1636,1638 - Cession du village de Bohars d'Alain Kersulgar de Mezanlez à Guy Autret
Un article de GrandTerrier.
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Quatre documents du 17e siècle très bien conservés, issus d'archives familiales, impliquant deux personnalités nobles de la commune, Guy Autret de Lezergué et Alain de Kersulgar de Mezanlez, qui signent un contrat d’acquêt concernant le village de Boharz. La trace d'un double sceau de cire est toujours visible sur le document de 1638 relatant la proclamation des bannies | |||||||
Autres articles : « BERNARD Norbert - Guy Autret et l'église d'Ergué-Gabéric » ¤ « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ « Familles nobles gabéricoises » ¤ « 1736-1740 - Défense des droits de fief, de justices et de prééminences pour Lezergué » ¤ |
[modifier] 1 Présentation
Les documents étudiés sont extraits du fonds d'archives familiales « Le Roux-Cuzon » pour les villages de Kerellou et de Bohars. En septembre 1636, Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué, fait l'acquisition du village de Bohars (écrit Botgarz) dont les droits de chefrente La première constatation porte sur les conditions dans lesquelles ce contrat d'acquêt est annoncé officiellement aux habitants d'Ergué-Gabéric. Un sergent royal général d'armes se déplacent par 6 fois à la sortie des grands messes du dimanche et, perché sur les marches du calvaire du cimetière près de l'église, il fait sa proclamation : « Estant sur la grande croix du cimetière lire accoustumé à faire les bannies , [...] j'ay publié à haute voix en vulgaire langage breton et françois la teneur du contract d'aquest ». Outre les deux langues dites vulgaires, le breton et français, on remarquera les termes de « bannies » relatives à ces proclamations et expliquant l'origine de la formule de « publication des bans ». La seconde lecture des documents est relative aux protagonistes : Jan Le Masson, détenteur en domaine congéable du village de Bohars ; Guy Autret le Lezergué, l'acquéreur et prêteur ; les Kersulgar de Mezanlez, les vendeurs et emprunteurs. [modifier] 1.1 Jan Le Masson, convenancier de BoharsLe convenancier La chefrente de Bohars doit se règler à la Saint Michel, c'est-à-dire le 29 septembre, et est payable en nature, à savoir une trentaine de boisseaux de froment, autant en seigle, un peu plus en avoine, et quatre jeunes coqs châtrés, avec l'obligation d'utiliser le moulin noble de son seigneur. [modifier] 1.2 Guy Autret, de Lezergué, acquéreurGuy Autret de Missirien, seigneur de Missirien, Lesergué, Kergoz, etc., est né vers 1599 à Lezoualc'h en Goulien et mort à Paris le 3 avril 1660. Guy Autret laissa à son frère Yves le manoir et le titre de Lezoualc'h et préfèra s'établir à Lezergué en Ergué-Gabéric, héritage par alliance de son arrière-grand-père Jean Autret mariée à une Marie de Coatanezre (blason aux trois épées d'argent). Du côté de sa mère, Gilette du Plessis (descendante également des Coatanezre) il prit le titre de Missirien en Kerfeunteun. |
En 1635-40, la situation financière de Guy Autret est bonne, il rachète plusieurs manoirs et villages gabéricois, dont Kerfrez et Bohars. Le montant de l'acquisition du village de Bohars, précédemment propriété d'Alain de Kersulgar, se monte à 741 livres tournois [modifier] 1.3 Alain Kersulgar, de Mezanlez, vendeurLes Kersulgar détiennent le record de temps de présence sur le sol gabéricois : sept générations se sont succédées de 1426 à 1668 au manoir de Mezanlez. Un mystère persiste sur le lieu d'origine de cette famille. Dans l'armorial de Potier de Courcy on lit bien « KERSULGAR (DE), Seigneur dudit lieu, et de Mezanlez, par. d'Ergué-Gabéric ». Était-ce le lieu-dit éponyme de la commune du Drennec ? Les annotations des documents nous permettent de situer le décès d'Alain de Kersulgar vers 1645, car en 1638 il comparait en personne avec son fils François, et en octobre 1645 c'est le fils uniquement qui se présente devant le notaire de la cour de Quimper-Corentin. En 1636 la situation financière d'Alain de Kersulgar n'est pas florissante, il doit céder à son voisin Guy Autret la propriété du village de Bohars et contracter auprès de lui un emprunt sous forme de rente « constituée En pleine guerre européenne de Trente Ans, le système de rente constituée était le seul recours possible au crédit et du fait de la réévaluation de la livre tournois en 1636 de nombreux possédants comme les Kersulgar l'ont utilisé. Dans la seconde moitié du 17e siècle, Mazarin et Colbert vont s'attacher à favoriser les rachats de rentes constituées pour faire baisser les taux d'emprunt et atténuer le poids économique des rentiers. |
