Le tombeau enfeu noble des Kerfors à l'église St-Guinal - GrandTerrier

Le tombeau enfeu noble des Kerfors à l'église St-Guinal

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-<i>Où il est question de l’ancestrale pierre des Liziart de Kergonan en Ergué-Gabéric, conservée au manoir du Cleuyou : « belle pierre tombale provenant de l'enfeu <ref name=Enfeu>{{K-Enfeu}}</ref> de la terre de Kergonan dans l'église d'Ergué-Gabéric, avec le blason des Liziart » <ref>Notes de visite au manoir du Cleuyou dans les années 1910-30 par le mémorialiste Louis Le Guennec.</ref>.</i>+<i>Où il est question de l’ancestrale enfeu <ref name=Enfeu>{{K-Enfeu}}</ref> ou tombe « enlevée » (c'est-à-dire surélevée) des seigneurs de Kerfors « côtté épittre » <ref name="CôtéEpitre">{{K-Côtédel'épitre}}</ref> de l'église paroissiale.</i>
-Au sommaire le descriptif de cette pierre ouvragée, l’histoire de sa famille noble détentrice et les raisons de son transfert dans le parc du Cleuyou.+Au sommaire des photos de cette pierre ouvragée incrustée dans le mur sud de l'église, un récapitulatif des documents d'archives, la plupart découverts et étudiés par Norbert Bernard <ref name=NorbertBernard>{{PR-NorbertBernard}}</ref>, le repérage du greslier <ref name=Greslier>{{K-Greslier}}</ref> héraldique des Kerfors, un essai de description des blasons en alliance. Toute aide pour identifier les motifs en alliance et leurs familles propriétaires sera la bienvenue.
-Autres articles : {{Tpg|Familles nobles gabéricoises}}{{Tpg|Le manoir du Cleuziou/Cleuyou}}{{Tpg|1426-1562 - Les Liziart de Kergonan en Ergué-Gabéric et leurs armes}}{{Tpg|Les Le Guay (1804-1917), châtelains du Cleuyou au 19e siècle}}{{Tpg|Un blason à trois chevrons sur le linteau du presbytère}}+Autres articles : {{Tpg|Familles nobles gabéricoises}}{{Tpg|Les Kerfors, dudit lieu, nobles du 15e au 17e siècle}}{{Tpg|1748 - Inventaire des documents anciens détenus par le recteur Jean Edy}}{{Tpg|1448-1496 - Actes du fonds de La Marche pour les seigneurs de Kerfors}}{{Tpg|1680-1682 - Papier terrier et déboutement de réformation du domaine de Kerfors}}{{Tpg|Guy Autret et l'église d'Ergué-Gabéric, défense de ses prééminences}}{{Tpg|1426-1562 - Les Liziart de Kergonan en Ergué-Gabéric et leurs armes}}{{Tpg|La pierre tombale à enfeu des Liziart conservée au Cleuyou}}{{Tpg|Un blason à trois chevrons sur le linteau du presbytère}}
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-==Une très belle pierre ouvragée==+==Présentation==
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-Sur cette magnifique pierre tombale granitique taillée en bosse, se côtoient un cimier <ref>Cimier, s.m. : ornement (panache, animal, symbole, etc.) fixé sur le sommet d'un casque et d'une coiffure en général.</ref> formé d'un cygne aux ailes déployées, un heaume à lambrequins <ref name=Lambrequins>{{K-Lambrequins}}</ref> et un écu aux trois croissants. +Il est un élément très ancien du patrimoine présent dans l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric qui n'a jamais été présenté comme il se doit par les mémorialistes. Seul Norbert Bernard <ref name=NorbertBernard>{{PR-NorbertBernard}}</ref> a recherché les mentions de ses origines dans les archives locales, départementales et ducales (cf le dernier chapitre sur les sources documentaires).
-Le cygne ci-contre est une figure de style utilisée dans la mythologie celtique et sur cette pierre tombale sa symbolique est d'autant plus marquée. En effet on dit que le cygne est l’oiseau du seuil, associé à la fête druidique de Samhuinn. Il représente notre capacité à voyager dans l’Autre Monde. +Et pourtant cette tombe creusée dans le mur sud de l'église est mentionnée dès l'année 1504 et atteste des prééminences d'une seigneurie locale. La famille noble des Kerfors, en l’occurrence Caznevet et son fils Charles, disposait d'une « <i>tombe enlevée (=surélevée), arche et voûte, en l'ayle de l'endroict du cueur</i> », ceci à proximité de la pierre au sol des Liziart.
