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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

Un article de GrandTerrier.

Revision as of 3 juin ~ mezheven 2022 à 16:06 by GdTerrier (Discuter | contributions)
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Chaque semaine, un nouveau billet annonçant un ou plusieurs articles sur le site GrandTerrier.

Une compilation des billets est publiée en fin de trimestre sous la forme des chroniques du Bulletin Kannadig.

Anciens billets hebdos : [Actualité, archives]

Les anciennes affichettes : [Accroches à la une]

Modifications d'articles : [Journal des MàJs]


Sommaire

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1 La petite sœur Thérèse de Cascadec

04.06.2022 - Toujours et encore pour les 200 ans des papeteries d'Odet, voici la transcription de trois articles du bulletin paroissial « Kannadig » de 1927 à propos du transport, remontage et bénédiction d'une chapelle à Cascadec, avec des photos d'époque et des croquis de Louis Le Guennec, et la présentation de la statue de marbre sculptée par René Quillivic.
Depuis l'acquisition des pierres de la chapelle en ruine de Stanquéau en Scrignac, les journaux, L'Illustration et Ouest-Eclair en particulier ont été critiques comme le rappelle le premier article paroissial : « À cette occasion, plusieurs articles parurent dans la presse, qui critiquèrent l'acheteur d'avoir enlevé une église au culte !  ». Mais l'évêque, et l'abbé Perrot qui remontera le sanctuaire de Stanquéau, ont été plutôt bienveillants.

Ici, c'est aussi le cas, le rédacteur du Kannadig insiste sur l'état de délabrement du lieu saint : « Les photographies des ruines, que nous reproduisons ici, démontreront mieux que tous les articles, l'audace et la mauvaise foi de ce reproche ».

En tout état de cause, les pierres numérotées ont été reposées à 45 km de là, à Cascadec près de la papeterie Bolloré au bord de l'Isole : « La nouvelle chapelle a trente mètre de long, dix mètres de large, possède un bas-côté avec des piliers en pierres de taille |...] Il a suffi de huit maçons pour mener à bien ce grand ouvrage. »

  Le deuxième article rend compte de la fin de reconstruction avec quatre croquis de Louis Le Guennec, deux de la nef intérieure et deux de l'extérieur avec quelques silhouettes aux abords. Avec un regret quant à l'absence d'un vrai clocher : « Pour le couronner il ne manque plus que la flèche du clocher. Les pierres hélas ! ont servi, il y a quelques années, à la construction d'un pont ! ».
Et le summum de l'opération est d'une part la bénédiction en grande pompe de la chapelle le 29 septembre 1927, et d'autre part la commande d'une statue monumentale : « Mr Bolloré a répondu victorieusement à tous ses détracteurs : de ruines destinées à disparaitre, il a bâti ce magnifique temple en l'honneur de la petite carmélite de Lisieux, sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, dont la statue en marbre blanc, sculptée par Quillivic, s'élèvera bientôt à droite du grand autel. »

René Quillivic (1879-1969) est un sculpteur, peintre, graveur et céramiste renommé d'origine finistérienne, de Plouhinec. Il a notamment réalisé la statue de La Bigoudène qui marque la limite entre le Pays Bigouden et le cap Sizun, et le Monument des Forces françaises libres de l'Île-de-Sein.

La statue de sainte Thérèse de Quillivic fait environ 1m50 de hauteur, elle tient une croix de sa main droite et de sa main gauche quelques boutons de roses, et une rose repose aussi à ses pieds. Le socle porte l'inscription « Petite sœur Thérèse de l'Enfant Jésus ».

Lorsque la chapelle de Cascadec a été démolie entre novembre 2019 et février 2020, pour raisons d'insalubrité, la statue de marbre blanc de René Quillivic a été mise à l'abri dans la chapelle Saint René d'Odet, comme on a pu l'admirer lors du bicentenaire, ainsi qu'une autre statue polychrome de Sainte Thérèse et ses fameuses roses rouges.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « La reconstruction et bénédiction de la chapelle de Cascadec, Kannadig 1927 »

2 Mer et pêche selon R.-G. Bolloré

28.05.2022 - Dans la série des évocations des 200 ans des papeteries d'Odet, les vacances estivales juste avant guerre du célèbre photographe Jacques-Henri Lartigue, « le génie du noir et blanc », avec le fils de son ami Bolloré décédé 4 ans auparavant, à savoir René-Guillaume, avec au programme des sorties en mer et des pêches miraculeuses en rivière d'Odet.
Ces vacances sont tout d'abord évoquées dans son journal, publié sous le titre de « L'oeil de la mémoire 1932-1985 » avec de belles pages sur cet été 1939 avec son épouse Coco et la famille Bolloré : René-Guillaume, sa mère, et son épouse Line Clevers.

En voici quelques extraits chronologiques, qu'il est intéressant de rapprocher des planches de ces vacances dans son album-photo conservé à la Médiathèque de Charenton-le-Pont (cf. ci-contre) :

Image:right.gifImage:Space.jpgLe résumé de l'escapade : « Ce voyage en Bretagne avec la Bugatti de Bolloré d’où nous avons ramené un petit caniche rond comme une éponge, "Noisette". »

Image:right.gifImage:Space.jpgSon hôte est René-Guillaume Bolloré (1911-1999), fils de son ami René décédé en 1935 : « Le René Bolloré de maintenant n’est plus le René Bolloré de 1926 : c’est son fils. Avec le même nom, presque les mêmes qualités et les mêmes défauts — en un peu moins bien — comme un collier de perles imitation. »

