Les légendes du Stangala par Louis Le Guennec, Dépèche & Quimper-Cornouaille 1929-34
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<i>Les textes du mémorialiste Louis Le Guennec <ref name="LeGuennec">{{PR-LeGuennec}}</ref> sur les légendes ayant cours au Stangala, publiés dans la revue du Syndicat d'Initiative et Automobile-Club de Quimper et dans La Dépêche de Brest <ref name="Dépeche">{{DépêcheDeBrest}}</ref> et Le Progrès du Finistère <ref name="ProgrèsF">{{ProgresFinistère}}</ref></i>. | <i>Les textes du mémorialiste Louis Le Guennec <ref name="LeGuennec">{{PR-LeGuennec}}</ref> sur les légendes ayant cours au Stangala, publiés dans la revue du Syndicat d'Initiative et Automobile-Club de Quimper et dans La Dépêche de Brest <ref name="Dépeche">{{DépêcheDeBrest}}</ref> et Le Progrès du Finistère <ref name="ProgrèsF">{{ProgresFinistère}}</ref></i>. | ||
- | Autres lectures : {{Tpg|DEGUIGNET François-Marie et LE GUENNEC Louis - Contes et légendes du Grand-Ergué}}{{Tpg|OGÈS Louis - Les mémoires d'un paysan bas-breton en 5 épisodes}}{{Tpg|OGÈS Louis - Contes et Légendes populaires recueillis par F.-M. Déguignet}}{{Tpg2|:Image:Kannadig04-10.jpg|Fontaine de saint Alar à Creac'h Ergué}}{{Tpg|OGÈS Louis - Contes et Légendes populaires recueillis par F.-M. Déguignet}}{{Tpg|DOUGUET Jean-François - Le Stangala}}{{Tpg|Sant Alar (5e siècle)}}{{Tpg|Stangala}}{{Tpg|Balade du chanoine Abgrall au Stangala *}}{{Tpg|Le site naturel protégé du Stangala}}{{Tpg|Découverte de la grotte des curés dite "Toul ar veleien" à la pointe de Beg-a-grip}} | + | Autres lectures : {{Tpg|DEGUIGNET François-Marie et LE GUENNEC Louis - Contes et légendes du Grand-Ergué}}{{Tpg|OGÈS Louis - Les mémoires d'un paysan bas-breton en 5 épisodes}}{{Tpg|OGÈS Louis - Contes et Légendes populaires recueillis par F.-M. Déguignet}}{{Tpg|La fontaine de saint Alar à Creac'h-Ergué}}{{Tpg|OGÈS Louis - Contes et Légendes populaires recueillis par F.-M. Déguignet}}{{Tpg|DOUGUET Jean-François - Le Stangala}}{{Tpg|Sant Alar (5e siècle)}}{{Tpg|Stangala}}{{Tpg|Balade du chanoine Abgrall au Stangala *}}{{Tpg|Le site naturel protégé du Stangala}}{{Tpg|Découverte de la grotte des curés dite "Toul ar veleien" à la pointe de Beg-a-grip}}{{Tpg|LE GUENNEC Louis - Histoire de Quimper Corentin et son canton}}{{Tpg|CABELLIC Christian - Le combat de Canezvet de Kerfors contre le griffon du Stangala}}{{Tpg|ARLAUX Claire - Le dragon en Bretagne, mythes et symboles}} |
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- | Les trois légendes préférées de Louis Le Guennec dans les années 1930 sont celles du saut de saint Alar poursuivi par des mécréants, de la fontaine à l'eau transformée en vin et du jeune homme vainqueur héroïque du griffon. | + | Les trois légendes préférées de Louis Le Guennec dans les années 1930 sont celles du saut de saint Alar poursuivi par des mécréants, de la fontaine à l'eau transformée en vin et du combat d'un jeune homme contre un terrible griffon. |
- | En 1934, ces 3 histoires ont été publiées dans un recueil des [[DEGUIGNET François-Marie et LE GUENNEC Louis - Contes et légendes du Grand-Ergu|contes et légendes du grand-Ergué]] de la Commission de Recherches Historiques d'Ergué-Gabéric avec la participation de l'illustrateur Laorz, alias Laurent Quevilly. | + | En 1984, ces 3 histoires ont été publiées dans un recueil des [[DEGUIGNET François-Marie et LE GUENNEC Louis - Contes et légendes du Grand-Ergu|contes et légendes du grand-Ergué]] de la Commission de Recherches Historiques d'Ergué-Gabéric avec la participation de l'illustrateur Laorz, alias Laurent Quevilly. |
