1845 - Testament de François-Salomon Bréhier au profit d'Eliza Marzin, domestique
Un article de GrandTerrier.
Version du 18 novembre ~ miz du 2017 à 09:04 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version du 18 novembre ~ miz du 2017 à 09:40 (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) Différence suivante → |
||
Ligne 11: | Ligne 11: | ||
{|width=870 | {|width=870 | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
- | François-Salomon Bréhier <ref name="">{{PR-Bréhier}}</ref> est âgé de 84 ans quand il décède en 1845 dans sa résidence de Mezanlez en Ergué-Gabéric. Huit ans auparavant, en juin 1837, il avait rédigé un testament olographe. | + | François-Salomon Bréhier <ref name="">{{PR-Bréhier}}</ref> est âgé de 84 ans quand il décède en 1845 dans sa résidence de Mezanlez en Ergué-Gabéric. Huit ans auparavant, en juin 1837, il avait rédigé un testament olographe <ref name="Olographe">{{K-Olographe}}</ref>. |
La formulation principale de ses dernières volontés est la suivante : « <i>je donne et lègue à ma domestique Eliza ou Isabelle Marzin, jardinière, demeurant à Quimper, tous les objets mobiliers et le ménagé que j'ai à ma résidence de Mésanlez, les vêtements à mon usage, ainsi que mon linge de corps, la table et lit, les légumes et fruits de mon jardin, à l'exception de mon mobilier de Quimper, de mon argenterie, de mes livres, de mes armes que je réserve expressément au profit de mes enfants.</i> » | La formulation principale de ses dernières volontés est la suivante : « <i>je donne et lègue à ma domestique Eliza ou Isabelle Marzin, jardinière, demeurant à Quimper, tous les objets mobiliers et le ménagé que j'ai à ma résidence de Mésanlez, les vêtements à mon usage, ainsi que mon linge de corps, la table et lit, les légumes et fruits de mon jardin, à l'exception de mon mobilier de Quimper, de mon argenterie, de mes livres, de mes armes que je réserve expressément au profit de mes enfants.</i> » | ||
Ligne 47: | Ligne 47: | ||
Lequel a déposé aux mains dudit maître Guignard, pour être compris au nombre de ses minutes et en être par lui délivré des expéditions à qui il appartiendra, | Lequel a déposé aux mains dudit maître Guignard, pour être compris au nombre de ses minutes et en être par lui délivré des expéditions à qui il appartiendra, | ||
- | 1° L'original du testament olographe de monsieur François-Salomon Bréhier, propriétaire, demeurant à Mézanlez commune d'Ergué-Gabéric, décédé le quatorze de ce mois : ce testament, écrit sur une feuille de papier timbré d'un franc vingt-cinq centimes, est daté du seize juin mil huit cent trente sept et a été soumis à l'enregistrement en même temps que la minute des présentes ; | + | 1° L'original du testament olographe <ref name="Olographe">{{K-Olographe}}</ref> de monsieur François-Salomon Bréhier, propriétaire, demeurant à Mézanlez commune d'Ergué-Gabéric, décédé le quatorze de ce mois : ce testament, écrit sur une feuille de papier timbré d'un franc vingt-cinq centimes, est daté du seize juin mil huit cent trente sept et a été soumis à l'enregistrement en même temps que la minute des présentes ; |
<hr>[p. 2] 2° L'expédition en forme, enregistrée le jour d'hier, du procès-verbal de présentation de ce testament à monsieur le président du tribunal de cet arrondissement, en date du dix-sept de ce mois, enregistré le vingt. | <hr>[p. 2] 2° L'expédition en forme, enregistrée le jour d'hier, du procès-verbal de présentation de ce testament à monsieur le président du tribunal de cet arrondissement, en date du dix-sept de ce mois, enregistré le vingt. | ||
