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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Sommaire

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Modifications au jour le jour : [Journal des MàJs]
Anciennes pages de bienvenue : [Affiches]
Anciens billets : [Actualité, archives]

1 Intron Varia an Aerouant Kerzevot

« AEROUANT, masc., (a)erevent : démon, dragon, & (br-kr.) ennemi, monstre, (& loc.) météore, nuée ardente. », dictionnaire Francis Favereau

Billet du 18.10.2014
Billet du 18.10.2014

Près de l'entrée sud de la chapelle, face à la légendaire statue de Notre-Dame de Kerdévot en compagnie de ses angelots, une autre mystérieuse Vierge à l'Enfant foulant un démon-poisson de son pied gauche.

Dans un billet récent de son blog « lavieb-aile.com », Jean-Yves Cordier nous décrit la particularité méconnue de cette statue : « un coup d'œil trop rapide passerait à coté de la Bête écrasée sous son pied. Pourtant, elle n'est pas morte, l'infecte ophioïde aux écailles puantes, l'anguipède à la queue entortillée par les spasmes du vice : elle vous fixe de ses yeux rouges. On en admire que mieux la splendide maîtrise avec laquelle Marie, regard fier et serein, tient son Fils préservé du vert maléfice. »

Dans son livre sur les démones bretonnes, la japonaise Hiroko Amemiya, spécialiste des contes et tradition orale, en fait cette description : « Couché sur le côté, sous le pied gauche de la Vierge. Gueule légèrement ouverte. Yeux rouges. Le corps, vert foncé, est couvert d'écailles sculptées. »

Mais est-ce un démon de sexe féminin, une « démone » que Louis Le Thomas et Amemiya Hiroko ont si bien décrite dans leurs ouvrages respectifs ? La bête de Kerdévot n'est pas représentée comme une femelle, car ses possibles mamelles sont cachées dans les plis de la robe rouge de la Vierge. Par contre, suivant la classification de Louis Le Thomas (démon-poisson et démon serpent), on peut penser, du fait des écailles sur la queue, qu'il s'agit d'un animal aquatique et non d'un serpent terrestre.

Au delà de cette description que sait-on de ce type de statuaire typiquement bretonne ? Quelle est la signification de sa présence à Kerdévot ? Quel était son nom en breton : « Intron-Varia an Erc'h » (neige) ? "« IV an Nec'h » (angoisse) ? « IV an Trec'h » (victoire) ou « IV an Aerouant » (démon ou dragon) ?

Sur GrandTerrier on propose cette dernière variante « Intron Varia an Aerouant » (N.-D. du Démon), dont la première syllabe est plus proche de « Nec'h » ou « Erc'h ». Le terme breton « Aouerant » indique généralement un dragon, mais peut également désigner un démon, un ennemi, un monstre, une météore, une nuée ardente ... De quoi alimenter un imaginaire auréolé de la légende de la peste d'Elliant.

En savoir plus : « Une Vierge à l'Enfant et au Démon-Poisson à Kerdévot » et « AMEMIYA Hiroko - Vierge ou Démone »

2 Âmes fières et esprits valeureux

Frédéric Morvan, né à Brest en 1965, est spécialiste de l'histoire de la Bretagne du XIIe au XVe siècle. Après avoir été chercheur, il enseigne aujourd'hui dans le secondaire dans le Finistère nord et anime le « Centre d'Histoire de Bretagne / Kreizenn Istor Breizh ».

Billet du 11.10.2014
Billet du 11.10.2014

Ce livre « Les Bretons - L'esprit valeureux et l'âme fière (1870 - 1970) », édité par Édouard Boulon-Cluzel chez Michel Lafon, fait sa sortie en librairie jeudi prochain le 16 octobre.

Un grand livre-objet magnifique - en l’occurrence l'adjectif n'est pas galvaudé, croyez-nous ! - retraçant les 100 ans qui ont façonné la Bretagne que nous connaissons aujourd'hui, avec une trame textuelle rédigée par un grand historien, et plus de 500 documents iconographiques dont certains sont reproduits à l'identique et tirés à part, pour le plaisir - et une émotion réelle - de pouvoir toucher des objets témoins de notre histoire.

Outre les sujets développés par Frédéric Morvan, des « Oubliés de Conlie » jusqu'au dernier titre « Avenir et héritage », ce qui nous émeut le plus, ce sont bien sûr les pièces concernant la commune d'Ergué-Gabéric :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgPage 17 : chapitre « Une aristocratie influente », citation des mémoires de J.-M. Déguignet, extrait du récit des élections législatives d'octobre 1877 à Ergué-Armel.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgPage 21 : quatre pages de deux carnets manuscrits d'Anatole Le Braz à propos du décès de son "protégé" Jean-Marie Déguignet pour le chapitre « Encore un tiers état ? ». Le CRBC de Brest, le conservateur de ces cahiers, en a fourni la copie numérique, et sa reconstitution glissée dans son étui intercalaire, avec sa couverture et son papier quadrillé, est d'une authenticité incroyable. Le texte complet est retranscrit en fin d'ouvrage page 92.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgPage 36 : la description de la commune d'Ergué-Gabéric par le préfet, alors que le candidat républicain Louis Hémon se bat contre le conservateur Jean-René Bolloré. Les photos de la fiche préfectorale et du tract électoral en breton servent d'illustrations au chapitre « Le ralliement à la République ».