-Extrait des « Enfants de Lir », d’Ella Young <ref>Ella Young (1867-1956) est une poète irlandaise et spécialiste de la mythologie celtique de la fin du 19e et début du 20e siècle.</ref> : +Et sur cette tombe on note encore aujourd'hui 6 blasons familiaux, dont deux ont des motifs conservés, avec en partie « <i>senestre</i> » (gauche) le mi-parti du fameux cor de chasse ou « <i>greslier</i> » <ref name=Greslier>{{K-Greslier}}</ref> des Kerfors du 15e au 17e siècle, et en partie « <i>dextre</i> » (droite) des armes de familles en alliance non encore identifiées.
-<br><i>« Cygnes blancs des mondes sauvages qui survolez. +
-<br>Tant de contrées, avez -vous jamais vu l’île de Tir-na-n’Og +
-<br>Où la jeunesse est éternelle, l’île de Tir-na-Moe +
-<br>Où la beauté n’a pas de fin ou celle de Moy-Mell, +
-<br>Embaumant du parfum des fleurs ? » </i>+
-Tir-na-n’Og était une île de l’Autre Monde où la jeunesse était éternelle. Les cygnes blancs auxquels le poème fait référence sont quatre enfants d’une des plus anciennes lignées d’Irlande, les Thatha de Danaan.+Le premier document officiel mentionnant l'enfeu des Kerfors est un acte prônal <ref name="Prône">{{K-Prône}}</ref> du 15 décembre 1503 établissant le droit au seigneur de Kerfors à disposer d'une tombe « <i>du cotté de l'eppittre</i> » <ref name="CôtéEpitre">{{K-Côtédel'épitre}}</ref> à l'église Saint-Guinal. Cet acte est mentionné à la succession du recteur Jean Edy en 1748 en ces termes : « <i>Deux autres pronneaux de pareil idiome portant confection de tombe en l'église paroissialle du cotté de l'eppittre à François Liziart François de Kergonan et à Charles Kerfors sieur dudit lieu datté des 16 septembre 1496 et 15 décembre 1504.</i> »
- +
-Sous le cygne, un heaume et ses lambrequins <ref name=Lambrequins>{{K-Lambrequins}}</ref>, placé comme si l'oiseau sacré transportait l'âme du défunt vers cet Autre Monde. Depuis que la pierre a été nettoyée en 2012, on voit très nettement tous ces ornements finement ciselés. +
-Sans oublier le blason qu'on voit la tête en bas (un chef cranté) dans sa disposition verticale actuelle : « d'or à trois croissants de gueules ». Le croissant est le symbole de la noblesse, de l'accroissement de richesses, de l'honneur et de la renommée. Il peut rappeler les croisades et les expéditions contre les Sarrasins, car il était le symbole de l’empire ottoman et de la ville de Constantinople. Mais dire que les détenteurs de blason avec croissants sont d’anciens croisés est probablement exagéré. Le croissant est également usité comme symbole du culte de la Vierge chrétienne, celle-ci étant parfois représentée les pieds posés sur un croissant.+Dans la déclaration en 1680 par Jan de La Marche, seigneur de Kerfors, pour la réformation du domaine royale, la description est plus précise : « <i>connoist et possède en l'esglise parroissialle dudit Ergué Gaberic une tombe enlevée estant en voute et arcade dans la muraille costudé et méridionale de la chapelle dite de sainct Michel estant du costé de l'épitre</i> ».
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-[[Image:PierreLiziart.jpg|thumb|300px|center|Photo Werner Preissing 2010]]+[[Image:BlogEnfeuKerfors.jpg|center|420px|]]
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-==Prééminences des Liziart de Kergonan==+==Diaporama et hiéraldique==
 +<gallery caption="Pierre tombale et blasons">
 +Image:EnfeuKerfors-A.jpg|Tombe "enlevée"
 +Image:EnfeuKerfors-B.jpg|-
 +Image:EnfeuKerfors-C.jpg|-
 +Image:EnfeuKerfors-C1.jpg|Position des blasons
 +Image:EnfeuKerfors-D.jpg|Blason n°1