Ligne 55: | Ligne 55: | ||
Dont acte en minute, fait et passé à Quimper en l'étude et au rapport dudit maître Guignard, collègue présent, sous leurs seings et celui de monsieur Cloarec, après lecture, signé Cloarec, greffier ; G. Delaroque, notaire et Guignard, notaire. Enregistré à Quimper, le vingt quatre février mil huit cent quarante cinq, folio 1762 cy: reçu deux francs, décime vingt centimes, signé Despiès. | Dont acte en minute, fait et passé à Quimper en l'étude et au rapport dudit maître Guignard, collègue présent, sous leurs seings et celui de monsieur Cloarec, après lecture, signé Cloarec, greffier ; G. Delaroque, notaire et Guignard, notaire. Enregistré à Quimper, le vingt quatre février mil huit cent quarante cinq, folio 1762 cy: reçu deux francs, décime vingt centimes, signé Despiès. | ||
- | Suivent les annexes : Testament olographe. | + | Suivent les annexes : Testament olographe <ref name="Olographe">{{K-Olographe}}</ref>. |
Après avoir consulté mes enfants avant nos partages et notre séparation, attendu la modicité et le peu de valeur de mon vieux mobilier de Mésanlez, de leur avis et consentement unanime, et enfin de ma propre volonté et sans le conseil de personne, je soussigné | Après avoir consulté mes enfants avant nos partages et notre séparation, attendu la modicité et le peu de valeur de mon vieux mobilier de Mésanlez, de leur avis et consentement unanime, et enfin de ma propre volonté et sans le conseil de personne, je soussigné | ||
Ligne 79: | Ligne 79: | ||
Fait et rédigé à ma résidence de Mésanlez, ce jour seize juin mil huit cent trente sept. Signé François-Salomon Bréhier. | Fait et rédigé à ma résidence de Mésanlez, ce jour seize juin mil huit cent trente sept. Signé François-Salomon Bréhier. | ||
- | Le présent testament olographe nous ayant été présenté ouvert par la veuve Mahé, nous nous sommes chargé de le présenter à monsieur le président et avons signé avec le greffier, | + | Le présent testament olographe <ref name="Olographe">{{K-Olographe}}</ref> nous ayant été présenté ouvert par la veuve Mahé, nous nous sommes chargé de le présenter à monsieur le président et avons signé avec le greffier, |
<hr>[p. 6] la dite veuve Mahé ayant déclaré ne signer, signé Le Nouël, Grisard, greffier, le présent testament a été signé en vertu de procès-verbal de monsieur le président du tribunal civil de Quimper, en date de ce jour dix sept février mil huit cent quarante cinq, signé Le Nouël, Grisard, Victor Journée et Cloarec, greffier. | <hr>[p. 6] la dite veuve Mahé ayant déclaré ne signer, signé Le Nouël, Grisard, greffier, le présent testament a été signé en vertu de procès-verbal de monsieur le président du tribunal civil de Quimper, en date de ce jour dix sept février mil huit cent quarante cinq, signé Le Nouël, Grisard, Victor Journée et Cloarec, greffier. | ||
Ligne 87: | Ligne 87: | ||
Extrait des minutes du greffier du tribunal de première instance, séant à Quimper, département du finistère, l'an mil huit cent quarante cinq, ce jour dix sept février, à dix heures du matin, au greffe du tribunal de première instance. Séant à Quimper, département du finistère, et pardevant nous Victor Journée, chevalier de la légion d'honneur, | Extrait des minutes du greffier du tribunal de première instance, séant à Quimper, département du finistère, l'an mil huit cent quarante cinq, ce jour dix sept février, à dix heures du matin, au greffe du tribunal de première instance. Séant à Quimper, département du finistère, et pardevant nous Victor Journée, chevalier de la légion d'honneur, | ||
