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Présentation et historique du manoir de Lezergué

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Catégorie : Patrimoine
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§ E.D.F.

Un manoir datant des années 1770, en ruine depuis des dizaines d'années, et dont les photos témoignent encore d'un héritage de temps plus glorieux.

Autres lectures : « Village et toponymie de Lezergué » ¤ « Histoire de Lezergué et de ses occupants » ¤ « Choses et gens de Basse-Bretagne, le chateau de Lezergué, l'Ouest-Eclair 1929 » ¤ « Rdv du ps 1 - La vie de château à Lezergué, OF-LQ 1985 » ¤ « Rdv du ps 2 - Jean Nédélec, le dernier châtelain de Lezergué, OF-LQ 1985 » ¤ 

(1884, croquis de Joseph Bigot)

[modifier] 1 Présentation

Le manoir, complètement restauré à la fin du 18e siècle, a subi les outrages du temps au cours du 20e siècle, et aujourd'hui seule la façade sud est encore debout.


 

À l'intérieur les murs sont aujourd'hui tombés, y compris la volée d'escalier.


[modifier] 2 Situation géographique

Le chateau de Lezergué se trouve sur la route qui relie l'Hotel au bourg d'Ergué-Gabéric, près du croisement de Saint-Joachim.

Sur cette route, à droite en venant de St-Joachim, on aperçoit une entrée de pierre et une allée droite de 300 qui mène à la ferme, et au-delà au manoir.

Un autre chemin, à gauche sur la route de St-Joachim à Plac-an-Dans, permet également d'accéder au corps de ferme et aux ruines du château.

 


[modifier] 3 Origine du nom

Lezergué:

Du fait que Lez, "cour seigneuriale", est accolé au nom de la paroisse, on considère que le lieu a connu des racines nobles anciennes et fondatrices.

Toponomie détaillée : « Lezergué, Lezerge ».

 
T O P O N Y M I E
Forme française Lezergué
Forme bretonne Lezerge
Signification "cour seigneuriale d'Ergué, pays devant les fortifications"
Décomposition Les pour "cour seigneuriale, habitation enclose" (vieux-breton), et le toponyme Ergué issu de l'association Ar- et -cae signifiant probablement "devant les fortifications"
Relevés 1536 (Lezargue), 1539 (Lesergue), 1636 (Léserque), 1663 (Leserguay), 1681 (Lezergue), 1790 (Lezergué), 1834 (Lezergue)


[modifier] 4 Archives

[modifier] 4.1 Révolution

Curieusement, à l'exception de la chapelle de Saint-Joachim, la propriété de Lézergué ne fut ni estimée, ni vendue dans le cadre des Biens nationaux contrairement aux manoirs de Pennarun, Kernaou, Kerfors, Cleuziou. En 1800, le manoir était occupé par Joseph Even, "lequel y demeurait en qualité de gardien seulement, sans bail authentique ni ferme annale" (cf document). Lezergué ne fut vendu qu'en novembre 1808, alors que Joseph-Louis De La Marche s'était installé à l'île Grand-Terre en Guadeloupe (cf transcription). En 1808 le manoir est saisi et vendu à un dénommé Charles Liot, originaire de Normandie, qui vient s'y établir avec sa famille. En 1830 l'agriculteur Jean-Marie Nédelec en fit l'acquisition.

[modifier] 4.2 Plans d'architecte 1884

L'édifice faisait 32 mètres de façade et à l'origine une profondeur de 13 mètres environ sur 2 pièces et un couloir.

Extrait des planches d'atlas de l'architecte Joseph Bigot (1807-1894), établi en 1884, conservées aux Archives de l'Evèché de Quimper :

Façade sud ou élévation méridionale
Façade sud ou élévation méridionale

Par contrat du 11 décembre 1751, François Louis de La Marche, époux de Marie Anne du Botmeur, fit marché avec Charles Poulin, architecte à Quimper, pour reconstruire les bâtiments de Lezergué moyennant 6000 livres [1]. La reconstruction ne fut achevée qu'en 1772-1773. On peut donc supposer que ces plans sont issus d'un travail de reconstitution fondé en partie sur des relevés et des hypothèses, compte tenu de l'époque tardive de son établissement.