 +Image:EnfeuKerfors-E.jpg|Blason n°2
 +Image:EnfeuKerfors-F.jpg|Blason n°3
 +Image:EnfeuKerfors-H.jpg|Blason n°4
 +Image:Blason4EnfeuKerforsGrey.jpg|-
 +Image:EnfeuKerfors-G.jpg|Blason n°5
 +Image:EnfeuKerfors-I.jpg|Blason n°6
 +Image:EnfeuKerfors-J.jpg|-
 +</gallery>
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-[[Image:PierreLiziart2012.jpg|thumb|250px|center]]+<big>Blasons 1, 2 et 3</big>
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-La pierre tombale date vraisemblablement des dernières années des dernières années du 15e siècle, si l’on se fie à l’acte prônal <ref name=Prone>{{K-Prône}}</ref> du 16 septembre 1495 qui accordait le droit de tombe à « François Liziart, seigneur de Kergonnan ».+
-Les Liziart avaient pour armoiries « d'or à trois croissants de gueules ». Le lieu noble de Liziart était à l’origine en la paroisse de Rosnoen. Quant au fief de Kergonan qui est situé à l’extrémité nord-est de la commune d’Ergué-Gabéric, on l’a souvent confondu avec le lieu homonyme en Ergué-Armel <ref name=Norbert>Voir les études/notes de Norbert Bernard relatives aux Liziart / Faou et Kergonan, et ses transcriptions des montres et réformations des 15e et 16e siècles sur les sites Internet www.grandterrier.net et www.tudchentil.org.</ref>. A la fin du 19e siècle une erreur de classement d'une pièce d'archive aux Archives Départementale de Loire-Atlantique s’est produite dans l’Inventaire sommaire de Léon Maitre, et de nombreux aveux ont été attribués par erreur au manoir de Kergonan d’Ergué-Armel.+* Placés sur les bords apparents du tombeau, respectivement sur les côtés oriental, au centre et occidental.
-On trouve les croissants des Liziart des Kergonan en vitre latérale de l'église paroissiale St-Guinal d’Ergué-Gabéric. D'après une note de l'édition de la Vie des Saints d'Albert Le Grand, François Liziart, seigneur de Kergonan, fit don à la paroisse de ce vitrail. François Liziart est représenté agenouillé devant son saint patron Saint François d’Assise, et accompagné de sa femme Marguerite de Lanros, elle-même présentée par Sainte Marguerite. +* Les motifs de ces blasons sont complètement martelés et effacés.
-En 1426 Raoul Liziart, sieur de Kergonan, est cité à la Réformation des fouages <ref name=Norbert>-</ref>, avec la mention d'une contestation des paroissiens quant à l'ancienneté des prérogatives du fief de Kergonan. À la montre de Cornouaille tenue à Carhaix en 1481 <ref name=Norbert>-</ref>, on trouve François Liziart, mineur, représenté par Louis Le Borgne, archer en brigandine. En 1562, Jehan Liziart, seigneur de Kergonan, est dit « sous l'edict » à la montre de Quimper-Corentin.+<big>Blason 4</big>
-|}+*Sur la pierre tombale sur le côté oriental, la pointe à l'est.
-==Prosper et Albert Le Guay, archéologues de père en fils==+*En position senestre, on reconnait nettement le demi greslier azur <ref name=Greslier>{{K-Greslier}}</ref> des Kerfors, représenté en moitié car le blason est en alliance, avec le rappel des familles conjointes en position droite.
-{|width=870+*En position dextre, les motifs des armoiries en alliance. On distingue cinq bandes horizontales, la bande supérieure semblant interrompue par un carré.
 +|width=4% valign=top {{jtfy}}|&nbsp;
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-Comment la pierre des Liziart a été transférée au 19e siècle dans le parc du château du Cleuyou. Notre hypothèse est que les propriétaires du Cleuyou, Prosper ou Albert Le Guay, archéologues amateurs, ont organisé une opération de protection à la suite de travaux d’aménagement du dallage de l’église paroissiale.+<big>Blason 5</big>