- | En 1934, dans le bulletin estival du syndicat d'initiative et automobile-club de Quimper, Louis Le Guennec leur consacre deux pleines pages. Il démarre par l'exploit de saint Alar <ref>Saint Alar ou Alo(u)r fut au V° siècle le troisième évêque de Cornouaille (Quimper), après saint Corentin et saint Conogan (Guenoc), souvent confondu avec saint Eloi, patron des chevaux également, représenté soit en évêque, soit ferrant un pied de cheval.</ref> qu'on confond souvent avec saint Eloi, et qui, dérangé par des brigands dans sa « <i>maison de prière</i> » au Stangala, aurait usé de ces pouvoirs pour les neutraliser, mais « <i>Alar fit mieux. Un bond gigantesque au-dessus de la vallée le porta sans encombre à l'autre bord</i> ». | + | En 1934, dans le bulletin estival du syndicat d'initiative et automobile-club de Quimper, Louis Le Guennec leur consacre trois pleines pages. Il démarre par l'exploit de saint Alar <ref>Saint Alar ou Alo(u)r fut au V° siècle le troisième évêque de Cornouaille (Quimper), après saint Corentin et saint Conogan (Guenoc), souvent confondu avec saint Eloi, patron des chevaux également, représenté soit en évêque, soit ferrant un pied de cheval.</ref> qu'on confond souvent avec saint Eloi, et qui, dérangé par des brigands dans sa « <i>maison de prière</i> » au Stangala, aurait usé de ses pouvoirs pour les neutraliser, mais « <i>Alar fit mieux. Un bond gigantesque au-dessus de la vallée le porta sans encombre à l'autre bord</i> ». |
- | La fontaine de saint Alar : en fait Creac'h Ergué. | + | La fontaine de saint Alar est la deuxième légende collectée et serait située près de son ermitage « <i>non loin de la grande papeterie Bolloré</i> ». Et la vertu de cette fontaine est son eau qui « <i>possède, parait-il, une singulière vertu, celle de se changer en vin, une fois tous les cent ans, pendant une heure</i> ». En fait, si effectivement l'ermitage de saint Alar était bien en amont du Stangala, il l'est encore plus que la papeterie, car la fontaine en question et le pont Sant-Alar était sur les terres gabéricoises de Creac'h Ergué. |
- | Deux versions pour l'histoire du griffon ... | + | La troisième histoire, celle du griffon du Stangala, est certainement la plus connue. Elle est résumée dans l'article de 1934 : « <i>un griffon redoutable avait jadis son repaire dans une caverne de la pointe rocheuse qu'on appelle toujours, en souvenir de lui, le Griffonnez</i> » ; « <i>Désespéré d'apprendre que celle qu'il chérissait allait devenir la proie du monstre, le jeune homme osa attaquer celui-ci dans sa caverne et le combattit avec une telle rage qu'il en vint à bout</i> » ; « <i>un autre prétendant sans scrupules s'était vanté d'avoir lui-même exterminé la bête</i> » ... |
+ | Dans la version plus longue de la Dépêche en 1929, la trame est identique, mais l'époque est précisée « <i>sous le règne du comte Hoël ou de Budic-Meur,</i> ». Et, hormis la jeune fille, les personnages principaux, à savoir le jeune Mahonec du Ker éponyme et son rival Kergadou, sont nommés de façon blagueuse. | ||
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+ | Le mémorialiste glisse même des dialogues dans son conte populaire et conclut par ce final conventionnel : « <i>Le mariage eut lieu, dit-on, sur l'heure. Mahonec et sa femme vécurent longtemps, furent très heureux et eurent beaucoup d'enfants.</i> » | ||
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+ | À noter que Louis Le Guennec lui-même, dans son oeuvre posthume « <i>Histoire de Quimper Corentin et son canton</i> » a proposé une variante de la légende avec d'autre héros. | ||
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[[Image:CLGE03.jpg|400px|center|thumb|Le saut de sant Alar, croquis de Laurent Quevilly]] | [[Image:CLGE03.jpg|400px|center|thumb|Le saut de sant Alar, croquis de Laurent Quevilly]] | ||
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+ | Il s'agit d'un vrai personnage qui vivait à Ergué-Gabéric au 15e siècle : « <i>le terrible dragon qui avait sa retraite dans les rochers du Stangala, que le preux chevalier Caznevet de Kerfors <ref name="CasnevetKerfors">{{PR-CaznevetKerfors}}</ref> extermina pour délivré la contrée du tribut de victimes humaines exigé par le monstre, et dont le souvenir persiste dans le nom de Griffonnez attribué à la crête formidable qui commande en cet endroit le tournant en angle aigu de l'Oder.</i> ». | ||