Image:right.gifImage:Space.jpgDès le 29 juillet, avec Coco son épouse, ils font la route de Paris à Quimper : « Bugatti 3 litres 4. La voiture de sport la plus extraordinaire du moment. Route de Bretagne : lui, Coco, moi. Démarrage de voiture de course, tenue de route incroyable. »

Image:right.gifImage:Space.jpgSur place, ils rejoignent l'épouse de René-Guillaume, Céline Rhalavsky, alias Lyne Clevers sur scène : « Odet : dans ce château que je connais déjà, je vais faire le portrait de cette comique petite chanteuse Lyne Clevers devenue "châtelaine" en devenant madame Bolloré. »

Image:right.gifImage:Space.jpgLes occupations au manoir d'Odet : « Pêches miraculeuses dans la rivière de l’usine à papier, les hectares du grand parc, la petite chapelle vide ... »

Image:right.gifImage:Space.jpgLes sorties en mer : « Le bateau de René Bolloré père s’appelait le « Dahu II », celui du René de maintenant est le « Dahu III ». Ce n’est plus un petit yacht suédois en bois précieux, c’est un bateau à voiles peut-être moins luxueux mais plus « marin » ».

Image:right.gifImage:Space.jpgDes sorties familiales et des essais de scaphandre : « Les glénans. 5 heures du matin : Trois reflets de trois bateaux. Des reflets si figés que les images des mâts elles-mêmes ne font aucun zig-zag. Le Dahu III, la pinasse hollandaise de madame Bolloré mère (veuve de mon ami René Bolloré numéro 1) et le bateau d’un autre de ses fils. »

Image:right.gifImage:Space.jpgEt une angoisse en arrière-plan : « Avec des bruits de guerre qui, de temps à autre, tombent dans mes joies comme une pierre.  »

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « LARTIGUE Jacques-Henri - L'oeil de la mémoire 1932-1985 »

  Il est intéressant de pouvoir rapprocher les souvenirs inscrits dans son journal avec les planches de son album-photo du même été 1939 (cf. les repros des 18 planches et l'ensemble des clichés dans l'article détaillé).

Image:right.gifImage:Space.jpgTrès belles photos de paysages sur la route de Paris à Quimper avec des reflets sur le canal de Nantes à Brest.

Image:right.gifImage:Space.jpgPhotos des petits caniches dans le parc du manoir d'Odet, l'occasion pour René-Guillaume Bolloré d"offrir Noisette à Coco, épouse de Lartigue depuis 1934.
Image:right.gifImage:Space.jpgClichés de la partie de pêche miraculeuse en rivière, à proximité du manoir d'Odet. ; on y voit Bolloré et ses invités les pieds dans l'eau.
Image:right.gifImage:Space.jpgPlusieurs photos des deux Madame Bolloré : d'une part la veuve de René Bolloré père, née Amélie Thubé (1889-1977) d'une famille de marins, et d'autre part l'épouse de René-Guillaume, Céline Rhalavsky (1909-1991), alias Lyne Clevers sur scène comme actrice ou chanteuse.
Image:right.gifImage:Space.jpgLes deux bateaux Bolloré en sortie en mer aux îles des Glénan : la pinasse de Mme Bolloré mère à gauche et le bateau de René-Guillaume à droite.

Image:right.gifImage:Space.jpgDes portraits de René-Guillaume Bolloré avec pipe et casquette de marin, faisant le pitre ou essayant un nouveau modèle de scaphandre.

Image:right.gifImage:Space.jpgRencontre avec l'officier de marine Jacques Cloteaux, époux de Jacqueline Bolloré (sœur de René-Guillaume), et visite au frère du cinéaste réalisation Pierre Chenal.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Album-photo de 1939 de J.H. Lartigue en vacances chez les héritiers Bolloré »

3 Le Roi des Bretons en vacances

21.05.2022 - Dans la série des évocations des 200 ans des papeteries d'Odet, le journal et l'album-photo d'un grand photographe découvrant le yacht "Dahu II", les belles voitures et le manoir de son ami Bolloré en juillet 1926. La semaine prochaine nous suivrons le même professionnel en plein été 1939 en vacances avec la génération suivante des Bolloré.
Jacques-Henri Lartigue est un peintre et photographe majeur du XXe siècle, né en 1894 d'un père qui pratiquait la photographie en amateur. Passionné par l’automobile, l’aviation et tous les sports, il photographie des manifestations sportives et, ensuite, menant une vie luxueuse et mondaine, il met en scène des célébrités, ce qui le rend célèbre aux Etats-Unis. On le présente comme « le génie du noir et blanc ».

Parallèlement à la photo et la peinture, il entreprend la rédaction d’un journal qu’il poursuivra toute sa vie. Ce journal publié pour la période de 1923 à 1931 sous le titre de « L'Émerveillé » inclut de belles pages sur sa rencontre en juillet 1926 avec René Bolloré qu'il présentera plus tard comme « son ami ».

Quelques extraits :

Image:right.gifImage:Space.jpgÇa commence le 15 juillet à Royan : une connaissance commune, la comédienne Denise Grey, est sur le yatch de René Bolloré, lequel invite Lartigue et son épouse Bibi à les rejoindre pour le déjeuner : « Ce riche Breton est un homme d’apparence rustre, gaie et simple, qui ne se donne aucun mal pour qu’on le croie intelligent. ».

Image:right.gifImage:Space.jpgAutre description de l'entrepreneur breton qui propose à Lartigue de partir ensemble sur le Dahu II en croisière vers la Bretagne : « Propriétaire des fabriques de papier à cigarettes, Bolloré est le roi des Bretons avec ses îles, ses plages, ses histoires, ses légendes, ses fantômes et ses goûts de seigneur féodal. »

Image:right.gifImage:Space.jpgLa mer devient mauvaise : « Les vagues se creusent. Le bateau se fait petit. Il monte, descend, se penche, se redresse. ».

