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1 Révolution à Kerveady

« Journal, s.m. : ancienne mesure de superficie de terre, représentant ce qu'un attelage peut labourer dans une journée  », Dictionnaire de l'Académie

L'Angélus de Millet  . . . . . . . . . . . . . . . Billet du 18.02.2012
L'Angélus de Millet . . . . . . . . . . . . . . . Billet du 18.02.2012

Le 12 avril 1789 les gabéricois inscrivaient dans leur cahier de doléances un article 8 très revendicatif : « Que le domaine congéable soit converti en censive ». Ce système de location des propriétés agricoles en vigueur en Basse-Bretagne avait un inconvénient majeur pour le domanier locataire : le propriétaire foncier - généralement d'obédience noble - du domaine pouvait le congédier moyennant uniquement le remboursement de la valeur des édifices et des arbres qui étaient la propriété "temporaire" du domanier.

En 1808 ce régime est toujours appliqué à Ergué-Gabéric, pour preuve ce document pour le village de Kerveady : « Jean Le Dors, lequel a déclaré tenir et profiter à titre de domaine congéable de et sous le sieur Joseph Hyacinthe De La Marche ». C'est le même gentilhomme de La Marche qui, en 1789, protesta contre la suspension du Parlement de Bretagne (cf blog de la semaine dernière).

Le grand intérêt de ce document est d'inclure systématiquement une double indication des mesures des bâtisses, des parcelles cultivées et des céréales prélevées, à savoir les dimensions en mètres et en pieds, les surfaces en ares et en journaux, et les quantités de céréales en litres et en boisseaux.

On y apprend notamment qu'une « journée à faucheur » vaut deux « journaux de laboureur » et qu'un boisseau d'avoine, mesure de Quimper, contient plus de décilitres qu'un boisseau de froment. Et qu'on se le dise, on a même retrouvé le fichier Excel utilisé par nos ancêtres arpenteurs :) !

En savoir plus : « 1808 - Mesurage et description de la tenue noble à domaine congéable de Kerveady » en [Fonds d'archives]

Le domanier de Kerveady devait également payer une redevance annuelle au nouvel État Français en surplus de celle due au propriétaire foncier. Ceci en contrepartie des « droits réparatoires », c'est à dire son titre de propriété sur les maisons (de chaume et d'ardoise), des crêches, granges, puits, jardins (courtil), cour à fumier (frambois), arbres plantés (chênes et châtaigniers, souches incluses). Un double loyer ou imposition en quelque sorte.

En savoir plus : « 1800 - Rente pour droits réparatoires par Jean Le Dorz de Kerveadi » en [Fonds d'archives]

2 Parlement de Bretagne

« Nous, soussignés, gentilshommes Bretons, composant l'Ordre de la Noblesse, pour assister aux États du pays et duché de Bretagne ... »

En 1788 le ministre de Loménie de Brienne impose son édit pour remanier l'organisation judiciaire du pays par la création des Grands Bailliages, et supprimer l'autorité des Parlements régionaux. En Bretagne il se heurte à une résistance de l'ensemble de la noblesse bretonne qui veut maintenir les spécificités et franchises de leur duché. Le 8 mai 1788, l'édit de séparation et de mise en vacances du Parlement de Rennes provoque un arrêté de protestation.

Le 3 janvier 1789, par un arrêt du Conseil d’État, le Roi suspend jusqu'au 3 février la séance des États de Bretagne. Il ordonne que les députés du Tiers État se retirent dans leurs villes à l'effet d'y recevoir de nouveaux pouvoirs. Les nobles signent alors une nouvelle protestation :

  • « considérant que les lois constitutives de l'assemblée nationale de cette province, étant la base la plus assurée du bonheur des peuples qui l'habitent, tout citoyen Breton doit être attaché à leur conservation plus qu'à la vie, autant qu'à l'honneur même ».

