1915-1936 - La légion d'honneur d'Hervé Herry, grand blessé de guerre en 1915 - GrandTerrier

1915-1936 - La légion d'honneur d'Hervé Herry, grand blessé de guerre en 1915

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Catégorie : Archives   + fonds Poilus
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§ E.D.F.
Hervé Herry natif de Landudal, blessé grièvement le 10 novembre 1915 à Tahure en Champagne, trépané à l'hôpital militaire Buffon de Paris, époux de Madal Riou propriétaire du bar ouvrier de Stang-Ven, ouvrier manœuvre à la papeterie Bolloré, décoré de la Légion d'Honneur le 10 novembre 1936.

Sources : Registre matricule (classe 1914, numéro matricule 4300, archives départementales du Finistère), bulletin paroissial Kannadig de décembre 1936, journaux locaux (Le Finistère et Progrès du Finistère) et témoignage de sa belle-fille Germaine (transcription + enregistrement sonore).

Autres lectures : « Espace des poilus » ¤ « Germaine Herry, cantinière à Stang-Venn » ¤ « Jean-Louis Bihannic (1890-1915), soldat du 116e RI » ¤ « 1914-1919 - Les actions d'éclat et la légion d'honneur posthume de Jean Lazou » ¤ « 1915-1919 - Les combats de Pierre Tanguy en Marne, Somme, Aisne, Meuse et Allemagne » ¤ « DOUGUET Jean-François - Ergué-Gabéric dans la Grande Guerre T1 » ¤ « DOUGUET Jean-François - Cornouaillais dans la Grande Guerre T2 » ¤ « Pierre Tanguy, maire (1929-1945) » ¤ « 1915-1919 - Les combats de Pierre Tanguy en Marne, Somme, Aisne, Meuse et Allemagne » ¤ 

[modifier] Présentation

Hervé Joseph Herry, né le 26 juin 1894 à Landudal, est de la classe 1914, ce qui lui vaut d'être appelé au front dès septembre 1914 dans les rangs du 93e Régiment d'Infanterie de la Roche-sur-Yon.

Un an plus tard il se retrouve dans les premiers combats de la campagne de Champagne, près de la butte de Tahure qu'il s'agit de reprendre aux Allemands. Les pertes des 2 côtés sont immenses (un autre poilu gabéricois, Jean-Louis Bihannic, y est mort le 25 septembre 2015), et à la fin de la guerre le village, complètement bombardé, ne sera pas reconstruit.

Hervé Herry lui est très grièvement blessé à la tête et aux membres par un tir d'obus le 10 novembre 1915 « en se portant à l'assaut des positions ennemies ». Son registre matriculaire le qualifie de « bon et brave soldat, courageux et dévoué ».

Il est évacué sur l'hôpital militaire Buffon de Paris où il « subit l'opération délicate du trépan et diverses autres interventions chirurgicales » (Kannadig décembre 1936). Comme il est confus, sa marraine de guerre [1], Madal Riou propriétaire du bar ouvrier de Stang-Ven, est « convoquée » à Paris pour le reconnaître. Il rentre au pays en août 1917, et se marie ensuite en octobre 1918 avec Madal, laquelle est veuve depuis le début de la guerre d'un dénommé Jean-Louis Porhiel, cousin germain d'Hervé Herry.

Le « grand invalide », réformé à 100% (brèche crânienne, hémiplégie droite, altération du langage et troubles subjectifs) avec une pension de retraite, est décoré de la Croix de guerre avec palme en juillet 1920.

 

Avec seulement une main et une jambe valides, il travaille d'abord dans les fermes, avant d'être embauché comme ouvrier à la papeterie Bolloré d'Odet, à proximité du bar de son épouse et futur hôtel-restaurant de l'Orée du Bois d'Emile et Germaine. En tant que manœuvre de l'usine, il sera notamment affecté à la construction de la route de Lestonan à Odet.

Le dimanche 10 novembre 1935, lors d'une fête de l'armistice au bourg d'Ergué-Gabéric, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d'Honneur. Après une cérémonie religieuse et une cérémonie officielle près du monument aux morts, un banquet est organisé comme il se doit « chez le camarade Balès », sous la présidence de Pierre Tanguy, maire de la commune et également survivant de la Grande Guerre.


[modifier] Registre matricule

Registre Matricule :


HERRY Hervé Joseph.
Numéro matricule du recrutement : 4300

Etat-civil. Né le 26 Juin 1894 à Landudal, profession de cultivateur / (sans), fils de Hervé et de Marie Jeanne Porhiel.

Signalement. Chveux châtains, yeux châtains, front moyen, nez rectiligne, taille 1 m 60. Degré d'instruction : 2.

Inscrit sous le n° 43 de la liste du canton de Briec. Classé dans la 1ère partie de la liste en 1914.

