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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Sommaire


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1 Des cabanes et des penn-ti

(*) « Penn-ti, s.m. : littéralement "bout de maison", désignant les bâtisses, composées généralement d'une seule pièce, où s'entassaient avec leur famille les ouvriers agricoles et journaliers de Basse-Bretagne. Le penn-ty désigne par extension un journalier à qui un propriétaire loue, ou bien à qui un fermier sous-loue une petite maison et quelques terres. L'appellation est donc synonyme d'une origine très modeste ».

Billet du 15.09.2013
Billet du 15.09.2013

Au menu un dossier composé de 3 lettres au préfet, d'une pétition (110 signataires) et d'une liste de souscriptions (196 donateurs), et conservé aux Archives Départementales du Finistère, en série O. Nous publions également une lettre écrite à l'évêque, conservée aux Archives de l’Évêché de Quimper, qui mentionne la lettre-pétition au préfet.

La première lettre est écrite en 1840 par le maire René Laurent, à une époque où il croit encore au projet de déplacement du bourg sur les terres de Lestonan. Il en défend le confort des fontaines en vantant leurs eaux très potables et jamais taries. Pour appuyer sa démonstration il annonce précisément les débits à l'heure et à la journée : « seize litres par minute ou 23.040 litres par vingt quatre heures » et « par minute huit livres d'eau très potable ».

La seconde lettre écrite par son adjoint Hervé Lozac'h, tout en critiquant les détails du projet, déplore les violences et les « rixes »  : « si le projet seul dont il s'agit a soulevé tant de haines et de divisions parmi nous, jadis si unis et si paisibles, qu'arrivera-t-il lorsque la majorité des habitants verra porter la main sur tout ce qui est vénéré par elle depuis temps immémoriaux ».

Hervé Lozac'h et ses amis font éditer un tract contre le projet (cf article « 1840 - Un tract d'opposition au déplacement du Bourg Chef-lieu  »), et une pétition (cf texte transcrit ici) qu'il adresse au préfet. Au total 43 personnes signent la pétition et 67 forment une croix face à leur nom.

Du côté des partisans du projet, il y a une collecte de fonds qui est organisée pour supporter les frais du déplacement du bourg, et également 196 personnes signent la souscription (nous n'avons repéré aucun nom qui serait aussi parmi les pétitionnaires) avec le montant de leur paiement : en moyenne 50 francs, avec un record de 2000 francs pour Nicolas Le Marié, le patron des papeteries d'Odet-Lestonan.

Tout oppose les deux populations. Plus qu'un conflit ancestral de voisinage entre le bourg et le quartier de Lestonan, qu'on pourrait qualifier de « guerre des boutons », il s'avère que la scission avait des origines sociales, conformément à ce que nous révèle le texte central de la pétition : « Eh ! bien, Monsieur le Préfet, que l'on interroge consciencieusement un à un, ceux qui sont chefs d'exploitation, ceux qui paient l'impôt, c'est-à-dire les vrais cultivateurs et contribuables qui sont portés pour charrettes et attelages au rôle de prestation en nature, et l'on verra où se trouve loyalement le vœu de la majorité qui certainement ne peut ni ne doit être exprimé sincèrement par les habitants de ces nombreuses cabanes ou pentys (*), qui ne paient aucun impôt, n'ont aucune arrache au sol, ceux à qui l'on fait dire tout ce que l'on veut ».

Le projet social sera finalement abandonné.

En savoir plus : « 1842 - Lettres et pétition pour et contre la translation du Bourg »

2 Memorie di un Contadino

« La seconda guerra di indipendenza italiana o campagna d’Italia del 1859 secondo la terminologia francese è un episodio del Risorgimento »

La campagne ou guerre d'Italie de 1859, correspondant à la deuxième guerre d'indépendance italienne, voit s’affronter l’armée franco-piémontaise et celle de l’empire d'Autriche, le tout dans un contexte global de Rigorgimento (mouvement idéologique et politique italien qui, dans la première moitié du 19e siècle, renversa l'absolutisme et réalisa l'unité nationale).

La conclusion du conflit en 1860 permettra la réunion de la Lombardie au royaume de Piémont-Sardaigne et pose la base de la constitution du royaume d’Italie.

En fait la France et son empereur Napoléon III se devaient d’intervenir en faveur du Piémont, leur allié, car ce dernier avait prêté main forte à la coalition franco-britannique lors du conflit en Crimée contre les Russes.

