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- | |colspan=2|Autres lectures : {{Tpg|1844 - Placards réglementaires pour les cabarets gabéricois}}{{Tpg|Les élections municipales annulées par le Conseil d'Etat, journaux finistériens 1893}}{{Tpg|Jean Hascoët, recteur (1897-1908)}}{{Tpg|François Nicolas, vicaire (1900-1905)}}{{Tpg|1904 - Dénonciation par le préfet d'un sermon pour la retraite des conscrits}} | + | |colspan=2|Autres lectures : {{Tpg|1844 - Placards réglementaires pour les cabarets gabéricois}}{{Tpg|Les élections municipales annulées par le Conseil d'Etat, journaux finistériens 1893}}{{Tpg|Jean Hascoët, recteur (1897-1908)}}{{Tpg|François Nicolas, vicaire (1900-1905)}}{{Tpg|1904 - Dénonciation par le préfet d'un sermon pour la retraite des conscrits}}{{Tpg|Déguignet s'oppose au candidat Bolloré lors des élections législatives de 1877}}{{Tpg|1902 - Témoignage de JM Déguignet sur la fermeture de l'école ND de Kerdévot}} |
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Version du 1 janvier ~ genver 2018 à 13:10
1 Présentation
2 Transcription
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Réunion publique de Monsieur de Servigny
Le scandale de hier.
C'est bien, vendredi 11 avril, jour à jamais mémorable, que M. de Servigny a convoqué tous les électeurs de la commune dans une réunion solennelle. Il devait dans cette réunion prouver d'une façon indiscutable que son adversaire était un zéro et leur montrer en même temps tous les avantages qu'il leur procurerait si sa candidature était acceptée.
Dans l'après-midi entre 1 h et 2 h les braves conservateurs endimanchés pour la circonstance arrivèrent par petits groupes sur la place de l'église.
Lorsque la famille fut à peu près complète, ils rentrèrent dans la salle de la réunion où des rafraichissements leur furent généreusement offert. Le vin rouge, le vin blanc, l'eau de vie coulèrent en abondance. Des cigares gracieusement donnés à ces messieurs furent non moins gracieusement acceptés.
M. de Servigny prit enfin la parole au milieu d'un religieux silence. Le littéral des anneries de son discours n'est pas nécessaire,
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le fond simplement suffit.
Pour atteindre son but M. de Servigny trouva que le plus sûr moyen était de s'adresser au ventre de ses invités : « Hémon, dit-il, a voté pour l'augmentation du prix des boissons, moi je suis absolument contre et je demanderai la suppression de cette loi ». La boisson coûtant de cette manière un prix dérisoire, on pourra se payer de bonnes bitures sans grands frais.
Il continuera sur ce chapitre pendant quelques temps et ce fut tout. Les rafraichissements circulèrent de nouveau avec des paquets de cigarettes et de cigares. Puis ils sortirent la tête un peu échauffée, mais presque tous d’aplomb encore. Il est vrai que ce n'était que le commencement. Un mendiant qui avait fraternisé trop souvent avec la divine bouteille protestait de son dévouement à l'honorable candidat en criant d'une voix avinée : « Vive M. Servigny ». Les hurlements qu'il poussait et qu'on pouvait à la rigueur prendre pour une voix humaine étaient accompagnés d'une mimique expressive : il frappait à tour de bras de son gros bâton sur le mur du cimetière.
L'honorable assemblée devait passer par tous les débits du bourg avant de se dissoudre. Comme les auberges étaient trop petites pour contenir tout le monde, la boisson se distribuait
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à la porte, sur la voie publique. Maintenant on dédaignait le vin et le cidre, c'était le cognac qui avait la préférence. De grandes chopes remplies et vides avec un louable empressement faisaient le tour de la société. Les discussions étaient interrompues pour siffler d'une seule lampée les grands récipients de boisson.
