteste son tampon blanc. Le fondateur Etienne Le Grand (1885-1969) s'était sans doute déplacé pour le compte des Bolloré jusqu'à son lieu de naissance.

En arrière-plan, on devine le nouveau bâtiment du patronage de Keranna, inauguré le 6 septembre 1931, où se tenait le banquet des noces du fils ainé Bolloré, ce que confirment les journaux locaux : « Dans une autre salle toute proche la famille élargie du personnel de la maison, au nombre de plus de 400, se trouva rassemblée pour le banquet des noces ».

Ce fut le mariage en grande pompe [**] de René-G. Bolloré, héritier de l'entreprise papetière d'Odet, bien qu'il soit écrit dans les journaux que la cérémonie nuptiale fût dite dans la stricte « intimité ».

Grâce à une première coupure de presse du journal national « Figaro » dans sa rubrique Mariages, on apprend que le pape Pie VI a donné sa bénédiction aux jeunes mariés et que les témoins étaient 4 et les garçons et filles d'honneur 16.

  Quant à l'article signé des initiales « J.L. », avec un texte publié à l'identique dans les colonnes de « L'Union Agricole » pour les lecteurs de Scaër et du « Progrès du Finistère » pour Odet, on y trouve les infos suivantes :

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgLa famille de la mariée, les Rivière, étaient des industriels de Nogent-sur-Marne qui doivent leur « fortune au travail acharné et consciencieux de leur chef. »
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgIl est question des « âmes sous le coup d'un deuil récent », soit très probablement le décès en 1932 de la belle mère de René Bolloré, épouse de l'armateur nantais Gaston Thubé.
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgParmi les ecclésiastiques présents, on remarque un ami et un parent proches : « M. le chanoine Thubé, oncle du jeune marié. À son appel avait répondu Mgr Le Gouaz, archevêque de Port-au-Prince, qui l'honore de son amitié depuis les longues années où ils vécurent à Vannes, sous le même toit épiscopal. »
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgUne autre personnalité de la famille est mentionnée comme la « vénérable arrière-grand-mère dont on vient, dans une intimité plus discrète encore, de fêter les cent ans » : certes la grand-père Léonie Bolloré est décédée à l'âge de 101 ans en 1948, mais nous ignorons qui est cette arrière-grand-mère Bolloré-Thubé ou Rivière-Collonge née en 1831-32.
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgLe jour du mariage un autre banquet fut organisé à Scaër-Cascadec, l'usine sœur d'Odet, pour « le personnel de Cascadec, au nombre de plus de 600 ».

Les ouvriers d'Odet et de Cascadec furent recon-naissants en offrant aux mariés de « grands bouquets offerts par le personnel de la maison et même par les marins du yacht ».
  • équipage du yacht DAHU II

En savoir plus : « 1932 - Les ouvriers papetiers d'Odet à la noce de René-G. Bolloré, studio Etienne Le Grand » et « Un mariage en grande pompe à Odet, Figaro et journaux locaux 1932 »


[*] et [**] : cf article pour plus amples explications sur l'origine des expression "en grande pompe" et "sur leur trente et un".

3 Enfin une avenue Guy Autret

Billet du 19.11.2016 - La municipalité gabéricoise a décidé de nommer officiellement le 1er avril 2017 une grande avenue en l'honneur de l'un de ses plus illustres habitants, à savoir Guy Autret (1599-1660). D'ici là, chacun peut proposer la rue, ancienne ou nouvelle, la plus adaptée.
Pour la circonstance, nous versons au dossier les 51 lettres écrites entre 1635 et 1659 par le gentilhomme historien gabéricois, lesquelles ont été étudiées par le Comte de Rosmorduc et rassemblées dans un ouvrage titré « Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier ». Pour améliorer la lisibilité des missives par un lecteur d'aujourd'hui, nous avons reproduit le texte de la transcription en remplaçant, quand nécessaire, des lettres u en v, certains i par des j et en rectifiant la calligraphie de la lettre s.

Et cette semaine, on s'intéressera à cinq de ces lettres, datées de 1638 à 1643, où Guy Autret cite son voisin quimpérois Nicolas Caussin, et le recommande chaudement à son correspondant Pierre d'Hozier.

C'est le 26 décembre 1637 que les lecteurs de la Gazette apprirent que « Le père Caussin a été dispensé de sa Majesté de ne plus la confesser à l’avenir » et qu'il devait s'exiler au fin fond d'une province profonde, c'est-à-dire à Quimper. Même si quelques rumeurs de la discorde entre le confesseur du roi et le ministre de celui-ci, le cardinal Richelieu, couraient déjà dans Paris, cette nouvelle fit scandale.

Son exil imposé à Quimper va même donner à Jean de La Fontaine la matière pour sa fable du Chartier embourbé : « C'était à la campagne près d'un certain canton de la basse Bretagne, Appelé Quimper-Corentin. On sait assez que le Destin adresse là les gens quand il veut qu'on enrage : Dieu nous préserve du voyage ! ».

À son retour d'exil, Nicolas Caussin décrira son triste sort en des termes peu avenants pour les Quimpérois :
Image:Square.gifImage:Spacer.jpg« J’ai été comme dégradé, livré par mes frères, envoyé dans un exil très rude, parmi des barbares, et aux extrémités de la France [dans] le lieu le plus rude et le plus fâcheux qu’on puisse imaginer »,
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgAinsi relégué « à la dernière maison de la province », il ne voit que « déserts et rochers », et la population « articule on ne sait quels sons barbares plutôt qu'elle ne parle. »

À la lecture des citations ci-dessus, on comprend mieux pourquoi Guy Autret, dans ses lettres au correspondant de la Gazette, présente le séjour du père Caussin comme un fait notable important. Les deux intellectuels ont de plus le même mépris pour le cardinal Richelieu, et Guy Autret pousse présente son alter-ego comme un homme bon : « C'est un bon home & à mon advis selon le cœur de Dieu, qui ayme tous les bons et hait tous les mechantz. » (23 février 1643).

Guy Autret ne manque pas non plus d'ironie lorsqu'il considère l'exil lointain dont fait l'objet le jésuite, assimilant la Bretagne à une contrée peuplée d'Indiens d'Amérique : « Je ne puis nier que nostre langage m'escorge la luete et que dans nos isles il ne  se 

 
(Portrait du père Caussin, Galerie illustrée de la Compagnie de Jésus)

troeuve des demi sauvages, aussi nous a t on envoyé le père Caussin, come si l'on avoit voulu releguer parmi les Hurons ou les Hiroquois » (8 février 1638).