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgPage 47 : chapitre « La restauration industrielle » : témoignage de J.-M. Déguignet, suite à sa visite à la papeterie Bolloré d'Odet : « j'entrevis trois ou quatre individus, les bras croisé sur la poitrine à la manière des paysans bretons. Ils étaient là comme des fantômes, les yeux fixés sur les machines, ne bougeant, ni parlant. ».

Au-delà de ces quatre pièces gabéricoises, les nombreux objets insérés dans le livre-objet, venant de tous les pays de Bretagne, sont tous très instructifs et édifiants. Achetez donc le bel ouvrage pour votre bibliothèque personnelle, et ... si possible offrez-en d'autres exemplaires à vos proches et amis chers !

En savoir plus : « MORVAN Frédéric - Les Bretons (1870-1970)»

3 Le pardon de Pierre Roumégou

« Les femmes mariées dans l'année portaient la statue de Sainte Anne lors de la procession, tandis que les jeunes filles de 17 ans portaient celle de la Sainte Vierge (elles étaient parées de costumes bretons richement brodés) »

Pierre Roumégou, quand il fut mis, en 1962, en retraite de la marine et du bagad de Lann-Bihoué qu'il avait fondé, consacra son énergie à sa commune et sa paroisse d'Ergué-Gabéric.

Il était fabricien de Kerdévot, et dans les années 1970-1980 il a été le correspondant local du journal du Télégramme. À ce double titre, il a montré qu'il avait une affection particulière pour la chapelle de Kerdévot. C'est d'ailleurs en cet endroit, devant le calvaire, que la photo familiale de ses noces d'or avec Marie Gourmelen sera prise en 1986.

Et en 1980 il composa, de sa très belle écriture, un article manuscrit sur les us et coutumes autour de la chapelle de Kerdévot au début du siècle. Cet écrit devait être inclus dans un bulletin de la Commission Extra-municipale de Recherches Historiques, mais ne fut pas publié faute de place. On découvre dans cet article sa pleine connaissance des chemins et voies de traverses communales qui étaient empruntées par les pardonneurs de Kerdévot.

Pour son métier de journaliste local, son atout était de connaitre toute le monde et d'avoir un bon sens de l'observation : « Toutes les personnes désignées pour porter une enseigne donnaient un pourboire au recteur, ceci se faisant dans la sacristie. Ceux qui, pour une raison quelconque, n'avaient pas pu assister au pardon n'étaient pas oubliés : ils recevaient des bonbons achetés aux Romanichels ». Comme Pierre était également conseiller municipal, l'autre correspondant vedette du journal Ouest-France, Laurent Quevilly, lui dédicaça en 1986 son premier dessin d'une série de caricatures d'élus : «  Et celui-là, nul n'est besoin de le présenter ! ».

Dans les colonnes du Télégramme, Pierre Roumégou a régulièrement fait des compte-rendus des pardons de Kerdévot de début septembre. Celui de 1979 en est un exemple, un peu développé. Et cette fois, le journaliste a bien pris des photos, il n'a pas oublié de mettre une pellicule dans son appareil, comme cela arrivait assez souvent, parait-il !

Et cette année 1979, les traditions bretonnes furent bien respectées : « Puis, ce fut la grande procession très suivie par la majorité des personnes présentes et dans laquelle nous avons remarqué, parmi les porteurs d'enseignes et de croix, des femmes et des hommes portant le costume breton, carence qui avait été tant déplorée l'an dernier. »

En savoir plus : « Souvenirs du pardon de Kerdévot par Pierre Roumégou », « Pierre Roumégou (1910-1996), penn-talabarder et correspondant local », « Articles dans Le Télégramme»

Billet du 04.10.2014


À signaler : un très bel article, sous le titre « Les bannières, c'est comme les papillons. Le Grand Pardon de Kerdévot », signé Jean-Yves Cordier, sur son blog « lavieb-aile » qui porte si bien son nom. On peut y admirer toutes les magnifiques bannières de procession, faces avant et arrière, qui ont été déployées lors du dernier pardon.

4 Kannadig ar c'hozh-amzer 2014

« Souvenirs, souvenirs, De nos beaux jours de l'été, Lorsque nous partions cueillir, Mille fleurs, mille baisers ... On dit que le temps vous emporte, Et pourtant ça, j'en suis certain, Souvenirs, souvenirs, Vous resterez mes copains », Johnny Halliday

La chanson de Johnny résonne certainement dans vos têtes. Et les anciens élèves de l’école communale du bourg ont sans doute eu aussi cette nostalgie lorsqu’ils ont échangé leurs souvenirs d’après guerre sur le site GrandTerrier.

Ce sujet scolaire est donc le tout premier article du nouveau bulletin automnal. Ce dernier est toujours au format réduit A4, introduit juste avant l’été pour les raisons suivantes :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLe coût croissant d’impression et de publi-postage.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLe poids limite en tarif économique imposé par la Poste.