Lorsque les électeurs quittaient un débit ils partaient comme à regret, et se soutenant fraternellement, ils se dirigeaient vers le suivant. Quelquefois un camarade tombait entrainant deux ou trois autres dans sa chute. Mais cela passait inaperçu, car après quelques tentatives avortées on pouvait les remettre sur leurs jambes pour continuer gaillardement leur route.
Le jour baissait déjà lorsque la tournée fut finie, c'est alors que s'effectua le retour à la fois risible et dégoutant. Le mendiant qui s'était fait remarquer au début, continuait ses vociférations ; mais bientôt à bout de forces le malheureux vint s'affaler sur une pierre du cimetière pour cuver son vin. On voyait aussi quelques gosses de 15 à 16 ans qui, peu accoutumiers à de pareilles ingurgitations de liqueurs rouler sur la route par suite de ces libations trop fréquentes. Tous moins quelques rares exceptions étaient souls perdus. Ils regagnaient
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leur demeure en titubant et la route se semait de cadavres qui après quelques instants de station sur le dos se soulevaient péniblement, se relevaient et parvenaient généralement à continuer leur chemin. Une rue a mis un beau dénouement à cette orgie gratuite offerte à M. de Servigny (Avis à ceux qui ont soif).
On put voir comment l'argent des curés s'évanouit en fumée et en boissons pour la cause sacrée. Ces messieurs on (raillé : Le vicaire a) poussé l'audace jusqu'à venir offrir des cigares et des cigarettes aux électeurs sur la place de l'église. Il faut remarquer que ceux-ci avaient déjà bu et commençaient à être grisés. Remercions toutefois ces bons religieux du spectacle édifiant qu'ils nous ont procuré de la façon la plus charmante et la plus déguisée.
Ca a été une bonne soirée en l'honneur de Bachus.
Un passant attardé au bourg d'Ergué-Gabéric.
Signé Nouille J. Thom.
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3 Originaux
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Lieu de conservation : Archives Municipales de Quimper.
Série / cote : 25 J 5 - fond Soudry
Droit d'image : Protégé.
Usage : Accès privé et restreint aux abonnés inscrits
Accès : Connexion obligatoire sur un compte nominatif d'adhérent GrandTerrier.
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4 Annotations
- Pierrick Chuto, passionné d'histoire régionale, auteur de nombreux articles (Le Lien du CGF, La Gazette d'Histoire-Genealogie.com ... ) et de livres sur les pays de Quimper et du Pays bigouden : § [ses publications]
Livre paru en 2010 : « Le maître de Guengat, "Mestr Gwengad" » (Auguste Chuto né en 1808, propriétaire-cultivateur, meunier et maire). « La terre aux sabots, "Douar ar boutoù-koad" » (Louis-Marie Thomas cultivateur à Plonéis en Basse-Bretagne de 1788 à 1840) est publié en mars 2012. « Les exposés de Creac'h-Euzen - Les enfants trouvés de l'hospice de Quimper au 19e siècle » (le tour de l’hospice civil et les 3816 enfants exposés entre 1803 et 1861, réédité et enrichi en 2019) est sorti en octobre 2013 et réédité fin 2019. « IIIe République et Taolennoù, tome I, 1ère époque 1880-1905 » (l'histoire d'Auguste Chuto prédicateur de Penhars) en février 2016. Le tome 2 de la confrontation des Cléricaux et des laïcs en Cornouaille, « Auguste, un blanc contre les diables rouges (1906-1925) » sort en 2018, et en 2019 c'est le pays bigouden qui est à l'honneur : « Du REUZ en Bigoudénie, Blancs de Plobannalec et Rouges de Lesconil (1892-1938) ». Tous ces livres sont disponibles sur http://www.chuto.fr (paiement CB possible) ou en librairie.
. La dernière parution est « Bien-aimée Marie-Anne avec de belles lettres d'amour de son arrière-grand-père à sa promise. [Ref.↑]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric.
Date de création : Janvier 2018 Dernière modification : 1.01.2018 Avancement : [Développé]
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