Le Finistère :
Ergué-Gabéric. Un lock-out [1] à Kerdévot
Mardi dernier, les quarante ouvriers de la mine d’antimoine de Kerdévot, en Ergué-Gabéric, ont menacé de faire grève si leurs salaires n’étaient pas relevés.
Les mineurs ont demandé 36 francs par jour, au lieu de 22 francs, et les manœuvres, 25 francs, au lieu de 18 francs.
Le chef d’exploitation a aussitôt soumis par télégramme ces revendications au directeur de la mine, qui a répondu par la même voie de suspendre les travaux.
On dit que le travail serait repris dans un mois environ, lorsque l’installation de machines, actuellement en cours, sera complètement terminée.
Le personnel de la mine est fort heureusement composé, en majeure partie, d’ouvriers agricoles et de carriers qui, souhaitons-le pourront trouver du travail dans la région. L’ordre n’a pas été jusqu’ici troublé.
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L'Ouest-Eclair :
Ergué-Gabéric. Un lock-out [1] aux mines d'antimoine de Kerdévot.
40 ouvriers des mines d'antimoine de Kerdévot, présentèrent le 11 octobre courant, à leur chef d'exploitation, une demande de relèvement de leur salaire, tendant à accorder aux mineurs 36 francs par jour au lieu de 22, et aux manœuvres, 25 francs au lieu de 18. Le chef d'exploitation ayant demandé par télégramme, des instructions à la direction de la mine, il lui fut répondu par la même voie de suspendre le travail.
Il en a été ainsi fait, et actuellement les mines sont désertées. Que vont devenir les 40 travailleurs et leurs familles ? Le directeur de la mine, interrogé aujourd'hui, a déclaré avoir seulement suspendu le travail pendant un mois pour permettre l'installation de diverses machines. Au bout de cette période, la mine serait rouverte. Le personnel composé en majeure partie, d'ouvriers agricoles et de carriers, trouveront d'ici là, nous l'espérons, du travail dans la région.
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Le Progrès du Finistère, 15.10.1927 :
ERGUÉ-GABÉRIC
TRAVAIL SUSPENDU. - Mardi dernier, les 40 ouvriers de la mine d'antimoine de Kerdévot, demandaient que les salaires journaliers des mineurs soient portés de 22 francs à 36 francs, et ceux des manœuvres de 18 à 25 francs.
La direction de l'exploitation de la mine, à qui ces revendications ont été transmises par voie télégraphique, a répondu, par la même voie, de faire suspendre les travaux.
Jusqu'à présent l'ordre n'a pas été troublé, et l'on espère que d'ici un mois, lorsque l'installation des machines actuellement en cours sera terminée, tous pourront retrouver leur travail. L'on espère également que, d'ici-là, les ouvriers et manœuvres actuellement sans travail à la mine, trouveront à s'employer aux travaux de la culture, presque tous étant des ouvriers agricoles.
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L'Humanité, 14.10.1927 :
Un lock-out dans une mine d'antimoine du Finistère
Dernièrement les ouvriers de la mine d'antimoine de Kerderot en Ergué-Gabéric, avaient demandé une augmentation de salaires.
Devant le mutisme de la direction, la grève fut envisagée. Dès que le patronat eut connaissance de cette décision, il lock-outa les ouvriers et arrêta les travaux.
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L'Humanité, 16.10.1927 :
Les batailles en cours
Les mineurs de Kerdévot sont lockoutés pour avoir demandé une augmentation de salaire
La Société des Mines de la Lucette exploite une mine d'antimoine à Kerdevot (Finistère).
Les ouvriers, au nombre de 40, étaient payés jusqu'à ces derniers temps 17 fr. 20 par jour. Ce chiffre parait incroyable au moment où le prix de la vie est si élevé et on se demande comment ces ouvriers pouvaient vivre eux et leurs familles.
Cette situation devenant tout de même intenable, ils demandèrent une augmentation de salaire ... qui devait porter à 4 francs le taux horaire de l'ouvrier du fond. Augmentation tout à fait justifiée qui aurait fait des journées de 32 francs, et non de 36, comme le disent les journaux locaux.
Forts de leur bon droit, les mineurs donnèrent 3 jours au patron pour répondre. Le directeur conçut un grand ressentiment à la pensée que ses ouvriers demandaient des salaires leur permettant de vivre. Il descendit lui-même de la Lucette à Kerdévot, fit passer tous ses ouvriers à la caisse et lock-outa la mine.
Pour ne pas vouloir diminuer ses bénéfices le patronat jette ainsi brutalement à la rue 40 ouvriers, presque tous pères de famille, et en plein chômage.
Qui donc va leur venir en aide ? Où iront-ils s'embaucher ? La caisse de secours pour laquelle ils ont versé 4 fr. 50 p. 100 de leur salaire les aidera-t-elle ?
Cependant déjà le directeur fait dire par la presse à tout faire que la fermeture de la mine n'est pas une conséquence de la demande d'augmentation des salaires, mais qu'il a « seulement suspendu le travail pendant un mois pour permettre l'installation de diverses machines. Au bout de cette période, la mine sera rouverte. »
Mais pendant ce temps que doivent manger les mineurs ? D'autre part, l'installation des nouvelles machines ne va-t-elle pas avoir pour conséquence une diminution du personnel ?
Aux ouvriers, qui malheureusement n'ont pas encore compris la nécessité du syndicat, à s'organiser sans plus attendre. Tous unis, ils sauront imposer des salaires leur permettant de vivre.
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