Jean-Marie Déguignet a très bien raconté sa campagne d'Italie, ce dans les deux éditions de ses mémoires : en 1905 les premiers cahiers manuscrits publiés par Anatole Le Braz dans la Revue de Paris, et en 2001 un deuxième jeu des cahiers complètement réécrits. Ces récits de ces deux éditions se recoupent souvent, et se complètent aussi pour certains détails.

Ainsi on peut lire dans les deux textes, ainsi que sur la carte et dans le résumé daté de l'itinéraire :

  • A. L'entrée en guerre du 26e régiment d'Infanterie, en train et à pied depuis le fort d'Ivry jusqu'au port de Toulon.
  • B. L'arrivée en Italie à Livourne, et l'accueil chaleureux du peuple toscan.
  • C. L'arrivée à Florence en même temps que le prince « Plomb-Plomb », avec des échos de la bataille de Magenta.
  • D. La traversée de la montagne des Apennins, et le campement non loin du lieu de la bataille de Solferino.
  • E. Les quartiers d'hiver en garnison à Bergame, et médaille militaire de la campagne d'Italie.
  • F. Retour en France en passant par Suze et le Mont-Cenis.

Jean-Marie Déguignet se sent solidaire de ses alliés : « C'était un véritable délire patriotique et de liberté qui était au cœur de ces gens. Victor-Emmanuel venait d'adresser aux Toscans un chaleureux appel aux armes pour chasser de chez eux les étrangers, les Autrichiens, qui les spoliaient et les tyrannisaient de si longtemps. Il les conviait à la grande union de tous les peuples italiens ; il les invitait à unir leurs efforts aux soldats piémontais, et aux braves et invincibles soldats de la grande nation unie, la France, l'émancipatrice des peuples opprimés ».

En savoir plus : « La campagne pour l'indépendance italienne en 1859 par Jean-Marie Déguignet » et « DÉGUIGNET Jean-Marie - Memorie di un contadino » Billet du 08.09.2013


3 Chroniques estivales 2013

« Memorioù ar re gozh hag istor ar barrez an Erge-Vras, e bro c’hlazig, e Breizh-Izel » : Histoire et mémoires d’une commune de Basse-Bretagne.

La page de couverture du nouveau Kannadig est consacrée à la mise en valeur de certaines pièces méconnues de notre patrimoine, et qu'on pouvait visiter les dimanches des mois de juillet et août :

  • La chapelle de St-Guénolé, avec ses magnifiques sablières, qui mériteraient bien d’être restaurées comme l’ont été les 6 statues de ses saints protecteurs.
  • La chapelle de St-André, avec sa cloche unique de 1854 et son parrainage par le papetier Nicolas Le Marié.

Et bien entendu ce ne sont là que les deux premiers articles de ce bulletin.

Comme à l’accoutumée, les 26 pages rassemblent la diversité des articles publiés sur le site Internet depuis juin dernier :

  • Des sablières sculptées Renaissance
  • La cloche de St-André parrainée par Nicolas Le Marié
  • Une cité ouvrière d’un architecte du 20ème siècle
  • Les premiers occupants de Keranna-Odet
  • Souvenirs de 1912 au Maroc par Fanch Ster Kozh
  • La pétition de Mme Veuve Le Ster de Stang-Venn
  • Jacquette commerçante et buraliste au Bourg
  • Croquis et photo de deux calvaires mis à l’encan
  • Les ballades gabéricoises de Louis Le Guennec
  • La fontaine du salaisonnier de Coutilly
  • Abattage de l’ancienne rabine du Cleuyou
  • Cinq anciens moulins du quartier d’Odet
  • Marc-Antoine Baldini peintre à Kerdévot
  • Le cantique de l’Enfer d’Alain Dumoulin
  • Une carte communale au 1/10.000
Téléchargement et lecture en ligne du bulletin : « Kannadig n° 23 » Billet du 31.08.2013

Nota:
  • L'envoi à domicile des bulletins Kannadig par voie postale se fera dans les prochains jours.
  • Et annonçons aussi la sortie imminente à la mi-octobre prochain du nouveau livre d'histoire et de mémoires de notre ami Pierrick Chuto. Jusqu'à présent il avait consacré ses deux premiers ouvrages aux communes de Guengat et de Plonéis. Dans le 3e il nous propose une institution quimpéroise sous le titre « Les exposés de Creac'h-Euzen - Les enfants trouvés de l'hospice de Quimper au 19e siècle ». Allez vite réserver votre exemplaire sur le site Internet http://www.chuto.fr (réduction substantielle avant le 30 septembre).


