La sacristie de Kerdévot - GrandTerrier

La sacristie de Kerdévot

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Catégorie : Patrimoine
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§ E.D.F.

« Bastion à la corniche à corbelets et lucarnes rondes, toit en carène de navire renversée, à l'impériale, héritage de la Renaissance, pour une sacristie élevée en tout début de 18e siècle, avec la signature des armes blasonnées de son fondateur, armes en bosse qu'on retrouve aussi sur le clocher ».

La découverte aux Archives municipales de Quimper d'un croquis inédit de Louis Le Guennec daté de 1924 [1] nous a donné l'envie de revisiter la description et l'origine de cette sacristie élevée deux siècles après la pose de la première pierre de la chapelle attenante.

La sacristie fut construite dans les années 1702-1705 de façon coordonnée avec la reconstruction du clocher qui s'était écroulé subitement le 2 février 1701, à 7 heures du matin, le jour de la fête de la Chandeleur : « le tonnerre et un tourbillon de vent sapèrent la tour de la chapelle de Notre-Dame de Kerdévot, par la chambre des cloches, et les matériaux de la dite tour tombèrent en partie sur François Le Gonnidec, comme il estoit prest d'entrer pour entendre l'office divin ».

Autres lectures : « La chapelle de Kerdévot » ¤ « L'hermine passante des ducs de Bretagne à la chapelle de Kerdévot » ¤ « KERDÉVOT 89, Association - Kerdévot, livre d'or du 5e centenaire » ¤ « La maîtresse-vitre de la chapelle de Kerdévot » ¤ « La maîtresse-vitre de la Passion de l'église St-Guinal » ¤ « Eléments classés et inscrits du patrimoine de la commune d'Ergué-Gabéric » ¤ 

[modifier] 1 Croquis de 1924

Croquis de Louis Le Guennec, daté du 14 septembre 1924 [1]

[modifier] 2 Descriptifs de l'édifice

Extrait de l'ouvrage « Kerdévot Ergué-Gabéric » de l'association Kerdévot 1989 sous la plume de Roger Barrié :

L'élévation de la sacristie, construite immédiatement après la reconstruction du clocher et datée de 1705, annonce clairement l'architecture du XVIIIe siècle, notamment dans le bandeau qui souligne l'étage sur les façades ; elle est couverte d'une toiture à l'impériale, forme héritée des modèles de la Renaissance française, mais que les architectes pratiques encore volontiers avec brio au début du XVIIIe siècle ; utilisant les dômes, comme Kérandel à La Martyre en 1697 et Favennec à Pleyben en 1719, ou bien le toit à l'impériale mis par ce même Kérandel en 1686 à Bodilis, ils semblent contribuer à la démocratisation en milieu rural des formes savantes lorsque l'administration royale impose la création de la sacristie pour abriter la fabrique [2]. À Kerdévot, l'édifice possède une cheminée en rez-de-chaussée favorisant une utilisation multiple, sacristie, salle de réunion de la fabrique [2] et logement permanent d'un gardien comme il est attesté en 1774. L'ensemble des travaux fut commandité, d'après les inscriptions, par la fabrique [2] sous la houlette du recteur [3] et aussi par le seigneur qui fit sculpté en bosse, à la base du clocher et sur la sacristie, ses armoiries timbrées de trois coquilles Saint-Jacques et non encore identifiées.
 

Extrait des notices sur les Notices sur les paroisses de Paul Peyron et Jean-Marie Abgrall parues dans le Bulletin de 1909 de la Commission Diocésaine d'Architecture et d'Archéologie de Quimper et de Léon :

La sacristie est postérieure au reste de l'édifice ; elle a une corniche à médaillons et trois lucarnes, dont deux en oeils-de-boeuf. Le toit a la forme d'une carène de navire renversée.

Extrait du livre « Histoire de Quimper Corentin et son canton » rassemblant les notes prises par le mémorialiste Louis Le Guennec dans les années 1924-1927 :

La sacristie, couverte d'un toit en carène de navire, ressemble à un bastion, avec sa corniche à corbelets, ses lucarnes rondes et ses étroites fenêtres grillées. Elle porte un écusson au chef chargé de trois coquilles, armes des Lopriac, qui se retrouve également, entouré de palmes et timbré d'une couronne comtale, sur le clocher.