Il s'associe également par solidarité à l'exilé politique : « Je ne puis comprandre coment vous pouvés vous donner paine pour un miserable bas breton relegué à Kempertin, aussi bien que le pere Caussin. » (17 juin 1638).

Dans son isolement quimpérois, le père Caussin réclame une plus grande rapidité d'envoi des dépêches du correspondant parisien de Guy Autret : « Le pere Caussin, au quel je faisois hier lire la vostre, me dit que si vous changiés le jour de vos depeches ... et ainsi vos lestres ne seroint vieilles que de 8 Jours quand elles me seroint rendues, au lieu qu'à presant elles le sont ordinerement de quinse » (25 août 1641).

On sait même que le père Caussin ne rentra à Paris qu'entre mars et septembre 1643, soit plus de 5 mois après le décès de Richelieu que Guy Autret surnomme le « deffunt Armand », car en février les deux hommes se voient toujours à Quimper. En septembre Guy Autret se plaint que, dans la capitale, il n'est plus aussi avenant : « si j'estois à Paris ...si le bon pere Caussin & Mr de St-Germein ne me bannisoint de leur conversation, on me verroet plus souvant chés eux ».

En savoir plus : « Témoignage de Guy Autret sur l'exil du père jésuite Nicolas Caussin à Quimper », « 1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc », « ROSMORDUC Le Gentil Georges (comte de) - Guy Autret »

4 Un peu seule dans un petit palais

Billet du 12.11.2016 - « Cette carte représente l'usine et notre maison, j'ai fait une croix sur ma fenêtre et un point sur celle de ma lingerie », Mathurine

Une très belle carte postale du site papetier d'Odet, une photo prise vraisemblablement à l'aube des années 1900, et éditée par le photographe quimpérois Joseph Marie Villard.

On s'attardera aussi à analyser deux cartes ayant circulé :
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgL'une de l'oncle Léon Bolloré à son employé et contremaitre de fabrication Jean-Pierre Rolland.
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgL'autre d'une nantaise prénommée Mathurine, lingère à Odet chez les Bolloré, à son amie d'enfance Ernestine.

Gwenn-Aël Bolloré a publié cette photo dans son livre sur son aïeul « Voyages en Chines et autres lieux » avec ce sous-tire : « L'usine d'Odet à la mort de Jean-René Bolloré » (décédé le 19 mai 1881), et en la tronquant des sous-titres et marques de l'éditeur photographe Villard.

Depuis cette publication tout le monde affirme que la prise de vue date précisément de 1881. Mais certains faits nous inclinent à croire que la vue photographiée d'une part et la publication en carte postale Villard d'autre part sont un peu plus tardives.

Tout d'abord, à gauche du cliché, la grande cheminée à la fumée abondante et sa chaudière nécessitent un débit d'eau important. Or la chaudière produisant la vapeur nécessaire aux rouleurs sécheurs ne sera en fonction qu'en 1886-88, le cadastre de la commune d’Ergué-Gabéric indiquant une « machine à vapeur » en tant que construction nouvelle achevée en 1886 et déclarée aux impôts l’année 1889. Le canal amenant l'eau à l'usine a été creusé dans les années précédentes en remplacement du cours d'eau du Bigoudic qui n'était plus suffisant.

Ensuite la production des cartes postales Villard a sans doute commencé dans 1880-1890, mais sous la forme de photos contrecollées sur cartons. Ici il s'agit d'une édition imprimée, avec le titre en surimpression « Papeteries de l'Odet - Environs de Quimper » et sur le côté « Collection Villard, Quimper ». Il n'y a pas de numéro comme sur les séries des années 1910 (cf Kerdévot, Lenhesk, Stangala-Meil-Poul). Il nous semble plus probable que la carte a été éditée au plus tôt dans les années 1890-1900.

Enfin les quelques cartes en circulation sont datées des années 1906 à 1910 avec leurs timbres de couleur orange-rouge à 10 centimes représentant une semeuse. Ce timbre est sorti en 1906, et sur les deux cartes ci-dessous l'année oblitérée à deux chiffres (par ex. 06 pour 1906) est difficilement lisible, hormis le premier 0.

La carte Villard nous permet de repérer un peu plus chaque bâtiment de l'époque, les routes et cours d'eau (dont le ruisseau central Bigoudic), et de comprendre l'orientation nord-est sud-ouest, le long de l'Odet. Au milieu de la photo Villard on distingue nettement le grand bâtiment dénommé par la suite « Keromelette » et qui servait de logement aux cadres, directeurs et personnel. Le manoir et la petite chapelle sont non visibles, car cachés à droite derrière la pente boisée.

 

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgLa première carte a circulé entre Quimper et Scaër dans les années 1906-1909, un 28 décembre. Elle est écrite par Léon Bolloré, frère du René Bolloré décédé en 1904 et oncle du nouveau patron René Bolloré, et adressée à Jean-Pierre Rolland, originaire d'Odet et contremaitre de fabrication à l'usine sœur de Cascadec. Le contremaitre a déjà adressé ses vœux, et son patron lui répond dans un style qu'on hésite à qualifier soit de condescendant, soit de familier et chaleureux : « Merci de vos vœux Rolland », « Je vous retourne les miens sincères », « Sentiments fidèles ».

La relation de Jean-Pierre Rolland avec Léon Bolloré était proche car il a été embauché très jeune par les Bolloré en 1868 (il avait 13 ans), et a il participé avec lui à la mise au point de la fabrication des papiers minces. En 1913, en voyage à Paris et en Allemagne il écrit au nouveau patron René Bolloré, neveu de Léon, qu'il a fait une visite à son oncle : « Nous avons diné hier au soir chez Monsieur Léon. Je suis très content de l'avoir vu. Je l'ai trouvé très bien, un peu maigri mais très bonne mine. »

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgLa deuxième carte a circulé entre Quimper et Nantes avant les années 1910. Prénommée Mathurine, la lingère employée par les Bolloré explique à son amie d'enfance les conditions de travail et de séjour à Odet, « dans mon trou, ici on a guère de distractions » dit-elle.

