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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Sommaire

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Modifications au jour le jour : [Journal des MàJs]
Anciennes pages de bienvenue : [Affiches]
Anciens billets : [Actualité, archives]

1 1822-52 création du site d'Odet

Billet du 29 novembre 2015 - Le site technologique actuel de l'entreprise Bolloré est au centre de la commune d'Ergué-Gabéric, rue Nicolas Le Marié, tout un symbole quand on sait que ce dernier est le fondateur historique en 1822 de l'entreprise familiale locale.

Un siècle après l'arrivée de Nicolas Le Marié sur le site d'Odet, l'abbé André-Fouet démarrait son discours commémoratif par cette évocation  : « ce printemps de l'année 1821, où un cavalier de vingt-quatre ans parcourait cette région plus déserte, plus chaotique, plus désolée alors que le Stangala ... Ce cavalier, c'était Nicolas Le Marié, à la recherche de l'emplacement propice pour s'établir. »

Mais les circonstances furent certainement moins poétiques et plus prosaïques, car il fallut procéder à l'acquisition du domaine foncier et de ses alentours.

En août 1821 Nicolas Le Marié habite Quimper dans la maison parentale « place Mauberc » (il y est né) et procède déjà à une transaction en tant que « marchand » et « Le Marié fils » (son père était marchand "fayencier") : il prête 384 francs et 60 centimes à un boucher contre droits à hypothèque sur plusieurs maisons quimpéroises.

En janvier 1822, il habite toujours Quimper et à proximité de son futur moulin à papier d'Odet il achète : « la moitié du lieu de Kerouguéau consistant dans tous les droits, maisons, terres, circonstances et dépendances en général, garnies de leurs issues, fonds, pailles et engrais de toutes espèces ». Ce domaine de Keronguéo passera plus tard en héritage de la famille Bolloré. Dans le document notarial on peut admirer cette magnifique signature qui dénote d'une énergie débordante.

En mars 1822, n'ayant pas encore élu domicile à Odet ou à Keronguéo, il fait l'acquisition « une petite portion de montagne terre froide dite Menez Pennanech et dépendant du lieu de Pennanech ... donnant ladite portion de montagne du midi sur le surplus de Ménez Pennanech, du levant sur la propriété du sr. Lemarié, du couchant sur la rivière d'Odet et du nord sur ruisseau de Kerouguéau appartenant à l'acquéreur, contenant sous fonds environ trente cinq ares soixante cinq centiares »

Si l'on fait l'hypothèse que le surplus de « Menez Pennanec'h » est la pente nord du village de Stang-Venn (non habité à l'époque) et que la propriété Le Marié est le village de Keronguéo, on peut supposer que l'acquisition est la partie nord du site d'Odet, voire peut-être le site du moulin d'Odet ...

En 1852 la papeterie est en pleine activité, une centaine d'ouvriers y travaillent. Mais l'heure est venue d'utiliser encore plus la force motrice de l'eau et de développer les futures machines machines à vapeur. Il achète donc « tous les droits qu'ils peuvent ou pourront avoir sur la partie fluide de la rivière de l'Odet », et surtout sur la rive droite de Briec, car du côté d'Ergué-Gabéric il est déjà propriétaire de presque tout le site. A l'est il fait l'acquisition de la « montage nommée Luzigou, à l'ouest de la garenne de Stang-Odet (le long de laquelle le descendant Gwenn-Aël Bolloré fera construire son musée océanographique), et en bien en amont de son usine, le « moulin à eau sur l'Odet nommé Meil Coat Piriou avec sa prairie, ses courtils et toutes ses dépendances » ...

En savoir plus : « 1821-1822 - Premières transactions foncières du marchand Nicolas Le Marié », « 1852 - Acquisitions à Odet et au moulin de Coat-Piriou par Nicolas Le Marié », « Nicolas Le Marié (1797-1870), entrepreneur papetier », « Nicolas Le Marié, maire (1832) »

2 La guerre des mouteaux de 1749

Billet du 22 novembre 2015 - «  La construction des moulins était règlementée ; en Bretagne, elle était interdite sur les domaines roturiers, il n'appartenait qu'aux nobles d'en construite sur des fonds nobles », Dictionnaire de l'Ancien Régime de Lucien Bély et Jean Gallet.

Les 71 pages retranscrites de nos quatre documents d'archives exhumés cette semaine ne disent pas le contraire : « on ne connait point en Bretagne d'autre droit de moulin que celuy qui est attaché à la mouvance dans son principe ».

Et en 1749 les histoires de mouvances dans notre commune de Basse-Bretagne pouvaient être très compliquées et faire l'objet de contestations relayées par des « mémoires » ou plaidoiries d'avocats au parlement de Bretagne à Rennes.

Les mouvances étaient les relations de dépendances d'inféodation entre deux fiefs ou domaines nobles. Et comme les fiefs d'Ergué-Gabéric ont été nombreux lors des siècles précédents, les mouvances ont souvent bougé et le seigneur supérieur a pu changer par rapport à la situation primitive.