[modifier] 2 Transcriptions
[modifier] 2.1 Document n° 1 - 1636-39
[modifier] 2.2 Document n° 2 - 1636Folio 1 :
Folio 2 :
Folio 3 :
Note en marge gauche :
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[modifier] 2.3 Document n° 3 - 1636
[modifier] 2.4 Document n° 4 - 1638Folio 1:
Folio 2:
Folio 2:
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[modifier] 3 Documents originaux
Documents n° 1, 2 et 3 | |||||
Document n° 4 - 1638 | |||||
[modifier] 4 Annotations
- Bannie, s.f. : proclamation publique d'un ordre, d'une défense, d'une vente ; source : cahiers de doléances AD29. Proclamation par laquelle un seigneur a droit d'assujettir ceux qui sont dans l'étendue de sa seigneurie d'utiliser son four ou son moulin ; source : Dictionnaire du Moyen Français. Proclamation, publication, criée d'une adjudication, d'un prix, d'une vente, d'une vente forcée ; source : DMF. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3]
- Chefrente, s.f. : rente perpétuelle payable en argent ou en nature au seigneur suzerain par le détenteur d'un héritage noble. La chefrente était en principe immuable (Yeurch, histoire-bretonne). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1]
- Convenant, s.m. : qualifie un bail dans lequel le preneur acquiert la propriété des bâtiments qu'il a construits et des plantations qu'il a faites. Synonyme de bail à domaine congéable. Convenancier (ère), adj. : qui est relatif au bail à convenant ou congéable. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Tournois, thournois, adj. : désigne la monnaie de l'Ancien Régime frappée en argent, un sol valant un vingtième de la livre tournois. Le sol est lui-même subdivisé en 12 deniers. La livre tournois fut d'abord utilisée avant le 13e siècle à l'abbaye de Saint-Martin de Tours où l'on frappait des deniers dits "tournois". Source : Wikipedia [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05 4,06 4,07 4,08 4,09 4,10]
- Rente constituée, g.s.f. : appelée aussi constitution ou constitut, ce système s'est développé en France aux XVIIe et XVIIIe siècles pour pallier l'absence de système de crédit bancaire, la religion catholique interdisant de toucher des intérêts. La rente payée par l'emprunteur est changeable, garanti par un bien immobilier, remboursable par anticipation, et soumis à saisie au premier incident de paiement. Source Wikipedia [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 5,5 5,6]
- Régaires, s.m.pl. : administration en charge du domaine temporel d'un évêque, propriétaire et seigneur, au même titre que l'aurait été n'importe quel noble propriétaire d'un fief avec justice. Le plus souvent, ils provenaient de donations anciennes faites au cours des âges par des féodaux, qui souhaitant sans doute s'attirer des grâces divines ou se faire pardonner leurs péchés, avaient doté l'église de quelques fiefs avec les revenus en dépendant. Source : amisduturnegouet sur free.fr [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 6,0 6,1]
- Mezanlez, lieu noble en Ergué-Gabéric, propriété des Kersulgar pendant 7 générations entre 1426 et 1668. [Ref.↑]
- Kerveant, anciennement Kermzehoent, en Elliant, détenu par les Kersulgar, dont Alain (aveu du 17 mai 1540, ADLA, B 2031/2). [Ref.↑]
- Présidial, s.m. : tribunal de justice de l'Ancien Régime créé au XVIe siècle ; c'est en 1552 que le roi Henri II de France, désireux de renforcer son système judiciaire et de vendre de nouveaux offices, institue les présidiaux ; le présidial de Quimper-Corentin a été créé à cette date dans le ressort du parlement de Bretagne (Wikipedia). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 9,0 9,1]