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+ | Claire Arlaux dans son livre « <i>Le dragon en Bretagne</i> » reprend cette idée : « <i>C'est un chevalier de la paroisse, Caznevet de Kerfors <ref name="CasnevetKerfors">{{PR-CaznevetKerfors}}</ref>, qui vient à bout du dragon du Stangala</i> ». Christian Cabellic, pour faire lecture à sa petite famille il y a maintenant plus de trente ans, a écrit un comte homérique : « <i>le combat du preux chevalier Caznevet de Kerfors contre le griffon du Stangala</i> ». | ||
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<spoiler id="991" text="Introduction Progrès du Finistère">Une belle promenade aux portes de Quimper. Le Stangala. | <spoiler id="991" text="Introduction Progrès du Finistère">Une belle promenade aux portes de Quimper. Le Stangala. | ||
- | <i>« Parlons-en toujours, mais n'y allons jamais », pourrait-on dire du Stangala. Combien ...</i> | + | <i>« Parlons-en toujours, mais n'y allons jamais », pourrait-on dire du Stangala. Combien de nos compatriotes, parmi les jeunes surtout, ne connaissent sinon par oui-dire les beautés de la « Petite Suisse » ? Combien ont parcouru ses vallons nombreux tout frissonnants de verdure, ses gorges solitaires que vient seule animer la chanson murmurante des eaux, la pointe du Griffonez majestueuse et désolée et tant d'autres sites pittoresques, les uns riants et les autres sauvages, qui font du Stangala la plus ravissante promenade qui se puisse rêver ? |
- | </spoiler><i>Tous voudront faire cette excursion, facile autant qu'agréable, dont M. Le Guennec, dans le dernier numéro de « Quimper et la Cornouaille », célèbre, d'une plume fervente, les multiples agréments.</i> | + | |
+ | Promenade un peu négligée, semble-t-il, depuis l'avènement de l'automobile et la maladie de la vitesse, et que le Syndicat d'Initiative de Quimper s'efforce, si l'on peut dire, de remettre à la mode. | ||
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+ | Tous les fidèles de la marche à pied, tous les automobilistes raisonnables (il en reste) qui préfèrent à la monotonie des routes nationales « l'ombre et le frais » des chemins, tous ceux enfin qui considèrent le tourisme comme une promenade et non comme une course, apprendront avec joie l'heureuse initiative qu'ont pris quelques fervents du Stangala. M. le commandant Debled, ancien attaché du Service Géographique de l'Armlée, vie,t, en effet, après plusieurs explorations méthodiques poursuivies dans la vallée de l'Odet, de relever une carte très complète et très claire du Stangala. | ||
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+ | Cette carte dont l'exécution a été confiée à l'Imprimerie Cornouaillaise et qui constitue, du point de vue typographique, une magistrale réussite, va être prochainement mise en vente à Quimper. Elle comprend les courbes de niveau et les moindres méandres de la rivière avec tous les sentiers qui permettent d'y accéder ; enfin, les points de stationnement pour vélos et autos d'où l'on peut, à pied, se rendre, sans | ||
+ | risque de s'égarer, aux sites merveilleux que sont : la pointe du Griffonez, le rocher du Corbeau, le rocher du chasseur, le Moulin du Poul, etc ... | ||
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+ | Tous les petits touristes quimpérois et aussi les grands voudront posséder la carte du commandant Debled.</i></spoiler><i>Tous voudront faire cette excursion, facile autant qu'agréable, dont M. Le Guennec, dans le dernier numéro de « Quimper et la Cornouaille », célèbre, d'une plume fervente, les multiples agréments.</i> | ||