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgLe désir de s'aligner sur l’étymologie de Kannadig,
le « petit  (–ig) bulletin » (kannad).

La première livraison en demi A4 n’ayant pas été optimale pour les lecteurs à la vue sensible, on a essayé cette fois d’améliorer la taille des polices et le positionnement des images.

La page de couverture a été allégée, la table de matières déplacée au recto, avec ajout d'une photo énigme à identifier et localiser (cf ci-contre).

Et on a même pu ajouter quatre pages supplémentaires pour un poids toujours en « -ig ». C'est l'occasion unique de citer le fameux « Small is beautiful ! » en breton : « ar pezh a zo bihannig a zo brav ! ».

Sommaire complet :
1. L’école communale des garçons du bourg en 1946
2. Le ruisseau de Douric Piriou et le Pont-Banal
3. Arrivée des conseillers républicains en 1912
4. À la recherche des traces de Sainte-Appoline
5. La violente et sidérante affaire Le Jaouanc
6. La carte aux trésors du moulin de Kerfors,

7. Plus de six cents poilus gabéricois partirent
8. Les traces des ruines du manoir de Kerfors
9. Les biens du prêtre déporté Alain Dumoulin
10. Les fameuses crêpes légendaires de Kerdévot
11. Médaille présidentielle d’honneur agricole en 1896
12. Jean-Marie Déguignet et l’alcoolisme breton
13. Le GrandTerrier d’Erc’hié-Vrâz par Auguste Brizeux

En savoir plus : « Kannadig n° 27 Septembre 2014 »

Billet du 27.09.2014

Addendum : en lien avec le dernier article, on vous propose un petit exercice phonétique : traduisez Vras/Vrâz en français, mettez ce terme « Grand » devant « Erc’hié », et prononcez le à voix haute …

5 Jean-Marie il est malade

« Jean-Marie il est malade, Il lui faut le médecin (bis). Le méd'cin dans sa visite Lui a interdit le vin. Refrain : Moi qu'aimais tant... tant, tant, tant ! Moi qu'aimais tant Jean-Marie (bis) », traditionnel breton

Dessin de Vincent Rif - - - - - Billet du 13.09.2014

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgQuel regard portait Jean-Marie Déguignet sur l'alcoolisme dans ses mémoires de paysan bas-breton  ?

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgÉtait-il lui même atteint de la même dépendance toxicomaniaque que celle observée chez ses contemporains ?

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgEt comment se démarquait-il par rapport à son ennemi Anatole Le Bras dans la lutte anti-alcoolique ?

À la deuxième question, l'ethnographe Philippe Carrer a déjà répondu ainsi : « Notre héros échappe, dans l'ensemble, au danger toxicomaniaque. Il n'y a guère que pendant la période assez brève où il place des assurances qu'il mentionne une nette surconsommation. »

C'est surtout en tant qu'observateur d'une société rurale du 19e siècle que les écrits du paysan bas-breton sont intéressants. La consommation d'alcool y était bien ancrée que ce soit lors d'évènements comme les élections et les pardons, mais aussi dans la vie familiale et professionnelle.

Au pardon de Kerdévot, il observe une consommation généralisée de boissons fortes : «  L'esplanade était entièrement couverte de débits et de longues tentes blanches, lesquelles étaient remplis de gens buvant des camots et demi-camots, c'est-à-dire de l'eau noircie mêlée de la plus mauvaise eau-de-vie ».

Dans sa vie familiale, Jean-Marie Déguignet a été très éprouvé par la chute de sa femme dans une dépression alcoolique dévastatrice. Profitant de sa situation de débitrice de boissons, Maryvonne « était en train de gaspiller stupidement tout l'argent qui nous restait », et favorisait la consommation de ses clients, « toujours fière et glorieuse, et toujours entre deux vins, elle ne faisait pas faute de leur en servir à bon compte ».

Dans sa vie professionnelle d'agent d'assurance, Déguignet avoue une consommation personnelle et collective lors de ses visites en milieu agricole, laquelle consommation semble coutumière : « Nous restâmes longtemps là car le cidre et le café fortement carabiné avaient délié toutes les langues.  », « nous ne pourrions jamais retourner au bourg, rapport à la neige et aussi rapport à la boisson que nous n'avions cessé d'ingurgité depuis le matin. »

Si Déguignet est effrayé par les désastres du fléau alcoolique, ce n'est pas pour autant qu'il approuve les anti-alcooliques moralisateurs comme Anatole Le Braz. Ce dernier faisant une conférence sur le sujet à Quimper en 1901, il s'insurge : « Mais que diable a pu dire ce jésuite au sujet de l'alcool qui n'aît pas été dit et redit cent fois par les déments de l'antialcoolisme !». Sa conférence fut une litanie d'anecdotes sur des cas d'alcoolisme contemporains, tout en faisant une allégorie d'une Bretagne mythique : « La Bretagne ne peut aspirer à ce grand rôle ... qu'à une condition ; c'est de dompter dès maintenant, quand elle peut encore en avoir la force et la volonté, ce terrible fléau qui la tue : l'alcoolisme. »

Mais Déguignet cite des extraits des célèbres « Légendes de la Mort en Basse-Bretagne », toute en apportant une contradiction empreinte de lutte de classes ...

