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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Modifications au jour le jour : [Journal des MàJs]
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1 Le Stangala, site naturel protégé

« Le Stangala, disent les guides de Bretagne, est une vallée encaissée, sauvage et grandiose, au milieu de laquelle l'Odet coule entre les rochers.
C'est un des endroits des plus pittoresques et des plus sauvages de la Bretagne dont la visite est recommandée aux touristes
 », Dépêche de Brest 1928

On savait déjà, à la lecture des journaux locaux, que le projet du barrage électrique au Stangala avait fait l'objet de protestation des journalistes, politiques et notables quimpérois, surtout pour des raisons de défense du lieu touristique et de la pêche. Mais ce qui est moins connu, c'est la forte implication de l'industriel René Bolloré et des riverains, ce que l'on sait aujourd'hui grâce à un dossier inédit de plus de 100 documents d'archives.

Dès janvier 1929 le papetier formalise ses arguments auprès des municipalités d'Ergué-Gabéric et de Briec : « je proteste contre l'exécution de l'établissement d'un barrage dans le Stangala sur la rivière "l'Odet" ... ». Et René Bolloré évoque même des considérations d'hygiène publique : « sans compter qu'un si grand étang ou lac près de mon usine et de mes habitations ouvrières peut donner d'humidité et peut-être même des épidémies ».

Il écrit aussi : « pour donner satisfaction à l'Administration des Eaux et Forêts à la suite d'un rapport des Ponts et Chaussées, j'ai dû acheter ces terrains fort chers et dépenser une forte somme pour y amener les eaux résiduaires et construire des bassins de décantation ».

Ces travaux font suite au contrôle de 1919 par les services des Ponts et Chaussées tel que détaillé dans les documents ci-dessous. On y trouve donc l'engagement de René Bolloré de procéder à la construction de nouveaux bassins : « Le projet qu'on nous a montré comporte la construction de bassin de décantation (système Desrumeaux) occupant une surface d'au moins 1.400 m2. Ces bassins seront divisés en compartiments par des cloisons disposés en chicane. Avant leur sortie, les eaux auront eu le temps de déposer toutes leurs impuretés ». Lors de la première visite, l'autre point d'anomalie relevée est relatif au niveau légal du déversoir de Coat-Piriou ...

En février 1929, René Bolloré écrit à tout le monde, aux maires, au préfet, au ministre des Beaux-Arts, au président des Sociétés des Pêcheurs du Finistère, à Charles de Poulpiquet, à la Chambre de Commerce, et bien sûr à Sud-Finistère Électrique, filiale de la compagnie Lebon, ce malgré l'opération chirurgicale qu'il vient de subir : « Je regrette de ne pouvoir me déplacer actuellement, mais je suis au lit avec une crise d'appendicite ».

Il incite également les riverains du Stangala à rédiger et signer une pétition, avec une insistance sur leurs statuts de père de familles nombreuses habitant de modestes penntis : «  ces exploitations privées de fourrages et pâturages ne pourront plus nous fournir le lait et le beurre nécessaires et indispensables à nos familles nombreuses, ni continuer leur élevage ». Même le maire d'Ergué-Gabéric met par écrit son désaccord sur le projet du barrage, bien qu'exprimant le souhait que l'usine hydraulique soit installée en aval plus près de Quimper : « dans ce cas, le département du Finistère et surtout ma commune devraient obtenir une diminution très appréciable du prix du courant électrique ». Au bout de ces protestations unanimes, relayées par les journaux, il y aura le décret du 6 juillet 1929 qui déclare l'éperon de Grifonnez « site naturel classé ».

En savoir plus : « 1929-1930 - Le combat de René Bolloré contre le barrage du Stangala », « 1919 - Déversoir et bassins de décantations de la papeterie d'Odet »,« Journal des Débats et journaux régionaux 1928-29 », « Le site naturel protégé du Stangala »

2 Mélanges et jardin du Cleuyou

« Mélanges : tradition universitaire, recueil collectif d’articles offerts à un maître par ses collègues et amis à l'occasion d'un évènement exceptionnel »

La belle et grande fête du 2 août 2015 au manoir du Cleuyou n'a pas fait l'objet d'articles dans les journaux locaux, car c'était un évènement privé. Néanmoins on peut dire qu'un livret « Mélanges pour les restaurateurs du Cleuyou » y a été présenté, rassemblant tous les articles publiés sur le site GrandTerrier.bzh depuis la sortie du livre « Le Manoir du Cleuyou, l'histoire d'un bâtiment » de Werner et Ursula Preissing.

