1809 - Campagne de calomnie contre le desservant François Le Pennec - GrandTerrier

1809 - Campagne de calomnie contre le desservant François Le Pennec

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§ E.D.F.

Sommaire

Autres lectures : « François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon » ¤ « Jérôme Crédou, maire (1812-1815 1816-1820) » ¤ 

1 Présentation

 

2 Transcriptions

Lettre à l'évèque - 24.04.1809

24 avril 1809

Monseigneur,

Accusé devant votre grandeur d'avoir antièrement négligé mes devoirs d'ecclésiastique et de pasteur et d'être devenu un homme de la terre, mon devoir est de me justifier. Ce que j'ai la confiance de faire plainement en répondant directement et selon l'exacte vérité à tous les chefs d'accusation portés à votre tribunal. Les voici comme ils sont restés imprimés dans ma mémoire :
1°. j'ai toujours manqué de faire l'instruction les dimanches et fêtes.
2°. je les fais mal.
3°. j'ai manqué d'être exacte à écouter les personnes qui se présantaient au tribunal de la pénitence.
4°. j'ai manqué d'aller aux malades quand on m'y appelait.
5°. j'ai jetté cette corvée sur mon vicaire.
6°. devenu fermier, je m'occupe au labourage ou cela me divertit de mon devoir essentiel.
7°. j'ai fait des acquisitions.

J'avoue ici devant Dieu et devant votre grandeur que, si tout cela est véritable, je suis un homme bien malheureux, un homme bien indigne de sa vocation, qui a trompé les vues de ses supérieurs et qui s'est encore plus trompé lui-même.

Mais 1°. je puis dire avec certitude et avec confiance, ayant pour moi au moins le témoignage de ma conscience et certainement aussi celui de toutes les personnes vérédiques qui les dimanches et fêtes fréquentent cette église, que depuis que j'y ai mis le pied, j'ai fait régulièrement l'instruction les dimanches et fêtes, d'abors sur le symbole de la foi, ensuite presque toujours sur l'évangile. Si on y a manqué quelquefois, ça été bien rarement. Si la parole d'un prêtre qui depuis plus de 20 ans jouissait de l'estime et de la considération de ses supérieurs, même de son évêque qui le revêtit de tous ses pouvoirs le jour même de son ordination ne suffit pas, qu'on interroge le coopérateur que j'ai eu et celui que j'ai actuellement il n'y a pas [...] à même de répondre à une pareille calomnie, qu'on les interroge, ils ne balanceront pas, je pense, de dire qu'il n'est guère possible d'être plus exacte.

Il me tarde de déposer mes sentimens dans le sein d'un père.

Cette persécution n'est pas récente, je me rappelle qu'une fois Mr Volcanap ayant été à Quimper me dit : nous sommes veillés de bien près. Je lui répondis : tant mieux, celui qui fait son devoir ne peut pas y perdre. Une autre fois, il me dit : nous avons des ennemis, nous sommes taxés de négliger l'instruction. Je lui dis : he bien, vous savez le contraire. Nous n'y manquons presque jamais. Qu'avez-vous dit à Monseigneur J'ai répondu</i>, dit-il, <u>que celui de nous qui chante la grande messe, prône toujours. Je pansai bien dans le tems que c'était moi que la calomnie poursuivait. Ce qui m'affligeait ; mais comme mes supérieurs ne me disaient rien, je ne crus pas devoir me défendre sans être attaqué directement dès lors, si j'eus eu le malheur d'avoir négligé mes devoirs, j'aurais pris une autre marche, mais je ne l'ai pas négligé ni jusques alors ni depuis mon entrée dans cette paroisse, je m'y suis tenu cloué, et ma raison principale, quoyque non la seule, était que plusieurs par affection humaine

 

Lettre à l'évèque - 10.09.1809

10 9bre 9

Monseigneur,

Je ne dois ni ne veux très certainement m'opposer à des arrangements commandés par le bien du diocèse, c'est pour le bien de ce diocèse où je suis né que me fis prêtre et que j'ai refusé des places ailleurs et que j'ai aussi renoncé par contract à 150 l. de rente qu'une personne pieuse me faisait par contract de vente dans ce pays.

