CABELLIC Christian - Le combat de Canezvet de Kerfors contre le griffon du Stangala
Un article de GrandTerrier.
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[modifier] Notice bibliographique
L'auteur est un grand connaisseur du passé fondateur de la paroisse d'Ergué-Gabellic : « Je saisis l'occasion de la parution d'un article sur le dragon du Stangala pour vous proposer une autre version du fameux combat du chevalier de Kerfors J'ai composé cette version pour faire lecture à ma petite famille (il y a maintenant plus de trente ans!) en m'inspirant de l'article de Louis le Guennec sur Ergué-Gabéric publié par les Amis de Louis Le Guennec dans "Histoire de Quimper et son canton"- Edition 1984.) J'ai identifié le monstre du Stangala sous forme d'un griffon pour mieux faire allusion au "griffonnez" et pour évoquer les armes au griffon des Saint Alouarn. (Guillaume de Saint Alouarn tenant à Poullaou une propriété d'Olivier de Conc, archidiacre de Poher et neveu de l'évêque Yves Cabellic.) » Le récit de Christian commence par le côté effrayant du monstre du Stangala: « Le griffon est un animal fabuleux. Il possède la tête et les ailes de l’aigle, les oreilles du cheval, le corps du lion et la nageoire dorsale du poisson ... Il crachait de rage un vent d’une violence extraordinaire qui déracinait les arbres, emportait les toitures et précipitait gens et bêtes à terre ». Dans un premier temps c'est un ancêtre Cabellic de Lezergué qui s’inquiète pour sa nièce Adelice de Saint Alouarn, cette dernière étant la dernière proie réclamée par la bête : « Le seigneur du Pays en sa demeure de Lezergué ne cessait de s’enquérir des avis les plus sages mais hélas nulle issue n’était trouvée ». Le jeune Caznevet du château voisin de Lezergué propose ses services pour combattre l'animal : « Le voici lancé dans une charge folle, tout le corps arc bouté sur les étriers, le fer de lance pointé sur le poitrail du griffon ... ». Et bien sûr tout est bien qui finit bien : « Alors ils ne se quittèrent plus et tous les gens du pays les fêtèrent et toutes les cloches carillonnèrent de joie, les binious sonnèrent entraînant les danseurs. ». |
[modifier] « Conte de Bretagne »
En un pays de Bretagne, au temps jadis, le combat du preux chevalier Caznevet de
Kerfors Le griffon est un animal fabuleux. Il possède la tête et les ailes de l’aigle, les oreilles du cheval, le corps du lion et la nageoire dorsale du poisson. Il y a fort longtemps, un tel monstre terrorisait le pays d’Ergué près de Quimper Corentin. Il avait élu retraite sur la crête formidable de rochers qui surplombe le tournant aigu de l’Odet au Stangala. Cette épouvantable créature, lorsqu’elle réclamait une nouvelle fois son tribut de victimes humaines poussait des cris si effroyables et si intenses que toutes les pierres des maisons, des manoirs et des églises se mettaient à trembler. Quand le monstre s’impatientait, il crachait de rage un vent d’une violence extraordinaire qui déracinait les arbres, emportait les toitures et précipitait gens et bêtes à terre. Puis le monstre soufflait un brouillard si épais que l’on eût dit le pays plongé dans les plus insondables ténèbres ; de sorte que nul ne pouvait se déplacer. Les pauvres gens d’Ergué ne savaient plus quelles idoles adorer et, devant l’insuccès de leurs requêtes, ils finissaient par écouter les hommes de la Sainte Eglise qui les exhortaient aux prières et dévotions les plus ardentes pour chasser les funestes effets. Le seigneur du Pays en sa demeure de Lezergué ne cessait de s’enquérir des avis les plus sages mais hélas nulle issue n’était trouvée et chaque fois que l’effroyable cri du griffon s’abattait sur le pays, une nouvelle victime devait être désignée au monstre. Ce seigneur de Lezergué était l’oncle d’une jolie princesse qui s’appelait Adelice de Saint Alouarn. Cette charmante jeune fille était d’une douceur exquise et pleine d’attention pour les petites gens. Elle portait des cheveux blonds et très longs qu’elle nouait parfois en une très longue tresse. Lorsqu’elle chantait en s’accompagnant de sa harpe, sa voix merveilleuse transformait tout son entourage en un univers de douceur car son chant perçait les cœurs les plus durs. Mais voilà ! Certains restaient sourds à sa mélodie bienfaitrice. C’étaient de méchantes créatures, des bandits qui s’attaquaient aux malheureuses personnes qui s’aventuraient dans la forêt du pays. Ces créatures que n’habitait nulle pitié n’hésitaient pas à occire leurs victimes. Aussi lorsqu’’elles étaient prises, leur châtiment était