Image:right.gifImage:Space.jpgEscale aux Sables d'Olonne : « Bolloré arrive de la poste. La livre est à « cent vingt-six » ! Il parle de révolutions, de guerres. ». Nous sommes le 17 juillet, jour de la chute du président du Conseil Aristide Briand et début de la crise des changes (le franc atteindre 243 livres sterling).

Image:right.gifImage:Space.jpgLe 18 Bolloré décide de continuer le voyage vers la Bretagne par la route. Le 20 ils sont sur l'Ile de Tibidy : « Réflexion faite, René ne l’a pas offert à Denise. Il l’a gardé pour lui. C’est sa garçonnière.  ».

Image:right.gifImage:Space.jpgLe 21 ils dorment au manoir d'Odet : « Je me suis réveillé dans un grand parc. J’ai été faire ma prière dans une petite chapelle déserte. Je n’ai rien entendu que des conversations d’oiseaux. »

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « LARTIGUE Jacques-Henri - L'Émerveillé, écrit à mesure (1923-1931) »

  Il est intéressant de pouvoir rapprocher les souvenirs inscrits dans son journal avec les planches de son album-photo du même été 1926 (cf. les repros des 16 planches et des clichés dans l'article détaillé).

Image:right.gifImage:Space.jpgLes photos à l'intérieur du yacht Dahu II en bois d'acajou et peint en blanc, et un cliché, plus rare, pris à distance.

Image:right.gifImage:Space.jpgTrois photos de l'entrepreneur breton sur son fauteuil en osier avec casquette et vareuse de marin, par gros temps, avec ces annotations manuscrites « Mauvaise mer » et « Forte houle ».

Image:right.gifImage:Space.jpgDe multiples photos de l'actrice Denise Grey et l'épouse Bibi, dont l'une présentant leurs fesses nues exposées au soleil.

Image:right.gifImage:Space.jpgLes belles voitures de René dans les villes de Vannes et Quimper, et lors d'une d'une visite à Locronan (ville de Ronan le saint patron de René Bolloré) : une Packard et une Hispano.

Image:right.gifImage:Space.jpgLe manoir d'Odet sous deux angles, le calvaire du parc pris d'une fenêtre d'une chambre du manoir, la passerelle entre deux salles-machines de l'usine à papier, et plus surprenant le calvaire de Stang-Luzigou sur le chemin du canal d'amenée de la papeterie.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Album-photo de 1926 de J.H. Lartigue en croisière sur le Dahu II et en villégiature à Odet »

4 Comme le granite de son pays

14.05.2022 - Les évocations des 200 ans des papeteries d'Odet se poursuivent : cette semaine trois articles du bulletin paroissial « Kannadig Intron Varia Kerzevot », publiés en janvier, février et mars 1935 pour la mémoire de René Bolloré (1885-1935), le regretté patron des papeteries d'Odet et Cascadec, décédé le 16 janvier à l'âge de 49 ans.
Le premier article nécrologique de janvier démarre par un extrait de l'annonce du décès de René Bolloré dans les colonnes de l'Ouest-Eclair du 17 janvier, et cette formule lapidaire : « En un mot : un patron social, un homme de bien. ».

Et d'évoquer aussi la très grande affluence le jour de son enterrement : « Le jour des obsèques ce fut une multitude qui tint à venir à l’Église du Bourg. Jamais de mémoire d'ancien on n'avait vu pareil recueillement et pareil ordre, c'est-à-dire pareille sympathie et pareille douleur. ». La mort d'une « grand chrétien » si l'on en juge par le nombre de prêtres présents (cf. photo ci-contre).

L'article de mars est une rétrospective de la vie bien remplie du défunt et de son « œuvre merveilleuse » autour de la papeterie familiale  : succession de son père à l'age de 19 ans, perfectionnement du défilage et du raffinage de la pâte à papier, construction des bureaux, du laboratoire, du château, mariage avec la fille d'un armateur et magistrat nantais, création d'une deuxième machine et d'une centrale électrique avec turbine à vapeur, acquisition et développement du moulin à papier de Cascadec, construction d'une cité ouvrière, jardins ouvriers, caisses de retraites, allocations aux malades et aux jeunes mères, création d'un patronage, reconstructions des chapelles d'Odet et de Cascadec, ouverture de deux écoles libres des frères et des sœurs ...

Mais l'article le plus original et le plus sincère est celui de février, titré « Sous l'écorce ». Il est question de bateaux, de générosité et de caractère un peu brusque et emporté.

 

C'est l'histoire, inédite et véridique, d'un charpentier veuf, sans ressource pour nourrir sa famille nombreuse. Bolloré veut l'aider financièrement avec comme contrepartie la construction et la mise à l'eau d'un bateau dans un délai très court de 3 mois. Le jour J le patron venu réceptionner sa commande est on ne peut plus désagréable et critique. Après quelques jurons il constate qu'il est injuste et propose la commande d'un 2e bateau en sapin peint en blanc et non en acajou verni, le premier se voyant du coup baptisé « Cœur d'or ».

Et de conclure : « M. R. Bolloré disparait bien jeune ; il n'avait pas encore cinquante ans. Mais quelle vie bien remplie ... Il restera légendaire parmi ses pairs par la sûreté de son coup d’œil et son instinct de affaires ; il le restera surtout par sa générosité magnifique et sa foi de Breton d'Armorique, ferme comme le granite de son pays. ».

