1796 - Estimation et adjudication du moulin de Kernaou
Un article de GrandTerrier.
Version du 22 février ~ c'hwevrer 2020 à 18:19 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version du 22 février ~ c'hwevrer 2020 à 21:20 (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) Différence suivante → |
||
Ligne 14: | Ligne 14: | ||
{|width=870 | {|width=870 | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
- | Le moulin de Kernaou, exploité par Guillaume Rospape est une propriété foncière de « <i>l'émigré Lamarch père</i> », en l’occurrence François-Louis de La Marche, seigneur de Lezergué, réfugié sur l'île de Jersey où il décède en 1794, alors que son fils aîné Joseph-Louis est exilé en Guadeloupe. | + | Le moulin de Kernaou, exploité par Guillaume Rospabé est une propriété foncière de « <i>l'émigré Lamarch père</i> », en l’occurrence François-Louis de La Marche, seigneur de Lezergué, réfugié sur l'île de Jersey où il décède en 1794, alors que son fils aîné Joseph-Louis est exilé en Guadeloupe. |
|width=4% valign=top {{jtfy}}| | |width=4% valign=top {{jtfy}}| | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
Ligne 26: | Ligne 26: | ||
<big>Estimation, 18 prairial an 4 (06.06.1796)</big> | <big>Estimation, 18 prairial an 4 (06.06.1796)</big> | ||
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
- | L'an quatre de la République française, une et indivisible, le dix huit prairial, nous Joseph Nicolas Le Bour, expert nommé pour l'administration du département du finistère en date du seize de ce mois, et Vincent Charles Le Blond, expert nommé par le citoyen Le Roux par sa soumission d'acquérir le Bien National ci-après désigné en date du ____ à l'effet de procéder à l'estimation en revenu et en capital sur le pied de 1790, du domaine national ci-après désigné, nous nous sommes en conséquence de la commission à nous donnée par l'administration du département en date dudit jour seize prairial, transporté de nos demeures que nous faisons ainsi que le citoyen Le Roux en la ville de Quimper, sur les huit heures du matin, jusques-là en la commune d'Ergué-Gabéric chez le citoyen Jean Lozach, adjoint municipal de la dite commune, après nous être informé que le citoyen Baron, commissaire du canton d'Ergué-Armel ne pouvait s'absenter et nous accompagner, et attendu l'absence de l'agent d'Ergué-Gabéric, lequel dit Lozach nous a accompagné, et aussi en présence dudit soumissionnaire jusque au moulin de Kernaou susdit commune d'Ergué-Gabéric, ci-devant à l'émigré à l'Emigré Lamarc et possédé par Guillaume Rospape, auquel parlant lui avons demandé, s'il avait une ferme dudit moulin, et nous ayant répondu en avoir une par subrogation du meunier du Faou et qui est échue, avoir aussi le petit renable <ref name="Renable">{{K-Renable}}</ref> du moulin, l'émigré Lamarch n'y ayant qu'une souche de deux cent dix francs en capital, et sur ce qu'il n'est nanti d'aucun acte à nous exhiber, avons examiné l'état du bâtiment, les matières de la construction, leur longueur, largeur et hauteur, leur emplacement et distribution, leurs clôtures et leurs aires, et mesuré les terrins qui en dépendent comme suit. Savoir | + | L'an quatre de la République française, une et indivisible, le dix huit prairial, nous Joseph Nicolas Le Bour, expert nommé pour l'administration du département du finistère en date du seize de ce mois, et Vincent Charles Le Blond, expert nommé par le citoyen Le Roux par sa soumission d'acquérir le Bien National ci-après désigné en date du ____ à l'effet de procéder à l'estimation en revenu et en capital sur le pied de 1790, du domaine national ci-après désigné, nous nous sommes en conséquence de la commission à nous donnée par l'administration du département en date dudit jour seize prairial, transporté de nos demeures que nous faisons ainsi que le citoyen Le Roux en la ville de Quimper, sur les huit heures du matin, jusques-là en la commune d'Ergué-Gabéric chez le citoyen Jean