4 Une cloche nommée Louise-Marie

« Dans le cadre de la découverte estivale du patrimoine gabéricois, la chapelle de St-André est ouverte dimanche 25 août 2013 de 14H30 à 18H15 ».

Allez voir cette petite chapelle rurale dont il faut préserver les richesses. Vous y verrez notamment une très belle cloche, finement ciselée, réalisée par un fondeur quimpérois, et parrainée par Nicolas Le Marié, fondateur papetier de la future société Bolloré.

L'instrument, daté de 1854 et réalisé par le fondeur Jean de Quimper, porte l'inscription : « LOUISE-MARIE. Parrain et marraine : Nicolas LE MARIE , Louise LE CORRE. Recteur : Monsieur PALUD. Trésorier : Michel FEUNTEUN. JEAN, Fondeur à Quimper. 1854 ».

Cette cloche d'airain est vraiment de très belle facture :

  • Le joug de bois et les anses sont toujours accrochés à son sommet, et moyennant un nouveau battant elle pourrait sonner de nouveau.
  • Les motifs ciselés sont d'une part une sainte aux bras écartés et en tunique ample, et d'autre part une croix forgée avec des motifs en cercles.
  • Les cerclages en bosse et les inscriptions de l'épigraphe sont pleinement marqués et lisibles.

Les personnes citées sur l'épigraphe sont :

  • Louise Le Corre, la marraine ; Laurent Palud, le recteur ; Michel Feunteun, le trésorier de la fabrique de St-André et futur maire ; Jean, le fondeur maître saintier de Quimper.
  • Et bien sûr Nicolas Le Marié, le fondateur de la papeterie voisine d'Odet. L'abbé André-Fouet disait de lui : « C'était un chef d'intelligence, un chrétien austère, un homme bon ». Théodore Botrel le glorifie aussi dans son poème de 1922 : « Chantez, d'abord, l'Ancêtre vénérable, Le fier Penn-Ti, cœur d'or et front d'airain ». Sa simplicité lui a fait choisir une petite chapelle rurale pour être le parrain de son unique cloche.

En savoir plus : « La cloche Louise-Marie de la chapelle de St-André parrainée par Nicolas Le Marié »


À la chapelle de St-André il y a aussi cet oculus en forme de quadriskell restauré l'année dernière. Sur GrandTerrier, nous avons complété cet été l'enquête sur les autres ornements de ce style dans les chapelles voisines ou plus éloignés, avec en prime le motif celtique sur un lit-clos ancestral du Musée Breton de Quimper.

En savoir plus : « Le quadriskell ou hevoud de la chapelle de St-André » Billet du 24.08.2013


5 Occupants de la cité de Keranna

« Mme Rannou étant veuve sera mutée en 1954 au foyer n° 1 du n° 72 Nord et remplacée par ma belle-mère veuve d'Henri Gourmelen ».

La cité d'ingénieurs et d'ouvriers de Keranna est constituée de 18 logements construits en 1917-18 par le papetier René Bolloré, avec l'aide de son ami l'architecte nantais René Ménard, ce type d'habitat étant généralement désigné par les architectes comme des « habitations individuelles regroupées en bandes », chaque bande étant une rangée de maisons mitoyennes, ici au nombre de 3 autour du U central.

Quand on a demandé à Henri Le Gars s'il se souvenait des premiers habitants des « bandes nord, est et sud », il a très vite pris son stylo et des feuilles de classeurs pour dresser la liste de ces familles, mais aussi de leurs successeurs jusqu'à nos jours.

Il nous a appris au passage que, lorsque les logements étaient gérées par la société Bolloré, on désignait chaque logement par le nom de famille des occupants et par la couleur des boiseries extérieures des portes et volets qui était différente d'une maison à l'autre. Ainsi sur la « bande nord » on avait successivement, d'ouest en est, les maisons rouge (Cartel, Castric), jaune (Provost-Le Gars), bleu (Bonjour-Le Grall), vert (Niger-Rannou), rouge (Gourmelen-Le Dé), rose (Le Page-Léonus).