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Les éloges funèbres de René Bolloré, bulletin paroissial Kannadig 1935 »

* * * * *

La semaine prochaine nous proposerons une nouvelle évocation des bateaux de la famille Bolloré, sur 2 générations, en feuilletant le journal d'un ami qui n'a pas sa langue dans sa poche, à savoir le célèbre photographe Jacques-Henri Lartigue.

5 Les archives Arolsen 1940-45

07.05.2022 - Étude des 21 dossiers numérisés de prisonniers militaires, politiques ou déportés en camp de travail, tous natifs d'Ergué-Gabéric.

Les Archives Arolsen, nommées jusqu'en 2019 Service International de Recherches (anglais International Tracing Service - ITS) est un centre de documentation localisé dans la ville de Bad Arolsen en Allemagne qui a pour but de conserver et publier les dossiers des administrations nazies en 1939-45 et des armées alliées de libération des camps de déportation.

Le programme de numérisation des Archives Arolsen est loin d'être terminé, mais de plus en plus de pièces sont désormais disponibles sur le site arolsen-archives.org, notamment depuis la publication en novembre 2019 de 800.000 documents rédigés en zone d'occupation américaine.

À fin avril 2022, on y trouve 21 dossiers de déportés ou prisonniers d'origine gabérisoise, lesquels dossiers sont constitués soit d'une citation dans une seule pièce d'archives, soit de plusieurs documents, ceci jusqu'à 9 ou 14 pièces pour les deux dossiers les plus fournis :

Image:right.gifImage:Space.jpgle travailleur forcé Jean Istin, né à Quélennec, enregistré de 1940 à 1945 au camp de Schkopau (ville du Land de Saxe-Anhalt près de Halle-sur-Saal, est de l'Allemagne), travaillant comme peintre-ouvrier à la firme de Clauss-Rühl et obtenant un dédommagement familial de 50 marks (1000 Francs).

Image:right.gifImage:Space.jpgle résistant déporté Jean Le Corre, né au bourg en 1920, enregistré au camp de Buchenwald comme détenu politique. Jean Le Corre a déjà raconté dans un livre son arrestation et sa déportation après un acte de résistance à Quimper, à savoir le cambriolage des papiers du S.T.O. (Service du Travail Obligatoire).

  Parmi tous ces dossiers, faisant l'objet de fiches détaillées avec transcriptions/traductions des pièces d'archives, on notera les points suivants :

Image:right.gifImage:Space.jpgAttention aux presque homonymes nés en 1920 : l'un Jean-Marie Le Corré (avec un accent sur le dernier e) né le 30 mai à Menez-Groas est déporté STO à Lager dans le land du Brandebourg (est de l'Allemagne), l'autre Jean-Henri Le Corre, né le 15 août au Bourg, est le footballeur connu et ayant écrit ses mémoires de résistant.

Image:right.gifImage:Space.jpgUne seule femme déportée enregistrée : Marie Mocaer de Stang-Luzigou, épouse Nancel. Elle est internée au camp de concentration de Ravenbrück spécialement réservé aux femmes et décédée à la prison de travaux forcés pour femmes de Jauer (Pologne). Grand merci à Maryline Cotten d'Arkae de nous avoir signalé l'existence de cette grande résistante.

Image:right.gifImage:Space.jpgCertains dossiers incluent des photos-portraits, pas forcément de grande qualité : 3 photomatons pour Jean Istin de Quélennec (cf. ci-dessous), une photo-portrait pour Jean Conan de Kerdilès, René Le Roux de Parc ar Fantic, Alain Floch, Yves-Marie Pennaneach et Jean Espern de Loqueltas.

Image:right.gifImage:Space.jpgDes personnes déportées et inscrites sur le site Arolsen, deux d'entre elles ne sont pas revenues des camps : Marie Mocaer citée ci-dessus, et Alain Le Grand mort des suites d'une affection des poumons à Helmstedt le 18.01.1945.

Il est fort à parier que dans les années à venir on trouvera d'autres informations numérisées sur le site Arolsen qui permettront d'en savoir plus et d'étendre la liste des prisonniers.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1940-1945 - Les dossiers des Archives Arolsen pour les victimes gabéricoises du nazisme »

6 L'antique puits de la Capitale

30.04.2022 - Inventaire du petit patrimoine gabéricois, c'est-à-dire de tout témoignage visuel et vivant d'une mémoire collective et non classé comme patrimoine institutionnel : cette semaine le puits situé à proximité de l'église de bourg, dans la cour derrière le café-restaurant "La Capitale".

Les anciens se souviennent d'avoir tiré de l'eau de ce puits avant que le réseau public d'eau potable ne soit installé. Et au bourg les puits ne manquaient pas : à l'École des filles, à l’école des sœurs, dans la cour Troalen, chez Marik Mahé, Per Rouz, Poupon, Lennon, Thomas, Le Moigne, de la venelle de la mairie, au presbytère, et chez Marie-Anne Ar C’hroêk ...

Jean Thomas dans les années 1930 (Le bourg d'Ergué dans les années 1930, Keleier Arkae n° 93) : « Les puits particuliers à margelle étaient nombreux. On puisait l’eau au moyen d’un seau attaché à une chaîne actionnée par une poulie. Celui de derrière le restaurant La Capitale servait à toutes les familles de ce secteur. ».

Mais ce qui a semble-t-il échappé aux obser-vateurs, ce sont les deux pierres gravées sur le côté face à l'église : on y lit distinctement sur l'une « ARCH » et sur l'autre « 1649 », tel qu'on peut le voir sur les tracés en surlignage des photos ci-contre.