Parmi les signataires on note trois gentilshommes ou « tudchentil » gabéricois :

  • François Hyacinthe de Tinteniac : marquis et chevalier de Quimerc'h et du Cleuziou.
  • François-Louis de la Marche, père : seigneur de Lezergué, futur émigré en Guadeloupe.
  • Joseph-Hyacinthe de la Marche : seigneur de Botmeur, fils du précédent, et filleul du premier.

Billet du 12.02.2012

En savoir plus : « 1789 - Protestation de la Noblesse contre la suspension du Parlement de Bretagne * » en [Biblio] et [Archives]

La semaine prochaine nous verrons comment l'un des trois protestataires a pu éviter en 1808 la confiscation de ses biens sur Ergué-Gabéric, et comment il a continué à bénéficier d'une rente à titre de domaine congéable comme si la Révolution n'avait changé que peu de choses (soit par exemple le mesurage en mètres/centimètres et non en pieds du Roi et en pouces).

3 Sportifs des années 60

« Je ne voulais pas aborder la côte de l'arrivée à Stang-Venn en troisième position ...  », Marcel Floc'hlay, champion de Bretagne, 1965.

Créée en 1957 cette course cycliste de la « Vallée Blanche » (Stang Venn en breton !) a enchanté des générations de gabéricois. Quel beau souvenir que ce critérium de 1974 « en nocturne » avec la victoire du très populaire Raymond Poulidor !

Avant que l'épreuve soit ouverte aux professionnels, de grands amateurs ont inscrit leurs noms à son palmarès. Le plus célèbre d'entre eux fut Marcel Floc'hlay, le local de Gars-Alec en Ergué-Gabéric, fils du sabotier. En 1960, il avait réussi un exploit peu commun lors du week-end de la Pentecôte : remporter trois courses en trois jours (Plounévez-Lochrist, Caudan, Plonévez-du-Faou).

En 1961 il fut sacré champion de Bretagne des Indépendants. Et il le redevint en 1965, cette fois sur le grand circuit de la Vallée Blanche. En 1969, pour sa dernière saison, il offre à ses supporters un superbe Circuit de l'Aulne à Châteaulin, se classant quatrième, derrière trois coureurs Belges de renommée mondiale : Eddy Merckx, Eric de Vlaeminck et Jan Stevens.

En savoir plus en rubrique [Associations] : « TYMEN Hervé & ISTIN Marcel - Comité de la Vallée Blanche » ¤ « Marcel Floc'hlay (1934-1998), coureur cycliste » ¤ 

Dans un registre sportif également, et en complément d'articles déjà parus sur le club de foot de l'A.E.G., vous pourrez consulter la rétrospective publiée en 1995 pour son cinquantenaire : 28 pages de photos, résultats et anecdotes. Cerise sur le gâteau, un compte-rendu inédit en 1963-64 d'un match de derby, au cours duquel les deux équipes de la commune se sont affrontées. Et surprise, les Paotred, les favoris, furent battus par l'Amicale.

En savoir plus en rubrique [Associations] : « AMICALE ERGUÉ-GABÉRIC - 50 ans au service des jeunes à l'AEG » ¤ « L'AEG remporte le derby contre les Paotred, Le Télégramme 1963-64 » ¤ 

Billet du 04.02.2012

4 Histoire buissonnière

« Buissonnier, -ière : qui vit dans les buissons ; anal. manquement à une obligation ; métaph. vagabondage de l’imagination ». Trésor Langue Française.

Il faut vraiment être anglais pour nous décrire aussi bien cette France buissonnière entre la Révolution et la première guerre mondiale. Graham Robb, éminent historien britannique, a sillonné la France à vélo pendant des années, et grâce à une immense érudition universitaire, il a concocté une histoire inédite et vraie de la « France profonde »

À la fin de cette somme, dans l'index géographique, la commune d'Ergué-Gabéric a l'honneur d'y figurer. Ceci par le truchement du paysan bas-breton Jean-Marie Déguignet dont la destinée est citée abondamment sur plusieurs pages, et sert d'exemple pour la compréhension de l'évolution rurale de la fin du 19e siècle (pages 118-120), pour sa description du métier de mendiant (page 136) et pour la place des femmes dans les campagnes (page 145).