Pour faciliter le travail d'Henri Le Gars nous lui avons proposé d'identifier les logements par leurs n° de parcelles au cadastre (cf plan d'ensemble). À la lecture de sa rétrospective retranscrite dans l'article, on note :

  • Au total 150 personnes (98 au nord, 50 à l'est, 96 au sud) ayant habité ces lieux entre 1917 et 1980 sont citées nommément, si l'on inclut les enfants mentionnés. Si les maisons étaient bien au nombre de 18, elles étaient en majorité découpées en deux parties, soit à gauche et droite d'un escalier, soit en bas au rez-de-chaussée et en haut au 1er étage, ce qui fait qu'au total 28 foyers familiaux y étaient hébergés.
  • Les noms de jeune fille des épouses sont importants car plusieurs foyers de Keranna étaient liés par des mariages. Les habitants pratiquaient la solidarité vis-à-vis des anciens, car il n'était pas rare que plusieurs générations soient obligées de cohabiter dans une partie de logement, souvent à l'étroit.
  • La plupart des occupants occupaient une place de direction, d'encadrement ou de confiance dans l'entreprise ; ils étaient directeurs, chefs électricien ou d'entretien, cadre administratif, chauffeur, cuisinière, sténo-traductrice, sage-femme ... Le mot « mutations » est utilisé pour désigner les mouvements d'un logement à l'autre, car elles étaient validées par le propriétaire de la cité, à savoir le patron de la papeterie Bolloré . . .

En savoir plus : « La généalogie de la cité de Keranna par Henri Le Gars »


Profitons pour signaler une annonce inédite de 1937 publiée par le boulanger du village d'à-côté, à savoir le vieux Fanch Ster, lequel y évoque des souvenirs de sa participation en 1912 à la « guerre oubliée » du Maroc où il est atteint de paludisme et de bronchite.

En savoir plus : « Souvenirs du Maroc de Fanch Ster Koz, boulanger à Stang-Venn, Ouest-Eclair 1937 »

Billet du 18.08.2013


6 Des sablières fantastiques

« La chapelle de St-Guénolé est ouverte les 3 premiers dimanches en juillet et août 2013 de 14H30 à 18H15, et donc les 11 et 18 août prochains ».

Allez rendre une visite à cette chapelle, aujourd'hui dimanche et/ou dimanche prochain. Vous y verrez le travail de rénovation effectué cette année sur les six statues, et redécouvrir les quatre magnifiques sablières de plus de 3 mètres chacune, avec au total 50 figures sculptées et peintes de profils animaliers et humains.

Les chanoines Paul Peyron et Jean-Marie Abgrall les décrivent ainsi : « Dans la partie est de la nef et des bas-cotés, sont des sablières sculptées avec beaucoup d'art, dans le genre de la Renaissance, présentant des animaux fantastiques agrémentées de feuillages et d'arabesques, puis des profils de soudards, lansquenets, mousquetaires et autres ».

Pour apprécier leur beauté il faut lever la tête, avoir de bons yeux ou un bon appareil photographique. Lorsqu'on en voit les détails, on remarque nettement la dégradation de certaines figures, le bois étant piqué ou même ébréché par endroits : une restauration s'imposerait.

En 1974 les boiseries et peintures ont déjà fait l'objet d'un entretien complet, sous le pinceau de l’Abbé Dilasser, membre de la Commission d’Art sacré. Un sculpteur local, Laouic Saliou, a aussi contribué à la rénovation de certaines pièces.

Néanmoins, la beauté de l'ensemble est aujourd'hui encore remarquable. Les animaux sont diaboliques, des corps de chiens allongés ou de dragons, ou alors des oiseaux aux ailes déployées. Comme dans une scène de l'enfer, certains monstres engloutissent dans leur gueule les bras d'hommes.

L'allure générale des humains fait penser à des soldats. Les chapeaux à plume de certains semblent indiquer des mousquetaires ou des lansquenets. D'autres personnages, aux bras nus, portent des toges amples. Côté sud, on note une sorte de tête d'ange triste avec un col bouffant. À l'intersection de chaque entrait ou poutre transversale de la nef, il y a un engoulant, une gueule dentée rouge de monstre qui avale la poutre. Aux extrémités où il n'y a pas de poutre, et sur les sablières des bas-côtés, une gueule ouverte proéminente est également présente.

De quand datent les sablières ? Du 16e siècle lors de la fondation de la chapelle ? De 1679 à l'occasion de la rénovation du lambris ainsi que l'indique l'inscription au plafond du bas-côté sud : « Faict par Laurens Balbous et Yvon Iaovhen 1679 » ? Ou alors bien plus tard, voire même au 19e siècle avec une inspiration de style Renaissance, lors de travaux ultérieurs ? Avec peut-être le soutien de l'évêque Charles Nouvel de la Flèche (1814-1887), surnommé « An Eskop du », qui fit apposer son blason « PAX » entre les sablières ?