Que se passe-t-il en 1749 ? Le Chevalier Geslin, seigneur du moulin de Pennanrun, situé sur son fief dépendant du roi, voudrait étendre l'usage de son moulin à certains domaniers du fief concurrent et voisin de Lezergué. Ces domaniers, « obligés de suivre ledit moulin », sont désignés sous le mot « moutaux », ou « arrières-moutaux » s'ils sont dans des villages plus distants du fief, parce qu'ils doivent payer le « droit de moutte » ou de « suite de moulin » aux seigneurs propriétaires du moulin respectant l'usement, le seigneur local inférieur Gilles-François de Geslin et le Roi en l’occurrence.

Dans les deux premiers documents de 1749, les avocats s'affrontent en se basant sur les nombreux documents historiques décrivant l'évolution des anciens fiefs nobles : Kergonan, Lezergué, Kerfors (ces trois domaines différents détenus au 18e siècle par la famille de La Marche) et celui de Pennarun (propriété du chevalier Geslin). Et ce dernier se base essentiellement sur le fait que, du temps de son propriétaire Guy Autret et de sa nièce Marguerite, le seigneur de Lezergué a été débouté à la Réformation du domaine royal en 1681 de son « droit de juridiction haute, basse et moyenne » et que donc toutes ses mouvances doivent être retirées des droits de suite du domaine de Lezergué-Kerfors-Kernaou.

Les plaidoiries donnent de nombreuses références d'articles des anciennes et nouvelles coutume, à l'usement « de la sénéchaussée de Quimper », appelé aussi « usement de Cornoüaïlles ». Et il est certain que la transcription précises et complète des textes n'a pas fini de produire des explications et analyses historiques.

Dans les deux derniers documents de 1752, ce sont les domaniers de trois villages qui sont assignés en justice par le Chevalier Geslin : « Pierre et Jean Ropars l'un domainier du lieu de Botgars et l'autre du lieu de Rûbernard, et François Hemon fermier du manoir de Mezanlez  ». La bataille juridique a lieu contre le seigneur Joseph Derval, seigneur de Kergoz et propriétaire du fief de de Mezanlez. Les fermiers qui ont préféré le moulin plus proche de leurs terres et ont refusé de porter leur blé à moudre à Pennarun, seront contraints d'obéir pendant les années suivantes, mais la Révolution de 1789 va changer la donne ...

En savoir plus : « 1749-1752 - Mémoires du sieur Chevalier Geslin pour son moulin de Pennanrun »

3 Esquisses au crayon à papier

Billet du 14 novembre 2015 - «  Mon oncle était très marginal, spécial à tout point de vue, très gentil ... Il avait la phobie des pièces de monnaie. Pour lui, elles étaient sales, il ne les touchait donc jamais... On lui rendait la monnaie dans du papier journal, il balançait ensuite les pièces dans sa voiture ; à nous de les ramasser. Il y avait de quoi acheter des kilos de bonbons !  », Alain Bruet, neveu de Charles Homualk.

Charles Homualk (1909-1996) était un artiste prolixe et fantasque, connu comme peintre et illustrateur de cartes postales, avec ses séries colorées sur toutes les régions de France.

Mais, de par ses origines nantaises, c'est surtout la Bretagne qu'il a croquée, et il a, en 1995, fait don au Conservatoire Régional de la Carte Postale de Baud (Morbihan) de plus de 6000 dessins originaux.

Et parmi ces dessins publiés sur le portail Internet cartolis.org, 15 croquis ont été identifiés et localisés dans la commune d'Ergué-Gabéric :
Image:Right.gif un beau croquis de l'église paroissiale mettant en valeur les murs de pierre.
Image:Right.gif l'intérieur de l'ossuaire St-Guinal avec ses ossements pêle-mêle à terre.
Image:Right.gif les deux belles portes monumentales du presbytère en bas de l'église.
Image:Right.gif le calvaire de Kergaradec sur le chemin d'Ergué-Gabéric à Kerdévot.
Image:Right.gif la belle fontaine de Kerdévot, avec en son creux une statuette de tête de madone.
Image:Right.gif un magnifique dessin de la chapelle de Kerdévot avec son calvaire et la sacristie, et un chêne au premier plan.
Image:Right.gif le vieux chêne de Kerdévot, avec la précision de ses branches entrelacées. Cet arbre qui inspirait cette réflexion à Josig Huitric de Penn-Carn : « j'ai le souvenir d'un beau chêne creux et très vieux, très près de la chapelle, qui m'impressionnait ... Ma mère me disait que des enfants termajis y étaient cachés ».

Nota : cette dernière évocation nous incite à lancer l'idée d'un recensement des arbres les plus remarquables de la commune, témoins du passé et garants d'un futur durable. Pour l'instant on a rassemblé quelques explications et photos autour du placître de Kerdévot, du bois de l'usine d'Odet (avec un chêne également, mais aussi des séquoias géants), et enfin du très beau parc arboisé du manoir du Cleuyou (avec cèdres et un if majestueux).