- | <hr>[p. 7] président dudit tribunal, assisté de maître Jean-François Marie Cloarec, greffier, s'est présenté monsieur Frédérec Michel-Tremeur Nouël, juge de paix au canton de Quimper, accompagné de maître François-Marie Grisard, ... greffier ; lesquels nous ont présenté une feuille de papier marquée au timbre d'un franc vingt-cinq centimes, qu'il nous ont dit contenir le testament olographe de monsieur François-Salomon Bréhier, propriétaire, demeurant à Mésanlez, commune d'Ergué-Gabéric, décédé le quatorze de ce mois, lequel testament a été présenté ouvert par la veuve Mahé, à qui le testateur l'avait confié. | + | <hr>[p. 7] président dudit tribunal, assisté de maître Jean-François Marie Cloarec, greffier, s'est présenté monsieur Frédérec Michel-Tremeur Nouël, juge de paix au canton de Quimper, accompagné de maître François-Marie Grisard, ... greffier ; lesquels nous ont présenté une feuille de papier marquée au timbre d'un franc vingt-cinq centimes, qu'il nous ont dit contenir le testament olographe <ref name="Olographe">{{K-Olographe}}</ref> de monsieur François-Salomon Bréhier, propriétaire, demeurant à Mésanlez, commune d'Ergué-Gabéric, décédé le quatorze de ce mois, lequel testament a été présenté ouvert par la veuve Mahé, à qui le testateur l'avait confié. |
En conséquence, les sieurs comparants ont requis de présentement constater l'état dudit testament et d'en dresser procès-verbal, pour être ensuite par nous ordonné ce que de droit, et ont signé. Signé F. Nouël, Grisard, | En conséquence, les sieurs comparants ont requis de présentement constater l'état dudit testament et d'en dresser procès-verbal, pour être ensuite par nous ordonné ce que de droit, et ont signé. Signé F. Nouël, Grisard, | ||
Ligne 103: | Ligne 103: | ||
Le côté verso du même feuillet contient seulement six lignes d'écriture plus la signature du testateur ; il commence par ces mots : <u>testamentaire mon fils aîné Julien Bréhier</u>, et finit par ceux-ci : <u>fait et rédigé à ma résidence de Mésanlez, ce jour seize juin mil huit cent trente sept. François Salomon Bréhier</u> | Le côté verso du même feuillet contient seulement six lignes d'écriture plus la signature du testateur ; il commence par ces mots : <u>testamentaire mon fils aîné Julien Bréhier</u>, et finit par ceux-ci : <u>fait et rédigé à ma résidence de Mésanlez, ce jour seize juin mil huit cent trente sept. François Salomon Bréhier</u> | ||
- | À la suite du testament se trouve écrit ce qui suit : « Le présent testament olographe nous ayant été présenté ouvert par la veuve Mahé, nous nous sommes chargé de le présenter à monsieur le président et avons signé avec le greffier, la dite veuve Mahé ayant déclaré ne signer, signé Le Nouël, Grisard, greffier, | + | À la suite du testament se trouve écrit ce qui suit : « Le présent testament olographe <ref name="Olographe">{{K-Olographe}}</ref> nous ayant été présenté ouvert par la veuve Mahé, nous nous sommes chargé de le présenter à monsieur le président et avons signé avec le greffier, la dite veuve Mahé ayant déclaré ne signer, signé Le Nouël, Grisard, greffier, |
<hr>[p. 10] Dans tout le corps dudit testament il n'existe ni ratures, surcharges, renvois, ni interlignes. | <hr>[p. 10] Dans tout le corps dudit testament il n'existe ni ratures, surcharges, renvois, ni interlignes. |
Version du 18 novembre ~ miz du 2017 à 09:40
| Par le biais de ce testament, on découvre la personnalité d'un ancien maire et avoué franc-maçon, ainsi que ses nombreux biens patrimoniaux à Quimper et Ergué-Gabéric.