Corps d'affectation. Armée active : 93e régiment d'infanterie, matricule 5758. Réserve : RD.

Localités successives : Ergué-Gabéric, Stang Ven

Détail des services :

Incorporé à compter du 5 septembre 1414. Arrivé au corps le 8 septembre 1914. Parti aux armées le 12.11. 1914. Blessé évacué le 10-11-15.

Proposé pour une pension de retraite de 5e classe N° 17 + 50 % par la commission de vérification du centre spécial de réforme de la caserne des Tourelles à Paris du 31-1-1917 pour : Perte de substance pariéto-occipitale gauche de la dimension de 4 cms 1/2 sur 3 cm. Greffe cartilagineuse mobile sous l'impulsion. Hémiplégie droite. Admis à une pension de retraite de 644 644 par Direction Ministérielle du 16-4-18. R.D.C. le 28-8-1917. Se retire à Cosquéric en Landudal (Finistère).

Déjà réformé définitivement n° 1 1ère 65%, 2e 65 + 5, 3e 30 + 10, 4e 30 + 15. 100% aggravation décision de la commission de réforme de Quimper du 22 février 1935 pour : 1° Brèche crânienne de 20 cms. 2° Région parieto-occipitale gauche, hémiplégie droite incomplète avec contracture. 3° Aphasie avec altération légère du langage intérieur. 4° Troubles subjectifs prononcés. Admis à pension définitive de 100% par décision ministérielle n° 1452689 du 26 août 1935 avec jouissance du 22 février 1935.

Déjà réformé définitivement n° 1 proposé pour pension 1e 65%. 2° 55+5. 3° 30+15 soit 100% permanent, n'a pas droit à l'allocation spéciale par la commission de réforme de Nantes du 17 décembre 1935 pour "1e Brèche pariéto-occipitale gauche. 2° hémiplésie droite. 3° Séquelles d'aphasie. 4° Troubles subjectifs.

D.O.M. P..D. 100% + 9 degrés par C.R. de Rennes du 4 août 1955. 1° État démentiel suite de blessure crânienne. 2° Brèche crânienne complète de 4/4 cms de la région occipito-pariétale gauche. 3° Paralysie incomplète du membre inférieur droit, séquelles d'hémiplégie. 5° Aphasie partielle. Prêt à la C.T. de Rennes du 1-3-54. Une P.D. 100% +9 au lieu de 100% +4° guerre 14-18.

D.O.M. pension définitive 100% + 9 degrés + art. 18 temporaire + alloc N° 8 + art 36 par la C.R. de Rennes du 2 avril : 1°) État démentiel post-traumatique. 2°) Brèche crânienne complète de la région occipito-pariétale gauche. 3°) Parésie spasmodique du membre inférieur droit, séquelle d'hémiplégie. 5°) Aphasie partielle.

Campagne : Contre l'Allemagne du 8 septembre 1914 au 28 septembre 1917.

Blessures, citations:

Blessé le 10-11-1915 par T.O. (tir d'obus) en Champagne. Perte de substance pariéto-occipitale gauche de la dimension de 4 cms 1/2 sur 3 cm. Greffe cartilagineuse mobile sous l'impulsion. Hémiplégie droite.

Médaillé militaire par % n° 0731 du 17 avril 1917. Bon et brave soldat, courageux et dévoué. A été grièvement blessé le 10 novembre 1915 en se portant à l'assaut des positions ennemies dans le secteur de Tahure. Croix de guerre avec palme.

Chevalier de la Légion d'honneur (décret du 29 Mai 1936 n0 471-TA).

Bulletin Kannadig 122 de décembre 1936 :


Fête de l'Armistice

Elle a été célébrée cette année le dimanche 15 Novembre. Un grand service fut chanté à l'église pour les enfants de la paroisse morts à la guerre. Au cimetière, au pied du beau et pieux monuments aux morts, une allocution fut prononcée par M. le Chanoine Cotten, secrétaire de l'évêché, ancien combattant et médaillé militaire [...]

Après l'allocution de M. le Chanoine Cotten, M. Hervé Herry, de Stang-Venn, reçut la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur. Une plume autorisée va relater, pour les lecteurs du Kannadig les états de service de M. Herry.

 
Hervé HERRY, Stang-Ven

Le nouveau légionnaire décoré le 15 novembre dernier, après la belle cérémonie à l'occasion de la commémoration du 18e anniversaire de l'armistice, est un brave de la classe 14.

Incorporé au 93e R.I. au début des hostilités, il partait au front quelques mois après.

Blessé très grièvement à Tahure (Marne) le 10 novembre 1915 en se portant à l'assaut des positions ennemies, ce camarade eut, dans son malheur, la bonne fortune d'être soigné à l'Hôpital Buffon à Paris.

Grâce aux bons soins dont il fut l'objet Herry survécut à son horrible blessure. Il subit l'opération délicate du trépan et diverses autres interventions chirurgicales.