En savoir plus : « Les esquisses gabéricoises de l'artiste nantais Charles Homualk »,
« La beauté et majesté de certains arbres plantés à Ergué-Gabéric »

4 Enfance bafouée et abus sexuel

Billet du 08 novembre 2015 - «  Cour impériale de Rennes. Département du Finistère. Arrondissement de Quimper. Le ministère public contre Mathurin H., prévenu d'Attentat à la Pudeur. Chambre d'accusation. Entré au Parquet du 19 novembre 1860.  »

Le titre de l'article est inspiré de l'ouvrage inédit de recherche d'Isabelle Le Boulanger publié en avril 2015 aux Presses Universitaires de Rennes : « Enfance bafouée. La société rurale bretonne face aux abus sexuels du XIXe siècle », dans lequel sont passés au peigne fin 349 dossiers de procédures. Parmi celles-ci l'affaire de Mathurin H., âgé de 21 ans en 1860, maréchal-ferrant, violeur repentant d'une petite fille de 7 ans.

À la lecture du dossier conservé aux Archives Départementales du Finistère, on a l'impression de découvrir une véritable pièce de théâtre d'une époque heureusement révolue où ce qu'on appelait « attentat à la pudeur » serait aujourd'hui qualifié de pédophilie.

Le scénario décrit un univers un peu sombre :
Image:Right.gif Ruralité : la scène se passe dans un univers marqué par une activité agricole dominante et des métiers d'artisans (maréchal, tailleur d'habit, cabaretière) ...
Image:Right.gif Langue : la langue parlée est le breton et la population ne comprend, ni ne parle le français. Pour tous les interrogatoires la justice passe par un « interprète de la langue bretonne, domicilié de Quimper, lequel a prêté entre nos mains le serment de traduire fidèlement les discours à transmettre entre ceux qui parlent des langages différents ».
Image:Right.gif Religion : l'inculpé est occupé à faire la quête pour le compte de son père qui est « bedeau », c'est-à-dire fabricien, de la chapelle de Kerdévot ...
Image:Right.gif Protection maternelle : comme l'a noté Isabelle Le Boulanger dans son livre, devant les pleurs de sa fille, la mère est attentive aux effets psychologiques, mais ne cherche pas à savoir s'il y a eu pénétration et déchirure de l'hymen ...
Image:Right.gif Médecine : un médecin est dépêché chez la victime sept jours après les faits. Il se trouve que ce docteur en médecine n'est autre que Jean-René Bolloré, qui n'a pas encore pris la succession de son oncle papetier à Odet ...
Image:Right.gif Justice : on peut être surpris de la façon dont les interrogatoires insistent sur le fait que « l'enfant répondit que l'individu ne lui avait pas fait mal. », les faits étant par ailleurs : « il me releva mes jupes, déboutonna son pantalon et en sortit ce avec quoi il pisse et enfin me le mit dans le corps ». La sentence finale est une « peine de deux années d'emprisonnement par corps ».

À lire : « 1860 - Enfance bafouée et abus sexuel dans un fossé de la Croix Rouge », « LE BOULANGER Isabelle - Enfance bafouée »

5 Teigne aux écoles laïque et libre

Billet du 01 novembre 2015 - «  La teigne, ou teigne tondante microsporique, est une infection des cheveux ou des poils. C'est une mycose provoquée par un champignon microscopique attaquant le cuir chevelu et atteignant essentiellement les enfants d'âge scolaire de moins de 12 ans. »

L'oeuvre Grancher était au début du 20e siècle une institution sociale qui avait des filiales dans tous les départements de France. C'est Jacques-Joseph Grancher, médecin spécialiste des maladies respiratoires, qui l'a fondé dans le but de préserver de la tuberculose des enfants non contaminés, issus des milieux pauvres, en les plaçant dans des familles d'accueil ou des pensionnats.

Et à Ergué-Gabéric, où l'école publique des filles est désertée au profit de l'école privée ND de Kerdévot, Jeanne Borrossi, directrice institutrice, arrivée en 1923, propose ses services pour accueillir les pupilles de l'Œuvre Grancher dans son pensionnat laïc au bourg. En 1927, sur demande du préfet, l'Inspecteur primaire fournit les chiffres très faibles de l'effectif de son école, hors "enfants Grancher" : « - 1ère classe : 8 élèves. - 2e classe : 2 élèves ».

Cette demande d'information du préfet fait suite au courrier de l'institutrice Jeanne Borrosso relatant les nombreuses affections de « teigne tondante » affectant 7 de ses pupilles. La première enfant malade qu'elle reçoit provient de Douarnenez : « La pauvre enfant née de mère alcoolique, avait le dos couvert de cicatrices... De plus, sa chevelure courte et rare à son arrivée ici m'avait assez intriguée ».

