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1 Recherche d'enfants sans famille

« Je suis un enfant trouvé. Mais jusqu'à huit ans j'ai cru que, comme tous les autres enfants, j'avais une mère ... », Sans famille d'Hector Malot, 1878.

« L'ancien tour de l'Hospice des enfants trouvés », Gustave Doré
« L'ancien tour de l'Hospice des enfants trouvés », Gustave Doré

Cette semaine pas de nouveau dossier à proprement parler, mais un avis de recherche. Il s'agit d'aider Pierrick Chuto qui actuellement, après avoir déjà écrit deux livres sur Guengat et Plonéis, se penche sur l'histoire d'une institution régionale : l'hospice des enfants trouvés de Quimper.

L'infatigable mémorialiste prépare son prochain ouvrage qui narrera l'histoire de ces enfants trouvés, de père et mère inconnus, qui ont été « exposés dans le tour de l'hospice de Quimper » jusqu'en 1861, date de fermeture du tour. Et oui, c'est bien un tour !

Du côté de la rue, le tour était à l'origine une sorte de coffre en bois dans un renfoncement à l'abri, monté sur un cylindre tournant. La mère y déposait (« exposait ») son nourrisson, tirait sur une clochette et disparaissait sans être vue. Aussitôt la personne de garde tournait le tour (ou ouvrait la porte-trappe). De l'autre côté, le nouveau né était ainsi recueilli, ainsi que les effets que la mère y avait laissés.

La législation qui réglait le sort des enfants trouvés au 19e siècle a été établie par le décret du 19 janvier 1811 : « Dans chaque hospice il y aura un tour. Des registres contiendront, jour par jour, l'arrivée des enfants, leur sexe, leur âge apparent et décriront les marques naturelles et les langes qui peuvent servir à les faire reconnaitre. A six ans, l'enfant doit être placé chez des cultivateurs ou artisans, moyennant un prix de pension qui décroit jusqu'à douze ans » (Le Nouveau Paris, histoire de ses vingt arrondissements, illustré par Gustave Doré, page 216).

Amis généalogistes, Pierrick (pierrick.chutoat.giforange.fr) attend vos mails si vous avez identifié des ancêtres gabéricois qui ont été abandonnés à l'hospice de Quimper : dates d'éventuels mariages et décès de ces enfants sur Ergué-Gabéric, déclarations de placement chez une nourrice ... Votre récompense sera au moins une belle dédicace personnalisée de l'auteur sur sa future monographie documentée et passionnante.

Des articles sur le même thème : « 1812 - Enfant gardé chez une nourrice sur la commune du Grand Terrier » « L'histoire de Kenavo le petit chat nourricier d'Ergué-Gabéric, Le Finistère 1888 » , « Les séjours de Jean-Marie Déguignet à l'hospice de Quimper ‎ »

Billet du 16.02.2013


2 Catéchisme gallican raisonné

« Article 1 - Il est inséré au début du chapitre 1er du titre V du livre premier du code civil un article 143 ainsi rédigé : « Art. 143. - Le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe », Assemblée nationale, février 2013.

Qu'aurait été l'opposition en 2013 à la loi du « mariage pour tous » si les théories de l'église gallicane - connue aujourd'hui pour sa tolérance vis-à-vis des homosexuels - l'avaient emporté contre l'infaillibilité du pape de l'église catholique, et si l'évêque Jean-François de La Marche, né à Ergué-Gabéric, avait vaincu ses adversaires constitutionnels et concordaires ?

Le gallicanisme était une doctrine religieuse cherchant à promouvoir l'organisation de l'Église catholique en France de façon largement autonome par rapport au pape. La théorie gallicane commença à se formuler après l'opposition entre Philippe le Bel et le pape Boniface VIII au début du 14e siècle. À la fin du XVIIe siècle, le gallicanisme s'implanta largement dans le clergé français, d'une part grâce aux théories de Bossuet, d'autre part grâce aux positions gallicanes des jansénistes qui reprochaient au pape son interventionnisme.

Au début de la Révolution française, l'adoption de la Constitution civile du clergé a été considérée par certains d'inspiration gallicane et contestée par d'autres comme une négation des pouvoirs épiscopaux.

Après la Révolution, Napoléon Bonaparte négocia le Concordat avec le pape Pie VII. À cette occasion, en 1801, le souverain pontife, à la demande du chef de l'État, déposa l'ensemble de l'épiscopat français : ce fut la fin des principes de l'Église gallicane, et la reconnaissance, implicite, de la primauté de juridiction du pape. En 1870 a lieu à Rome la proclamation du dogme de l'infaillibilité pontificale par le concile Vatican I qui sonna le glas du gallicanisme.

