Le tombeau enfeu noble des Kerfors à l'église St-Guinal - GrandTerrier

Le tombeau enfeu noble des Kerfors à l'église St-Guinal

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Catégorie : Patrimoine
 Site : GrandTerrier

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§ E.D.F.

Où il est question de l’ancestrale enfeu [1] ou tombe « enlevée » (c'est-à-dire surélevée) des seigneurs de Kerfors « côtté épittre » [2] de l'église paroissiale.

Au sommaire des photos de cette pierre ouvragée incrustée dans le mur sud de l'église, un récapitulatif des documents d'archives, la plupart découverts et étudiés par Norbert Bernard [3], le repérage du greslier [4] héraldique des Kerfors, un essai de description des blasons en alliance. Toute aide pour identifier les motifs en alliance et leurs familles propriétaires sera la bienvenue.

Autres articles : « Familles nobles gabéricoises » ¤ « Les Kerfors, dudit lieu, nobles du 15e au 17e siècle » ¤ « 1748 - Inventaire des documents anciens détenus par le recteur Jean Edy » ¤ « 1448-1496 - Actes du fonds de La Marche pour les seigneurs de Kerfors » ¤ « 1680-1682 - Papier terrier et déboutement de réformation du domaine de Kerfors » ¤ « Guy Autret et l'église d'Ergué-Gabéric, défense de ses prééminences » ¤ « 1426-1562 - Les Liziart de Kergonan en Ergué-Gabéric et leurs armes » ¤ « La pierre tombale à enfeu des Liziart conservée au Cleuyou » ¤ « Un blason à trois chevrons sur le linteau du presbytère » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Il est un élément très ancien du patrimoine présent dans l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric qui n'a jamais été présenté comme il se doit par les mémorialistes. Seul Norbert Bernard [3] a recherché les mentions de ses origines dans les archives locales, départementales et ducales (cf le dernier chapitre sur les sources documentaires).

Et pourtant cette tombe creusée dans le mur sud de l'église est mentionnée dès l'année 1504 et atteste des prééminences d'une seigneurie locale. La famille noble des Kerfors, en l’occurrence Caznevet et son fils Charles, disposait d'une « tombe enlevée (=surélevée), arche et voûte, en l'ayle de l'endroict du cueur », ceci à proximité de la pierre au sol des Liziart.

Et sur cette tombe on note encore aujourd'hui 6 blasons familiaux, dont deux ont des motifs conservés, avec en partie « senestre » (gauche) le mi-parti du fameux cor de chasse ou « greslier » [4] des Kerfors du 15e au 17e siècle, et en partie « dextre » (droite) des armes de familles en alliance non encore identifiées.

Le premier document officiel mentionnant l'enfeu des Kerfors est un acte prônal [5] du 15 décembre 1503 établissant le droit au seigneur de Kerfors à disposer d'une tombe « du cotté de l'eppittre » [2] à l'église Saint-Guinal. Cet acte est mentionné à la succession du recteur Jean Edy en 1748 en ces termes : « Deux autres pronneaux de pareil idiome portant confection de tombe en l'église paroissialle du cotté de l'eppittre à François Liziart François de Kergonan et à Charles Kerfors sieur dudit lieu datté des 16 septembre 1496 et 15 décembre 1504. »

Dans la déclaration en 1680 par Jan de La Marche, seigneur de Kerfors, pour la réformation du domaine royale, la description est plus précise : « connoist et possède en l'esglise parroissialle dudit Ergué Gaberic une tombe enlevée estant en voute et arcade dans la muraille costudé et méridionale de la chapelle dite de sainct Michel estant du costé de l'épitre ».

 

[modifier] 2 Diaporama et hiéraldique

Blasons 1, 2 et 3

  • Placés sur les bords apparents du tombeau, respectivement sur les côtés oriental, au centre et occidental.
  • Les motifs de ces blasons sont complètement martelés et effacés.

Blason 4

  • Sur la pierre tombale sur le côté oriental, la pointe à l'est.
  • En position senestre, on reconnait nettement le demi greslier azur [4] des Kerfors, représenté en moitié car le blason est en alliance, avec le rappel des familles conjointes en position droite.
  • En position dextre, les motifs des armoiries en alliance. On distingue cinq bandes horizontales, la bande supérieure semblant interrompue par un carré.
 

Blason 5

  • Sur la pierre tombale au centre, la pointe inférieure orientée à l'est, entouré d'un motif de guirlandes (les mêmes qui sont relevés sur la façade du presbytère et attribué au blason du chanoine Jean Parcevaux décédé en 1568).
  • La partie droite du blason est martelé.
  • En position senestre supérieure, on croit reconnaitre le demi greslier [4] des Kerfors, mais sans garantie.

Blason 6

  • Sur la pierre tombale sur le côté occidental, la pointe inférieure orientée à l'est.
  • En position senestre, on reconnait nettement le demi greslier azur [6] des Kerfors, représenté en moitié car le blason est en alliance, avec le rappel des familles conjointes en position droite.
  • En position dextre, les motifs des armoiries en alliance. On distingue trois disques ou tourteaux en quinconce au niveau supérieur, deux bandes inclinées au centre, et au niveau inférieur la moitié des trois tourteaux supérieurs.