Unanimement sacré « la plus jolie rivière de France », l'Odet semble ne devoir ce titre flatteur qu'aux beautés sans rivales de son incomparable estuaire qui, du « Cap Horn » à Bénodert, ont navigué à travers le prestigieux pays de « la mer dans les bois » si cher à Georges Suarez et André Chevrillon. Mais les rares mérites du petit fleuve quimpérois ne se limitent point seulement à la partie de son cours où, pour parler en termes mythologiques, les tritons couronnées d'algues du vieux Neptune viennent, deux fois par jour, célébrer leurs noces, aussi vite dénouées qu'accomplies, avec les nymphes sylvestres et les Oréades aux fronts ceints de feuillage vert (j'eusse plus tôt fait de dire tout simplement : où remonte la marée). | Unanimement sacré « la plus jolie rivière de France », l'Odet semble ne devoir ce titre flatteur qu'aux beautés sans rivales de son incomparable estuaire qui, du « Cap Horn » à Bénodert, ont navigué à travers le prestigieux pays de « la mer dans les bois » si cher à Georges Suarez et André Chevrillon. Mais les rares mérites du petit fleuve quimpérois ne se limitent point seulement à la partie de son cours où, pour parler en termes mythologiques, les tritons couronnées d'algues du vieux Neptune viennent, deux fois par jour, célébrer leurs noces, aussi vite dénouées qu'accomplies, avec les nymphes sylvestres et les Oréades aux fronts ceints de feuillage vert (j'eusse plus tôt fait de dire tout simplement : où remonte la marée). | ||
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+ | <spoiler id="995" text="Conclusion de Quimper et la Cornouaille ...">Une bonne nouvelle pour terminer ce bref aperçu sur l'une de nos richesses touristiques les plus dignes d'être visités, mais à qui l'embarra de s'y rendre par des chemins mauvais et incertains n'a pas permis jusqu'ici, d'attendre à la notoriété qu'elle mérite. M. le commandant Debled, au cours d'une vingtaine d'années d'explorations poursuivies méthodiquement, a relevé, avec toute la compétence que lui confèrent ses anciennes fonctions d'attaché au Service cartographique de l'armée, la carte du Stangala à très grande échelle, y compris les courbes de niveau et les moindres détails des méandres de sa rivière et de ses sentiers. | ||
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+ | Cette carte si soigneusement dressée, il a eu l'amabilité de la mettre à disposition du Syndicat d'Initiative, après en avoir repéré et jalonné les principaux itinéraires qui permettent d'explorer toutes les parties intéressantes du site. Grâce au labeur et au geste généreux du commandant Debled, le Syndicat va pouvoir publier la carte en couleurs du Stangala à une échelle réduite, mais très suffisamment claire, et la mettre à la disposition des hôtels, des services d'autos, des particuliers. Nul doute que de telles facilités si opportunément offertes, n'orientent bientôt des quantités de visiteurs vers ce beau et émouvant paysage qui évoque, au seuil même des « Jardins enchantés de Cornouaille », les sites les plus tourmentés et les plus désertiques de la Bretagne pétrée. | ||
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+ | L. GUENNEC.</spoiler> | ||
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<spoiler id="993" text="Introduction sur le manoir de Kermahonec ...">Kerfeunteun. Nos vieux manoirs à légendes. Le manoir de Kermahonec. | <spoiler id="993" text="Introduction sur le manoir de Kermahonec ...">Kerfeunteun. Nos vieux manoirs à légendes. Le manoir de Kermahonec. | ||
- | À trois kilomètres de Quimper, sur le versant ouest du joli vallon boisé où courent parallèlement les eaux mutines | + | À trois kilomètres de Quimper, sur le versant ouest du joli vallon boisé où courent parallèlement les eaux mutines du Frout et la grande route de Châteaulin, une vieille maison ombragée de quelques hêtres et sapins subsiste du manoir de Kermahonec. Diminuée et remaniée, elle conserve encore de l'époque gothique une porte en arc brisé d'un tracé très pur, et la base d'une tourelle à pans coupés dont la chute d'un sapin vétuste emporta le faîte, il y a quelques trente ans. Naguère, l'un des pieds-droits du portail extérieur montrait un petit personnage accroupi, élevant ses bras pour soutenir une sorte de console sur laquelle devait retomber la nervure de l'arceau. À l'entrée de la cour, un bassin circulaire est surmonté en son milieu d'une figure de dragon d'assez belle taille, sculpté en granit, le corps squameux, la gueule ouverte, la queue enroulée, les ailes griffues. C'est le fameux « dragon de Kermahonec », dont je dirai tout à l'heure la légende. |