En savoir plus : « Déguignet et l'alcoolisme en Bretagne au 19e siècle » et « CARRER Philippe - Ethnopsychiatrie en Bretagne »

Billet du 20.09.2014

6 Le Grand-Terrier d'Erc'hié Vrâz

« La version que je donne ici, et qui offre d'assez grandes différences avec celle de Brizeux, m'a été dictée, le 17 mai 1868, par Iann Floc'h, fossoyeur de la paroisse de Beuzec-Conq. », Louis-François Sauvé

Billet du 13.09.2014.
Billet du 13.09.2014.

Auguste Brizeux (1803-1858) est un poète romantique breton né à Lorient. Né en Bretagne bretonnante, Brizeux parlait le breton cornouaillais, et publia notamment un recueil de proverbes en 1845 : « Furnez Breiz » (Sagesse de Bretagne). Et dans cette œuvre poétique on peut lire une triade de Cornouaille : « Trivéder Kerné » :

« Person Kemper a zô skolaer,
  Ann hini Erc’hié-Vrâz marrer,
  ...
 »

Le recteur de Quimper est instituteur, Celui du Grand-Ergué, écobueur, ...

Que nous apprend cette triade cornouaillaise en breton sur notre commune ? Peut-être tout d'abord une autre façon de prononcer son nom en langue bretonne, mais sans doute aussi et surtout la réputation et le caractère de ses habitants au travers du métier fictif de son recteur.

En effet, le deuxième vers de la triade (« trivéder » en breton) est consacré à Ergué-Gabéric (ou Grand-Ergué) sous l'orthographe « Erc’hié-Vrâz », et non pas « Erg(u)e Vras » (et son g dur), le « c'h » étant prononcé ici par un son sourd et "enroué". On n'est finalement pas loin phonétiquement du « Grand-Terrier » de Cassini !

Ensuite le métier annexe supposé et emblématique du recteur gabéricois est en breton « marrer », c'est-à-dire écobueur (*) ou défricheur. À comparer avec le « skolaer » quimpérois (instituteur ou donneur de leçon ?), ou le « gourenner » scaërois (lutteur ou bagarreur ?). D'ailleurs François Pennec, recteur concordataire d'Ergué-Gabéric, s'étant fait accusé en 1810 de « devenir fermier et de s'occuper au labourage », on peut se demander si ces successeurs au presbytère n'en ont pas fait autant.

Louis-François Sauvé a publié une version un peu différente et bien plus complète dans la Revue Celtique de 1872. Une version où l'on retrouve la même orthographe précédente, ce pour les deux communes Ergué voisines, petite et grande :

« Personn Erc'hie-Vras a zo falc'her,
  Personn Erc'hie-Vihan a zo minuzer ...
 »

Le recteur du Grand-Ergué est faucheur.
Celui du Petit-Ergué menuisier ...

À l'instar de son recteur « faucheur », la paroisse d'Ergué-Gabéric du 19e siècle a, avant tout, la réputation d'être rurale et ses champs y sont soigneusement fauchés pour servir de litière aux nombreuses vaches pie-noires.

En savoir plus : « BRIZEUX Auguste - Furnez Breiz, Trivéder Kerné » et « SAUVÉ Léopold-François - Lavarou koz a Vreiz-Izel »


(*) L'écobuage consistait à arracher la couche végétale des landes et pâtures en friche et une fraction de la terre superficielle que l'on faisait brûler après séchage et dont on répandait la cendre sur la parcelle même que l'on avait écobuée.

7 Médaille présidentielle agricole

« Suivant l'excellente tradition bretonne, M. Guyader avait voulu que les pauvres eussent leur part des réjouissances. Lundi matin, 150 indigents se sont assis à la table hospitalière de Squividan. », Le Finistère 1892

Billet du 06.09.2014.
Billet du 06.09.2014.

Alors que, 3 ans plus tôt, Sadi Carnot dut renoncer à son voyage à Quimper pour raison de santé, cette fois-ci pendant l'été 1896 le président de la République Felix Faure fait un grand voyage dans toute la Bretagne.

À son arrivée à Quimper dans l'après-midi du 8 août, le président est chaleureusement accueilli  : « À 6h. 7, le train fait son entrée en gare de Quimper ... Aux paroles de bienvenue du maire, le président répond : En venant ici, je savais y trouver une population patriote et républicaine. C'est vous dire qu'il y a déjà des liens entre nous. »

Dans le cadre de cette visite présidentielle, le préfet organise une remise de médailles industrielles et agricoles récompensant des ouvriers et des aide-agriculteurs des différentes communes de la région quimpéroise. Pour Ergué-Gabéric, un ouvrier agricole de 63 ans est sélectionné : Alain Le Berre, travaillant depuis 1865 à la ferme de Kerellou de Louis Le Roux.

Pour valider la nomination d'Alain Le Berre, le préfet Victor Proudhon demande son avis à Louis Guyader, agriculteur républicain à Squividan. Le préfet connait bien l'agriculteur, notamment pour avoir assisté au grand mariage de sa fille Perrine. De par son influence et engagement politique, Louis Guyader se substitue en quelque sorte au maire conservateur de l'époque.

