1845 - Testament de François-Salomon Bréhier au profit d'Eliza Marzin, domestique
Un article de GrandTerrier.
Version du 25 novembre ~ miz du 2017 à 10:22 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version actuelle (20 novembre ~ miz du 2022 à 09:21) (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) |
||
(4 intermediate revisions not shown.) | |||
Ligne 17: | Ligne 17: | ||
En fait dans les années 1835, soit 8 ans après le décès de son épouse en 1827, Salomon Bréhier a procédé à la vente et partage de ses biens immobiliers, en discussion avec ses enfants, et avec comme contrepartie la possibilité pour lui de disposer d'une rente pour vivre retiré à Mezanlez jusqu'à la fin de ses jours. Sa domestique Eliza a ses faveurs, avec en outre le souhait de « <i>lui faciliter les moyens d'entreprendre après mon décès un petit commerce et de procurer une étape à ses enfants</i> » en lui léguant une somme de 150 francs. | En fait dans les années 1835, soit 8 ans après le décès de son épouse en 1827, Salomon Bréhier a procédé à la vente et partage de ses biens immobiliers, en discussion avec ses enfants, et avec comme contrepartie la possibilité pour lui de disposer d'une rente pour vivre retiré à Mezanlez jusqu'à la fin de ses jours. Sa domestique Eliza a ses faveurs, avec en outre le souhait de « <i>lui faciliter les moyens d'entreprendre après mon décès un petit commerce et de procurer une étape à ses enfants</i> » en lui léguant une somme de 150 francs. | ||
- | Les biens mobiliers de Mezanlez font l'objet d"un inventaire dans le testament daté de 1837, et on y remarque une « <i>pipe à cidre</i> », c'est-à-dire un grand fût, qui appartient à un dénommé Le Gay, qui n'est autre très certainement que Guillaume Le Guay, châtelain du manoir du Cleuyou. | + | Les biens mobiliers de Mezanlez font l'objet d'un inventaire dans le testament daté de 1837, et on y remarque une « <i>pipe à cidre</i> », c'est-à-dire un grand fût, qui appartient à un dénommé Le Gay, qui n'est autre très certainement que Guillaume Le Guay, châtelain du manoir du Cleuyou. |
L'ensemble de l'immobilier des époux Bréhier fut par contre l'objet de ventes et de partage entre les enfants. Les biens concernés sont d'abord un héritage de la génération précédente, que ce soit la métairie et manoir de Quillihouarn en Ergué-Gabéric, ou Kermadoret en Trégunc. | L'ensemble de l'immobilier des époux Bréhier fut par contre l'objet de ventes et de partage entre les enfants. Les biens concernés sont d'abord un héritage de la génération précédente, que ce soit la métairie et manoir de Quillihouarn en Ergué-Gabéric, ou Kermadoret en Trégunc. | ||
Ligne 28: | Ligne 28: | ||
Pour Mezanlez, c'est probablement en tant qu'ancien avoué-expert des biens nationaux confisqués à la Révolution que Salomon Bréhier put l'acheter. De même le presbytère du Grand Ergué, dit à tort du Petit Ergué dans l'inventaire établi après décès, fut acquis par l'avoué et maire d'Ergué-Gabéric. | Pour Mezanlez, c'est probablement en tant qu'ancien avoué-expert des biens nationaux confisqués à la Révolution que Salomon Bréhier put l'acheter. De même le presbytère du Grand Ergué, dit à tort du Petit Ergué dans l'inventaire établi après décès, fut acquis par l'avoué et maire d'Ergué-Gabéric. | ||
- | L'ensemble des ventes est achevé en 1835 par Salomon Bréhier après le décès de son épouse, et très discuté par leurs nombreux enfants. C'est sa fille Arsenne qui conteste le plus les options prises, mais Salomon lui envoiea une lettre très habile pour obtenir sa procuration : « <i>Tes frères et sœurs me pressent de terminer, mais comment faire, puisque tu t'y opposes. J'ai trouvé un moyen dont je vais te faire part mais il faut me promettre le plus grand secret ... </i> » et il signe « <i>ton père et ami</i> ». | + | L'ensemble des ventes est achevé en 1835 par Salomon Bréhier après le décès de son épouse, et très discuté par leurs nombreux enfants. C'est sa fille Arsenne qui conteste le plus les options prises, mais Salomon lui envoie une lettre très habile pour obtenir sa procuration : « <i>Tes frères et sœurs me pressent de terminer, mais comment faire, puisque tu t'y opposes. J'ai trouvé un moyen dont je vais te faire part mais il faut me promettre le plus grand secret ... </i> » et il signe « <i>ton père et ami</i> ». |