Lozach, adjoint municipal de la dite commune, après nous être informé que le citoyen Baron, commissaire du canton d'Ergué-Armel ne pouvait s'absenter et nous accompagner, et attendu l'absence de l'agent d'Ergué-Gabéric, lequel dit Lozach nous a accompagné, et aussi en présence dudit soumissionnaire jusque au moulin de Kernaou susdit commune d'Ergué-Gabéric, ci-devant à l'émigré à l'Emigré Lamarc et possédé par Guillaume Rospabe, auquel parlant lui avons demandé, s'il avait une ferme dudit moulin, et nous ayant répondu en avoir une par subrogation du meunier du Faou et qui est échue, avoir aussi le petit renable <ref name="Renable">{{K-Renable}}</ref> du moulin, l'émigré Lamarch n'y ayant qu'une souche de deux cent dix francs en capital, et sur ce qu'il n'est nanti d'aucun acte à nous exhiber, avons examiné l'état du bâtiment, les matières de la construction, leur longueur, largeur et hauteur, leur emplacement et distribution, leurs clôtures et leurs aires, et mesuré les terrins qui en dépendent comme suit. Savoir |
Une maison ayant ses ouvertures midy et nord, couvert en gleds <ref name="Glé">{{K-Glé}}</ref> et construite en partie de brossage <ref name="Brossage">{{K-Brossage}}</ref>, et en partie de grosse taille ayant de longueur à deux longères vingt quatre pieds et demi, de franc <ref name="Franc">{{K-Franc}}</ref> à deux pignons douze pieds et demi, de hauteur compensée, huit pieds et trois quarts, arrentée, valeur de 1790, dix francs ... 10 fr. | Une maison ayant ses ouvertures midy et nord, couvert en gleds <ref name="Glé">{{K-Glé}}</ref> et construite en partie de brossage <ref name="Brossage">{{K-Brossage}}</ref>, et en partie de grosse taille ayant de longueur à deux longères vingt quatre pieds et demi, de franc <ref name="Franc">{{K-Franc}}</ref> à deux pignons douze pieds et demi, de hauteur compensée, huit pieds et trois quarts, arrentée, valeur de 1790, dix francs ... 10 fr. | ||
Ligne 54: | Ligne 54: | ||
Lequel revenu multiplié vingt deux fois d'après la loi donne en capital la somme de mille quatre vingt treize francs et huit sous cy ... 1093 fr. 8 s. | Lequel revenu multiplié vingt deux fois d'après la loi donne en capital la somme de mille quatre vingt treize francs et huit sous cy ... 1093 fr. 8 s. | ||
- | Montant de la souche dudit moulin d'après la déclaration de Rospape deux cent dix francs cy ... 210 fr. | + | Montant de la souche dudit moulin d'après la déclaration de Rospabe deux cent dix francs cy ... 210 fr. |
Total en revenu soixante quatre francs et quatorze sous cy ... 64 fr. 14 s. | Total en revenu soixante quatre francs et quatorze sous cy ... 64 fr. 14 s. | ||
Ligne 75: | Ligne 75: | ||
1° Le moulin de Kernaou situé en la commune d'Ergué Gabéric canton d'Ergué Armel, consistant en une maison à moulin, renable <ref name="Renable">{{K-Renable}}</ref> y étant, crêche, souille à porcs, petite prairie contenant huit cordes <ref name="Corde">{{K-Corde}}</ref>, chaussée <ref name="Chaussée">{{K-Chaussée}}</ref>, prateau <ref name="Prateau">{{K-Prateau}}</ref>, deux petits courtils <ref name="Courtil">{{K-Courtil}}</ref>, appartenances et dépendances. | 1° Le moulin de Kernaou situé en la commune d'Ergué Gabéric canton d'Ergué Armel, consistant en une maison à moulin, renable <ref name="Renable">{{K-Renable}}</ref> y étant, crêche, souille à porcs, petite prairie contenant huit cordes <ref name="Corde">{{K-Corde}}</ref>, chaussée <ref name="Chaussée">{{K-Chaussée}}</ref>, prateau <ref name="Prateau">{{K-Prateau}}</ref>, deux petits courtils <ref name="Courtil">{{K-Courtil}}</ref>, appartenances et dépendances. | ||
- | Les dits biens dépendant de confiscations, acquis à la République pour l'Emigration de La Marche père, affermée à Guillaume Rospape, sans bail dont l'existence fut certaine en 1790. | + | Les dits biens dépendant de confiscations, acquis à la République pour l'Emigration de La Marche père, affermée à Guillaume Rospabe, sans bail dont l'existence fut certaine en 1790. |