La réponse est bien sûr positive : « Je soussigné, Guyader Louis, propriétaire à Squividan, certifie, connaitre parfaitement le sieur Le Berre Alain, aide-cultivateur, depuis plus de trente ans chez Mr Le Roux, Louis, à Kerellou, qu'il a toujours servi avec beaucoup de zèle, qu'il a été, à plusieurs reprises, l'objet de récompenses de la part des pouvoirs publics, et qu'il n'y a rien qui empêche qu'il lui soit attribué la récompense dont il est parlé ci-contre.  »

Mais malheureusement, quelques jours après la cérémonie, Alain Le Berre est victime d'un accident dans le cadre de son travail, lors d'un charroi de bois.

En savoir plus : « 1896 - Felix Faure remet la médaille d'honneur agricole à Alain Le Berre de Kerellou »

On savait que le républicain Louis Guyader avait marié sa fille en grandes pompes en 1892, les noces étant même relatées dans le quotidien national « Le Petit Journal ». En publiant aujourd'hui l'article détaillé sur ce mariage dans le journal « Le Finistère », nous découvrons que le repas fut servi dans l'école communale du bourg (évoquée dans le billet de la semaine dernière) : À l'heure du repas, la plupart ont trouvé place dans les salles de l'école communale, où de longues tables avaient été dressées pour la circonstance ». Et la fête fut très appréciée : « Pendant toute l'après-midi, les gavottes et les jabadaos se sont succédé dans la cour de l'école, si admirablement placée au sommet d'une colline qui domine les environs de Quimper. Impossible de souhaiter un cadre plus pittoresque à cette fête comme on en voit peu.  », et se prolongea tard dans la nuit. Le lendemain les pauvres furent invités au festin à la ferme de Squividan : « Suivant l'usage traditionnel, l'épousée les a servis elle-même. On a tué un bœuf à cette occasion. »

En savoir plus : « Un grand mariage breton à Squividan, Le Petit Journal et Finistère 1892 »

8 Skol Vorc'h an Dourig Piriou

« La voiture de notre maître Monsieur Autret, une Peugeot, était restée sur cale pendant la guerre dans le garage attenant aux logements des instituteurs. En 1946 ou 47, un ouvrier était venu la remettre en état. Je le vois encore taper sur le réservoir démonté pour en détacher la rouille »

Billet du 30.08.2014.
Billet du 30.08.2014.

Cette chronique d'après guerre a démarré par cette réflexion : « En consultant hier les dossiers du "Grand Terrier", je suis tombé sur les photos d'écoles ; à ma surprise il n'y en a pas de l'école municipale de garçons du Bourg. »

Et se poursuivit naturellement par un riche échange autour d'une superbe photo datant de 1946-47 avec 56 jeunes écoliers devant le grand escalier de l'école :

Image:Right.gif «  Nous avons tous conservé la photo de cette classe, mais nous ne nous voyons quasiment plus. Il est dommage que nous n'ayons pas pensé faire une amicale des anciens élèves de la communale du bourg que, pour ma part, j'ai quittée à onze ans et il y a 66 ans de cela.  »

Image:Right.gif « On n'a pas attendu Internet et cet e-mail pour identifier les anciens élèves de l'école du bourg. C'est FN qui, sachant que j'avais la photo, m'avait demandé de le faire et de lui communiquer les noms, il y a quelques années de cela. La seule correction qu'il m'ait faite concernait le nom du petit blond qui se trouve au premier rang (3ème, à partir de la gauche) qui était hébergé pendant la guerre chez un voisin de son cousin, René Duvail de Kéroué.  »

Image:Right.gif « C’est la dernière année que j’ai passée au bourg, dans la classe de l’ancien directeur, Pierre Autret (et aussi Madame Autret), un homme à qui je suis redevable de la base de ma formation intellectuelle et morale ». « C'est avec beaucoup d'émotion que je vois cette photo-portrait des époux Autret, des "pros" de l'enseignement ! »

Image:Right.gif « À l'époque la cour n'était bien sûr pas goudronnée. Sous les tilleuls, côté sud, se trouvaient l'emplacement des jeux: Quatre trous aux sommets d'un carré d'environ 1m20 x1m20 plus un cinquième au milieu. Sur le sol nu, soigneusement nettoyé on lançait les billes tenues entre le pouce et l'index de trous en trous, puis au centre quand on avait terminé le tour. »

En savoir plus et/ou compléter avec d'autres souvenirs : « 1946-1952 - Ecole communale des garçons au bourg »

Cette école étant aujourd'hui rue du Douric, nous nous sommes également interroger sur les origines du ruisseau proche, et du pont qui l’enjambe à l'entrée nord du Bourg. Un pont « banal », donc peu commun, avec une aura moyenâgeuse : « Je me rappelle que pour "illustrer" sa leçon sur le Moyen Age et plus précisément sur les impôts que percevaient les seigneurs, dont les "banalités" qui ressemblaient un peu aux droits d'octroi qui, eux, ont perduré, Monsieur autret nous avait parlé de Pont-Banal. Pour lui ce pont sur le ruisseau du Douric en bas du bourg se trouvait à la limite des seigneuries de Lézergué et de Pennarun et c'est là que l'on percevait le fameux impôt "banal" sur les personnes qui le franchissaient. » Mais est-ce la bonne explication toponymique ?