En savoir plus : « Les sablières  » et « Les statues de la chapelle de Saint-Guénolé » (avec photos de 2007 et 2013)

Billet du 11.08.2013


7 Jacquette, buraliste au bourg

« Les bureaux de tabac sont aujourd'hui signalés par une carotte de tabac, un enseigne rouge allongée qui ressemble à une carotte. Cette forme a été choisie en référence au fait qu'autrefois, le tabac était vendu en petits rouleaux qui, comme des carottes, étaient râpés aux extrémités ».

Cette semaine un document présentant le fonds de commerce de Jacquette Porchet, modeste débitante de tabac, textiles et beurre au bourg d'Ergué-Gabéric, après son décès en 1766.

Cet inventaire unique faisant partie d'une liasse de 95 documents avait été repéré par les archivistes René-François Le Men et François-Marie Luzel dans leur « inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1789 », et relevé également par le mémorialiste Louis Le Guennec.

A la lecture du document, on constate effectivement que son fonds de commerce diversifié est intéressant à plus d'un titre :

  • Les différents conditionnements du tabac : en rouleau (« un rolle de tabac ou bougie ») ou en carotte, ou en poudre (tabac à priser). La carotte était un petit rouleau écorné à chaque bout.
La livre de tabac en poudre est conservée dans un « pot de terre de Locmaria », et pour peser la marchande de servait de « mesures de fer blanc pour le tabac ». L'acquéreur du gros rouleau est invité à « faire sa déclaration au bureau de tabac ». Par ailleurs on dénombre aussi « seize pippes ».
  • Les types de textiles. Les vêtements les plus courants sont les chemises et coiffes de chanvre, et les « jupes de berlinge », ce tissage de chanvre et de laine étant spécifique à la Cornouaille du 18e siècle. Le chanvre est vendu aussi sous forme d'écheveau.
On trouve des tabliers en « étoupe », lequel tissu n'était pas tissé, mais constitué de fibres grossières de chanvre. On dénombre également des tissus dépareillés dénommés « pillots », nom dérivé du mot breton « pilhoù » désignant les chiffons. Et aussi, pour garnir les lits clos ou « à clisses », des couettes et traversins.
  • La nourriture. L'épicerie n'est constituée que de beurre, de noix et d'eau de vie. Le beurre est conservé en pots ou en « écuellée ». Les noix stockées dans une « pannerez » sont au nombre de 200 environ.
  • Les ustensiles. Le « baillot » ou « baye » qui servait à conserver le lard ou faire la lessive (« faire buée ») est l'élément domestique le plus présent. On trouve aussi des « tasses de fayance », des « bassins d'airain », des écuelles, des « terreries », des chaudrons ...

En savoir plus : « 1766 - Scellés et vente des biens de Jacquette Le Porchet, marchande du bourg »

Billet du 03.08.2013


8 Gwerz an Ifern, cantique de l'enfer

« An ifern a zo ur plaç leun a devaligen, eleac’h ne veler jamaes ar biana sklerigen » (L’enfer est un endroit de ténèbres sans la moindre petite clarté).

Voici un célèbre cantique, figurant dans le Barzaz Breiz de Théodore de la Villemarqué, qui fut un des cantiques les plus populaires chantés dans les églises et chapelles bretonnes depuis des siècles, et dont les 24 strophes furent publiées en 1805 par Alain Dumoulin (1748-1811), recteur réfractaire à Ergué-Gabéric au moment de la Révolution.

Cette gwerz représente une version très primitive et imagée des tourments de l'enfer, destinée à effrayer les populations :

« Corf an dud-ze milliguet a vezo tourmantet
Gand ar serpantet cruel ha gant an drouc-speret ;
En tan e vezo ruillet o c'hic hac o eskern,
Evit ma teving creoc’h e fournes an Ifern
 »

(et leur peau de ces gens maudits sera tourmentée par des serpents cruels et l'esprit malin ; et leur chair et leurs os seront jetés au feu, pour alimenter la fournaise de l’enfer)

De la Villemarqué précise que son auteur serait un prédicateur connu : « On l’attribue tantôt au père Morin, qui vivait au quinzième siècle, tantôt au père Maunoir, qui vivait au dix-septième ; toutefois il ne se retrouve pas dans la collection imprimée des cantiques de ce dernier ».

Il mentionne une publication avant les écrits de Julien Maunoir sans préciser laquelle. Et il conclut : « la langue en est moins pure, l’allure moins franche, l’ensemble moins empreint de rudesse primitive. J’ai donc cru devoir suivre la version populaire ».