Et parmi ces articles, la présentation d'un document inédit de 1811 communiqué par Michel Le Guay et non encore publié sur le site. En quête du document permettant de comprendre la transmission de la propriété du manoir après la Révolution, Michel a eu la main heureuse en trouvant ces 8 feuillets aux Archives Départementales du Finistère dans le fond notarial de l’étude Le Bescond sous la cote 4 E 219/61. Et donc de résoudre l’énigme du maillon manquant après les citoyennes Merpaut-Mellez à la Révolution, en l’occurrence le riche négociant quimpérois Vincent Mermet qui transmettra plus tard la propriété à sa fille Cécile et son gendre Guillaume Le Guay.

On y apprend un certain nombre de choses sur l’état du manoir et l’importance du domaine : Image:Right.gif La description de l’expertise des Biens Nationaux de 1794 y est confirmée : « le manoir du Cleuziou, cour close, écurie en dedans et en dehors, remise, four, colombier, aires, courtils, deux jardinets, terres chaudes et froides, prés et prairies, avec un parc terre chaude détaché de Kerampensal », avec donc y compris le colombier qui a disparu. Image:Right.gif Le moulin du Cleuyou ... Image:Right.gif La chapelle de Sainte Apolline ... Image:Right.gif Le moulin de Coutilly ...

La demoiselle Merpaut habitait le manoir et cultivait son jardin : « les légumes qu’elle pourrait avoir dans ses jardinets et champs qu’elle sera libre de vendre à la sortie à qui bon lui semblera ».

À lire : « 1811 - Vente du manoir du Cleuziou et dépendances »

À noter que déjà en 1697 on cultivait des légumes au Cleuyou. On le sait grâce à un document de palmage communiqué par Daniel Collet, documentaliste professionnel et historien. Le contrat décrit précisément le verger avec ses poiriers, cerisiers, pruniers, pêchers et abricotiers, ainsi que le potager avec ses asperges et artichauts : « les huit planches d'asperges faisant un carré du jardin et un carré d'artichauts ». A quoi ressemblait l’artichaut breton cultivé au Cleuyou en 1697 ? Sans doute était-il plus petit et différent du « camus de Bretagne » créé en 1810 par un agronome parisien et planté aujourd’hui dans le Nord-Finistère. Dans le document on note aussi la présence d'une vache « Garnoir », ancêtre de nos « pie-noir » (un seul e et sans s !).

En savoir plus : « 1697 - Contrat de palmage au Cleuyou par Rolland Le Gubaer »

3 Souvenirs de la guerre des écoles

Ayant eu ses 90 ans en 2014, Henriette a toujours son oeil vif, sa parole enjouée et son humanité, surtout quand elle se remémore ses aventures de gamine entre l'usine d'Odet, les chemins de Stang-Venn et les deux écoles laïque et confessionnelle de Lestonan.

Henriette Francès, née Briand, a vécu une enfance digne d'un scénario de film tourné dans les années 1935-38 : son père sympathisant communiste, ouvrier à l'usine d'Odet, obligé de mettre sa fille à l'école privée que le patron Bolloré a fait construire, des amies à l'école publique dirigée par un couple d'instituteurs communistes, l'envie d'avoir son certificat et de faire partie des « croisées », mais aussi de s'amuser avec ses copines le long des « vinojenn ».

Les premiers souvenirs sont terribles, celui par exemple de Marjan Riou qui vient frapper à la porte de la classe pour protester en breton parce que sa fille Bernadette n'avait pas le droit de rentrer à la maison avec la fille de la DDAS qu'elle garde, cette dernière devant par contrat fréquenter l'école publique : « Nous on était toutes complètement "strouillées" de voir et entendre ça ».

Ensuite les ouvriers carrément virés parce qu'ils avaient dérogé aux impératifs patronaux : « Quand on a ouvert l'école privée en 1927-28, il y a des gens qui travaillaient à l'usine et qui avaient leurs gosses à l'école publique, mais qui ne voulaient pas les mettre à l'école privée. Le père a été viré de l'usine, je ne sais plus quel poste il avait à l'usine. Il ne voulait pas contrarier ses gosses, et je me rappelle qu'il était sourd-muet ... »

Et la toute dernière anecdote se passe du côté de l'école publique : « Madame Laziou nous avait demandé à ceux qu'elle sentait capable s'ils ne voulaient pas jouer une pièce de théâtre ... C'était "Miss Arabella fait ses confitures" ... Moi je jouais la bonne, j'étais habillée à la bretonne, et je devais dire "Eureka !", et à ce moment-là j'ai perdu ma coiffe, tout le monde a ri. Mais j'ai continué à jouer, la coiffe sous le bras ».