Articles toponymiques : « Pont Banal » et « Douric, Dourig Piriou »

9 Crêpes légendaires de Kerdévot

« Krampouezh gwinizh ha laezh-tro, Matañ traoù a zo er vro. » (crêpes de froment et lait caillé, meilleures choses qui soient au pays).

Billet du 23.08.2014.
Billet du 23.08.2014.

Un texte de légende, où un page d'Anne de Bretagne est étrangement nommé Pierre de Kerdévot et associé à la promotion de la crêpe bretonne. Pour l'histoire du Kerdévot gabéricois, ce serait un scoop, mais le scepticisme est de mise. Voici donc ce texte qu'on retrouve souvent sur Internet, comme le résultat d'une chaine de nombreux copier/coller :

« En 1490, la duchesse Anne réalise son "Tour de Bretagne" (Tro Breizh) pour mieux connaître et aider ses sujets. Elle est contrainte avec sa suite, de s'abriter de l'orage chez un pauvre bûcheron Pierre Le Faout dans la région de Gourin. La fille de celui-ci Anne, prépare le repas et ajoute différents ingrédients aux pâtes de farine de blé noir et de froment. Elle crée ainsi les premières crêpes qui bientôt seront célèbres.

L'un des pages, Pierre de Kerdévot, sous le charme, demandera un an plus tard à sa duchesse devenue Reine de France par son mariage en 1491 avec Charles VIII, la permission d'épouser la jeune fille rencontrée dans la cabane. Anne la pauvre devint comtesse de Kergalen.

Le fils né de cette union Yves de Kerdévot, introduisit l'usage de la crêpe à la cour du Roi François Ier. Depuis cette histoire véridique, il y a 512 ans, la crêpe bretonne a gagné ses lettres de noblesse, et depuis le Traité d'Union avec la France (1532) s'est découvert une nation de fins connaisseurs et le village de Gourin prit son titre de "ville".  »

Dans le livre « La Bretagne pour les nuls » de Jean-Yves Paumier, la légende fait l'objet d'un encart, mais les noms et prénoms du page ne sont pas précisés, seuls le prénom Yves du fils et le titre de comtesse de Kergalen accordé à la crêpière sont mentionnés.

Quels sont les éléments qui nous font douter des fondements anciens de cette légende :

  • La date de 1490 : c'est l'année du tout premier mariage d'Anne de Bretagne, par procuration, à Rennes. Il n'y eut point de tro-breizh cette année-là.
  • Son tour de Bretagne eut lieu de juin à septembre 1505, mais elle ne passa pas par la région de Gourin.
  • Le nom Kerdévot semble avoir été ajouté tardivement ; on trouve même une variante « Kervelot » (et pourquoi pas le Camelot du roi Arthur ?). On brulera un cierge le jour où on découvrira un page royal nommé Kerdévot.

De même, pourquoi cumuler avec le titre de Kergalen (de Plovan ? où il n'y eut pas de comté) ? Sans doute pour la proximité avec le personnage Yves de Kerguelen. Il faut dire aussi qu'une série TV intitulée « L'affaire Kergalen » a un certain succès. Il paraît même aussi que Jon Snow, un héros de la série « Game of Thrones » (Le Trône de fer), va mourir à Kerdévot en mangeant une crêpe empoisonnée dans le prochain tome à paraître en 2015.

En savoir plus : « ANONYME - La légende des crêpes de Pierre de Kerdévot, page d'Anne de Bretagne »

Prochain billet : il sera question de photos de classe de l'école des garçons au bourg. En avant première, voici l'article en préparation, afin que vous puissiez le compléter avec vos anecdotes, suggestions ou autres photos  : « 1946-1952 - Ecole communale des garçons au bourg »

10 Les biens du déporté Alain Dumoulin

La poursuite d'un voyage dans le temps, celui de la Révolution française et de ses effets ressentis dans une commune de basse-Bretagne.

Le déménagement du Clergé, Gravure, Musée Carnavalet
Le déménagement du Clergé, Gravure, Musée Carnavalet

On savait les paroissiens d'Ergué-Gabéric solidaires de leur curé non assermenté : en 1791 le maire demandait son maintien, en 1795 une quete est organisée pour l'achat collectif de la chapelle de Kerdévot. Et dans un nouveau document inédit de 1793, on découvre que certains d'entre eux ont rassemblé les biens de leur recteur pendant sa fuite à Prague.

En effet, ces biens étaient normalement confisqués immédiatement et revendus comme « Biens nationaux » par les autorités révolutionnaires. Par contre avant de mettre les effets d'Alain Dumoulin sous séquestre, il a fallu procéder à des perquisitions chez les citoyennes de la Salle-Verte et de Poulduic où les meubles du prêtre avaient été manifestement cachés en toutes connaissances de cause.

