1831 - Devis pour la réparation du pont du Cleuyou - GrandTerrier

1831 - Devis pour la réparation du pont du Cleuyou

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§ E.D.F.

Sommaire

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1 Résumé des sources

En 1615 déjà, le pont du Cleuziou, en relativement bon état avec ses trois arches, dut être rénové, les piles ayant du être rehaussées, le dallage du tablier refait et des garde-fous ajoutés.

Cette fois-ci en 1831 il s'agit de la culée et de la 1ère pile de la rive droite, c'est-à-dire d'Ergué-Gabéric, qui sont endommagées et qui risquent de faire s'écrouler l'arche latérale.

L'importance du pont, « seul passage sur la rivière du Get qui serve de communication journalière », est vitale pour les habitants en zone rurale, mais aussi pour les gens de la ville de Quimper  : « les cultivateurs ne tarderont pas à être privés d'approvisionner de bois, de paille, de foire, vers la ville de Quimper jusqu'au retour du printemps, n'ayant que cette route pour communiquer avec elle. ».

Les dégâts sont tels et les dépenses si importantes qu'il est question de supprimer l'une des trois arches qui menace ruine. Mais l'ingénieur en chef et directeur de Quimper propose in-fine une solution astucieuse d'ajout de faux-cintre qui préserve l'arche en question et conserve l'aspect primitif de l'ouvrage?

 

En rouge les parties endommagées »

2 Transcriptions

1er devis

Devis estimatif des travaux à exécuter pour réparer le Pont du Cluyou, commune d'Ergué-Gabéric, près de Quimper.

Motifs.

Le pont du Cluyou dont il s'agit est le seul passage servant de communications journalières à plusieurs communes avec Quimper. Cependant ce pont menace d'un très prochain écroulement ; déjà la voûte A présente une brèche de trois mètres de surface et la chute d'une pierre qui tient à peine et qu'une crue d'eau peut enlever entrainerait le reste de cette voûte. Les avant-becs [1] de la culée B sont anguillés et plusieurs pierres sont dérangées dans les culées D B. Il résulte de cet examen que le pont ne plus tenir longtemps, car les eaux qui sont très fortes en hiver dans cette rivière ne manqueront pas de miner les brèches déjà faites et de provoquer l'écroulement total d'une arche. Il est indispensable de le réparer sans délai pour profiter des basses eaux et du reste de la belle saison, ou les cultivateurs ne tarderont pas à être privés d'approvisionner de bois, de paille, de foire, vers la ville de Quimper jusqu'au retour du printemps, n'ayant que cette route pour communiquer avec elle.

J'ajouterai que des exploitations considérables de bois se font en ce moment sur cette route et qu'il serait très préjudiciables à ces marchands de bois de ne pouvoir faire charroyer leurs marchandises.

Exposé des ouvrages.

Le plan indique les parties mauvaises, elles sont teintes en rouge. La pille B devant être refaite, ainsi que la voûte A, cet ouvrage nécessitera la démolition, jusqu'à la naissance du cintre de la voûte C qui ne pourrait se soutenir une fois la culée démolie.

Celle marquée D en aval qui soutient les terres sera démolie dans une épaisseur de 1m 50 pour bien lier la nouvelle maçonnerie avec l'ancienne.

Les vieux matériaux en parement seront employés, mais le moëlon n'étant pas bon, le meilleur seulement sera mis en réserve et le surplus fourni par l'entrepreneur.

Les remblais sur les voutes seront faits de manière à donner du bombement pour écouler les eaux ; et à cet effet on ménagera dans le parapet des ouvertures de 20e en carrées placées de 3m en 3m des deux côtés.

Les portions de parapets E F seront faites en pierres de taille, les anciennes n'étant plus sur les lieux.

Toute la maçonnerie sera posée avec mortier de chaux et sable ; le moëlon à fournir sera bien givant et callé en plein.

[...]

Total : 2490 fr

Le présent devis montant à la somme de deux mille quatre cent quatre vingt dix francs a été rédigé par le soussigné entrepreneur de batiments civils.

Quimper, le 16 aout 1831. Chevallier.

Lettre du maire et conseil municipal

Note : Le 16 autorisé la réunion du conseil municipal.

Quimper le 15 août 1831.

Monsieur le préfet.

J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien m'autoriser à convoquer, pour dimanche 21 du courant, le Conseil municipal de notre commune à l'effet de prendre une détermination pour les réparations à faire au pont du Cleuyou.