Elle y indique où est sa chambre de bonne qu'elle marque d'une croix sur la photo, une mansarde dans la grande maison de logements qu'on a appelée par la suite « Keromelette » quand elle servit aussi de cantine : « cette carte qui représente l'usine et notre maison, j'ai fait une croix sur ma fenêtre et un point sur celle de ma lingerie ».

Quant aux patrons, elle les décrit comme très compréhensifs : « Monsieur est très gai et me fait toujours rire », « mes patrons sont tout à fait bons pour moi ». Son malheur est la solitude : « je suis un peu seule dans mon petit palais ».

En savoir plus : « Vue des papeteries de l'Odet, carte postale Villard, 1881-1906 »

5 Le chant du meunier de Moguéric

Billet du 05.11.2016 - « Et c'est depuis ce jour, Qu'on raconte alentour, Qu'automne hiver, printemps été, Le moulin est rompu. Dans le silence des pierres, Vient résonner un air, Comme les vents aiment tourbillonner Sous le chant du meunier » (Dan ar Braz et Clarisse Lavanant, 2009)

Louis Rospape, qu'on appelait localement « Louch », fils du meunier du moulin du Temple en Edern, était depuis les années 1910 meunier du moulin de Mogéric, situé à Briec sur la rive droite de l'Odet, attenant au manoir Bolloré et à l'usine de fabrication de papier d'Odet.

L'idée répandue était que, dans les années 1930, l'industriel papetier René Bolloré fit gracieusement don à Louis Rospape du moulin de Troheir en Kerfeunteun, en échange de celui de Mouguéric qui devait s'arrêter. Un jugement de décembre 1927 par la cour d'appel de Rennes rétablit une vérité bien différente.

Tout d'abord Louis Rospape n'est pas propriétaire du Meil-Moguéric : « (par) acte du 3 septembre 1917, transcrit le 17 septembre de la même année, il (Bolloré) a acquis des époux Rannou, bailleurs de Rospape, la propriété ... appelée le Moulin de Moguéric ». C'est donc en tant que locataire du propriétaire Bolloré qu'il exercera ensuite son métier jusqu'en 1927, et enfin, lorsque René Bolloré lui signifie son congé d'Odet, il doit signer un nouveau bail auprès du propriétaire du moulin de Troheir.

Il n'y a donc pas eu de cadeau, ni de transaction d'échange. Bien au contraire le meunier s'estime lésé et réclame même une indemnité d'éviction, conformément à la loi du 30 juin 1926 lorsque « l'acquisition a eu lieu dans le but d'agrandir les locaux où s'exerce le commerce ou de fonder une succursale ». Et il obtient un jugement favorable de la part du tribunal civil départemental de Quimper le 18 mars 1927.

Par contre le 12 décembre 1927 la cour d'appel de Rennes donne raison à René Bolloré en invoquant une série d'arguments qui nous semblent un peu spécieux :

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgLa proximité de l'usine n'est pas suffisante, bien que manifeste : « les premiers juges, pour admettre le principe de l'indemnité font découler cette preuve de la situation du Moulin de Moguéric, ainsi que des fins industrielles auxquelles Bolloré le destine »

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgL'arrêt du moulin a permis de régler un problème de débit d'eau pour les bassins de décantation : « il (Bolloré) a, par ce moyen, tenté d'assurer l'épuration des eaux résiduaires de son industrie restituées ensuite à la rivière, sans avoir à se préoccuper du droit du meunier à l'usage de la totalité des eaux de l'Odet pendant la période d'été.  »

 

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgDès qu'il s'agit de droit d'eau, ce qui est ici obligatoirement le cas pour le moulin et l'usine, on n'entrerait pas dans le cadre de la loi : « l'expression « Locaux à usage industriel » employée par l'article 5 de la dite loi, quelque large qu'elle soit, ne peut comprendre un droit aux eaux d'une rivière, ni les aménagements effectués pour assurer l'exercice de ce droit ».

Le moulin de Moguéric s'est arrêté, le bief et la roue ont été détruits, les bâtiments agricoles ont été réhabilités en logements d'appoint, et Louis Rospape a quitté les lieux pour s'installer au grand moulin du Troheir en Kerfeuteun.

Louis, marié à Marie Huiban en 1908, aura trois enfants : Marie, épouse Gouiffès ; Yves, époux d'une demoiselle Seznec ; Anne, épouse de Jean Le Braz, qui reprendra la succession du moulin de Troheir pour en faire une boulangerie industrielle. L'artiste et grand guitariste Dan ar Braz, neveu de Jean et fils de Corentin, a peut-être pensé à la famille de sa tante quand il a, avec Clarisse Lavanant, fait une reprise de la chanson enfantine galloise « Can y Melinydd » (Le Chant du Meunier) en français :

Dans le silence des pierres
Vient résonner un air
Comme les vents aiment tourbillonner
Sous le chant du meunier

Moulin à vent moulin à eau,
Tournez plus fort tournez plus haut

L'hiver dans ces lieux
Discret et mystérieux
Entre la farine et les grains
Chérissait son moulin

En savoir plus : « 1927 - Demande d'indemnité d'éviction du meunier de Moguéric au papetier d'Odet »

6 Bulletin couleur bleue Kerdévot

Billet du 23.10.2016 - Le « bleu Kerdevot » n'est ni un « bleu Roi », ni un « bleu de France » qui sont plus foncés, et encore moins un bleu marine. La valeur exacte de la teinte tendre de Kerdévot est définie par le triplet hexadécimal #3286cc ou le code RVB 50 134 204.

Ceci étant dit, le nouveau bulletin est avant tout une invitation aux balades dans nos recoins de campagne et d’y remonter l’horloge du temps :

Image:Right.gif Le manoir de Kerdudal est en photo de couverture et l’histoire du village est retracée dans les 4 premiers articles.

Image:Right.gif Le petit patrimoine de Pont-Odet, avec un relevé des gargouilles de l’église St-Mathieu et d’une croix-calvaire.

Image:Right.gif Kerdévot, 3 articles pour une visite guidée de la chapelle, une conférence en langue bretonne, un bleu inimitable, et des pages du cantique « Itroun Varia Kerdevot air Laudate Mariam » publiées en 1881.