La paroissienne de la Salle-Verte explique : « il a été transporté chez elle depuis près de deux ans trois charretés de meubles appartenant audit Dumoulin ». À la question relative à son silence vis-à-vis des enquêtes communales, elle se justifie : « elle va souvent à la messe à Quimper et qu'il est possible que cette loi a été publiée lorsqu'elle était à Quimper et qu'elle n'en a eu aucune connaissance ». Elle dénonce quand même les coupables qui l'ont mis dans l'embarras : « l'une des charrettes appartenait à Jean Le Guyader de la métairie de Lezergué sur la ditte commune et qu'il accompagnait sa charrete ; que Guénolé Kergourlay du manoir de Lezergué paraissait avoir la conduite des dits meubles ».

Les biens retrouvés à Ergué-Gabéric sont vendus dans la foulée à des acquéreurs quimpérois. Et ensuite, un an après, Marie-Anne, la sœur du prêtre en exil à Prague, entame une procédure de contestation et demande la restitution complète des titres de propriété. Pour traiter la demande et la levée des séquestres, l'administration se pose une question : Alain Dumoulin était-il émigré (peine encourue par les anti-constitutionnels notoires) ou déporté (décision individuelle de départ ultérieur) ?

Quelle fut, d'après vous, la réponse officielle, et à quelle date le prêtre quitta la France ?

En savoir plus : « 1793-1796 - Cache, vente et restitution des biens d'Alain Dumoulin, prêtre simple déporté »   Billet du 16.08.2014.

11 Les ruines du manoir de Kerfors

« Ces jardins ont été nivelés et établis en terrasses, dans le cours du XVIIe siècle. Chaque petit seigneur voulait avoir son petit Versailles et imiter de loin les splendeurs de son parc. Kerfors eut donc ses pièces d'eau et ses bassins. », Jean-Marie Abgrall, 1889

au pied des arbres, les terrasses de jardins et le talus empierré
au pied des arbres, les terrasses de jardins et le talus empierré

Les gabéricois connaissent au moins l'existence des ruines du château de Lezergué dont la façade est toujours debout et qui a été reconstruit juste avant la Révolution grâce aux pierres du manoir voisin de Kerfors.

Pour en savoir un peu plus, on a voulu rechercher les traces des anciennes ruines de Kerfors telles qu'elles sont décrites dans les documents datant de la Révolution. Bien sûr on n'a pas retrouvé le souterrain qui, d'après la légende, rejoignait les deux manoirs, mais on a des pistes sur l'origine de certaines pierres de Kerfors.

Les documents révolutionnaires de 1793 et 1795 relatifs aux ruines de Kerfors sont conservés aux Archives Départementales du Finistère sous les côtes 1Q319 et 1Q326-148, le premier était un rapport de « prisage et mesurage » par des experts et le deuxième un procès-verbal de vente et d'adjudication.

Dans le document d'expertise, on a une mystérieuse description des ruines : « En l'endroit, et au lieu où a existé le manoir de Kerfors une issüe sous vieillons et sans cloture formant des monticules désignants (les) amas d'attraits donnant du couchant sur la futaye voisinne ditte Kerfors duquel côté l'issue a édifices contenant sous fond dix neuf cordes ».

Comment lire ces lignes ? Le manoir, suite à sa démolition, est devenue une issue, c'est-à-dire une place commune de village, qui en l’occurrence n'est pas entretenue car sous « veillons », et les restes du manoir y forment des monticules formant des amas d'attraits, terme utilisé en géologie minière. Le tout sur une surface d'environ 1100 m2 (19 cordes ou 11,55 ares).

D'autres mentions suivent : «  Au midy de l'issüe une maison en simple brossage ouvrant au nord sur l'issüe  » ; « L'allée menant à l'issüe de Kerfors et au levant d'icelui » ; « Derrière l'emplacement du château au couchant d'icelui, un verger s'étendant depuis le four jusqu'à la longueur de l'emplacement » ; « Vieux jardin inculte et à deux terres au nord de l'issue, terrassé et taludé au millieu aujourd'hui sous foins ou herbe fénable » .

Deux questions se posent : ce vieux jardin terrassé était-il celui qui existe encore aujourd'hui et dont on dit qu'il incluait l'ancien château ? les jardins en terrasses étaient-ils alimentés en eau comme au château de Versailles ?

Les habitants du lieu-dit remarquent encore de nos jours que « quand on est dans les jardins en terrasse, on a une impression bizarre que ces lieux ont eu leur histoire ancienne et qu'il y a eu de la vie à cet endroit ». On peut évoquer en effet le poème « Le voiage du P. Alexandre de Rennes à Brest, et son retour » composé en 1659 et dans lequel le Père Alexandre évoque avoir dit la messe à Kerfors « à une ou deux lieues de Quimper, chez un gentilhomme appelé M. de la Marche ».

En savoir plus : « 1794-1795 - Procès verbaux d'expertise et de vente des ruines de Kerfors »   Billet du 10.08.2014.

