Portrait. 40 ans de mairie. Odette Coustans. la « gaulliste de 1942 »
Odette Coustans est ce qu'on appelle un personnage. Même si c'est dans la Somme qu'elle est née en 1925, au hasard d'une affectation de son père, devenu cantinier militaire après avoir été grièvement blessé au front en aout 1916, ses racines sont gabéricoises : « J'ai eu d'excellents parents. L'un était de la ferme de Kergaradec, l'autre du bourg. Je suis arrivée ici à l'âge de 12 ans. » Aujourd'hui, c'est avec un peu de nostalgie qu'elle revoit ses quarante années de secrétariat en mairie, au service des administrés : « C'est Pierre Tanguy qui m'embaucha en 1945. On était deux employées, sous les ordres de M. Barré. Maintenant, il y a une dizaine de personnes et la population a presque triplé. »
« J'ai connu neuf groupes de conseillers et six maires : Pierre Tanguy, Jean Le Menn, Corentin Signour, Jean-Marie Puech, Pierre Faucher et Jean Le Reste. Je les ai servis de la même façon et je pense avoir toujours eu leur confiance. Je n'ai jamais mélangé mon travail et mes opinions. », explique Odette Coustans avant d'affirmer : « Si j'avais voulu faire autrement, chez moi on m'aurait rappelé à l'ordre : ne t'occupe pas de politique, fais ton boulot. » De carte, c'est vrai, Odette n'en a jamais eue. Ce qui ne signifie pas qu'elle n'ait jamais eu ses préférences.
Elle raconte : « J'ai été très marquée par la guerre, dont ma famille a souffert. Le jour où De Gaulle s'est trouvé là, tout naturellement je me suis rangée à ses côtés. Je suis une gaulliste de 1942 et je suis restée celle-là. »
« Ni avec, ni contre Jean le Reste »
La politique, surtout depuis peu, ça démange pourtant Odette Coustans. Elle avoue d'ailleurs volontiers : « C'est moi qui ait été cherché Jean le Reste. Au cours de l'été 1982, en sa présence, un contact a eu lieu chez moi entre gaullistes et chiraquiens. Il m'a répondu en septembre qu'il était d'accord pour mener la danse. Je croyais en l'homme de dossiers, qui avait travaillé dans l'ombre de Michelet. » Une façon de reconnaître qu'en 1987 elle n'y croit plus tout à fait de la même façon : « Il a le bagage mais pas le sens du terrain ». Une constatation amère de la part de celle qui, pour un peu, se serait embarquée, au côté de l'actuel maire, dans la batailles des municipales de 1983. « Finalement, je lui ai fait savoir en janvier que je ne partais pas avec lui et que je demeurais au service de la commune, pour les deux années qui restaient avant ma retraite. » Odette Coustans ne ferme pas pourtant la porte à tout engagement ultérieur. En clair, on pourrait bien un jour la retrouver en première ligne, « ni avec, ni contre Jean le Reste ». Probablement pas non plus dans le sillage du socialiste Pierre Faucher, dont elle dit avec une point de regret : « Je l'ai connu trop tard ».
|
|
|
Son souhait : servir de relais entre la population ancienne et celles des nouveaux lotissements « qui ne s'est pas intégrée » car « si l'évolution est normale, il faut qu'elle se passe dans les meilleures conditions ».
Dans sa maison du bourg, autour de sa lourde table patinée d'une salle à manger pleine de souvenirs, Odette la gabéricoise se laisse aller aux confidences. Prolixe, amusée, ironique, tonique. Déclarant en riant : « Je suis d'un abord direct. Pas diplomate. Je ne sais ni louvoyer, ni composer, même si je sais me taire quand il le faut. » Pas étonnant qu'elle continue à suivre de près les battements de cœur de son petit pays : « Je suis heureuse ici. Je suis chez moi. » Pas étonnant non plus qu'elle ne puisse complètement couper avec un passé aussi riche en contacts humains : « On me revoit parfois à la mairie. Je vais dire bonjour. Quand ils ont un problème, certains administrés viennent encore me trouver ou me téléphonent pour solliciter un conseil. Autrefois, l'employé était un peu le secrétaire de chacun. Il m'est arrivé de rédiger des déclarations de revenus pour les autres. »
L'os du POS
Odette Coustans pense, comme Jean-Marie Puech, qu'une nouvelle mairie est indispensable à Ergué-Gabéric. « On ajoute, on raccorde, on démolit, mais ça ne pousse pas les murs. » La construction d'une supérette dans le champ de Pennarun ? « Elle rendrait service aux particuliers, mais quelle serait sa rentabilité ? Compte-tenu de la proximité de Quimper, ce qui existe actuellement en matière de commerce, de santé et d'équipement scolaire me suffit. » Une maison de retraite ? « Elle serait la bienvenue. » Le plan d'occupation des sols ? Sur ce sujet épineux, Odette Coustans se hérisse : « Le POS arrêté en 1975, sous le mandat de Jean-Marie Puech, donnait satisfaction à tout le monde et, pour moi, reste valable. Ce n'est pas le cas du nouveau POS, où il n'y a plus ni liberté ni égalité. Sous réserves d'un cahier des charges, je ne vois pas pourquoi il serait interdit de vendre un terrain de mauvaise qualité pour la culture, desservi par l'eau, l'électricité et la route. Nous ne sommes plus une commune essentiellement rurale. » Une pierre dans le jardin de l'équipe municipale en poste.
Jean Théfaine.
|
|