Voici donc ses souvenirs racontés d'une traite un après-midi d'août 2015, illustrés de photos de classes, dont l'une où, à côté de ses copines, elle pose fièrement avec son insigne de « croisée » de l'école Sainte-Marie.

En savoir plus : « Les souvenirs des écoles privée et publique de Lestonan par Henriette Briand-Francès »

4 Le pardon de Kerdévot en 1915

« Le samedi, à 4 h. du soir, premières vêpres ; procession et bénédiction du T. Saint-Sacrement. Avant et après les vêpres, jusqu'à 6 h. 1/2, les confesseurs se tiendront à la disposition des pèlerins. Le dimanche, à partir de 5h du matin, les messes se succèderont jusqu'à la grand'messe ... »

Au programme de ce week-end de rentrée 2015, il y a bien sûr le fameux pardon de Kerdévot. À cette occasion on se devait de compléter la collection des 6 cartes postales du photographe Joseph-Marie Villard présentant ce lieu saint au début du siècle dernier.

La toute dernière trouvée est la n° 6733 avec un affranchissement et une « circulation » en juin 1916. Le destinataire est un dénommé P. Luyss, demeurant à St-Donnat sur l'Herbasse, président de la « Ste Cécile ». Était-ce une association locale de la Drôme, ou une institution nationale ou régionale ? On peut penser soit à une association de protection d'une chapelle dédiée à la sainte, soit à une chorale ou ensemble instrumental, car sainte Cécile est la patronne des musiciens et des musiciennes.

En tous cas, en ces années-là, pendant la Grande Guerre, l'assistance au pardon était sans doute très clairsemée, car les hommes étaient au front. Dans les journaux d'époque on sent bien que l'esprit n'était pas vraiment à la fête. En 1915 on note seulement la présence annoncée d'un chanoine et de l'économe du Grand Séminaire pour assister les prêtres en charge des confessions, et en 1916 aucune autorité diocésaine n'est présente.

Par contre les pèlerins sont quand même invités à venir faire pénitence lors des nombreux offices : pas moins d'une dizaine de messes (dont six le dimanche de 5 heures du matin à 10h), deux vêpres (dont une solennelle), trois processions, deux « bénédictions du Très Saint-Sacrement », et bien sûr les confessions individuelles pour le pardon des pêchés. Et le summum du pardon est donc ce cadeau fait aux pèlerins : « Une indulgence plénière, applicable aux âmes du purgatoire, peut être gagnée (aux conditions ordinaires) ». Nous avons enquêté sur le sens de cette formulation mystérieuse et sur la signification de cette pratique d'indulgences ...

En savoir plus : « Chapelle et pardon de Kerdévot, cartes postales Villard, 1880-1910 » et « L'indulgence plénière du pardon de Kerdévot, Le Progrès du Finistère 1915-16 »

5 La bombarde de Matilin an dall

« Me eo Matilin an dall, Ar Bombarder laouen [...] Bet on e Pariz un devez O seni dirag an Roue [...] », chanson du joyeux bombardier, abbé Quéré.

Dans un livre récent publié en juillet dernier par les « Éditions Mémoires vives », Louis Caradec qui était matelot électricien sur la base de Lann-Bihoué en 1952 nous raconte l'histoire du bagad créé par son patron de l'époque, le gabéricois Pierre Roumégou, grâce à ses anecdotes et photos inédites.

Et notamment le premier jour de la formation : « Le patron électricien de la base à cette époque est Pierre Roumégou d'Ergué-Gabéric. Son accent breton est célèbre dans la base. Sa mission principale est de faire l'inventaire de l'éclairage des pistes ... Nous savions tous qu'il était un peu farceur et qu'il aimait beaucoup la musique. "Je suis bombardier depuis mes treize ans" disait-il avec son sourire dont il ne se départissait jamais ... C'est au bar du poste des maîtres que notre patron découvre dans la poche d'un visiteur une bombarde, dont il n'a pas joué depuis des lustres ... Il monte sur table, à défaut de barrique, et se met à jouer de son instrument préféré, entraînant du même coup toute la salle à manger dans une gavotte effrénée. "Comme Matilin an Dall" nous dira-t-il le lendemain à la centrale électrique. »

Matilin an Dall, Mathurin l'aveugle en français, Mathurin François Furic à l'État-civil, est un sonneur de bombarde, né à Quimperlé en 1789 et mort en cette même ville en 1859. Sonneur d'exception, devenu aveugle très jeune, il a connu un destin hors du commun, jusqu'à entrer dans la légende de la musique bretonne. Il sera même invité pour jouer aux Tuileries devant le roi Louis-Philippe Ier, et par la suite également devant Napoléon III en visite à Quimper en 1858.