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+ | La manoir appartenait en 1481 à Charles Le Chevez, archer en brigandine parmi les nobles de <i>Queuzon</i> ou Cuzon à la « montre de Cornouaille » tenue cette année. En 1536, il avait passé par vente judiciaire à maître Daniel Le Gubaer, qui en fournit aveu au cardinal Simonella, évêque et administration de l'évêché de Cornouaille. Son fils, maître Jean Le Gubaer, se présenta à la montre de 1562 ; il était en 1564 bailli de la cour des Régaires et laissa postérité fondue au siècle suivant dans une autre maison de judicature héréditaire, les Le Goazre. La famille de Penandreff possédait par alliance ce manoir de Kermahonec au temps de Louis XV. | ||
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+ | Dans son aveu fourni à l'évêque en 1740, Messire François-Joseph de Penandreff, chevalier, seigneur de Pendreff, Kerstrat, Kermahonec, ancien capitaine au régiment de Picardie, réclame en l'église de Cuzon de curieux droits honorifiques, écussons armoriés dans les vitraux, tombe haute, chapelle prohibitive s'ouvrant par une porte particulière dont il a la clef, privilège d'avoir le premier les honneurs du pain bénit à l'office, de recevoir le premier un rameau de buis de la maison du recteur le dimanche des Rameaux, et de marcher aux processions immédiatement après le clergé. Son fils, Sébastien de Penandreff, était, en 1774, major du bataillon d'infanterie garde-côtes de Pont-Croix.</spoiler> | ||
Voici la légende en question. Sous le règne du comte Hoël ou de Budic-Meur, vivait à Cuzon un jeune homme de noble race, pauvre et fier, appelé Mahonec. Il habitait avec un vieux serviteur une maison chétive, un petit <i>ker</i> qui, selon l'usage portait son nom. À quelques distances, un puissant chef résidait dans une sienne villa, au pied de la montagne de Penhoat. Sa fille était très belle, et Mahonec l'aimait d'un violent amour, sans cependant rien espérer, car une aussi riche héritière était destinée d'avance à l'un des grands feudataires du comte de Cornouaille. | Voici la légende en question. Sous le règne du comte Hoël ou de Budic-Meur, vivait à Cuzon un jeune homme de noble race, pauvre et fier, appelé Mahonec. Il habitait avec un vieux serviteur une maison chétive, un petit <i>ker</i> qui, selon l'usage portait son nom. À quelques distances, un puissant chef résidait dans une sienne villa, au pied de la montagne de Penhoat. Sa fille était très belle, et Mahonec l'aimait d'un violent amour, sans cependant rien espérer, car une aussi riche héritière était destinée d'avance à l'un des grands feudataires du comte de Cornouaille. | ||
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« Demoiselle, je m'excuse de vous avoir enlevé celui qui allait être votre époux. C'est un misérable, indigne de posséder vos charmes. Pour vous dédommager, je vous offre un autre mari auquel vous ferez, je m'assure, bon accueil, parce qu'il est votre sauveur et qu'il a le visage clair, le cœur vaillant, l'âme loyale, parce que votre père vous y engage et que votre comte vous le demande. » | « Demoiselle, je m'excuse de vous avoir enlevé celui qui allait être votre époux. C'est un misérable, indigne de posséder vos charmes. Pour vous dédommager, je vous offre un autre mari auquel vous ferez, je m'assure, bon accueil, parce qu'il est votre sauveur et qu'il a le visage clair, le cœur vaillant, l'âme loyale, parce que votre père vous y engage et que votre comte vous le demande. » | ||
