Vente de façade de vieux château, Ouest-Eclair et autres journaux 1924-1930
Un article de GrandTerrier.
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<spoiler id="995" text="La Bretagne, a-t-on dit, recèle dans ses églises, ...">La Bretagne, a-t-on dit, recèle dans ses églises, ses chapelles, ses logis moyenâgeux, ses vieux manoirs, une véritable « <i>poussière de chefs-d’œuvre</i> ». Ces richesses d'art, d'un mérite secondaire, mais d'accent si savoureux, lui valurent d'être longtemps la terre d'élection des brocanteurs, des collectionneurs à prix doux de meubles sculptés, de statues archaïques, d'ustensiles ménagers ou professionnels au galbe amusant. Mais voici qu'après avoir pillé et vidé la plupart de ces oratoires ruraux | <spoiler id="995" text="La Bretagne, a-t-on dit, recèle dans ses églises, ...">La Bretagne, a-t-on dit, recèle dans ses églises, ses chapelles, ses logis moyenâgeux, ses vieux manoirs, une véritable « <i>poussière de chefs-d’œuvre</i> ». Ces richesses d'art, d'un mérite secondaire, mais d'accent si savoureux, lui valurent d'être longtemps la terre d'élection des brocanteurs, des collectionneurs à prix doux de meubles sculptés, de statues archaïques, d'ustensiles ménagers ou professionnels au galbe amusant. Mais voici qu'après avoir pillé et vidé la plupart de ces oratoires ruraux | ||
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- | Le bruit d'une telle aubaine s'est répandu dans le pays. De l'autre côté du vallon de l'Odet, dans la commune d'Ergué-Gabéric, la monumentale façade du château de Lezergué attend aussi un acquéreur. Vaste page de granit sombre, conçue dans le style sévère du dix-huitième siècle breton, patinée de lèpres verdâtres ainsi qu'un vieux bronze, elle ouvre dans le ciel les rectangles de ses hautes fenêtres. Le fermier-propriétaire, qui jusqu'ici campait dans l'unique coin habitable de cette immense ruine, s'est décidé à la démolir et à construire une autre maison avec les matériiaux. Mais il a épargné la façade, et espère, parait-il, qu'un Américain milliardaire viendra bientôt lui en proposer beaucoup de dollars. Lezergué revivra peut-être un jour sur les rives du Potomac ou de l'Ohio. | + | Le bruit d'une telle aubaine s'est répandu dans le pays. De l'autre côté du vallon de l'Odet, dans la commune d'Ergué-Gabéric, la monumentale façade du château de Lezergué attend aussi un acquéreur. Vaste page de granit sombre, conçue dans le style sévère du dix-huitième siècle breton, patinée de lèpres verdâtres ainsi qu'un vieux bronze, elle ouvre dans le ciel les rectangles de ses hautes fenêtres. Le fermier-propriétaire, qui jusqu'ici campait dans l'unique coin habitable de cette immense ruine, s'est décidé à la démolir et à construire une autre maison avec les matériaux. Mais il a épargné la façade, et espère, parait-il, qu'un Américain milliardaire viendra bientôt lui en proposer beaucoup de dollars. Lezergué revivra peut-être un jour sur les rives du Potomac ou de l'Ohio. |
<spoiler id="996" text="Voici l'elginisme. Passons au vandalisme ...">Voici l'elginisme <ref name="Elginisme">-</ref>. Passons au vandalisme, et, qui plus est, au vandalisme officiel | <spoiler id="996" text="Voici l'elginisme. Passons au vandalisme ...">Voici l'elginisme <ref name="Elginisme">-</ref>. Passons au vandalisme, et, qui plus est, au vandalisme officiel | ||
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Comme on sait, l'historien et généalogiste Guy Autret de Missirien faisait, au temps de Louis XIII et au début du règne de Louis XIV, sa résidence favorite à Lezergué. Il habitait, non le château des de La Marche, bâti plus d'un siècle après sa mort, mais un manoir plus rustique dont quelques débris survivent mêlés aux édifices de la ferme attenante. Ses armoiries, alliées à celles de sa femme, Blanche de Lohéac, se voient encore sur une pierre encastrée dans un talus au bord de l'avenue <ref name=Blason>Le blason est décrit par Louis Le Guennec dans ses notes ainsi : « <i>Dans le talus d'un champ à