L'auteur évoque ensuite les grands voyages de « l'époque Roumégou », avec de nombreuses photos amateurs incroyables du bagad en représentation : 1953, grande tournée aux Etats-Unis, New York, défilé dans Rockefeller Center, Norfolk Virginie, Fort-de-France, Casablanca, Genève. 1958-1959, Monsieur Chaban-Delmas félicite le maître principal Roumégou à l'école de Santé navale de Bordeaux. s'ensuit une tournée dans les pays nordiques. 1961, Plymouth en Grande-Bretagne et concert à la salle Pleyel à Paris. « C'étaient les premiers pas du bagad de Lann-Bihoué ! Pierre Roumégou venait de donner le signe de départ d'une longue et belle histoire ... »

En savoir plus : « CARADEC Louis - Le bagad de Lann-Bihoué »

6 Instits de Lestonan en 1945-55

« L'espace des Instits » : de nouveaux articles, mémoires d'écoliers, photos de classe qui attendent votre visite, participation et peut-être contribution.

Tout d'abord qui ne connait pas Madame Jeanine : « Au départ, quand je suis arrivée à l'école en 1955, en même temps que Renée Bataille, on aurait du m'appeler "Mademoiselle Floc'h" de mon nom de jeune fille. Mais Renée a eu peur qu'on se moque d'elle et a proposé qu'on soit "Mademoiselle Renée" et "Mademoiselle Jeanine", ce qui m'allait très bien. Et quand je me suis mariée, pourquoi changer en "Madame Huitric" ? Et ainsi on m'a appelée "Madame Jeanine" toutes ces années, et encore aujourd'hui. »

Voici sa classe de 1956 de la maternelle Ste-Marie : 41 bambins aux bras croisés, très sages, qui ont entre 3 ans et 6 ans, ce qui veut dire qu'ils sont nés entre 1950 et 1953. Et Jeanine se souvient de ses collègues, religieuses ou non, qu'elle a côtoyées pendant 36 ans, et ressort ses photos kodak avec grande émotion.

En savoir plus : « Jeanine Huitric, née Floc'h, institutrice de 1955 à 1991 »

Ensuite le témoignage d'un prof de lettre, fils d'instituteurs, qui fit un passage à l'école publique de Lestonan de 1945 à 1947 : « une école à trois classes, avec deux cours et deux jardins derrière la maison de la directrice (ndlr: Francine Lazou) qui avait un piano dans son salon ... Mon père eut la classe des "grands" qu'il devait préparer un peu à l'examen d'entrée en Sixième et surtout, bien sûr, au Certificat d'Études. À grand renfort de dictées et de problèmes, il le faisait résolument, sans état d'âme. Pendant les récréations, il menait avec la même fougue les matches de foot de ses élèves, tandis que ma mère veillait sur les petits dans l'autre cour. »

Et l'écolier évoque ses souvenirs papetiers et bucoliques : « J'eus dans la cour de récréation et les préaux déserts du jeudi des camarades de jeu ou de lecture dont les pères travaillaient à l'usine Bolloré ("O.C.B.") nichée un peu plus bas, au bord de la rivière. Cette rivière c'était l'Odet, où je vois encore toute une école, instituteurs en tête, descendre par un bel après-midi d'été jouer dans la prairie et barboter dans les eaux fraîches. »

En savoir plus : « LE COZ Jacques - Mes années quarante », « M. Le Coz et son épouse, instituteurs à Lestonan en 1945 »

7 Partition et paroles de cantique

« Diskan : Mamm Doue, o Gwerhez Gwelit hor harantez ... I. Kanom a vouez uhel Mari, Mamm Doue Ni oll e Breiz-Izel Zo he Bugale.  »

Le cantique de Kerdévot, tel qu'il est toujours chanté avec ferveur à Ergué-Gabéric, n'a pas l'ancienneté de son prédécesseur, celui composé en 1712 ; mais, comme support de la tradition de nos anciens, le cantique actuel mérite assurément de figurer au registre du patrimoine communal.