Image:Right.gif Et enfin, avec une vue aérienne en 4e de couverture, les explications en dernières pages sur les fouilles archéologiques de cet été à Parc-al-lan.

Sans oublier une interview de Martial Ménard, l’éditeur engagé des « Mémoires d’un paysan bas-breton », et les formulettes bretonnes relevées à Ergué-Gabéric au 19e siècle.

Et aussi, les pigeons voyageurs de Jean Lazou qui fut dans les années 1930 un colombophile averti et passionné de concours. Plus la réquisition des chevaux imposée aux gabéricois en l’an 2 de la République.

Et enfin l’anatomie d’une photo de 1931 ou 1933 prise par un grand photographe à bord de la vedette Dahu II de l’industriel papetier René Bolloré.

Bien entendu, les recherches et découvertes grand-terriennes vont se poursuivre encore et encore …

Le bulletin en ligne : « Kannadig n° 35 Octobre 2016 »

 

7 Anatomie d'une photographie

Billet du 16.10.2016 - Jusqu'au 26.02.2017 à la BnF on peut voir une belle exposition « La France d'Avedon. Vieux monde, New Look », dont le cœur est le livre « Diary of a century » de Richard Avedon qui nous fait découvrir l’œuvre de son prédécesseur grand photographe, Jacques-Henri Lartigue.

Et parmi les oeuvres de Lartigue, il y a cette photo révélée lors d'une exposition de l'Association des Amis de Jacques-Henry Lartigue au Grand Palais. Michel Frizot en fit publier le catalogue en 1987 de l'éditeur Robert Delpire. Ce sont des photos « 6/13 » tirées à partir des négatifs sur verre au format stéréoscopique 6 x 13 cm. Page 47 le titre de la photo qui nous intéresse est préfixée par ce texte : « 1926. Juillet. Royan ».

Gwenaël Bolloré dans son livre "Mémoires Parallèles" présente une datation plus tardive, 1933 et non 1926 : « De mon père, Lartigue a laissé de nombreuses photos qui ont été d'ailleurs exposés au Grand Palais et certaines sont très émouvantes pour nous, ses enfants. Elles ont été prises en 1933 sur le pont du bateau familial, le Dahu II, vedette de trente et quelques mètres. On y voit mon père sur une chaise longue, emmitouflé de couvertures, et ce n'était pas comme l'ont fait remarquer de mauvaises langues parce qu'il avait le mal de mer, mais bien plutôt parce que son cancer gagnait méthodiquement du terrain. »

La date de 1933 nous paraît plus crédible car son grand père René Bolloré est décédé le 16 janvier 1935 à l'âge de 49 ans, emporté par un cancer  de  la  gorge.  Néanmoins,  les  derniers

  clichés de la collection Delpire sont datées 2 ans auparavant, 1931 nous paraît plus acceptable.

Plus précisément, sur la photo Bibi, première épouse de Lartigue est allongée au premier rang, presque hors champ, la main posée sur le fauteuil de Denise Grey. Cette dernière, jeune actrice de moins de 40 ans, écosse des petits pois, assise sur un fauteuil en osier. Et René Bolloré avec sa casquette de marin sur la tête, en robe de chambre, mi-allongé sur son fauteuil, observe ses passagers.

En juin 2013, 19 tirages photographiques de l'exposition Lartigue furent intégrés dans une grand vente aux enchères « Photographies XIXème et XXème » par le commissaire Christophe Joron-Derem à l'hôtel Drouot qui présente aussi entre autres des clichés de Capa, Cartier-Bresson, Doisneau ...

Sur le cliché de Lartigue on remarque aussi trois bouées de sauvetage accrochées au bastingage du pont avant. Cette configuration est confirmée par les photos prises à la même époque par un membre du personnel affecté au bateau, arborant le tee-shirt « Dahu II Y.C.F ».

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Jacques-Henri Lartigue, photographe à bord de la vedette Dahu II de René Bolloré en 1931 »

8 Moictié d'un estaige à Kertugdoal

Billet du 09.10.2016 - Lieu-dit orthographié aux 15e et 16e siècle Ker(t/d)ug(d)oal, avec une hésitation sur les lettres t et d, mais la certitude d'un emprunt au nom de l'un des 7 fondateurs légendaires de la Bretagne, saint Tugdual, saint gallois du 6e siècle, fils de Koupaia et évêque de Tréguier.

Au 17e siècle le village de Kerdudal était une double tenue agricole à titre de domaine congéable vis-à-vis des héritiers de La Marche de Lezergué (cf avant dernier billet sur les burons). Le très gros registre A85 des Archives Départementales et ses folios 527, 528, 537 permettent de comprendre de ce qu'il en était aux 15e et 16e siècles et comment l'intégration au domaine de Lezergué a été possible au 17e.

Au folio 527, les trois villages de Munuguic (Menancic), Kerdudal (Kertugdoal) et Kerdohal (Kerdochal) sont déclarés en 1540 comme appartenant en partie à Anne Pezron veuve et mère de François Gauvain, seigneur de Stangbihan en Kerfeunteun. En fait, pour Kerdudal, une seule des deux tenues ou « estage » dépend du domaine noble de Stangbihan, l'autre étant détenu noblement par « sieur de Kerfors par succession ».

Cette succession trouve son explication dans un autre document de 1460 transcrit par Norbert Bernard, lequel est un acte d'échange entre Raoul Droniou et sa mère de Stangbihan d'une part et Caznevet de Kerfors d'autre part pour « ledit tiltre de eschange la moictié dun estaige et tenement de terre ... situé au village de Kerdudal ». On comprend qu'avant 1460 les deux tenues de Kerdudal dépendaient de Stangbihan.

Et le folio 471 du registre A85 pour Canevet de Kerfors en 1488 confirme bien qu'une tenue a été transférée : « la moitié d'un tenement d'heritage situé au village de Querdudoel ». Alors qu'un siècle plus tard, en 1614, les deux tenues de Kerdudal seront regroupées dans les mains d'Yves de La Marche, l'héritier de « Querfors », comme en atteste le folio 473 du même registre A85 : « Les étages de Kerdudoal et Penanros ... autre etage du village de Kerdudoal ».