-Prosper et Albert Le Guay formaient deux sympathiques figures qui avaient en commun une réelle passion pour l'archéologie et l'histoire locale. Tous deux ont participé régulièrement aux travaux de la Société Archéologique du Finistère et arpenté les campagnes bretonnes à la recherche de trésors oubliés.+*Sur la pierre tombale au centre, la pointe inférieure orientée à l'est, entouré d'un motif de guirlandes (les mêmes qui sont relevés sur la façade du presbytère et attribué au blason du chanoine Jean Parcevaux décédé en 1568).
-Guillaume Le Guay, père de Prosper, est né en 1773 dans le village normand de Tessy-sur-Vire (50). Il se maria à Quimper le 28 Brumaire de l'an 13 et fit l'acquisition du château du Cleuyou, sans doute mis en vente par la négociante Magdelaine Merpaut <ref name=Merpaut>{{PR-Merpaut}}</ref> qui l'avait acquis en 1795 en tant que bien national confisqué aux Tinténiac, les derniers propriétaires nobles <ref>François-Hyacinthe et Vincent de Tinténiac, père et fils, se sont illustrés comme royalistes et comme officiers dans l’armée des chouans.</ref>. +*La partie droite du blason est martelé.
-Son fils Prosper est né à Quimper le 26 Frairial de l'an 13. Il fut d’abord négociant et fabricant de fécules de pommes de terre, tout comme son frère Félix, et ensuite il fut nommé conseiller de préfecture. En 1846 Prosper était domicilié au Cleuyou où la naissance de ses derniers enfants furent déclarés. Et en 1873 il y était toujours lorsqu'il s'inscrivait comme l'un des 27 premiers membres de la Société Archéologique du Finistère : « <i>Le Guay ancien secrétaire général de la Préfecture</i> ». C’était du temps de l’abbé Abgrall, du major Faty et de La Villemarqué.+*En position senestre supérieure, on croit reconnaitre le demi greslier <ref name=Greslier>{{K-Greslier}}</ref> des Kerfors, mais sans garantie.
-À son tour, sans doute à la mort de son père en 1886, Albert Le Guay s'établit au Cleuyou après avoir fait une carrière de juge de paix à Douarnenez. Dans le bulletin de 1886, il était mentionné officiellement en tant que membre de la Société : « <i>Le Guay, ancien juge de paix à Douarnenez</i> ».+<big>Blason 6</big>
-Prosper ou Albert ont sans doute également, dans des circonstances inconnues aujourd’hui, récupéré et entreposé la très belle pierre tombale de 1383 de Grallon de « Kervastar-Keriguar » (Elliant), faite de pierre friable blanche et gravée en creux. C’est leur héritier, cousin issu de germains, Louis Le Guay, qui organisa en 1920-30 le transfert de cette pierre au musée départemental breton de Quimper.+*Sur la pierre tombale sur le côté occidental, la pointe inférieure orientée à l'est.
-Le père et le fils aimaient parcourir les campagnes pour visiter les vieilles demeures de Cornouaille, et pour repérer des objets témoins du passé, que ce soit des pierres gravées ou des pièces de monnaie. Prosper a participé à plusieurs fouilles archéologiques importantes, notamment sur les terres d’Ergué-Armel. +*En position senestre, on reconnait nettement le demi greslier azur <ref name=greslier>{{K-Greslier}}</ref> des Kerfors, représenté en moitié car le blason est en alliance, avec le rappel des familles conjointes en position droite.
-Le 12 juillet 1873 dans un article du Bulletin de la Société Archéologique du Finistère une virée du côté de Briec est relatée en ces termes : +*En position dextre, les motifs des armoiries en alliance. On distingue trois disques ou tourteaux en quinconce au niveau supérieur, deux bandes inclinées au centre, et au niveau inférieur la moitié des trois tourteaux supérieurs.
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-[[Image:PierreGrallonKervastard.jpg|thumb|250px|center|Pierre tombale de Grallon de Kervastard]]+