de les conduire au monstre. Un jour, alors que l’un de ces bandits se vit condamner à être mangé par le griffon, ses affreux complices, pour le sauver de ce châtiment, s’emparèrent traitreusement de la jolie princesse et menacèrent le seigneur de Lezergué d’indiquer au monstre en quel endroit ils avaient abandonné Adelice à proximité de sa grotte. Ce fut alors le jeune chevalier Caznevet de Kerfors qui se résolut à combattre le monstre et voici comment ! Au terme d’une pieuse nuit passée en prières et après avoir reçu la Sainte Communion des mains de l’Abbé de Landévennec, Caznevet s’équipa en tenue de bataille et chevaucha vers le monstre. A la vue de l’horrible griffon Caznevet s’en remis une nouvelle fois au Seigneur et fit le signe de la croix. Il ajusta son heaume, serra son écu d’argent contre lui, abaissa sa lance et piqua son destrier de ses éperons d’or fin, en lâchant les brides. |
Le voici lancé dans une charge folle, tout le corps arc bouté sur les étriers, le fer de lance pointé sur le poitrail du griffon. Le coup fut terrible. La lance s’enfonça jusqu’au bois et se cassa net. Le monstre se cabra dans un cri affreux et abattit un coup de griffe d’une puissance extraordinaire. Le heaume de Caznevet fut fendu jusqu’au nasal et la chair de son crâne fut entamée ; son écu vola et l’encolure du cheval fut si profondément entaillée que le pauvre animal succomba dans l’instant, entrainant le chevalier à terre, évanoui. Sous la douleur causée par le fer de lance fiché dans son poitrail le griffon faisait des bonds si formidables que le sol du pays tout entier en tremblait. Apercevant Caznevet toujours à terre, la tête ensanglantée, le monstre se précipita vers lui. Notre pauvre chevalier revenant à peine de pâmoison ne put que saisir son écu et se blottir dessous car déjà le monstre s’abattait sur lui ! Alors, en cet instant, le Seigneur fit des cieux si purs et un soleil si intense que l’écu de Caznevet se mit à briller d’un insoutenable éclat. Le monstre, aveuglé, se jeta à deux doigts du chevalier, le poitrail contre le sol. Le bout de lance en fut davantage enfoncé et le sol inondé de sang impur. Caznevet se releva en titubant et essuyant son visage ensanglanté, luttant contre la douleur, chercha son épée alors que le griffon tentait de se redresser. Le griffon vit Caznevet tout proche tenant son épée à deux mains et élevant les bras. Puisant au plus profond de son être le reste de ses forces, Caznevet abattit son arme sur la tête du monstre. Sous le coup, le Griffon fit un bond formidable et retomba occis ! Il roula vers les rochers et s’abîma dans les eaux de l’Odet. Caznevet tomba alors à genoux et joignit les mains pour louer le Seigneur. Il s’évanouit aussitôt, le corps vidé de ses forces. Adelice, avait pu apercevoir le combat toute blottie et terrorisée. Son cœur s’enfla de joie lorsqu’elle vit Caznevet occire le monstre mais la plus vive inquiétude s’empara d’elle en voyant le chevalier toujours inanimé. Elle courut vers lui et lui essuya délicatement le visage avec son mouchoir trempé d’une bonne eau de source jaillissant en cet endroit. Cette caresse ranima le jeune homme qui découvrit avec enchantement le doux visage penché sur lui. Alors ils ne se quittèrent plus et tous les gens du pays les fêtèrent et toutes les cloches carillonnèrent de joie, les binious sonnèrent entraînant les danseurs. En souvenir de cette terrible histoire, les gens du pays nommèrent la crête de rochers le Griffonez. Aujourd’hui encore, cet endroit impressionne le visiteur. Caznevet fut honoré par tous mais il ne voulut pas conserver pour lui-même la mémoire de ce haut fait en peignant le griffon sur son écu. Alors, ce sont les Saint Alouarn qui le firent. |
[modifier] Annotations
- Caznevet de Kerfors est présent « en brigandine » à la montre militaire de Carhaix de 1481. Il prend pour épouse Ysabelle de Kermaes, et décède en 1496. Il ne succède à sa mère Katerine comme seigneur de Kerfors qu'en 1488, mais il apparaît déjà en 1460, 1471 et 1479 dans des donations ou échanges de terres. Les seigneurs de Kerfors sont réputés être avoir fondé la chapelle, et à la Réformation de 1680 ce souvenir est toujours vivace : « Plus connoist estre fondateur d'une chapelle construite en la dicte parroisse en l'honneur de Monsieur Sainct Guenolay pour avoir icelle esté bastie en son fond par la concession de ses prédecesseurs ». [Ref.↑ 1,0 1,1]
Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Date de création : Mars 2018 Dernière modification : 23.03.2018 Avancement : [Fignolé] |