Le 10 juillet 1920, il reçut la médaille militaire.

Notre camarade est actuellement réformé à 100 % pour les infirmités suivantes entraînées par sa blessure (brèche crânienne de 20 cm, hémiplégie droite, altération du langage et troubles subjectifs).

C'est au titre de grand invalide que ce rescapé a reçu la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur.

La croix que M. Le Floc'h, Directeur de l'Office départemental des Pupilles de la Nation, a épinglé sur la poitrine de ce brave est donc bien méritée et nous offrons à ce nouveau légionnaire nos meilleurs compliments et nos vives félicitations.

Le Chroniqueur de l'U.N.C. [2]


Journaux locaux en 1936 :


Le Finistère du 14 novembre

Commémoration de l'Armistice. - Comme annoncé dans notre précédent numéro, la population d'Ergué fêtera l'Armistice le dimanche 15 novembre.

À la suite de la cérémonie religieuse et du pèlerinage à la mémoire de nos morts de la guerre, M. Le Floch, directeur du Comité départemental des mutilés et combattants remettra la croix de la Légion d'hnneur à notre sympathique camarade, Hervé Herry, de Stang-Ven, qui vient d'être promu au grade de chevalier.

À 12 h 30, banquet des anciens combattants pour fêter l'Armistice et le nouveau légionnaire, chez le camarade Balès.


Le Progrès du Finistère du 28 novembre

Commémoration de l'armistice. - C'est encore avec plus d'éclat que les années précédentes que la population du Grand-Ergué a fêté l'Armistice dle 15 courant.

Aux cérémonies religieuses à la mémoire de nos Grands Morts assistait la foule des grands jours.

L'allocation de circonstance, prononcée par le chanoine Cotten, médaillé militaire, secrétaire de l’Évêché, fut très prenante et des plus émouvantes. Sa chaude parole arracha bien des larmes - même aux vieux Briscards présents en très grand nombre.

À la fin de la cérémonie, une superbe gerbe de fleurs fut déposée au pied du monument.

Ce geste pieux accompli, les clairons sonnèrent « au Drapeau ».

Ensuite, dans l'intimité, M. Le Floch, directeur de l'Office départemental des Pupilles, épingla sur la poitrine d'un de ses camarades d'enfance, le sympathique Hervé Herry, la Légion d'honneur après lui avoir adressé quelques morts très touchants.

À 12h30, les A.C. et la famille du nouveau légionnaire, au nombre d'une centaine, se retrouvaient chez le camarade Balès pour le banquet annuel sous la présidence de M. Tanguy, maire de la commune. Tous les convives firent honneur au repas, d'ailleurs très bien servi et lequel se déroula dans une atmosphère de très grande cordialité.

Après un toast de M. Tanguy, le repas prit fin par des chansons et la salle se vida au chant de la « Marseillaise ».

En un mot, excellente journée élaborée par la Section locale de l'U.N.C. en collaboration étroite avec leurs camarades de l'U.B.C. [3]


Témoignage de Germaine Herry en 2007 :


Ma belle-mère, Madeleine Riou, tenait un bar dans cette maison. En breton, on l’appelait Madalen ou Madal. Avant de connaitre le père d'Emile, Madal était mariée avec un gars de Langolen qui a été tué le premier mois à la guerre en 1914. Le père d’Emile, Hervé Herry (né à Landudal à Cosqueric et cousin germain du premier mari mort en 1914), avait Madal pour marraine de guerre [1]. Il a été mutilé dans les tranchées du côté de Verdun et il est resté paralysé d’un côté.

Madal avait été convoquée pour le reconnaître, en tant que marraine. Il a été plus de 3 ans avant de retrouver sa tête, là-bas dans les hôpitaux, avant d’être rapatrié. Ils se sont mariés ensuite après. Il est mort en 1959. Il a travaillé dans les fermes, ayant seulement une main et une jambe valides. Il a été embauché à l’usine, comme manœuvre. Il a travaillé à la construction de la route de Lestonan à Odet, celle qui passe par Keranna.


[modifier] Annotations

  1. L'expression marraine de guerre désigne les femmes ou les jeunes filles qui entretiennent des correspondances avec des soldats au front durant la Première Guerre mondiale afin de les soutenir moralement, psychologiquement voire affectivement. Il s'agissait souvent de soldats livrés à eux-mêmes, ayant par exemple perdu leur famille. La marraine de guerre faisait parvenir des lettres à son soldat mais pouvait également envoyer des colis, des cadeaux, des photographies. [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. L'Union nationale des combattants (UNC) est une association d'anciens combattants français issue de la Première Guerre mondiale. [Ref.↑]
  3. U.B.C. : Union Bretonne des Combattants. [Ref.↑]


Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric.

Date de création : Mars 2022    Dernière modification : 19.03.2022    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]