Lettre du 1er juin 1638 de Guy Autret au comte de Brulon (Rosmorduc, VIa) - GrandTerrier

Lettre du 1er juin 1638 de Guy Autret au comte de Brulon (Rosmorduc, VIa)

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Catégorie : Personnages/Autret
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§ E.D.F.

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Retiré dans son manoir campagnard de Lezergué ou en voyage à Rennes ou Paris, Guy Autret a été un épistolier infatigable et ses missives sont riches d'enseignements sur les familles nobles bretonnes et sur certains évènements nationaux historiques en plein 17e siècle.

Autres lectures : « 1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc » ¤ « Espace Guy Autret (17e) » ¤ « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ « ROSMORDUC Le Gentil Georges (comte de) - Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier » ¤ 

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[modifier] 1 Présentation

Annexe 1 à la lettre VI dans le mémoire du comte de Rosmorduc, pages 21 à 22, où Guy Autret explique au comte du Brulon ses soucis de prééminences et de l'érection de son domaine en vicomté.

[modifier] 2 Transcription

MONSIEVR,

Je receu vos deux derniers en mesme jour par l'adresse de Mr d'Hozier & une minute des lestres de don que vous esperés obtenir en ma faveur. Celui qui les a dressées est si sçavant aux affaires de ceste nature que j'estime que son premier projet vaut incomparablement mieux que tout ce que je y pourois adjouter. L'advis qu'il vous a pleu me doner touchant la difficulté de la verification des lestres d'erection est fort iudicieux. Les cours souverenes ne sont pas toutjours disposées à faire faveur & souvant en ses rencontres le bon heur & l'industrie operent plus que le merite. Vous sçavés que la pansée de cette erection de ma terre en vicomtée n'est que come accessoere à une premiere qui estoit d'obtenir le seul don des preeminances [2], aussi n'u aye auceune atache ni dessein arreté, et depuis jé fait reflection sur vos raisons jé bien jugé qu'il ne failloit pas faire les morceaux plus grands que la bouche ni se charger d'un fardeau qui surpasse les forces ; ceux qui veulent courir trop fort sont subjetz à tomber & à reculer bien souvant, quand ils pansent à s'advancer. Enfin j'aprehande que par ceste erection ie ne me prepare une bariere contre mon dessein de preeminances [3] aux queles consiste mon principal advantage, de forme que (sauf vostre milleur advis) il seroit à propos d'obtenir simplement le don d'icelles sans auceun meslange de l'erection ; et toutefois puis que demander une grace du Roy & l'obtenir vous est vne mesme chose, et que l'occasion est favorable de demander l'un & l'autre ensemble, ce me seroit un grand advantage d'obtenir les deux, pourveu que par ce moien la verification s'en peut faire par lestres separées & s'il estoit possible de divers dates, d'autant que par ce moien la verification du don se pouroit demander sans obligation de parler de celle de l'erection, la quele se pouroit defferer à un autre temps, affin de prandre aveq adresse l'occasion de les faire passer en nostre Parlement. S'il n'i avoit autre raison contre ceste ouverture que celle des fraitz des deux expeditions, elle ne seroit pas considerable, je satisferé ponctuellement l'advocat du Conseil auquel vous cometerés les soign des dictes expeditions & des à presant, si ie sçavois son nom & la some qui seroit necessere, ie la lui enverrois par nostre ordinere. Ie vous prie de me continuer vos soigns & vos faveurs, et de crere que ie suis en une confusion extreme de la paine que ie vous donne ; je prans tout & ne done rien & mon impuissance resiste toutjours aux inclinations que j'ay de vous servir,

 

je ressamble aux Gascons & aux gens de bone maison qui mandient, l'espée au costé, ils font des rodomontades & promettent de la faveurà ceux mesme qui leur font la charité, ils ont les habis dechirés et le coeur entier, & soubs la contenance d'un pauvre soldat ils ont le courage d'un valeureux capitaine ; ses braves prometent d'exercer la liberalité de Caesar lors que la necessité les oblige à exercer la vertu de Bellifere, & se vantent d'estre riches lors qu'ils sont accablés du fais de leurs miseres ; je tiens quelque chose de leur humeur, lors que je reçois de vostre liberalité des faveurs extraordinaires, je vous prometz de recognoestre les obligations que vous acquerés sur moy, aveq autant d'assurance que si j'en avois le pouvoir, et neanmois apres avoir fait inventere de tout ce qui m'appartient, je ne trouve pas seulement de quoy satisfaire à vos interets. Il n'i a que les muses toutjours secourables qui puissent relever mes esperances et estançoner mes ruines, elles se vantent de posseder plus de biens qu'il ne s'en peut trouver dans le nouveau monde, ni dans les flotes qui arrivent à Sivile, ses filles du Ciel, les queles par une grace qui leur est toute particuliere sont belles & vieilles tout ensemble, font les doux yeux à mon trauail & agreent mes sacrifices, elles ne dedeignent pas mes caresses & me donent d'vne main liberale tout ce qu'elles gardent de plus precieux dans leurs trésors inestimables. A la vérité leurs richesses ressamblent fort à des chansons et à des vers & à de la prose & malaisement les Genois les voudroient prandre pour ce que leur doet le roy d'Espaigne, ni l'armée du Vuimar pour une montre bien payée, toutefois cette monoye n'est pas toutjours de singe quand elle est marquée au coign du Parnasse, elle a cours partout ou il y a des homes qui sçavent lire ses caracteres, et iamais elle n'est descriée dans le pais des honestes gens. J'auré grande obligation à ma Clio si elle peut deminuer celle que vous avés acquise sur moy & me fournir avec abondance les termes necesseres pour publier de bonne grace la verité & vos louanges qui sont inséparables, elle peut me rendre riche à sa mode & à la miene, c'est à dire en conceptions & paroles, je vous assure que je ne veux pas ses liberalités que pour avoir les moiens de me degager en quelque façon des vostres et vous themoigner que je suis plus personne du monde

Vostre ...

[modifier] 3 Sources


[modifier] 4 Annotations

  1. Prééminences, s.f.pl. : droits que possédaient certains nobles dans les édifices religieux : droit d'accéder au chœur, droit d'être enterré dans la chapelle, droit d'apposer son blason ... ; source : lexique "au coeur du pays d'Auray". [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Histoire du patrimoine culturel gabéricois

Date de création : Novembre 2016    Dernière modification : 15.11.2016    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]