L'air du cantique de Kerdévot est une reprise d'un grand classique des chants dédiés à la Vierge Marie, composé par l'abbé Hippolyte Boutin (1849-1946) en fin du 19e siècle. Le refrain de ce cantique de l'église française était en langue latine : « Laudate, laudate, laudate Mariam. (bis) ». Et le premier couplet : « O Vierge Marie, Entends près de Dieu. Ton peuple qui prie : Exauce ses vœux ». Au début du 20e siècle, le cantique était connu dans la France entière par tous les catholiques qui l'utilisaient systématiquement pour le culte marial.

À la même époque, Jean-Marie Salaün (1831-1885), éditeur de musique à Quimper, proposa une version bretonne de la Laudate Mariam, qui devint un succès des pardons bretons dédiés à la Vierge Marie mère de Dieu (« Mamm Doue, o Gwerhez »).

Le texte breton de la version « Intron Varia Kerdevot » est différent, car très localisé :
Image:Right.gif « Kerdevot zo brudet / Dre oll vro Gerne » (Kerdévot est célèbre dans toute la Cornouaille).
Image:Right.gif « Kristenien an Ergue / Ho pedo bepred / Da vired o ene / O Gwerhez karet. » (Les chrétiens d'Ergué ...).

Une tentative de traduction en français du refrain et des six complets est proposée dans l'article détaillé. Ainsi que trois enregistrements sonores à écouter (si vous en disposez d'autres, n'hésitez pas à nous les envoyer, et toutes les anecdotes sur les circonstances de son interprétation seront les bienvenues) :

Au sommaire :

Image:Right.gif A. Version chantée accompagnée à l'orgue historique Dallam (02:02)

Image:Right.gif B. Air chanté uniquement joué à la flute traversière (00:28)

Image:Right.gif C. Partition complète toutes voix à la flute traversière (00:28)

 
En savoir plus : « Le cantique populaire "Itroun Varia Kerdevot" de Jean Salaun en 1881 » Billet du 22.08.2015

8 Tombe enlevée, arche et voûte

« Enfeu, s.m. : ancien substantif déverbal de enfouir ; niche à fond plat, pratiquée dans un édifice religieux et destinée à recevoir, avant la Révolution française, la sépulture d'un seigneur du pays », Dictionnaire des Trésors de la Langue Française

Il y a quelques jours, une gabéricoise - elle se reconnaitra en tant que lectrice assidue du billet ! - se désolait de ne pas savoir qui était enterré dans son église paroissiale dans une tombe placée dans le mur de l'édifice religieux.

En fait, rien d'étonnant, car cet élément très ancien du patrimoine communal n'a jamais été présenté comme il se doit par les mémorialistes. Seul Norbert Bernard (historien-paléographe qui a apporté beaucoup au patrimoine et à l'histoire communale) a recherché les mentions de ses origines dans les archives locales, départementales et ducales.

Et pourtant cette tombe est mentionnée dès l'an 1504 et atteste des prééminences d'une seigneurie locale. La famille noble des Kerfors, en l’occurrence Caznevet et son fils Charles, disposait d'une « tombe enlevée (=surélevée), arche et voûte, en l'ayle de l'endroict du cueur », ceci à proximité de la « tombe basse et placée sur terre ayant une pierre tombale au dessus » des Liziart.

Et sur cette tombe il y a six blasons familiaux, dont deux ont des motifs conservés, avec en partie « senestre » (gauche) le mi-parti du fameux cor de chasse ou « greslier » de couleur azur des Kerfors du 15e au 17e siècle, et en partie « dextre » (droite) des armes de familles en alliance non encore identifiées.

Le premier document officiel mentionnant l'enfeu des Kerfors est un acte prônal du 15 décembre 1503 établissant le droit au seigneur de Kerfors à disposer d'une tombe « du cotté de l'eppittre » (c'est-à-dire à droite face à l'autel)) à l'église Saint-Guinal. Cet acte est mentionné à la succession du recteur Jean Edy en 1748 en ces termes : « Deux autres pronneaux de pareil idiome portant confection de tombe en l'église paroissialle du cotté de l'eppittre à François Liziart François de Kergonan et à Charles Kerfors sieur dudit lieu datté des 16 septembre 1496 et 15 décembre 1504. »

Cette interrogation nous permet aujourd'hui de compléter le travail de Norbert (en publiant notamment l'inventaire des documents d'archives, lettres et contrat de Jean Edy), et en replongeant dans la généalogie des Kerfors et les conditions de transmission du domaine de Kerfors à la famille de La Marche.