Il est très vraisemblable que les lettres « ARCH » correspondent à la fin du patronyme GUIMARC'H avec ses variantes GUIVARC'H ou GUYONMARC'H, famille bien représentée en pays glazik. Ainsi en 1657 on trouve le mariage célébré à l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric entre Olivier Guimarc'h, natif de Briec, et la gabéricoise Margueritte Nicolas. Le puits de la Capitale a peut-être été bâti par le marié ou pour lui.

En tout cas, son état actuel atteste de son ancienneté et excellente conservation. Les pierres de son soubassement et margelle circulaire sont belles et ornées de trois liserets taillés. Les portants et linteaux de pierre sont également ouvragés. Le système de remontée est un treuil de bois et une tige métallique à manivelle pour enrouler la corde du seau.

 

Quand il fait chaud, on voudrait bien faire comme Jean Thomas il y a 100 ans : « Dans ma jeunesse, je me suis désaltéré à tous ces points d’eau ».

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Le puits à margelle du bourg daté de 1649 »

7 Photo de la classe 1951

23.04.2022 - Jusqu'aux années 1970 une classe était une sorte de coterie ou de clan pouvant regrouper quelques dizaines de jeunes gens d'une même commune, et nommée par l'année de leur 20 ans, l'année où ils étaient généralement appelés au service militaire.

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La classe 1951 ci-dessus est formée de 23 jeunes appelés sous les drapeaux en 1951. Un peu avant leur conseil de révision, ils ont posé pour cette photo chez un photographe de Quimper (Le Grand ou Kérisit). Ils sont tous identifiés, sauf un : le n° 5, si vous le reconnaissez on serait content de compléter la liste.

De cette bande de 23 copains et futurs conscrits, seuls trois d'entre eux sont vivants en 2022 : Jérôme Salaün de Kerdudal, qui nous a montré sa photo rangée précautionneusement dans ses archives, Jean Le Menn de Kerurvois et Jean-Louis Huitric natif du Niverrot.

Ils portent tous fièrement la cravate, sauf un (Emile Heydon), et ont épinglé sur leur veste des médailles militaires factices pour la rigolade, sauf un (Louis Bacon). La plupart sont des sportifs affiliés à l'un des deux clubs de foot rivaux de la commune : l'AEG (Amicale d'Ergué-Gabéric, d'obédience laïque) et les Paotred-Dispount (dépendant du patronage de la papeterie d'Odet et de tendance catholique). Seul l'un d'entre eux, Roger Coathalem du Reunic, sera successivement joueur dans l'une, puis dans l'autre équipe.

 

Sur la photo, ils ont tous des cheveux bien fournis et n'ont pas encore la coupe au bol réglementaire des appelés du contingent. La plupart d'entre eux feront leur service militaire en Allemagne.

C'est le cas notamment de Jérôme Salaün et ça lui rappelle la période antérieure 1939-45 où des prisonniers allemands étaient affectés dans les fermes gabéricoises. Dans le secteur entre Stanqueo et Kernevez, 4 jeunes prisonniers y travaillaient et des liens d'amitié se sont noués avec certains.

Celui de la ferme de Kerdudal, Erwin Liedtke de Hambourg, à peine 10 ans de plus que Jérôme, était d'une gentillesse remarquable avec la famille Salaün, parlait bien le français et a gardé un contact épistolaire avec le père, Yves, et la mère de Jérôme.

Pour preuve cette lettre reçue en 1954 à Kerdudal : « Mon cher Yves ! Il y a déjà beaucoup de temps que j'ai écrit quelques lignes à Kerdudal. La dernière lettre de Jérome j'ai reçu il y a quelques mois et j'espère qu'il est retourné de son service militaire. ».

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1951 - La photo de la classe des jeunes gens nés en 1931 »

8 Bulletin n° 57 du bicentenaire d'Odet

Billet du 16.04.2022 - Le Kannadig trimestriel avec ses 32 pages ou 8 feuillets A4 recto verso pliés en A5, prêt à être mis sous pli postal à destination des chaumières des abonnés. Et pour l'année entamée les billets hebdos publiés chaque samedi et rassemblés dans le prochain bulletin de juillet.

Du bicentenaire à l’honneur aux maréchaux

Ce bulletin, couvrant les articles du trimestre passé, est largement marqué par la commémoration des 200 ans de la papeterie d’Odet :

  • Le musée d’Odet abritant entre autres un mur d’exposition sur la fabrication du papier et la plaque originale de 1822.
  • La publication d’un livre rétrospectif, la réalisation d’une vidéo et d’une médaille commémorative.
  • La visite de la chapelle avec ses vitraux, statues et mobilier.
  • Des souvenirs de fêtes et cérémonies militaires et religieuses, et la numérisation des bulletins paroissiaux Kannadig de 1926 à 1937.
  • Le livre du voyage en mer de Chine du docteur papetier Jean-René Bolloré.

Les articles suivants portent sur des références bibliographiques, et des documents d’archives ou photographiques :

  • Les propos de Jean-Marie Déguignet dans ses mémoires sur les visées impérialistes du tzar de toutes les Russies.
  • Des obligations d’emprunt russes falsifiées pour commettre un poisson d’avril en Russie gabéricoise.
  • La transcription intégrale d’un inventaire de succession à Kerjestin datant de l’an 1572.
  • L’évocation d’Alain Feunteun père, cultivateur à Munuguic, grâce à une photo de maréchaux-ferrants à Fontainebleau et son registre militaire avec mention de sa déportation en 1939.