Plan avec cotes du rez de chaussée établi par Joseph Bigot
Plan avec cotes du rez de chaussée établi par Joseph Bigot
Plan du 1e étage établi par Joseph Bigot
Plan du 1e étage établi par Joseph Bigot
Plans du rez-de-chaussée et du 1er étage, recopiés de l'atlas de Joseph Bigot par Christian Cabellic
Plans du rez-de-chaussée et du 1er étage, recopiés de l'atlas de Joseph Bigot par Christian Cabellic

Bibliographie et références :

 

[modifier] 4.3 Etudes de mémorialiste

Voici ce qu'écrivait en 1927 Louis Le Guennec (1878-1935), historien et journaliste à la Dépèche et à L'Ouest-Eclair :

Plus important [a] était le château de Lézergué à un kilomètre au nord du bourg, massive construction du XVIIIe siècle, aujourd'hui convertie en ferme et en partie découverte. Sa sévère façade de granit, à laquelle des lichens verdâtres donnent une patine de bronze, est relevée aux extrémités de deux pavillons décorés d'un fronton courbe offrant à son tympan les armoiries de la famille de La Marche : de gueules au chef d'argent. L'escalier de pierre, au fond du large vestibule, monte au palier dallé du premier étage en formant une voûte plate des plus hardies ... Ce noble château, fier encore dans sa ruine, fut construit sous Louis XIV par les de La Marche, qui habitaient précédemment le manoir voisin de Kerfors.

Notes:

  • [a] : par comparaison avec le manoir de Pennarun.

Source :

Sur des papiers épars non publiés, il fait ses compte-rendus des visites de 1920 :

Visité Lezergué le 20 mai 1920. L'entrée de la large avenue est signalée par deux piliers de granit. Le château, aspecté à l'est, est une massive construction du XVIIIe siècle avec une sévère façade de pierres de taille sombres, relevée aux extrémités de deux pavillons peu saillant, que décore un fronton en arc de cercle contenant deux écussons ovales accolés dans une cartouche rocaille, genre Louis XV. Bien qu'ils aient été martelés, on distingue encore le chef et l'indication héraldique des de La Marche. La corniche saillante supporte des lucarnes de pierres arrondies. Il y a un premier étage, des mansardes et neuf fenêtres de façade, longues fenêtres aux petits carreaux dont plusieurs sont bouchées en tout ou en partie. La toiture de la partie gauche est à demi effondrée. Les salles basses sont occupées par des fermiers. Malgré sa misère, ce noble château a encore grand air, sur son tertre ombragé d'un if centenaire.

Visité Lezergué en octobre avec Renée. Le vestibule d'entré est vouté et dallé en pierres. Un escalier double formant un premier palier d'où une volée très hardie, formant comme un pont suspendu, va rejoindre le palier dallé du premier étage.

En bas il y a plusieurs pièces décorées de boiseries à moulures et panneaux Louis XVI, d'ailleurs fort simples et dont une partie n'a jamais été peinte. Dans l'une d'elle à gauche du portail, il y a les restes d'un retable XVIIIe siècle portant des versets de l'angélus ; on dit qu'ils proviennent de Kerdévot, peut-être de la chapelle du manoir, aujourd'hui disparue.

Il y a sous la maison des caves voutées. Le propriétaire nous a dit qu'il s'y trouvait un souterrain allant à Kerfors et que les pierres du vieux château de Kerfors ont servi à bâtir Lezergué.

Devant le château existent les traces des anciens jardins, avec un mur de soutènement, des escaliers en arc de cercle et des terrasses symétriques.

Sur l'escalier, il écrit par ailleurs :

Ce qu'il y a de très curieux à Lezergué, c'est la volée de l'escalier qui mène au premier étage. Cet escalier forme comme un pont suspendu entre le perron du rez de chaussée et la galerie du premier étage, et la voute plate qui le supporte serait bien digne d'être étudiée par les architectes. M. le chanoine Abgrall m'a dit qu'il ne connaissait que deux autres escaliers de même genre dans le finistère : à la mairie (ancien évêché) de St-Pol-de-Léon et à l'ancienne abbaye de Ste-Croix, à Quimperlé.

[modifier] 4.4 Reportages journalistiques

En 1985, Laurent Quevilly (1985) a consacré au château gabéricois deux articles d'Ouest-France dans la série intitulée "Les Rendez-vous du passé simple" :

[modifier] 5 Habitants et propriétaires

[modifier] 5.1 Lignées nobles

Dans l’armorial breton de Guy Le Borgne p. 178 les armes de la famille de Lezergué est citée : « Lezergve’, de gueulle à la Croix potencée d’argent, cantonnée de quatre Croisettes de mesme. » Il s'agirait notamment de Raoult et Guillaume de Lezergué (Lusuzguen), ces deux étant mentionnés respectivement dans des actes de 1302 et 1334. A noter aussi que ces mêmes armoiries étaient réputées aussi détenues par la famille Cabellic, dont Yves, évêque de Cornouaille, décédé 1276. Cette famille aurait donner son patronyme à la deuxième partie du nom de la commune, Gabellic s'étant transformé en Gabéric.

Sans pouvoir être en mesure de le prouver par les archives, on peut penser que Lezergué ait pu tomber en quenouille à l’issue d’une union de Lezergué (peut être Guillaume) avec Troheir et que cette terre fut apportée par mariage aux Coatanezre dans la seconde moitié des années 1300. Lezergué dut tomber en ruines à l’issue de la période confuse de la guerre de succession de Bretagne, ce qui expliquerait toute la difficulté rencontrée par Jehan de Coatanezre des Salles quand, à la fin des années 1400, après avoir rebâti le manoir, il voulut réunir les preuves lui permettant de restaurer à son profit, en qualité de seigneur de Lezergué, les droits et privilèges de seigneur prééminencier de la paroisse. Guy Autret ne cessera pas de vouloir consolider et revendiquer ces qualités.