À noter également que le mur côté sud porte une longue inscription de quatre lignes gravées dans la pierre dont on déchiffre les deux lignes inférieures : HERV.LE.MASSON.FABRIQUE.1703 ou 1705.

 

[modifier] 3 Origine, blason

Le blason sculpté sur la sacristie et sur le clocher représente vraisemblablement les armes de la famille Lopriac dont on connaît principalement Guy-Marie de Lopriac, comte de Donges, maréchal des camps et armées du Roi, et son père René, décédé en 1724, marquis de Coëtmadeuc. Cette famille était propriétaire, sans doute à la suite des Tromelin, des terres voisines de Botbodern en Elliant, comme en atteste un dénombrement ou minu [4] de 1725.

Ceci transparait également dans le document d'archives de 1818 dans lequel les frères Le Roux apportent en garantie une propriété située en Elliant qui « comprend l'ancienne chef-rente [5] dû aux seigneurs de Botpodern (M. De Lopriac Comte Donge) et consistant en douze livres pour corvées, sept minots et demie comble. froment, quatre minots et demie comble seigle, dix livres monnaie en argent, un mouton et huit chapons ».

 

Aux archives de Loire-Atlantique on trouve également sous la cote B2013 des documents relatifs aux propriétés des Lopriac : « autres aveux pour les terres nobles ou roturières, des convenants, moulins, des rentes, situés aux villages de Botpodern, Bossinzic, etc., par les familles de Coëtbily, du Parc, de Kerraoul, de Lanros, [...] de Lopriac, etc. ».

Les armes des Lopriac de Coetmadeuc sont exactement : « De sable ; au chef d'argent, chargé de trois coquilles de gueules » [6]. Sur le clocher l'écu est entouré de palmes et timbré d'une couronne comtale.

en-dessous de la chambre des cloches
en-dessous de la chambre des cloches
 
au-dessus de la fenêtre de la sacristie
au-dessus de la fenêtre de la sacristie

[modifier] 4 Annotations

  1. Six carnets de croquis du mémorialiste Louis Le Guennec aux Archives de Quimper rue de Verdelet. [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. Fabrique, s.f. : désigne, avant la loi de séparation de l'église et de l'état, tantôt l'ensemble des biens affectés à l'entretien du culte catholique, tantôt le corps politique spécial chargé de l'administration de ces biens, ce au niveau de l'église paroissiale ou d'une chapelle. Les paroissiens trésoriers membres de ce corps étaient les « fabriciens », les « marguilliers » ou plus simplement jusqu'au 18e siècle les « fabriques » (s.m.). Les fabriques sont supprimées par la loi du 9 décembre 1905 et remplacées par des associations de fidèles. Source : site Internet restarhorniou. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2]
  3. Jan Baudour, recteur d'Ergué-Gabéric de 1678 à 1716. [Ref.↑]
  4. Minu, menu, s.m. : terme d'usage en Bretagne, pour exprimer la déclaration et le dénombrement que le nouveau possesseur à titre successif doit donner par le menu à son seigneur, des héritages, terres et rentes foncières qui lui sont échus à ce titre, et qui sont sujets à rachat, pour faire la liquidation de ce droit. Source: Dictionnaire Godefroy 1880. [Terme] [Lexique] Cf minu du 31 décembre 1725 [1] sur le site bodelian.org [Ref.↑]
  5. Chefrente, s.f. : rente perpétuelle payable en argent ou en nature au seigneur suzerain par le détenteur d'un héritage noble. La chefrente était en principe immuable (Yeurch, histoire-bretonne). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  6. Armorial universel de M. Jouffroy d'Eschavannes de 1820. [Ref.↑]

[modifier] 5 Carte postale

Collection Villard n° 3426
Collection Villard n° 3426


Thème de l'article : Richesses patrimoniales communales

Date de création : novembre 2009    Dernière modification : 16.03.2018    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]