-« <i>Vers la fin du mois de mars, M. Le Guay, l'un de nos collègues, fit connaître à M. Le Men et moi l'existence d'une pierre à quatre auges, munie de tourillons que l'on supposait être une ancienne mesure, et qui à ce point de vue, offrait un véritable intérêt archéologique ... M. Le Guay offrit sa voiture, et, le 2 Avril, nous partîmes MM. Le Guay père et fils, M. Le Men et moi pour aller voir cette pierre et avec l'intention de visiter les communes de Briec et d'Edern</i> ». +
-La voiture des Le Guay n'était bien sûr pas motorisée au sens actuel du terme : « <i>Ornières, fondrières, excavations dangereuses ; le cheval donne à plein collier, M. Le Guay et moi nous allégeons la voiture qui cependant gémit et qui dans une secousse violente perd un de ses écrous</i> ».  
-<center>* * * </center>+==Sources documentaires==
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 +Dans son article « <i>Guy Autret et l'église d'Ergué-Gabéric</i> » paru en 2002 dans le Bulletin de la Société Archéologique, Norbert Bernard a relevé les plus anciens documents d'archives attestant de l'ancienneté de l'enfeu <ref name=Enfeu>{{K-Enfeu}}</ref> des Kerfors :
 +* Un acte prônal <ref name="Prône">{{K-Prône}}</ref> du 15 décembre 1503 établit le droit du seigneur de Kerfors à disposer d'une tombe « <i>du cotté de l'eppittre</i> » <ref name="CôtéEpitre">{{K-Côtédel'épitre}}</ref> à l'église Saint-Guinal. Cet acte est mentionné à la succession du recteur Jean Edy en 1748 en ces termes : « <i>Deux autres pronneaux de pareil idiome portant confection de tombe en l'église paroissialle du cotté de l'eppittre à François Liziart François de Kergonan et à Charles Kerfors sieur dudit lieu datté des 16 septembre 1496 et 15 décembre 1504.</i> »
 +* Un document de 1513 précise qu'il y avait tombe « <i>enlevée</i> » (c'est-à-dire surélevée et placée dans le mur, comme le sont généralement les enfeux <ref name=Enfeu>{{K-Enfeu}}</ref>) et une tombe au sol, « <i>basse et placée sur terre</i> ». La première est celle des Kerfors et la deuxième celle des Liziart (aujourd'hui conservée dans le parc du manoir du Cleuyou). Virgine Laz, dans son mémoise de maitrise à l'UBO <ref> Virginie LAZ, <i>Transcription et étude du registre des lettres scellées à la chancellerie de Bretagne en 1513</i>, Brest, 2001 (mémoire de maîtrise dactyl.), acte 214, 16 février 1513 (n.s.).</ref>, a transcris ainsi ce document « <i>Réintégrande et sauvegarde pour Charles de Kerfors, seigneur dudit lieu, sur sa possession d'une tombe enlevée, arche et voûte, en l'ayle de l'endroict du cueur de l'église parrochal d'Ergué-Gabérit, avec une tome basse et placé sur terre ayant une pierre tombal au desur</i> ».
 + 
 +Ce qui donne ce plan proposé ci-contre par Norbert, positionnant respectivement le vitrail de François Liziart et de son épouse, leur tombe, le banc et la tombe des seigneurs de Lezergué et enfin l'enfeu des Kerfors :
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 +[[Image:PlanEnfeuxEglise.jpg|center|thumb|350px]]
-À la lumière de la passion des Le Guay pour les vieilles pierres et l’histoire de la région, il est très probable que Prosper et/ou Albert Le Guay aient eu soin de conserver dans leur propriété du Cleuyou la belle pierre à enfeu <ref name=Enfeu>{{K-Enfeu}}</ref> des Liziart.+Dans la déclaration en 1680 par Jan de La Marche, seigneur de Kerfors, pour la réformation du domaine royale, il y a aussi une description complète : « <i>connoist et possède en l'esglise parroissialle dudit Ergué Gaberic une tombe enlevée estant en voute et arcade dans la muraille costudé et méridionale de la chapelle dite de sainct Michel estant du costé de l'épitre, avec deux autres tombes basses et joignant le tout armorié des armes de sa dite maison de Kerfors et alliances d'icelle avec le nombre de quatre à cinq escussons de ses armes en la vitre estant au-dessus de la dicte arcade.</i> »
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Version actuelle