Pour la période à venir, on voudrait croire en J.-M. Déguignet  : « Après ça, on pourrait désarmer et proclamer la paix universelle. Et puis alors, la terre étant purgée de tous les bipèdes malfaisants, les hommes pourraient être placés dans les meilleurs conditions possibles, étant tous frères et amis. » (Mémoires d’un paysan bas-breton, cahier n° 25 bis).

 

Image:square.gifImage:Space.jpgLire le bulletin en ligne : « KANNADIG n° 57 AVRIL 2022 »

9 Bulletins paroissiaux de 1926 à 1937

09.04.2022 - Cette semaine la collection complète des Kannadigs I.V. Kerzevot édités par le vicaire Yves Le Goff, avec index des sujets traités. Sources : collection reliée en 2 volumes des Archives départementales (n° 1 à n° 74, hors 69), photocopies réalisées par Jean Guéguen (n° 69 et 75 à 131).

En relevant les thèmes traités dans chacun des numéros du Kannadig de 1926 à 1937, on se rend compte de leur variété, hormis bien sûr des considérations purement liturgiques non reprises dans l'index mis en ligne :

Image:right.gifImage:Space.jpgNombreux articles sur l'histoire communale et ses habitants célèbres : pour la plupart des reprises de notes du mémorialiste Louis Le Guennec ou des notices paroissiales de Peyron et Abgrall.
Image:right.gifImage:Space.jpgComptes-rendus de fêtes locales, à Kerdévot, au bourg ou à Odet, et des pèlerinages à Lourdes.
Image:right.gifImage:Space.jpgAnnonces paroissiales, d'état civil, résultats scolaires nominatifs, notamment au certificat, porteurs des bannières de pardon.
Image:right.gifImage:Space.jpgChansons et contes populaires en langue bretonne : une longue liste de textes, inédits pour certains.
Image:right.gifImage:Space.jpgNécrologies de paroissiens : René Bolloré (3 articles successifs en 1935), Chauvel, Mme Garin, Laurent Le Gall, l'abbé Le Gall, Louis Le Dé, Alain Le Roux ...
Image:right.gifImage:Space.jpgTrès peu de prises de position politiques, sauf à la victoire des conservateurs aux élections municipales de 1929 : « Le Kannadig ne fait pas de politique. Mais, comme toutes les nouvelles locales intéressent ses lecteurs ... ».

Pendant toutes ses années, le vicaire Yves Le Goff, d'abord vicaire au presbytère du bourg, puis aumônier à la papeterie d'Odet, a su maintenir la publication mensuelle. Il rédigeait a priori seul toutes les chroniques, avec quelques exceptions : 2 ou 3 comptes-rendus de cérémonies ou de pèlerinages, et un éditorial du recteur Le Pennec dans le numéro 2.

La collection numérisée des 131 numéros sera mise à jour et complétée sur les prochains jours (**: PDF publié in-extenso, *: la couverture seulement). Et ceci sous la forme de fichiers PDF consultables aisément, avec une nouvelle facilité pour tourner les pages sans quitter la trame graphique du site GrandTerrier.

 


Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Les 131 bulletins paroissiaux des années patronage, Kannadig IV Kerzevot 1926-37 »


IL FAUT BIEN L'AVOUER, LE BILLET CI-DESSOUS ÉTAIT UN POISSON D'AVRIL.
Ces obligations d'emprunt russe n'ont pas été souscrites pour le quartier gabéricois de la Russie. Certes cette appellation populaire existe bien, certes René Jézequel a été surnommé Khrouthchev dans les années 1980 (cf. les articles Ouest-France de Laurent Quevilly), mais tout le reste n'est qu'invention et blague de potache.

10 Un emprunt russe inespéré

01.04.2022 - Une découverte inattendue, la souscription à l'emprunt russe en 1889 par plusieurs gabéricois, avec promesse d'une gare à Kerdilès sur la ligne ouest du train transibérien : archives familiales, en cours de discussion pour un versement aux Archives Départementales du Finistère.

La liasse des 8 titres de souscription a été découverte le 24 février dernier lors de travaux dans les sous-sols de la ferme de Kerdilès, laquelle était exploitée dans les années 1980 par un dénommé René Jézequel qu'on appelait à l'époque Khroutchev. On s'est toujours poser la question des origines de ce surnom, et surtout de la dénomination de Russie pour la partie est de la commune. On pensait jusqu’alors que c'était dû à l'altitude un peu plus élevée et au climat sibérien qui y régnait.
En fait on sait dorénavant que l'origine remonte à un projet invraisemblable du grand-père et de l'arrière-grand-père de René Jézéquel : 100 ans auparavant ils souscrivent, avec 5 autres personnes de la commune, à la seconde émission de l'emprunt russe. En contrepartie l'argent collecté est directement utilisé pour le financement de la ligne ouest du transsibérien, à savoir de Moscou à Douarnenez, avec une gare prévue à Kerdilès même.

Grâce à leurs noms inscrits au dos des titres, on sait que les autres souscripteurs contactés par les Jézéquel sont :

Image:right.gifImage:Space.jpgLa veuve Elisa Bolloré qui dirige la papeterie d'Odet depuis la mort de son mari en 1881. Contrairement aux autres souscripteurs elle avance 250 « roubles or » pour deux titres obligataires, avec comme contrepartie de pouvoir importer par train jusqu'à Kerdilès des chiffons de Russie pour en faire de la pâte à papier.
Image:right.gifImage:Space.jpgJan Gourmelen, convenancier à Kerjestin et à Meil-Faou, qui est nostalgique du temps où ses exploitations ont été incluse dans le domaine de la Légion d'Honneur de Napoléon Ier, celui qui a envahi Moscou en septembre 1812.
Image:right.gifImage:Space.jpgLe maire Hervé Le Roux, agriculteur à Mélennec, qui aurait préféré voir l'implantation de la gare du transibérien dans son village, mais ce dernier a sans doute été jugé trop à l'ouest.