En savoir plus : « Le tombeau enfeu noble des Kerfors à l'église St-Guinal », « 1748 - Inventaire des documents anciens détenus par le recteur Jean Edy », « Les Kerfors, dudit lieu, nobles du 15e au 17e siècle », « Les de La Marche, nobles de Kerfort et de Lezergué, 17e-18e siècles » Billet du 16.08.2015

9 Brèche en Chaussée du Cleuyou

« Chaussée, s.f. : barrage, ouvrage maçonné submersible en travers du cours d’eau, avec une partie supérieure appelée déversoir. Il permet l’amenée de l’eau de la rivière vers le moulin », Association des Riverains des rivières et cours d’eau de France

En ce début d'été 2015, une brèche a changé le cours de la rivière du Jet, asséchant le bief d'amenée du Cleuyou, et privant de son eau le moulin magnifiquement restauré. Les voisins du barrage et du début du bief sont unanimes : « C'est la première année que le bief est à sec et que l'eau de la rivière se détourne de son cours à cet endroit ».

En effet, sur la berge sud, l'eau a profité qu'un arbre tombe, pour s’engouffrer en creusant une dérivation dans une prairie d'Ergué-Armel, et en laissant un fort courant suivre le lit naturel du Jet. Par conséquent le cours parallèle, sur la rive nord, côté Ergué-Gabéric, à l'entrée du bief du Cleuyou, est à sec.

En terme de législation, de tout temps, les propriétaires de moulin ont bénéficié d'un « droit d’eau » pour exploiter la force motrice de l’eau et conserver l'eau dans leurs biefs. On distingue deux catégories de moulins pour instruire les dossiers litigieux : le droit fondé « en titre », quand l’ouvrage est antérieur à la Révolution de 1789, et le droit fondé « sur titre », établi après 1790 (loi du 20 août 1790 qui abolit les droits féodaux) selon la circulaire ministérielle du 23 octobre 1851.

Le manoir du Cleuyou rentre dans la première catégorie car la preuve de l’existence du moulin et de son droit d’eau associé est établie depuis au moins 1566. Dans l'« aveu » de Guillaume de Rubiern, sieur du Cleuziou, et tous les documents similaires du 17e siècle, la description du moulin englobe même le barrage, appelée « chaussée », sur la rivière : « Item, le moulin noble, o son destroit, byé, chaussé ». Cette chaussée est également mentionnée en 1794 en pleine période révolutionnaire.

Aujourd'hui le barrage n'est plus une propriété privée, mais publique et en ligne de partage entre deux communes. Cela devrait encourager tous les élus à faire preuve d'initiative pour le réparer et rendre son eau au moulin. Rappelons aussi que le Petit et le Grand Ergué était une grande paroisse unie il y a quelques siècles, et d'autre part le lieu du Cleuyou aujourd'hui sur Ergué-Gabéric, dépendait précédemment d'Ergué-Armel.

En savoir plus : « La chaussée, le bief et l'eau du moulin du Cleuyou » Billet du 09.08.2015

10 ND de Kerdévot à la Grande Vigne

« La Maison d'artiste de la Grande Vigne également nommé Musée Yvonne Jean-Haffen est la maison de l'artiste, qu'elle offrit à la Ville de Dinan en 1987, avec son mobilier et son fond d'atelier pour en faire une maison d'artiste et y présenter son œuvre », Wikipedia

Née parisienne, Yvonne Jean-Haffen (1895-1993) est une artiste peintre, dessinatrice, graveuse et céramiste renommée. Installée à Dinan elle épouse en 1920 l'ingénieur Edouard Jean, rencontre en 1925 son voisin de la rue Falguière, Mathurin Méheut, et devient sa collaboratrice et disciple. Grâce à lui, elle entre à la faïencerie Henriot de Quimper et participe à de nombreux chantiers de décoration et d'exposition.

Sa passion pour la terre bretonne conduit les époux Jean à acquérir une grande propriété au bord de la Rance, la « Grande Vigne », qui devient le pivôt de l'activité artistique de la région. Elle transforme cette maison en musée qui aujourd'hui est le lieu de conservation de son œuvre.

Y sont conservés notamment les quatre croquis de la fontaine de la chapelle de Kerdévot. En complément nous avons rassemblé les notices descriptives de la Base Joconde et les reproductions de chacun de ces dessins mettant en relief la richesse de cet élément de notre patrimoine.