Les mêmes biens imposés au rôle de la contribution foncière pour l'année 1793 douze livres huit sols dix deniers y compris les sous additionnels, évalué conformément aux articles cinq et six de la loi du vingt huit ventôse dernier par le procès verbal d'estimation du dix huit prairial des citoyens Le Blond expert nommé par l'acquéreur par sa soumission du premier et Le Bour expert nommé par délibération du département, en revenu net soixante quatre francs soixante dix centimes, cy ... 64 f. 70 c. | Les mêmes biens imposés au rôle de la contribution foncière pour l'année 1793 douze livres huit sols dix deniers y compris les sous additionnels, évalué conformément aux articles cinq et six de la loi du vingt huit ventôse dernier par le procès verbal d'estimation du dix huit prairial des citoyens Le Blond expert nommé par l'acquéreur par sa soumission du premier et Le Bour expert nommé par délibération du département, en revenu net soixante quatre francs soixante dix centimes, cy ... 64 f. 70 c. | ||
Ligne 98: | Ligne 98: | ||
Ergué Gabéric. La Marche, père. 206. | Ergué Gabéric. La Marche, père. 206. | ||
- | Moulin de Kernaou (et non Kernaon). Tenue à ferme par Guillaume Rospape, moyennant une rente de 105. | + | Moulin de Kernaou (et non Kernaon). Tenue à ferme par Guillaume Rospabe, moyennant une rente de 105. |
Payé pour contribution de 1795 .... Dépense : 231 18 8 | Payé pour contribution de 1795 .... Dépense : 231 18 8 |
Version du 22 février ~ c'hwevrer 2020 à 21:20
|
La gestion des propriétés séquestrées au titre des biens nationaux pendant la période révolutionnaire. Archives privées et documents conservés aux Archives Départementales du Finistère. Autres lectures : « 1799-1818 - Renables et baux du moulin de Kernaou » ¤ « Espace Biens Nationaux » ¤ « 1794-1795 - Estimation et adjudication du manoir de Kernaou » ¤ « 1793-1805 - Sommier des comptes ouverts avec chaque émigré pour les biens nationaux » ¤ « Ancien cadastre et photos des ruines du moulin de Kernaou » ¤ « Les moulins d'Ergué-Gabéric » ¤ « 1809 - État des moulins à farine d'Ergué-Gabéric » ¤ |
1 Présentation
Le moulin de Kernaou, exploité par Guillaume Rospabé est une propriété foncière de « l'émigré Lamarch père », en l’occurrence François-Louis de La Marche, seigneur de Lezergué, réfugié sur l'île de Jersey où il décède en 1794, alors que son fils aîné Joseph-Louis est exilé en Guadeloupe. |
2 Transcriptions
Estimation, 18 prairial an 4 (06.06.1796)
|
Certificat de vente, 18 prairial an 4 (23.06.1796)
Sommier des comptes des émigrés
|
3 Originaux
|
|
4 Annotations
- Renable, s.m. : état des lieux, l'adjectif renable ou raisnable signifiant en vieux français « en bon état », et étant dérivé aussi en basse-Bretagne du terme breton « Renabl, plur. -où » pour « inventaire ». Ce renable était pratiqué essentiellement pour inventorier les biens des meuniers lors des renouvèlements de baux. Il y avait le grand renable pour les aménagements extérieurs (les vannes d'amenée ou de fuite, les rigoles ou biefs, les chaussées) et le petit renable dans lesquels étaient inventoriés et valorisés tous les appareils à l'intérieur du bâtiment du moulin (le grand fer, la meule dormante et la meule courante, la roue ou la pirouette, les cordes). Le terme de souche peut être un synonyme de petit renable dans certains documents d'archives. Par extension le terme renable désigne la valeur mobilière du moulin, les meuniers devaient acquitter cette somme lors de leur entrée en jouissance, et la somme leur étant rendue à la fin du bail si le moulin était jugé bien entretenu. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2]