Jean-François de La Marche s'était fait remarqué avant, pendant et après la Révolution, par ses positions gallicanes. Après la découverte il y a 15 jour d'un reportage dans le journal anglais « The Gentleman's Magazine » de 1807, on a rassemblé sur GrandTerrier les écrits de l'évêque, les biographies publiées, dont celle de Louis Kerbiriou dont on s'est procuré en exemplaire et scanné quelques pages.

À la lecture de ce dernier, on découvre que son travail de recherches fut immense, il compulsa de nombreux documents, se déplaça en Angleterre, et analysa finement le contexte historique. Mais l'évêque était prolixe, et certaines archives et publications inédites sont encore à découvrir, notamment ce « Catéchisme nouveau et raisonné » ou les « Memoir and Letters » de la Marquise de Buckingham.

En savoir plus : « Espace "Évêque de Léon" : présentation, bibliographie, origines, écrits, in english, e brezhoneg ... » « LA MARCHE Jean-François (de) - Catéchisme nouveau et raisonné » , « KERBIRIOU Louis - Jean-François de la Marche Evêque-Comte de Léon‎ »

Billet du 10.02.2013


3 Transformation d'une manufacture

« Société commerciale, par opposition à Société civile : qui a pour objet l'accomplissement d'opérations commerciales, à but essentiellement lucratif, régie par les règles du droit civil et le code du commerce », Trésors de la Langue Française.

On peut dater de l'année 1904 le passage pour les Papeteries d'Odet du statut de manufacture du 19e siècle à celui d'une véritable société commerciale.

En effet le 13 juin, René Bolloré père et fils vont créer une société en commandite simple au capital social de 675000 francs, dans les conditions qui sont décrites dans la publication de cet acte dans le journal « L'Action Libérale de Quimper » du 2 juillet 1904.

L'objet de cette nouvelle société est « la fabrication de tous les papiers en général et plus spécialement des papiers à cigarettes, à copies de lettres et similaires et accessoirement l'exploitation des immeubles industriels et autres sis à Odet, commune d'Ergué-Gabéric ».

La création a lieu moins d'un mois avant le décès de René Bolloré père. Ce dernier passe la main à son fils, mineur et étudiant, qu'il « émancipe », et « habilite à faire le commerce », en prévoyant toutefois « qu'en cas de décès de M. René Bolloré père, ... les associés auront le droit de lui adjoindre un cogérant ».

Dans l'encart nécrologique du journal « Le Finistère » du 13 juillet 1904, les qualités de l'ancien manufacturier sont résumées ainsi : « En même temps qu'un industriel habile et travailleur, M. Bolloré était un homme à idées généreuses qui cherchait à faire le bien autour de lui ».

En mars 1905, dans un acte signé à Quimper, Odet et Sebdon (Algérie) et déposé à Paris, René-Joseph Bolloré fils change les statuts de la Société « René Bolloré fils et Compagnie » et, en mettant fin à la co-gérance d'Yves Charuel, ingénieur des Arts et Manufactures, reprend la direction pleine et entière « avec les pouvoirs attribués au gérant par l'acte constitutif de société ».

En savoir plus : « Statuts de la société en commandite "René Bolloré et Cie", Action Libérale 1904-05 » , « Nécrologie de René Bolloré, Le Finistère 1904 »

Billet du 03.02.2013


4 Tudchentil chez les Gentlemen

« I can no longer delay assuring you, Sir, of all the friendship and all the esteem with which you have inspired me », Hamm, 10 Feb 1793, Louis XVIII.

Quel est le personnage historique natif d'Ergué-Gabéric qui fut en correspondance avec le roi d'Angleterre George III, le futur roi de France Louis XVIII, les papes Pie VI et Pie VII, et bien d'autres célébrités ?

Il s'agit bien sûr de Jean-François de La Marche, né au manoir de Kerfors d'une famille noble locale qui héritera aussi du château de Lezergué, dernier évêque de St-Pol-de Léon, chassé par la Révolution française et émigré à Londres où il décèdera en 1806.

Il n'était pas apprécié du pouvoir Révolutionnaire français. Chateaubriand, dans ses « Mémoires d'Outre-tombe », l'a décrit comme « l’évêque de Saint-Pol de Léon, prélat sévère et borné qui contribuait à rendre le comte d’Artois de plus en plus étranger à son siècle ».