On peut donc conclure que Kerdudal n'était pas à l'origine un convenant de Lezergué, tout du moins pas avant que les de La Marche de Kerfors acquièrent le manoir voisin. Quand Lezergué était possession des Autret, les tenanciers de Kerdudal payaient leur rente à Kerfors, comme ils l'avaient fait précédemment aux seigneurs de Stangbihan.

 

Mais une question se pose néanmoins au folio 528, au travers d'un aveu d'Henry Aultret en 1502 pour « herittages au village de Kerdugoal » (et de Quelenec, Pailocquen) présenté pour de simples droits de « rachapt ». Alors qu'en 1540 ce sont des droits féodaux complets qui sont dus par les tenanciers de Kerdudal à leur propriétaires nobles de Stangbihan : « En proche seigneurie de ligence à foy hommage et debvoïr de rachapt. »

De plus la notion d'héritage non nommé est nettement moins consistante que celle de « estage ». Dans les documents d'aveux ou d'inventaire de succession, le terme ancien « estage » qui désigne un corps de ferme et ses dépendances, est synonyme par extension de tenue ou de convenant, impliquant des droits féodaux associés.

Il est difficile d'identifier cet Henri Aultret qui est antérieur aux générations qui ne se sont établies à Lezergué qu'à partir de 1575, doit l'historien et gazetier Guy Autret. Certes on sait que l'oncle de ce dernier, François Autret, seigneur de Kerveguen, sera mentionné comme détenteur du manoir de Kerstrat proche de Kerdudal, mais bien plus tard, en 1632.

Au folio 537, on a aussi une belle énigme, à savoir un aveu pour « un estage et tenue au village de Kertugoal.  » par un certain Bertrand de Lascoet. Était-ce Bertrand de Lescoet, le conseiller du roi Louis XI et capitaine du château de Loche de 1469 à 1475 ? ...

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « 1450-1540 - Adveus pour Ker(t/d)ug(d)oal extraicts de l'inventaire de Quimpercorantin »

9 Pigeons voyageurs à Lestonan

Billet du 02.10.2016 - « Pietro della Valle dit qu'en Perse le pigeon messager fait en un jour plus de chemin qu'un homme de pied ne peut en faire en six », Georges-Louis Leclerc de Buffon, Histoire naturelle des oiseaux, tome I, page 44.

Les anciens du quartier de Lestonan se souviennent : « Monsieur Lazou avait son pigeonnier en bois dans le fond de la cour de l'école publique des garçons, tout près de la cuisine de son logement. C'était un passionné de colombophilie ... »

Les journaux de l'époque des années 1930 et suivantes, « Le Finistère », « L'Ouest-Éclair » et « La Dépêche de Brest », le confirment : Jean Lazou, instituteur à l'école publique de Lestonan, pratiquait assidument le sport colombophile en participant aux compétitions organisées par la société « Le Messager Quimpérois ».

Aux concours de vitesse, il préfèrait les courses de demi-fond dans lesquels les pigeons, transportés en un lieu distant de 250 à 500 km comme Angers, doivent rejoindre leur pigeonnier en 4 à 8 heures de vol continu, ou des concours de fond, comme Toulouse ou Montargis, où la distance est de 500 à 1000 km.

Dans les articles publiés, on apprend que l'étape dite « enlogement » avait lieu à la gare de Quimper, ce qui veut dire d'une part que les pigeons sont transportés par train sur les lieux du « lâcher » et que d'autre part les colombophiles devait y apporter leurs champions qu'on munissait d'une bague en caoutchouc numérotée, et montrer aux organisateurs leur appareil de contrôle appelé « constateur ».

Cet appareil sophistiqué, avec un plomb qui interdisait son ouverture, est une horloge équipée d'un dispositif d'impression. Les bagues caoutchouc étaient mises dans les cases d'un barillet au retour du pigeon. Chaque fois que le barillet avançait d'une case, l'heure exacte (jour, heures, minutes, secondes) s'imprimait sur une bande de papier.

Il était donc difficile de tricher lors de l'établissement du classement des concours, et la précision était de mise, comme par exemple lorsque Jean Lazou fait constater l'arrivée de son champion à Lestonan le 8 juin 1930  : « le pigeon qui s'est classé en tête a été constaté à 13 h. 41' 30 ».

Et bien sûr, certes les pigeons étaient lâchés ensemble du même lieu, mais leurs pigeonniers respectifs étaient autour de Quimper, à Douarnenez, au Guilvinec, et il fallait corriger l'horodatage avec les distances exactes. Ainsi pour départager les deux premiers pigeons d'une à l'est de Quimper et d'autre part sur la place St-Corentin « le colombier Lazou qui est situé à Lestonan, en Ergué-Gabéric, doit rendre environ 8 km au colombier Merrien ».

Les conditions météorologiques n'étaient pas toujours faciles pour les pigeons voyageurs : « Contrariés au départ par une brume tenace et ensuite par un vent de Sud-Ouest, les volatiles ont été déportés très à droite de la ligne de vol et se sont trouvés pris dans le trou d'orage signalé comme particulièrement violent. »

 

Début juin 1935 Jean Lazou est félicité pour ses réussites colombophiles : « Nous voyons le colombier Lazou réussir cette année une performance rare dans le sport colombophile : faire une jolie passe à trois et fournir, trois dimanches de rang, le vainqueur du tournoi dans des conditions brillantes. » La 3e compétition était un Bordeaux-Quimper de plus de 500 km effectué par le pigeon de Lestonan à la vitesse de 56 km/h.

Fondé en 1906, « le Messager quimpérois » qui faisait partie des vieilles associations quimpéroises, était dans les années 1930-40 en concurrence avec une seconde société colombophile, « les Mouettes quimpéroises », mais seul le Messager, plus importante que les Mouettes, s'est maintenu comme association jusqu'à nos jours. À noter également qu'en 2016, une nouvelle association finistérienne accueille des colombophiles à Ergué-Gabéric : « P.V. Gabéricois », P.V. signifiant bien sûr Pigeon Voyageur.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Les compétitions colombophiles de Jean Lazou de Lestonan, journaux locaux 1930-35 », « Les fêtes annuelles du quartier de Lestonan, Ouest-Eclair Dépêche de Brest 1936-1939 », « Jean et Francine Lazou, instituteurs de 1926 à 1950 »

10 Les burons de Basse-Bretagne

Billet du 25.09.2016 - « Il n'a ni maison, ni buron », expression populaire désignant une personne sans lieu certain pour y coucher ou y dormir.