- Issues, issue, s.f. : terre non cultivée d'un village servant à la circulation entre les habitations, les chemins et les champs ; les issues communes de villages pouvaient être utilisées par les plus pauvres pour faire "vaguer" leurs bestiaux ou ramasser du bois pour se chauffer. Lorsqu'un village est tenu en domaine congéable, les "issues et franchises" peuvent être incluses dans les aveux de déclaration des droits et rentes. Les inventaires et dénombrements contiennent également l'expression "aux issues" qui désigne l'éloignement par rapport au centre du village. Dans les descriptifs d'habitations, le terme "issues" désigne les portes et accès. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 10,0 10,1 10,2 10,3]
- Domaine congéable, s.m. : mode de tenue le plus fréquent en Cornouaille et en Trégor au Moyen-Age pour la concession des terres. Ces dernières constituent le fonds et restent la propriété des seigneurs. Par contre les édifices sont concédés en propriété aux domaniers par le propriétaire foncier (généralement noble) qui peut, en fin de bail, congéer ou congédier les domaniers, en leur remboursant la valeur différentielle des édifices nouveaux ou améliorés. Cela comprend tout ce qui se trouve au dessus du roc nu, notamment les bâtiments, les arbres fruitiers, les fossés et talus, les moissons, les engrais. Ce régime qui ne sera pas supprimé à la Révolution malgré les doléances de certaines communes bretonnes, sera maintenu par l'assemblée constituante en 1791, supprimé en août 1792 et re-confirmé en 1797. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Comble, s.f. et adj. : mesure de capacité pour les grains, probablement la mine comble, c'est-à-dire 6 boisseaux ; source : Dictionnaire Godefroy 1880. En région quimpéroise le terme comble est plutôt donné comme équivalent d'un grand boisseau comble, par opposition à un simple boisseau ras. Soit précisément 67 litres pour le froment, 82 pour le seigle, et 80 pour l'avoine [¤source : Document GT de 1807]. La comble se distincte de la raze ; le terme est utilisé aussi comme adjectif pour préciser que la hauteur en son milieu dépasse le bord de récipient de mesure, par opposition à l'adjectif "rase". [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 12,0 12,1 12,2 12,3 12,4 12,5]
- Chapon, s.m. : jeune coq chatré. Source : Dictionnaire du Moyen Français. Utilisé comme moyen de paiement de rentes ou redevances. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 13,0 13,1]
- Tabellier, tablier, s.m. : synonyme de tabellion, notaire, officier public qui faisait les fonctions de notaire dans les juridictions subalternes et seigneuriales ; source : Littré. Étude, bureau d'un notaire d'un tabellion ; source : glossaire de la langue romane, vol 2. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Rabine, s.f. : allée de grands arbres plantés sur l'avenue d'une maison de noblesse et de quelque monastère ; source : Dom Pelletier. Ce mot existe en breton avec la même prononciation ; source : dictionnaire gallo de cc-duguesclin. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Pourpris, s.m. : enceinte, un enclos et parfois une demeure, dans la France de l'ancien régime, et par métonymie l'espace ainsi entouré, c'est-à-dire le jardin. La réalité désignée dépasse celle d'un simple jardin en ce qu'elle recouvre les différents éléments d'un domaine physiquement bien délimité et fermé (mur, fossé, etc.). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Champart, s.m. : redevance seigneuriale, proportionnelle à la récolte. Droit féodal qu'a le seigneur de lever une partie de la récolte de ses tenanciers ; [¤source : Dictionnaire du Moyen Français]. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Insinuation, s.f. : en droit ancien, inscription d'un acte sur un registre, qui lui conférait son caractère authentique. Source : Dict. de l'Académie. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 18,0 18,1 18,2]
Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens Date de création : mars 2007 Dernière modification : 29.01.2013 Avancement : [Développé] |