Et elle doit ensuite conduire à l'hospice civil de Quimper plusieurs pupilles pour leur isolement et soins : « me rendant compte cependant que la maladie de l'enfant était la même que celle de ses compagnes, je l'ai fait conduire à l'hôpital, ainsi que sa jeune sœur ».

Et là commence l'enquête sur l'origine de la contagion. Jeanne Borrossi, en tant qu'institutrice laïque, a son idée : « Je soupçonne fort l'école libre d'être le foyer de contamination ... Ne pourrait-on demander à M. L'inspecteur d'hygiène de passer dans cette école, pour vérifier si en effet des élèves sont atteints de teigne ? ».

Dans ses lettres conservées aux Archives Départementales du Finistère (ADF 1 T 804), elle évoque les procédés des partisans de l'école privée pour diminuer les effectifs des écoles publiques : « le propriétaire de la papeterie de l'Odet, M. Bolloré, engage une lutte acharnée contre l'école laïque, en enlevant à l'école de Lestonan 35 fillettes et en les faisant conduire tous les jours en auto jusqu'à l'école libre du bourg ». Elle s'interroge : « M. Bolloré soutenant si fort l'école libre, l'administration ne devrait-elle pas user des mêmes procédés » ; et propose à l'Inspecteur d'Académie un plan très musclé.

En savoir plus : « 1927 - Epidémie de teigne tondante parmi les pupilles de l'oeuvre Grancher »

6 Diogène bas-breton et stoïcien

«  Tout est bon qui conduit le philosophe dans la direction de la jubilation, si elle ne se paie pas d'une aliénation », Michel Onfray, Les sagesses antiques

Billet du 25 octobre 2015
Billet du 25 octobre 2015

La lecture du premier tome de la « Contre histoire de la philosophie » de Michel Onfray nous a incité à relire la dernière partie des « Mémoires du paysan bas-breton » et y collecter, analyser et comparer ses citations des philosophes grecs.

Jean-Marie Déguignet, autodidacte à tous points de vue, s'est beaucoup documenté sur les philosophes antiques, avec motivation de comprendre quelles étaient les origines du Christianisme. Et on retrouve donc, surtout dans la dernière partie de ses mémoires, des citations et propos qu'il élaborait grâce à ses lectures à la bibliothèque municipale de Quimper, car il ne possédait personnellement aucun livre.

Parmi ses références, on note essentiellement trois sources : la somme « L'origine de tous les cultes » de Charles-François Dupuis , la traduction française du manuel d'Epictète par André Dacier, et la revue « Littérateur universel » de 1836 où il trouve des écrits de l’helléniste Paul-Louis Courier.

C'est ce dernier qui écrivait à propos de Diogène : « on ne connaissait point alors nos tonneaux, les cruches en tenaient lieu ; partout où vos traducteurs disent un tonneau, entendez un cruche. C'était une cruche qu'habitait Diogène. ». Jean-Marie Déguignet fait lui-même le parallèle sa situation de condamné à vivre ses dernières années dans un trou à rats de Poul-Raniguet en Ergué-Armel : « Tant ma misère est grande en ce moment dans mon trou, plus petit que le tonneau de Diogène, sans feu, sans lit, sans vêtements et souvent sans pain et sans le sou ». Dans l'édition de 2001 de l'Intégrale de ses mémoires, ce n'est pas un hasard si le titre choisi pour cette période de 1901 à 1905 est « Le Diogène quimpérois ».

Toutes ses citations classiques montre que Jean-Marie Déguignet tenait des propos assez similaires aux théories hédonistes du normand Onfray. Le breton admirait aussi Diogène, Lucrèce et Epicure. Et il abhorrait Platon et Socrate pour avoir préparé la venue du Christianisme dominant.

Il y a quand même un point de divergence car Déguignet, tout en les critiquant, défend certaines pensées des Stoïciens, notamment Epictète, alors qu'Onfray les considère comme aussi néfastes que les platonicien et socratiques. Même notre Déguignet trouve tout de même qu'Epictète « chez qui on trouve toutes les maximes attribuées à Jésus, disait aussi à ses disciples qu'il fallait supporter tout avec résignation et stoïcisme ».

En savoir plus : « Les sagesses antiques de Jean-Marie Déguignet et de Michel Onfray »

7 Le ribot de terre de Kerveady

«  Vente publique servant d'invantaire attendu la modicitté des meubles cy-après resté après le décès de Janne Le Jolly veuve de deffunt Guillaume Le Balch décédé au village de Kerveady en la paroisse d'Ergué Gabéric », dossier de succession de Guillaume Le Balc'h et de sa veuve Janne Jolly.

Billet du 18 octobre 2015
Billet du 18 octobre 2015

Les biens décrits et estimés dans ces 5 documents conservés aux Archives Départementales dénotent une extrême pauvreté et fournissent une liste de référence des objets usuels d'une famille de journaliers du 18e siècle.

Ce couple habitait l'une des petites maisons qui composaient le village de Kerveady au 18e siècle. Le recensement de 1790 dénombre 5 familles entières dont les chefs de famille étaient respectivement un agriculteur, un métayer et trois journaliers. Guillaume Le Bach et Jeanne Joly tous les deux d'Ergué-Gabéric, nés respectivement en 1682 et 1693, étaient de modestes journaliers.