Par ailleurs, dans une étude historique sur les cantiques bretons, publiée en 1905 dans la revue Feiz ha Breiz, un missionnaire breton constate l'existence de la gwerz dans 2 recueils de 1712 et 1767 de Grégoire de Rostrenen et dans le « Hent ar barados » d'Alain Dumoulin, tout en attribuant la paternité d'origine au prêtre réfractaire.

Différentes de celle du Barzaz Breiz, les deux versions de Dumoulin et de Grégoire de Rostrenen commencent de façon presque identique par un « Diskennomp oll a speret en ifern da velet » ou « Diskennomp oll hor speret en ifern da velet » : Descendons tous en (votre) esprit dans l'enfer. À comparer aussi avec la pièce satirique de Jean-Marie Déguignet parue dans ses Mémoires de paysan bas-breton : « Diskenit ol d'an ifern canaillez da wuelet » (Descendez tous en enfer, canailles, un peu voir ...).

Emile Souvestre, dans l'édition de décembre 1834 de la Revue des deux mondes, a présenté des textes traduits en français du cantique, travail confirmant que la version du Barzaz Breiz n'en est qu'un extrait réduit et expurgé, et que les versions publiées par les prêtres étaient plus proches de sa réelle diffusion.

En savoir plus : « Gwers an ifern ou le cantique de l'enfer d'Alain Dumoulin » Billet du 27.07.2013


9 Une fontaine à l'abandon

« Si tu manques de calebasse, ne barre pas la route de la fontaine » (*), proverbe bamiléké-bafoussam, Cameroun.

En ce début 2013 les hauts arbres de la parcelle située derrière les Caves express au Rouillen ont été coupés sur requête de la société EDF pour la protection de ses lignes haute tension.

Cette opération a dégagé la vue sur la fontaine de Coutilly, laquelle est maintenant menacée d'être complètement envahie par les ronces.

Il s'agit une fontaine privée, située près d'un ancien moulin au confluent du Jet et de l'Odet, non loin du château du Cleuyou, et dépendant de l'ancienne propriété du salaisonnier Jean Gouiffès. Il est vraisemblable que le bâti de cette fontaine ait été monté dans les années 1930-50 par le propriétaire des lieux.

La partie haute est surmontée d'une pierre gravée en bosse, ressemblant à un blason ornementé d'un motif de boule ou boulet. Les pans du toit sont finement ornés de quatre fleurons de pierre ouvragée.

Jusqu'en avril de cette année, il y avait dans cette fontaine une statue en faïence d'une vierge à l'enfant, laquelle a été détruite par des jets de pierre d'enfants.

La parcelle étant non close et accessible à pied par le public, ne serait-il pas judicieux que le services des espaces verts de la commune proposent aux propriétaires actuels un entretien de l'entour de la fontaine, avant qu'elle ne disparaisse à jamais dans les broussailles ?

Ne mériterait-elle pas en 2013 d'être réhabilitée par le service du patrimoine gabéricois et protégée contre le vandalisme et l'envahissement des ronces ?

De plus la fontaine est à l'entrée de la commune sur la rive gauche de l'Odet dont les abords ont été nettoyés, et pourrait être un emblème patrimonial et touristique.

En savoir plus : « La fontaine de la propriété du moulin de Coutilly » Billet du 19.07.2013

Nous en profitons pour initier une fiche biographique de cet héritier de son père et grand-père, charcutiers au 4 avenue de la gare de Quimper, lequel créa au Coutilly en 1937 un établissement d'abattage industriel pour ses salaisons et charcuteries cuites : « Jean Gouiffès (1912-1996), charcutier-salaisonnier »

(*) signification du proverbe : ne pas pas empêcher aux autres de bénéficier d'une chose dont on ne pourrait pas profiter.


10 Un peintre italien à Kerdévot

« Che bella cosa e' na jurnata 'e sole, n'aria serena doppo na tempesta ! 'O sole mio, sta 'nfronte a te ! 'O sole, 'o sole mio », chanson napolitaine.

Marc Antoine Baldini, fils de Bartélémi Baldini et de Marie-Jeanne Simoni, est né en 1740 à Lucca, ville de Toscane, entre Bologne et Pise. Très tôt il fréquente les écoles de peinture de la ville et apprend le métier de doreur.

Comme l'explique Joseph Lozou dans son enquête sur le peintre publiée dans un article de « Lizher ar Poher » d'octobre 2004, il est obligé d’émigrer pour aller à l'étranger chercher de l’ouvrage, qu'il trouve facilement car les artistes Italiens sont fort appréciés.