Le terme de buron est plus connu sous l'acception de cabanes au toit de lauses dans lesquelles les chèvriers d'Auvergne ou de Cantal pouvaient s'abriter. La marquise de Sévigné avait aussi son buron, mais plus confortable, à savoir le château du Buron à Vigneux-de-Bretagne près de Nantes : « Je fus hier au Buron, j'en revins le soir. »

Pour en savoir plus sur l'existence de burons à Ergué-Gabéric, nous avons transcrit deux déclarations, datées de 1692 (« mil six cent nonante deux), de la part des ménagers des tenues du domaine congéable de Kerdudal, l'une exploitée par Noel Le Caugant, l'autre habitée par un dénommé Le Galand et par une veuve Déniel née Jannès.

Une particularité commune aux deux tenues est la mention des habitations secondaires sous l’appellation « buron » :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg«Image:Spacer.jpgLa maison appellée Le buron qui a vingt et sept pieds de long, de hauteur sept, de franc douze, couverte de gleds, et construite de pierres de massonnage, fors la porte et une fenettre et l'ornemment des pignons de pierres de taille. »

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg«Image:Spacer.jpgLe buron aussi couvert de gleds construit de simple massonnage fors la cheminée, la porte et la fenettres qui sont de pierres de, contenant de long trente deux pieds, de hauteur six et demy, douze pieds de franc avec un escalier en treine. »

Par rapport aux maisons principales, si on exclut la hauteur de la 2e qui est à 2 étages, les burons aux toits de chaume (« gleds ») ont des dimensions équivalentes : 9 à 10 mètres de façade (27 à 32 pieds), 2,2 mètres de haut et 4 mètres de profondeur. On est loin des petites cabanes, ou des abris en lause des chevriers auvergnats.

On trouve aussi d'autres burons dans les actes d'Ergué-Gabéric datés du 17e siècle, notamment à Kerellou. Plus près de Kerdudal, on peut aussi s'interroger sur les origines mystérieuses du lieu-dit « Ty-Bur ».

Faute d'explications historiques locales, Le lieu-dit évoque le nom ancien de la ville de Tivoli, et du fait que les cadastres anciens mentionnent le lieu également Kerjenny on raconte des histoires de muses anglaises.

Il est plus plausible que le terme « bur » provient de l'ancien mot français « buron ». Quand on sait que Kerdudal est prononcé Kerzul localement, on peut penser que Buron pouvait être abrégé en Bur. Le nom de Villa de Ty-Bur est cité dans les journaux de 1881, 1898 et 1920 lors des ventes de la propriété, avec également dans les annonces la mention de Kerjenny désignant le hameau, alors que Ty-bur est la ferme agricole.

 

On peut rappeler que les lieux ont aujourd'hui changé par le nouveau tracé de la route de Coray au 20e siècle et le déplacement du portail de la propriété plus au sud, alors qu'il était auparavant orienté le long de la grande route.

Pour revenir aux documents de Kerdudal en 1692, le propriétaire noble des tenues est René-Louis de La Marche de Kerfors, probablement celui qu'on connait sous le prénom de Louis-René et qui se maria en 1686 à Marie-Rose de Tréouret de Kerstrat. Leur fils prendra le titre de seigneur de Lezergué, mais en 1692 Lezergué est encore dans les mains des héritiers de son ancien seigneur Guy Autret, ce qui explique que dans le document relatif à la deuxième tenue, il est mentionné également Guy de Charmoy et Yves du Menez.

Dans un prochain billet, nous présenteront les plus anciens documents présentant le convenant de Kerdudal comme rattaché au domaine noble des Autret, seigneurs de Lezergué.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « 1692 - Le domaine congéable de Kerdudal sous René-Louis de La Marche et Guy de Charmoy », « Explications toponymiques pour le lieu-dit Ti-Bur »

11 Martial, Léopold-François et JEP

Billet du 17.09.2016 - Les obsèques de Martial Ménard ont eu lieu lundi dernier. C'était l'éditeur des mémoires d'un paysan bas-breton en 1998 et un linguiste breton expert et intarissable. Il y a plus de 100 ans un autre linguiste, spécialiste des « genres courts », a collecté des « formulettes » ou ritournelles de basse-Bretagne et en particulier à Ergué-Gabéric. Et enfin ne pas oublier la journée du patrimoine demain dimanche 18 septembre.

Martial Ménard était un militant nationaliste breton, devenu linguiste, lexicographe, éditeur et journaliste breton, considéré comme l'un des meilleurs spécialiste de la langue bretonne. Directeur de la maison d'édition An Here, il publie en 1998 Mémoires d'un paysan bas-breton de Jean-Marie Déguignet, succès de librairie inattendu. ll fait paraître en 2012, un dictionnaire français-breton de grand format, et il lance fin 2015 le site Internet http://devri.bzh constituant un dictionnaire diachronique du breton qui explique les mots, mais aussi leur évolution dans l’histoire.

Dans un article-interview du magazine Bretons en 2011, il s'explique sur l'aventure Déguignet : « Bernez Rouz vient alors me voir et me confie le manuscrit. Je le dévore et je décide alors de l’éditer en me disant que je vais bien en vendre 3 000 et réaliser une bonne petite opération. On réalise donc un premier tirage de 2 500 exemplaires. Ça démarre pas mal car le bouche-à-oreille fonctionne bien. Mais là il se passe un événement étonnant. Un ami de Michel Polac l’achète en Bretagne pendant l’été et lui en parle. Et le 8 décembre, je me rappelle bien de la date, il en parle de façon dithyrambique sur France Inter. Moi, je n’avais pas écouté l’émission, mais quand je suis rentré chez moi, mon répondeur était saturé d’appels. Alors là, je me suis dit : ça va cartonner ! ».

Et le tirage qui s'ensuit est impressionnant : « J’en retire 10 000 exemplaires. Tous vendus en trois semaines ! Puis, je fais des retirages réguliers à coups de 20 000 exemplaires. » Au total, les Mémoires d’un paysan bas-breton vont s’écouler à 170 000 exemplaires dans cette version de 462 pages éditée par An Here. « On en vendra aussi 7 000 de la seconde version, un pavé de plus de mille pages qui propose le texte intégral. » Martial Ménard cède ensuite des droits de traduction en anglais, en italien et en tchèque. Et les droits en poche à Press Pocket. « Je ne sais pas combien d’exemplaires ont été vendus en poche mais sans doute 150 à 200 000 », estime-t-il.