- Glé, s.m. : chaume ; en Bretagne, glé se dit encore pour signifier chaume de paille ; source : Dictionnaire Godefroy 1880. Le mot "gled" est issu du latin gladiolus (épée courte) et aussi gladius (glaïeul) à cause de sa forme lancéolée des feuilles de cette plante. Ce glaïeul n'est autre que l'iris jaune des marais. A la fin du XIe siècle, en ancien français, il se nomme "glaid" et vers 1160, "glai", en Bretagne c'est le "gled". Il désigne le glaïeul (iris des marais) jusqu'au XVIIIe s., plus tard au XIXe s. le "gled" est à la fois: iris des marais, carex (laîche), roseaux et joncs, c'est à dire, les végétaux de zones humides, servant à couvrir, maisons et dépendances. Le mot évolue en "glé" au XIXe s. et les maisons couvertes de végétaux deviennent des chaumières. Le chaume était bien connu autrefois, c'était le chaume du seigle, matière noble réservée à la toiture des petits manoirs et aux habitations. Source : Michel Mauguin. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2]
- Brossage, s.m. : « maçonne en simple brossage », « maçonné en brossage », ou « construite en brossage », désigne des murs faits de pierres de taille dont les joints sont brossés, par opposition aux maisons « de simple maçonne » qui sont faites de pierres plus petites en schistes tout-venant, non jointées. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2]
- Franc, s.m. : terme utilisé dans l'expression "de franc" pour désigner dans les aveux les largeurs des bâtiments en pieds . Au 17e siècle on trouve les expressions "de franc par le dehors" ou alors "de franc par le dedans", les mesures pouvant être prises entre deux longères (murs extérieurs). Source : site de C. Duic (doc). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 4,0 4,1]
- Longère, s.f. : mur principal d'une bâtisse. Ce terme n'avait la même signification qu'aujourd'hui, il désignait, non pas un bâtiment de forme très allongée, mais dans un bâtiment donné, le mur de façade et le mur arrière. On parlait donc de la longère de devant et de la longère de derrière. Quant à l'appentis, comme il s'appuyait contre la maison, il n'avait évidemment qu'une longère. Source : Jean Le Tallec, La vie paysanne en Bretagne sous l'Ancien Régime. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Courtil, curtil, s.m. : jardin potager. Du bas latin cohortile, dérivé de cohors (voir Cour). Jardin, cour, enclos (Dictionnaire de l'Académie). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 6,0 6,1 6,2]
- Corde, cordée, s.f. : unité de mesure de superficie. Subdivision du journal. Le journal et la corde sont les principales unités de mesure utilisées pour calculer les surfaces dans les inventaires. Dans la région quimpéroise une corde vaut 0,6078 ares à 16 toises carrées. Il faut 80 cordes pour faire un journal. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 7,0 7,1 7,2 7,3 7,4]
- Chaussée, s.f. : barrage, ouvrage maçonné submersible en travers d'un cours d’eau naturel, avec une partie supérieure appelée déversoir, permettant l’amenée de l’eau de la rivière vers le moulin. Source : riverainsdefrance.org. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 8,0 8,1]
- Framboy, fembroi, s.m. :débris végétaux pour fabriquer le fumier par le piétinement des bêtes ; la boue résultante était appelée le « framboy ». Le mot se disait au départ « fembroi » (latin fimarium, dérivé de fimum : fumier). Puis, par métathèse (déplace-ment du r), il est devenu « fremboi », puis « frembois ». Le lieu où se trouvait ce tas de fumier était généralement dénommé dans les actes la « cour à frambois » ou « pors à framboy ». [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Souche, s.f. : ustensiles d'un moulin donné à louer, estimés lors d'un début de bail, avec régularisation de loyer en cas de moins-value ou de plus-value. Autre terme synonyme utilisé en Bretagne : petit renable. Source : Dict. des droits d'enregistrement, Hayet, 1823. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Prateau, s.m. : du mot breton pradell "petit pré", et peut être du vieux français praetel. Source : R. Bellec (forum CGF). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Date de création : Septembre 2019 Dernière modification : 22.02.2020 Avancement : [Développé] |