Marc Antoine traverse l’Italie et toute la France pour arriver vers 1770, après un séjour dans le baillage de Thionville, dans une petite bourgade du centre Bretagne, Callac. Ces quatorze années de pérégrinations à travers le pays lui font atteindre la maîtrise dans sa nouvelle spécialité, peinture et dorure des statues des chapelles et églises.

Il travaille dans la région, où, comme il est indiqué sur son acte de mariage en 1776 : « depuis plusieurs années errant et exerçant son art sur les différentes paroisses du diocèse ». Son épouse est Anne-Louise-Mathurine Borny, fille de l'hotelier chez qui il loge à Callac à ses débuts.

Sous la Terreur, le 10 mars 1794, il obtint de la part de ma municipalité de Callac un certificat de civisme et d'hospitalité, une sorte de passeport européen : « A comparu Marc Antoine Baldini (né en la République de Luque, domicilié à Callac en cette municipalité âgé de cinquante deux ans, taille de cinq pieds, trois pouces et six lignes, cheveux, sourcils et barbe châtain commençant à griser, front haut, yeux gris, nez droit, bouche moyenne, une cicatrice à la lèvre supérieure côté droit, menton rond, visage ovale, le pouce de la main gauche amputé. Lequel déclare, qu’ayant quitté son pays natal, il y a habite depuis trente six ans le territoire français, où il a constamment vécu de son métier de peintre et des fruits de ses travaux ... Requérant être admis aux bienfaits de l’hospitalité ».

Le passage du peintre de mai à juillet 1776 à Ergué-Gabéric est mentionné dans les procès-verbaux du Corps politique de la paroisse. Il est payé pour ses prestations, à savoir la peinture faite sur une croix de mission et trois autels de la chapelle de Kerdévot.

La question : les autels visibles aujourd'hui à Kerdévot sont-ils de la main du peintre italien ?

En savoir plus : « Marc Antoine Baldini (1740-1818), peintre doreur italien à Kerdévot » et « LOHOU Joseph & GUEZENNEC Marie - Marc-Antoine Baldini peintre et doreur italien »

Billet du 14.07.2013


11 Au fil de l'eau de cinq moulins

« Idées sur idées, images sur images, mots sur mots, l'esprit fonctionne comme un moulin, où repasse sans être reconnu le grain déjà broyé », Paul Gadenne (1907-1956), La Plage de Scheveningen.

Il y a quelques mois, Pierre Faucher signait un cahier de l'association Arkae « Au fil de l'eau : rivières, ruisseau et moulins ». On peut y parcourir une rétrospective des 17 moulins à eau gabéricois, leur histoire particulière et des photos signées Gérard Calvar.

C'est l'occasion de faire un zoom sur le quartier d'Odet, et d'apporter quelques compléments : en 1822 quand démarre l'activité du moulin à papier d'Odet, on comptait dans les environs pas moins de 4 vieux moulins à eau pour la production de farine, dont trois d'entre sur la rive droite briécoise de l'Odet, mais tous liés au territoire gabéricois.

Ces moulins étaient, en partant de l'amont de la rivière d'Odet : le moulin de Coat-Piriou (rive gauche gabéricoise), ar Goz Veil (bief sur rive briécoise), le moulin de Gougastel (sur les terres de Briec), le vieux moulin à papier d'Odet (rive gauche à l'embouchure du Bigoudic), et enfin celui de Moguéric (côté Briec).

Quant au vieux moulin d'Odet, on ne le connaît que sous la dénomination de « ar veilh paper » (moulin à papier). En 1807, contrairement à celui de Coat-Piriou, il n'est pas recensé comme un moulin à farine.

Jusqu'à présent, la seule représentation iconographique de ce moulin était un croquis publié dans le « Livre d'or des papeteries René Bolloré ». La photo inédite ci-dessus, prise sans doute dans les années 1880-90, en est le modèle. Elle nous indique précisément l'emplacement du moulin à roue verticale, à savoir à l'embouchure du ruisseau Bigoudic dans l'Odet, à 200 mètres à l'arrière du manoir Bolloré.

En savoir plus : « Quatre moulins à farine et un moulin à papier du côté d'Odet », « FAUCHER Pierre - Au fil de l'eau : rivières, ruisseau et moulins »

Billet du 07.07.2013


12 Protestations vicinales d'antan

« Rabine, s.f. : allée de grands arbres plantés sur l'avenue d'une maison de noblesse et de quelque monastère », Dom Le Pelletier (1663-1733).

