Lettre du 24 août 1637 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, V) - GrandTerrier

Lettre du 24 août 1637 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, V)

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Catégorie : Personnages/Autret
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§ E.D.F.

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Retiré dans son manoir campagnard de Lezergué ou en voyage à Rennes ou Paris, Guy Autret a été un épistolier infatigable et ses missives sont riches d'enseignements sur les familles nobles bretonnes et sur certains évènements nationaux historiques en plein 17e siècle.

Autres lectures : « Espace Guy Autret (17e) » ¤ « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ « 1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc » ¤ « ROSMORDUC Le Gentil Georges (comte de) - Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier » ¤ 

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[modifier] 1 Présentation

Lettre du mémoire du comte de Rosmorduc, pages 14 à 20, où Guy Autret explique à Pierre d"Hozier [1] ses soucis de prééminences et études de généalogies familiales.

[modifier] 2 Transcription

MONSIEVR MON CHER & HONORÉ CONFRÈRE

Lors que j'ay receu la vostre, je fesois rendre mes lestres à nostre ordinere, parmi les queles il y en avoit une pour vous. J'avois ponctuelement comté le temps de vostre absance de Paris, que vous aviés limité devoir estre de trois mois, & vous ayant toutjours approuvé veritable, j'avois creu qu'il estoit temps de vous sercher au sejour ordinere de vos muses, mais jé esté prevenu par vostre civilité ordinere & au lieu de vous demander des nouvelles de vostre voiage, je me trouve obligé de vous faire une reponce ; mais auparavant de la comancer il faut que je vous dise que vostre absance m'a estée bien dure & ennuieuse à suporter, n'ayant receu pandant tout ce temps que lesnouvelles du Pont Neuf & de la basse court du Louvre, encore ne pouvois je lire la Gazette sans quelque aprehension d'i trouver vostre nom parmi ceux que le hazart de la guerre a moessoné dans ses isles de Provance ou plus tost dans le champ de Mars, ou tant de braves ont cueilli milles lauriers. Je raisonois que si vostre voiage vous portoit en Provance parmi vos parants et vos amys, vostre courage & vostre honeur vous obligeroit de prandre parti aveq eux & d'accepter l'occasion si favorable de tires l'espée contre les ennemis de la France, & souvant dans ceste immagination, je vous ayes veu, tout couvert de poudre à canon, de poussiere, de fumée et du sang des Espaignols, tenir la teste de nos volontaires et executer aveq vérité toutes les prouesses que l'on a escrit aveq romant de Pierre de Provance, vostre parrein [a]. Je m'alois encore figurant que vous pouriés estre faict chevalier en temps de paix, vous pretandiés de recevoir l'accolade & l'épée du general de l'armée, en quelque jour de bataille. Parfois jé pansé que ce brave prince de Loraine [b], de quel vous estes cognu & aymé, n'avoit pas beaucoup de paine à vous persuader de vous embarquer en son admiral, pour vous faire meriter une courone relevée de poupes & de proues de navires, ou bien, en l'attaque des forts des isles, trouver occasion de vous honorer de la murale.

Tous les confrères genealogisqtes ont des remerciements à faire à cest excellent advocat de Bourg, qui a rompu votre premier dessein & vous a obligé de borner vostre voiage au Rhone & au Lyonnais, & si j'avois le pouvoir que vous avés de faire cognoestre son merite à toutte l'Europe, son nom seroit escrit en lestres rouges dans le catalogue des curieux, et l'écusson de ses armes auroit lieu honorable en vostre livre que vous préparés en l'honneur des amateurs des muses.

Je vays repondre à la vostre, non pas suivant l'ordre de vos demandes, mais de mon affection. Mr le Comte de Brulon [c] ne perderoit rien en l'affection qu'il me themoigne, si ma puissance egaloit mes volontés, je l'honore au dela de tout ce qui se peut exprimer &, en sa seule condideration, j'advance mon grand dessein, affin de trouver occasion & lieu convenable d'escrire advantageusement de lui,

 

il m'a honoré de deux lestres, j'attandois vostre retour pour faire reponce à sa dernière, pour qu'elle lui fut baillée par vos mains, je n'ose le prier de s'emploier pour m'obtenir le don des preeminances [2] des queles je vous avois escrit il y a longtemps, j'aprehande qu'il ne m'estime estre un home à charge de ses amys & qu'il me croye tout autre que je ne veux estre, je vous prie de sonder ce gué auparavant que je ne présente pour y passer, & de pressentir si la priere que je lui pourois faire seroit bien receue, j'aprehanderois de m'exposer au hazart d'un refus & certes je ne cognois si lache à demander, que je proteste qui si jamais l'intention d'estre moyne le surprand, je ne seré jamais de l'ordre des mendiants.