Au total, le livre s’est écoulé à près de 400 000 exemplaires en France. Un énorme succès. Et qui dit succès dit bien sûr suspicion et jalousie. « Il y a eu beaucoup de sceptiques. Certains ont même prétendu que c’était un faux. »

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « La publication des mémoires Déguignet par Martial Ménard d'an Here, Bretons 2011 »

  Léopold-François Sauvé (1837-1892) est un mémorialiste qui s'est intéressé aux « genres courts » du patrimoine oral de Basse-Bretagne. Il a publié notamment un article titré « Lavarou koz a Vreiz-Izel » dans lequel il présente une comptine incluant une forme phonétique du nom de notre commune : « Erc’hie-Vras », dont on peut deviner la forme dérivée française du Grand-Terrier.

Avec les formulettes publiées en 1882 dans la Revue Celtique, on découvre une collecte très riche de ritournelles de nombreuses communes finistériennes (Châteaulin, Audierne, Douarnenez ...), et bien sûr celles authentifiées comme provenant d'Ergué-Gabéric. En voici l'une d'entre elles, certes un peu scabreuse :

(Extrait des formulettes de LF Sauvé, Revue Celtique, 1882)

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « SAUVÉ Léopold-François - Formulettes et traditions diverses de la Basse-Bretagne »

Quant à dimanche, journée européenne du patrimoine, voici la suite du programme annoncé dans le précédent billet :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgEglise Saint-Guinal. En cette Année du Bourg, les bénévoles de l’Ensemble paroissial vous accueillent dans l’édifice de 14h à 18h. Pour les 500 ans de l’église, fêtés cette année, un nouveau mobilier liturgique a été réalisé par l’atelier Le Ber de Sizun.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgChapelle Saint-Guénolé. Les riverains, qui ont contribué aux différentes restaurations de la chapelle depuis 1991, seront présents de 14h à 18h pour accueillir et renseigner les visiteurs.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgChapelle de Kerdévot. Kerdévot, encore toute fleurie du récent pardon, sera ouverte à la visite de 15h à 18h30.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgGoûter champêtre à Saint-André. Pour une pause gourmande au cours de cette après-midi, les Amis de la Chapelle Saint-André proposent un café-gâteau aux abords de la chapelle de 14h à 18h.

12 Cantique, pardon et archéologie

Billet du 10.09.2016 - « Les Bretons avaient décidément un rapport particulier au temps et à leur passé, si lointain puisse-t-il être. Pour eux, le passé n’existait pas. Il n’était pas passé. Rien ne passait. Tout ce qui avait été était encore et serait éternellement. Le présent ne perdait pas son importance pour autant, au contraire : il s’en trouvait grandi, accentué. », Jean-Luc Bannalec, " Étrange printemps aux Glénan " (texte allemand en fin de billet).

Cette citation n'est-elle pas une explication de notre attrait pour les pardons et les journées européennes du patrimoine en pays breton ? En tous cas elle est, pour nous, une belle introduction pour le grand pardon de Kerdévot de ce week-end et pour les journées du patrimoine dans 8 jours.

Pour ce qui concerne Kerdévot tout d'abord, nous avions publié, il y a tout juste un an, un article sur le cantique « Itroun Varia Kerdevot » avec partitions, enregistrement et ses 6 couplets en breton tels qu'ils sont chantés aujourd'hui, en pensant, à tort, que ce texte était le texte d'origine composé par Jean Salaûn (1831-1885), éditeur de musique à Quimper.

Nous venons de découvrir deux pièces d'archives attestant de ses origines exactes :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgSous le titre « Itroun Varia Kerdevot air Laudate Mariam » les Archives Diocésaines de Quimper ont référencé ce document inédit, publié par la librairie J. Salaun avec imprimatur de 1881, et publié sur leur site Internet

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgNous disposons également d'une feuille volante recto-verso, intitulée « Pélerinage à N.-D. de Kerdévot », éditée à l'imprimerie Kerangal, et incluant le même cantique aux 25 strophes strictement identiques.

Hormis le premier couplet identique, le texte est largement différent de la version courte actuelle. Le refrain est simplifié : « Mam Doue, ô Guerc'hez, Bezit hor c'harantez ) bis » (Mère de Dieu, ô Vierge, soyez notre Amour). Le vocabulaire est plus riche et les scènes plus imagées : « Gant mein dantelezet » (pierre de dentelle), « A ziouch ar c'hleuniou » (au milieu des talus) ...

La succession des 25 strophes délivre une introduction sur les chapelles bretonnes, la description de la plus belle d'entre elles (cf extrait ci-dessous), puis l'évocation des pèlerins de tous ages, de toutes conditions et de toutes les paroisses avoisinantes (« Kals a dud er bed ! » : beaucoup de monde au pays), et au 25e couplet « Ni 'gano da viken ... » (Nous te chantons pour la vie).

III. Gant mein dantelezet,
Ho deuz hon tadou,
D'ar Verc'hez benniget,
Savet ilisou !

IV. Hogen 'n ilis kaera,
Euz a vro Gerne,
D'ann Itroun-Varia,
A zo enn Ergue !

V. Kerdevot eo hanvet,
Chapel burzudus,
Enhi e ve kavet,
Grasou Mam Jesus !

III. Avec des pierres de dentelle,
Venant de nos ancêtres,
Dédiées à la Vierge bénie,
Des églises ont été érigées !

IV. Mais la plus belle église,
Du pays de Cornouaille,
Consacrée à la Vierge Marie,
Est à Ergué-Gabéric !

V. Kerdevot est nommée,
Chapelle de merveilles,
On trouve en ce lieu,
Des grâces de la mère de Jésus !

 
(bannière historique de Kerdévot, années 1880, armoiries de Léon XIII)

IX. Eno he ten bemde,
Ha gant fisians bras,
Da bedi Mam Doue,
Tud ann Ergue-Vras !

IX. Là viennent tous les jours,
Et avec grande confiance,
Pour prier la mère de Dieu,
Les gens du Grand Ergué !

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Le cantique populaire "Itroun Varia Kerdevot" de Jean Salaun en 1881 »

Quant aux journées du patrimoine, nous nous recommandons d'une part une conférence de l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives : « Du Mésolithique au Moyen Âge, premiers résultats de la fouille de Parc-al-Lann à Ergué-Gabéric » par Yvan Pailler, responsable des fouilles. Dimanche 18 septembre à 15 h, au Musée Départemental Breton de Quimper.