En novembre 1937, 35 habitants usagers du chemin de Stang-Venn ont apposé avec soin leurs noms sur un feuillet recto-verso, notamment les ouvriers papetiers (Youenn Briand, Istin, Harpe ...) et les commerçants (Mme Veuve le Ster, Herry Hervé, Le Corre Pierre).

Le pétitionnaires demandent au maire et au conseil municipal « de vouloir bien faire dégager le dit chemin, déjà bien étroit, des bois et ordures qui y stationnent à certains endroits gênant ainsi considérablement le passage des voitures ».

Le rapport de l'ingénieur subdivisionnaire nous apprend que la difficulté des travaux demandés se situent sur la fin du tracé, à savoir le virage et la côte qui monte vers Pennaneac'h, « une rampe variant de 10 à 15% d'une longueur de 200 mètres environ. son tracé est sinueux en particulier sur la fin du parcours où il présente une courbe de 15 mètres de rayon ». Il s'agit là, 20 ans avant, de la célèbre côte qui fera le succès de la course cycliste de la Vallée Blanche.

En savoir plus : « 1937 - Pétition pour la construction du chemin rural de Stang-Venn »

En mai 2013 pour ce qui concerne le chemin du Cleuyou, c'est presque une situation inverse, car après les travaux on ne peut que déplorer la disparition d'éléments du patrimoine communal, et non le contraire. En effet, bien que tous sains, les 22 derniers arbres formant la rabine du Cleuyou ont fait l'objet d'un abattage par les services de la voirie, ce qui prive la commune de témoins du passé, dont certains avaient été plantés il y a 160 ans en remplacement de leurs prédécesseurs. Le premier document d'archives connu mentionnant la rabine du Cleuyou date de 1562. Espérons simplement que les deux rangées d'arbres pourront être replantées prochainement pour une reconstitution de la rabine d'antan !

En savoir plus : « Une rabine de platanes centenaires au manoir de Cleuyou »

Billet du 29.06.2013


13 Les balades de Louis Le Guennec

« Rien de ses écrits n'est négligeable, ni indifférent. C'était un homme qui ne perdait pas de temps en banalités », Daniel Bernard, Alexis Le Bihan.

Cette semaine, nous exhumons un trésor d'une centaine de feuillets de notes manuscrites de Louis Le Guennec sur ses découvertes gabéricoises, dont nous savions l'existence, mais perdu les références.

Ces notes, coupures et croquis, conservés aux Archives Départementales du Finistère sous la cote 34 J 12, n'ont jamais été publiés in extenso, même si quelques passages ont servi à alimenter le chapitre Ergué-Gabéric de la publication posthume « Histoire de Quimper Corentin et son canton ».

Louis Le Guennec (1878-1935) a pris la succession en 1924 de Frédéric Le Guyader comme archiviste, puis comme conservateur de la bibliothèque de Quimper, où il consacre une bonne partie de son temps à l'écriture et à l'inventaire des chapelles, manoirs et châteaux bretons.

L'archiviste était un infatigable randonneur. Parfois accompagné de sa femme Renée, il parcourait à pied et en charaban tous les lieux-dit intéressants de la campagne quimpéroise, notamment celle d'Ergué-Gabéric. :

  • Chapelle d'Odet : « Au dehors, près d'un escalier, il y a un autre saint de pierre ... »
  • Lezergué : « Visité Lezergué le 20 mai 1920. L'entrée de la large avenue est signalés par 2 piliers de granit ... ».
  • Lezergué : « Visité Lezergué en octobre avec Renée. Le vestibule d'entrée est dallé ... ».
  • Pennarun : « Derrière la maison il y a un pavillon carré à toiture sommée d'un épi ... ».
  • Kerpensal : «  14 06 1925. Croix sur la route de Coray ».

La justesse de la plupart des observations a enrichi la connaissance des richesses patrimoniales et historiques de nombreuses communes finistériennes. Il laisse aussi des notes dont les contenus vont générer encore aujourd'hui de nouvelles recherches, comme celle-ci où il révèle la cache dans un talus du blason supposé de Guy Autret et de Blanche de Lohéac :

« Dans le talus d'un champ à droite de l'avenue de Lezergué, on a encastré une pierre de granit portant un écusson carré mi-parti coupé au 1 de 3 fasces ondées, qui est Autret - au 2 de 3 épées en bande, qui est Coatanezre - au 2 d'une mâcle, qui est Lohéac  ».

Avis aux amateurs de trésors archéologiques !

En savoir plus : « 1910-1935 Notes et coupures gabéricoises de Louis Le Guennec »

Billet du 23.06.2013



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