Lorsqu'ils décèdent, en 1732 pour Guillaume Le Balch, en 1743 pour sa veuve, l'inventaire des biens, leur partage et vente sont bannis, c'est-à-dire annoncés par un crieur « à l'issue de la grande messe, et aux chapelles de Notre dame de Kerdévot et de St-André », comme cela se faisait habituellement.

Le montant estimé des biens lors du premier décès, composés des meubles, vêtements et objets agricoles, se monte à 90 livres. S'il l'on convertit la livre de 1732 en euro d'aujourd'hui, on utilise généralement un facteur multiplicateur entre 7 et 15 en moyenne. Les 90 livres de la succession ne font donc que 700 à 1400 euros. L'ensemble sera divisé en deux lotties, l'une de 51 livres au bénéfice de la veuve, l'autre de 39 dont le montant de la vente sera remis au tuteur des enfants mineurs. Tous les biens sont estimés précisément en livres, sols et deniers, et on note de nombreux prix à 10 sols (environ 5 euros). Et la gymnastique de conversion (20 sols pour une livre, 12 deniers pour un sol) est appliquée dans le décompte lorsque le commis du greffe transcrit des montants exprimés en chiffres : ainsi 18 deniers font 1 sol et 6 deniers, et 25 sols correspondent à 1 livre et 5 sols.

Les objets incontournables dans les documents d'inventaire et de ventes de Kerveady sont :

Image:Right.gif La petite baratte servant à préparer manuellement le beurre, est désignée sous le vieux terme français « ribot ». Loin de la baratte horizontale avec manivelle qui va apparaître au 19e siècle, il s'agit ici d'un haut récipient dans lequel on plongeait un bâton. Comme il est précisé « ribot de terre et son baton », on apprend que le ribot n'était pas en bois, mais en « terre » de poterie.

Image:Right.gif La vache « garre jaune », vache laitière de 5 ans, et son prix de 22 livres : 6 fois moins chère qu'en 2015 ... Image:Right.gif Une table « coulante » et le lit clos ... Image:Right.gif Les « six cuillières de bois » ... Image:Right.gif Les « rouelles d'une charue » et le « crocq à fembroix » ...

En savoir plus : « 1732-1743 - Succession de Guillaume Le Balch et Jeanne Joly de Kerveady »

8 Kannadig aux couleurs de l'automne

«  Memorioù ar re gozh hag istor ar barrez an Erge-Vras, e bro c’hlazig, e Breizh-Izel», Histoire et mémoires d’Ergué-Gabéric, en pays glazik.

Ça y est ! Il est sorti ce numéro automnal. Voici son sommaire, avec ses huit pages supplémentaires par rapport au précédent (on passe de 34 à 42 pages numérotées) :
1. La bombarde de Matin an Dall à Lann-Bihoué,
2. Une belle chaumière en son placître champêtre,
3. Mae Kergoat-Guéguen, contremaitresse de papeterie,
4. La fontaine de Kerdévot à la Grande Vigne,
5. Brèche dans la chaussée du moulin du Cleuyou,
6. Enfeu noble, arche et voûte de l’église St-Guinal,
7. Partition et paroles du cantique de Kerdévot,
8. Des instits des écoles de Lestonan en 1945-55,
9. Cartes Villard et indulgences du pardon de Kerdévot,
10. Le témoignage d’Henriette sur la guerre des écoles,
11. Mélanges et vente en 1811 du manoir du Cleuziou,
12. Les défenseurs du site naturel du Stangala en 1929.

La dernière page contient une perle, en l’occurrence un texte poétique de l’écrivain Max Jabob dans une lettre à un ami : « Donnez-moi le reflet des paysages chéris par mon enfance ardente, le reflet du très aimé pays breton, le val de Stangala où nous avons couru pieds nus dans les champs nouvellement moissonnés, dans les fougères en forêts minuscules, les cerisiers, les pommiers sauvages; les aubépines, les coudriers formant des îles limoneuses au milieu du torrent verdoyant ».

A notre grande surprise, cette citation est connue sous une forme légèrement tronquée : habituellement, pour décrire une Bretagne évanescente, « le val de Stangala » est remplacé par trois points de suspension menteurs et trompeurs. Réhabilitons le texte originel de Max Jacob et redonnons à ce site naturel protégé du Stangala sa légitimité éternelle !

Autres nouveautés : Hormis la pagination en augmentation, on a essayé d'aérer la page de couverture et son dos, et on s'est forcé de mieux mettre en valeur les photos en pages intérieures. Et aussi important, on a trouvé la technique pour agrafer exactement sur la pliure, ceci rendant le feuilletage plus aisé ... Sur le site GrandTerrier, notez aussi que notre .bzh est entré dans l'indexation Google depuis quelques semaines. Et comme de plus en plus d'internautes utilisent des tablettes pour se connecter au GrandTerrier, nos outils spéciaux écrits en Flash comme les lecteurs audio ou vidéo sont en cours de migration pour une compatibilité Android.