Si j'étais libre et que la chose me fut possible, je me rendrais bien utile à Audierne et ne balancerais pas de quitter cette paroisse où je n'ai jamais manqué de peines et d'embarras, quoyque j'y ai fait tout le bien qui m'a été possible soit pour le spirituel soit pour le temporel ; et cela sans [...] aucune reconnaissance parce qu'on a toujours entretenu le peuple que j'allais les quitter.

Comme la providence m'y avait placé, je n'ai jamais voulu demander mon changement, quoique Mr André en m'y plaçant le l'avait promis dans peu. Monseigneur, votre grandeur me la propose aujourd'hui ; qu'elle me permette de lui faire quelque représentation et de lui exposer l'état et la situation où je me trouve.

Je ne suis pas riche, Monseigneur, et depuis mon arrivée dans ce pays j'ai sur les bras 2 mineurs avec leur mère ma soeure et veuve, ce me semble totalement ruinés par la nation, ils n'ont pas un sol sous le ciel, ils sont cependant bien nés et de bonnes mœurs, permanentes adhuc, et nihi videtur, in innocenti sua. L'ainé a à présent 14 ans et 1/2 et le cadet 13 ans et 1/2. Ils apprennent tous les deux la langue latine et ils ont de bonnes dispositions. L'ainé est déjà peut-être assez fort pour entrer en philosophie. Ils me semblent inclinés vers l'état eccléasiastique et c'est aussi pour le service des autels que je les élève. Je crois que le bon Dieu me tiendra compte de cette œuvre de miséricorde.

C'est pour donner du pain à ces enfans et pour les instruire et aussi pour tirer leur mère de l'occasion que je quittai Versailles oùje refusai 2 paroisses et une place de chanoine à St-Louis.

C'est pour ces enfans et leur mère que j'ai préféré cette paroisse proche la ville à une place au Séminaire et une autre à Morlaix qui me furent offertes par Mr André à Paris. C'est pour eux que je me suis livré à l'éducation de la jeunesse. sans compter les écoliers que j'ai eus en chambre. J'ai eu à la fois 5, 6 pensionnaires payant 400 l. chacun. C'est ce qui a en grande partie levé mon ménage, qui, vue la quantité de monde que j'ai toujours eus, est assez censé

3 Originaux

4 Annotations

  1. « Ut minus sapiens dico » : "pour parler comme un insensé", Aux Corenthiens 12-22, Ancien Testament. [Ref.↑]
  2. La Quasimodo est une fête religieuse ayant lieu le premier dimanche après les Pâques chrétiennes [Ref.↑]
  3. Terres chaudes, s.f.pl. : terres cultivables, par opposition aux terres froides ; exploitées en rotation triennale, soit blé noir, seigle, avoine (Jean Le Tallec 1994). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  4. Jean-Marie Colcanap, né à Quimper le 29 Mars 1766, fut ordonné prêtre à Jersey en 1792, avant d'être vicaire d'Ergué-Gabéric de 1804 à 1808 et ensuite recteur de Plomelin. Il mourut à la grande mission de Plonévez-Porzay au début de Juin 1817. [Ref.↑]
  5. Fabrique, s.f. : désigne, avant la loi de séparation de l'église et de l'état, tantôt l'ensemble des biens affectés à l'entretien du culte catholique, tantôt le corps politique spécial chargé de l'administration de ces biens, ce au niveau de l'église paroissiale ou d'une chapelle. Les paroissiens trésoriers membres de ce corps étaient les « fabriciens », les « marguilliers » ou plus simplement jusqu'au 18e siècle les « fabriques » (s.m.). Les fabriques sont supprimées par la loi du 9 décembre 1905 et remplacées par des associations de fidèles. Source : site Internet restarhorniou. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens

Date de création : Mai 2014    Dernière modification : 5.05.2014    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]