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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Sommaire

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Modifications au jour le jour : [Journal des MàJs]
Anciennes pages de bienvenue : [Affiches]
Anciens billets : [Actualité, archives]

1 Expédition historique en Irlande

« M. Guillaume François Le Guay, a captain of Infantery in the French service taken in the Hoche ship of the line, has been released from Parole at Lichfield and permitted to return to France », December 1798.

« M. Guillaume François Le Guay, capitaine d’infanterie au service de la France capturé sur le vaisseau de ligne Hoche a été relâché de détention sur parole à Lichfield et autorisé à rejoindre la France contre son engagement à cesser de servir contre la Grande-Bretagne et tous ses alliés ».

Michel Le Guay, descendant de la famille Leguay de Normandie et de Bretagne, lors de ses recherches généalogistes dans les années 1990, a découvert ce document extraordinaire, rédigé par les services anglais en charge des Prisonniers de guerre, et nous permet de revivre cette page d'histoire vécu par un futur habitant du manoir du Cleuyou en Ergué-Gabéric.

Guillaume Le Guay est né normand le 11 avril 1773 à Tessy-sur-Vire (Manche), près de Coutances. Très jeune, à 16 ans, il s'engage dans les volontaires de la Manche et participe comme grenadier aux campagnes « des ans 2, 3, 4 et 5 de la République dans les départements de l'ouest contre les chouans ».

En 1798, il est dans les troupes sélectionnées pour les expéditions en Irlande, la première en août, la seconde en octobre, pour apporter l'aide française aux insurgés irlandais contre la domination britannique. Cette opération, mal préparée, se terminera mal, car les forces révolutionnaires françaises seront battues et le principal insurgé irlandais, Theobald Wolfe Tone, sera arrêté et condamné à mort. Dans l'imaginaire irlandais, 1798 est baptisé l'année des Français, « The Year of the French » pour marquer l'engagement militaire des français.

Quant à notre grenadier, il sera capturé sur le vaisseau « Le Hoche » par les forces navales anglaises lors de la seconde expédition. Il fut au centre de la célèbre bataille de l'île de Toraigh, au large de la côte nord-ouest du comté de Donegal en Irlande. Il y avait à bord 1189 hommes ; 147 ont trouvé la mort et 1006 furent prisonniers. Après avoir failli couler dans la tempête de la nuit suivante, les britanniques réussirent à remorquer le bateau jusqu'aux cotes anglaises.

Autres questions posées dans l'article cité : Legay participa-t-il à la bataille irlandaise de Castlebar du 27 août ? Où fut-il détenu en novembre-décembre avant sa libération ? Que voulait dire le terme anglais « parole » pour une détention ? De prochains articles détailleront sa carrière dans les armées de la Révolution et de l'Empire, les conditions de son élection comme capitaine, son congé pour mariage avantageux, sa destitution et démission de l'armée et réintégration en 1831 ...

En savoir plus : « 1798 - Expédition d'Irlande et libération du capitaine Guillaume François Leguay »

Billet du 19.04.2015


La photo mystère du dernier billet et du bulletin Kannadig n'a toujours pas été identifiée par nos fidèles lecteurs. Où donc se trouve cette haute statue représentant un moustachu exposé au vent et de temps en temps au bruit ?

2 Kannadig printanier de 2015

Des histoires d'anges musiciens, d'héritiers du Cleuyou, de terres vaines et vagues, d’œufs de cœlacanthe, de poteaux télégraphiques, de saints Guénael et Télo, de guerres de 1870 et de 1914, d'un paysan dans le livre somme de Joël Cornette ...

C'est le moment de vous soumettre le bulletin des articles publiés depuis janvier dernier, avec ce sommaire où se mêlent documents d'archives, patrimoine, mémoires, et même des légendes :

  • Couv - Fanch et l'ange harpiste / Kelou ar maro hag ar vuhez
  • Recto de couverture - Photo-énigme et table des matières
  • P. 1 - Les fabuleux anges musiciens du retable de Kerdévot
  • P. 2-3 - Le ragoût noir des Spartiates au pardon de Kerdévot
  • P. 3-6 - Disparations de Fanch Ster et de Jean Kergourlay
  • P. 6-11 - Le feuilleton des héritiers du manoir du Cleuyou
  • P. 11-14 - Les Mermet propriétaires du domaine du Cleuyou
  • P. 14-16 - Un gabéricois à la Défense de Paris en l’an 1871
  • P. 16-17 - Le télégraphe et autres technologies selon Déguignet
  • P. 18-19 - Réactions contre les lignes ferroviaire et téléphonique
  • P. 19-21 - Le capitaine Bolloré dans la fosse des Comores
  • P. 21-24 - Leçons d’histoire bretonne de Déguignet / Cornette
  • P. 24-25 - Jean Louët à l’assaut de Souchez en Artois en 1915
  • P. 26-27 - La légende et la vie de saint Guen-Ael au 17e siècle
  • P. 28-29 - Le partage des terres vaines et vagues de Keronguéo
  • P. 29-30 - Saint Télo et Louis Hémon à la chapelle de Kerdévot

Trouverez-vous l'habituelle photo-énigme trimestrielle qui est en 2e de couverture ? Pour vous aider, un petit indice : « il vous faudra de très bons yeux pour localiser les belles moustaches du personnage qui depuis quelques siècles serait devenu sourd ».