Certes les revenus immobiliers restent dans la famille, mais le contenu du testament n'indiquant que les legs à la domestique n'a pas, a priori, été communiqué à la famille car aucun papier du dossier notarial ne le mentionne. La volonté du défunt étant marquée sans doute par des convictions humanistes franc-maçonnes, on imagine néanmoins la surprise générale le jour d'ouverture du document, dans un milieu où la moralité est de rigueur. | Certes les revenus immobiliers restent dans la famille, mais le contenu du testament n'indiquant que les legs à la domestique n'a pas, a priori, été communiqué à la famille car aucun papier du dossier notarial ne le mentionne. La volonté du défunt étant marquée sans doute par des convictions humanistes franc-maçonnes, on imagine néanmoins la surprise générale le jour d'ouverture du document, dans un milieu où la moralité est de rigueur. | ||
Ligne 67: | Ligne 67: | ||
<hr>[p. 4] armoire, un vieux coffre, une table ronde, une batterie de cuisine en fer et potterie de nulle valeur et cinq vieilles chaises. | <hr>[p. 4] armoire, un vieux coffre, une table ronde, une batterie de cuisine en fer et potterie de nulle valeur et cinq vieilles chaises. | ||
- | Dans le salon rez de chaussée : un baillot à buée, une demi barrique défoncée, un grand fût ou pipe à cidre chez Constant et appartenant à monsieur Le Gay, cinq demi futailles et une barrique vides ou pleines de cidre, enfin ma vieille jument avec son harnachement, compris crochets et mannequins, volant, cordes, ainsi que mes outils de jardin et environ deux cordes de bois et quelques fatras au grenier. | + | Dans le salon rez de chaussée : un baillot à buée <ref name="Baillot">{{K-Baillot}}</ref>, une demi barrique défoncée, un grand fût ou pipe à cidre chez Constant et appartenant à monsieur Le Gay, cinq demi futailles et une barrique vides ou pleines de cidre, enfin ma vieille jument avec son harnachement, compris crochets et mannequins, volant, cordes, ainsi que mes outils de jardin et environ deux cordes de bois et quelques fatras au grenier. |
Comme je désire aussi lui faciliter les moyens d'entreprendre après mon décès un petit commerce et de procurer une étape à ses enfants, je lui donne et lègue en outre une somme de cent cinquante francs une fois payée, à prendre sur les intérêts ou arrérages des sommes qui me sont dûes ou pourraient m'être | Comme je désire aussi lui faciliter les moyens d'entreprendre après mon décès un petit commerce et de procurer une étape à ses enfants, je lui donne et lègue en outre une somme de cent cinquante francs une fois payée, à prendre sur les intérêts ou arrérages des sommes qui me sont dûes ou pourraient m'être | ||
Ligne 233: | Ligne 233: | ||
{{FinCitation}} | {{FinCitation}} | ||
- | <big>Inventaires des Quilihouarn et Mezanlez</big> | + | <big>Inventaires des biens à Quilihouarn et Mezanlez</big> |
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
<center>Inventaire de Kilihouarn | <center>Inventaire de Kilihouarn | ||
- | Au dessus de la cuisine</center> | + | <br>Au dessus de la cuisine</center> |
un bureau - deux lardiers en fer | un bureau - deux lardiers en fer | ||
Ligne 250: | Ligne 250: | ||
<spoiler id="998" text="Dans la maison du fermier ..."><center>"Dans la maison du fermier</center> | <spoiler id="998" text="Dans la maison du fermier ..."><center>"Dans la maison du fermier</center> | ||
- | une barrique à buée | + | une barrique à buée <ref name="Baillot">{{K-Baillot}}</ref> |
</spoiler> | </spoiler> | ||
<hr> | <hr> | ||
- | <center>Mézanlez | + | <center>Mézanlez<br> |
Chambre de devant</center> | Chambre de devant</center> | ||
Ligne 276: | Ligne 276: | ||
Un buffet idem | Un buffet idem | ||
+ | |||
+ | ... | ||
</spoiler> | </spoiler> | ||
{{FinCitation}} | {{FinCitation}} |
Version actuelle
| Par le biais de ce testament, on découvre la personnalité d'un ancien maire et avoué franc-maçon, ainsi que ses nombreux biens patrimoniaux à Quimper et Ergué-Gabéric.