Le testament et autres documents (courriers familiaux, inventaires, comptes ...) sont conservés aux Archives Départementales du Finistère, fonds de l'étude Kervella, notaire à Quimper, série 95 J. Autres lectures : « François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon » ¤ « 1795 - Vente du manoir et des propriétés de Mezanlez et Pennanmenez » ¤ « 1796 - Vente du presbytère des domaines nationaux » ¤ « Les Le Guay (1804-1917), châtelains du Cleuyou au 19e siècle » ¤ |
1 Présentation
François-Salomon Bréhier La formulation principale de ses dernières volontés est la suivante : « je donne et lègue à ma domestique Eliza ou Isabelle Marzin, jardinière, demeurant à Quimper, tous les objets mobiliers et le ménagé que j'ai à ma résidence de Mésanlez, les vêtements à mon usage, ainsi que mon linge de corps, la table et lit, les légumes et fruits de mon jardin, à l'exception de mon mobilier de Quimper, de mon argenterie, de mes livres, de mes armes que je réserve expressément au profit de mes enfants. » En fait dans les années 1835, soit 8 ans après le décès de son épouse en 1827, Salomon Bréhier a procédé à la vente et partage de ses biens immobiliers, en discussion avec ses enfants, et avec comme contrepartie la possibilité pour lui de disposer d'une rente pour vivre retiré à Mezanlez jusqu'à la fin de ses jours. Sa domestique Eliza a ses faveurs, avec en outre le souhait de « lui faciliter les moyens d'entreprendre après mon décès un petit commerce et de procurer une étape à ses enfants » en lui léguant une somme de 150 francs. Les biens mobiliers de Mezanlez font l'objet d"un inventaire dans le testament daté de 1837, et on y remarque une « pipe à cidre », c'est-à-dire un grand fût, qui appartient à un dénommé Le Gay, qui n'est autre très certainement que Guillaume Le Guay, châtelain du manoir du Cleuyou. L'ensemble de l'immobilier des époux Bréhier fut par contre l'objet de ventes et de partage entre les enfants. Les biens concernés sont d'abord un héritage de la génération précédente, que ce soit la métairie et manoir de Quillihouarn en Ergué-Gabéric, ou Kermadoret en Trégunc. Par contre la maison familiale de la rue Royale (alias Obscure, et aujourd'hui Elie Fréron) de Quimper et le manoir de Mezanlez-Pennanmenez sont des acquisitions plus récentes. |
Pour Mezanlez, c'est probablement en tant qu'ancien avoué-expert des biens nationaux confisqués à la Révolution que Salomon Bréhier put l'acheter. De même le presbytère du Grand Ergué, dit à tort du Petit Ergué dans l'inventaire établi après décès, fut acquis par l'avoué et maire d'Ergué-Gabéric. L'ensemble des ventes est achevé en 1835 par Salomon Bréhier après le décès de son épouse, et très discuté par leurs nombreux enfants. C'est sa fille Arsenne qui conteste le plus les options prises, mais Salomon lui envoiea une lettre très habile pour obtenir sa procuration : « Tes frères et sœurs me pressent de terminer, mais comment faire, puisque tu t'y opposes. J'ai trouvé un moyen dont je vais te faire part mais il faut me promettre le plus grand secret ... » et il signe « ton père et ami ». Certes les revenus immobiliers restent dans la famille, mais le contenu du testament n'indiquant que les legs à la domestique n'a pas, a priori, été communiqué à la famille car aucun papier du dossier notarial ne le mentionne. La volonté du défunt étant marquée sans doute par des convictions humanistes franc-maçonnes, on imagine néanmoins la surprise générale le jour d'ouverture du document, dans un milieu où la moralité est de rigueur. |
2 Transcriptions
Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher
Le testament de 1837
|
Héritage parental en 1805
Inventaires des ventes
Lettre à sa fille en 1835
Inventaires des Quilihouarn et Mezanlez
|
3 Originaux
Lieu de conservation :
|
Usage, droit d'image :
|
Les 11 pages du testament | |||||
Autres pièces | |||||
4 Annotations
- François Salomon Bréhier est né le 20 octobre 1760 à St-Ronan, Quimper. Sa famille est originaire de la Manche. Son père Claude Bréhier (dit le jeune), négociant en draps et franc-maçon, né en 1729 à St Laurent de Cuves, s'est établi à Quimper. Salomon Bréhier se marie le 8 février 1796 à Quimper avec Marie Frédérique Pottier née à Quimper. Ils auront sept enfants. Il exerce la profession de procureur au présidial de Quimper et d'avoué-expert. Il est initié à la loge maçonnique de La Parfaite Union. Il décède à Mézanlez en Ergué-Gabéric le 14 février 1845. [Ref.↑]
- Olographe, adj. : se dit d'un testament entièrement écrit de la main de son auteur, établi sans l'intervention d'un notaire. Source : TTLFi. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5]
Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens Date de création : Novembre 2017 Dernière modification : 18.11.2017 Avancement : [Développé] |