Le premier croquis un projet de céramique pour une faïence de Rivière-Letort (St-Méen). Les deux suivants ont été faits dans le cadre de la préparation d'un livre d'Yves Millon sur les fontaines de Bretagne. Le dernier, où l'on entrevoit la chapelle visible derrière la fontaine a été finalisé pour le livre d'Yvonne Jean-Haffen sur les fontaines bretonnes.

Et pour conclure, cette description évocatrice de Pierre-Yves Castel : « Il faut, à Kerdévot, chercher loin l'antique fontaine de dévotion, vers la bordure extrême du champ à l'Est de la chapelle. Là, une source captée dans un bassin carré alimente deux petits bassins circulaires destinés aux rites des ablutions. Le monument qui coiffe le bassin d'un toit en batière est flanqué d'épais pinacles à crochets. L'arc en plein cintre s'encadre dans un gâble triangulaire assorti de quatre choux frustes. A l'angle de droite une figure de marmouset rieur. L'arcade abrite une petite statue de pierre représentant une Vierge à l'enfant qui paraît veiller sur les lentilles d'eau du bassin. La pointe du monument est constitué d'un blason écartelé de forme carrée et bien érodé par les siècles. »

En savoir plus : « Croquis de la fontaine de Kerdévot par Yvonne Jean-Haffen » Billet du 02.08.2015

11 Contremaitresse de chiffonnerie

« Ergué-Gabéric. Une octogénaire tombe dans l'Odet et se noie. Samedi, vers 18h30, Mme veuve Guéguen, née Léonus, 79 ans, demeurant à Odet, avait quitté son domicile pour se rendre à l'épicerie Rannou ... », Le Finistère, 17 décembre 1938.

Cette femme eut un destin extraordinaire et une fin tragique signalée par les journaux « Le Citoyen », « Le Finistère » et « Le Courrier du Finistère » dans des termes assez similaires.

En effet, Marie Léonus, veuve Guéguen, ancienne contremaitresse, qui était venue faire des courses à l'épicerie de la papeterie d'Odet, tenue par les Rannou à Ty-Ru, s'en était retournée chez elle à Stang-Luzigou en prenant le chemin qui longe le canal d'amenée, et, la nuit étant tombée, elle trébucha et tomba à l'eau.

Sa sœur, ne la voyant pas rentrer, signala sa disparition et les ouvriers la cherchèrent et trouvent son corps sans vie dans l'eau dans un entassement de feuilles avant les conduites menant aux machines à papier. Son panier de provision était resté sur le chemin.

Le journaliste signale que le courant était important du fait des gros orages. On peut penser aussi que l'obscurité et l'absence d'éclairage expliquent aussi la chute dans l'eau.

Bien que d'origine modeste, la veuve était respectée par tout le monde, sans doute pour avoir travaillé à la papeterie depuis l'âge de 9 ans, et avoir été exercé la fonction de contremaitresse.

Marie Françoise Elise Léonus est née au village de Gougastel en Briec, à proximité de l'usine à papier d'Odet, en octobre 1859. Son père Yves, surnommé « Kergoat », était catalogué d'homme des bois (« coat » = bois, futaie). Marie hérita de se surnom et, toute sa vie, fut appelée « Mae Kergoat », Mae étant une transcription phonétique de la prononciation locale du prénom Marie en breton. La mère de Mae Kergoat, Marie Josèphe Heydon, quand elle se maria en 1856, travaillait déjà à l'usine d'Odet comme papetière.

Comme indiqué sur le registre des employés de 1927, Mae Kergoat est embauchée en 1868 à l'âge de 9 ans. En 1927, elle est celle qui a la plus grande ancienneté, elle est inscrite comme « maitresse » (contremaitresse), « âgée de 68 ans », et a « 59 ans de service ». En janvier 1901, elle reçoit la médaille d'honneur pour 30 ans de service avec comme fonction de « maitresse de chiffonerie ».

Elle se marie deux fois : la première avec Yves Le Torrec en 1879, et avec François Guéguen, le cocher de l'usine, en 1900. Elle décède le 10.12.1938 en revenant chez elle en soirée avec son sac de course, tombant et se noyant dans le canal d'Odet.

En savoir plus : « Mae Kergoat-Guéguen (1859-1938), née Léonus, contremaitresse de papeterie »,
« La noyade à Odet de Mae Kergoat-Guéguen née Léonus, journaux 1938 »
Billet du 26.07.2015

12 Émotion rue de Croas-ar-Gac

« Je vous remercie pour l'amour que chacun m'a démontré ! Maintenant, il est temps pour moi de voyager seule. Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine. La confiance vous apportera réconfort et consolation.  », Charlotte Newashish-Flamand, amérindienne de la tribu Atikamekw.