- | Il faut croire que l'héritière de Penhoat n'opposa pas grande résistance, car le mariage eut lieu, dit-on, sur l'heure. Mahonec et sa femme vécurent longtemps, furent très heureux et eurent beaucoup d'enfants. <spoiler id="994" text="Pour commémorer cette romanesque histoire ...">Pour commémorer cette romanesque histoire, ils placèrent sur le portail de leur château la figure du dragon. On l'y a conservée d'âge en âge. Les vieux ajoutent qu'on voyait dans les ruines de l'église de Cuzon la pierre tombale d'un chevalier armé de pied en cap, qui appuyait ses pieds sur le flanc d'un dragon couché, et ils ne doutaient pas qu'elle n'eut recouvert la sépulture de Mahonec lui-même.</spoiler> | + | Il faut croire que l'héritière de Penhoat n'opposa pas grande résistance, car le mariage eut lieu, dit-on, sur l'heure. Mahonec et sa femme vécurent longtemps, furent très heureux et eurent beaucoup d'enfants. |
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+ | <spoiler id="994" text="Pour commémorer cette romanesque histoire ...">Pour commémorer cette romanesque histoire, ils placèrent sur le portail de leur château la figure du dragon. On l'y a conservée d'âge en âge. Les vieux ajoutent qu'on voyait dans les ruines de l'église de Cuzon la pierre tombale d'un chevalier armé de pied en cap, qui appuyait ses pieds sur le flanc d'un dragon couché, et ils ne doutaient pas qu'elle n'eut recouvert la sépulture de Mahonec lui-même.</spoiler> | ||
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Image:Contes-grandergué.jpg|Comm. rech. hist. d'Ergué-Gabéric | Image:Contes-grandergué.jpg|Comm. rech. hist. d'Ergué-Gabéric |
Version actuelle
[modifier] 1 Présentation
Les trois légendes préférées de Louis Le Guennec dans les années 1930 sont celles du saut de saint Alar poursuivi par des mécréants, de la fontaine à l'eau transformée en vin et du combat d'un jeune homme contre un terrible griffon. En 1984, ces 3 histoires ont été publiées dans un recueil des contes et légendes du grand-Ergué de la Commission de Recherches Historiques d'Ergué-Gabéric avec la participation de l'illustrateur Laorz, alias Laurent Quevilly. En 1934, dans le bulletin estival du syndicat d'initiative et automobile-club de Quimper, Louis Le Guennec leur consacre trois pleines pages. Il démarre par l'exploit de saint Alar La fontaine de saint Alar est la deuxième légende collectée et serait située près de son ermitage « non loin de la grande papeterie Bolloré ». Et la vertu de cette fontaine est son eau qui « possède, parait-il, une singulière vertu, celle de se changer en vin, une fois tous les cent ans, pendant une heure ». En fait, si effectivement l'ermitage de saint Alar était bien en amont du Stangala, il l'est encore plus que la papeterie, car la fontaine en question et le pont Sant-Alar était sur les terres gabéricoises de Creac'h Ergué. La troisième histoire, celle du griffon du Stangala, est certainement la plus connue. Elle est résumée dans l'article de 1934 : « un griffon redoutable avait jadis son repaire dans une caverne de la pointe rocheuse qu'on appelle toujours, en souvenir de lui, le Griffonnez » ; « Désespéré d'apprendre que celle qu'il chérissait allait devenir la proie du monstre, le jeune homme osa attaquer celui-ci dans sa caverne et le combattit avec une telle rage qu'il en vint à bout » ; « un autre prétendant sans scrupules s'était vanté d'avoir lui-même exterminé la bête » ... Dans la version plus longue de la Dépêche en 1929, la trame est identique, mais l'époque est précisée « sous le règne du comte Hoël ou de Budic-Meur, ». Et, hormis la jeune fille, les personnages principaux, à savoir le jeune Mahonec du Ker éponyme et son rival Kergadou, sont nommés de façon blagueuse. Le mémorialiste glisse même des dialogues dans son conte populaire et conclut par ce final conventionnel : « Le mariage eut lieu, dit-on, sur l'heure. Mahonec et sa femme vécurent longtemps, furent très heureux et eurent beaucoup d'enfants. » À noter que Louis Le Guennec lui-même, dans son oeuvre posthume « Histoire de Quimper Corentin et son canton » a proposé une variante de la légende avec d'autre héros. |