Le testament et autres documents (courriers familiaux, inventaires, comptes ...) sont conservés aux Archives Départementales du Finistère, fonds de l'étude Kervella, notaire à Quimper, série 95 J. Autres lectures : « François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon » ¤ « 1795 - Vente du manoir et des propriétés de Mezanlez et Pennanmenez » ¤ « 1796 - Vente du presbytère des domaines nationaux » ¤ « Les Le Guay (1804-1917), châtelains du Cleuyou au 19e siècle » ¤ |
1 Présentation
François-Salomon Bréhier La formulation principale de ses dernières volontés est la suivante : « je donne et lègue à ma domestique Eliza ou Isabelle Marzin, jardinière, demeurant à Quimper, tous les objets mobiliers et le ménagé que j'ai à ma résidence de Mésanlez, les vêtements à mon usage, ainsi que mon linge de corps, la table et lit, les légumes et fruits de mon jardin, à l'exception de mon mobilier de Quimper, de mon argenterie, de mes livres, de mes armes que je réserve expressément au profit de mes enfants. » En fait dans les années 1835, soit 8 ans après le décès de son épouse en 1827, Salomon Bréhier a procédé à la vente et partage de ses biens immobiliers, en discussion avec ses enfants, et avec comme contrepartie la possibilité pour lui de disposer d'une rente pour vivre retiré à Mezanlez jusqu'à la fin de ses jours. Sa domestique Eliza a ses faveurs, avec en outre le souhait de « lui faciliter les moyens d'entreprendre après mon décès un petit commerce et de procurer une étape à ses enfants » en lui léguant une somme de 150 francs. Les biens mobiliers de Mezanlez font l'objet d'un inventaire dans le testament daté de 1837, et on y remarque une « pipe à cidre », c'est-à-dire un grand fût, qui appartient à un dénommé Le Gay, qui n'est autre très certainement que Guillaume Le Guay, châtelain du manoir du Cleuyou. L'ensemble de l'immobilier des époux Bréhier fut par contre l'objet de ventes et de partage entre les enfants. Les biens concernés sont d'abord un héritage de la génération précédente, que ce soit la métairie et manoir de Quillihouarn en Ergué-Gabéric, ou Kermadoret en Trégunc. Par contre la maison familiale de la rue Royale (alias Obscure, et aujourd'hui Elie Fréron) de Quimper et le manoir de Mezanlez-Pennanmenez sont des acquisitions plus récentes. |
Pour Mezanlez, c'est probablement en tant qu'ancien avoué-expert des biens nationaux confisqués à la Révolution que Salomon Bréhier put l'acheter. De même le presbytère du Grand Ergué, dit à tort du Petit Ergué dans l'inventaire établi après décès, fut acquis par l'avoué et maire d'Ergué-Gabéric. L'ensemble des ventes est achevé en 1835 par Salomon Bréhier après le décès de son épouse, et très discuté par leurs nombreux enfants. C'est sa fille Arsenne qui conteste le plus les options prises, mais Salomon lui envoie une lettre très habile pour obtenir sa procuration : « Tes frères et sœurs me pressent de terminer, mais comment faire, puisque tu t'y opposes. J'ai trouvé un moyen dont je vais te faire part mais il faut me promettre le plus grand secret ... » et il signe « ton père et ami ». Certes les revenus immobiliers restent dans la famille, mais le contenu du testament n'indiquant que les legs à la domestique n'a pas, a priori, été communiqué à la famille car aucun papier du dossier notarial ne le mentionne. La volonté du défunt étant marquée sans doute par des convictions humanistes franc-maçonnes, on imagine néanmoins la surprise générale le jour d'ouverture du document, dans un milieu où la moralité est de rigueur. |
2 Transcriptions
Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher
Le testament de 1837
|
Héritage parental en 1805
Inventaires des ventes
Lettre à sa fille en 1835
Inventaires des biens à Quilihouarn et Mezanlez
|
3 Originaux
Lieu de conservation :
|
Usage, droit d'image :
|
Les 11 pages du testament | |||||
Autres pièces | |||||
4 Annotations
- François Salomon Bréhier est né le 20 octobre 1760 à St-Ronan, Quimper. Sa famille est originaire de la Manche. Son père Claude Bréhier (dit le jeune), négociant en draps et franc-maçon, né en 1729 à St Laurent de Cuves, s'est établi à Quimper. Salomon Bréhier se marie le 8 février 1796 à Quimper avec Marie Frédérique Pottier née à Quimper. Ils auront sept enfants. Il exerce la profession de procureur au présidial de Quimper et d'avoué-expert. Il est initié à la loge maçonnique de La Parfaite Union. Il décède à Mézanlez en Ergué-Gabéric le 14 février 1845. [Ref.↑]
- Olographe, adj. : se dit d'un testament entièrement écrit de la main de son auteur, établi sans l'intervention d'un notaire. Source : TTLFi. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5]
- Baillot, bayeau, s.m. : Baillot à buée : baquet servant à faire la lessive (histoiresdeserieb sur free.fr.) La buée est l'ancien nom de la lessive traditionnelle jusqu'au début du XXe siècle qui voit la disparition de ce mode de lavage avec le développement de la lessiveuse en fer. La baille était généralement un baquet cerclé de fer de la taille d'un demi-fut ou d'un tonneau entier ouvert sur le dessus, et ce fut était placé sur une pierre ronde de granit creusé de rigoles d'évacuation. Un baillot peut aussi désigner un récipient pour conserver le lard ou d'autres aliments. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1]
Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens Date de création : Novembre 2017 Dernière modification : 20.11.2022 Avancement : [Développé] |