Un article en breton sur Lezergue signé G.P., Feiz ha breiz 1923 - GrandTerrier

Un article en breton sur Lezergue signé G.P., Feiz ha breiz 1923

Un article de GrandTerrier.

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Rummad : Brezhoneg    
Lec'hienn : GrandTerrier

Statud an artikl :
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L'histoire nostalgique d'un manoir en ruines qui eut autrefois son heure de gloire grâce à Guy Autret, du temps de la Ligue («ar re-unanet») et de Louis XIII, ou à Jean-François de la Marche, juste avant la Révolution («an Dispac'h»).

Un des plus beaux manoirs de Cornouaille - «unan eus kaera maneriou Bro Gerne» - et comme le remarque le chanoine Abgrall une volée d'escalier sans pareille.

Un article signé des initiales G.P. qui sont la combinaison de Guennec et de Perrot, à savoir le mémorialiste Louis Le Guennec (1878-1935) [1] et le prêtre Yann-Vari Perrot (1877-1943) [2]

Autres lectures : « Erge-Vras dans le dictionnaire diachronique de Martial Ménard et d'Hervé Le Bihan » ¤ « CAOUISSIN Youenn - Vie de l'abbé Yann-Vari Perrot » ¤ « Choses et gens de Basse-Bretagne, le chateau de Lezergué, l'Ouest-Eclair 1929 » ¤ « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ « LE GRAND Albert - Les Vies des Saints de la Bretagne Armorique » ¤ « Jean-François de La Marche (1729-1806), dernier évêque de Léon » ¤ « Présentation et historique du manoir de Lezergué » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Louis Le Guennec [1] a fourni le croquis du manoir et les éléments historique qu'il a publié en français dans les années 1920-30. Yann-Vari Perrot [2], fondateur du journal Feiz ha Breiz et du mouvement Bleug Brug, a écrit le texte en breton et les commentaires d'inspiration religieuse.

Il y a dans cet article une évocation nostalgique du lieu tel qu'il était du temps des guerres de religion, avec la figure de l'historien Guy Autret qui avait élu domicile à Lezergué et dont l'érudition tranchait avec la sauvagerie de son parrain Guy Eder de la Fontenelle : « Gwella pez a zo, ar filhor ne voe tamm ebet henvel ouz a baeron.  » (Heureusement que le filleul n'était vraiment pas comme le parrain).

La figure de l'évêque rebelle Jean-Français de La Marche, né à Lézergué, est aussi celle du dernier évêque du Léon, exilé et mort à Londres, après le démantèlement de son évêché à la Révolution.

Par chance le manoir ne sera pas vendu par le "gouvernement" de la Révolution : « Kastell Lezergue n'eo ket bet laket e gwerz gant gouarnamant an Dispac'h ». Mais les paysans qui l'occupent en 1923 l'ont laissé à moitié à l'abandon, et seul un riche acquéreur pourrait garantir sa conservation.

C'était l'un des plus beaux manoirs de Cornouaille, « unan eus kaera maneriou Bro Gerne », doté d'une impressionnante volée d'escaliers de pierre, « an dereziou mein da bignat er zolier ».

 


[modifier] 2 Transcription et traduction

LEZERGUE

Ar c'hastell a welit aman eo kastell Lezergue, en Ergué-Gabéric, e kichenik Kemper ; eno eo e vez, wardro ar bloaz 1630 enn denchentil, Guy Autret, aotrou Messirien, a oa bet roet d'ezan da baeron, Guy Eder, markiz Fontanellan, ar gwal zen a ziskaras Douarnenez ha Penmarc'h hag a reas kement a zismantr e Leon, Treger ha Kerne, en amzer Ar re-unanet.

Gwella pez a zo, ar filhor ne voe tamm ebet henvel ouz a baeron. Harpa a eure ar roue Loeiz XIII p'en devoe ezomm eus e skoazell er brezeliou ha goude ec'h en em dennas, pell diouz an trouz, en e vaner, e Lezergue, evit studia piz amzer demenet Breiz.

Hen eo a voulas er bloaz 1657 Buhez Sent Breiz an Tad Albert Le Grand goude beza he c'hresket.

Levriou all en devoa c'hoant da zevel c'hoaz, met mervel a eure e Paris, er bloaz 1660 hag e skrudou fuilhet a-gleiz hag a zehou a zo bet kollet.

* * *

E Lezergue eo a voe ganet er bloaz 1729 diveza eskop Leon, an Aotrou Yann Fransez de la Marche, êt da veleg goude beza bet ofiser. An A. de la Marche a labouras kalz da gristenaat ha da binvidikaat muioc'h-mui e eskopti. Hen eo a lakeas sevel skolach Kastel-Paol. Hen eo a lakeas moula levrigou bihan, e brezoneg hag e galleg, war an doareou gwella da entent ouz klenvejou ar chatal. Marvet eo en harlu, e Londrez d'ar 25 a viz du 1806, met e relegou a zo bet digaset d'e iliz-veur, er bloas 1868.