Pas de billet habituel cette semaine, car le décès de notre maman a chamboulé notre train-train quotidien sur le GrandTerrier. Avec émotion on a retrouvé cette photo Kodak des années 60, un peu floue, on la voit près de sa nouvelle maison neuve gabéricoise. Elle est partie le 6 juillet.

Dans le même registre on déplore aussi le décès d'un natif de Sulvintin, un militaire avec une immense culture d'autodidacte, Michel Le Goff, décédé brutalement le 28 mai à Bois-d'Arcy où il habitait. Vendredi 10 juillet une cérémonie religieuse à sa mémoire a été organisée à Ergué-Gabéric en présence de sa famille.

Sinon, de notre côté, ce week-end, les bulletins Kannadig de juillet ont été imprimés, pliés, agrafés, timbrés et déposés dans la boite à lettres de quartier.

Ce bulletin a la particularité de montrer l’interactivité et les réactions des lecteurs suite à la publication hebdo des billets, car on y a glissé des remerciements pour les modifications et compléments apportés aux articles initiaux.

Ainsi, par exemple, entre le premier article sur les moulins blanc et roux et le texte finalisé et inclus dans le bulletin, il a l'apport de Mann Kerouredan qui a étudié le positionnement des deux roues en fin de bief et non en son milieu. Et pour l'appel de Per Roumegou à la tête du bagad de Lann-Bihoué, comme nous n'avions pas compris les différentes formules style HAKA, heureusement que René Le Reste était là également : « Bed war zonj ; Prest omp ; Dioual war raok ; Kuit ».

En savoir plus : « Kannadig n° 30 Juillet 2015 », « Souvenirs d'enfance de fin de guerre 1939-45, par Michel Le Goff » et à la semaine prochaine pour un nouveau billet complet. Billet du 19.07.2015

13 Une chaumière en son placitre

«  Les dieux étaient d'argile quand poussèrent ces temples d'or et une chaumière rustique n'était pas un objet de honte », Elégies IV-1-1, Properce

Cette crêche et son toit de chaume, certes une propriété privée, sont néanmoins une fierté patrimoniale d'Ergué-Gabéric, car leur présence agrémente joliment un placître arboisé au bord d'une belle route de compagne.

La couverture en question a été réalisée en mai 2014 par Claire et Yann Le Guillou, propriétaires des lieux, et a remplacé un toit de tôle dont l'état se dégradait. Aujourd'hui cette crêche ou petite grange, ouverte à l'est par une grande porte et dotée de deux minuscules fenêtres, trône comme une chapelle au milieu d'un placitre d'herbe tondue et bordée d'imposants chênes et châtaigniers.

Originaires de St-Brieuc et Bourbriac et gabéricois d'adoption, ils justifient leurs décision ainsi : « C'est simplement du bon sens. D'abord le cout, il est inférieur à une couverture en ardoises, ensuite d'un point de vue patrimonial, les bâtiments à usage d'exploitation, étaient très souvent couverts en paille jusqu'au début du XX s. Et ensuite, on redécouvre aujourd'hui les vertus du chaume en terme d'isolation écologique ... ».

Il est aussi indéniable que le domaine de Kerveady au début du 19e siècle était formé de bâtiments en toits de chaume, on disait à l'époque « couverts de paille ». En fait en 1808, seule la maison d'habitation principale, aux allures de petit manoir, était en ardoise car elle était dénommée « Ty-glas », le mot "glaz" attestant de la couleur bleue des ardoises.

On dénombrait à Kerveady pas moins de cinq chaumières (maisons, crêches et grange) : « une crêche nommée ar Craou izela construite de simple maconne et couverte en paille » ; « une maison nommée an ty izela construite de simple maçonne et couverte en paille » ; « autre maison nommée an ty bihen construite de simple maçonne et couverte en paille » ; « une crêche nommée an Craou bihen construite simple maçonne et couverte en paille » ; « une grange nommée ar bardy construite de simple maçonne et couverte en paille ».

Un grand merci collectif aux sympathiques propriétaires de Kerveady pour leur magnifique restauration de 2014, et aussi pour nous avoir signalé un linteau de pierre gravée dans leur maison ancestrale et daté de 1569 !

En savoir plus : « Crêche au toit de chaume et linteau de pierre du 16e au village de Kerveady » Billet du 11.07.2015

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