  Image:right.gifImage:Space.jpgLe célèbre paysan bas-breton Jean-Marie Déguignet, qui a fait la guerre de Crimée contre l'empire russe à contre cœur, et qui certainement désire se racheter.

Image:right.gifImage:Space.jpgPlus surprenant un jeune prêtre de la paroisse, le vicaire Antoine Favé, connu pour avoir dit en 1908 : « Ce n'est pas à Ergué-Gabéric qu'on trouvera, de longtemps, la séparation de l'Église et de l'État ».

La liasse des obligations (cf. repro PDF dans l'article détaillé) :

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1889 - Les obligations de l'emprunt russe pour la Russie d'Ergué-Gabéric »

11 Un empereur théo-autocrate

26.03.2022 - À la fin de ses mémoires de paysan bas-breton, Jean-Marie Déguignet donne à chaud ses impressions sur une guerre d'annexion menée par le tsar de toutes les Russies en 1904-1905 : toute ressemblance avec une situation contemporaine serait purement fortuite ...

Jean-Marie Déguignet a longuement décrit la guerre de Crimée et la prise de Sébastopol auxquelles il a participé dans les années 1853-56 en tant que soldat français. Mais, juste avant de décéder le 29 août 1905 à l'âge de 70 ans, il relate également la guerre entre la Russie et l'empire du Levant, sachant que ce conflit a démarré en février 1904 et que le traité de paix sera signé le 5.09.1905.

D'emblée, il redoute une conflagration générale de toutes les nations du globe : « "Si vis pacem para bellum", dit le proverbe. Si vous voulez la paix, préparez-vous pour la guerre. Mais je crois qu'en ce moment, on est en train de donner un rude démenti à ce vieux proverbe. »

Et il constate la volonté hégémonique du tsar Nicolas II qui voudrait un accès à l'océan Pacifique en annexant la Mandchourie et la Corée: « L'auteur de cette guerre est cet empereur théo-autocrate de toutes les Russies ». Et s'insurge surtout contre la bêtise humaine : « Quelle guerre, ma Doue beniguet, sur terre et sur mer, toute la planète en feu, quoi. Quel beau spectacle pour les habitants de Mars et de Vénus qui contempleraient ça avec leurs grands télescopes ! ».

Il s'interroge également, à la lecture des journaux, sur l'issue du conflit qui pourrait donner raison au plus petit belligérant : « Le Mikado (l'empereur du Japon), ne possède qu'un petit empire composé d'îles et d'îlots, avec une population de 42 000 000. Et pourtant, il a eu l'audace de s'attaquer au colosse moscovite, et cela avec la pensée d'écraser cet Hercule du nord. »

Et effectivement, après de terribles combats et des pertes conséquentes de part et d'autres (160.000 morts dont 20.000 civils), la Russie doit capituler et signer le traité de Portsmouth (New-Hampshire, Etats-Unis).

 
Carte satirique de 1904 par Kisaburo Ohara, représentant la Russie sous la forme d'une pieuvre aux tentacules mortels (Wikipedia)


Jean-Marie Déguignet, qui a été soldat pendant 15 années de sa vie, rend compte in fine des écrits pacifistes et humanistes de l'écrivain Ferdinand Buisson. Mais il prêche quand même la violence à l'encontre des autocrates et des exploiteurs qu'il faudrait éliminer.

« Après ça, on pourrait désarmer et proclamer la paix universelle. Et puis alors, la terre étant purgée de tous les bipèdes malfaisants, les hommes pourraient être placés dans les meilleurs conditions possibles, étant tous frères et amis. »


Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Le pacifisme de Déguignet et la guerre russo-japonaise de 1904-05 »

12 Légion d'honneur pour un grand invalide

19.03.2022 - Hervé Herry natif de Landudal, blessé grièvement le 10 novembre 1915 à Tahure en Champagne, trépané à l'hôpital militaire Buffon de Paris, époux de Madal Riou propriétaire du bar ouvrier de Stang-Ven, ouvrier manœuvre à la papeterie Bolloré, et décoré de la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur le 10 novembre 1936.

Sources documentaires - Registre matricule (classe 1914, numéro matricule 4300, archives départementales du Finistère), bulletin paroissial Kannadig de décembre 1936, journaux locaux Le Finistère et Le Progrès du Finistère, et témoignage de sa belle-fille Germaine Herry (transcription + enregistrement sonore).

Hervé Joseph Herry, né le 26 juin 1894 à Landudal, est de la classe 1914, ce qui lui vaut d'être appelé au front dès septembre 1914 dans les rangs du 93e Régiment d'Infanterie de la Roche-sur-Yon.

Un an plus tard il se retrouve dans les premiers combats de la campagne de Champagne, près de la butte de Tahure qu'il s'agit de reprendre aux Allemands. Les pertes des 2 côtés sont immenses (un autre poilu gabéricois, Jean-Louis Bihannic, y est mort le 25 septembre 2015), et à la fin de la guerre le village, complètement bombardé, ne sera pas reconstruit.

Hervé Herry lui est très grièvement blessé à la tête et aux membres par un tir d'obus le 10 novembre 1915 « en se portant à l'assaut des positions ennemies ». Son registre matriculaire le qualifie de « bon et brave soldat, courageux et dévoué ».