Lire et imprimer le bulletin : « Kannadig n° 29 Avril 2015 » Billet du 11.04.2015

Nota 1 : Le présent bulletin Kannadig sera imprimé et expédié dans la quinzaine, avec le reçu fiscal des donateurs, lequel reçu peut éventuellement être envoyé par courriel à ceux qui le désirent.

Note 2 : Ces derniers temps de nombreux anciens nous quittent : ainsi cette semaine la haute figure d'Odette Coustans, secrétaire de mairie de 1945 à 1985, et qui connut 9 groupes de conseillers et 6 maires. Pour le souvenir et lui rendre hommage, l'article qui relatait en mars 1987 son départ en retraite : « Les 40 ans de mairie d'Odette Coustans, Ouest-France 1987 ».

3 Loiz Hemon ha sant Telo Kerdevot

« Disul diveza oa pardoun braz e Kerdevot. Calz tud a ioa eno, mez unan euz ar re zon bet muia guelet eo Loiz Hemon.  », Feiz ha Breiz, 1877.

On connaissait déjà le climat politique et culturel lors des élections législatives de 1877 où se présentait l'un des premiers républicains de la région Quimpéroise, à savoir Louis Hémon, face aux résistances locales conservatrices et catholiques. Jean-René Bolloré, l'adversaire de Louis Hémon publia un petit tract virulent en breton : « Voti evit Loiz Hemon a zo eta voti evit eur mignoun touet da C'hambetta, ... gouaderez ar Frans » (le vote pour Louis Hémon est un vote pour l'ami de Gambetta, ... la sangsue de la France).

Ici, dans les colonnes du journal très catholique « Feiz ha Breiz », le ton est un peu plus léger et empreint de moquerie : « Loiz Hemon a ioa ivez dissul e Kerdevot. Ne leveromp ket e vije eat di da bardouna, mez d'en em ziscouez. Ehehe ! an elecsionou a dosia ! » (Loiz Hemon était donc aussi à Kerdévot. Nous ne savons pas s'il est vraiment venu pour le pardon, ou alors plutôt pour se montrer. Ehehe ! il va y avoir des élections !).

Et la morale est sauve car les vieilles bigotes veillent au grain : « Loiz Hemon en doa ancounac'heat eun dra ! cass chapeledou d'ar merc'hed coz ! Ma carje beza great kement-se, en doa gonnezet an oll voueziou an Ergue-Vraz gant an oll galounou ! » (Loiz Hemon a oublié une chose ! l'importance des chapelets des vieilles femmes qui connaissent toutes les intentions de votes du Grand-Ergué).

Ceci nous amène à ré-évoquer l'article en breton sur la chapelle de Kerdévot, aussi dans le journal « Feiz ha Breiz » qui ne manque pas de mentionner l'existence d'une belle statue de saint Théleau chevauchant un cerf : « ouz skeudenn Sant Telo a-ramp war eur c'haro ». La statue aux couleurs pastels de l’évêque en chape, mitre et crosse a été magnifiquement restaurée en décembre 1979 par le sculpteur gabéricois Laouic Saliou.

La légende rapporte qu’un seigneur offrit à l’ermite Télo les terres qu’il pourrait enclore en une nuit, avant le chant du coq ; le saint se servit d’un cerf comme monture pour délimiter son nouveau territoire.
En fait, tout comme le député Loiz Hemon en 1877 parmi les ouailles du pardon de Kerdévot ?

En savoir plus : « Loiz Hemon hag chapeledou ar pardoun braz e Kervevot, Feiz ha Breiz 1877 »,
« Chapelle de Kerdévot, sant Telo et Gwenêl en breton, Feiz ha Breiz 1926 »

Billet du 05.04.2015


Nota : le bulletin Kannadig de fin du premier trimestre 2015 est actuellement en cours d'élaboration ; qu'on se le dise, il sera bientôt en ligne.

4 L'heureux et généreux Guen-Ael

« Nous avions décidément une assemblée remarquable ! Guénolé, fondateur prestigieux et sage de l’abbaye de Landévennec, et son disciple Gwénael, pressenti pour être son successeur. », Eloan Kroaz, déc. 2014

Dans ce roman au format e-book, récent et déjà populaire, on découvre nos saints bretons, saints Guénolé de Landévennec, Gildas de l'abbaye de Rhuys, Iltud, Samson, et accessoirement notre saint gabéricois Gwenaël, à la rencontre des mages Bleiz et Merlin et sa fille Gwendaëlle.

C'est l'occasion de publier le texte de la Vie de Saint Guen-Ael écrit par le dominicain breton Albert Le Grand, dont la 2e édition fut préparée par l'historien Guy Autret de Lezergué (cf Nota *) : « Du temps que Conan Meriadec, premier roy Chrestien de la Bretagne Armoricaine, ... un noble Seigneur, nommé le Comte Romelius, lequel eut pour espouse une dame de Maison, non moins illustre, appellée Levenez; & ils faisoient, leur ordinaire demeure en la ville de Kemper-Odetz ».