Catégorie : Patrimoine
 Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
  Image:Bullorange.gif [Développé]
§ E.D.F.

Où il est question de l’ancestrale enfeu [1] ou tombe « enlevée » (c'est-à-dire surélevée) des seigneurs de Kerfors « côtté épittre » [2] de l'église paroissiale.

Au sommaire des photos de cette pierre ouvragée incrustée dans le mur sud de l'église, un récapitulatif des documents d'archives, la plupart découverts et étudiés par Norbert Bernard [3], le repérage du greslier [4] héraldique des Kerfors, un essai de description des blasons en alliance. Toute aide pour identifier les motifs en alliance et leurs familles propriétaires sera la bienvenue.

Autres articles : « Familles nobles gabéricoises » ¤ « Les Kerfors, dudit lieu, nobles du 15e au 17e siècle » ¤ « 1748 - Inventaire des documents anciens détenus par le recteur Jean Edy » ¤ « 1448-1496 - Actes du fonds de La Marche pour les seigneurs de Kerfors » ¤ « 1680-1682 - Papier terrier et déboutement de réformation du domaine de Kerfors » ¤ « Guy Autret et l'église d'Ergué-Gabéric, défense de ses prééminences » ¤ « 1426-1562 - Les Liziart de Kergonan en Ergué-Gabéric et leurs armes » ¤ « La pierre tombale à enfeu des Liziart conservée au Cleuyou » ¤ « Un blason à trois chevrons sur le linteau du presbytère » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Il est un élément très ancien du patrimoine présent dans l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric qui n'a jamais été présenté comme il se doit par les mémorialistes. Seul Norbert Bernard [3] a recherché les mentions de ses origines dans les archives locales, départementales et ducales (cf le dernier chapitre sur les sources documentaires).

Et pourtant cette tombe creusée dans le mur sud de l'église est mentionnée dès l'année 1504 et atteste des prééminences d'une seigneurie locale. La famille noble des Kerfors, en l’occurrence Caznevet et son fils Charles, disposait d'une « tombe enlevée (=surélevée), arche et voûte, en l'ayle de l'endroict du cueur », ceci à proximité de la pierre au sol des Liziart.

Et sur cette tombe on note encore aujourd'hui 6 blasons familiaux, dont deux ont des motifs conservés, avec en partie « senestre » (gauche) le mi-parti du fameux cor de chasse ou « greslier » [4] des Kerfors du 15e au 17e siècle, et en partie « dextre » (droite) des armes de familles en alliance non encore identifiées.