Lezergué fut toujours reconnue comme une Terre « belle et bien bâtie, noble et des plus anciennes de l’Evêché de Cornouaille, qu’elle a été alliée par mariage en plusieurs maisons de Bacheliers et Chevaliers … ». Ce fut en ces termes que par lettre datée de Saint Germain en Laye le 12 janvier 1639, le roi Louis XIII reconnut et confirma les droits de ce fief antique de Bretagne, au profit de Messire Guy Autret de Missirien, Chevalier, Sieur de Lezergué.

Ces mêmes droits avaient été précédemment confirmés en l’an 1500, par lettres patentes de Louis XII, Roi de France et Duc de Bretagne (par suite de son mariage avec Anne de Bretagne), au profit de Jehan de Coatanezre, Sieur des Salles, qui « possédoit en la paroisse d’Ergué Caberic un manoir et herittages de grands et somptueuses ediffices, plusieurs hommes es sujets, ledit mannoir appellé Lezergué qui veut dire en François la Cour d’Ergué, et que de temps immemorial ses autheurs avaient justices patibulaires en la paroisse d’Ergué, lesquelles estaient tombés et choits à terre, et que les dits faits estaient vrays, nottoires et manifestes et de publique renommée au païs … »

Blason Lezergué-Cabellic
Blason Lezergué-Cabellic

[modifier] 5.2 Tableau récapitulatif

Tous les habitants nobles ou roturiers, référencés dans les documents d'archives publiques ou familiales, ou sur les registres B.M.S. (Baptêmes, Naissances, Sépultures).

Habitants de LEZERGUE
Années Nb enfants Noms Prénoms Noms Prénoms Unions Professions Notes
1427-1481   de COATANEZRE Jean,Jean et Marie         trois générations au 15éme siécle
        AUTRET Claude 1596    
1618, 1623   AUTRET Yves          
1628, 1647   AUTRET Guy         Seigneur de Lezergué et de Missirien
1679 1 le MARCH Estienne Costiou Barbe 1677    
1706   JOURDREN hervé MICHELET Laurence 1706   o 1681 + 1721
1749 1 SALOMON Jean Huitric Marie 1747    
1750 1 le LOUET Allain Daoudal Marie 1748    
1751 1 CHOALER Sébastien le Feunteun Françoise 1748   o 1718
1721+   du FRENAY Michel Corentin de KERGARIOU Gillette 1684 Escuyer +Gillette 69a
1742+   COURTAY Daniel + le DENVAL Marie 1732   o 1708 Enterrée à l'église
1755-1756 2 de LA MARCHE François louis de Bourigan du pé d'orvault Louise félicité 1745 Actif veuf
1790   de LA MARCHE Joseph Louis       Actif Fils
1790   LEUR Jean       Domestique o 1750
1790   KERGOURLE Ghénolé       Journalier o 1732
1790   le GUYADER Jean LAUNAY Françoise 1777 Métayer actif o 1745
1790   LAUNAY Jean Corentin       Domestique o 1766
1790   le BRAS Pierre       Domestique o 1772
1790       JACQ-JAGU Laurence   Domestique o 1760
1790       DENIEL Louise Jeanne   Domestique o 1750
1790       le MAGUER Marie Anne     o 1733 Niéce
1790   KERFER Hervé + le GUYADER Marguerite 1758 Journaliére o 1738 veuve
1790   LAUNAY Claude + le DORZ Françoise 1755   Mére ? Veuve
1857-1870 4 NEDELEC Jean marie Credou Marie josephe ,32a 1848 Cultivateur o 1826
1868 1 BERTHOLOM Alain le BRONNEC Marie Marguerite 1845 Journalier o 1824
1875 1 MOYSAN René LOUET Marie Catherine 1860 Cultivateur o 1828
1879 1 CALLOCH Michel le VRAM Marie Catherine 1876 Journalier Cultivateur o 1849
1871-1874 2 PENNANGUER Michel BERNARD Catherine 1869 Journalier-Charretier o 1845
(le fichier Excel de travail)
(le fichier Excel de travail)

[modifier] 6 Annotations

  1. L'information sur le document contractualisant la construction du château par l'architecte Charles Le Poullain (décédé en 1770) provient d'une note de Daniel Bernard, n° 14 page 6, dans l'article "Quelques lettres inédites de Guy Autret" du bulletin de la Société Archéologique du Finistère (1940). Ce document n'a pas été retrouvé à ce jour. [Ref.↑]


Thème de l'article : Monographie d'un lieu-dit de la commune d'Ergué-Gabéric

Date de création : février 2007    Dernière modification : 8.04.2018    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]