Je vous ferais observer, monsieur le préfet, que l'état de ce pont offre les plus grands dangers, et qu'il serait urgent de le faire réparer, pour éviter quelques malheurs.

J'ai fait appeler sur les lieux Mr Chevalier, entrepreneur à Quimper ; lequel après une visite du pont m'a déclaré qu'il était impossible d'en retarder la réparation.

J'ai l'honneur d'être monsieur le préfet votre respectueux serviteur. Laurent, maire d'Ergué-Gabéric.


Extrait de la délibération du conseil municipal de la commune d'Ergué-Gabéric, au f° 40 8° où est écrit ce qui suit.

Délibération du Conseil municipal de la commune d'Ergué-Gabéric, réuni au lieu ordinaire de la sa séance le vingt et un août 1831, en vertu d'une autorisation de Mr le Préfet datée du 16 du même mois, au sujet des réparations à faire au pont du Cleuyou qui menace ruine.

D'après la décision de Mr Chevaillier, entrepreneur des Bâtiments civils, qui sur notre demande a été examiner l'état du pont du Cleuyou, et qui nous a dit qu'une crue d'eau suffirait pour le faire couler entièrement, nous décidons qu'il faut absolument le réparer avant l'hiver. Car ce pont est le seul passage que notre commune ait pour communiquer avec Quimper, il sert de passage journalier à plusieurs autres communes.

Le devis de réparation de ce pont montant à 2490 fr nous vous déclarons Mr le Préfet que notre commune seule ne peut pas pourvoir à cette dépense, notre caisse municipale est entièrement épuisée par la réparation des chemins vicinaux, ce qui nous rend sans ressources? Nous prenons donc la liberté Monsieur le Préfet de vous prier d'autoriser cette dépense sur les fonds accordés pour les chemins vicinaux.

Et pour montrer notre bonne volonté à y contribuer nous ferons les charrois des matériaux.

Arrêté par le maire et le conseil municipal soussignés. Pour copie conforme au registre. Laurent, maire.

Lettre du préfet à l'ingénieur

23 août 1831. Chemin vicinal de Quimper à Carhaix. Pont du Cluyou. Réparation urgente. Joindre les pièces. Exped.

A l'Ingénieur en chef-Directeur. A Quimper. Monsieur.

Un écroulement vient d'avoir lieu dans l'une des trois arches du pont du Cluyou situé (...) Quimper, sur le chemin vicinal de première classe, qui conduit de cette ville à Carhaix par Coray.

Mr le maire d'Ergué-gabéric, commune de la situation du pont a fait dresser par le sieur Chevallier un devis estimatif de la réparation, qui est extrêmement urgente, attendu qu'il est effectué en ce moment, par cette route, de nombreux charrois de bois, qui ne peuvent que hâter la chute totale de la tête du pont, et occasionner quelque malheur.

D'un autre côté, plus de douze communes tant de l'arrondissement de Chateaulin que du Morbihan, qui ont des relations toutes les semaines avec Quimper par cette communication éprouveraient un préjudice notable si le passage avec des voitures, se trouvait indéfiniment interrompu sur ce point.

On ne peut donc se dispenser de pourvoir immédiatement à la restauration du dit pont ; mais Mr le maire d'Ergué-Gabéric diffère d'opinion avec le rédacteur du devis sur l'étendu des dégradations qu'il s'agit de réparer. Suivant les observations verbales de ce magistrat, les parties du pont signalées comme étant anguillées ou comme ayant des pierres dérangées, sont dans cet état depuis un grand nombre d'années, par suite de l'accroissement de quelques plantes qui ont pris racines dans les joints des pierres.

Dans l'opinion de Mr le maire, on réparerait le pont avec une somme beaucoup inférieure à celle du devis montant à 2,490 fr, soit en se bornant à remplir la brèche qui s'est manifesté, soit en supprimant l'arche endommagée, sauf à couper une légère portion d'une prairie pour donner au ruisseau un cours plus direct, parce que dans l'état actuel du cours, l'arche endommagée est celle qui reçoit le plus fort volume d'eau.

J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint les pièces du projet, au nombre de trois.

Comme le pont du Cluyou n'est qu'à une très petite distance de Quimper, je verrais avec plaisir que vous voulassiez bien vous transporter surles lieux pour examiner par vous-même l'état du pont, et reconnaitre si la réparation à exécuter ne peut pas se faire avec plus d'économie, et par l'un des moyens qu'indique Mr le maire.