* * *

Kastell Lezergue n'eo ket bet laket e gwerz gant gouarnamant an Dispac'h, met daoust da-ze n'eman mui etre daouarn bugale vihan e vistri koz a zo, breman o veva, war a leverer er Gwadeloup pe en unan pe unan eus enezennou an Antill. Kouriaded eo a zo o chom ebarz ha lezel a reont siouaz an hanter hag ouspenn eus ar maner koz da goueza tamm ha tamm ; abarz nemeur aman ma kendalc'h an traou da vont evel ma 'z eont breman, unan eus kaera maneriou Bro Gerne a vezo grêt gantan, nemed eun den pinvidik a vefe kavet, arc'hant a-walc'h d'ezan da c'hellout e brenan hag e gempenn. Ar pez a zo souezusa er maner-ze eo an dereziou mein da bignat er zolier hag hervez an A. Abgrall n'eus nemet daou re zereziou all henvel outo, e eskopti koz Kastel-Paol hag e manati ar Groaz santel e Kemperle.

 

LÉZERGUÉ

Le château qu'on voit ici est celui de Lézergué, en Ergué-Gabéric, à proximité de Quimper ; vivait là dans les années 1630 un gentilhomme nommé Guy Autret de Missirien, qui avait pour parrain Guy Eder, marquis de la Fontenelle, une mauvaise engeance qui sévissait à Douarnenez et Penmarc'h et qui a décimé le Léon, le Trégor et la Cornouille, du temps des Ligueurs.

Heureusement que le filleul n'était vraiment pas comme le parrain. Il soutenait le roi Louis XIII quand il avait besoin de subsides pour financer ses guerres, et il se retirait loin du bruit dans son manoir, à Lezergué, pour étudier l'histoire ancienne de la Bretagne.

C'est qui publie en l'an 1657 Les Vies des Saints de Bretagne du Père Albert Le Grand avec ses suppléments et annexes.

Il devait publier d'autres livres mais il s'est éteint à Paris en 1660 et ses écrits ont été dispersés à droite et à gauche.

* * *

À Lezergué est né en l'an 1729 le dernier évêque du Léon, Monseigneur Jean-François de La Marche, devenu prêtre après avoir été officier militaire. Mgr de La Marche a beaucoup œuvré pour christianiser et enrichir davantage son évêché. C'est lui qui a fait construire le collège de Saint-Pol-du-Léon. C'est lui qui a importé la pomme de terre dans le pays. C'est lui qui a publié les petits livres, en breton et en français, sur la manière de prodiger des soins au bétail. Il est mort en exil, à Londres le 25 novembre 1806, mais ses reliques ont été transportées dans sa cathédrale en 1868.

* * *

Le château de Lezergué n'a pas été mis en vente par le gouvernement de la Révolution, mais malgré que les petits enfants du vieux maître en aient hérité, aujourd'hui étant ... en Guadeloupe ou sur une île des Antilles. Une famille de paysans y habite et ils en laissent une moitié à l'abandon et petit à petit le manoir part à l'abandon ; au rythme où vont les choses, un des plus beaux manoirs de Cornouailles ne pourra être échoir qu'à un riche acquéreur qui aura assez d'argent pour l'achat et son entretien. Il y a dans ce manoir une volée d'escaliers de pierre, et selon Mgr Abgrall on ne trouve que deux escaliers comparables, celui de l'ancienne maison épiscopale du Léon et celui du monastère Sainte-Croix de Quimperlé.


[modifier] 3 Pages publiées


[modifier] 4 Annotations

  1. Louis Le Guennec (1878-1935), originaire de Morlaix, a été bibliothécaire de la ville de Quimper. Il a accumulé une très riche documentation sur le Finistère et de multiples croquis réalisés lors de ses balades d'archéologue et de mémorialiste. Dès 1902, il adhère à la Société archéologique du Finistère ; il écrivit de nombreux articles pour le bulletin de cette société, ainsi que de nombreux comptes-rendus dans le journal La Dépêche de Brest. [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. L'abbé Jean-Marie Perrot (1877-1943) est un prêtre catholique séculier, fondateur de l'association Bleun-Brug et de la revue Feiz ha Breiz. Ordonné prêtre en 1903, en poste à Saint-Vougay, Saint-Thégonnec, Plouguerneau, Scrignac, il se fait l'apôtre de la langue et des traditions catholiques de son pays breton. Soupçonné de compromission avec l'occupant allemand, il est abattu en 1943 par un membre de l'Organisation spéciale du PCF à Scaër. Il a sa tombe près de la chapelle de Coat-Quéau qu'il a fait reconstruire en 1937. [Ref.↑ 2,0 2,1]


Thème de l'article : Le breton gabéricois

Date de création : Mars 2019    Dernière modification : 23.03.2019    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]