Et aussi un passage inédit d'un cantique où les deux premiers saints de Landévennec sont cités. Dans cet extrait publié dans le journal « Feiz ha Breiz » de juin 1926, le journal en langue bretonne de l'évêché de Quimper et de Léon, où les paroissiens quimpérois sont invités à faire leurs dévotion à la chapelle de Ti-Mann-Doue, on se rend compte à quel point les deux saints du 6e siècle sont vénérés au Grand Ergué, ce qui peut se comprendre car saint Gwenael est né à Kerrouz-Tréodet, qu'il y est le saint patron et que saint Guénolé s'était déplacé pour le convaincre de le suivre.

Roomp amzer
Da Wennole
Da zont d'ar gêr
Eus an Erge
Da zont d'ar ger eus an Erge
Gant Gwenêl e ziskib neve.

(Donnons du temps)
(à saint Guénolé)
(en revenant à la maison)
(depuis Ergué-Gabéric)
(en revenant d'Ergué à la maison)
(avec Gwenaël son nouveau disciple)

On peut se demander à quelle occasion un quimpérois rentre chez lui en revenant d'Ergué-Gabéric : est-ce après un pèlerinage ou pardon à la chapelle de Kerdévot ? On peut aussi noter un point commun entre les deux chapelles : comme à Kerdévot, le jeudi saint précédant Paques, un pardon muet (« pardon mud ») est toujours organisé à Ti-Mamm-Doue, et notamment jeudi prochain.

En savoir plus : « LE GRAND Albert - La vie de Guen-Ael ou Guenaut », « Chapelle de Kerdévot, sant Telo et Gwenêl en breton, Feiz ha Breiz 1926 »           Billet du 28.03.2015


Nota (*) : ce jour, samedi 28 mars 2015 à 14 H, l’antenne quimpéroise du C.G.F. (Centre généalogique du Finistère) vous invite à une conférence d’Hervé Torchet à l’Espace associatif, 53, impasse de l’Odet, à Quimper (derrière la gare). Au programme : la vie attachante et très vivante de Guy Autret, seigneur de Missirien, qui habita Lezergué en Ergué-Gabéric. L’un des 10 bretons les plus puissants du XVIIe siècle, pionnier de la généalogie, historien, homme de lettres et chroniqueur de l’actualité.

5 Fin des terres vaines et vagues

« Qu'il existe à Keronguéo, en la commune d'Ergué-Gabéric des communaux ou terres vaines et vagues consistant notamment dans la parcelle de terre ci-après désignée : Section B n° 234 Kéronguéo, Leurquer d'antraon, pâture, 15 ares 30 centiares », maitre Morel, 1912

Billet du 21.03.2015
Billet du 21.03.2015

Avant la Révolution, les terres dites vaines et vagues étaient nombreuses en Basse-Bretagne et consistaient en parcelles partagées par les habitants d'un village. Elles étaient vaines car ne rapportant rien, et utilisées uniquement pour la pature, ou comme aire commune. Elles étaient vagues car vides et peu propices aux cultures. Ces terres étaient en indivision entre les habitants du village, et ne pouvaient être vendues : à la mort d'un habitant, le droit d'utilisation en nature de ces communs de village passait automatiquement à l'héritier des lieux.

À la Révolution, il est décidé dans un premier temps que ces communs de village appartiennent aux nouvelles communes, ceux qui subsistent étant rebaptisés communaux. Mais en 1792 une loi spéciale maintient « pour les cinq départements qui composent la ci-devant province de Bretagne » une exception : les terres vaines et vagues appartiennent aux « habitants des villages... actuellement en possession du droit de communer ... », et donc le partage et revente ne sont pas autorisés. Cela restera vrai jusqu'en décembre 1850 lorsqu'une nouvelle loi permet aux habitants de village de casser les indivisions et de procéder à leur partage par répartition.

Grâce à des documents inédits et des publications dans la presse, on sait maintenant comment les terres vaines et vagues d'Ergué-Gabéric ont été privatisées en toute légalité.

En 1912 les cousins Bolloré, héritiers de terres et maisons à Keronguéo, décident de lancer la procédure de partage. Le premier à le faire est Eugène, mercier à Quimper, qui est célèbre par ailleurs pour avoir en 1905 "racheté" l'établissement du Likès confisqué à une congrégation catholique. Dès janvier il demande au tribunal de statuer sur le partage des terres vaines et vagues du village de Keronguéo, avec notamment cette parcelle « Leurquer d'an traon » ("aire du bas du village").

En juin 1912, le deuxième héritier René Bolloré, « propriétaire et industriel, demeurant à Odet, en Ergué-Gabéric » prend la relève de son cousin, ce dernier étant mentionné comme premier demandeur dans le jugement. Les arguments de l'avoué Morel et les conclusions du tribunal expliquent bien le mécanisme de transformation des communs de village en propriété privée : cf article détaillé.

Il est intéressant de noter qu'aujourd'hui on se pose encore la question de la légalité des terres vaines et vagues qui auraient échappé à une privatisation. En 2014 un débat a lieu sur le statut juridique du site de Notre-Dame des Landes. En 2009 le député Jean-Jacques Urvoas pose deux questions écrites à l'Assemblée Nationale sur ce sujet des terres vaines et vagues : « En l'état, celles-ci, qui couvent encore des centaines d'hectares, notamment dans le Finistère et le Morbihan, constituent des biens dont la propriété demeure indivise ... ». La réponse publiée dans le Journal Officiel n'abonde pas dans le même sens.