Il est évacué sur l'hôpital militaire Buffon de Paris où il « subit l'opération délicate du trépan et diverses autres interventions chirurgicales » (Kannadig décembre 1936). Comme il est confus, sa marraine de guerre, Madal Riou propriétaire du bar ouvrier de Stang-Ven, est « convoquée » à Paris pour le reconnaître. Il rentre au pays en août 1917, et se marie ensuite en octobre 1918 avec Madal, laquelle est veuve depuis le début de la guerre d'un dénommé Jean-Louis Porhiel, cousin germain d'Hervé Herry.

Le « grand invalide », réformé à 100% (brèche crânienne, hémiplégie droite, altération du langage et troubles subjectifs) avec une pension de retraite, est décoré de la Croix de guerre avec palme en juillet 1920.

 

Avec seulement une main et une jambe valides, il travaille d'abord dans les fermes, avant d'être embauché comme ouvrier à la papeterie Bolloré d'Odet, à proximité du bar de son épouse et futur hôtel-restaurant de l'Orée du Bois d'Emile et Germaine. En tant que manœuvre de l'usine, il sera notamment affecté à la construction de la nouvelle route de Lestonan à Odet.

Le dimanche 10 novembre 1935, lors d'une fête de l'armistice au bourg d'Ergué-Gabéric, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d'Honneur. Après une cérémonie religieuse et une cérémonie officielle près du monument aux morts, un banquet est organisé comme il se doit « chez le camarade Balès », sous la présidence de Pierre Tanguy, maire de la commune et également survivant de la Grande Guerre.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1915-1936 - La légion d'honneur d'Hervé Herry, grand blessé de guerre en 1915 »

13 La chapelle saint René d'Odet

12.03.2022 - Le 17 février dernier lors de la fête du bicentenaire à Odet, actionnées par le maître de céans, les cloches du bicentenaire ont chanté comme une incantation du poème de Théodore Botrel, déclamé en 1922 en l'honneur de son grand-père René Bolloré, le fondateur de la dite chapelle.

Avec son chevet à trois pans, sa campanule horloge et son clocher flanqué de deux cloches, cette petite chapelle gothique a remplacé en 1921-22 un édifice plus étroit construit au siècle précédent à proximité des premiers bâtiments de l'usine à papier. Les travaux furent exécutés sur la conduite et les plans de l'architecte René Ménard, ami de René Bolloré, qui lui avait confié aussi les travaux d'extension du manoir d'Odet en 1911.
Louis Le Guennec la présente ainsi : « La chapelle d'Odet, dédiées à Notre-Dame, ne vaut sans doute pas Kerdévot ; mais dans son genre moderne, c'est l'un des plus jolis édifices religieux du pays de Quimper. Elle s'élève, dans l'enclos du château, sur la pente d'une colline ombragée, et il faut arriver bien près d'elle pour apercevoir le clocheton plat qui découpe parmi les branches d'arbres son pignon à dentelures et ses trois chambres de cloches. La construction est de style gothique : il a fallu, pour des raisons impérieuses, l'orienter contrairement au sens traditionnel, ce qui met le clocher à la place ordinaire du chœur, vers l'Est et celui-ci vers l'Ouest. ».
Que ce soit à la fête du centenaire de 1922 ou à celle du bicentenaire en 2022, on y entre par une élégante porte sculptée. L'intérieur est éclairé de la lumière colorée des vitraux des fenêtres du chœur, meublé de deux confessionnaux, d'un autel et d'une chaire à prêcher, et égayé par de nombreuses belles statues acquises entre les deux fêtes.

Image:right.gifImage:Space.jpgLes vitraux. On en dénombre 5, 3 dans le chœur et 2 en bas-côtés supérieurs de nef, représentant en 2 ou 3 lancettes un total de 13 saintes et saints. Pour les verrières du chœur, de facture classique et timbrées aux villes et hermines de Bretagne, du sud au nord : Jacques (Jacobus), Madeleine (Madelana), Gwenn-Aël (Guinal), Joseph, Marie, Anna, Jeanne d'Arc, Michel et René (Renatus). Et les deux vitraux signés du maitre verrier Yves Dehais et de l’atelier quimpérois Le Bihan-Saluden : Corentin, Yves, Léon, Guénolé.

 
Intérieur, 2022. Voir la galerie de photos dans l'article détaillé.

Image:right.gifImage:Space.jpgLe mobilier. Au côté sud du chœur une chaire à prêcher en bois ciselé, et au fond deux confessionnaux doubles. L'autel de pierre du chœur est surmonté d'un tabernacle et saint sacrement. La sacristie à gauche de la chaire est également meublée.

Image:right.gifImage:Space.jpgLa statuaire. Statues présentes en 1922 : les anges de part d'autres du chœur, les petits tableaux de stations de chemin de croix, les 3 statues antiques de pierre du XVIe siècle (cf. descriptions après la galerie photos) remisées dans l'attente d'une restauration, et une statue de pierre très abimée près de l'entrée. Ont été ajoutées depuis le centenaire : une sainte en bois polychrome, une piéta en robe rouge, une déploration du Christ, une vierge aux fleurs (restaurée récemment), un Joseph et son fils, une sainte Thérèse.

Image:right.gifImage:Space.jpgIn Memoriam. Surmonté d'une tête sculptée de pierre et d'une photo, un écriteau précise : « in Memoriam René Bolloré (+ 16 janv 1935). Chaque année le 16 Janvier la messe est célébrée à la mémoire du fondateur de cette Chapelle et des Écoles religieuses d'Odet. ». Ce n'est donc pas un hasard si la chapelle est sous la protection de saint René, aka « sanctus Renatus ».

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « La chapelle Saint-René d'Odet »


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