Quand aux genealogies que vous m'avés demandées, rafrachissés moy s'il vous plait la memoire de ce que vous souhaités ; je regrette ne vous pouvoir doner satisfaction bien entière sur celle de Mr de Loumaria du Parc, les actes du quel je n'ay encore veus, quoy qu'il m'aye promis les me comuniquer ; tout ce je vous en puis dire à presant est que les seigneurs de Loumaria portoeint, il y a 200 ans, le nom de Coetgoureden, et en armes : De geules à la croix engrelée d'argent, mais un puisné de la maison du Parc (quoy que Mr de Loumaria soutient qu'il estoit l'aisné) ayant espousé l'heritiere du nom de Coetcoureden, porter la terre du Parc, qu'il eut en partage, aveq son nom & ses armes, en celle de Loumaria, les seigneurs de la quelle du depuis portent sur le tout : D'or [d] à 3 gemelles de geules ; la maison des aisnés du Parc, soigneurs de la Motte du Parc, se fondit bien tost après en celle de Beaumanoir, en la branche d'Assigné, noste cher messire Sebastien de Rosmadec, le bien aymé de nos muses. Une premiere branche de la mesme maison du Parc a duré deux générations aux maisons de Grandbois & de la Rochejagu, auparavat que le nom de Pean y eut entré, mais enfin celle de Loumaria subsiste seule aujourdui ; je suis marry que je ne puis contenter vostre curiosité & prendre cestre branche en sa racine ou au moins en son tige, mais d'autant que je ne veux rien advancer sans preuve, ni obliger personne à se tromper & mesprandre sur ma foy, je me contanteré de vous escrire les predecessurs du dit sieur de Loumaria depuis cent à six vints ans seulement. Jacques du Parc, seigneur de Loumaria, vivoit l'an 1520 &, de Peronelle de Lezerfaut, dame du dit lieu, lessa François du Parc, seigneur de Loumaria.

Si j'avois plus de loesir & de papier, je ne vois dirois pas encore que je suis, Monsieur, Vostre tres humble, tres obeissant & fidele serviteur & confrere, MISSIRIEN.

A Lesergué, ce 24 août 1637.

Le sieur de la Touche Cheureul n'est plus procureur au Parlement de Renes, il vous plera faire vos adresses d'oresnavant à Mr Nivet, procureur de Renes, pour faire tenir à Mr de Missirien, à Kempertin.

Notes (Rosmorduc) :

  1. Pierre d'Hozier signait souvent ses lettres du nom de ce célèbre héros de roman. On trouve notamment dans le vol. X de la collection du Chesne, à la Bibliothèque Nationale, des lettres de lui, signées : Pierre de Provence, Dom Pedro, le Grand front, Messire Pierre, Messire Pierre au grand front. [Ref.↑] 
  2. Henri de Lorraine, comte de Harcourt, d'Armagnac et de Brionré, vicomte de Marsan, chevalier des Ordres du Roi, etc., commandait avec Henri d'Escoubleau de Sourdis (archevêque de Bordeaux), l'armée navale qui reprit aux Espagnols, en 1637, les îles de Saint-Honorat et de Sainte-Marguerite, sur les côtes de Provence. [Ref.↑] 
  3. M. de Missirien, dans une généalogie qu'il a dressée de la maison de Brulon (Bib. Nat. Fr 30950) consacre au comte de Brulon les lignes suivantes : « Haut & puissant Saldebreil, comte de Brulon, baron de la Muce, du quel les bonnes qualités & rares mérites ne se peuvent dignement exprimer. Il a esté employé en diverses ambassades vers les Electeurs de l'Empire par le roy Louis 13 & le cardinal duc de Richelieu, qui estimoint singulierement sa conduite et son esprit. Il moyenna la redition de Treffues & fit deposer cette ville entre les mains du Roy & forma en Alamaigne ceste puissante ligue qui a cuidé depuis ruiner la maison d'Autriche. Il a depuis exercé la charge de conducteur & introducteur des amabassadeurs & princes estrangers vers le Roy, la quelle est importante & requiert une persone de grande fidelité et extreme capacité. Il a aussi servi en la guerre, ayant comendé pour le service du Roy divers corps de cavalerie. » [Ref.↑] 
  4. Il faut lire : D'argent. [Ref.↑] 

[modifier] 3 Sources


[modifier] 4 Annotations

  1. Pierre d'Hozier (1592-1660) est un historien et auteur de généalogies des grandes familles françaises. Sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV il fut juge d'armes et commis pour certifier la noblesse. Il a composé la « Généalogie des principales familles de France », ouvrage manuscrit de cent cinquante volumes. Il fut ami et correspondant de Théophraste Renaudot, le fondateur de la Gazette. Il fut inhumé dans l'église Saint-André-des-Arts à Paris. [Ref.↑]
  2. Prééminences, s.f.pl. : droits que possédaient certains nobles dans les édifices religieux : droit d'accéder au chœur, droit d'être enterré dans la chapelle, droit d'apposer son blason ... ; source : lexique "au coeur du pays d'Auray". [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Histoire du patrimoine culturel gabéricois

Date de création : Novembre 2016    Dernière modification : 6.12.2016    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]