En savoir plus : « 1912 - Partage de terres vaines et vagues de Keronguéo Leurquer d'antraon »

6 Harpe celtique, ragoût spartiate

« Faisons le tour de ce qu'on sait de la harpe en Bretagne aux XIIIe, XIVe et XVe siècles ... Pour les instruments de petite dimension le nombre de cordes ne dépassait guère sept ... », Alan Stivell et Jean-Noël Verdier

Billet du 14.03.2015
Billet du 14.03.2015

Le découvreur infatigable Pierrick Chuto nous écrit : « Ci joint le Courrier du Finistère N° 554 du Samedi 20 septembre 1890. Peux-tu nous renseigner sur le ragoût noir qui aurait plu aux spartiates sous les tentes de Kerdévot ? »

En effet ce journal catholique ne manquait pas de relater chaque année le pardon de Kerdévot : « Ce pardon, déjà très ancien, est sans contredit la plus vaste et la plus noble expression de notre antique foi bretonne ... Les femmes chantaient des cantiques bretons et la fête religieuse s'est terminée par la bénédiction du Très-Saint-Sacrement. »

Et sur le placître de la chapelle c'est la fête païenne, donc le fameux ragoût noir servi sous les toiles des stands des restaurateurs. Et le journaliste de faire le parallèle avec le plat antique des spartiates. Plutarque indique que « parmi les plats, celui que spartiates apprécient le plus est le ragoût noir ; c'est au point que les vieillards ne demandent même pas de viande ; ils la laissent aux jeunes et font leur dîner du brouet qu'on leur verse. » C'est pour les Grecs un véritable sujet de curiosité. Le plat était composé de viandes rôties de chèvre et porc, de sel, de vinaigre et de sang, ce bouillon cuit à feu doux pendant des heures ayant cette couleur noire caractéristique.

Aux 19e et 20e siècles, le ragoût de Kerdévot était, quant à lui, constitué de viande de bœuf : «  D'autres se ravitaillaient dans des stands où on trouvait de la soupe, du ragoût de bœuf, du café », Pierre Roumégou, 1980.

Quant à la très belle photo de la harpe celtique, elle est de Jean-Yves Cordier, sur son blog sur la nature et le patrimoine finistèriens, au rythme de ses promenades et découvertes inédites, notamment à Ergué-Gabéric où il passe de temps en temps, comme en septembre dernier le jour du pardon de Kerdévot, photographiant sous toutes ses coutures le retable et annotant de ses connaissances et observations.

Parmi les très beaux clichés, sur le panneau supérieur du « Couronnement de la Vierge », on remarque ceux des quatre anges et musiciennes tenant guitare, harpe, orgue et flute. Et il évoque même son émotion devant l'une d'entre elles : « J'avoue que je suis tombé amoureux de cet ange au regard inspiré si typique de celui d'une musicienne accordant son jeu à celui des autres joueurs ». On se refèrera aussi à l'ouvrage savant d'Alan Stivell et Jean-Noël Verdier, incluant un cliché de la même harpe d'origine celtique de Kerdévot.

En savoir plus : « Le ragoût noir des spartiates sous les tentes de Kerdévot, Courrier du Finistère 1890 », « CORDIER Jean-Yves - Les anges musiciens du retable de Kerdévot », « STIVELL Alan & VERDIER Jean-Noël - Telenn, la Harpe Bretonne ».

7 Les héritiers du Cleuyou #3

« Sous la Restauration, électeur et éligible à la Chambre des députés, puisqu'il paie 1235 francs d'impôts et figure parmi les plus riches notables de l'arrondissement électoral de Quimper », Bruno Le Gall et Jean-Paul Péron, La franc-maçonnerie à Quimper au XVIIIe siècle.

Billet du 07.03.2015
Billet du 07.03.2015

Cela va faire presque deux an, en mai, lorsque les arbres centenaires de l'allée rabinière du Cleuyou furent malencontreusement abattus par les services municipaux.

Aujourd'hui on découvre un document de 1821 où cette allée est mentionnée comme obligation d'entretien par les meuniers du lieu qui ne pourront « couper ni émonder aucune espèce de bois ou arbres » et feront « le nombre de leurs journées de charroi de pierre à l'effet de réparer et entretenir en bon état l'allée principale conduisant de Quimper au manoir »

Quant aux propriétaires du manoir de l'époque, nous n'avions aucune attestation officielle de leur titre à ce jour. Ils sont explicitement désignés ici : «  Mr Vincent Simon Marie Mermet et Dame Marguerite Péron son épouse  ».

Vincent Simon Mermet avait tenté d'acquérir le manoir du Cleuyou à la vente aux enchères de 1795, mais à la 3e bougie c'est la citoyenne Merpaut qui emporta la mise. Par contre Vincent Mermet acheta la métairie de Kervreyen dans les mêmes conditions. Il signait à l'époque Mermet Le Jeune. Il n'est pas connu comme ayant été initié dans une loge maçonnique, mais son demi-frère Pierre-Marie était Grand-Ecossais de « L"heureuse Maçonne », et son neveu Louis Pierre était Maitre Bleu de « La Parfaite Union ».