Le premier document officiel mentionnant l'enfeu des Kerfors est un acte prônal [5] du 15 décembre 1503 établissant le droit au seigneur de Kerfors à disposer d'une tombe « du cotté de l'eppittre » [2] à l'église Saint-Guinal. Cet acte est mentionné à la succession du recteur Jean Edy en 1748 en ces termes : « Deux autres pronneaux de pareil idiome portant confection de tombe en l'église paroissialle du cotté de l'eppittre à François Liziart François de Kergonan et à Charles Kerfors sieur dudit lieu datté des 16 septembre 1496 et 15 décembre 1504. »

Dans la déclaration en 1680 par Jan de La Marche, seigneur de Kerfors, pour la réformation du domaine royale, la description est plus précise : « connoist et possède en l'esglise parroissialle dudit Ergué Gaberic une tombe enlevée estant en voute et arcade dans la muraille costudé et méridionale de la chapelle dite de sainct Michel estant du costé de l'épitre ».

 

[modifier] 2 Diaporama et hiéraldique

Blasons 1, 2 et 3

  • Placés sur les bords apparents du tombeau, respectivement sur les côtés oriental, au centre et occidental.
  • Les motifs de ces blasons sont complètement martelés et effacés.

Blason 4

  • Sur la pierre tombale sur le côté oriental, la pointe à l'est.
  • En position senestre, on reconnait nettement le demi greslier azur [4] des Kerfors, représenté en moitié car le blason est en alliance, avec le rappel des familles conjointes en position droite.
  • En position dextre, les motifs des armoiries en alliance. On distingue cinq bandes horizontales, la bande supérieure semblant interrompue par un carré.
 

Blason 5

  • Sur la pierre tombale au centre, la pointe inférieure orientée à l'est, entouré d'un motif de guirlandes (les mêmes qui sont relevés sur la façade du presbytère et attribué au blason du chanoine Jean Parcevaux décédé en 1568).
  • La partie droite du blason est martelé.
  • En position senestre supérieure, on croit reconnaitre le demi greslier [4] des Kerfors, mais sans garantie.

Blason 6

  • Sur la pierre tombale sur le côté occidental, la pointe inférieure orientée à l'est.
  • En position senestre, on reconnait nettement le demi greslier azur [6] des Kerfors, représenté en moitié car le blason est en alliance, avec le rappel des familles conjointes en position droite.
  • En position dextre, les motifs des armoiries en alliance. On distingue trois disques ou tourteaux en quinconce au niveau supérieur, deux bandes inclinées au centre, et au niveau inférieur la moitié des trois tourteaux supérieurs.


[modifier] 3 Sources documentaires

Dans son article « Guy Autret et l'église d'Ergué-Gabéric » paru en 2002 dans le Bulletin de la Société Archéologique, Norbert Bernard a relevé les plus anciens documents d'archives attestant de l'ancienneté de l'enfeu [1] des Kerfors :

  • Un acte prônal [5] du 15 décembre 1503 établit le droit du seigneur de Kerfors à disposer d'une tombe « du cotté de l'eppittre » [2] à l'église Saint-Guinal. Cet acte est mentionné à la succession du recteur Jean Edy en 1748 en ces termes : « Deux autres pronneaux de pareil idiome portant confection de tombe en l'église paroissialle du cotté de l'eppittre à François Liziart François de Kergonan et à Charles Kerfors sieur dudit lieu datté des 16 septembre 1496 et 15 décembre 1504. »
  • Un document de 1513 précise qu'il y avait tombe « enlevée » (c'est-à-dire surélevée et placée dans le mur, comme le sont généralement les enfeux [1]) et une tombe au sol, « basse et placée sur terre ». La première est celle des Kerfors et la deuxième celle des Liziart (aujourd'hui conservée dans le parc du manoir du Cleuyou). Virgine Laz, dans son mémoise de maitrise à l'UBO [7], a transcris ainsi ce document « Réintégrande et sauvegarde pour Charles de Kerfors, seigneur dudit lieu, sur sa possession d'une tombe enlevée, arche et voûte, en l'ayle de l'endroict du cueur de l'église parrochal d'Ergué-Gabérit, avec une tome basse et placé sur terre ayant une pierre tombal au desur ».