Lire et imprimer le bulletin : « Kannadig n° 31 Octobre 2015 »

9 Le Stangala, site naturel protégé

« Le Stangala, disent les guides de Bretagne, est une vallée encaissée, sauvage et grandiose, au milieu de laquelle l'Odet coule entre les rochers.
C'est un des endroits des plus pittoresques et des plus sauvages de la Bretagne dont la visite est recommandée aux touristes
 », Dépêche de Brest 1928

On savait déjà, à la lecture des journaux locaux, que le projet du barrage électrique au Stangala avait fait l'objet de protestation des journalistes, politiques et notables quimpérois, surtout pour des raisons de défense du lieu touristique et de la pêche. Mais ce qui est moins connu, c'est la forte implication de l'industriel René Bolloré et des riverains, ce que l'on sait aujourd'hui grâce à un dossier inédit de plus de 100 documents d'archives.

Dès janvier 1929 le papetier formalise ses arguments auprès des municipalités d'Ergué-Gabéric et de Briec : « je proteste contre l'exécution de l'établissement d'un barrage dans le Stangala sur la rivière "l'Odet" ... ». Et René Bolloré évoque même des considérations d'hygiène publique : « sans compter qu'un si grand étang ou lac près de mon usine et de mes habitations ouvrières peut donner d'humidité et peut-être même des épidémies ».

Il écrit aussi : « pour donner satisfaction à l'Administration des Eaux et Forêts à la suite d'un rapport des Ponts et Chaussées, j'ai dû acheter ces terrains fort chers et dépenser une forte somme pour y amener les eaux résiduaires et construire des bassins de décantation ».

Ces travaux font suite au contrôle de 1919 par les services des Ponts et Chaussées tel que détaillé dans les documents ci-dessous. On y trouve donc l'engagement de René Bolloré de procéder à la construction de nouveaux bassins : « Le projet qu'on nous a montré comporte la construction de bassin de décantation (système Desrumeaux) occupant une surface d'au moins 1.400 m2. Ces bassins seront divisés en compartiments par des cloisons disposés en chicane. Avant leur sortie, les eaux auront eu le temps de déposer toutes leurs impuretés ». Lors de la première visite, l'autre point d'anomalie relevée est relatif au niveau légal du déversoir de Coat-Piriou ...

En février 1929, René Bolloré écrit à tout le monde, aux maires, au préfet, au ministre des Beaux-Arts, au président des Sociétés des Pêcheurs du Finistère, à Charles de Poulpiquet, à la Chambre de Commerce, et bien sûr à Sud-Finistère Électrique, filiale de la compagnie Lebon, ce malgré l'opération chirurgicale qu'il vient de subir : « Je regrette de ne pouvoir me déplacer actuellement, mais je suis au lit avec une crise d'appendicite ».

Il incite également les riverains du Stangala à rédiger et signer une pétition, avec une insistance sur leurs statuts de père de familles nombreuses habitant de modestes penntis : «  ces exploitations privées de fourrages et pâturages ne pourront plus nous fournir le lait et le beurre nécessaires et indispensables à nos familles nombreuses, ni continuer leur élevage ». Même le maire d'Ergué-Gabéric met par écrit son désaccord sur le projet du barrage, bien qu'exprimant le souhait que l'usine hydraulique soit installée en aval plus près de Quimper : « dans ce cas, le département du Finistère et surtout ma commune devraient obtenir une diminution très appréciable du prix du courant électrique ». Au bout de ces protestations unanimes, relayées par les journaux, il y aura le décret du 6 juillet 1929 qui déclare l'éperon de Grifonnez « site naturel classé ».

En savoir plus : « 1929-1930 - Le combat de René Bolloré contre le barrage du Stangala », « 1919 - Déversoir et bassins de décantations de la papeterie d'Odet »,« Journal des Débats et journaux régionaux 1928-29 », « Le site naturel protégé du Stangala »

10 Mélanges et jardin du Cleuyou

« Mélanges : tradition universitaire, recueil collectif d’articles offerts à un maître par ses collègues et amis à l'occasion d'un évènement exceptionnel »

La belle et grande fête du 2 août 2015 au manoir du Cleuyou n'a pas fait l'objet d'articles dans les journaux locaux, car c'était un évènement privé. Néanmoins on peut dire qu'un livret « Mélanges pour les restaurateurs du Cleuyou » y a été présenté, rassemblant tous les articles publiés sur le site GrandTerrier.bzh depuis la sortie du livre « Le Manoir du Cleuyou, l'histoire d'un bâtiment » de Werner et Ursula Preissing.