droite de l'avenue de Lezergué, on a encastré une pierre de granit portant un écusson carré mi-parti coupé au 1 de 3 fasces ondées, qui est Autret - au 2 de 3 épées en bande, qui est Coatanezre - au 2 d'une mâcle, qui est <strike>Tréanna</strike> Lohéac</i> ».Guy Autret de Missirien, de Lezergué, de Kernaou à Ergué-Gabéric épousa Blanche de Lohéac fille de Mathieu de Lohéac seigneur de Pencleuz et de Marguerite le Baud. Ils n'auront pas d'enfants. Le blason des Lohéac est supposé être « <i>Vairé contre-vairé d'argent & d'azur</i> » et non une mâcle, ce qui semble contredire la mention manuscrite et l'article de l'auteur dans l'Ouest-Eclair en 1929. Les Tréanna par contre avaient bien comme armoiries « <i>d’argent à une mâcle d’azur</i> ».</ref>. | Comme on sait, l'historien et généalogiste Guy Autret de Missirien faisait, au temps de Louis XIII et au début du règne de Louis XIV, sa résidence favorite à Lezergué. Il habitait, non le château des de La Marche, bâti plus d'un siècle après sa mort, mais un manoir plus rustique dont quelques débris survivent mêlés aux édifices de la ferme attenante. Ses armoiries, alliées à celles de sa femme, Blanche de Lohéac, se voient encore sur une pierre encastrée dans un talus au bord de l'avenue <ref name=Blason>Le blason est décrit par Louis Le Guennec dans ses notes ainsi : « <i>Dans le talus d'un champ à droite de l'avenue de Lezergué, on a encastré une pierre de granit portant un écusson carré mi-parti coupé au 1 de 3 fasces ondées, qui est Autret - au 2 de 3 épées en bande, qui est Coatanezre - au 2 d'une mâcle, qui est <strike>Tréanna</strike> Lohéac</i> ».Guy Autret de Missirien, de Lezergué, de Kernaou à Ergué-Gabéric épousa Blanche de Lohéac fille de Mathieu de Lohéac seigneur de Pencleuz et de Marguerite le Baud. Ils n'auront pas d'enfants. Le blason des Lohéac est supposé être « <i>Vairé contre-vairé d'argent & d'azur</i> » et non une mâcle, ce qui semble contredire la mention manuscrite et l'article de l'auteur dans l'Ouest-Eclair en 1929. Les Tréanna par contre avaient bien comme armoiries « <i>d’argent à une mâcle d’azur</i> ».</ref>. | ||
- | Tout amateur de vieux parchemins et de vieilles chartes qu'il était, l'excellent gentilhomme ne dédaignait point un bon morceau, professant sans nul doute avec Descartes que Dieu n'a pas fait les mets friands que pour les seuls imbéciles. Voici de lui une lettre inédite <ref name=Presidial>Question non tranchée à ce jour : la lettre <i>inédite</i> de Guy Autret est soit une découverte et transcription de Louis Le Guennec, soit une transcription déjà publiée par le Comte de Rosmorduc (cf « [[1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc]] ») ou par Daniel Bernard.</ref> qui témoigne de son appétit et de son enjouement. Il l'adressait de Lezergué, « <i>le jeudi de l'Ascension 1642</i> » au procureur du Roi du présidial de Quimper, M. du Haffont de Kerescant : | + | Tout amateur de vieux parchemins et de vieilles chartes qu'il était, l'excellent gentilhomme ne dédaignait point un bon morceau, professant sans nul doute avec Descartes que Dieu n'a pas fait les mets friands que pour les seuls imbéciles. Voici de lui une lettre inédite <ref name=Presidial>La transcription de la lettre <i>inédite</i> de Guy Autret est incluse dans le fonds Daniel Bernard conservé aux archives départementales du Finistère (cote 110J75), dans une petite liasse "sans date", avec seulement cette référence au jeudi de l’ascension sans en préciser l'année.</ref> qui témoigne de son appétit et de son enjouement. Il l'adressait de Lezergué, « <i>le jeudi de l'Ascension 1642</i> » au procureur du Roi du présidial de Quimper, M. du Haffont de Kerescant : |