Les époux Mermet auront une fille qu'ils marieront à un militaire de carrière, Guillaume Le Guay. Ce dernier qui depuis ses 16 ans avaient servi l'armée républicaine, puis impériale, dut refuser de partir pour la campagne d’Italie (1805), en argumentant qu’il projetait un mariage avantageux. Avec son épouse Cécile, il vint habiter le Cleuyou.

En savoir plus : « 1821 - Subrogation de ferme du moulin du manoir du Cleuyou des époux Mermet », « Les Mermet, propriétaires du manoir du Cleuyou et de Kervreyen ».


Nota 1 - Dans une prochaine série des héritiers du Cleuyou, on présentera les exploits militaires de Guillaume Le Guay : engagé dès 1789, à 16 ans, dans les volontaires de la Manche, il est élu capitaine de grenadiers par ses hommes. Envoyé à l’Ouest pour mettre fin aux soulèvements contre révolutionnaires et prévenir les tentatives de débarquements anglais, il participe au siège de Granville en 1793 et à l’expédition d’Irlande en 1798, où il est fait prisonnier.

Nota 2 - Merci aux nombreux témoignages reçus suite aux rubriques nécrologiques de la semaine dernière : « Fanch Ster (1930-2015), commerçant et gardien de but des Paotred-Dispount » et « Jean Kergourlay (1926-2015), infirmier et coureur à pied »

8 Kelou maro an Erge-Vras

« ERGUÉ-GABÉRIC - PLONÉIS - DRAVEIL - PONT-L'ABBÉ. Nous avons l'immense douleur de vous faire part du décès de M. François LE STER survenu à l'âge de 85 ans. De la part de son épouse, Jeannine, née Le Talidec ; ses enfants ... », Le Télégramme, 28.02.2015.

Il est des fins de semaine où les avis mortuaires apportent de la tristesse. Ainsi les deux derniers week-ends où deux grands sportifs « du cru » nous ont quitté.

Fanch Ster, décédé la semaine dernière, sera enterré mardi 3 mars en l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric. Tous les habitants du village de Stang-Venn, et les sympathisants des Paotred-Dispount seront tous là pour lui témoigner leur amitié et sympathie.

Une page qui se tourne certes. Et l'occasion de proposer ci-dessous la double page d'hommage qui fut publiée dans le livre souvenir des 100 ans des Paotred en 2013 : « Né à Stang-Venn en 1930, fils d'un père boulanger trop vite disparu, François épouse Jeanine en 1959. Ils donneront toute leur vie à l'alimentation de la Vallée-Blanche. Les voyages, les 35 heures, ce n'est pas pour eux. À 16 ans, « Fanch » signe sa 1ère licence : il sera gardien de but de l'une des deux seules équipes qui forment le club des Paotred. ».

L'autre grand sportif, enterré lundi dernier, est Jean Kergourlay, coureur à pied dans sa jeunesse. L'un de ses amis témoigne : « Jean Kergourlay était de Kervian, pas loin de Penn Carn. C'était un excellent coureur à pied, assez renommé dans la contrée, et je crois savoir même champion de Bretagne, ou alors bien placé. Il serait peut-être intéressant de connaître un peu mieux son palmarès. J'étais assez jeune alors, donc je ne suis pas certain. Puis je l'ai côtoyé à Gourmelen, où il était aussi infirmier. Il habitait au Rouillen, et avec son épouse il avait monté un petit commerce de fleurs. »

Un appel est lancé :

  • Jean Kergourlay fut-il champion de bretagne ?
  • En quelle année et pour quel type de course ?
  • Toute aide et/ou témoignage sont bien-sûr les bienvenus.

En savoir plus : « Fanch Ster (1930-2015), commerçant et gardien de but des Paotred-Dispount », « Jean Kergourlay (1926-2015), infirmier et coureur à pied ».     Billet du 01.03.2015

9 Assaut de Souchez en Artois

« Le peuple des paysans ne fournit pas, ou peu, d'officiers. Ergué-Gabéric n'échappe pas à la règle. Toutefois, il arrive qu'un fils de paysan s'émancipe. Ainsi Jean Louët ... », Jean-François Douguet, 07.2014.

Jean Louët, né le 28 novembre 1874 au village de Keranroué en Ergué-Gabéric où ses parents étaient simples cultivateurs, est un militaire gradé, décoré de la Légion d'Honneur pour acte de courage lors de la Bataille d'Artois en mai-juin 1915 : c'est ce que nous détaillent son dossier dans la base de données « Léonore  » et le Journal de Marche et Opération de son Régiment sur le site « Mémoires des Hommes ».

Après son service militaire en 1898, il entre dans la Garde Républicaine où il est successivement élève garde à pied, garde à pied le 8 décembre 1899, brigadier à pied, puis maréchal des logis. En octobre, incorporé au 97e Régiment d'Infanterie, il est promu sous-lieutenant, qualifié « à TT » (à titre temporaire). Ce grade voulait dire qu'il est jugé capable de remplir cette fonction par son encadrement, mais que les circonstances ne permettent pas de suivre la procédure administrative.