Et parmi ces articles, la présentation d'un document inédit de 1811 communiqué par Michel Le Guay et non encore publié sur le site. En quête du document permettant de comprendre la transmission de la propriété du manoir après la Révolution, Michel a eu la main heureuse en trouvant ces 8 feuillets aux Archives Départementales du Finistère dans le fond notarial de l’étude Le Bescond sous la cote 4 E 219/61. Et donc de résoudre l’énigme du maillon manquant après les citoyennes Merpaut-Mellez à la Révolution, en l’occurrence le riche négociant quimpérois Vincent Mermet qui transmettra plus tard la propriété à sa fille Cécile et son gendre Guillaume Le Guay.

On y apprend un certain nombre de choses sur l’état du manoir et l’importance du domaine : Image:Right.gif La description de l’expertise des Biens Nationaux de 1794 y est confirmée : « le manoir du Cleuziou, cour close, écurie en dedans et en dehors, remise, four, colombier, aires, courtils, deux jardinets, terres chaudes et froides, prés et prairies, avec un parc terre chaude détaché de Kerampensal », avec donc y compris le colombier qui a disparu. Image:Right.gif Le moulin du Cleuyou ... Image:Right.gif La chapelle de Sainte Apolline ... Image:Right.gif Le moulin de Coutilly ...

La demoiselle Merpaut habitait le manoir et cultivait son jardin : « les légumes qu’elle pourrait avoir dans ses jardinets et champs qu’elle sera libre de vendre à la sortie à qui bon lui semblera ».

À lire : « 1811 - Vente du manoir du Cleuziou et dépendances »

À noter que déjà en 1697 on cultivait des légumes au Cleuyou. On le sait grâce à un document de palmage communiqué par Daniel Collet, documentaliste professionnel et historien. Le contrat décrit précisément le verger avec ses poiriers, cerisiers, pruniers, pêchers et abricotiers, ainsi que le potager avec ses asperges et artichauts : « les huit planches d'asperges faisant un carré du jardin et un carré d'artichauts ». A quoi ressemblait l’artichaut breton cultivé au Cleuyou en 1697 ? Sans doute était-il plus petit et différent du « camus de Bretagne » créé en 1810 par un agronome parisien et planté aujourd’hui dans le Nord-Finistère. Dans le document on note aussi la présence d'une vache « Garnoir », ancêtre de nos « pie-noir » (un seul e et sans s !).

En savoir plus : « 1697 - Contrat de palmage au Cleuyou par Rolland Le Gubaer »

11 Souvenirs de la guerre des écoles

Ayant eu ses 90 ans en 2014, Henriette a toujours son oeil vif, sa parole enjouée et son humanité, surtout quand elle se remémore ses aventures de gamine entre l'usine d'Odet, les chemins de Stang-Venn et les deux écoles laïque et confessionnelle de Lestonan.

Henriette Francès, née Briand, a vécu une enfance digne d'un scénario de film tourné dans les années 1935-38 : son père sympathisant communiste, ouvrier à l'usine d'Odet, obligé de mettre sa fille à l'école privée que le patron Bolloré a fait construire, des amies à l'école publique dirigée par un couple d'instituteurs communistes, l'envie d'avoir son certificat et de faire partie des « croisées », mais aussi de s'amuser avec ses copines le long des « vinojenn ».

Les premiers souvenirs sont terribles, celui par exemple de Marjan Riou qui vient frapper à la porte de la classe pour protester en breton parce que sa fille Bernadette n'avait pas le droit de rentrer à la maison avec la fille de la DDAS qu'elle garde, cette dernière devant par contrat fréquenter l'école publique : « Nous on était toutes complètement "strouillées" de voir et entendre ça ».

Ensuite les ouvriers carrément virés parce qu'ils avaient dérogé aux impératifs patronaux : « Quand on a ouvert l'école privée en 1927-28, il y a des gens qui travaillaient à l'usine et qui avaient leurs gosses à l'école publique, mais qui ne voulaient pas les mettre à l'école privée. Le père a été viré de l'usine, je ne sais plus quel poste il avait à l'usine. Il ne voulait pas contrarier ses gosses, et je me rappelle qu'il était sourd-muet ... »

Et la toute dernière anecdote se passe du côté de l'école publique : « Madame Laziou nous avait demandé à ceux qu'elle sentait capable s'ils ne voulaient pas jouer une pièce de théâtre ... C'était "Miss Arabella fait ses confitures" ... Moi je jouais la bonne, j'étais habillée à la bretonne, et je devais dire "Eureka !", et à ce moment-là j'ai perdu ma coiffe, tout le monde a ri. Mais j'ai continué à jouer, la coiffe sous le bras ».

Voici donc ses souvenirs racontés d'une traite un après-midi d'août 2015, illustrés de photos de classes, dont l'une où, à côté de ses copines, elle pose fièrement avec son insigne de « croisée » de l'école Sainte-Marie.