[modifier] 3 Sources documentaires

Dans son article « Guy Autret et l'église d'Ergué-Gabéric » paru en 2002 dans le Bulletin de la Société Archéologique, Norbert Bernard a relevé les plus anciens documents d'archives attestant de l'ancienneté de l'enfeu [1] des Kerfors :

  • Un acte prônal [5] du 15 décembre 1503 établit le droit du seigneur de Kerfors à disposer d'une tombe « du cotté de l'eppittre » [2] à l'église Saint-Guinal. Cet acte est mentionné à la succession du recteur Jean Edy en 1748 en ces termes : « Deux autres pronneaux de pareil idiome portant confection de tombe en l'église paroissialle du cotté de l'eppittre à François Liziart François de Kergonan et à Charles Kerfors sieur dudit lieu datté des 16 septembre 1496 et 15 décembre 1504. »
  • Un document de 1513 précise qu'il y avait tombe « enlevée » (c'est-à-dire surélevée et placée dans le mur, comme le sont généralement les enfeux [1]) et une tombe au sol, « basse et placée sur terre ». La première est celle des Kerfors et la deuxième celle des Liziart (aujourd'hui conservée dans le parc du manoir du Cleuyou). Virgine Laz, dans son mémoise de maitrise à l'UBO [7], a transcris ainsi ce document « Réintégrande et sauvegarde pour Charles de Kerfors, seigneur dudit lieu, sur sa possession d'une tombe enlevée, arche et voûte, en l'ayle de l'endroict du cueur de l'église parrochal d'Ergué-Gabérit, avec une tome basse et placé sur terre ayant une pierre tombal au desur ».

Ce qui donne ce plan proposé ci-contre par Norbert, positionnant respectivement le vitrail de François Liziart et de son épouse, leur tombe, le banc et la tombe des seigneurs de Lezergué et enfin l'enfeu des Kerfors :

 

Dans la déclaration en 1680 par Jan de La Marche, seigneur de Kerfors, pour la réformation du domaine royale, il y a aussi une description complète  : « connoist et possède en l'esglise parroissialle dudit Ergué Gaberic une tombe enlevée estant en voute et arcade dans la muraille costudé et méridionale de la chapelle dite de sainct Michel estant du costé de l'épitre, avec deux autres tombes basses et joignant le tout armorié des armes de sa dite maison de Kerfors et alliances d'icelle avec le nombre de quatre à cinq escussons de ses armes en la vitre estant au-dessus de la dicte arcade. »

[modifier] 4 Annotations

  1. Enfeu, s.m. : ancien substantif déverbal de enfouir. Niche à fond plat, pratiquée dans un édifice religieux et destinée à recevoir un sarcophage, un tombeau ou la représentation d'une scène funéraire. Avant la Révolution française, les seigneurs du pays étaient enterrés par droit d'enfeu dans un sépulcre de ce genre. Source : Trésors de la Langue Française. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2]
  2. Côté de l'épitre, g.n.m. : côté droit de l’autel, dans une église, en faisant face à l’autel. Source : fr.wiktionary.org [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2]
  3. Norbert Bernard (1974-2005) est un historien-paléographe qui a mené plusieurs travaux de recherches historiques en pays cornouaillais et a participé activement à l'édition des Mémoires re-découvertes en 1998 de Jean-Marie Déguignet. Autres activités et publications : article sur Guy Autet en 2002 dans Bulletin d'Archéologique du Finistère, lancement du site Tudchentil, étude sur le "sorcier" Yves Pennec, thèse à l'UBO « Chemins et structuration de l'espace en Cornouaille du Ve siècle à la fin du XVIIe siècle », ... [Ref.↑ 3,0 3,1]
  4. Greslier, s.m. : cor de chasse en héraldique. Sorte de cornet ou de trompette (dict. Godefroy 1880). Ancien français graile ou grele, ainsi dit parce qu'allongé, grêle (Littré). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 4,0 4,1 4,2 4,3]
  5. Prône, s.m. : lecture faite par le prêtre, en chaire, après l’évangile, à la grand-messe. Le prône comporte des prières en latin et en français à l'intention des vivants, à commencer par le Roi, et des défunts ; parfois, mais pas toujours, une homélie commentant les lectures du jour ; et enfin une série d'annonces concernant les fêtes et les jeûnes à venir, les bancs de mariage, les monitoires de justice, les ordres adressés par le Roi, etc. On comprend ainsi que ce prône peut être fort long, mais il est essentiel pour la cohésion de la communauté paroissiale et pour la communication du haut en bas dans le royaume. Source : Dictionnaire de l'Ancien Régime. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 5,0 5,1]
  6. Greslier, s.m. : cor de chasse en héraldique. Sorte de cornet ou de trompette (dict. Godefroy 1880). Ancien français graile ou grele, ainsi dit parce qu'allongé, grêle (Littré). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  7. Virginie LAZ, Transcription et étude du registre des lettres scellées à la chancellerie de Bretagne en 1513, Brest, 2001 (mémoire de maîtrise dactyl.), acte 214, 16 février 1513 (n.s.). [Ref.↑]


Thème de l'article : Patrimoine communal d'Ergué-Gabéric

Date de création : août 2015    Dernière modification : 10.03.2018    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]