Le 9 mai 1915, il est en Artois au nord d'Arras, près du village de Souchez. Après le tir de 1 200 canons, l’assaut est donné, mais les soldats français sont nombreux à s’effondrer face aux mitrailleuses allemandes. Ce jour-là Jean Louët sera blessé lors de l'assaut de Souchez, la première « par éclat d'obus à la main droite », et la seconde « d'une balle au bras gauche avec fracture esquilleuse de l'humérus ».

Il sera nommé quelques jours plus tard Chevalier de la Légion d'Honneur et reçoit la « croix de guerre avec palme », avec cette citation : « Véritable entraineur d'hommes. A le 9 mai 1915 conduit avec une remarquable ardeur ses hommes à l'assaut des tranchées ennemies. Blessé à la main au début de l'action, a conservé son commandement. A été gravement blessé au delà de la 3e ligne ennemie. »

Le Journal de Marche et d'Opérations du 97e Régiment d'Infanterie atteste bien que les troupes du 2e Bataillon de Jean Louët a bien réussi son assaut : « À 10 heures, débouché des unités de 1ère ligne, suivie rapidement des unités de renfort, tandis que le 3ème Bataillon vient de suite occuper les emplacement prises et dépassées (10h20). Le passage des 3 lignes de tranchées allemandes et du terrain en arrière, couvert de boyaux et de rameaux [...] À 11 heures, arrivé au Cabaret Rouge des premiers éléments du 97e. »

Manifestement Jean Louët n'est pas revenu former une famille dans sa commune de naissance, il est décédé à 52 ans en 1926 dans le département des Hautes Alpes. A-t-il laissé des descendants qui pourraient nous en apprendre plus sur sa vie bien remplie ?

En savoir plus : « Jean Louët (1874-1926), sous-lieutenant du 97e RI », « Espace des Poilus sur GrandTerrier ». Billet du 21.02.2015

10 Leçons d'Histoire Bretonne

« L'histoire reste encore une matière de liberté intellectuelle ... Je persiste à penser que l'histoire de la Bretagne doit être moins manichéenne que celle qui fut longtemps écrite, soit par les défenseurs de la "liberté bretonne", soit par les thuriféraires de la "nation France" », Joël Cornette, Wikipedia.

Le livre-somme de 1450 pages de l'historien Joël Cornette, paru en 2005 aux Editions du Seuil, est « un chef-d’œuvre à la fois de science et de style », une lecture passionnante et une sélection de textes et de repères inédits qui illustrent si bien le propos. Et parmi ces archives on trouve entre autres quatre longues citations des Mémoires de Jean-Marie Déguignet, avec commentaire et analyse.

Attachons-nous à celle de la page 249 du tome 2, où il dit ceci : « Jean-Marie Déguignet a bien expliqué la réaction des agriculteurs bretons, en l’occurrence ceux de la région de Quimper, face à un "professeur d’agriculture". Il faut tenir compte, on le mesure bien ici, d’une autre logique que celle d’un capitalisme agraire, entreprenant et moderniste. »

Dans un premier temps, Déguignet défend les idées de modernité du professeur en se moquant gentiment de ses compatriotes paysans :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpg« Si c’eût été un paysan encore ! Mais un monsieur à chapeau haut et qui ne savait pas parler breton pouvait-il être cultivateur ? »
Image:Right.gifImage:Spacer.jpg« Les paysans ne pouvaient admettre qu’un monsieur de la ville pût savoir couper la lande, retourner une motte de terre, faucher, moissonner, charger du fumier dans la charrette, ... »
Image:Right.gifImage:Spacer.jpg« De la science agricole, ils n’en avaient cure. Ce n’était pas avec des livres qu’on pouvait faire de l’agriculture. »

In fine, Déguignet ne pense pas que la révolution agricole préconisée par son professeur soit la solution et la réponse aux difficultés économiques de l'agriculture bretonne du 19e siècle :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgles étables de la ferme modèle sont luxueuses par rapport aux étables habituelles : « elles avaient devant elles un râtelier et une mangeoire, choses incongrues dans nos étables bretonnes. »
Image:Right.gifImage:Spacer.jpgfinalement le contenu de l'enseignement délivré en français est démystifié lorsque Déguignet peut apprendre à lire et déchiffrer les cours : « Dès que j'eus appris l'alphabet, je pouvais facilement lire tout cela. Ce n'étaient tous que des copies des choses agricoles. »
Image:Right.gifImage:Spacer.jpget enfin, économiquement, le modèle ne pouvait être suivi par les paysans de la région qu'avec la perspective certaine de crever de faim : « tout cela était bon pour un monsieur qui était payé pour cultiver la terre, mais si les paysans faisaient comme lui, ils seraient tous allés chercher leur pain bien vite. C'était, du reste, ce que disaient tous les paysans. »

Nous avons enquêté afin de savoir qui était ce professeur Clément-François Olive, originaire du Calvados, et quel fut l'impact de l'enseignement de sa Chaire d'agriculture de l'école confessionnelle du Likès. Soit par exemple en 1875 : le 1er prix d’excellence du cours d'agriculture est attribué à Jean Hénaff, futur fondateur de l’entreprise qui portera son nom.