Il nous fait aussi cette mise au point utile sur le sens historique des Mémoires de Jean-Marie Déguignet : « L'édition moderne de ses mémoires fait vibrer la corde d'une vague nostalgie rustique et suggère que le livre aurait aussi bien s'intituler "Le Déclin de la France rurale". L'auteur est ici présenté comme un témoin du "début de la désagrégation de la société bretonne traditionnelle". Or ses mémoires racontent exactement le contraire. La société qui l'a vu naître a toujours été au bord de l'effondrement ... ».

Le livre de Graham Robb est étonnement truffé d'histoires « à la Déguignet » : de la caste des cagots, caqueux ou cacous de Biarritz, Bordeaux, Toulouse, Rennes et Quimper par exemple, ou alors les aventures des cartographes de Cassini ... Et quand on parlait de la France dans toutes ces régions, on désignait toujours ce territoire distant et étroit autour de Paris !

En savoir plus : « ROBB Graham - Une histoire buissonnière de la France »

Billet du 28.01.2012

Comme le signale le tout nouveau site Internet http://www.deguignet.eu de Bernez Rouz, un très beau livre d'Annick Le Douget, greffière au tribunal de Quimper, est sorti aux éditions Coop Breizh d'une part. Et d'autre part, les éditions Terre de Brume ont publié l'étude de Jean Guiffan sur l'affaire Dreyfus en Bretagne. Dans cet ouvrage, Bernez signe un encart mettant en scène le paysan bas-breton Jean-Marie-Déguignet, ses positions contre la peine de mort et son grand rêve : « pour une justice avec un grand J » : « LE DOUGET Annick - Crime et justice en Bretagne » et « GUIFFAN Jean - La Bretagne et l'affaire Dreyfus ».

5 Maire et franc-maçon

« Brohier François-Salomon. Avocat, propriétaire et maire. Revenu 4000 f. Caractère moral, attaché au gouvernement. Il est instruit ». De Miollis, préfet.

On le pensait bien que François-Salomon Bréhier, maire d'Ergué-Gabéric de 1808 à 1812, était initié et membre de la franc-maçonnerie dans les années pré-révolutionnaires. Mais sa parenté franc-maçonne, ses père, oncle, frères et cousins, était si nombreuse que personne n'avait encore pu démêler les liens généalogiques.

Bruno Le Gall et Jean-Paul Péron l'ont fait pour 179 francs-maçons quimpérois, dans une brillante étude parue dans le tout récent bulletin de la Société Archéologique du Finistère : Salomon Bréhier était bien inscrit comme « maître bleu » de la loge de « La Parfaite Union » en 1785 et 1787.

Sa position de procureur (avoué) du présidial l'amène à procéder comme expert sur la commune à toutes les estimations des Biens Nationaux confisqués à l'Église et aux nobles émigrés dans les années 1793-95. Il devient l'un des plus riches propriétaires fonciers et se domicilie dans la maison manale de Mezanlez où il décède en 1845.

Dans le cadre de l'adjudication du presbytère en 1796, il en devient propriétaire lors de sa vente aux enchères pour le prix de 1790 francs. Pendant 15 ans il demandera un loyer au recteur qui y habite, lequel devra organiser une quête auprès des paroissiens pour honorer son dû. Lorsqu'il devient maire, Salomon Bréhier vend ce presbytère à la commune pour 4.000 francs, avec la levée d'une imposition extraordinaire pendant 2 ans. Avait-il vraiment un « caractère moral » comme le disait le préfet ?

En savoir plus : « François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon »
et « LE GALL Bruno & PÉRON Jean-Paul - La franc-maçonnerie à Quimper »

Billet du 21.01.2012

6 Il y a tout juste 77 ans

« L'aspect de cette multitude anonyme, fervente et recueillie, avait un caractère véritablement émouvant sous le pâle soleil d'hiver » (L'Ouest-Eclair)

La foule entre l'église paroissiale et le cimetière
La foule entre l'église paroissiale et le cimetière

René Bolloré, deuxième entrepreneur papetier de l'entreprise familiale, était le grand-père de l'actuel président directeur général du groupe Bolloré.