12 Plus de six cents partirent ...

« Lancement : mercredi 30 juillet 2014 à 18H. Prix : 20 euros. Points de vente : local d'Arkae et le mercredi à Kerdévot ; Leston'Café ; Tabac-Presse Le Havane ; Librairie Ravy à Quimper.  », http://arkae.fr

Dans ce livre, Jean-François Douguet, passionné de l'histoire glazik et melenik, nous fait partager son plaisir de chercheur : trouver des pièces d'archives et des témoignages sur le passé de nos communes cornouaillaises. En 2014, grâce à lui, c'est naturellement la Grande Guerre qui fait l'actualité gabéricoise.

Ce premier tome donne un aperçu d'ensemble de l'impact du départ des mobilisés sur le front, que ce soit dans les activités quotidiennes de ceux qui sont restés, dans les effets « psychologiques » provoqués par l'éloignement de leur paroisse et famille.

Mais aussi les efforts pour l'aide et le soutien des soldats (quêtes et marraines de guerre), le rôle des femmes, l'implication des journaux, les actions menées localement pour la réinsertion des survivants, la préservation du souvenir (décorations, commémorations, monument aux morts, bannières, ...), et aussi le temps de l'oubli.

Tout ceci avec des documents inédits, de belles illustrations et nombreuses photos recueillies auprès des familles gabéricoises.

Le livre contient également une analyse statistique et démographique intéressante basée sur des éléments de recensement. En résumé, 668 soldats ont été mobilisés, soit un habitant d'Ergué-Gabéric sur 4 ; 123 d'entre eux ont été tués, soit presqu'un sur 5 ou un sur 23 habitants de la commune.

Même si les Gabéricois, comme la plupart des paysans, écrivaient relativement peu, les lettres échangées entre les familles et les poilus constituent un témoignage humain et historique incontournable. En janvier 1915 la famille Nédélec de Lost-ar-Guilliec recevait un courrier de leur cousin Hervé Bacon : « Vivement que cette terrible ci (cette guerre) finisse, pour qu'on aura encore le plaisir de retourner dans sa chère famille, mais d'après ce que je vois, ça n'a pas l'air de finir encore tout de suite. Il faut tout de même espérer que Notre-Dame de Kerdévot préservera toujours ses chers paroissiens. »

Le 11 novembre prochain ( « si l'imprimeur respecte les délais ! » ), paraîtra le second tome, sans doute plus épais, avec une compilation de notices individuelles pour chaque ancien gabéricois ayant succombé ou participé à la Grande Guerre de 1914-18.

En savoir plus : « DOUGUET Jean-François - Ergué-Gabéric dans la Grande Guerre T1 »   Billet du 01.08.2014.

13 La carte aux trésors de Kerfors

« Le moulin de Kerfors chome depuis plusieurs années, mais il avait son étang et cet étang qu'il avait, lui appartient encore », J.-H. de La Marche

On pourrait penser que l'image ci-contre est le plan du trésor du Kerfors enfoui dans l'étang de Kervreyen alimentant le moulin noble des de La Marche, après leur exil et départ en Guadeloupe en pleine Révolution.

C'est en fait une des 71 pièces d'un épais dossier contentieux entre deux propriétaires de biens issus des biens nationaux, l'un d'une famille noble gabéricoise, l'autre membre de loge maçonnique quimpéroise.

Et il s'agit du plan de localisation de l'étang dressé par le dernier des fils de La Marche qui a conservé la propriété du moulin et qui voudrait également la jouissance de l'étang qui a été englobé dans la métairie voisine. A noter qu'il a également perdu la propriété des ruines de l'ancien manoir familial de Kerfors, et qu'il habite la ville de Quimper (tout comme les acquéreurs, négociants pour la plupart, des biens nationaux).

Les deux parties font appel à l'arbitrage préfectoral pour le titre de propriété de l'étang, et le conflit est réglé administrativement en désignant un expert et en notifiant au sieur de La Marche qu'il doit payer les frais du rapport Brehier, et donc qu'il donne raison au nouveau propriétaire de la métairie voisine qui s'était approprié l'étang.

A la lecture du dossier, on peut douter a posteriori de l'équité du jugement, car le propriétaire de la métairie est un négociant franc-maçon qui appartient à la même loge maçonnique que l'expert avoué Salomon Bréhier, et que ce dernier, chargé des estimations et expertises des biens, est nommé maire d'Ergué-Gabéric de 1808 à 1812.

Néanmoins Joseph Hyacinthe de La Marche, qui signe ses courriers « Lamarche » conduit son combat avec une ténacité courageuse, allant même, lorsqu'il s'adresse aux autorités préfectoral, jusqu'à utiliser la formule « Salut et respect ». S'il avait gagné sa requête, il aurait sans doute écrit « Salut et fraternité »

En savoir plus : « 1809-1811 - Contentieux sur l'étang de Kervreyen bien noble du moulin de Kerfort »   Billet du 28.07.2014.

Nota : il y a 15 jours, pour l'article sur Ste-Appoline, nous n'avions pas encore publié le document d'expertise des domaines nationaux : « La dite chapelle sans issues ni dépendances, sans couverture ni boiserie et absolument ruinée, à la longueur à deux longères cinquante deux pieds, de largeur seize et en hauteur huit ». En savoir plus : « 1794-1795 - Procès verbaux d'expertise et de vente de Sainte-Appoline »



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