En savoir plus : « CORNETTE Joël - Histoire de la Bretagne et des Bretons »,
« L'enseignement d'un professeur d'agriculture vu par un "potr-saout" »

Billet du 14.02.2015

11 Dans la fosse des Comores

« Quant à l'histoire du Cœlacanthe, c'est une grande aventure. Ce poisson Crossoptérygien n'était connu que des paléontologistes qui tenaient sa famille pour éteinte depuis le Crétacé », Yves Coppens, Pré-ambules : Les premiers pas de l'homme.

Croquis de Laurent Quevilly publié dans « Mémoires parallèles », Gwenn-Aël Bolloré, Editions Jean Picollec 1996 ~ Billet GT du 07.02.2015
Croquis de Laurent Quevilly publié dans « Mémoires parallèles », Gwenn-Aël Bolloré, Editions Jean Picollec 1996 ~ Billet GT du 07.02.2015

Tout gabéricois qui se respecte, né avant les années 1970, sait encore aujourd'hui ce qu'est un cœlacanthe pour avoir vu ce poisson légendaire et ses immenses œufs, conservés au Musée océanographique d'Odet, du vivant de son fondateur et capitaine au long cours, Gwenn-Aël Bolloré. On croit même, à tort bien sûr, que ce dernier en est le premier découvreur, mais en fait depuis 1938 des scientifiques sud-africains et anglais ont décrit les premiers spécimens pêchés en eaux profondes.

En 1974 Gwenn-Aël Bolloré, qui a participé deux ans plus tôt à une mission scientifique du professeur Jean Anthony aux Comores (avec la pêche de deux cœlacanthes identifiés sous les numéros 70 et 71), publie ses réflexions sur les théories de l'évolution et son journal de bord, sous le titre « Evolution et pêche au cœlacanthe ». Et l'année suivante la revue Historama en édite un résumé : « Histoire de l'évolution : le cœlacanthe, fossile vivant mais inexplicable » .

En 1976 Jean Anthony, breton également, né à Chateaulin en 1915, fait paraître l'histoire complète de sa découverte, et décrit ainsi l'arrivée de son ami Bolloré : « 8 janvier. Dans une heure, l'effectif de l'équipe aura doublé. Gwenn-Aël Bolloré et Quentin Bone (" british marine biologist ") vont débarquer vers 10 heures de l'avion de Dar es Salaam. Inutile de les présenter l'un à l'autre, ils ont fait connaissance dans les nuages - Bone a dû repérer Gwenn-Aël Bolloré à sa casquette de marin - et se montrent pleins d'entrains en dépit d'une fin de traversée pénible. ».

En 1981, lors d'un reportage des équipes de FR3, Gwenn-Aël nous explique, dans son musée, devant des œufs et un cœlacanthe conservés dans du formol : « On ne savait absolument pas comment les cœlacanthes se reproduisaient, on ne savait pas s'ils étaient ovipares ou vivipares. En fait ils sont ovo-vivipares, ça veut dire qu'ils ont des œufs, et que les œufs éclosent à l'intérieur du cœlacanthe. Et ces œufs sont extraordinaires de par leur taille, car ils sont gros comme une grosse balle de tennis, ce qui exceptionnel pour des poissons. »

En savoir plus : « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Evolution et pêche au coelacanthe », « Le coelacanthe, fossile vivant, expliqué par G.-A. Bolloré, Historama 1975 », « ANTHONY Jean - Opération Coelacanthe », « CHANTREL Maette - Les crabes de l'Odet, un musée pas comme les autres », « ANTHONY Jean - Opération Coelacanthe », « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Mémoires parallèles »

Nota : aujourd'hui encore on s'interroge sur les origines du cœlacanthe, soit par exemple dans la revue scientifique « BioEssays » (Volume 35, Issue 4, pages 332–338, April 2013), cet article en anglais « Why cœlacanths are not ‘living fossils’ ».

12 Nouvelles technologies du 19e

« L’apparition du reportage est liée à la mise au point du télégraphe électrique et d’un système de transmissions rapides, sans lequel les journaux ne pourraient pas utiliser des récits écrits à l’autre bout du monde », Serge July, Dictionnaire amoureux du journalisme, 2015

Quimper, contrairement à Brest, n'a pas eu la chance d'avoir son télégraphe aérien à la fin du 18e siècle. Les 580 km de la ligne Paris-Brest furent achevés en 1799. Elle était faite de petites tours carrées en pierre appelées « exhaussements », servant de relais, avec à leurs sommets un appareil muni de bras de bois articulés et mus par une manivelle, dont la position formait des figures constituant un code que le veilleur de la tour suivante devait reproduire.

Par contre en 1853 une vraie ligne de télégraphe dit électrique fut réalisée entre Nantes-Quimper-Brest, avec un fil tendu entre des poteaux, et cette technique utilisant le code Morse permit la généralisation les émissions et réceptions de télégrammes.

Et Jean-Marie Déguignet s'est interrogé sur cette nouvelle technologie dans ses Mémoires de paysan bas-breton, dans un texte d'antologie : « Voilà encore une chose qui donnait du travail à mon esprit, qui ne pouvait rien voir sans chercher de suite la raison d'être, le pourquoi, l' x comme disent les mathématiciens ».