<spoiler id="993" text="« Monsieur mon cher cousin, il ne faut point user ...">« <i>Monsieur mon cher cousin, il ne faut point user de cérémonies vers ceux qui vous sont si acquis comme nous. Il ne failloet ni convi ni prières pour nous obliger de vous aler aider à festiner. En telles occasions je ne lesse jamais deffaut, et je suis toujours rendu auparavant le messager qui m'en vient quérir</i> ». | <spoiler id="993" text="« Monsieur mon cher cousin, il ne faut point user ...">« <i>Monsieur mon cher cousin, il ne faut point user de cérémonies vers ceux qui vous sont si acquis comme nous. Il ne failloet ni convi ni prières pour nous obliger de vous aler aider à festiner. En telles occasions je ne lesse jamais deffaut, et je suis toujours rendu auparavant le messager qui m'en vient quérir</i> ». |
Version du 5 janvier ~ genver 2017 à 18:33
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Où il est question de l'émotion créée par le projet de démolition des ruines du château de Lezergué. |
Autres lectures : « Choses et gens de Basse-Bretagne, le chateau de Lezergué, l'Ouest-Eclair 1929 » ¤ « Présentation et historique du manoir de Lezergué » ¤ « Histoire de Lezergué et de ses occupants » ¤ « Rdv du ps 1 - La vie de château à Lezergué, OF-LQ 1985 » ¤ « Rdv du ps 2 - Jean Nédélec, le dernier châtelain de Lezergué, OF-LQ 1985 » ¤ « 1911 - Les mariés Jean Le Dé de Boden et Josephe Nédélec de Lezergué » ¤ « 1910-1935 Notes et coupures gabéricoises de Louis Le Guennec » ¤ « Eléments classés et inscrits du patrimoine de la commune d'Ergué-Gabéric » ¤
1 Présentation
2 Transcriptions
Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher
La Dépêche de Brest, 24.11.1924
Ouest-Eclair, 30.08.1930
Journal des Débats, 01.04.1929
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Progrès du Finistère, 24.08.1929
Ouest-Eclair, 27.09.1929
Ouest-Eclair, 02.02.1930
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3 Coupures de presse
Articles et annonce | |||||
4 Annotations
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- Rabine, s.f. : allée de grands arbres plantés sur l'avenue d'une maison de noblesse et de quelque monastère ; source : Dom Pelletier. Ce mot existe en breton avec la même prononciation ; source : dictionnaire gallo de cc-duguesclin. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- L'elginisme est une forme de vandalisme consistant à extraire des œuvres d'art de leur contexte ou région d'origine pour les exposer ailleurs. Cette pratique tire son nom du titre de lord Elgin porté par Thomas Bruce, ambassadeur britannique à Constantinople qui fut responsable du transfert à Londres des marbres du Parthénon. [Ref.↑ 2,0 2,1]
- L'association « La Sauvegarde de l'Art Français » œuvre toujours dans le domaine du mécénat, notamment pour la sauvegarde des églises et chapelles : Site Internet. [Ref.↑]
- Le Potomac est un fleuve de 665 km de long qui se jette dans la Baie de Chesapeake, située sur la côte Est des États-Unis. La rivière Rouge est une rivière d'Amérique du Nord qui marque la frontière des États du Minnesota et du Dakota du Nord. [Ref.↑]
- Le blason est décrit par Louis Le Guennec dans ses notes ainsi : « Dans le talus d'un champ à droite de l'avenue de Lezergué, on a encastré une pierre de granit portant un écusson carré mi-parti coupé au 1 de 3 fasces ondées, qui est Autret - au 2 de 3 épées en bande, qui est Coatanezre - au 2 d'une mâcle, qui est
TréannaLohéac ».Guy Autret de Missirien, de Lezergué, de Kernaou à Ergué-Gabéric épousa Blanche de Lohéac fille de Mathieu de Lohéac seigneur de Pencleuz et de Marguerite le Baud. Ils n'auront pas d'enfants. Le blason des Lohéac est supposé être « Vairé contre-vairé d'argent & d'azur » et non une mâcle, ce qui semble contredire la mention manuscrite et l'article de l'auteur dans l'Ouest-Eclair en 1929. Les Tréanna par contre avaient bien comme armoiries « d’argent à une mâcle d’azur ». [Ref.↑] - La transcription de la lettre inédite de Guy Autret est incluse dans le fonds Daniel Bernard conservé aux archives départementales du Finistère (cote 110J75), dans une petite liasse "sans date", avec seulement cette référence au jeudi de l’ascension sans en préciser l'année. [Ref.↑]
Thème de l'article : Revue de presse Date de création : Janvier 2017 Dernière modification : 5.01.2017 Avancement : [Développé] |