Par contre de l'autre côté de la Manche où il s'était réfugié en 1792, on louait ses qualités spirituelles de protecteur du clergé catholique français. Nous avons retrouvé les 15 pages inédites d'une biographie parue en 1807 dans la très célèbre revue « The Gentleman's Magazine and Historical Chronicle », le tout raconté par un témoin proche de l'évêque. Ces « mémoires biographiques » apportent un témoignage de première main sur le séjour de Jean-François de La Marche en Angleterre, présente un éclairage différent des biographies éditées en France du fait des positions anglaises, et inclut des documents d'archives très intéressants.

En 1798 le duc de Portland, secrétaire d'état, lui fit passer un message en français de la part du roi George III : « Je ne puis que me persuader, Monseigneur, qu'en recevant cet acte de sa Majesté comme une preuve des sentimens dont elle veut bien distinguer vos qualités personnelles et votre rang, vous y reconnaitrez également le témoignage que sa Majesté veut bien donner de la satisfaction avec laquelle elle a vu la conduite exemplaire du Clergé commis à vos soins ».

En savoir plus : « Biographical memoirs of the Bishop of Leon, The Gentleman's Magazine 1807 »

Billet du 27.01.2013


5 Chroniques hivernales 2013

« Memorioù ar re gozh hag istor ar barrez an Erge-Vras, e bro c’hlazig, e Breizh-Izel » : Histoire et mémoires d’une commune de Basse-Bretagne.

Avec quelques heures de retard, en raison des chutes de neige, voici les 26 pages habituelles du bulletin trimestriel « Kannadig an Erge-vras ». Et aussi diront certains, parce que, mine de rien, c'est un peu de boulot de reprendre les articles fraichement publiés, d'y ajouter un peu de liants, de textes et illustrations supplémentaires, de formatter tout ça pour une impression A4, et de publier le résultat sur le site Internet du GrandTerrier.

Après un rappel de la promotion du fest-noz au patrimoine de l'humanité fin 2012, et un premier article sur une carte postale Villard immortalisant les danses bretonnes de l'auberge de Lenhesq en 1909, les titres de ce numéro sont dans l'ordre :

  • Un saint Pierre très haut perché à Stang-Venn
  • Le Clairon, le Coq Français et l’OCB de René Bolloré
  • Les papetiers d’Odet et de Scaër à l’honneur
  • Les chauffeurs et la billig rouge au village de Kergoant
  • Grande Révolution de Jean-Marie Déguignet
  • Aveux du manoir de Pennarun aux 16e-18e siècles
  • Le manoir maçonnique de Pennarun
  • Conduite et guide des chevaux à gauche toute
  • Les chevaux agricoles gabéricois de 1930 à 1945
  • Petit chat Kenavo et nourrices du Grand-Terrier
  • Séjours à l’Hospice de Quimper en 1848 et 1902-05
  • Emprunts de la fabrique de Kerdévot en 1768-77
  • Les évènements d’Afrique en langue bretonne
  • Jeune appelé de Bohars mort en Algérie
  • Médaillé rescapé de l’enfer de Verdun en 1916
  • Match inter-usines Odet Cascadec Bolloré

Téléchargement et lecture en ligne du bulletin : « Kannadig n° 21 »

Billet du 20.01.2013

Nota: l'envoi à domicile des bulletins par voie postale se fera dans les prochains jours, le temps de déneiger l'accès aux rotatives ...


6 Conduite de chevaux à gauche

« Le cheval s'effraie, fait un écart et le conducteur à gauche, projeté sous les roues du terrible teuf-teuf ... se remue, s'agite comme un ver coupé ».

Billet du 13.01.2013 -  (Dessin de Laurent Quevilly, 1998)
Billet du 13.01.2013 - (Dessin de Laurent Quevilly, 1998)

Une lettre ouverte rédigée par le conseiller municipal Jean Mahé, publiée dans les colonnes du Progrès du Finistère de juillet 1907, est un bel exemple d'expression politique sur une initiative préfectorale incomprise du milieu rural de l'époque.

Cela commence par un arrêté : « Vu le rapport de M. le directeur du dépôt d'étalons de Lamballe ... Article premier. - Tout individu conduisant un cheval en main, attelé ou non, devra se placer à gauche de l'animal de façon à apercevoir les voitures ou animaux qui se croisent ».

Jean Mahé se moque gentiment du nouveau pouvoir républicain : « Je sais bien, l'exemple venant du haut, que le char de l'État a des tendances à marcher toujours plus à gauche et que la droite est un sujet d'aversion aiguë ».