Il faut dire que ses concitoyens, le maire de Kerfeunteun y compris, étaient plutôt dépassés :

« il me dit que le fil de fer posé entre Brest et Quimper servait à porter les nouvelles, que ces nouvelles étaient écrites sur un petit morceau de papier qu'on entrait dans le fil, on soufflait dessus puis aussitôt il était rendu à l'autre bout.
- Mais, j'ai vu les ouvriers couper le fil, lui dis-je, et il n'était pas creux.
- Non, dit-il, mais le papier fait le creux en passant.
 »

Jean-Marie Déguignet, avec son sens de l'expérience pratique, tente alors d'appréhender la vérité en grimpant en haut d'un poteau télégraphique ...

Quant au chemin de fer, que les habitants de Quimper et d'Ergué-Gabéric ne verront que dix ans plus tard en 1863, l'imagination était aussi vive pour se le représenter : « le maire me dit que c'était un chemin tout en fer, le fond, les deux côtés en forme de murailles et le dessus. C'était comme une grande boîte dans laquelle on mettait des voitures attachées l'une à l'autre, et dans la dernière, on mettait le feu ; alors, toutes se sauvaient comme ayant le feu au derrière ("an tan en o reor" en breton). »

En savoir plus : « Apprentissage des nouvelles technologies selon Jean-Marie Déguignet »

Billet du 31.01.2015


En guise de compléments, voici deux articles de journaux :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgen 1899, l'histoire d'une ligne téléphonique privée de 34 kilomètres entre les deux usines à papier de l'industriel Bolloré : « Vandalisme sur la ligne téléphonique privée Odet-Cascadec, Union Agricole 1899 »

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgen 1911, la protestation des agriculteurs gabéricois contre la ligne qui allait traverser leurs terres, avec comme avantage de desservir la papeterie d'Odet : « Contre la ligne de chemin de fer de Briec à Ergué-Gabéric, Progrès du Finistère 1911 »

13 À la défense de Paris en 1871

« Né d'une honorable famille de cultivateurs d'Ergué-Gabéric, Cuzon était bien réellement le fils de ses œuvres », Le Finistère, 1880.

"Le siège de Paris", Jean-Louis-Ernest Meissonier
"Le siège de Paris", Jean-Louis-Ernest Meissonier

En 2007 Henri Chauveur, dans le cadre de l'association Arkae, avait déjà publié un article détaillé sur ce jeune militaire breton, natif de Bohars en Ergué-Gabéric, décoré du titre de Chevalier de la Légion d'Honneur. À l'époque nous n'avions que peu d'informations sur les faits d'armes en pleine guerre de 1870-71 qui lui avaient valu sa décoration. Aujourd'hui, un article découvert par Pierrick Chuto, publié le 24 novembre 1880 dans le journal « Le Finistère » pour rendre compte du décès de Pierre-Marie Cuzon, nous en apprend un peu plus.

Grâce au témoignage de l'officier présent à l'enterrement, l'article nous explique la préparation des bastions et batteries tout autour de la capitale les bombardements près du fort de Vanves, opérations pendant lesquelles Pierre-Marie Cuzon était présent : « Employé d'abord sous les ordres du capitaine Denis à l'armement des bastions 43, 44, 45 et 46 de l'enceinte continue, Cuzon suivit cet officier au poste d'honneur qui lui était assigné en avant du fort de Vanves. »

Affecté donc au départ entre les portes de Clichy et d'Asnières, il rejoint ensuite une batterie située plus au sud entre le fort de défense de Vanves et les canons prussiens des hauteurs de Chatillon-Montrouge: « Pendant la première journée du bombardement (qui dura 23 jours sans interruption), 45 servants furent tués ».

Après les décès successifs des commandants de sa batterie, le soldat gabéricois en prit la direction : « Ainsi Cuzon, dans deux circonstances exceptionnelles en face de l'ennemi, a commandé une batterie de siège et a su imprimer à ses hommes le sentiment du devoir en les maintenant autour des pièces, malgré un feu meurtrier de la part de nos adversaires ».

Et les honneurs militaires lui furent attribués après guerre : « Cuzon fut récompensé de sa belle conduite par la croix de chevalier de la Légion d'honneur ». À quelle date reçut-il cette récompense ? Dans son dossier il est question du décret du 11 janvier 1871, mais cela est peu probable, car il participa aux combats qui durèrent jusqu'à la signature de l'armistice le 28 janvier : « dirigeant encore un feu meurtrier sur l'ennemi, alors que les forts de Vanves et d'Issy avait cessé la lutte » ; « il reçut une égratignure du dernier coup de canon tiré par l'ennemi. » Après la défaite contre l'armée prussienne, il ne resta pas dans les rangs des « militaires Versaillais » en prise avec les « fédérés communards », il rejoignit son corps de la Marine et la Cochinchine.

En savoir plus : « Mort de Pierre-Marie Cuzon héros de la guerre de 1870, Le Finistère 1880 », « Pierre Marie Cuzon, Chevalier de la Légion d'Honneur (1871) »

Billet du 25.01.2015


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