Ce qui donne ce plan proposé ci-contre par Norbert, positionnant respectivement le vitrail de François Liziart et de son épouse, leur tombe, le banc et la tombe des seigneurs de Lezergué et enfin l'enfeu des Kerfors :

 

Dans la déclaration en 1680 par Jan de La Marche, seigneur de Kerfors, pour la réformation du domaine royale, il y a aussi une description complète  : « connoist et possède en l'esglise parroissialle dudit Ergué Gaberic une tombe enlevée estant en voute et arcade dans la muraille costudé et méridionale de la chapelle dite de sainct Michel estant du costé de l'épitre, avec deux autres tombes basses et joignant le tout armorié des armes de sa dite maison de Kerfors et alliances d'icelle avec le nombre de quatre à cinq escussons de ses armes en la vitre estant au-dessus de la dicte arcade. »

[modifier] 4 Annotations

  1. Enfeu, s.m. : ancien substantif déverbal de enfouir. Niche à fond plat, pratiquée dans un édifice religieux et destinée à recevoir un sarcophage, un tombeau ou la représentation d'une scène funéraire. Avant la Révolution française, les seigneurs du pays étaient enterrés par droit d'enfeu dans un sépulcre de ce genre. Source : Trésors de la Langue Française. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2]
  2. Côté de l'épitre, g.n.m. : côté droit de l’autel, dans une église, en faisant face à l’autel. Source : fr.wiktionary.org [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2]
  3. Norbert Bernard (1974-2005) est un historien-paléographe qui a mené plusieurs travaux de recherches historiques en pays cornouaillais et a participé activement à l'édition des Mémoires re-découvertes en 1998 de Jean-Marie Déguignet. Autres activités et publications : article sur Guy Autet en 2002 dans Bulletin d'Archéologique du Finistère, lancement du site Tudchentil, étude sur le "sorcier" Yves Pennec, thèse à l'UBO « Chemins et structuration de l'espace en Cornouaille du Ve siècle à la fin du XVIIe siècle », ... [Ref.↑ 3,0 3,1]
  4. Greslier, s.m. : cor de chasse en héraldique. Sorte de cornet ou de trompette (dict. Godefroy 1880). Ancien français graile ou grele, ainsi dit parce qu'allongé, grêle (Littré). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 4,0 4,1 4,2 4,3]
  5. Prône, s.m. : lecture faite par le prêtre, en chaire, après l’évangile, à la grand-messe. Le prône comporte des prières en latin et en français à l'intention des vivants, à commencer par le Roi, et des défunts ; parfois, mais pas toujours, une homélie commentant les lectures du jour ; et enfin une série d'annonces concernant les fêtes et les jeûnes à venir, les bancs de mariage, les monitoires de justice, les ordres adressés par le Roi, etc. On comprend ainsi que ce prône peut être fort long, mais il est essentiel pour la cohésion de la communauté paroissiale et pour la communication du haut en bas dans le royaume. Source : Dictionnaire de l'Ancien Régime. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 5,0 5,1]
  6. Greslier, s.m. : cor de chasse en héraldique. Sorte de cornet ou de trompette (dict. Godefroy 1880). Ancien français graile ou grele, ainsi dit parce qu'allongé, grêle (Littré). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  7. Virginie LAZ, Transcription et étude du registre des lettres scellées à la chancellerie de Bretagne en 1513, Brest, 2001 (mémoire de maîtrise dactyl.), acte 214, 16 février 1513 (n.s.). [Ref.↑]


Thème de l'article : Patrimoine communal d'Ergué-Gabéric

Date de création : août 2015    Dernière modification : 10.03.2018    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]