 

Réponse de l'ingénieur en chef

Pont du Cluyou. Réponse.

Quimper, le 3 septembre 1831. Monsieur le préfet.

Je me suis transporté au Cluyou, pour examiner l'état du pont, avec le projet de restauration que vous m'avez fait l'honneur de me communiquer le 23 août dernier, et que vous retrouverez ci-joint.

L'arche latérale de la rive droite menace ruine évidemment, ainsi que les flancs de la pile et de la culée adjacentes ; les deux autres arches paraissent en assez bon état.

Mr le maire d'Ergué-Gabéric pense, avec raison, que l'on réparerait ce pont avec une somme inférieure à celle de l'estimation du sieur Chevallier ; mais non, comme il le propose, en supprimant l'arche endommagée, même à l'aide d'une coupure dans la prairie d'amont. La rivière du Get ne permet aucune diminution de son débouché dans les crues, et tout en conservant les trois arches actuelles, il est bien à (...) qu'on puisse effectuer le redressement qu'il indique, au moyen d'une coupure dirigée perpendiculairement à la tête du pont, à partir de sa culée gauche ; car, excepté l'arche endommagée qui reçoit seule tout le choc et le courant principal de la rivière, les eaux n'arrivent plus aux deux autres arches qui suivant un cours forcé, parallèle aux têtes du pont, et resserré par des arbres. Le pont lui-même est couvert de souches et d'arbustes qui nuisent à sa solidité.

Le projet du sieur Chevallier, en admettant tous les ouvrages qu'il comprend, est estimé 2490 francs, somme beaucoup trop élevée : car, en me rendant compte des détails, je trouve que l'estimation devrait être réduite à 1900 francs, susceptibles encore de la concurrence d'une adjudication.

Mais on pourrait se dispenser de reconstruire entièrement la pile de droite, conséquemment de démolir la deuxième arche adjacente ; à cet effet, on établirait d'abord un faux-cintre sous la dite arche, sans démolir le parement contigu de la pile avariée, laquelle serait immédiatement reconstruite le plus haut possible, avant l'arche à démolir. Du reste on coincerait et on rejointerait soigneusement toutes les parties conservées, et l'on devrait surtout dégager les parements du pont en général de tous les arbustes et racines qui forcent ses joints, ou embarrassant le cours des eaux.

La conservation de cette deuxième arche me parait devoir apporter une nouvelle économie de 600 fr au moins dans les dépenses.

Ainsi, quelque urgente que soit la restauration dont il s'agit, on ne peut l'entreprendre sans une nouvelle rédaction du projet.

Quant au redressemenr du cours de la rivière, en amont du pont, lequel ne serait sans doute que le rétablissement d'un état primitif, je le crois nécessaire ; cette dépense, y compris la juste acquisition du terrain à (...), ne me parait pas devoir excéder 4 à 500 francs ; les déblais formeraient un remplai fort utile au chemin vicinal, du côté du nord, et pourraient n'être exécuter que l'année prochaine.

Je suis avec respect, monsieur le préfet, votre très humble et très obéissant serviteur. L'ingénieur en chef-Directeur du finistère.

2e devis

Travaux d'art des chemins vicinaux. Département du Finistère.

Devis estimatif des travaux à exécuter pour la restauration du Pont du Cleuyou, sur la rivière du Get et le chemin vicinal de Quimper à Carhaix, par Coray.

Motifs de la restauration.

Le Pont du Cleuyou est le seul passage, sur la rivière du Get, qui serve de communication journalière à plusieurs communes avec la ville de Quimper. Ce pont est composé de trois arches, dont le débouché a plus de 10 mètres de largeur. L'arche latérale de la rive droite, dont la culée, la voûte et la pile adjacente sont minées profondément, menace d'une ruine inévitable et prochaine, parce qu'elle reçoit seule tout le choc et le courant principal de la rivière, les eaux n'arrivant plus aux deux autres arches que suivant un cours forcé, parallèle aux têtes du pont et resserré par des arbres. Le pont lui-même est couvert de souches et d'arbustes, qui nuisent à sa solidité. Il importe donc, il est urgent de travailler à la restauration de ce pont ; à peine en aura-t-on le temps avant la mauvaise saison.

Description sommaire des ouvrages.