Et d'autre part, le dimanche également, de 10 à 12 h, la visite commentée du château de Toulven, implanté sur un terrain en hauteur dominant les bords de l’Odet. Jean-Marie Déguignet, le célèbre paysan bas-breton gabéricois, y est employé en 1868 et en parle dans ses mémoires : « le château était à deux pas de là et dont on voyait les tourelles ».

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Découvertes archéologiques sur le site de Parc-al-lann, Le Télégramme et INRAP 2016 », « Espace Déguignet », et suite du programme dans le prochain billet

      Pour nos amis germanophiles et germanophones, voici le texte allemand de l'auteur : « Bretonen hatten ein besonderes Verhältnis zur Zeit, zur Vergangenheit, auch zur weit zurückliegenden Vergangenheit. Was vor allem hieß: Es gab sie für Bretonen nicht, die Vergangenheit. Sie war nicht vergangen. Nichts war vergangen. Alles, was gewesen war, war auch gegenwärtig und würde es immer bleiben. Die Gegenwart wurde dadurch kein bisschen in ihrer Bedeutung geschmälert, im Gegenteil: Es machte sie noch größer. », Jörg Bong, alias JL Bannalec, "Bretonische Brandung: Kommissar Dupins zweiter Fall". Cette série policière a un énorme succès outre-Rhin, et a même fait l'objet d'un feuilleton télévisé.
 
 

13 Levée du 18 germinal de l'an 2

Billet du 03.09.2016 - Merci à Geneviève Hypolite de nous avoir signalé, sur le site des Archives Municipales de Quimper, l'existence de ces délibérations de la Communauté de la ville de Quimper relatives à la laborieuse réquisition des chevaux de ses cinq communes rurales.

« Il sera fait une levée extraordinaire de chevaux pour le service des transports militaires sur tous les cantons et arrondissement de la République. La levée sera à raison d'un cheval sur vingt-cinq.  » : voici le début du décret de la Convention nationale daté du 18 germinal de l'an 2 de la République (7 avril 1794), qui arrive à Quimper le 11 floréal (30 avril) avec une demande d'exécution. En avril 1794 le besoin national en chevaux est global, aussi bien pour la cavalerie (« propres à monter ») que pour les transports militaires (« assez forts pour le trait »), même les mulets (aucun ne sera recensé sur nos terres), et les « voitures » (calèches), licols, harnais, fourrage sont également à fournir.

C'est la communauté de ville de Quimper, représentant le canton, qui est sollicitée pour transmettre la demande aux maires de ses cinq communes rurales, à savoir Kerfeunteun, Ergué Armel (écrit aussi « Petit ergué »), Ergué Gabéric (le « Grand ergué »), St Evarzec et Penhars.

Le greffier de la communauté reprend dans le registre des délibérations les termes du courrier adressé immédiatement aux maires : « Vous ne devez pas manquer de faire venir lundi prochain pour huit heures du matin tous les chevaux de votre commune indistinctement vieux, et jeunes, mâles, et femelles, afin d'en constater le nombre, et de choisir ceux qui seront assez forts pour le trait ».

On remarquera qu'en cet an 2 la commune d'Ergué-Gabéric est bien rattachée au canton de Quimper, ce depuis le 18 juin 1791, après un rattachement très contesté au canton de Rosporden en 1790. Et le canton quimpérois fonctionnera avec ses 5 communes jusqu'en 1795 ; Ergué-Armel sera ensuite promue municipalité cantonale pour le compte des 4 communes voisines jusqu'en 1800.

En 1794, les communes rejettent la demande de la Convention du fait du nombre et de l'état de leurs chevaux. Devant l'insistance du « Commissaire inspecteur », l'autorité cantonale essaie encore de gagner du temps : « Nous ne pensons pas que les reproches qu'elle contient nous soient applicables, attendu que nous vous adressons le 1er prairial dernier le procès verbal du recensement des chevaux de notre canton, du même jour, qui justifie que nous sommes dans l'impossibilité de fournir les objets requis par cette loi ... nous croyons dans la plus parfaite sécurité, parce que nous attendions votre réponse avant de nous livrer à des démarches ultérieures. »

 
(Géricault, "Marché aux chevaux : cinq chevaux au piquet", Louvre)

Mais il faut bien obtempérer et le 25 vendémiaire (16 octobre), soit 4 mois plus tard, le secrétaire recopie dans le registre sa lettre adressée au district : « Nous vous adressons l'état des chevaux de réquisition que nous avons envoyé à Rennes ».

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg22 chevaux au total pour les 5 communes du canton. Pour la réquisition précédente la demande nationale n'était que de 6 chevaux de cavalerie par canton. Comme la présente réquisition est de 1/25 on peut en déduire que 550 chevaux sont dénombrés sur le canton, soit une moyenne de 110 chevaux par commune, Ergué-Gabéric pouvant peut-être en compter 150, car plus étendue et très rurale.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg5 conducteurs ou charretiers, choisis dans la population agricole de chaque commune, accompagnent les chevaux et conduisent les « voitures » hippomobiles jusqu'à Rennes et reviennent à Quimper. Ce nombre correspond à la règle d'un « atelage complet de quatre chevaux » pour chacun.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLe prix payé pour chaque cheval, fixé à « neuf cents livres » au maximum dans le décret, n'est pas précisé dans le registre. Mais par contre on y trouve tous les frais générés, les dépenses de la route aller (35 livres), le retour des charretiers (14 livres chacun), le « cordier » (73), les maréchaux-ferrants (71) et les experts (60), pour lesquelles dépenses chaque commune doit encore contribuer à hauteur de 10%.

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « 1794 - Réquisition extraordinaire des chevaux de l'an 2 de la République », « 1789 à 1799 - Les dates clefs de la Révolution à Ergué-Gabéric »


Anciens billets publiés avant le dernier de la liste ci-dessus => [Actualité, archives]