Il s'agit d'un vrai personnage qui vivait à Ergué-Gabéric au 15e siècle : « le terrible dragon qui avait sa retraite dans les rochers du Stangala, que le preux chevalier Caznevet de Kerfors Claire Arlaux dans son livre « Le dragon en Bretagne » reprend cette idée : « C'est un chevalier de la paroisse, Caznevet de Kerfors |
[modifier] 2 Transcriptions
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Trois légendes, juillet-août 1934
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Version longue du griffon, août 1929
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[modifier] 3 Références
Différentes éditions | |||||
[modifier] 4 Annotations
- Louis Le Guennec (1878-1935), originaire de Morlaix, a été bibliothécaire de la ville de Quimper. Il a accumulé une très riche documentation sur le Finistère et de multiples croquis réalisés lors de ses balades d'archéologue et de mémorialiste. Dès 1902, il adhère à la Société archéologique du Finistère ; il écrivit de nombreux articles pour le bulletin de cette société, ainsi que de nombreux comptes-rendus dans le journal La Dépêche de Brest. [Ref.↑]
- La Dépêche de Brest est lancée le 18 novembre 1886 avec des moyens très limités et succède à l’Union Républicaine du Finistère créée 10 ans plus tôt. Quotidien, il sera même biquotidien durant des périodes d’actualité forte, comme lors de la première guerre mondiale, avec une édition du matin et une édition du soir. Installé rue Jean Macé à Brest (à l’époque rue de la rampe), à l’emplacement des locaux actuels du Télégramme, La Dépêche de Brest poursuivit son évolution jusqu’au 17 août 1944. Ce jour là, en application de la nouvelle réglementation de la Libération, les biens de la Dépêche furent mis sous séquestre. L’ensemble du matériel est alors loué au Télégramme, nouveau titre autorisé par le Comité régional de l’information. [Ref.↑]
- L'hebdomadaire « Le Progrès du Finistère », journal catholique de combat, est fondé en 1907 à Quimper par l'abbé François Cornou qui en assurera la direction jusqu'à sa mort en 1930. Ce dernier, qui signe tantôt de son nom F. Cornou, tantôt de son pseudonyme F. Goyen, ardent et habile polémiste, doté d'une vaste culture littéraire et scientifique, se verra aussi confier par l'évêque la « Semaine Religieuse de Quimper ». [Ref.↑]
- Saint Alar ou Alo(u)r fut au V° siècle le troisième évêque de Cornouaille (Quimper), après saint Corentin et saint Conogan (Guenoc), souvent confondu avec saint Eloi, patron des chevaux également, représenté soit en évêque, soit ferrant un pied de cheval. [Ref.↑]
- Caznevet de Kerfors est présent « en brigandine » à la montre militaire de Carhaix de 1481. Il prend pour épouse Ysabelle de Kermaes, et décède en 1496. Il ne succède à sa mère Katerine comme seigneur de Kerfors qu'en 1488, mais il apparaît déjà en 1460, 1471 et 1479 dans des donations ou échanges de terres. Les seigneurs de Kerfors sont réputés être avoir fondé la chapelle, et à la Réformation de 1680 ce souvenir est toujours vivace : « Plus connoist estre fondateur d'une chapelle construite en la dicte parroisse en l'honneur de Monsieur Sainct Guenolay pour avoir icelle esté bastie en son fond par la concession de ses prédecesseurs ». [Ref.↑ 5,0 5,1]
- Les sous-titres en bleu correspondent aux noms des trois légendes qui ont été publiées en 1984 dans le recueil « Contes et légendes du Grand-Ergué ». [Ref.↑ 6,0 6,1 6,2]
Thème de l'article : Coupures de presse relatant l'histoire et la mémoire d'Ergué-Gabéric Date de création : Octobre 2017 Dernière modification : 2.09.2020 Avancement : [Développé] |