Le reste du pont a paru en assez bon état, sauf les coinçages et les rejointements à y faire en recherche, tant pour consolider les anciennes parties que pour les lier avec celles de la restauration. La feuille de dessins ci-jointe indique par des teintes rouges les principales reprises à exécuter pour cette restauration, laquelle aura lieu de la manière suivante :

On commencera par établir, sous l'arche du milieu, un faux-cintre en charpente, composé de six fermes semblables, dont les couchés seront fortement calés et serrés contre la douelle de la voûte. Ensuite, après les déblais supérieurs, on démolira avec lenteur et précaution la voûte de l'arche droite, la culée et la pile adjacente jusqu'au delà des angles saillan(t)s de l'avant et de l'arrière-bec [1]. Ces démolitions seront radicales, jusqu'au vif des fondations.

On aura soin de préparer à l'avance les matériaux qui doivent remplacer le déchet des anciens et de refaire ou raffraîchir la taille de ceux-ci, à mesure qu'on les enlèvera, afin de ne perdre aucun tem(p)s dans la reconstruction.

Le faux-cintre de l'arche centrale restera en place jusqu'à l'entière restauration de la pile, et s'il était reconnu nécessaire, jusqu'à celle de l'arche latérale, dont le cintre sera pareil au faux-cintre.

Les matériaux à fournir, pour remplacer le déchet, seront des mêmes qualités que ceux correspondan(t)s dans une même partie d'ouvrages. Les anciens matériaux susceptibles de reservir seront ne(t)toyés, retaillés au besoin, pour offrir des joints serrés et réguliers. Les raccordements seront exécutés immédiatement et sans aucun vide.

Toutes les maçonneries seront faites avec mortier de chaux et sable dans les meilleures proportions, et les paremen(t)s rejointoyés en ciment.

La voûte à reconstruire aura 0m50 d'épaisseur entre les têtes, et l'extrados [2] sera arrasé et dressé de bon mortier, pour en écarter les eaux pluviales de filtration, au moyen de gargouilles pratiquées et symétriquement disposées à cet effet.

Il sera fait, pour le complément des parapets aux extrémités du pont, indépendamment des reconstruction de cette espèce, 12 mètres conran(t)s de parapets entièrement à neuf, en quatre parties.

La rivière du Get ne permettant aucune diminution de son débouché dans les crues, il sera fait un redressement de son lit en amont, au moyen d'une coupure dirigée perpendiculairement à la tête du pont, à partir de sa culée gauche. Le propriétaire de la prairie sera indemnisé de la superficie à enlever ; le déblai sera transporté et dressé en forme de levée suivant la ligne du chemin au nord du pont. Cependant cet ouvrage ne sera exécuté qu'en conséquence d'une autorisation spéciale et des formalités particulières qu'il exige.

Conditions générales.

Les travaux de reconstruction et de réparation du pont dans toutes ses parties devant être terminés dans le délai de quarante journées au plûtard, à dater de l'adjudication ou de l'approbation par Mr le Préfet d'une soumission spéciale d'entrepreneur. Cette clause est de rigueur et le soumissionnaire devra la relater dans son engagement, néanmoins ma réception définitive des ouvrages n'aura lieu qu'après l'effet des cries du printemps de 1832.

L'entrepreneur devra, en outre, s'engager à ne recevoir de paiement que sur les fonds de l'année prochaine.

Si la commune d'Ergué-Gabéric se charge du transport des matériaux à pied d’œuvre, l'entrepreneur supportera la déduction fixe (à forfait) de 300 francs portée dans ce sens au détail estimatif.

[...]

Total de la dépense : 2050 fr.

Le présent devis estimatif, dressé par nous ingénieur en chef du département à Quimper le 8 septembre 1831.

(signature)


3 Documents

Lieu de conservation :
  • Archives Départementales du Finistère.
  • Cote 3 O 595.
 

Usage, droit d'image :

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4 Annotations

  1. Avant-bec, n.m. : partie avancée d'une pile de pont, en forme d'éperon, située face à l'amont, et destinée à protéger l'ouvrage du courant. Le terme « avant-bec » s'oppose au terme « arrière-bec ». Source: admi.net. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. Extrados, s.m. : soit la face supérieure d'une voûte ou d'un arc, soit la face supérieure d'un claveau. Source : Wikipedia. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens

Date de création : Mai 2012    Dernière modification : 15.05.2012    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]