Et pour appuyer son argumentation, il fait parler les plus âgés, paysans et chevaux : « J'entendais, l'autre jour, les plaintes d'un vétéran des champs, de 65 ans, dont le cheval s'en allait lentement, alourdi par le poids de 25 années de travail : "Comment veux-tu, mon pauvre ami, que je conduise à gauche, je n'ai toujours connu que ma droite ... Tout ça c'est des changements qui ne disent rien, ce sont des conchennou" ».

Une autre réaction dans le même hebdo catholique rebondit sur les propos de Jean Mahé et propose avec humour une réécriture de l'arrêté contesté : « Art. 1er. - Les chevaux qui ne pourraient être conduits à gauche et par la tête, pourront l'être par la queue ».

En savoir plus : « Arrêté préfectoral sur le guide des chevaux à gauche, journaux locaux 1907 » ¤ 

On en profite pour publier quelques photos de ces chevaux qui, au moins jusqu'en 1945, avaient un rôle essentiel dans les exploitations agricoles d'Ergué-Gabéric, n'ayant pas encore été remplacés par les tracteurs Mc Cormick.

En savoir plus : « 1930-1945 - Des chevaux dans les exploitations agricoles » ¤ 



7 Le clairon de René Bolloré

« Vous étiez né pour souffler à pleine bouche dans le clairon héroïque, ou pour évoquer les pâles fantômes des temps qui ne sont plus » T. Gautier.

Billet du 06.01.2013, le premier de l'année 2013
Billet du 06.01.2013, le premier de l'année 2013

Avant de mettre sa publicité sur les cahiers de papiers à rouler, l'entrepreneur papetier René Bolloré créa des boites métalliques pour conserver au sec son papier à rouler. Ces boites portaient une illustration colorée d'un soldat fantassin français au clairon : capote bleue, pantalon rouge garance, képi rouge et bleu, brodequins et jambières en cuir ...

Nous avons découvert deux exemplaires de ces boites qui mesurent exactement 75cm x 40cm x 8 mm, l'une en excellent état à Ergué-Gabéric, l'autre un peu plus usagée en provenance de Toulon, cette dernière contenant encore du papier non gommé de l'époque.

Il semble difficile de déterminer la période précise de diffusion de ces boites, l'uniforme français restant inchangé en 1870 et en 1914 (il deviendra entièrement « bleu horizon » fin 1915). Par contre au dos de la boite, les trois drapeaux de la triple entente (France, Angleterre et Russie) y étant représentés, ces boites devaient être distribuées aux soldats français en 1914.

En savoir plus : « La boite métallique du fumeur poilu en uniforme garance de 1914 » ¤ 

Dans le n° 30 de la très belle revue « Micheriou koz » sur les métiers d'antan de Bretagne, ce sont les papetiers d'Odet et de Scaër qui sont à l'honneur. Yvon Goulm a composé le texte, avec les fonds iconographique et documentaire des services de communication Bolloré, des archives d'Ergué-Gabéric et de l'association Arkae. On y trouve notamment une rétrospective historique des deux papeteries et de leurs fondateurs, la vie de la cité de Keranna, la création des écoles privées de Lestonan, les témoignages de Marjan Mao et de Marianne Saliou ... On peut néanmoins regretter certains choix éditoriaux :

  • Pour la fondation de la papeterie d'Odet en 1822, il est fait mention d'une plaque inaugurale mentionnant un R.G. Bolloré qui n'a jamais existé. Cet ajout de nom factice à celui du vrai fondateur Nicolas Le Marié est une falsification qui date de 1930 dans le Livre d'or de René Bolloré (le même que celui mentionné ci-dessus pour le fantassin au clairon).
  • L'origine des photos n'est généralement pas précisée, notamment celles de la revue Réalités de 1949 (par ex. la page de couverture où l'on voit Yves Le Gars et son dynamomètre) prises à Odet par le grand photographe du Front populaire Isaac Kitrosser. De plus de nombreuses illustrations ne sont ni datées, ni localisées, ceci pouvant introduire des confusions entre les deux sites d'Odet et de Cascadec.
  • Les témoignages collectés depuis 2007 sur les techniques de fabrication et le savoir-faire papetier à Odet et Cascadec pour la période 1925-1960 n'ont pas été exploités, ni certains documents d'archives antérieurs.

En savoir plus : « GOULM Yves - Micheriou koz : Les papetiers d'Odet et de Cascadec » ¤