Emporté à 49 ans par un cancer de la gorge, il décéda le mercredi 16 janvier 1935 dans son appartement parisien au 74 avenue Foch, assisté « pieusement » dans ses derniers moments par Soeur Yvonne Beauvais de Malestroit. Le jour de sa mort les usines furent fermées et elles le restèrent trois jours jusqu'à son enterrement à Ergué-Gabéric, auquel assistèrent tous ses employés.

Dans l'Ouest-Eclair on évoque, avec émotion et emphase, cet évènement important.

Le caractère paternaliste du patron est largement évoqué par les journalistes : M. René Bolloré n'oubliait pas ses devoirs de patron social. C'est ainsi qu'il fit construire des maisons ouvrières pour loger dans de meilleures conditions les familles de ses ouvriers, qu'il fit bâtir des écoles et des patronages, qu'il fonda des caisses de secours, etc... Il voulait que son personnel connût le plus de bien-être possible ».

Outre les très nombreux prêtres, personnalités et notables présents aux obsèques et nommés dans l'article, on note également une présence locale encore plus impressionnante de « gens du peuple » : les ouvriers de l'usine d'Odet portant à bras le cercueil, les porteurs du « drapeau du patronage » de la papeterie, une délégation des ouvriers de l'usine de Troyes avec leurs bannières, les ouvriers, employés et contremaitres des usines d'Odet et de Cascadec, d'innombrables cultivateurs de la commune, de « braves paysannes aux blanches coiffes » ...

En savoir plus : « Décès de René Bolloré, L'Ouest-Eclair 1935 »
et « 1935 - Photos des funérailles de René Bolloré »

Billet du 14.01.2012

7 Humeurs facétieuses

« La gendarmerie est sur les lieux, enquêtant à cet effet, et l'arrestation du coupable farceur ne saurait être qu'une question d'heures » (L'Ouest-Eclair)

Il y a quelques temps déjà, l'idée d'une signalisation en version bilingue française et bretonne des lieux-dits gabéricois avait été évoquée, et même des panneaux d'indication des bâtiments publics (« Mairie / Ti-kêr »), comme cela est coutumier dans les villes voisines.

Ici, on a affaire à un cas innovant et sympathique dans le quartier de Lestonan, à l'entrée du chemin de Beg-ar-Menez, sur une initiative locale accompagnée par des défenseurs de la langue bretonne, et déjà présentée dans les colonnes de la presse régionale :

  • un panneau triangulaire original à bande rouge, indiquant un danger potentiel inhabituel : un pépé avec sa canne et en « botoù-koad ».
  • un panonceau libellé uniquement en langue bretonne, avec une pointe d'humour bien sentie : « Diwall ! Kozh En e Roll ».

Quelle est la signification de ce texte breton ? Les deux 1ers mots ne posent pas de difficulté de traduction en français : « Diwall » pour attention et « Kozh » comme vieux. L'expression « En e Roll » est un tantinet plus idiomatique. Comme l'on dit en français « Animaux en liberté », on pourrait presque traduire par un « Attention ! Vieux en liberté ». Une invitation à ralentir pour les automobilistes bien plus culturelle et moins onéreuse qu'un radar !

En savoir plus : « Le premier panneau gabéricois de signalisation en breton »


Dans un genre équivalent, mais vieux de 100 ans : ce dimanche matin de janvier 1910, on ne put sonner les cloches à la grand messe car les marteaux des cloches de l'église avait été subtilisés par un citoyen non dénué d'une certaine instruction qui osa écrire des insanités contre le clergé en place.

En savoir plus : « La farce des cloches de l'église paroissiale, L'Ouest-Eclair 1910 » Billet du 06.01.2012