Les légendes du Stangala par Louis Le Guennec, Dépèche & Quimper-Cornouaille 1929-34
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À trois kilomètres de Quimper, sur le versant ouest du joli vallon boisé où courent parallèlement les eaux mutines du Frout et la grande route de Châteaulin, une vieille maison ombragée de quelques hêtres et sapins subsiste du manoir de Kermahonec. Diminuée et remaniée, elle conserve encore de l'époque gothique une porte en arc brisé d'un tracé très pur, et la base d'une tourelle à pans coupés dont la chute d'un sapin vétuste emporta le faîte, il y a quelques trente ans. Naguère, l'un des pieds-droits du portail extérieur montrait un petit personnage accroupi, élevant ses bras pour soutenir une sorte de console sur laquelle devait retomber la nervure de l'arceau. À l'entrée de la cour, un bassin circulaire est surmonté en son milieu d'une figure de dragon d'assez belle taille, sculpté en granit, le corps squameux, la gueule ouverte, la queue enroulée, les ailes griffues. C'est le fameux « dragon de Kermahonec », dont je dirai tout à l'heure la légende. | À trois kilomètres de Quimper, sur le versant ouest du joli vallon boisé où courent parallèlement les eaux mutines du Frout et la grande route de Châteaulin, une vieille maison ombragée de quelques hêtres et sapins subsiste du manoir de Kermahonec. Diminuée et remaniée, elle conserve encore de l'époque gothique une porte en arc brisé d'un tracé très pur, et la base d'une tourelle à pans coupés dont la chute d'un sapin vétuste emporta le faîte, il y a quelques trente ans. Naguère, l'un des pieds-droits du portail extérieur montrait un petit personnage accroupi, élevant ses bras pour soutenir une sorte de console sur laquelle devait retomber la nervure de l'arceau. À l'entrée de la cour, un bassin circulaire est surmonté en son milieu d'une figure de dragon d'assez belle taille, sculpté en granit, le corps squameux, la gueule ouverte, la queue enroulée, les ailes griffues. C'est le fameux « dragon de Kermahonec », dont je dirai tout à l'heure la légende. | ||
- | La manoir appartenait en 1481 à Charles Le Cgever, archer en brigandine parmi les nobles de <i>Queuzon</i> ou Cuzon à la « montre de Cornouaille » tenue cette année. En 1536, il avait passé par vente judiciaire à maître Daniel Le Gubaer, qui en fournit aveu au cardinal Simonella, évêque et administration de l'évêché de Cornouaille. Son fils, maître Jean Le Gubaer, se présenta à la montre de 1562 ; il était en 1564 bailli de la cour des Régaires et laissa postérité fondue au siècle suivant dans une autre maison de judicature héréditaire, les Le Goazre. La famille de Penandreff possédait par alliance ce manoir de Kermahonec au temps de Louis XV. | + | La manoir appartenait en 1481 à Charles Le Chevez, archer en brigandine parmi les nobles de <i>Queuzon</i> ou Cuzon à la « montre de Cornouaille » tenue cette année. En 1536, il avait passé par vente judiciaire à maître Daniel Le Gubaer, qui en fournit aveu au cardinal Simonella, évêque et administration de l'évêché de Cornouaille. Son fils, maître Jean Le Gubaer, se présenta à la montre de 1562 ; il était en 1564 bailli de la cour des Régaires et laissa postérité fondue au siècle suivant dans une autre maison de judicature héréditaire, les Le Goazre. La famille de Penandreff possédait par alliance ce manoir de Kermahonec au temps de Louis XV. |
Dans son aveu fourni à l'évêque en 1740, Messire François-Joseph de Penandreff, chevalier, seigneur de Pendreff, Kerstrat, Kermahonec, ancien capitaine au régiment de Picardie, réclame en l'église de Cuzon de curieux droits honorifiques, écussons armoriés dans les vitraux, tombe haute, chapelle prohibitive s'ouvrant par une porte particulière dont il a la clef, privilège d'avoir le premier les honneurs du pain bénit à l'office, de recevoir le premier un rameau de buis de la maison du recteur le dimanche des Rameaux, et de marcher aux processions immédiatement après le clergé. Son fils, Sébastien de Penandreff, était, en 1774, major du bataillon d'infanterie garde-côtes de Pont-Croix.</spoiler> | Dans son aveu fourni à l'évêque en 1740, Messire François-Joseph de Penandreff, chevalier, seigneur de Pendreff, Kerstrat, Kermahonec, ancien capitaine au régiment de Picardie, réclame en l'église de Cuzon de curieux droits honorifiques, écussons armoriés dans les vitraux, tombe haute, chapelle prohibitive s'ouvrant par une porte particulière dont il a la clef, privilège d'avoir le premier les honneurs du pain bénit à l'office, de recevoir le premier un rameau de buis de la maison du recteur le dimanche des Rameaux, et de marcher aux processions immédiatement après le clergé. Son fils, Sébastien de Penandreff, était, en 1774, major du bataillon d'infanterie garde-côtes de Pont-Croix.</spoiler> |
Version actuelle
[modifier] 1 Présentation