En savoir plus : « Les souvenirs des écoles privée et publique de Lestonan par Henriette Briand-Francès »

12 Le pardon de Kerdévot en 1915

« Le samedi, à 4 h. du soir, premières vêpres ; procession et bénédiction du T. Saint-Sacrement. Avant et après les vêpres, jusqu'à 6 h. 1/2, les confesseurs se tiendront à la disposition des pèlerins. Le dimanche, à partir de 5h du matin, les messes se succèderont jusqu'à la grand'messe ... »

Au programme de ce week-end de rentrée 2015, il y a bien sûr le fameux pardon de Kerdévot. À cette occasion on se devait de compléter la collection des 6 cartes postales du photographe Joseph-Marie Villard présentant ce lieu saint au début du siècle dernier.

La toute dernière trouvée est la n° 6733 avec un affranchissement et une « circulation » en juin 1916. Le destinataire est un dénommé P. Luyss, demeurant à St-Donnat sur l'Herbasse, président de la « Ste Cécile ». Était-ce une association locale de la Drôme, ou une institution nationale ou régionale ? On peut penser soit à une association de protection d'une chapelle dédiée à la sainte, soit à une chorale ou ensemble instrumental, car sainte Cécile est la patronne des musiciens et des musiciennes.

En tous cas, en ces années-là, pendant la Grande Guerre, l'assistance au pardon était sans doute très clairsemée, car les hommes étaient au front. Dans les journaux d'époque on sent bien que l'esprit n'était pas vraiment à la fête. En 1915 on note seulement la présence annoncée d'un chanoine et de l'économe du Grand Séminaire pour assister les prêtres en charge des confessions, et en 1916 aucune autorité diocésaine n'est présente.

Par contre les pèlerins sont quand même invités à venir faire pénitence lors des nombreux offices : pas moins d'une dizaine de messes (dont six le dimanche de 5 heures du matin à 10h), deux vêpres (dont une solennelle), trois processions, deux « bénédictions du Très Saint-Sacrement », et bien sûr les confessions individuelles pour le pardon des pêchés. Et le summum du pardon est donc ce cadeau fait aux pèlerins : « Une indulgence plénière, applicable aux âmes du purgatoire, peut être gagnée (aux conditions ordinaires) ». Nous avons enquêté sur le sens de cette formulation mystérieuse et sur la signification de cette pratique d'indulgences ...

En savoir plus : « Chapelle et pardon de Kerdévot, cartes postales Villard, 1880-1910 » et « L'indulgence plénière du pardon de Kerdévot, Le Progrès du Finistère 1915-16 »

13 La bombarde de Matilin an dall

« Me eo Matilin an dall, Ar Bombarder laouen [...] Bet on e Pariz un devez O seni dirag an Roue [...] », chanson du joyeux bombardier, abbé Quéré.

Dans un livre récent publié en juillet dernier par les « Éditions Mémoires vives », Louis Caradec qui était matelot électricien sur la base de Lann-Bihoué en 1952 nous raconte l'histoire du bagad créé par son patron de l'époque, le gabéricois Pierre Roumégou, grâce à ses anecdotes et photos inédites.

Et notamment le premier jour de la formation : « Le patron électricien de la base à cette époque est Pierre Roumégou d'Ergué-Gabéric. Son accent breton est célèbre dans la base. Sa mission principale est de faire l'inventaire de l'éclairage des pistes ... Nous savions tous qu'il était un peu farceur et qu'il aimait beaucoup la musique. "Je suis bombardier depuis mes treize ans" disait-il avec son sourire dont il ne se départissait jamais ... C'est au bar du poste des maîtres que notre patron découvre dans la poche d'un visiteur une bombarde, dont il n'a pas joué depuis des lustres ... Il monte sur table, à défaut de barrique, et se met à jouer de son instrument préféré, entraînant du même coup toute la salle à manger dans une gavotte effrénée. "Comme Matilin an Dall" nous dira-t-il le lendemain à la centrale électrique. »

Matilin an Dall, Mathurin l'aveugle en français, Mathurin François Furic à l'État-civil, est un sonneur de bombarde, né à Quimperlé en 1789 et mort en cette même ville en 1859. Sonneur d'exception, devenu aveugle très jeune, il a connu un destin hors du commun, jusqu'à entrer dans la légende de la musique bretonne. Il sera même invité pour jouer aux Tuileries devant le roi Louis-Philippe Ier, et par la suite également devant Napoléon III en visite à Quimper en 1858.

L'auteur évoque ensuite les grands voyages de « l'époque Roumégou », avec de nombreuses photos amateurs incroyables du bagad en représentation : 1953, grande tournée aux Etats-Unis, New York, défilé dans Rockefeller Center, Norfolk Virginie, Fort-de-France, Casablanca, Genève. 1958-1959, Monsieur Chaban-Delmas félicite le maître principal Roumégou à l'école de Santé navale de Bordeaux. s'ensuit une tournée dans les pays nordiques. 1961, Plymouth en Grande-Bretagne et concert à la salle Pleyel à Paris. « C'étaient les premiers pas du bagad de Lann-Bihoué ! Pierre Roumégou venait de donner le signe de départ d'une longue et belle histoire ... »

En savoir plus : « CARADEC Louis - Le bagad de Lann-Bihoué »


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