Les trois légendes préférées de Louis Le Guennec dans les années 1930 sont celles du saut de saint Alar poursuivi par des mécréants, de la fontaine à l'eau transformée en vin et du combat d'un jeune homme contre un terrible griffon. En 1984, ces 3 histoires ont été publiées dans un recueil des contes et légendes du grand-Ergué de la Commission de Recherches Historiques d'Ergué-Gabéric avec la participation de l'illustrateur Laorz, alias Laurent Quevilly. En 1934, dans le bulletin estival du syndicat d'initiative et automobile-club de Quimper, Louis Le Guennec leur consacre trois pleines pages. Il démarre par l'exploit de saint Alar La fontaine de saint Alar est la deuxième légende collectée et serait située près de son ermitage « non loin de la grande papeterie Bolloré ». Et la vertu de cette fontaine est son eau qui « possède, parait-il, une singulière vertu, celle de se changer en vin, une fois tous les cent ans, pendant une heure ». En fait, si effectivement l'ermitage de saint Alar était bien en amont du Stangala, il l'est encore plus que la papeterie, car la fontaine en question et le pont Sant-Alar était sur les terres gabéricoises de Creac'h Ergué. La troisième histoire, celle du griffon du Stangala, est certainement la plus connue. Elle est résumée dans l'article de 1934 : « un griffon redoutable avait jadis son repaire dans une caverne de la pointe rocheuse qu'on appelle toujours, en souvenir de lui, le Griffonnez » ; « Désespéré d'apprendre que celle qu'il chérissait allait devenir la proie du monstre, le jeune homme osa attaquer celui-ci dans sa caverne et le combattit avec une telle rage qu'il en vint à bout » ; « un autre prétendant sans scrupules s'était vanté d'avoir lui-même exterminé la bête » ... Dans la version plus longue de la Dépêche en 1929, la trame est identique, mais l'époque est précisée « sous le règne du comte Hoël ou de Budic-Meur, ». Et, hormis la jeune fille, les personnages principaux, à savoir le jeune Mahonec du Ker éponyme et son rival Kergadou, sont nommés de façon blagueuse. Le mémorialiste glisse même des dialogues dans son conte populaire et conclut par ce final conventionnel : « Le mariage eut lieu, dit-on, sur l'heure. Mahonec et sa femme vécurent longtemps, furent très heureux et eurent beaucoup d'enfants. » À noter que Louis Le Guennec lui-même, dans son oeuvre posthume « Histoire de Quimper Corentin et son canton » a proposé une variante de la légende avec d'autre héros. |
Il s'agit d'un vrai personnage qui vivait à Ergué-Gabéric au 15e siècle : « le terrible dragon qui avait sa retraite dans les rochers du Stangala, que le preux chevalier Caznevet de Kerfors Claire Arlaux dans son livre « Le dragon en Bretagne » reprend cette idée : « C'est un chevalier de la paroisse, Caznevet de Kerfors |
[modifier] 2 Transcriptions
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Trois légendes, juillet-août 1934
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Version longue du griffon, août 1929
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[modifier] 3 Références
Différentes éditions | |||||
[modifier] 4 Annotations
- Louis Le Guennec (1878-1935), originaire de Morlaix, a été bibliothécaire de la ville de Quimper. Il a accumulé une très riche documentation sur le Finistère et de multiples croquis réalisés lors de ses balades d'archéologue et de mémorialiste. Dès 1902, il adhère à la Société archéologique du Finistère ; il écrivit de nombreux articles pour le bulletin de cette société, ainsi que de nombreux comptes-rendus dans le journal La Dépêche de Brest. [Ref.↑]
- La Dépêche de Brest est lancée le 18 novembre 1886 avec des moyens très limités et succède à l’Union Républicaine du Finistère créée 10 ans plus tôt. Quotidien, il sera même biquotidien durant des périodes d’actualité forte, comme lors de la première guerre mondiale, avec une édition du matin et une édition du soir. Installé rue Jean Macé à Brest (à l’époque rue de la rampe), à l’emplacement des locaux actuels du Télégramme, La Dépêche de Brest poursuivit son évolution jusqu’au 17 août 1944. Ce jour là, en application de la nouvelle réglementation de la Libération, les biens de la Dépêche furent mis sous séquestre. L’ensemble du matériel est alors loué au Télégramme, nouveau titre autorisé par le Comité régional de l’information. [Ref.↑]
- L'hebdomadaire « Le Progrès du Finistère », journal catholique de combat, est fondé en 1907 à Quimper par l'abbé François Cornou qui en assurera la direction jusqu'à sa mort en 1930. Ce dernier, qui signe tantôt de son nom F. Cornou, tantôt de son pseudonyme F. Goyen, ardent et habile polémiste, doté d'une vaste culture littéraire et scientifique, se verra aussi confier par l'évêque la « Semaine Religieuse de Quimper ». [Ref.↑]
- Saint Alar ou Alo(u)r fut au V° siècle le troisième évêque de Cornouaille (Quimper), après saint Corentin et saint Conogan (Guenoc), souvent confondu avec saint Eloi, patron des chevaux également, représenté soit en évêque, soit ferrant un pied de cheval. [Ref.↑]
- Caznevet de Kerfors est présent « en brigandine » à la montre militaire de Carhaix de 1481. Il prend pour épouse Ysabelle de Kermaes, et décède en 1496. Il ne succède à sa mère Katerine comme seigneur de Kerfors qu'en 1488, mais il apparaît déjà en 1460, 1471 et 1479 dans des donations ou échanges de terres. Les seigneurs de Kerfors sont réputés être avoir fondé la chapelle, et à la Réformation de 1680 ce souvenir est toujours vivace : « Plus connoist estre fondateur d'une chapelle construite en la dicte parroisse en l'honneur de Monsieur Sainct Guenolay pour avoir icelle esté bastie en son fond par la concession de ses prédecesseurs ». [Ref.↑ 5,0 5,1]
- Les sous-titres en bleu correspondent aux noms des trois légendes qui ont été publiées en 1984 dans le recueil « Contes et légendes du Grand-Ergué ». [Ref.↑ 6,0 6,1 6,2]
Thème de l'article : Coupures de presse relatant l'histoire et la mémoire d'Ergué-Gabéric Date de création : Octobre 2017 Dernière modification : 2.09.2020 Avancement : [Développé] |